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crédit/ hayleykiyokcsarchive (tumblr) ✰ w/ @owen baxton

Evelyn eut la sensation d'être une débutante. Ça la plongea davantage dans la nostalgie qui l'enveloppait chaque fois qu'elle était en présence d'Owen. Elle ressentit la même chose qu'à l'époque, le même émoi que cette fois où ils s'étaient embrassés sur le toit. D'un côté, c'était tout neuf… mais de l'autre, ça ne l'était pas vraiment.
Elle connaissait bien ce visage sur lequel elle finit par poser ses deux mains pour mieux apprécier le contact de leurs lèvres, mais en même temps, il ne ressemblait en rien à celui qu'elle avait frôlé du bout des doigts avant de s'en aller, plus de quinze ans plus tôt. Des rides soucieuses s'y étaient creusées, confirmant les épreuves qu'Owen avait rencontrées sur son chemin et qui l'avait contraint à revoir ses plans de carrière. Il n'était plus un jeune adulte téméraire et borné, il était un homme posé qui avait su trouver son équilibre en s'en remettant à une force supérieure. Il avait pris son Destin en mains avec la détermination qu'elle-même avait démontré en choisissant de s'en aller et dans le fond, elle le respectait trop pour ruiner tous ses efforts sous le prétexte que ça devenait trop pénible pour elle de le considérer comme rien d'autre qu'un homme de foi. Mais le fait était là : c'était l'enfer (sans mauvais jeu de mots… quoique) de mettre ce qu'elle ressentait pour lui entre parenthèses. Elle avait essayé, elle avait échoué. Elle ne le supportait pas d'ailleurs, de constater qu'elle était trop faible pour faire une croix définitive sur ce lien particulier qui les unissaient et qui tout doucement, la fit se rapprocher encore un peu de lui pour coller son corps au sien.
Elle connaissait encore mieux le rythme qu'ils aimaient donner à leurs baisers et l'intention portée par les sentiments qu'elle avait toujours éprouvé à son égard. Elle avait cependant oublié le goût qu'il avait, et cette saveur qu'elle retrouva après aussi longtemps, ne se cantonnant pas qu'un baiser bouches fermées, mais en marquant son besoin d'assouvir cette envie qu'elle lui avait dit ressentir en allant caresser sa langue avec la sienne, elle tacha de la savourer avec délice. Mais autant elle appréciait cet échange, autant elle dut se rendre à l'évidence en prenant sens du sentiment doux-amer que lui procurait cette situation en particulier, tant elle avait conscience qu'ils devraient s'en tenir là. Owen glissa les mains sur ses hanches, et même en sachant pertinemment qu'il s'agirait sans doute de la seule caresse un peu audacieuse à laquelle elle aurait droit, elle cambra la taille, à la recherche du contact de son bassin. Profitant qu'il soit adossé à sa voiture se plaquer contre lui, toujours un peu plus près, Evie s'entendit émettre un léger murmure en approfondissant leur baiser ; elle regretta de porter un pantalon, mais elle s'en félicita également, n'étant pas sûre que dans le cas contraire, elle aurait été capable de se contenir plus qu'elle ne le faisait déjà, tandis qu'elle fit descendre l'une de ses mains sur le torse du jeune homme, et qu'elle agrippa la boucle de sa ceinture comme un rempart de fortune pour se contraindre à battre en retraite.
Ce qu'elle ne fit pas tout de suite. Elle ne savait plus si elle avait le droit de se montrer aussi entreprenante qu'à l'époque, plutôt clairvoyante en ce qui concernait l'abstinence du jeune homme, et de l'effet qu'un contact prolongé comme celui-ci devait avoir sur lui. Elle le sentait bouillonner au travers de la chemise ample qu'elle portait et dont le tissu devenait désagréable tant sa peau lui paraissait plus sensible qu'à l'accoutumée - c'était aussi sûr que la moiteur de son propre corps qu'elle sentit se rengorger d'un peu d'air à l'instant où Owen rompit leur baiser ; ils avaient envie l'un de l'autre, le nier ne servirait plus à grand-chose si ce n'était limiter les dégâts qu'ils avaient déjà causés de toute façon.  

