All these countless nights

Vingt cinq août. Vingt cinq putain d’août. Le show arrive enfin et maintenant au moins ils ont déjà leur routine, elle qui termine plus tôt, Kane qui vient la chercher, eux qui vont au show avec bien trop d’avance. Tout était prévu pour la semaine d’avant et leur plan a, disons, assez vite chaviré. En mode Radeau de la méduse confondu avec Titanic. Un bon gros chavirement, ouais. Un putain de bon gros chavirement dont la seule consolation aura résidé dans le fait que Kane soit quand même retourné dormir quelques heures le soir même. Les quelques mots qu’il a prononcé l’ont infiniment rassurée et elle a finit par s’endormir enfin et laisser Morphée prendre possession de son corps. Sa main n’a jamais lâché celle de son petit ami jusqu’au petit matin et leurs corps ne se sont pas éloignés non plus cette nuit là ni aucune autre. Charlie a désormais l’impression qu’il sait tout d’elle et qu’elle serait capable de lui confier n’importe quelle annonce à n’importe quel comment. Ils sont encore bien tôt dans leur relation, mais c’est ainsi qu’elle ressent toutes ces choses, toutes ces émotions qui l’envahissent lorsqu’il est près d’elle.
La routine semble être la même, les paroles qui s’envolent leur annonçant que les portes n’ouvrent pas avant un moment et Charlie qui remplace Kane dans le rôle de celui qui check le nombre de personnes avant eux. Pas beaucoup, c’est la seule chose qu’elle retient. Véritable pile électrique, elle sait qu’elle connaît la moindre petite parole et mélodie cette fois ci et qu’il en est de même pour lui. Au delà de regarder naître des étoiles dans ses yeux brillants, il en sera de même pour les siens.

“Le premier qui se trompe dans les lyrics fait la vaisselle ce soir.”

Elle annonce, jubile déjà parce qu’elle a passée la journée à mettre la musique à fond dans son enceinte et forcer les clients à écouter ses goûts musicaux. Elle les a formé à de la vrai musique, telle est la seule et unique vérité qu’elle retiendra. Ca, et le fait qu’elle vivra une bien meilleure soirée qu’eux tous réunis et ce peu importe ce qu’ils aient choisi de faire. Il y aura Kane et il y aura la musique, alors le reste de l’univers peut aller se faire voir.

“Et cette fois ci tu m’auras pas en sortant ta guitare, jeune homme.”

La blonde sourit, s’approche de lui alors qu’il est bloqué par le mur derrière lui, vole un baiser en même temps qu’elle pose ses mains sur ses hanches. La vérité c’est que s’il tente à nouveau l’excuse de la guitare pour se soustraire à la corvée de vaisselle alors elle prendra à nouveau sa place sans même s’en rendre compte. Elle est si faible quand il s’agit de son blond.

Vraiment j’ai besoin de ce show ce soir. Deaf Havana en plus. Genre la dernière fois qu’ils sont venu en Australie c’était en 2017. J’ai eu la chance de les voir à Leeds Festival l’année dernière, donc ça va. Je suis pas le plus à plaindre. Mais ouais, je les aime énormément et je ne dirai jamais non à un concert de Deaf Havana. Tout autant que je dirai jamais non à un concert de While She Sleeps, Architects et Polaris… Mais le destin en a voulu autrement. Tout à propos de ce soir y’a quelques semaine est allé de travers. Pouvait pas faire plus de travers que ça. Sans mentir j’arrive pas à écouter un de ces trois groupes depuis. Trop de mauvais souvenirs. Trop de souffrance d’avoir louper le show. A la place j’écoute les chansons de Levi. Sa voix me fait du bien. Comme dirait Machine Gun Kelly, ‘Cos if one day I’m not longer here in the physical, then at least I give you my voice to listen to.’ Vraiment je devrais pas associer ces paroles à Levi. Il n’est pas mort. Il se bat. Mais quand même. Je pense à la mort déjà constamment en temps normal, alors si en plus un de mes proches a une maladie grave… Obligé j’y pense encore plus.

Du coup là, d’être en avance au show pour voir Deaf Havana je me dis c’est peut être pas une bonne idée. Je veux pas faire se répéter le scénario mais bon. Ariane et Levi ont pas prévu de venir à ma connaissance. Vaut mieux pas, sauf si Ari n’a pas peur de se faire casser son deuxième bras. Et si Levi veut un cancer généralisé, parce que c’est obligé ce qu’il va se passer si la configuration se répète. Je veux pas. Alors je suis pas franchement tranquille. « Le premier qui se trompe dans les lyrics fait la vaisselle ce soir. » Elle me fait sourire. On est devant la salle, je prends même pas la peine de me placer dans la file parce que y’a juste trois personne qui font la queue. « Et cette fois ci tu m’auras pas en sortant ta guitare, jeune homme. » Sourire de nouveau. Sourire doux. Elle est adorable. Je suis sûr qu’elle sent que ça va pas trop moi là. Que j’ai la tête ailleurs. Je parle pas beaucoup. Je suis juste un livre ouvert je sais. Elle vient me voler un baiser et je vais passer le revers de main sur sa joue. Doux.

« I can do the dishes everyday. »

Hello je relativise beaucoup trop d’être en vie. Je vais lui déposer un baiser sur ses lèvres.

« And I’m not saying that because I think you know their songs better cos you don’t. »

Un sourire. Elle me fait me sentir bien. Vraiment.

