Heather sortez tranquillement de la pâtisserie avec quelques gâteaux en mains, elle avait prévue d’aller voir Mary la mère de son agent. L’actrice lui rendait visite une fois par semaine et la dame lui avait parlé de cette boulangerie qu’elle rêvait de tester alors voulant lui faire plaisir avant de se rendre chez elle, elle était allée y acheter quelques douceurs. Cette femme provoquer un sentiment étrange en elle, la blonde n’avait jamais été très esprit de famille, ses parents ne voyaient en elle qu’un moyen de se faire de l’argent facilement, ils n’avaient jamais été très affectueux avec elle et la pousser plutôt à bout pour obtenir ce qu’ils voulaient d’elle. Heather avait trouvé en son agent un sentiment de père adoptif qui c’était encore plus développé quand elle avait aménagé chez lui après son émancipation pour ne plus avoir affaire à sa vrai famille mais même si elle savait qu’il tenait énormément à elle sans lui dire et que c’était réciproque, c’était vraiment en arrivant à Brisbane qu’elle avait eu ce sentiment de famille naitre. La vieille dame avait tellement été accueillante avec elle-même si elle savait que si Heather était venue la voir la première fois c’était pour faire plaisir à John. Mais la blonde c’était vite pris d’affection pour la grand-mère et tenait vraiment à elle maintenant, elle était drôle, n’ayant pas la langue dans sa poche, un sacré personnage.
Satisfaite de ses achats Heather se rendit à sa voiture, la vendeuse lui avait dit de ne pas les laissé très longtemps en dehors d’un frigo, du coup la jeune femme comptait se dépêcher d’aller à sa destination. En chantonnant elle atteignit sa voiture et se dirigea vers la porte côté conducteur et alors qu’elle allait ouvrir la portière elle poussa un cri en voyant un truc bouger sur la porte et fit tomber la boite de gâteaux avant de faire un bond et de reculer de 50 mètres. Qu’est-ce que c’était que cette horreur ?! Il y’avait une araignée mutante sur sa portière, elle était énorme ! Comment un insecte pouvait faire cette taille. Pendant un instant les gens se tournèrent vers elle, interloqués par le cri de l’actrice mais ils reprirent leur chemin comme si de rien n’était. A cet instant il y’avait deux possibilités, soit ils n’avaient pas vu cette monstruosité et ils avaient tous besoin de lunette vu la taille du truc, soit ils étaient habitués et n’en avaient rien à faire et à ce moment-là, ils étaient tous fous. Elle avait déjà entendu parler du fait que l’Australie était un pays qui essayait constamment de te tuer avec des bestioles géantes, venimeuses et des animaux qui sortaient d’un autre monde. Jusqu’à présent elle avait seulement vu des images sur internet et encore elle avait essayé de ne pas trop se renseigner car elle était venue ici à contrecœur et qu’elle ne voulait pas plus de raisons pour se convaincre de ne pas aller en Australie. Mais bon dieu que cette araignée était énorme, déjà que l’actrice n’était pas fan des petites et qu’elle essayait à chaque fois de trouver quelqu’un pour les tuer à sa place, celle-ci était hors compétition. Heureusement que ce n’était pas l’araignée qui avait mordu Peter Parker car sinon le pauvre, les comics Spider Man auraient eu une fin beaucoup plus rapide. Comment elle allait se débarrasser de ça ? La jeune femme n’osait plus approcher sa voiture et l’araignée n’avait pas l’air de vouloir bouger, elle s’était installée sur l’ouverture de la portière ce qui empêchait Heather d’accéder à l’intérieur de la voiture, quoi que même si la bestiole avait été ailleurs sur sa voiture elle ne l’aurait pas approché pour autant.
Heather essaya de réfléchir à une solution elle ne pouvait pas rester ici à contempler le bolide, il fallait qu’elle prenne une décision. Dans un premier temps son regard se posa sur la boite de gâteaux dont elle avait totalement oublié l’existence, elle jura dans son esprit en voyant la boite par terre et prit une grande inspiration pour rassembler son courage et fit un sprint pour attraper la boite et s’éloigner de la voiture directement dans la foulée. La jeune femme pria un instant pour que ses gâteaux aillent bien et en ouvrant la boite, elle se sentit un peu abattu en voyant qu’ils étaient un peu abimés mais bon elle s’était fait attaquer par un monstre c’était une bonne excuse. Puis elle réfléchit à comment faire partir l’araignée, elle pouvait essayer avec un bâton de la faire tomber mais c’était risqué. Si y faut l’araignée allait lui sauter dessus dès qu’elle allait la toucher avec le bâton et c’était hors de question. Sinon elle pouvait toujours bruler la voiture ça pouvait être efficace mais c’était une voiture de location donc ça serait problématique. Il restait une solution, trouver une personne assez crédule pour venir se sacrifier à sa place. Elle regarda autour d’elle les gens passer, ils étaient tous en train de faire leurs petites vies en ignorant la menace, puis elle aperçut un homme sortir d’une boutique et elle arqua un visage angélique et alla à sa rencontre.
- Excusez-moi monsieur, pourriez-vous m’aider ? J’ai un petit problème avec ma voiture et j’aurais besoin de l’aide de quelqu’un.
CODE BY MAY
Dernière édition par Heather Harris le Mar 24 Sep 2019 - 19:37, édité 1 fois
De la nuit dernière, il ne reste rien. Pas grand chose. Pourquoi a-t-il suivi son cadet ? Il l'ignore. Il se le demande. Encore. Et il se maudit. Passablement. A moins que ça ne soit lui qu'il maudisse. Ce serait sans doute plus approprié. Les événements sont clairs cependant. Le brouillard de sa réflexion n'a pas eu le temps de prendre figure. Mais la douleur, elle, est là. Lancinante, furtive, hautement désagréable. Il n'aurait pas du boire. Il le sait. Il a perdu l'habitude au cours de ces derniers mois. Il n'a pas bu tant mais c'est déjà bien trop. La cacophonie au fond de son crâne résonne dans un maelström qui, d'ordinaire, pourrait le rendre fou. Aujourd'hui étrangement, il le tolère. Il a beau vouloir formuler des réprimandes, la vérité c'est que la veille, il ne l'a pas regretté. Même s'il y a songé. Même si la raison est venue s'inviter à l'orchestre de ses pensées. Mais il est parvenu à la noyer dans la symphonie du bruit des autres, des voix, des murmures, des échos de cette musique moderne d'une inharmonie affligeante mais qui ce soir-là, ce soir-là, ont été bienvenus. A s'emprisonner dans son nouvel état de fait, il en aurait presque oublié de vivre. Et pourtant il a aimé ça. Un peu trop sans doute. Sa génitrice, si elle l'avait vu, lui aurait dit que le Diable est revenu frapper à sa porte. Alors que ça n'a été rien. Rien de plus qu'une redécouverte de l'exaltation de l'existence à une échelle bien mince. Il a pris plus de plaisir à l'observer, à regarder ce frère qui a eu tant d'occasions de se perdre, oublier comment les soucis peuvent sonner. Il s'est autorisé un verre puis deux. Le troisième ne lui revient pas en mémoire mais sans doute est-il encore sur le bout de la langue mêlé à l’arôme âpre et rebutant de la cigarette. Est-ce une erreur ? Peut-être. Sans doute. La conscience lui dit qu'il a frôlé la fin. Il lui rappelle qu'elle est déjà là s'il refuse de vivre, s'il reste cloisonné entre les barrières. Alors s'il se maudit, ça