L'hiver est arrivé sur Brisbane, les températures sont loin d'être extrême. Elles descendent rarement en-dessous de vingt degré, c'est agréable. Cependant, tu as tout de même sortis la petite veste ce matin. Les nuits sont fraiches et le matin, tu supporte aisément la veste. Addition payée, tu te presses de sortir du restaurant en tenant Shay par la main. Les personnes qui vous croisent dans la rue pourraient penser que vous êtes un couple, cette idée ne te déplait pas. Ce déjeuner a été révélateur, pour l'un comme pour l'autre. Shay accepte de te faire confiance en travaillant avec toi sur le livre qu'elle est en train de rédiger. T'es fier de toi, c'est une victoire de plus à afficher à ton palmarès. Maintenant c'est à toi de lui montrer que tu seras là pour elle, là pour l'aider et l'épauler lorsqu'elle en aura besoin. Et si en plus, tu peux passer du temps avec la demoiselle tu ne peux qu'être ravis. Tu aimes sa présence à tes côtés. Shay est la première femme que tu rencontre, depuis Anna, et qui te fait ressentir autant de sentiments. Des sentiments que tu pensais morts et enterrés depuis six ans. Ils n'étaient pas morts, simplement enfouis loin, très loin, au plus profond de ton âme. Main dans la main, tes doigts entrelacent les siens. Tu n'as pas envie de la lâcher, tu ralentis le rythme de tes pas afin qu'elle puisse te suivre aisément. Ton corps vient toucher celui de la jeune femme. Des frissons te parcourent toute ta colonne vertébrale. Heureusement que le restaurant n'est pas loin de ton bureau. Il se trouve dans un grand immeuble, un bâtiment à la façade récemment rénovée. Tu salues la femme de l'accueil puis, direction l'ascenseur. Dans l’habitacle, tu viens te coller à la jeune femme, tes bras autour de sa taille. De légers baisers viennent se perdre dans le creux de son cou. Elle t'attire. Si au début, tu pensais que cette attirance ne serait jamais consumé, tu as de sérieux doute à cet instant. Après tout, Shay a émit l'hypothèse de le faire dans ton bureau. Tu n'es pas friand de ce genre de lieu pour goûter au plaisir de la chair mais avec elle, t'es prêt à faire une entorse à tes principes. Si ta famille et ton meilleur ami te voyaient à cet instant, il serait sans aucun doute fier de toi. Il t'as fallu six ans mais enfin, tu arrive à passer à autre chose. Sans doute est-ce grâce à Anna. Son retour à Brisbane n'a pas été facile à accepter, cela dit tu t'es rendu compte qu'Anna et toi c'était terminé et pour de bon cette fois. Anna restera toujours ton grand amour, il est temps d'aller de l'avant et de penser à toi. C'est ce que tu fais en la présence de Shay près de toi. L'ascenseur arrive à l'étage demandé, tu sors toujours sans un mot et ouvre la porte de ton bureau. Une large pièce se présente à vous. À l'intérieur, on y retrouve un bureau avec une chaise à roulettes ainsi que deux autres chaises juste de l'autre côté du meuble, une étagère remplie de livres de toutes sortes, des cadres sont accrochés aux murs. Sur le bureau, c'est un amas de papiers que l'on peut voir sur un coin de ton bureau, un ordinateur portable est branché puisqu'il était en charge lorsque tu es partis déjeuner. De l'autre côté de la pièce, on peut y trouver un canapé. Des fois, tu te poses dessus afin de lire un peu. C'est ton moment de détente entre deux rendez-vous professionnels. Tu pose ta veste sur le porte manteau et referme la porte. "Voici mon bureau, j'ai essayé de le décorer selon mes goûts mais sans trop mettre. J'aime pas quand c'est surchargé !" et puis, ça pourrait être étouffant à force de passer tes journées dedans, ton esprit serait encombré. Tu viens te poser derrière un instant. Tu vérifies rapidement tes mails. Rien, c'est plutôt calme durant cette période de vacances. Shay est toujours plantée au milieu de la pièce, tu la rejoins en la serrant contre toi, tes bras autour de sa taille. "Comment tu te sens dans ce bureau ? Il y a assez de place sur le sol pour que tu puisses t'étaler ?" Demandes-tu à la jeune femme, tu te souviens qu'elle aime travailler par terre. "Tu veux toujours tester le bureau ?" Sans attendre sa réponse, tu viens la soulever et l'assoir sur le bord de ton bureau. Tu te colles à elle, entre ses jambes et reprends tes baisers dans son cou.