Kane qui regarde à droite et à gauche, Kane qui n’est pas comme d’habitude parce qu’il ne la couvre pas de mille baisers et d’attention. Ce n’est pas ce qu’elle demande non plus, mais c’est le premier indice qui montre toujours que quelque chose ne va pas. Cette fois ci il n’y a pas besoin d’être medium pour savoir que c’est lié à Levi. Et la rousse, aussi. C’est forcément lié à eux, à leur arrivée improvisée et à leur sortie à l’hôpital tout autant improvisée. Elle veut lui promettre, pourtant, que cette fois ci tout ira bien (parce que ça ne peut pas aller plus mal) parce qu’elle ne laissera plus personne lui faire du mal et qu’elle aimerait réellement être capable de ce genre de choses. Sa parade réside dans le rire, dans les blagues pas drôles et tout ce genre de choses qui la caractérise. Elle accueille ses sourires comme les huitièmes merveilles du monde, se contente de ça parce que ça signifie déjà beaucoup. Sa main qui vient caresse la joue de Charlie la fait sourire à son tour alors qu’elle garde les deux siennes posées sur ses hanches. Hors de question qu’il fuit ou qu’il tombe ou quoi que ce soit d’autre. Juste eux deux, et une soirée mémorable en perspective.
Il annonce pouvoir faire la vaisselle tous les jours et c’est niais, ô bon sang que c’est niais, mais ô bon sang que cela fait sourire encore plus la blonde. Il pourrait réellement le faire si elle lui demandait, c’est vrai. Kane est trop gentil pour jouer à ce genre de jeu, elle devrait le savoir pourtant. Ce n’est quand même pas pour autant qu’elle refuse le baiser qu’il vient lui voler à son tour, parce qu’elle a pour motto de ne pas confondre utile et agréable. Kane à la vaisselle, ça serait utile. Kane qui l’embrasse, c’est agréable. Le choix entre les deux est vite fait.

“I don’t ? Do you want to bet ? Be careful with what you’re gonna say.”

Elle menace, souriant à pleine dent, sans aucune crédibilité. Peut être qu’il a raison. Peut être qu’il a tort. Elle aimerait vraiment qu’il ait tort cette fois ci, parce que Deaf Havana est sûrement son seul espoir de victoire.

“I love you but don’t underestimate my competitive spirit.”

Mais elle l’aime quand même. Bien au delà de son esprit de compétition ; ce qu’il n’a pas forcement besoin de savoir pour le moment encore. “You should check the setlist cos I’m gonna sing louder than you. Just saying.” Elle pense que s’il connaît les chansons à l’avance il pourra chanter plus fort, ce qui dans l’esprit du reste du monde n’a aucune sorte de lien. Tant pis. Il a déjà regardé la setlist un millier de fois, une centaine tous les jours juste pour s’assurer que rien n’ait changé. Il aurait réellement pu faire ça. Il va gagner ce concours qu’elle a elle même lancé, ce qui la force à trouver rapidement une issue de secours, et pas des moindres. “If I win I buy a puppy.” Elle sourit à nouveau, fait passer ses mains sous son t shirt pour être au contact de sa peau, finit par laisser glisser ses pouces sur ses côtes flottantes. "And he's definitely gonna sleep in the bed."

« I don’t? Do you want to bet? Be careful with what you’re gonna say. »

« You don’t. »

Elle me fait sourire avec sa façon de dire les choses. Sa façon de réellement croire qu’elle va connaître mieux que moi leurs chansons. Elle peut juste les savoir aussi bien que moi. Pas mieux. Parce que je les connais toutes sur le bout des doigts.

« I love you but don’t underestimate my competitive spirit. » S.P.I.R.I.T Spirit, let’s hear it ! Un rien me trigger c’est affligeant. Tout ce que j’entends tous les jours, j’associe aussitôt avec une chanson. Tout ce que je vois aussi. Mon cerveau c’est juste une énorme base de donnée musicale.

« That’s gonna be fun. »

Genre vraiment. Elle est si chou. Toute compétitive. Une killeuse d’après ce qu’elle dit, mais dans son petit corps ça fait tout de suite beaucoup moins crédible. Mais ça me plaît beaucoup trop. Elle est fierce. Bad ass. She’s the baddest girl around… Those are my words fuck yes. « You should check the setlist cos I’m gonna sing louder than you. Just saying. » Elle me fait rire.

« Gurl. I’ve made a playlist with the setlist and I’ve got like 56 followers. »

La fierté quoi. Je peux pas croire qu’elle pense que j’ai pas déjà check toutes les setlist des trois derniers mois de Deaf Havana, parce que c’est clairement une activité à laquelle je m’adonne régulièrement. We’re not supposed to? « If I win I buy a puppy. »

« Wow ! »

Mais y’a ses mains sur ma peau et je sais pas si cette exclamation est à propos du pup ou de son touché auquel je m’attendais pas mais que j’accueille avec grand plaisir. I am so weak… « And he’s definitely gonna sleep in the bed. » Yeah. No.

« A dog is a lot of responsibilities. It’s like having a child. »

Et puis je me souviens qu’elle est enceinte. She’s not keeping it. Mais quand même. Je m’en veux un peu d’avoir dit ça.

« Didn’t mean to say you shouldn’t have one. »

Je m’enfonce.

« A dog. »

Je suis en train de creuser. 

« Or a child. »

Je creuse plus profond.

« If you’ve changed your mind but you haven’t, have you ? »

Je suis sous terre. Mais c'est vrai qu'on en a pas reparlé et je crois pas qu'elle ait fait quoi que ce soit à propos de "la situation".

Elle sourit pour un rien, l’amoureuse transie.
Il continue de la chercher, de vouloir la faire redescendre sur Terre et ils savent tous les deux que c’est lui qui gagne. Raison de plus pour Charlie de continuer à rigoler de lui, à jouer avec ses nerfs et sa patience à toute épreuve. Parce que oui, vraiment, she doesn’t know their songs better. Elle a dû s’entraîner pendant des jours avant ce concert, parce que c’est vraiment quelque chose qu’elle fait. Elle révise les chansons des artistes avant chaque concert. Elle fait des putains de révisions, oui. “That’s gonna be fun.” Son sourire s’agrandit même si elle sait qu’elle vient vraiment de lancer un challenge qu’elle est certaine de perdre. Ca devait juste être une blague et c’est vraiment devenu quelque chose de sérieux. Elle ne contrôle plus rien quand elle est avec lui. Tant tous les cas, ça sera fun. Ils auraient pu parier n’importe quoi que même s’il gagne il n’aurait jamais rien fait qui puisse nuire à Charlie. Il aurait même fait la vaisselle si elle le lui avait demandé. Parce que c’est Kane, il fait tout des trucs à la Kane, modifie chaque jour un peu plus la définition de "mignon". “56 ? Damn. I’m with a fucking star and I didn’t even know.” Ouais, d’accord, elle n’a jamais rien suivi à twitter. Charlie se contente d’ouvrir l’application tous les trente six du mois et checker les tendances actuelles avant de souffler et de refermer l’application pour le mois à venir. Un cercle sans fin dans lequel elle ne s’imagine définitivement pas supprimer ce petit oiseau bleu.