n'est pas pour ça. Pas pour avoir cédé à la tentation infortune de son irresponsable frère mais bien plus pour la conséquence immédiate qui s'offre à lui en se réveillant. Ça ne lui a pas manqué. Il est parvenu à se lever cependant, à mettre un pas devant l'autre. Son cadet est un cadavre ronflant étalé au milieu de la pièce. Est-il arrivé jusqu'au canapé ou a-t-il chuté pendant la nuit ? Il ne saurait le dire. Il s'est noyé bien plus que lui. Il n'a pas eu tellement de mal. La vision fait naître un sourire avant une grimace de douleur. La journée promet d'être longue s'il ne réussit pas à faire cesser cette foutue migraine. Il tente sa chance à coup de thé brûlant et d'antidouleurs mais les effets tardent à venir. Au final, il n'y tient plus. Il sort. Le soleil frappe le cœur de ses iris avec une violence décadente. Il a oublié de regarder l'heure. Il a oublié beaucoup de choses. La vie n'a pas cessé quant à elle, elle est toujours aussi bourdonnante. Les clameurs de la ville parviennent à ses oreilles en une mélodie distrayante. Ses tempes sont vibrantes mais qu'importe. Il prend la chaleur et le bruit en pleine figure sans se détourner. C'est un de ces jours où il se sentirait presque comme avant. Juste vivant. Alors il en oublie furtivement la douleur fulgurante, se dit qu'un café l'aiderait peut-être. Il connaît ses rues sans anicroche, comme un aveugle sans bâton. Il se mêle aux passants, évite les mauvais mouvements avec l'aisance d'une nouvelle habitude. Il finit par trouver sa destination et quelques minutes plus tard, il sent déjà l'affliction s'atténuer. Un peu. Adagio. Il n'est pas pressé de rentrer pourtant. Il n'a pas de séance aujourd'hui. Ce n'est peut-être pas plus mal. Il n'est pas certain que son kiné apprécierait particulièrement sa sédition à ce semblant de débauche. S'il savait. Finalement avec un sourire, incertain encore du reste de sa journée, il quitte la boutique, résistant soigneusement au réflexe d'utiliser son inutile bras gauche. Il n'a pas le temps de penser davantage qu'elle est déjà là, face à lui. Cette jeune femme avec une expression angélique et un visage dont il a l'étrange impression de connaître les traits. Il est incapable de se souvenir d'où cependant et dans l'immédiat, ça n'a aucune importance. Celle-ci a besoin d'aide et il ne voit aucun motif de la lui refuser. "Oui, bien sûr. Qu'est-ce-qu'il vous arrive ?" Le sourire est revenu sur ses lèvres, avenant. Raison lui rappelle que s'il s'agit d'un problème mécanique, il sera bien en mal de l'aider. Non qu'il ne possède les connaissances ou même techniquement les capacités. Mais avec un bras en moins, l'affaire risquait d'être compliqué. Il la fait taire pourtant. La vie est redevenue sienne rien qu'un moment et il ne va pas céder encore à un retour déplaisant à l’amère réalité.
La jeune femme ne savait vraiment pas quoi faire, elle n’avait jamais été du genre à avoir une peur bleue des insectes, mais elle avait toujours détesté les araignées franchement c’était l’un des trucs qu’elle trouvait les plus répugnants. Elle ne savait pas comment et pourquoi quand elle était jeune, elle voulait être Spiderman après avoir regardé les films et lu les comics en y repensant il y’avait tellement de meilleur choix qui n’impliquait pas d’avoir une quelconque relation avec une araignée. Déjà que les petites à ses yeux n’était vraiment pas une partie de plaisir à se débarrasser, elle ne savait pas quoi penser de celle-là, elle était énorme et bien noire, elle était certaine que si il y’avait des nanars d’horreurs avec des araignées ils avaient s’inspirer de celle-là. Pourquoi cela devait tomber sur elle ? La bestiole n’aurait pas pu choisir une autre voiture comme par exemple n’importe laquelle des autres passants qui avaient l’air de continuer leur vie comme si ils ne se rendaient pas compte du danger qu’il y avait à côté d’eux. Surtout que ce n’était vraiment pas le bon jour pour Heather, l’un des rares jours où elle avait réellement un rendez-vous de prévue, il fallait qu’elle se fasse agresser par la nature. Dans un sens cela ne l’étonner pas. Avec tout ce qu’il lui arrivait depuis 3 mois, le fait que maintenant une créature s’en prenne à sa voiture ne devait qu’être la suite des choses. Franchement la blonde se disait qu’elle avait dû faire quelque chose de mal dans une vie antérieure.
Il fallait à tout prix trouver un moyen de la faire partir sans qu’elle n’ait à la toucher ou abimer la voiture qui n’était pas la sienne. Sur le coup elle eut la bonne idée de chercher sur internet comment se débarrasser d’une araignée en Australie, Heather n’eut pas vraiment le temps de voir de solution car le premier lien de ses recherches fut la photo d’une araignée mangeant un opossum. Un regard affolé s’afficha sur son visage en voyant l’image, l’actrice regarda 5 sec celle sa voiture et revint sur la photo et si celle-là pouvait lui manger le bras. Ce n’était pas possible, il fallait qu’elle trouve une bonne poire pour prendre le risque à sa place. Elle observa un peu les passants pour choisir sa victime, il lui fallait un homme, même si c’était triste à dire, elle avait plus de chances de réussir à obtenir de l’aide car il y’avait la possibilité qu’il décide de l’aider pour se montrer héroïque et viril à son égard même si elle n’en avait rien à faire. Quand elle aperçut sa cible elle prit une grande respiration et se prépara comme pour rentrer dans un rôle, elle se donna l’air un peu innocente pour attirer un capital sympathie. Dans un sens elle espérait presque que l’homme l’a reconnaitrait même si il paraissait un peu âgé pour ça, après peut-être avait-il un point faible pour les comédies romantiques on ne savait jamais mais pour une fois sa célébrité lui serait bien utile. Lorsqu’elle accosta le jeune homme et qu’elle lui demanda son aide, il accepta son aide immédiatement sur le coup elle se dit que cela avait été très facile.
- Oh merci beaucoup ! Suivez-moi je vais vous montrer.
Sans réellement attendre de réponse elle invita l’homme à la suivre, Heather avait un peu l’impression à ce moment précis, d’être l’araignée qui avait pris quelqu’un dans ses filets ce qui était un peu le comble. L’actrice avait préféré ne pas évoquer la raison immédiatement, si jamais il avait la phobie des araignées, elle ne voulait pas qui se dérobe. Elle avait vraiment envie que cette histoire soit vite réglée surtout qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de regarder l’heure et se dire qu’elle allait être réellement en retard. Arrivant à la voiture vers la voiture, elle s’arrêta une petite distance de sécurité mais tout de même assez près pour voir le monstre. Quelle ne fut pas sa déception de voir que pendant ce cours laps de temps, elle n’avait pas bougé d’un poil, rien que la voir lui donnait des frissons dans le dos. Heather pointa sa voiture et prit la parole un peu embêté.
- Comme vous pouvez le voir j’ai un passager clandestin qui essaye de s’incruster dans ma voiture et je voulais savoir si vous pouviez m’aider à l’enlever. Je pensais à trouver un bâton et la bouger ou je ne sais pas si vous avez d’autres idées, c’est la première fois que j’ai affaire à une horreur pareil… Au fait je m’appelle Heather.