Les yeux fermés, Evie mit du temps à se raisonner et à soulever ses paupières pour le regarder en retour et comprendre les paroles qu'il prononça tout près de ses lèvres, enflées par leur baiser. Elle était ailleurs en étant bien ancrée-là, face à lui, une main toujours posée près de son ventre, ses doigts glissés au bord de sa ceinture, l'autre sur son visage, le pouce suivant la ligne de sa mâchoire. Elle l'observa dans la pénombre du sentier, puis se redressant légèrement, trop consciente de la pression de ses mains posées sur le creux de ses hanches, elle chuchota en guise de réconfort visant à soulager ce qu'elle lisait dans les yeux du jeune homme – en même temps, le bout de son nez remplaça son pouce, et vint doucement frôler sa mâchoire "C'est rien, Owen." Qu'il ne sache pas où il en était à ce moment-là, c'était un sentiment partagé. Elle avait un avantage sur lui cependant : elle ne risquait pas grand-chose au contraire de lui, un retour de conscience avec lequel elle saurait parlementer, et encore… en revanche, il risquait sa place, réduisant à néant les étapes d'une reconstruction qui lui avait pris du temps, de l'énergie et qui lui avait été salutaire. Elle n'avait pas envie de l'obliger à tout ruiner pour soulager la crampe qui pulsait à rythme régulier au creux de ses reins, et qui lui parut de plus en plus douloureuse dès lors qu'il posa de nouveau ses lèvres sur les siennes.
Le soupir qu'elle laissa filer entre deux baisers lui fit prendre conscience de l'état dans lequel elle était, et de la frustration qui s'insinuait dans chaque parcelle de son corps pendant qu'elle se répétait à chaque effleurement qu'ils devraient bientôt s'arrêter. Mais pas encore, alors elle laissa ses mains prendre le contrôle, et de nouveau, elle les glissa sur sa poitrine pour sentir son cœur battre contre la paume de sa main.
L'issue lui paraissait inévitable, et ce fût probablement parce qu'elle s'apparentait à la profonde certitude qu'une fois qu'Owen se recula pour de bon, cognant contre la carrosserie de sa voiture en cherchant ses clefs, elle lui dit "Rentre seul, je vais me débrouiller." Elle passa une main sur sa propre bouche pour constater à quel point ses lèvres étaient sensibles tandis que son souffle, légèrement haletant, elle tenta de le réguler en inspirant une profonde bouffée d'air. S'ils montaient dans cette voiture tous les deux, ils n'en sortiraient pas avant un moment ; elle pouvait nettement anticiper le scénario qui se mettrait en place une fois qu'ils se sentiraient protégés et que l'espace qui les sépareraient deviendrait brusquement superflus – que toutes les manifestations de désir émises par leur corps deviendraient autant de petites tentations auxquelles ils ne pourraient plus résister, pas après ce qu'il venait de se passer. Evelyn passa précautionneusement sa langue sur ses lèvres. Hésitant un instant avant de refaire un pas dans sa direction, elle s'y risqua tout de même en se disant que jouer les effarouchées maintenant serait bien hypocrite "Je t'assure, c'est pas grave. Je vais appeler quelqu'un pour venir me chercher, ou même faire le chemin à pieds. Ce ne sera pas très long, et ça m'aidera à m'éclaircir les idées." Elle opina du chef pour donner du corps à sa proposition, laissant un sourire filer pendant qu'elle tendait instinctivement la main pour replacer une mèche de cheveux sur le front du jeune homme, et lui demander après quelques secondes de réflexion, dérangée par le seul bruit de sa respiration encore un peu écourtée "Tu veux quand même que je vienne demain ? Je trouverais une bonne excuse pour me désister si jamais tu ne veux pas de moi là-bas." Elle comprendrait, d'autant que le regard brillant de tout un tas de choses qu'elle posa sur sa bouche lui laissait présager que cet échange de baisers ne ferait qu'accentuer la tension qui régnait déjà entre eux. Très vite, se retrouver tous les deux dans la même pièce deviendrait une lutte pour ne pas dépasser la dernière barrière qu'ils s'obstineraient aussi longtemps que possible à dresser entre eux et l'évidence.