Il s’exclame sans prévenir, elle sursaute presque. Ses doigts s’arrêtent de bouger un instant sur sa peau avant de recommencer à dessiner des cercles invisibles, doucement mais sûrement. S’il fait wow comme ça, c’est vraiment pas une bonne nouvelle. S’il avait pensé que c’était une bonne idée il aurait lancé un awww et pas un wow. Elle le sait. Elle commence à le connaître. Ils ont ce don de changer de sujet de discussion d’un claquement de doigt. Même quand ça parle de chiot ça devient un sujet sensible, apparemment.
“A dog is a lot of responsibilities. It’s like having a child.” Merci l’artiste. Elle continue de caresser sa peau, pourtant sa langue vient passer devant ses dents et elle a cessé de sourire. Charlie ne répond pas, pourtant, sûrement trop vexée par cette phrase qu’il lui sort le plus naturellement du monde. Le premier problème n’est pas qu’il parle d’un bébé, mais qu’il ne la croit pas capable de s’occuper d’un chiot. Mais oui, bien sûr, le second problème et pas des moindres c’est qu’il parle du putain de bébé sans même mettre de panneaux d’avertissement avant. Il en parle comme si de rien n’était, sans savoir à quel point c’est difficile pour elle. “Didn’t mean to say you shouldn’t have one.” Elle lève un sourcil, ne répond toujours pas, le laisse s’enfoncer. Elle veut savoir jusqu’où il va aller. Jusqu’où il peut aller. Elle veut connaître le fond de sa pensée parce que ça a l’air d’être quelque chose qui le taraude depuis un moment s’il en parle à la moindre énonciation d’un chiot. “A dog.” “Or a child.” Et il rame Kane, il rame. A contre courant et sans pagaye, mais il continue d’y croire et dans un sens c’est peut être ce qui compte. Il ne fait que reculer finalement, mais il essaye vraiment de s’en sortir. Elle, elle le juge. Clairement. Il la prend pour une enfant, une princesse qui demande un chiot comme elle veut acheter un bracelet de l’amitié. C’était supposé être une blague, une fichue blague et la colère lui monte peu à peu à la tête. Il n’a pas le droit de la juger sur ça parce qu’il ne sait pas à quel point elle est faible et qu’elle a seulement besoin d’un but pour garder la tête hors de l’eau. “If you’ve changed your mind but you haven’t, have you ?” “I haven’t.” (yet) Elle s’empresse de répondre, maintenant qu’elle n’a plus envie de sourire ni même de rigoler avec lui. Pour une fois il ne s’agit pas du cliché de la petite amie qui boude pour un rien. Il ne s’agit pas de rien. Il s’agit de ce qu’il pense d’elle et qu’il ne lui dit jamais. Ca fait mal, quand ça sort enfin. “But you’re an asshole Kane.” Sa voix reste toujours aussi calme parce qu’elle n’a pas envie que tous ces inconnus soient au courant de leur vie privée. Elle peut totalement faire une scène au milieu de la foule si besoin est, cependant. “It’s not about a puppy. It’s all about the child.” Il attendait qu’elle lui tende une perche pour en parler, pour se rassurer. “You told me you weren’t gonna leave. You told me I could count on you.” Elle retire ses mains de dessous son tee shirt, trop blessée pour continuer à jouer cette comédie là. “Don’t dare you change your mind now.” Pourquoi est ce que tout doit tourner au drama si rapidement alors que tout se profilait toujours si bien ?

Je le vois. Son visage. Au fur et à mesure que je m’enfonce. Putain. « I haven’t. » Good. « But you’re an asshole Kane. » Fucking hell. Je sais pas si je m’en veux d’avoir dit ça à voix haute au fond. Parce que c’est juste la vérité. C’est ce que je pense. Je suis honnête. Y’a qu’avec Levi et Ariane que j’ai pas de filtre et c’est mes meilleurs amis. Est-ce que ça veut dire que je dois me filtrer avec Charlie ? Est-ce qu’on doit se mentir pour que notre relation reste stable ? « It’s not about a puppy. It’s all about the child. » Yeah so what ? Mais je dis rien. Juste je pense.

« You told me you weren’t gonna leave. » I’m not leaving.
« You told me I could count on you. » You can.

Mais elle se défait quand même. Fucking hell.

« Don’t dare you change your mind now. » J’aime pas cette situation de merde. Je ferme les yeux un instant parce que j’ai besoin de rassembler mes pensées avant de l’ouvrir. Y'a trop de chose à dire là. Des trucs moins cons que ce que je viens de dire là. Je vais récupérer Charlie pour qu’elle revienne contre moi à défaut d’avoir ses mains de nouveau sous mon tshirt.

« Ok first: Don’t be mad at me cos I’m talking about the child. I didn’t know it was forbidden. »

Je vais trouver sa main, enlaçant mes doigts aux siens.

« Second: I am not changing my mind. Why are you so mad ? I always say that. About having a pet. I never had any in my life and I always compare them to kids cos that’s exactly what they are. A lot of responsibilities. It just happens that you have a bun in the oven and it automatically makes my whole comparison very very terrible… And I’m sorry. I sometimes… ok often, don’t think before talking. »

Je marque une pause alors que je serre sa main dans la mienne.

« Please don’t make me have a filter when I have to talk with you. » This is not friendship.