De son propre aveu, il ne se qualifierait pas homme de courage. La vision qu'il en possède lui semble relativement éloignée de celle qu'il a de lui-même. Impulsif. Peut-être. Téméraire. Sans doute. Stupidement isolent. Ca, il veut bien l'accorder. Il suffit d'observer les marques albâtres qui ont presque fini de faner au fil des ans sur ses phalanges. Quand il y repense, il se trouve bête, idiot, terriblement inconséquent. Il aurait pu perdre sa capacité à jouer bien plus tôt, il aurait pu ruiner ses chances de connaître ne serait-ce que l'espace de quelques années l'exaltation des mélodies de la scène. Il n'avait pas le même âge alors, pas la même envie. Il croyait encore en cette justice étrange que l'adolescence considère comme incontestable. C'est naïf, illusoire et triste à en pleurer. Mais il préfère en rire. Aujourd'hui encore. Il n'en porte aucun regret, pas même celui du risque. Il n'a pas tant changé contrairement à l'impression que les ans avançants peuvent donner. Oui, il a pu être sot, lunatique. Mais ne l'est-il pas encore parfois ? La conscience qu'il en a désormais est différente. Elle est réelle, présente. Elle rend l'erreur tangible, moins excusable. Mais qu'importe. S'est-il brûlé les ailes ou a-t-il eu raison d'en profiter le temps donné ? Il l'ignore. Il ne sait pas. Il hait ce sentiment autant qu'il le tolère. Au fond, c'est peut-être mieux. Que ferait-il d'une telle information ? Se jugerait-il lui aussi bon à la damnation ? Non. Il préfère ne pas y penser. C'est bien trop morbide, trop triste, trop déprimant. Il ne veut pas déprimer. Il ne veut pas vivre dans la prison que les peurs peuvent lui créer, que l'absence de certitude peut lui donner. L'impulsivité a du bon, parfois. Souvent même si on vient à l'écouter. Il n'y pense pas alors. L'antre de sa réflexion est déjà bien trop envahie. Elle fourmille de sons, d'accès de rage dissimulés, d'affliction déchirante et d'une ardeur de survivre indélébile. Il se refuse au requiem, lui préfère une nouvelle partition.
La soirée d'hier n'a pas été différente. Était-elle une mauvaise idée ? Peut-être. Sans doute. La regrette-t-il ? Plus autant qu'à son réveil. Son cadet trouvera probablement à y redire quand il daignera se lever. Mais il ne sera pas là pour le voir. Non, il sera là. Dans cette rue peuplée de bruits, d'éclats de lumière et de silhouettes qui existent en valse incontrôlée. Pour l'heure, son attention n'est pourtant concentrée que sur une. Sur celle d'une jeune femme qui est venue aborder l'être pas encore tout à fait sobre qu'il est. Elle est en attente de son aide et il ne voit nulle raison de la lui refuser. Pas même son bras inutile, pas même sa tête encore vaporeuse, pas même son attention limitée à mesure que les minutes passent. Pourquoi s'en formaliser ? Hasardeux ? Il ne dira pas le contraire. Étrangement, il n'en a cure. Il range raison à double tour. Elle y trouve sa place depuis quelque temps. Il entame de suivre son inconnue, en réalité plutôt curieux de ce qu'elle peut attendre de sa part. Elle s'arrête devant une voiture. Un mètre à peine. Le voilà interrogatif. Le problème ne doit pas être mécanique. Si raison était encore là, elle lui dirait que ça n'est sans doute pas plus mal. Puis elle rirait ensuite. Il ne lui en voudrait pas. La jeune femme pointe la voiture, la portière. Et il aperçoit alors l'objet de son désarroi. Si l'accent avec lequel elle s'adresse est un indicateur, elle n'est pas de ces parages. L'idée le frappe d'autant plus quand il l'entend à nouveau, quand elle met des mots sur sa détresse. Une détresse qui prend la forme d'une vie tout à fait ... locale. Répugnante de l'avis général. Il est un peu moins tranché. Même s'il n'est pas du genre à apprécier le spécimen pour autant. Parce qu'il faut rester honnête, cela reste un spécimen. Une créature presque aussi large que la voûte de son violon. Rectification. Elle est répugnante. Il a beau être né dans ces terres australiennes, il n'est toujours pas parvenu à trouver un attrait à cette frange de la faune. Il en observe cet échantillon qui paraît parfaitement confortable sur sa portière et il comprend sans mal pourquoi la jeune femme ne parvient pas à s'en dépêtrer. Heather. C'est son nom. Celui qu'elle vient de lui donner. Et après l'avoir écouté, sans prendre de vue l'objet de son infortune, il se tourne vers elle avec un sourire. "Malachi. Et vous inquiétez pas, on va parvenir à la déloger." Il retourne son attention vers elle, la chose, réfléchit à comment un moyen d'about à ses fins. Le souci étant qu'il a les mains vides. Que sa réflexion est embrumée par le manque de sommeil et le surplus d'alcool de la veille. Que son côté gauche est superflu à souhait. Il n'est pas certain qu'elle ait choisi le meilleur candidat. Il n'est même pas le plus hardi. Mais le sang australien qui coule dans ses veines se révélera peut-être d'une quelconque utilité. Comment procède-t-il habituellement ? Il en trouvait bien moins à Sydney et il n'en pas revu d'autres à Brisbane depuis qu'il est rentré. A-t-il oublié ça aussi ? S'il peut l'éviter. Une chose est certaine, la bouger avec un bâton ne serait pas une bonne idée. Pas s'ils veulent s'en débarrasser. "Je pense pas qu'un bâton soit une très bonne idée sauf si vous voulez prendre le risque qu'elle se rapproche de nous le moment venu." Le ton est détendu, presque amusé. Il prend la situation au sérieux cependant. Il lui faut une autre idée. Cette dernière lui vient finalement. Un vieux souvenir. Une conversation avec son aînée qui se plaignait d'une visiteuse indésirable non loin de ses défunts embaumés. "Il faudrait quelque chose pour la sonner peut-être voire l'empoisonner." Un souvenir. De quoi avait-elle parlé ? "De l'huile essentielle. De la menthe poivrée. Ça marche pas mal si je me souviens bien. Je suppose que vous avez pas ça sur vous ?" L'interrogation est rhétorique. Il se doute de sa réponse. L'expression ne porte pas à confusion, difficilement défaite d'une forme d'amusement. Il passe sa main droite sur ses traits puis dans ses cheveux pas spécialement coiffés. Il réfléchit encore, presque embêté. Dans une autre vie, il l'aurait sans doute mise à plat avec un instrument. L'idée est encore tentante. Mais il n'en a toujours pas un sous la main. La solution va devoir être autre. Ils la trouveront bien.
A présent qu’elle avait trouvé son bouclier humain… enfin la personne qui allait l’aider sans qu’elle lui laisse trop le choix finalement si il décidait de se défiler. Heather dirigea le jeune homme vers la voiture pour présenter le bestiau qu’il allait devoir affronter. Plus elle pensait à cette araignée, plus elle avait l’impression de moins en moins les apprécier, elle se sentait un peu comme Ron dans Harry Potter car celle aurait très bien pu être l’enfant de l’araignée géante. L’actrice espérait vraiment que le brun allait pouvoir l’aider, il n’avait pas l’air très gaillard à première vue mais bon comme elle n’avait pas eu à trop insister pour qu’il lui vient en aide, elle allait se contenter de lui. Surtout qu’elle n’avait pas spécialement envie de crapahuter 10 ans dans la rue pour trouver quelqu’un, l’heure passait bien trop rapidement. Même si elle commençait à apprécier un peu sa vie en Australie quand elle mettait de côté la raison pour laquelle elle avait dû venir ici, cet incident lui faisait un peu regretter cet avis. Des fois Heather se disait qu’elle aurait mieux fait d’aller en Angleterre même si elle serait moins passée incognito qu’ici. Mais au moins le risque le plus dangereux qu’elle aurait rencontré avec la faune aurait été de se faire poursuivre par un oiseau dans un parc, plus ridicule mais moins menaçant mortellement parlant. Lorsqu’elle présente l’horreur qu’elle a sur la voiture, l’actrice remarque qu’elle n’a pas bougé d’une patte comme si elle se moquait d’elle en lui montrant qu’elle n’a pas l’intention de bouger et que ça sera Heather qui devra craquer la première. Elle se présente et lui montre la bestiole en évoquant sa seule et unique idée potable qu’elle a en tête qui n’abimerait pas la voiture au passage. Heather ne quitte pas le jeune homme du regard et voit qu’il n’a pas l’air du tout déboussoler ou inquiet en voyant l’araignée, comme si c’était tout à fait normal pour lui d’en voir une de cette taille. La jeune femme se dit que les australiens étaient vraiment fous ou suicidaires.