Il est étrange de se dire que Lukà et moi nous ressemblions plus qu’on ne voulait bien l’admettre. Il m’avait confié des pans de sa vie, des pans intimes. Sa déception amoureuse si forte qu’il s’est abstenu pendant six ans. pour ma part, j’avais eu mon lot de déception sur la gente masculine. Je n’avais tenu que deux ans avant de le rencontrer. Avant de savoir au fond de moi que Lukà était cet être rare qui allait me faire sortir de ma zone de confort. En une parole, il avait abattu la muraille que j’avais dressé fièrement autour de moi pour venir effleurer une partie de moi que je pensais à jamais éteinte. Je ne savais pas si je devais céder ou non. Je ne savais pas s’il allait aimer ce corps plein de cicatrices. Cette personne fragile que j’étais dans le fond. Je me cachai sous un masque de séductrice ou d’arrogance pour éviter de montrer à quel point Il m’avait blessé. J’en avais passé des heures dans cette chambre d’hôpital à réfléchir si je devais garder ou non ce second enfant. Il aurait été malheureux de grandir ainsi sans figure paternelle. Je suivais donc docilement Lukà sur mes petites jambes pour me mettre à sa hauteur. Nos doigts étaient entrelacés. Je pouvais sentir le froid hivernal de ce continent mordre mon visage. J’étais sous un épais manteau de fausse fourrure pourtant mais je n’étais pas habituée à ce que les saisons soient inversées. Je rêvai secrètement de retourner en Grèce où je me serai faite bronzer au soleil en compagnie de Lucy. Mais le destin en avait décidé autrement. Je me suis retrouvée à plaquer mon job du jour au lendemain pour prendre un avion et me retrouver dans cette ville que je considérai maudite. Mais j’avais fini par retrouver ce flirt qui m’avait tant secoué à l’époque. Pouvoir toucher Lukà du doigt était un véritable rayon de soleil dans ce gris qu’était ma vie. Je regarde les bâtiments, essayant de mémoriser le chemin pour voir que ce n’était pas trop loin de mon loft. Je le laissais me tirer à l’intérieur de l’endroit où il louait son bureau pour m’engouffrer dans l’ascenseur. Le lieu de fantasme de bon nombre de personnes. Sous la chaleur, j’entrouvre mon manteau avant de le laisser placer ses mains sur mes hanches. Nos bouches se rencontrent à nouveau mais de manière plus affamée, moins timide. Je ferme les yeux sous la pluie de baisers qu’il offre à mon cou avant de les rouvrir alors que la machine se stoppe. Je le suis jusqu’à l’entrée du bureau pour me délester de l’imposante fourrure et remettre ma robe en place. On remerciera le fait que j’ai une forte poitrine. Je ne pouvais pas mettre un manteau sans que l’un de mes seins essaye de sortir de mon décolleté. Par politesse et parce que j’aime sentir le contact de mes pieds sur le sol, je retire mes talons. perdant douze centimètres d’un coup. Je les pose dans un coin avant de faire le tour sur moi-même. Mon compagnon décide de se mouvoir pour aller regarder ses mails et je l’observe un petit temps. Du haut de mon mètre cinquante, il semblait géant. Mais comme tout le monde. Faire mes courses était un véritable calvaire car je devais me battre contre les rayons trop hauts. Il y a une véritable discrimination envers les petits. Je sors de ma rêverie alors qu’il s’adresse à moi. « C’est sympa. Ça fait très professionnel, dis-je en hochant la tête. » Je regarde le sol avant de me pencher pour évaluer l’endroit. Se projeter est chose facile quand on a une aussi grande imagination que la mienne. Je pouvais me voir poser à l’exact endroit où je me trouve avec mes papiers. Mes cheveux relevés et mes lunettes. Je regrettai presque de ne pas avoir pris mon ordinateur car j’avais des fourmis au bout de mes doigts. Signe que l’inspiration était en train de se répandre dans mon corps comme une drogue. « ouais t’inquiètes. Je ne suis pas difficile. » Je n’eus pas le temps d’ajouter autre chose que Lukà vint jusqu’à moi