Ses yeux se ferment et le monde de Charlie s’arrête un instant. Ca veut dire quoi, s’il ferme les yeux ? Il réfléchit comment rester calme face à sa crise ? Il réfléchit comment l’envoyer bouler ? Il ne réfléchit pas du tout et il essaye seulement de ne plus entendre le son de sa voix ? Il fait quoi, bordel ? Les sourcils de la blonde sont froncés et elle ne comprend plus rien à cette situation dont elle est l’une des protagonistes principale. Il la ramène contre lui et elle ne répond rien, ne fait rien pour l’en empêcher non plus. La blonde ne cherche cependant pas à retrouver aucun contact avec son corps, attend seulement qu’il parle avant qu’elle ne décide de faire quoi que ce soit. “Ok first: Don’t be mad at me cos I’m talking about the child. I didn’t know it was forbidden.” Ca ne devrait pas, mais ça continue de l’énerver. Elle ne sait pas s’il est ironique ou si ce n’est que du premier degré, mais la dernière phrase la met encore plus en colère. Son coeur s’accélère et même le fait qu’il vienne chercher ses doigts pour les entremêler aux siens n’y change rien. Il y a certains sujets à propos desquels ils ne peuvent pas tout arranger en s’embrassant et en couchant ensemble. Ils font ça souvent, quand ça devient un peu compliqué. Ils font comme si tout était oublié, pardonné, et ils recommencent la fois suivante. Pas là. Clairement pas là. Ses excuses auraient pu tout arranger s’il n’avait pas utilisé le “have a bun in the oven”, parce que ça aussi ça passe mal. Il fait toujours tout pour recoller les morceaux et un simple détail le trahit. Encore et encore. Elle aimerait ne jamais lui en vouloir, pourtant. Ne jamais lui faire de scènes pour rien. Ne jamais avoir à s’éloigner de lui pour quelque raison que ce soit. “You don’t understand.” Comment est ce qu’il pourrait ? Elle ne lui a pas expliqué toute l’histoire, certainement pas la partie stipulant qu’elle ressent quelque chose s’apparentant beaucoup trop à de l’amour pour le père de cet enfant. “It’s not forbidden to talk about him but do you really want to hear about the bun in the oven who’s not yours ?” La question rhétorique, la fameuse, celle qui pique, celle qu’elle évite de prononcer depuis un mois et demi. “I don’t want you to have a filter. Don’t make me have one either.” S’il peut comparer un chiot à un enfant de manière plus qu’hasardeuse alors elle, elle a le droit de paniquer quand il la ramène à la réalité et que c’est totalement effrayant. Elle serre sa main dans la sienne à nouveau, tentant ainsi de lui prouver qu’elle ne cherche pas à créer des problèmes. “You’re afraid about having a fucking puppy, let me freak out with my baby issue.” Et ça, c’est un reproche. Le premier reproche qu’elle lui fait, parce qu’elle aussi a le droit de parler sans filtre maintenant.

« You don’t understand. » Explain then. J’espère qu’elle va le faire parce que malgré qu’elle soit toujours contre moi, qu’elle ne soit pas en train de fuir, je vois bien qu’elle ne me touche pas en retour. Qu’elle évite mon regard. « It’s not forbidden to talk about him but do you really want to hear about the bun in the oven who’s not yours? » Are you replying to these questions for me? « I don’t want you to have a filter. Don’t make me have one either. » La pression qu’elle met sur ta main, tu sais pas comment prendre ce signe là parce que clairement elle est toujours mad.

« Never asked you to have one. »

« You’re afraid about having a fucking puppy, let me freak out with my baby issue. » Ouch. Elle a pas tort.

« Is this you saying it’s not forbidden but it is actually forbidden ? »

Parce que j’ai pas envie de la faire freak out à chacune mentions. Enfin, cela dit, j’ai pas raison de mentionner son ‘bun in the oven’ à tout bout de champ non plus. Là c’est venu par hasard. Pas prévu. Je lui laisse pas le temps de répondre parce que j’ai encore un truc à dire.

« It’s not mine and I cant’ do anything about it. I’m still here tho. Where’s the father? Are you still in touch with him? »

Si elle dit oui, je vais tomber de haut. Celle là je l’aurai pas vu venir.

« I don’t know anything about this whole baby but you don’t say and I don’t want to pressure you in saying if you don’t want to. There’s a baby. There’s me in love with you. There’s you promising you will always be here for me so… I have no clue how to act in this situation cos it’s the first time. So yeah... I don't understand. » Are you still seeing the father ?

Ca c’est vraiment ma question principale. Je sais que j’ai bifurqué et qu’elle peut du coup s’esquiver. Mais j’espère pas. En tout cas on peut lui donner une chose à Charlie, grâce à elle je passe quelques minutes où j’oublie que Ari a le bras cassé et Levi a le cancer.