Dans un sens elle fut un peu rassurée en voir qu’il avait l’air serai peut-être qu’il connaissait un moyen bien de chez eux pour la faire partir. Mais sa désillusion arriva vite en voyant qu’il avait l’air au final de réfléchir autant qu’elle, à une idée et dans sa tête elle se dit qu’il était un peu inutile et qu’elle avait mal choisi. Elle n’aima pas trop son temps un peu trop amusé comme si il se moquait un peu d’elle alors qu’il ne lui apportait actuellement aucune solution. Et cela empira lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui donner enfin son idée, elle tenta de garder son calme mais l’agacement de la situation commençait sérieusement à la déranger. L’idée de l’empoisonner n’était pas bête après tout il existait surement un spray anti araignées vu que c’était commun d’en voir à priori. Elle tomba sur le cul au ridicule qui suivi cette proposition, des huiles essentielles à la menthe ? Il était sérieux ? Il voulait faire quoi avec ça, la parfumé pour qu’elle se dise qu’elle avait été chouchouté et que c’était bon elle pouvait partir maintenant ? Un bon remède de grand-mère quoi. Elle prit une grande respiration pour se calmer, après tout il avait l’air de sincèrement pouvoir l’aider.
- Non je n’ai pas de menthe poivrée sur moi effectivement… Mais j’ai peut-être un spray au poivre dans mon sac. Tenez-moi juste les gâteaux.
L’actrice lui donna sa boite, les gâteaux ne devait tellement plus ressembler à rien maintenant, elle était dégoutée. Elle chercha le spray, normalement elle en avait toujours un sur elle. Son agent avait toujours été un peu trop protecteur avec elle, lui disant d’en avoir toujours un sur elle à cause de possible stalker. Elle fouilla un peu son sac sans succès, elle avait surement du le laisser trainer quelque part chez elle ou peut-être qu’elle ne l’avait même pas pris.
- Non je n’ai rien du tout dans mon sac à part du parfum mais je ne vais pas le gaspiller.
Elle récupéra sa boite de gâteaux en le remerciant n’ayant même pas fait attention au fait qu’il les tenait que d’une main. Finalement elle se rendit compte que sa visite de la journée était complétement morte, elle n’y serait jamais à temps. Elle envoya un sms en disant qu’elle viendrait demain car elle avait un contre temps. Si Malachi se révélait finalement utile, elle lui refilerait la boite en guise de remerciement, cela lui fera ça en moins. Si l’histoire des huiles essentielles était vraie, il fallait qu’ils trouvent une pharmacie ou truc du genre, mais elle ne connaissait pas bien les lieux encore et en regardant vite fait les alentours, il n’y avait pas l’air d’en avoir une.
- Je pense qu’on peut trouver des huiles essentielles dans une pharmacie. Vous savez où il y’en a une ? Je ne connais pas très bien le coin encore et puis qui sait en revenant elle sera peut-être partie…
La situation a un côté ... absurde. Il en a conscience. Est-il mal réveillé ou le jour décide-t-il de lui jouer un tour ? Il l'ignore. Qu'importe au fond. Il se trouve là, perdu au milieu des rues grouillantes, fulgurantes de vie et de monde. Il se trouve là, à réfléchir à la meilleure manière de se débarrasser d'un nuisible doté de bien trop de membres. Nuisible désinvolte venu se loger sur une portière de voiture. Ce fait est-il vraiment si saugrenu quand on se trouve en Australie ? Pas particulièrement. Pour en être natif et ne l'avoir jamais véritablement quitté, il a perdu l’élément de surprise quand il se trouve à en croiser. Non, ce qui est inepte dans cet instant, c'est bien qu'il en soit à chercher une solution. Une qu'il aurait pourtant du assimiler des années plus tôt dans sa prime jeunesse. Si son esprit n'était pas si embrumé par le reste d'effluves alcoolisées, il en lèverait les yeux au ciel. Sans doute en rentrant plus tard dans la journée, racontera-t-il l'anecdote à son cadet qui ne manquera probablement pas d'en rire. Vraiment, Mal', depuis le temps ? Oui, depuis le temps. A croire que ses neurones ont préféré oblitérer dans un espace lointain les informations liées aux choses désagréables. Car il a beau manifester peu d'émotions face à la vision que la créature lui offre, il ne l'apprécie pas particulièrement. Il tente pourtant de ramener de la vie dans ses pensées, d'activer ses souvenirs égarés. Il ne sait pas s'il doit blâmer ses troubles ou sa propre bêtise. Peut-être un peu des deux. Il vaut mieux ne pas trop y penser. Non, rester là dans ce moment étrange, cocasse presque tandis qu'il observe l'objet du désarroi de la jeune femme à ses côtés. L'affaire l'amuse. Il préfère la percevoir ainsi. De fait, il ne pense pas à ce qui le mine, à ce qui le trouble vraiment. Il aurait tout le loisir de se noyer dans ses pensées par la suite, de s'en vouloir de ne plus être tout à fait ce qu'il était. Mais pour l'heure, c'est une idée bien trop sombre. Une mélodie trop déprimante qu'il n'est pas encore prêt à jouer.
Alors il se concentre sur l'être responsable d'une simple détresse. Il saisit le nom qu'elle lui donne, pèse l'idée qu'elle propose dans un coin de ses pensées. Il se retrouve à la désavouer avant de se perdre dans les siennes. Peut-être s'est-elle trompée. Est-il véritablement le meilleur candidat ? Il devrait pourtant. Sa mémoire lui livre quelques indices et il les lui donne avant de réaliser l'absurdité de sa proposition. Il en sourit encore, bien que légèrement. Il perçoit son agacement dans le souffle qu'elle prend. Il a beau chercher pourtant, l'idée lui manque. Et il sait que celle qu'il lui offre a de grandes chances de fonctionner. Il ne reste que lui en octroyer la preuve et à trouver l'outil nécessaire. Elle ne rejette pas l'idée, s'enquiert même de rechercher du poivre en spray dans son sac à main. Sans attendre, elle lui fait passer le paquet qu'elle tenait dans ses mains. Il les saisit en équilibre avec sa main droite, jouant des doigts pour ne rien laisser tomber. Sans ajouter un mot, il l'observe tandis qu'elle cherche. Il ne peut lui donner d'âge mais elle est plus jeune que lui, c'est certain. Elle a un côté sophistiquée. Un air qui va au delà de l'accent qui résonne dans sa voix. Elle lui rappelle Sydney et ses cantatrices. Ses princesses apprêtées perdues dans le monde réel. Combien en a-t-il accompagné de sa musique ? Il revient à la réalité, laisse la brume s'évaporer. Elle est parvenue au bout de ses recherches. Sans succès. La chance ne paraît pas vouloir les aider. Il lui tend la boite quand elle la récupère, lui demande raison concernant le parfum par son expression. Ou vont-ils bien pouvoir trouver ce dont ils ont besoin ? Elle formule la pensée qui vient de naître dans les méandres des siennes. Le soleil frappe sur ses tempes avec un étrange acharnement. Si seulement l'astre pouvait griller l'insecte, l'histoire serait réglée. Mais ils ne peuvent y compter dessus. Il observe les alentours. Il a perdu l'habitude du quartier. Mais il le connaît encore assez. "Dans mon souvenir, il y en a une, deux ruelles plus loin. Je pense qu'on devrait pouvoir y trouver ce qu'on cherche." Il s'autorise à sourire, plus sincèrement cette fois. "Avec un peu de chance, qui sait. Elle finira peut-être par se dire que votre voiture ne vaut pas l'empoisonnement." Il prend le pas, finalement, prend la direction qu'il vient de lui indiquer. Il espère qu'ils trouveront ce qu'ils cherchent ou elle risque de bien le maudire. Il aurait du mal à l'en blâmer. En chemin, il reprend son observation, hésite et puis s’exécute. "Je sais que c'est pas forcément la solution que vous attendiez. Désolé d'avoir rien de plus rapide à vous offrir." Le sms qu'il l'a vu rédiger plus tôt additionné à la boite de gâteaux entre ses doigt lui font dire qu'elle avait sans doute prévu de faire autre chose de sa journée. Il s'en excuse, sans s’apitoyer. La fatigue le rend peu farouche. Peut-être est-ce là toute l'absurdité.