pour me soulever du sol et me poser sur son bureau. Je rougis presque alors que je sens le contact de sa barbe sur ma peau nue. « Oh on se calme deux minutes, dis-je de ma toute petite voix. » Le moment de parler de mes cicatrices. « Avant qu’on aille plus loin, je dois te dire un truc… » J’ôte mon gilet pour le poser non loin. Je cherche mes mots car j’avais conscience que ça allait casser l’ambiance. « Je… je suis assez complexée par mon corps. Je sais que je fais la fille pleine d’assurance mais en fait… » Bon, on se jette à l’eau. Je prends sa main pour la glisser au-dessus de mon sein gauche. Là où se trouve mon cœur. « il y a un peu plus d’un an, je me suis faite agresser. J’étais sortie pour fêter mon anniversaire avec des amis et j’avais trop bu. Et il m'est tombé dessus. Rassure-toi pas sexuellement, il m’a juste battu et laissé pour morte mais du coup, j’ai plein de cicatrices. » Je dodeline de la tête pour faire la moue. « Je… je voulais juste que tu sois au courant et sache que j’ai très envie de toi mais je pense que c’est le genre de choses que tu dois savoir. »
Tu te souviens de la douleur qui t'as transpercé la poitrine, ainsi que l'estomac, le jour où Anna est partie. Tu ne l'as pas retenu. T'es resté planté là, sur le perron de cette maison achetée ensemble il y a quelques mois plus tôt. T'es resté là, la regardant partir. Sa voiture recule le lon de l'allée et commence à rouler le long de la route. Tu ne la quittes pas des yeux, au bout d'un moment tu ne vois plus qu'un vague point qui ne tarde pas à disparaitre. Tu n'acceptais pas ce départ, Anna ne t'as rien dit. Pas un mot, pas une explication. Anna est partie et ne reviendra probablement jamais. Les premiers instants, les premiers jours ont été les pires de tous. Tu n'avais plus goût à rien. Vivre était devenu insupportable pour toi, t'as même été tenté de mettre fin à tes jours. Un soir, alors que tu sortais de ta douche, lame de rasoir à la main, tu as voulu en finir et ne plus jamais ressentir ce genre de douleur. Alors que tu as commencé à poser la lame sur ton bras et à te taillader le bras, ton visage s'est posé sur ton reflet dans le miroir en face de toi. Tu ne pouvais pas faire ça. Ne serait-ce que pour ta mère, qui s'est toujours battue pour toi, pour ta cousine, qui a toujours répondue présente chaque fois que tu lui le demandais ou pour tes rares amis. En quittant le secondaire, ton cercle d'amis s'est considérablement restreint et tu n'as gardé que les meilleurs à tes côtés. Ceux que tu jugeaient digne de faire partis de tes amis. Alors tu as posé la lame, tu t'es habillé et est allé manger un de ses plats que ta mère t'avais apporté il y a quelques jours. Depuis ce jour, tu te bats jour après jour pour rendre fier ta famille et tes amis. Il t'as fallu pour réussir à t'en remettre. Il a fallu que tu attende le retour de ton ex petite amie et que tu récupère la garde de ton fils pour, enfin, tourner cette page. Cette fichue page maudite. Aucune femme n'a su te faire ressentir un sentiment de bien-être, comme Anna avait su te faire ressentir. Aucune, jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à ce que ta route croire à nouveau celle de Shay. Cette dernière et toi, vous vous ressemblez sur tellement de points. Déçus en amour, parent célibataire tentant de faire de ton mieux. Tu te sens bien avec elle, tu te sens proche de la jeune femme. Tu as envie de plus avec elle. Shay n'est pas qu'une fille de passage dans ta vie, t'en es certain. Elle marquera ta vie à jamais, elle marquera la renaissance de ton âme. Depuis le départ d'Anna, tu n'as fait que survivre jour après jours. Tu te levais, t'habillais, prenais ton café -parfois sur la route- et tu te contentais d'aller te tuer au travail. Ça fait trois ans que tu n'as pas pris de réelles vacances. Tu sais que si tu en prenais, tu passerais ta journée assis dans ton canapé, à fixer bêtement le mur en face de toi. T'as beau à dire à qui tu veux que t'es un homme fort, il n'en est rien. Tu n'es qu'une personne fragile, un seul mot ou un seul geste te suffiront