« Is this you saying it’s not forbidden but it is actually forbidden ? » Oui. Exactement. C’est la seule chose qu’il faut absolument retenir de cette discussion. C’est pas interdit, mais si ils peuvent ne pas en parler jusqu’à ce que le problème soit totalement résolu alors ça arrangerait beaucoup de monde. Personne ne veut entendre parler de ce bébé ; Kane parce qu’il est totalement paumé et Charlie parce qu’elle sait qu’il le déteste déjà. Avant même qu’il soit né. Non pas qu’il naîtra un jour, mais ça aurait pu être possible. Il n’a jamais laissé une seule chance à cet enfant et continue de reposer tous ses espoirs dans Charlie seule. C’est une mauvaise, si mauvaise tactique de jeu que de mettre tous ses pions dans un même panier. Encore plus quand le panier en question est percé. « It’s not mine and I cant’ do anything about it. I’m still here tho. Where’s the father? Are you still in touch with him? » I’m here / where’s the father ; l’enchaînement qui blesse. Kane est là où Tim n’est pas, c’est tout ce qu’il faut comprendre apparemment. C’est là où le pompier appuie parce qu’elle vient d’appuyer sur le problème des responsabilités. C’est ça aussi, le problème de connaître quelqu’un. Ils savent ce qui rend l’autre heureux et ils savent aussi comment le mettre à terre. Ca ne partait que d’une blague, pourtant. Une simple blague, si innocente, si puérile. Une blague pour passer le temps comme il en existe des milliers. Heureusement que chacune d’elle ne mène pas à poser des questions si dures, à utiliser des mots qui prennent tant de sens. still here, it, where’s the father ?, do you talk to him ? Chacun de ses mots est un nouveau coup de poignard et Kane ne doit sûrement pas savoir à quel point il est en train de lui faire mal. Elle est trop perdue, trop déboussolée, trop trop de choses pour pouvoir répondre assez vite avant qu’il n’enchaine. Elle qui serait pourtant sa main avec tant d’ardeur finit par la lâcher, par faire un pas en arrière parce qu’elle ne veut pas le toucher pour le moment. “Aw, it seems to be so difficult for you.” Elle prend ce faux air désolé, cet air qui la rend détestable, haïssable, méconnaissable. Charlie se reprend aussitôt, pourtant, se rend rapidement compte qu’elle va trop loin et qu’elle ne peut pas rejetter la faute sur Kane alors qu’il n’a rien demandé. A la hâte, elle avance sa main et tend le bout de ses doigts pour revenir trouver la même main qu’elle avait abandonné une minute auparavant. “Sorry. Not what I meant.” Pourtant, si, elle le pensait. Elle pensait, du plus profond de son coeur, qu’il n’a pas le droit de se plaindre de ne pas tout savoir alors qu’il cherche seulement à avoir des anecdotes croustillantes à raconter à sa meilleure amie. Elle en raffolera sûrement. “Follow me. Don’t want to talk about this here.” Il n’a pas intérêt d’émettre une seule objection parce que ce foutu concert n’a aucune sorte d’importance face à cet enfant, encore moins face à Tim. S’il refuse il la verra s’en aller et qu’il ne compte pas sur elle pour sagement l’attendre dans le lit cette fois ci. “It’s the first time for me too. There is me loving you, me never gonna leave you, me being lost. There is also me being pregnant and I can’t do anything about it. I don’t know where the father is, he told me he was leaving for a military camp a month and a half ago. I can’t talk to him. He doesn’t know anything and nobody does. It’s just the two of us, Kane.” Ca ressemble à un énorme coup de pression, cette dernière phrase, alors qu’elle n’avait rien voulu de tout ça. C’est seulement la vérité. Elle ne compte que sur lui. “I told him I was in love with you. That’s why he left me, that’s why he left the town. He couldn’t even watch me in the eyes and I don’t want to live with that feeling ever again.” Une dernière chose lui reste sur le bout de la langue, une chose qu’elle garde pour elle depuis le début et qu’elle n’a jamais partagé avec qui que ce soit et pour laquelle Kane serait bien le dernier à mettre au courant. Il voulait savoir, pourtant, il voulait comprendre. Qu’il comprenne donc. “I was in love with him too.” was parce qu’elle n’est certaine de rien à propos de Tim maintenant, pas même qu’il soit toujours en vie ou qu’il ne l’ait pas oublié. "Welcome inside my fucking head. Feel free to drown, that's what I do every second." La vérité qui fait mal, qu'elle n'avait jamais osé prononcer à voix haute et encore moins face à quelqu'un. Cette fois ci Charlie ne résiste pas et part en quête d'une cigarette parmi les quelques personnes amassées à l'extérieur. Elle en trouve une rapidement, l'aspect "je fais une scène avec mon copain" devant jouer pour beaucoup dans le capital empathie des gens. Elle l'allume de la flamme du briquet, s'humecte les lèvres en y passant sa langue avant de venir poser la cigarette entre ses lèvres et de tirer une première fois dessus.

Je sens que ça va pas. Mais je suis honnête et si fallait vraiment pas qu’on en parle elle aurait pas continuer sur le sujet elle non plus. C’est difficile. Pour elle plus que pour moi. C’est sûr. C’est son corp dont il est question. Son coeur aussi. J’ai aucune idée de la situation avec le père. J’ai jamais demandé. Elle a jamais dit. Elle m’a parlé d’un connard qui la frappait. Je me demande s’il s’agit de lui. J’espère pas. I’m not feeling this.

« Aw, it seems to be so difficult for you. » Ok. Je prends son ton et sa phrase comme elle me les donne. Comme une belle claque et un gros va te fait foutre connard. Ok. Je prends. Elle est mad. Mais je pense qu’il vaut mieux plus tôt que tard. Cette conversation, on aurait dû l’avoir depuis un moment. Depuis que je lui ai filé mes clés. Depuis qu’on s’est dit qu’on s’aime. Elle s’est défait de moi. I am not feeling this.

« Sorry not what I meant. » Exactly what you meant. Je le sais très bien. Elle souffre là. Je l’aide pas. Mais il faut passer par là apparemment et je n’en démordrai pas. Faut qu’on ait le fin mot de cette histoire parce que ça va pas du tout là. I am not feeling this.

Et on se décale des gens autour de nous. Je connais personne. Peut être qu’elle si. Je dis rien. Je suis. Je m’en fou. Je veux juste qu’on vienne au bout de ce gros dossier. « It’s the first time for me too. There is me loving you, me never gonna leave you, me being lost. » I approve of all that. I am in the same boat.  « There is also me being pregnant and I can’t do anything about it. » Actually you can. « I don’t know where the father is, he told me he was leaving for military camp a month and a half ago. » Hmmm… « I can’t talk to him. He doesn’t know anything and nobody does. It’s just the two of us, Kane. »

« Okay. »

Je savais pas ça du tout. C’est important. Personne ne sait ? What about Léo? « I told him I was in love with you. That’s why he left me, that’s why he left the town. He couldn’t even watch me in the eyes and I don’t want to live with that feeling ever again. »

« Wow ok. »

Elle a vraiment laissé un gars pour moi ? Was probably the violent one. Parce que je veux pas croire qu’elle ait laissé un gars qu’elle aimait pour moi. Is she really giving me 200% for me? Am I worthy? J’ai du mal à le croire. Aucune de mes ex n’a jamais fait ça. « I was in love with him too. » Stockholm Syndrom? Parce que je sais toujours pas de qui il s’agit… He’s the violent one. Je sais pas pourquoi je le feel. Parce que c'est logique qu'elle laisse un gars violent pour moi. Pas un gars bien. J'en vaux pas la peine. Je suis pas mieux. Nope. « Welcome inside my fucking head. Feel free to drown, that’s what I do every second. » Elle fait exprès ? Elle fait exprès de me trigger du Bring me the horizon encore ? Et je la vois filer pour se choper une cigarette alors que je suis en train de traiter toutes ces informations encore. Je la regarde. Je cogite. Et puis je m’approche enfin d’elle qui a vite eu ce qu’elle voulait. Sa clope. Je la devine parce qu’elle est dos à moi. Quand j’arrive à elle, je glisse un bras autour de sa taille, posant ma main sur son ventre. Pas anodin. Mon nez est niché contre sa tête, dans ses cheveux.