Que la situation prenait trop de temps à son goût pour ce qu’elle était réellement, Heather était dégoutée. Elle avait pour une fois planifié une bonne journée en perspective, la jeune femme savait qu’elle allait bien rigoler en passant un bon moment avec la mère de son agent. Elle avait déjà prévu les questions qu’elle allait lui poser tout en dégustant gâteaux autour d’un thé en lui demandant des détails croustillant sur son père de cœur. Elle savait déjà que la vieille dame ne serait pas tombée dans le panneau car elle aurait compris directement que les gâteaux étaient une sorte de pourboire pour récolter des histoires tout en lui lâchant une ou deux infos pour calmer sa curiosité. Mais il en avait fallu que le destin décide autrement et qu’elle se retrouve à devenir une chasseuse de l’extrême pour déloger l’animal qu’il y avait sur sa voiture. Surtout qu’elle avait essayé de se trouver un partenaire pour s’en débarrasser au plus vite. Dans un premier temps elle avait espéré qu’il décide de prendre des risques en l’enlevant avec un bâton ou autre chose mais malheureusement, il avait l’air d’avoir un cerveau et savoir que ce n’était pas une bonne idée d’attaquer de manière frontale. Cependant elle aurait espéré que ce gentleman lui donnerait une solution efficace, qu’elle avait été sa déception lorsqu’il lui avait sorti une histoire d’huiles essentielles. La blonde avait-elle une tronche de bobo protecteur d’insectes qui ne voulaient pas les tuer et qui mangeait bio ? Bon la seconde partie était peut-être vrai car elle se respectait un minimum pour cuisiner avec les meilleurs produits possible, mais en ce qui en était de protéger les insectes ? Elle s’en fichait complétement, surtout si il se mettait en travers de sa journée et qu’il l’empêchait de déguster des bonnes gourmandises. Et puis elle rigolait intérieurement en s’imaginant utiliser un spray pour faire partir l’araignée. Il était hors de question qu’elle le fasse, cela signifiait s’approcher du monstre pour qu’il puisse sentir le jet et elle doutait que l’araignée tombe comme une mouche juste après. Heather n’allait pas le dire à Malachi mais si ils suivaient son plan ça serait à lui de s’en occuper qu’il le veuille ou non.
Même si l’idée lui semblait totalement stupide et qu’elle n’y croyait pas une seconde, Heather était désespérée et elle ne put s’empêcher de se dire « pourquoi pas ». Après tout elle n’avait aucune idée de son côté et vu le retard qu’elle, la jeune femme n’avait plus rien à perdre. Heather chercha tout de même un spray au poivre avec un maigre espoir dans son sac mais malheureusement se fut un échec total. Il allait falloir se contenter de l’option menthe poivrée et de surtout en trouver ce qui était une autre histoire. Sa seule et unique idée fut une pharmacie après tout ça devait être le genre d’endroit pour en trouver, c’était très rare qu’elle en achète. Son partenaire du moment eu l’air d’accord à cette idée et avait même l’air de savoir où en trouver une. Cela remotiva Heather qui le suivi avec détermination sur le chemin de la pharmacie, les choses allaient enfin bouger et peut-être l’araignée aussi.
- Bon c’est parfait tout ça ! Je crois que c’est la première fois de ma vie que je suis si heureuse de me rendre à une pharmacie. J’espère vraiment que ça va marcher cette histoire de menthe poivrée. Elle s’autorise même à rire en imaginant l’araignée se rendre compte du destin qui l’attend et prendre la fuite. Déjà elle avait bien de la chance de ne pas brûler à l’heure actuelle car Heather ne voulait pas abimer sa location et qu’elle essayait de garder le peu de réputation qu’il lui restait. Elle en rêvait surtout que ce n’était pas très compliquée de quoi créer un lance-flamme mais elle gardait cette occasion pour une autre fois. L’actrice s’imaginait déjà les articles disant qu’elle avait encore perdu son sang-froid et qu’après avoir frappé quelqu’un, elle m’était à présent le feu à un véhicule qui ne lui appartenait pas. La blonde se sent presque mal en entendant les excuses du jeune homme, il a l’air d’être quelqu’un de gentil ce qui lui change d’habitudes. L’actrice ne fait pas spécialement confiance aux hommes et Malachi arrive à la surprendre un peu, même si elle compte l’utiliser, elle se sent un peu mal pour lui car il a vraiment l’air de vouloir l’aider.
- C’est pas grave, si je dois en vouloir à quelqu’un c’est plus à cette fichue araignée mais bon si jamais votre technique marche, j’aurais une vraie dette envers vous.
Et c’était vrai au final, la jeune femme lui serait reconnaissante car cette solution lui semblait tellement irréaliste que le succès serait un miracle à ses yeux. Finalement ils arrivèrent à la rue de la fameuse pharmacie, Heather pouvait l’apercevoir au loin. Mais en s’approchant la jeune femme sentit que quelque chose cloché car le symbole n’était pas allumé comme il aurait dû l’être. En arrivant devant il purent voir que le magasin était fermé exceptionnellement pour des raisons familiales. A ce moment-là toute là Heather poussa un énorme soupir de frustration et d’agacement, elle imaginait qu’il devait s’agir d’un décès. Elle avait envie d’insulter le monde entier, pourquoi il avait fallu qu’une stupide personne meure aujourd’hui.
- Mais c’est pas vrai ! L’univers est contre moi aujourd’hui ou quoi ! Il m’a pas déjà assez chié dessus jusqu’à présent il faut qu’il en rajoute une couche.
La jeune femme avait envie de taper dans quelque chose pour se soulager mais elle essaya de vite faire passer cette envie car elle n’était pas seule. Elle observa le reste de la rue, il n’y avait pas grand-chose d’intéressant cela ressemblait à pas mal d’habitation. Le seul truc original qu’elle voyait était un sexshop ce qui l’a fit un peu rire de le voir aussi près d’une pharmacie.
- Vous ne savez pas si il y’en a une autre dans le coin par hasard ?