Owen se senti gêné, pas tant parce qu’il venait de se passer mais plutôt de n’être capable de gérer ses pulsions, comme il pouvait bien le faire il y a des années de ça. Se self control dont il n’est plus en mesure de faire appel. Sentant que son envie se traduisait dans tout son être et particulièrement sous la ceinture. Il se retrouvait face à Evie et ces baisers qu’ils venaient d’échangeaient traduisaient suffisamment toute l’envie qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Mais pour Owen, c’était bien plus qu’une simple pulsion corporelle aussi. Ce qu’il avait du mal à admettre c’était bien que si Evie occupait tant de place dans sa vie, dans sa tête et dans son cœur depuis de long mois, et de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait… ce qu’il avait du mal à avouer c’est qu’il ressentait non seulement une attirance certaine pour Evie, mais aussi qu’elle s’était emparée de lui. Il le savait, les sentiments qui ne cessaient de grandir ressemblait fortement à de l’amour. Et Owen se sentait terriblement coupable de n’être capable de consacrer son amour qu’à son Seigneur. Il se confrontait enfin à la difficulté d’être prêtre. Il se rendait bien compte à quel point il pouvait être ridicule, gêné et honteux devant Evelyn. Il feinta, cherchant ses clés qu’il trouva dans la poche arrière de son jean. « Rentre seul, je vais me débrouiller. » il secoua la tête. Hors de question de la laisser seule ici et qu’il ne la raccompagne pas à une heure si tardive. Hors de question qu’elle prenne un risque quelconque parce qu’il était si bête pour ne pas gérer ses pulsions. « Ne dis pas de bêtise. » Il fini par ouvrir sa voiture, persuadé qu’une fois à l’intérieur, tout ira mieux, qu’il serait sérieux et la raccompagnerait jusqu’au pas de sa porte. « Je t'assure, c'est pas grave. Je vais appeler quelqu'un pour venir me chercher, ou même faire le chemin à pieds. Ce ne sera pas très long, et ça m'aidera à m'éclaircir les idées. » les idées d’Owen même n’étaient plus en places et il n’arrivait plus à réfléchir, à penser. Et ce nouveau contact d’Evie, venait caresser le front du prêtre pour remettre sa tignasse en place lui suffisait à le perturber un peu plus. « Tu veux quand même que je vienne demain ? Je trouverais une bonne excuse pour me désister si jamais tu ne veux pas de moi là-bas. » Owen jeta un œil à l’intérieur de sa voiture, la question était pertinente et il n’y pensais déjà plus à demain, à cette vente de crêpe. « Je vais te ramener. » qu’il insista, excluant de nouveau tout risque de laisser une femme seule dans ce lieu sombre et reculé de la ville. Il la regarda à nouveau, sentant quelques goutes de sueurs perler sur son front. « Viens demain… » qu’il fini enfin par répondre. S’avançant cette fois lui-même vers elle. « Monte dans la voiture… » qu’il osa lui ordonner, la surplombant de ses quelques centimètres de plus qu’elle. « Et on viendra, ensemble, demain… » qu’il osa dire, laissant à Evie l’interprétation qu’elle en voulait de cette dernière remarque. Owen ouvrit la portière de sa voiture pour s’installer à son volant, attendant fermement que la jeune femme prenne place à côté de lui.

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C'était la seconde fois en l'espace de quelques instants qu'Owen se montrait autoritaire. Evelyn prit son ordre de monter dans la voiture comme rien de plus qu'une tentative du jeune homme de reprendre un peu le contrôle de la situation, bien que le ton qu'il employa ne lui plut pas sur l'instant. Pourtant, elle était décidée à lui accorder cette faveur, tout autant troublée par ce qui venait de se passer qu'il semblait l'être, incertaine quant à la suite des évènements. Son esprit était peut-être en train de s'imaginer tout un tas de conjonctures, portés par l'afflux de sang qui ne savait plus très bien où et comment s'insinuer dans son petit corps tendu par la frustration, elle devait admettre cependant qu'elle n'avait aucune idée de comment les choses se finiraient vraiment. Certes, elle avait une idée qui s'apparentait d'ailleurs à la facilité… ça leur permettrait à peine de couper court à cet insupportable électricité qui déployait ses tentacules galvanisantes aussitôt qu'ils mettaient un peu d'espace entre eux. S'ils cédaient, brisant cet interdit qui les faisaient hésiter encore un peu, qu'en adviendrait-il de ce qu'ils ressentaient vraiment l'un pour l'autre ? Parce qu'en vérité, ce n'était pas tant leur attirance physique qui les poussaient à envisager de braver la tempête qui leur tomberait sur le coin du nez à l'instant même où ils s'embrasseraient de nouveau, Evie le sentait ; c'étaient surtout les restes d'une affection qu'ils s'étaient mutuellement portée au cours de leur relation passée, et qui ressurgissaient plus forts et plus affirmés, remisés dans un coin de leur tête et de leur cœur durant plus de quinze années. Elle avait eu tort de prétendre que le baiser qu'elle lui avait donné à l'église n'était qu'un réflexe trop longtemps refoulé, puisqu'Owen avait occupé son esprit sitôt qu'ils s'étaient revus au stade de rugby ; qu'elle ne vive pas bien sa reconversion professionnelle était une piste qu'elle avait préféré ignorer, convaincue que la surprise qui l'avait envahie lorsqu'elle avait su n'était qu'une réaction normale face à l'inimaginable. Mais elle était trop fière, trop pudique, et pas assez armée pour avouer que ce quelque chose qui la rendait toute chose quand il apparaissait dans son champ de vision, ce petit picotement intérieur qui lui faisait tant redouter la combustion lorsqu'il posait son regard sur elle, ça ne s'apparentait à rien d'autre qu'à de l'amour ; exactement comme à l'époque.