« I won’t let you drown. »

Je sais pas pourquoi je fais cette promesse. Je suis trop con. Je devrais pas. Elle est où la distance que j’arrête pas de mettre depuis le début avec elle? Elle est plus nulle part putain de merde je suis trop con. Je changerai vraiment jamais. Rien ne change jamais. I try tho… Je resserre mon bras autour d’elle.

« Is he the one who hurt you? »

Et puis comme je suis une sensible bitch, j’ajoute pour clarifier mes mots.

« Physically hurt. »

Parce que émotionnellement elle l’a bien fait comprendre. C’est quand même super fou qu’on parle de ce gosse comme s’il existait alors qu’elle a prévu d’avorter. Pourquoi on fait ça ? I’m not feeling this.

Les yeux fermés, ses lèvres et ses joues pincées et tous ses muscles tendus, elle ne pensait pas avoir une discussion comme ça ce soir. Ca se prépare, ce genre de choses. On prévoit ce dont il faut parler et surtout ce dont il ne faut pas. On prévoit plein de choses, ou en tout cas un minimum. Ca n’arrive pas après avoir fait une blague sur un chiot. En plus, il lui avait déjà dit qu’il lui ramènerait un chien s’il en sauvait un. Il n’avait sans doute pas pris cette demande au sérieux, pourtant, aux yeux de la blonde, c’est tout ce qui compte. C’était vraiment important, cette histoire de chien à adopter. Pas autant que cette histoire d’enfant, mais quand même. Elle s’imagine déjà voir Kane repartir au loin et ne jamais se retourner parce qu’elle est vraiment conne ce soir et qu’elle lui balance des choses sans lui laisser le temps de s’expliquer. Il encaisse, il encaisse, encore et encore. Un jour il ne pourra plus le faire et elle tombera de haut, elle qui commence trop à s’habituer à sa patience et à sa douceur sans égales. Sa main droite dans les airs, sa gauche qui tient son coude, elle tente de se calmer à sa manière en même temps qu’elle tire frénétiquement sur la cigarette sans même s’en rendre compte. Elle en oublie même qu’elle déteste l’odeur, qu’elle déteste le goût et qu’elle déteste cette sensation d’avoir les poumons en feu. Elle brûle encore un peu plus à chaque nouvelle bouffée mais ne s’arrête pas pour autant. Au point où elle en est, de toute façon, ça ne change plus grand chose. Ce n’est que quand il revient vers elle et que son parfum contraste avec l’odeur de fumée qu’elle éloigne la cigarette de ses lèvres, laisse la cendre retomber au sol. Son coeur bat encore bien trop vite mais sa présence l’apaise, surtout maintenant qu’elle lui a dit beaucoup de choses qu’elle gardait enfouies en elle depuis bien trop longtemps. Il en sait beaucoup plus que tout le monde maintenant. Son nez lui chatouille le cou, ses mèches se jouent de sa peau et elle laisse sa tête se pencher légèrement en sa direction. Il est toujours là, il ne la laissera pas se noyer. Les lèvres de Charlie se pincent à cause de l’émotion et elle remarque qu’elle n’a pas encore pleuré, ce qui relève du miracle. Elle détache sa main gauche de son propre coude, vient la déposer sur la main de Kane qu’il a déposé sur son ventre. Elle ne devrait pas, pourtant, parce que ce geste là prend beaucoup trop de significations différentes et qu’elle n’a pas le droit de changer d’avis à propos de cet enfant, surtout pas maintenant qu’elle est en train de fumer une putain de cigarette. Pourtant sa main ne se retire pas et au contraire, elle cherche à entremêler ses doigts dans les siens à nouveau.

“Is he the one who hurt you?” Ses sourcils se froncent un instant, elle ne comprend pas. “Physically hurt.” Elle avait compris le sous entendu, oui. Charlie n’avait cependant pas prévu qu’il confonde les deux parce qu’elle a tout simplement omis de lui parler de Tim. Il ne sait peut être pas tout, finalement, et ce n’est pas le moment de recommencer à créer une barrière entre eux alors que même lui la laisse entrer dans sa vie. “I hurt him in a way I can never forgive myself for.” C’est dans le thème, Deaf Havana, et elle n’a surtout pas pu s’en empêcher. Il ne l’a jamais blessé par contre de son côté la jeune femme ne s’est pas faite prier. Elle est l’evil de la situation, surtout pas lui. “He didn’t hurt me. Physically or anything else.” Elle aurait pu se lancer dans les louanges de Tim mais doute que ce soit réellement ce que Kane a envie d’entendre. “He has never been my boyfriend, actually. It’s a whole complicated story since the beginning and I’m too weak to take a decision without him knowing anything.” Cela ne l’empêche pas de toujours vouloir avorter, mais cela veut aussi dire que si ce n’est pas ce que Tim veut elle serait capable de tout remettre en cause. “I’m sorry I put you throught this.” but I never said Id treat you right ...

Elle est réactive à ma personne tout contre elle. Ma main surtout qui est prise d’assaut. Please. C’est ce que j’ai pas osé espérer. La clope doit faire son effet de la calmer somehow. Je sais que c’est pas bon pour le bébé mais je suis horrible, j’en ai rien à foutre. She’s not keeping it. J’espère surtout. Depuis le début c’était ça le deal. « I hurt him in a way I can never forgive myself for. » Vraiment. Elle se rend compte ? Yeah. Je l’adore autant que je la déteste là. Comment elle peut continuer à me trigger des chansons comme ça ? Elle veut qu’on parle qu’en lyrics ? Ok I’m game. Elle sait que j’aime ça. Mais est-ce qu’elle se rend compte à quel point ? Je pense pas. Et j’essaie de passer outre la chanson. Je sais que si elle a dit ça, c’est parce que ça fait du sens pour elle. It is exactly what she means. Et du coup je me demande ce qu’il s’est passé. Elle lui a fait quoi au gars ? Elle va me faire pareil ? Yup. Fuck.

« He didn’t hurt me. Physically or anything else. » Ok good. Le père du gosse qui est en train d’être intoxiqué n’est pas le gros connard dont elle m’a déjà parlé. « He has never been my boyfriend, actually. » Oh god. « It’s a whole complicated story since the beginning and I’m too weak to take a decision without him knowing anything. » Ok. Je comprends. « I’m sorry I put you through this. » Je fais « non » de la tête sans bouger pour autant. Ma main qui serre la sienne. Mon corps contre le sien.