La vie est parfois une succession d'instants étranges. De moments absurdes ou teintés de malchance. D'occasions qui manquent de sens ou qui paraissent totalement inopportunes. Il est des jours où les imprévus se suivent, où les circonstances semblent se réunir pour exaucer une forme de malédiction. Le genre où l'on en vient à se dire qu'on aurait mieux fait de ne jamais se lever ou que l'on est damné. Les circonstances qui l'ont mené au moment présent ne sortent pas tant de l'ordinaire pourtant. Certes, il aurait du éviter de suivre l'influence de son cadet mais les conséquences n'auraient du prendre la forme que d'une journée dans la brume, de quelques heures floues et incertaines qu'il aurait laissé vivre sans s'y arrêter. Mais il se trouve là. Au milieu de cette rue, sur ce parking. A réfléchir à la meilleure manière de se débarrasser d'une créature aux pattes multiples. Parce qu'elle a pris place sur une portière. Parce qu'il s'est arrêté à la requête de cette jeune femme à l'accent sophistiqué. Il observe l'affaire, laisse les méandres de sa pensée partir en quête de la solution manquante. Les brides lui manquent. Il s'en désespère. Il tente de le mettre sur le compte de la veille, de son état prévisible et non de sa condition. Il ne peut pas s'y arrêter. Il n'en a pas la moindre envie. Il préfère s'égarer dans l'absurdité qui l'entoure. Et quand une idée lui vient finalement, elle paraît tout à sa place. Aussi incongrue, aussi risible. Il en sourit parce qu'il ne peut l'accueillir autrement. Il sent l'exaspération émanée de sa partenaire d'infortune. Mais elle ne rejette rien. Elle s'enquiert de chercher dans ses affaires, se saisit de l'idée à laquelle elle doit pourtant peu croire. Peut-il l'en blâmer ? Elle avait sans doute autre chose à faire qu'à se perdre dans les ruelles. Il n'est pas aussi éveillé qu'à l'ordinaire mais il ne tient pas du génie de relier les pièces. Elle ne paraît pas désespérée cependant. Avec des gestes plus prompts que les siens, des émotions plus vives, elle semble accueillir les nouvelles informations avec un peu plus d'enthousiasme. Il y répond avec un sourire. "Si ça ne marche pas, je vous autorise à l'utiliser pour me rendre aveugle pour avoir abusé de votre patience." Il plaisante, reconnaît dans un coin de son esprit que si elle venait à agir ainsi, il ne lui voudrait pas vraiment. Quand est-il devenu si conciliant ? Il tente de faire confiance à la mémoire qui lui reste, celle qui revient des dédales poussiéreux. Il hésite encore puis s'excuse. Il l'observe quand il ne perd pas ses prunelles sur les rues, sur les alentours. Sa réponse ne se fait pas attendre. Elle fait naître un nouveau sourire. "Je m'en souviendrais" Il tentera. Il n'a dans l'esprit aucune autre occasion qui pourrait l'amener à vouloir la réclamer mais qu'importe. La destination se présente enfin devant eux mais elle n'a rien de la terre promise. Quelles étaient les chances ? A croire que les augures ne rêvent que d'allonger le temps, de leur jouer de nouveaux tours, encore et encore. Il fixe du regard le symbole dénué de lumière puis lit l'écriteau accroché à l'entrée. Raisons familiales. Il peut en imaginer en nombre. Peut-être un décès. Quelle serait l'ironie s'ils se trouvaient être ses clients du jour ? Il tente de se remémorer le nom, sans y parvenir. Les fils de sa pensée s'entremêlent et il renonce au profit d'une autre urgence. La leur manque toujours de résolution. Ces lieux ne sont pas les siens. Ils sont familiers sans l'être. S'il s'en retient, Heather ne manque pas d'exprimer sa frustration. Elle soupire, paraît maudire l'univers et s'exaspère. La lèvre inférieure coincée entre ses dents, il ramène ses yeux vers les alentours à la recherche d'une autre idée, d'une échappatoire. Elle fait de même et leurs regards paraissent tomber en même temps sur la devanture un peu plus loin. Il observe la boutique, cherche encore ailleurs. Il réfléchit encore mais rien ne lui vient. Il en connaît d'autres mais pas dans ces parages. Elle va le maudire. "Pas dans mon souvenir." Il ferme les yeux une seconde, se retient de soupirer. "Mais je pense savoir où on peut en trouver ... J'espère." Il se retourne vers elle, bride le sourire qui menace de renaître sur ses lèvres. Est-ce de l'absurdité ? De la malchance ? Ou une forme de malédiction risible comme elle semble le penser ? Il a lâché la fin dans un murmure mais qui, dans le silence de l'endroit, reste audible. Il ne dit pas le mot mais sa posture en suggère bien assez. Il la laisse suivre son regard avec une expression presque désolée, presque interloqué comme si la saugrenuité de l'instant n'était pas assez cristalline. Vers la boutique. Vers un sex-shop dans lequel il ne pensait jamais mettre les pieds. Il en rirait presque. Presque. Sans doute plus tard quand il faudra narrer l'histoire. Ils ne sont entourés que d'habitations qui laissent peu de place au doute. Il retourne ses iris vers elle. "Je ..." Il soupire presque. Sa main valide sur ses traits fatigués. "Je vais m'en occuper. C'était mon idée. Je vais pas ... je vais pas vous faire attendre davantage. Je vais y aller." Il en sourit. Presque. Absurde. Étrange. Inopportune. Il maudit cette foutue araignée avec plus de force qu'il ne s'en croyait capable. La situation continue d'être rocambolesque. D'aucun la trouverait drôle. Lui se contente d'observer, de l'observer, presque las, gêné sans l'être. Avec incertitude mais résolution. Jusqu'à la suite. Jusqu'au prochain instant.
Heather savait qu’elle avait fini par atteindre son seuil maximal de désespoir, à partir du moment où cette idée d’huile essentielle lui avait quasiment parut une bonne idée. Elle n’en pouvait plus à vrai dire, elle voulait tellement que cette histoire se finisse et qu’elle parte vaquer à l’activité qu’elle avait initialement prévue, que si de la menthe pouvait marcher et bien elle acceptait cette possibilité. Mais la blonde rageait intérieurement, l’homme ne pouvait-il simplement pas vouloir enlever cette araignée lui-même avec un bâton ou un autre outil plus rapide et moins farfelue. De toutes les personnes qu’elle avait pu choisir dans la rue, elle avait surement du tomber sur le moins téméraire et qui avait un minimum d’intelligence pour se rendre compte que la force brute n’était pas une bonne idée. Pendant elle se mit presque à penser que Malachi la menait en bateau, que ce n’était qu’une excuse stupide pour lui faire croire qui l’avait une idée alors que pas du tout. Après tout, les excuses les plus grosses sont celles qui passent le mieux et franchement si ça ne marchait pas, c’était le plus gros canular qu’elle aurait vécue jusqu’à présent. Enfin en écoutant ce qu’il lui disait et la proposition en cas d’échec, Heather avait l’impression qu’il disait la vérité ou qu’il était persuadé que cela marcherait. Soit il était naïf en cas d’échec soit c’était un très bon acteur et un gros foutage de gueule de sa part et ne connaissant pas l’actrice, il ne savait pas dans quoi il s’était embarqué.
- C’est gentil comme possibilité ! Mais je préfère me venger sur l’araignée que sur vous en cas d’échec.
Enfin cette option restait tout de même dans un coin de sa tête, si jamais elle s’était faite pigeonnée c’était certain qu’il aurait trois ou quatre jets d’huile iraient dans ses yeux. Heather laissait ses doutes et sa méfiance de côté pour le moment en décidant de trouver cette fameuse pharmacie qu’il lui semblait avoir vu. La blonde essaya d’imaginer la scène dans son esprit, tous les deux achetant une huile essentielle et comment l’araignée se décrocherait de sa portière. Le plus grand espoir qu’elle soit que l’araignée tombe raide porte après le contact avec le liquide même si elle avait quelques doutes. Cependant elle espérait que si elle se décroche réellement de la portière, elle ne parte pas dans leur direction. Son plan actuel était que lorsqu’ils passeraient à l’attaque, elle se cacherait derrière lui au cas où. Sur le chemin l’actrice regarda du coin de l’œil les alentours, elle n’avait pas envie que des photographes non désirés se mêle à l’histoire. Surtout prise dans cette ruelle entre une pharmacie et un sexshop et encore moins à lancer de l’huile essentielle sur une araignée, si ça ne marchait pas elle n’avait pas envie de se taper une honte publique. Mais toute cette pagaille n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, en arrivant devant la pharmacie, ils se rendent compte qu’elle est fermée. Heather ne manque pas d’exprimer sa frustration en criant contre l’univers qui lui en veut et surtout car elle n’a personne d’autre sur qui réellement crier. En lui demandant si par chance il y’a une pharmacie dans le coin, la blonde n’est même pas étonnée quand celui-ci lui répond que non. Le contraire aurait presque été trop étonnant et la chance n’avait vraiment pas l’air d’être de leur côté. Cependant elle restait émerveillée par le sang-froid du jeune homme, elle ne savait pas comment il pouvait garder sa patience alors qu’elle l’avait attrapé dans la rue pour avoir son aide et qu’il avait peut-être d’autre plan pour sa journée.