"On ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps, tu en as conscience ?" laissa-t-elle échapper après s'être installée dans la voiture. La voix enrouée par ce qu'elle tachait de refouler, le désir et la frustration, elle ne laissa pas le silence s'installer volontairement. Cependant, elle mit bien quelques secondes à envisager d'expliciter le fond de sa pensée, et sa poitrine se souleva sous le tissu de sa chemise trop large quand elle prit une profonde inspiration, un peu laborieuse et entrecoupée par la privation injuste à laquelle elle devait se contraindre. L'arrière de la tête posée contre l'appui-tête, elle regarda au travers du pare-brise pendant un autre moment, puis elle s'intima intérieurement de tourner la tête vers Owen à qui elle osa dire dans un doux murmure "Tu sais, j'adore prétendre que je contrôle tout et son contraire. Je déteste devoir gérer l'imprévu, vraiment, c'est un cauchemar quand ça arrive. Même si j'ai réussi à en faire une force et que je suis devenue très douée pour ça, je ne supporte toujours pas d'être contrainte à la surprise, ça me rend folle." Pour autant, elle avait su aller à l'encontre de cette aversion pour l'imprévu en devenant organisatrice de mariages, se défaisant de ses craintes à propos de l'imprévisibilité de la vie pour se donner l'impression d'être maîtresse de son Destin et de celui des autres. C'était tout à son honneur, mais ça comportait aussi des désavantages ; quand elle était confrontée à l'imprévu en dehors de sa vie professionnelle, ce n'était pas la même paire de manches… comme elle finit par le dire jeune homme avec un léger sourire coupable, un tantinet plaintif aussi "Et là, c'est ce qui pouvait m'arriver de pire, parce que je ne sais pas comment ça va se terminer… si ce n'est mal, aussi bien pour toi que pour moi." Elle marqua une très courte pause lourde de sens, avant de laisser filer l'évidence d'une petite voix "Mais surtout pour toi, Owen." Elle soutint son regard. Elle essaya de se retenir de tendre la main pour venir prendre la sienne, mais elle capitula bien vite et caressa le dos de sa main tout en reprenant "Je ne suis pas sûre de vouloir prendre le risque, c'est trop important pour toi… ça, je le sais." Néanmoins, elle avait toute conscience que malgré tout, elle ne lui tournerait pas le dos et que demain, elle se rendrait à cette fête de quartier en portant son plus beau sourire, parée à faire bonne figure comme on le lui avait appris, déterminée à faire croire à n'importe qui qu'elle était présente en tant que fidèle paroissienne, dévouée à la cause de celui qui l'empêchait de considérer l'homme à qui elle tenait la main comme une solution à la solitude dans laquelle elle s'était enfermée depuis longtemps. Qu'est-ce ce que ça disait d'elle en définitive, si ce n'était qu'elle n'était pas quelqu'un de bien ? Quelqu'un de bien se serait résout à battre en retraite, elle le savait. Sauf qu'elle était assez honnête avec elle-même pour avoir compris qu'elle n'y arriverait pas ; c'en était douloureusement comique, et sans doute aurait-elle rit un peu si elle n'avait pas été si occupée à regarder le jeune homme avec une lueur de complainte dans le regard.
Elle lui lâcha la main pour la passer dans sa propre tignasse. Evelyn ferma brièvement les yeux pour se donner bonne contenance, et un peu plus haut, sans pour autant se départir de la douceur qui se mêlait au trouble et au reste et qui dansaient sur son visage, menés par les ombres inquiétantes qui se réverbéraient à l'intérieur de la voiture, elle lui dit "Ramène-moi à la maison, maintenant. Il est tard, et on doit se lever tôt demain."