à te faire replonger. Shay et toi venaient d'arriver dans ton bureau. Par pur réflexe, tu viens vérifier si tu as reçu de nouveaux mails mais non, rien. Un sourire, tu te lève et vient encercler la taille de la demoiselle à l'aide de tes bras. Elle est plus petit que tout à l'heure, elle vient de retirer ses chaussures. Tu la soulève et l'assois sur le bord de ton bureau au moment où elle où Shay vient se confier à toi. Tu ne t'attendais pas à cette révélation de sa part, tu ne te doutais même pas que la jeune femme puisse être complexée par son corps. Et l'histoire qu'elle te raconte te donne froid dans le dos, des frissons te parcourent l'échine. Tu resserres ton étreinte autour de son corps. Ton regard à nouveau perdu dans le sien, ta main qui caresse sa joue puis remet une de ses mèches derrière son oreille. T'as mal au coeur avec ce qu'elle te raconte, tu te sens mal pour elle et tu te rends bien compte que la jeune femme est loin d'avoir eu une vie parfaite depuis son divorce. "Je suis désolé.." Te contentes-tu de dire dans un premier temps, plus par politesse. Ta main se pose sur l'endroit où se trouve son coeur. Tu ne sais pas qui est ce type qui s'en est pris à elle mais tu le déteste. Comment, de nos jours, on peut encore s'en prendre à une femme sans défense ? Tu déteste ce genre d'hommes, une envie de meurtre se fait ressentir en toi mais tu te ravises soudainement en croisant le regard emplis de larmes de la jeune femme. "Je ne peux pas imaginer ce que tu as vécue .. Et ça me met tellement en colère qu'on puisse s'en prendre à une femme comme toi ou à une femme tout court .. Je ne pourrais jamais effacer ce traumatisme mais je peux te montrer que tu es parfaite, même si tu portes des cicatrices pouvant te prouver le contraire." Tes lèvres viennent capturer les siennes, une main derrière sa nuque, tu l'embrasses avec passion et fougue mélangées. Doucement, tu défais la fermeture éclair de sa robe et la laisses glisser sur le sol de ton bureau. Tu inspecte son corps en déposant des baisers un peu partout, sur chaque parcelle de son corps que tu as la possibilité d'atteindre. Du bout des doigts, tu caresses les cicatrices qui apparaissent sur son corps. Tu as mal au coeur pour elle mais c'est à toi de lui montrer que tu ne veux pas juste la mettre sur ton maigre tableau de chasse. "Je suis content que tu me fasses confiance en m'avouant ce morceau de ta vie. J'ai très envie de toi également !" Tu la caresses sensuellement, te collant à elle. Tu l'allonge sur ton bureau -sur la multitude de papiers- et vient embrasser son corps qui, pour toi, et absolument parfait.
C’est une chose fabuleuse et fourbe, la mémoire. On oublie ce qu’on voudrait se rappeler et on se rappelle ce qu’on voudrait oublier. J’aurai préféré oublier de ma mémoire le méfait de mon ex-mari, j’aurai préféré oublier l’homme qui m’a agressé. Mais si me remettre, sortir de chez moi fut douloureux, dans un sens cela m’a appris la vie. L’importance qu’il y a de se lever le matin. La rééducation ne fut pas facile. Je devais réapprendre à me lever à bouger mes muscles atrophiés, à me mouvoir sans avoir peur qu’un fou ne me saute dessus. Mes blessures physiques avaient cicatrisé mais pas mon esprit. Nombre de fois je me suis tenue sur le seuil de la maison familiale en proie à une violente crise d’angoisse. En proie à un état de colère indescriptible. Dev a trouvé bon que j’aille voir un psy, que je lui raconte ce que j’avais vécu. Je prenais antidépresseur sur antidépresseur, je nageai dans un brouillard qui n’était plus ma vie. En permanent contact avec mes amis de Brisbane, j’avais l’air d’être un fantôme, d’être piégée dans un corps qui n’était plus le mien. Je me suis retrouvée devant le miroir entièrement nue à me contempler. Comme une bête curieuse, comme un camé qui serait en bad trip. Alors sous les conseils de ma thérapeute et de mes frères, j’ai entamé une thérapie par la colère. J’ai fait ressortir ce que j’avais au plus profond de moi par des exercices vocaux et ensuite par des coups. Le judo m’a beaucoup