- Evidemment s’il y’en avait eu une autre, on aurait été trop chanceux. Vous pensez qu’on peut en trouver où ?
Elle attend de savoir l’idée qui a l’air de briller dans l’esprit de Malachi, elle espère que le lieu n’est pas très loin car elle en a marre de crapahuter partout dans Brisbane pour enlever cette araignée à la con. Si elle avait eu envie de marcher, Heather serait venue à pied, surtout que depuis le début elle tient les gâteaux dans ses mains. L’actrice se dit d’ailleurs qu’elle devrait peut-être les jeter car elle ne donne pas cher de leur état mais elle n’aime pas gaspiller la nourriture. Puis elle observe son partenaire dans le crime pour et se rend compte de l’idée qu’il lui traverse l’esprit. Un air de panique arriva sur son visage, c’était une très mauvaise idée.
- Non non non, je vous très bien ce que vous voulez faire ! Personne n’ira dans ce sexshop on ira ailleurs !
Il fallait vite qu’elle lui sorte cette idée de la tête, aucune des deux n’allaient d’abaisser à mettre les pieds dans ce magasin. Encore en début de soirée elle pouvait se dire que ça pouvait paraitre moins suspect mais à cette période de la journée non. Et puis Heather n’imaginait même pas les rumeurs qui pourraient sortir si elle était prise en photo entrain d’attendre quelqu’un à la sortie d’un sexshop. Mais ils avaient déjà perdu assez de temps comme ça et Heather en avait plus qu’assez de cette histoire.
- On va y aller tous les deux, de toute façon au point où on en est que j’attende devant ou que je vienne avec vous dedans, le résultat sera le même…
Elle le hait. Il sait qu'elle le hait. Qu'elle les hait. Lui, l'univers et elle. Elle, cette maudite créature qui a pris son véhicule en otage. Sans doute avait-elle d'autres idées en tête concernant sa matinée. La boite qu'elle tient encore entre ses doigts constitue une preuve suffisante. Pourtant, il a fallu qu'elle prenne une toute autre autre direction. Parce que ce nuisible a choisi d'élire domicile là, sur la portière de sa voiture. L'affaire aurait pu être rapidement pliée cependant mais après cette rencontre inopportune, il a fallu dans sa détresse qu'elle tombe sur lui. Sans doute s'était-elle attendu à quelqu'un de plus réactif, au détenteur d'une solution viable et prompte. Mais non, c'était lui qui s'était trouvé là, lui qui lui avait proposé une résolution farfelue l'obligeant à s'égarer dans les rues à la recherche de l'arme suggérée. Le nuisible subirait sans doute une vengeance à sa mesure que la suggestion offerte se révèle ou non un succès. C'est l'aveu qu'elle lui fait après qu'il eut formulé ses excuses et proposé d'user des huiles contre lui le cas échéant. Elle se montre mesurée, courtoise, dotée d'une certaine classe. Elle devrait l'incendier mais n'en fait rien. Peut-être attend-elle l'issue de leur affaire. Il se persuade qu'il la connaît, qu'il sait que cet absurde stratagème va fonctionner. Autrement, il n'aurait pas donné cher de sa peau ou du moins de ses prunelles. Lui-même avait d'autres vues pour ce jour-là sans pour autant les connaître. Mais il n'y pense pas. Il n'y pense pas alors qu'il traverse les ruelles avec sa partenaire d'infortune. Le sourire est encore sur ses lèvres, discret mais sincère. Il espère que la destination sera fortuite. Il l'espère. Quand elle apparaît pourtant, ces dernières se teintent de déception. Elle est close, fermée. Les raisons sont sans doute tout à fait louables mais elles n'arrangent guère leur affaire. Heather n'hésite d'ailleurs pas à l'exprimer.
Elle le hait. Elle hait l'univers qui semble se jouer d'elle. Il peut difficilement l'en blâmer. Lequel des deux souffre de malchance ? Il l'ignore. Les derniers événements auraient tendance à pointer dans sa direction mais il se détourne à la recherche d'une autre solution. Il connaît la formule de sa demande avant même qu'elle ne la lui donne. Ses iris se perdent sur les lieux, les alentours. Sa mémoire erre dans les brumes de son esprit en quête d'un souvenir utile. Sans succès. L'idée lui vient alors qu'elle est face à lui. Il ne reste qu'à la proposer bien qu'il se doute déjà de la réaction. Il se refuse à lui suggérer qu'elle puisse même s'y rendre. Il ne veut simplement pas la faire attendre davantage. Leur histoire ressemble déjà trop à un mauvais vaudeville. Son absurdité le ferait sourire s'il n'était pas encore si éreinté. Ses traits parlent pour lui, confirment ce que son regard propose. Quand elle comprend, son expression tourne à la panique. Il ne se détourne pas pourtant. Il rétablit simplement les faits, s'assure qu'elle saisisse qu'il n'a aucune intention de l'entraîner dans ce lieu. Il sent sa fébrilité mais il ne peut rien lui proposer d'autre. Rien qui ne risquerait de faire durer toute cette histoire un temps plus ridicule encore. Elle paraît s'en rendre compte, rend les armes. La suite le surprend comme il se surprend à s'en vouloir. "Vous êtes sure ? Vous n'êtes pas obligée." Elle ne l'est pas mais paraît résolue alors il se retient d'insister. Mieux vaut en finir avant qu'une autre infortune n'intervienne. Il reprend le cours de ses pas, se retrouve bien vite face au lieu de leur mésaventure. Il hésite. Comment en sont-il arrivés là ? Comment a-t-il terminé là, s'apprêtant à entrer dans un sex-shop en pleine matinée avec une inconnue dans le simple but de chasser une araignée de sa voiture à coup d'huile essentielle de menthe poivrée ? Il se surprend à vouloir maudire son aînée pour ne pas avoir usé d'une autre solution dont il aurait pu conserver le souvenir. Il se surprend à vouloir se maudire pour l'avoir seulement proposé. Absurde. Son cadet va en rire pendant des jours. Mais c'est pourtant loin d'atteindre son terme encore. Alors il range ses hésitations et entre non sans tourner un dernier regard vers elle.