Impossible pour le prêtre de laisser partir Evie de son côté et rentrer chez lui lâchement après ça. Il ignorait encore s’il regrettait ou non ces baisers échangés mais pour le moment, il ne se posait pas la question, il se contentait d’apprécier ce moment sans trop se torturer. Bien sûre qu’il allait la déposer chez elle, bien sûre qu’il allait calmer ses ardeurs et bien sûre que tout se passerait bien ensuite. Le lendemain, il passerait la prendre chez elle et ils iraient tous les deux vendre ces crêpes en compagnie d’autres paroissiens, venus pour apporter leur aide. C’est ça, Evie serait cette bénévole en plus, celle venue en renfort et Owen serait passé à son domicile pour la véhiculer. Et il n’y aurait rien de plus aux yeux des croyants et fidèles de Redcliff. Owen ignorait toute fois que son regard pouvait le trahir car à l’instant même où il posait ses yeux sur la douce brune, ceux-ci transpiraient l’admiration et l’envie.
« On ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps, tu en as conscience ? » Le prête tourna un instant son regard vers la brune qui elle jetai un œil à l’extérieur de la voiture. Il en avait bien conscience, qu’ils ne pourraient pas continuer comme ça longtemps, mais qu’est ce que ça pouvait bien signifier ce « comme ça » : comme ça, se cacher pour pouvoir évacuer toutes ces tensions et ce besoin de se retrouver auprès d’elle, ou comme ça, se voir tout simplement ? Quelles étaient les solutions possibles ? « Tu sais, j'adore prétendre que je contrôle tout et son contraire. Je déteste devoir gérer l'imprévu, vraiment, c'est un cauchemar quand ça arrive. Même si j'ai réussi à en faire une force et que je suis devenue très douée pour ça, je ne supporte toujours pas d'être contrainte à la surprise, ça me rend folle. » le prêtre ne pouvait s’empêcher de sourire à l’idée de foutre un sacré bordel dans l’organisation et les petites habitudes bien rangées de la jeune femme. Il se rendait toute fois compte que ça pouvait peser lourd dans la balance et que bien sûre, leur situation était loin d’être confortable, rien qui ne pouvait convenir vraiment à Evie. « Et là, c'est ce qui pouvait m'arriver de pire, parce que je ne sais pas comment ça va se terminer… si ce n'est mal, aussi bien pour toi que pour moi… Mais surtout pour toi, Owen. » Le sourire du prêtre s’effaça alors qu’elle avait repris la parole. Ce qui pouvait lui arriver de pire, il aurait préféré ne pas le voir sous cet angle là, mais il ne pouvait pas nier qu’Evie avait une vision plus terre à terre que lui. Lui qui peut être serait prêt à prendre bien des risques. Mais comme elle avait insisté, il jouait gros. « J’ai pas l’impression que ce soit pire pour moi. » il haussa les épaules, bien sûre que l’enjeu était grand, bien sûr que sa place pouvait sauter. « J’ai pas pensé de la même façon… » ajoute le prêtre, détournant doucement son regard vers elle. « Tu sais pas quels risques j’suis prêt à prendre… » et le savait-il lui-même ? Aucune idée, il était encore sans doute pris dans ce tourbillon de sentiments qui le chamboulait plus que de raison, plus qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Des sentiments qu’il avait pensé ne plus jamais pouvoir ressentir, qu’il avait enfuie au plus profond de lui-même et qu’il croyait si profond que jamais, ils ne remonteraient à la surface, s’interdisant toute marque d’amour quelle qu’elle soit.
Le silence marqué d’Evie ne semblait pas inquiéter pour autant Owen qui savait bien à quel point il pouvait être compliqué pour la jeune femme d’envisager quoi que ce soit. « Ramène-moi à la maison, maintenant. Il est tard, et on doit se lever tôt demain. » Le prêtre hocha la tête, tourna la clé dans le contact pour faire gronder le moteur de sa voiture. Il sortie du sentier pour rejoindre la route, prêt à raccompagner Evie, il monta doucement le son de la radio pour ambiancer les quelques minutes restantes avant d’arriver chez elle.
Arrivés devant chez elle, le prêtre se contenta de glisser une dernière fois sa main sur celle de la jeune femme avant de lui dire un simple. « Merci… » il mourrait d’envie d’un dernier baiser aussi, mais retient ses pulsions avant de la laisser quitter l’habitacle et la retrouver le lendemain.