« I’m sorry you are going through this… »

Parce que c’est elle qui est dans la merde là. Moi je suis le mouvement mais c’est son corps à elle qui est au milieu de tout. Je peux me retirer dès que je veux. Même si je sais que je ne le ferai pas. I hurt him in a way I can never forgive myself for. Ca me hante ça. Peut être que je le ferai. Peut être qu’on va plus se parler dans quelques mois. Qu’on sera plus que des étrangers l’un pour l’autre. I don’t want that. Je bouge pas. Restant dans son dos. C’est plus facile pour parler somehow. J’ai pas la tête à chercher des lyrics là. Je suis un peu all over the place.

« When are you gonna see him? How far along are you? »

Deuxième question est bien évidemment liée à sa grossesse. Parce que c’est une question de temps tout ça aussi. Si elle est plus dans le bon timing pour avorter je vais devoir le tuer moi même ce gosse. (joke) (is it a joke really tho?)

Maintenant qu’elle s’est enfin calmée elle accepte totalement qu’il resserre sa main contre la sienne et son corps tout entier avec. Au delà de l’acceptation, c’est seulement ce dont elle a besoin et il le sait pertinemment. Il la connait sûrement mieux qu’elle maintenant. Il sait ce qui lui fait peur et pourtant la liste longue. Mais il connait le pire. “Not your fault. Don’t be.” Elle tente quand même de le rassurer à sa manière tout en pensant chacun de ses mots. S’il l’avait pas été là tout aurait été bien pire pour la jeune femme. Elle aurait quand même trouvé la moyen de blesser Tim d’une manière ou d’une autre et il aurait fini par l’abandonner. Kane l’a récupéré en petits morceaux et il a toujours été là pour elle, depuis ce moment là et même avant. Elle serait tombée plus bas qu’il ne pourrait jamais l’imaginer s’il n’avait pas été là alors non, il n’a aucune raison de s’excuser. Surtout pas. Jamais.
Sa main libre vient se poser dans ses cheveux qu’elle caresse tendrement parce qu’elle est conne à toujours lui en vouloir pour rien et qu’il est toujours celui qui finit par recoller tous les morceaux simplement en restant lui même. “He comes back in two week.” Elle répond, impassible. C’est un fait et elle ne sait pas quoi ajouter. Elle sait qu’elle doit le revoir mais pas comment elle le ferra. Est ce qu’elle va vraiment toquer à sa porte et lui dire ‘coucou ça va ? j’ai pas trop brisé le peu de confiance que t’avais réussi à gagner après trente ans passés reclu du reste du monde dont quinze à supporter les sévices de ta mère ? et t’as pu baiser quelque d’autre là bas ? ah et au fait tu vas être papa.’ Non, pas papa. On a dit pas papa Charlie. Tu l’as dit toi même, tu l’as dit la première. T’as bu, t’as fumé, t’as rien fait pour avoir un enfant sain parce que tu ne veux pas qu’il naisse un jour. ‘bon, ok, y’a un machin de toi qui grandit dans mon ventre.’ “Six weeks.” Cette fois ci sa gorge se serre et elle déglutit, balance la cigarette par terre avant de l’écraser du bout du pied. Six semaines, date correspondant parfaitement avec le début de leur relation. Parce que c’est le soir même qu’elle est allée voir Kane et qu’elle sait qu’il n’est pas le genre d’homme à oublier une date comme celle ci. Elle sait qu’il va faire le rapprochement et en venir à un millier de conclusions qui ne seront pas les bonnes. Il n’est pas sa roue de secours. Il n’est pas son second choix. “It’s up to twenty two.” Elle ajoute quand même, parce qu’il sait qu’elle parle de l’avortement. Elle a vérifié sur internet, dans tous les états. Ca va jusqu’à 24 dans d’autres. Charlie tente un peu de se rassurer à sa manière et surtout de changer de sujet.
La blonde se retourne vers lui, colle son torse au sien tout en gardant une main dans ses cheveux alors que l’autre revient prendre sa place initiale sous son tee shirt. Peut être que si elle reprend la même position, ils pourront revenir au moment où tout était encore parfait. “Kane …” Leurs visages si proches, l’air triste de la jeune femme, les mots qu’elle n’arrive pas à trouver. Elle voudrait lui dire tant de choses mais n’arrive à rien prioriser dans son esprit. “It’s not gonna change anything for us. Whether he’s back or not. He’s important for me but not …” not as you ? Parce que dire ça serait un mensonge. Il est aussi important que Kane, à sa manière. Mais elle n’a pas le droit de dire ce genre de choses parce qu’il va overthink encore une fois. Comme toujours. “not like you.” La seule tournure qu’elle a pu trouver et qui soit véridique ; pas la meilleure du monde. “Do you trust me ?”