appris. Lucy en avait également besoin. Ma petite fille traumatisée d’avoir vu sa mère branchée à des fils, d’avoir eu peur pour sa vie. Ma mère avait raison, je fus égoïste de la priver de son père. Elle aurait pu avoir Artémis auprès d’elle lors de cette épreuve. Mais elle fut entourée de mes parents, de mes frères. J’ai réappris à vivre comme un enfant apprendrait à marcher. Un seul pas à la fois. D’abord on descend sur le perron, d’abord on fait ses exercices de respiration. On apprécie la brise légère qui s’engouffre dans nos cheveux, on apprécie le soleil qui vient caresser notre peau. Lorsqu’on est en balade dans un parc, lorsqu’on se retrouve au milieu d’un champ : on passe nos mains entre les épis, entre les brins d’herbes. On se laisse aller. On cueille une fleur qu’on porte à notre nez, on caresse les cheveux des filles avec lesquelles on flirte, on apprend à aimer son corps. La natation m’a beaucoup aidée. Devoir m’exposer en maillot de bain, devoir entrer dans une piscine fraiche, devoir bouger ses muscles avec l’aide d’un spécialiste. Pleurer. ne plus avoir peur de pleurer. Montrer ses émotions, montrer sa colère. S’interroger. Pourquoi moi ? Et pourquoi pas une autre ? On se tire les cheveux, on passe de l’eau sur son visage. Et vient la nausée en regardant une bouteille d’alcool. Alors on les vide dans l’évier. Alors on s’échoue au sol comme une loque, vomissant ses tripes. Puis je prends appui sur une jambe, je reprends ma respiration et je me remets debout. Une petite main dans la mienne, des cheveux laissés au naturel et enfin, je ferme les yeux et je savoure ma liberté. Cette liberté que je laisse se déployer comme des ailes nouvelles alors que Lukà referme ses bras autour de ma taille. Comme un réflexe, je pose ma main sur la sienne, comme un réflexe je ferme les yeux. le monstre est toujours là. le monstre de mes incertitudes qui se balade dans mon bas ventre, qui se demande si Lukà n’allait au final pas préférer s’en aller. Sa douce chaleur m’enveloppe, sa douce chaleur créée la bulle dans laquelle je me réfugie l’espace d’un instant. Je me retrouve soulevée du sol, je me retrouve à nouer mes jambes autour de sa taille, à m’aggripper pendant quelques secondes au colosse qui me fait face. A plonger mon regard dans le sien, à passer ma main sur son visage. Sa peau est douce, ses yeux sont tristes. Mais ma bouche s’ouvre malgré moi, lâche les révélations sordides de mon existence. Je cherche une réponse du regard, je cherche un refus par le geste. Mais au contraire, Lukà s’excuse. Je souris, un sourire de compassion alors que la tristesse s’aggrave dans son regard. elle grandit, elle pourrait prendre à nouveau possession de lui. Ma main caresse son bras, se veut réconfortante alors que je l’approche un peu plus de moi. « J’étais en colère aussi, murmurai-je d’une voix incertaine, j’étais en colère contre le monde entier et puis ça passe. » Ma respiration se fait plus courte, se fait plus saccadée. Depuis combien de temps un homme ne n’avait-il pas touché comme il s’apprêtait à le faire ? je réponds à son baiser. Il est plus sauvage que les précédents, il est plus affamé. Mes mains se referment sur ses bouclettes, mes jambes autour de sa taille. Je veux le sentir contre moi. Je frémis lorsque la fermeture descend le long de ma colonne, je le laisse retirer ma robe, me retrouvant en sous-vêtements devant lui. mes yeux se ferment sous ses caresses, mes mains caressent de nouveau ses cheveux, sa nuque, mes mains se referment sur les boutons de cette chemise qui me gêne. J’ai besoin de toucher, j’ai besoin de m’imprégner de son corps. Alors, je dévoile son torse, je fais tomber le vêtement au sol. Lorsqu’il m’affirme avoir envie de moi, mon cœur rate un battement. Je ne bouge pas, je ne dis rien de peur de laisser échapper ce moment comme un papier déchiré. Lukà m’allonge sur le bureau au milieu de ses papiers et un sourire éclaire mon visage. Se laisser aller. Ne plus rien contrôler. Lui laisser la main pendant un court instant. Cet instant que j’aimerai transformer en éternité.