« He comes back in two weeks. » Hmmm. Ok. J’aime pas trop cette nouvelle même si je sais qu’en même temps ça veut dire qu’elle va lui parler du gosse et qu’ils vont décider d’avorter une bonne fois pour toute. I hope. « Six weeks. » Ok. Y’a encore quelques semaines devant nous. Devant elle surtout ouais. Mais ouais, y’a encore huit semaines tranquille. « It’s up to twenty two. » Not really but ok. Je veux pas commencer à étaler ma science. J’ose espérer qu’elle va pas attendre jusque là parce que si elle dépasse les 14 semaines, elle peut mettre sa propre vie en danger dans le process. Ce serait bien d’éviter qu’elle meurt au milieu de tout ça. C’est pas vraiment le but de l’opération. Je capte pas du tout le lien entre la durée de sa grossesse et nos débuts à elle et moi. Tout simplement parce qu’on a pas été officiellement en couple tout de suite et je me souviens même pas depuis quand on l’est exactement. Can’t believe I didn’t keep track of this. Vraiment j’ai réussi quand même pas mal le coup de la distance. Je suis fière de moi malgré que j’ai cédé à beaucoup de trucs depuis. J’ai tenu longtemps. Plus longtemps que toutes les autres d’avant. Je me dis de plus en plus que ça va pas tenir elle et moi. Je me fais pas d’illusion. Elle va retourner voir le père du gosse et ils vont vivre heureux avec tous leurs enfants. Comment je peux rivaliser avec le père de son gosse ? Je sais pas c’est quoi leur histoire mais c’est forcément plus fort d’être avec lui qu’avec un autre gars. C’est sa chair et son sang. Moi je suis quoi ? Rien. « Kane… » Elle me sort de mes pensées, je réalise qu’elle s’est tournée, mes bras sont toujours bien autour d’elle. Mes yeux se fixent aux siens. « It’s not gonna change anything for us. Whether he’s back or not. He’s important for me but not… » Alors 1) elle lit mes pensées ou comment ça se passe là ? Et 2) but not quoi ? Je la regarde, lui posant cette question avec mes yeux.  « Not like you. » Sounds promising I guess. Mais j’ai pas mal peur de la suite quand même. Je veux le voir pour le croire. Le gars n’est pas là en ce moment, c’est facile de dire ce genre de truc quand le principal concerné n’est pas présent. « Do you trust me ? » Ouch.  Est-ce que je lui fais confiance? Non. Je ne lui fais pas confiance. Mais ça fait grave mal à dire alors je sais pas quoi dire. Et je mets beaucoup trop de temps à lui répondre et ça répond juste à la question à ma réponse. Silence speaks volumes. Je vais mettre mes yeux dans les siens. Only gonna trust you if you abort that kid like you said you would. Only gonna trust you if you never leave me like you said you would. Only gonna trust you if you are willing to keep on giving it all. Mais je ne dis rien parce que je ne veux pas la forcer ni lui mettre la pression non plus. Elle fait ce qu’elle a à faire. Et moi aussi. Je m’adapte en fonction.

Leur tête à la même hauteur, elle cherche à capter son regard avec ses deux iris bleues apeurées. Elle tente, encore et encore, pendant de si longues et interminables secondes. En vain, toujours, parce qu’il semble ailleurs. Il semble perdu, à vrai dire. Tout simplement. Le pouce de la jeune femme peut bien recommencer à caresser doucement sa peau qu’il n’y est plus du tout réactif. Sa main peut bien caresser la base de sa nuque et jouer tendrement avec ses cheveux qu’il ne réagit pas non plus. La blonde n’établit d’abord aucun lien de cause à effet, tente de le retrouver sans jamais y parvenir et sa confiance se brise de secondes en secondes. A quoi bon être aussi proche de lui physiquement si son esprit est ailleurs ? Ses yeux bleus reviennent, pourtant, au bout d’un trop long instant. Ils se reposent tous les deux sur elle et il n’y a pas grand chose du doux regard qu’elle aime. Il n’y a pas grand chose d’attendrissant, ni de doux, ni de quoi que ce soit qu’elle aime.
Le temps passe et il ne répond pas à sa question. Il n’avait qu’à dire oui et passer à autre chose, changer de sujet pour parler de l’importation de roses en provenance du Kenya. Tout. N’importe quoi aurait suffit. Elle avait seulement besoin d’entendre que l’une des personnes sur lesquelles elle compte le plus en ce moment la croit. Ca ne semblait pas tant demandé que ça. Pourtant Kane ne répond pas et ne cherche pas à l’embrasser ou l’enlacer en retour. Il reste seulement, là, à la regarder alors que la foule commence peu à peu à s’amasser. Il n’a pas intérêt de lui parler de ce putain de concert parce que c’est à nouveau devenu le cadet de ses soucis. “So you don’t.” Tous les indices sont là. S’il ne répond pas par les mots, il avait au moins pris pour habitude de lui répondre par un geste tendre et elle comprenait, elle savait s’en contenter. Elle a su s’adapter à lui et à ses besoins et peut être que ce soir aussi elle aurait su se contenter d’un simple baiser en guise de “oui”. Si jamais baiser il y avait eu.
Charlie lui a promis qu’elle se donnerait à 200%, qu’elle donnerait pour deux dans cette relation et elle le pense toujours, mais elle a besoin qu’il soit là quand elle le lui demande. Elle gère son enfant, elle gère Tim, elle gère ses études qu’elle veut arrêter. Elle peut gérer toute sa vie sans jamais n’avoir à l’embêter avec ça, mais quand elle lui demande quelque chose elle a besoin qu’il soit là. Elle ne cassera pas le mug pigeon, elle sera toujours là pour le rassurer et lui dire qu’il est un être humain extraordinaire parce qu’elle le pense. Elle fera mille autres choses pour lui. Mais elle ne peut pas lutter seule.
Le visage de la blonde se durcit en même temps qu’il ose enfin plonger ses yeux dans les siens. Sans parler, sans un mot, sans quoi que ce soit. fuck you, la main se retire de derrière sa nuque, glisse sur le devant de son corps sans jamais frôler son tors. L’autre main, cachée sous son tee shirt et placée sur ses cotes flottantes, se détache à son tour. Tous deux se retrouvent dans les poches de son pantalon parce qu’elle ne sait pas quoi faire de cex deux membres qu’elle avait pris pour habitude de toujours laisser en contact avec le corps du blond. Mais il ne voudrait sans doute pas qu’elle s’approche de lui, vu qu’il n’a apparemment aucune confiance en elle. “Say it.” Pourquoi est ce que chaque concert doit mal tourner ? Pourquoi est ce qu’ils sont obligés de toujours s’infliger cet ascenseur émotionnel, tout sauf sain ? “You can’t just don’t react and don’t say anything and pretend like it never happened. I did ask you a simple question Kane and I want you to answer.” Elle se retient d’ajouter que c’est ce qu’aurait fait un adulte mais se ravise, pas encore assez énervée pour cela. Elle lui laisse une chance même si elle commence à se douter que la réponse ne lui plaira pas. “It doesn’t mean anything if you don’t trust me.” Et le it en question, c’est eux. Il n’y a toujours été question que d’eux et pourtant une simple question remet tout en cause alors que Charlie en pensait la réponse plus qu’évidente. Un demi pas en arrière, la mâchoire et les poings dans son pantalon serrés, elle attend une réponse cette fois ci. L'option du baiser vient d'expirer, elle veut des mots.