Elle hait. Il sait qu'elle le hait. Et il ne l'en veut guère. Il voudrait formuler de nouvelles excuses mais s'en retient. Plus tard peut-être. Ils doivent régler cette transaction en premier. Sa main sur ses traits puis perdue dans ses boucles, il se détourne, observe rapidement les lieux sans s'y arrêter. Il se refuse à chercher ce dont ils ont besoin dans le cas précis où ils ne parviendraient pas à le trouver. Alors il se concentre sur elle, sur la jeune femme de l'autre côté du comptoir qui les accueille avec le sourire. Sans doute reçoit-elle peu de clientèle à une heure aussi primitive. "Bonjour et bienvenue ! Puis-je vous être utile ? Je viens de recevoir un nouvel arrivage qui pourrait peut-être intéresser." La suggestion ouvre un terrain glissant sur lequel il préférerait ne pas s'aventurer alors qu'il s'interdit de ramener ses iris sur sa jeune partenaire d'infortune. "Bonjour. Non, non, merci. Je pense que ça sera pas nécessaire. On a juste besoin d'une chose." Le sourire plaqué sur le visage, il se surprend à conserver une voix parfaitement stable. La nervosité qu'il devrait ressentir ne semble pas vouloir le déstabiliser outre mesure mais ce n'est pas quelque chose dont il va se préoccuper pour l'heure, bien au contraire. Alors qu'il se rapproche, prêt à énoncer sa demande, son vis à vis paraît changer d'expression. "Attendez une seconde." Son sourire revient, fixé sur lui. "Je vous connais, non ?" Il n'en dit pas davantage, cherchant dans ses réminiscences un souvenir d'elle sans y parvenir. Sans doute le confond-elle. "Vous êtes pas genre célèbre ou un truc comme ça ?" Vraiment ? Ici ? De tous les lieux, de toutes les occasions ? Il faut que ce soit là. Peut-être est-ce lui qui doit haïr. Haïr l'univers et cette maudite araignée. Haïr peut-être même la jeune femme qui l'a entraîné dans cette affaire. Mais il n'en est rien. Il se retrouve simplement las. Il risque un regard vers celle qui l'accompagne. Il faut qu'ils en terminent. Rapidement.
Heather en avait vécue des situations ridicules jusqu’à présent, elle avait le don de se mettre dans la merde sans que personne ne lui demande quoi que ce soit. Mais aujourd’hui elle avait touché le fond, c’était déjà assez gênant de devoir demander de l’aide car une araignée monstrueuse avait décidé que sa voiture serait le transat idéal pour prendre le soleil. De suivre un type qui avait comme idée de partir à la recherche d’huile essentielle pour s’en débarasser au lieu de jouer les gros bras comme beaucoup de mecs stupide. Maintenant elle devait affronter une nouvelle idée et depuis le début de leurs péripéties c’était vraiment la pire. L’actrice fixait l’entrée du magasin, elle ne pouvait pas y aller, ce n’était vraiment pas une bonne idée. Elle ne peut pas s’y résigner, elle refuse d’être vue avec un homme dans un lieu pareil. La jeune femme n’a pas besoin d’une nouvelle rumeur ridicule expliquant qu’elle sort maintenant avec un homme. A présent que son coming out est fait, elle refuse de donner l’idée aux gens qu’elle puisse sortir avec un homme même si cela réglerait peut-être certain problème. Elle refuse dans un premier temps, espérant avoir une idée entre temps pour se sortir de se pétrin. Heather songe même un instant d’abandonner la voiture et puis basta, elle n’y touchera plus jamais de peur qu’elle se soit installée quelque part et qu’elle lui tombe ensuite dessus. Mais elle a vraiment envie de faire la visite qu’elle avait prévue aujourd’hui. Alors Harris regarde les environs et elle remarque qu’il n’y a véritablement personne dans le coin, le risque est donc minime. Elle finit par accepter la proposition à contre cœur, de toute façon ils n’y resteraient pas 100 ans.
- Oui oui dépêchons nous avant que je change d’avis.
La blonde préfère se dépêcher avant qu’un dernier soupçon de lucidité ne lui rappelle à quel point toute cette histoire est stupide. Elle lui emboite le pas pour rentrer dans le magasin et cherche à son tour du regard ce qui pourrait les intéresser. Malheureusement elle voit toutes sortes d’objets mais en ce qui concerne des huiles rien du tout, il y’a intérêt qu’ils ne ressortent pas les mains vide. Quitte à avoir la possibilité de se mettre dans une nouvelle galère pour sa carrière autant que ce soit pour un résultat positif. Heather le suit vers le comptoir, elle regarde son compagnon d’infortune qui a l’air vraiment mal à l’aise. Dans un sens ça la soulage, elle se dit qu’il n’a pas l’intention de faire de vieux os dans ce magasin. Il reste l’option qu’elle aurait aimé éviter s’adresser à la vendeuse, elle le laisse faire la conversation car son impatience la rendrait plus encore plus irritable. La proposition de la vendeuse la fait lever les yeux au ciel avec un soupire, évidemment qu’elle est persuadée que c’est un couple en quête de piment pour leur soirée.
- On cherche des huiles de massages ou huiles essentielles à la menthe poivrée si vous avez.
Sa demande est complétement effacé lorsque la vendeuse zappe complétement les fixant en disant qu’elle reconnait quelqu’un. Shit, Heather n’a vraiment pas envie qu’une vendeuse la reconnaisse c’est l’ouverture aux rumeurs sans soucis. Elle a beau aimé être reconnue ce n’est vraiment pas le moment, mais cette pensée lui échappe au moment où elle se rend compte qu’elle parle de Malachi. Alors Heather recule d’un pas et fixe le jeune homme comme si c’était un alien. Il est connu lui ? Bordel c’était vraiment sa veine, elle était foutue. Elle a beau le dévisager, elle ne l’a jamais vu et son regard alterne entre la vendeuse et le brun. Si il était réellement connu, il était certain qu’Heather connaitrait le jeune homme. Qu’est-ce que c’était que cette connerie, elle était une actrice hollywoodienne et lui qui était surement un nobody, elle le reconnaissait ? C’était une blague, en plus de sa voiture il fallait que maintenant ce soit son égo qui en prenne un coup. Mais l’homme ne lui disait réellement rien alors une idée germa dans sa tête et elle le dévisagea car vu le lieu c’était obligée que la solution soit celle-ci.
- Oh mon dieu, ne me dit pas que tu es un acteur porno ?
Sa phrase était dite avec un total dédain, comment la situation pouvait empirer ainsi ? De tous les glandus qu’il pouvait avoir à Brisbane il fallait qu’elle ait demandé de l’aide à un acteur porno. Si son agent venait à le savoir, il allait la tuer. Elle n’aurait jamais pu deviner que c’était le cas, il n’avait pas l’air très musclé ou autres qui auraient pu lui faire deviner sa vocation. Quoi que… son idée d’huile venait peut-être de ça, l’idée en plus d’aller dans un sexshop, mon dieu beaucoup de choses s’éclairaient à présent. En un instant un sentiment de panique et de colère se créa en elle.
- Tu ne m’as pas amené ici dans l’idée d’un coup fourré n’est-ce pas ? Car si c’est le cas tu vas le regretter très rapidement.
Encore quelques minutes. Quelques instants à peine et ils seront libres. L'un comme l'autre. Ils pourront repartir chacun de leur côté. Prétendre sans doute ne s'être jamais rencontré. Leur histoire sera une simple anecdote. Drôle à raconter, amusante à se remémorer. Une quête extravagante à travers les rues de Brisbane. Un étrange ennemi responsable de leur malheur. De son malheur. A elle. Puisqu'au bout du compte, il n'est qu'un dommage collatéral. Il ne la connaît pas, ne l'avait jamais rencontré. Elle est belle, du genre à rester en mémoire, ce qu'elle fera probablement. Elle y demeurera, associée à cette mésaventure à laquelle elle a choisi de le mêler. C'est tombé sur lui comme ça aurait pu tomber sur un autre. Elle voulait juste de l'aide. Elle espérait certainement en finir en hâte. Mais il avait fallu qu'il réfléchisse, qu'il cherche dans l'espace de sa mémoire une solution à son désarroi. Il n'avait pas choisi la plus simple ou la plus évidente. Avec le recul, il se dit qu'il aurait du opter pour autre chose. Mais le recul n'est pas là encore. Pour l'heure, l'esprit est encore embrumé, sa réflexion n'est plus ce qu'elle était. Elle manque de cohérence, de simplicité. Il en use avec difficulté au vu des circonstances. Un témoin extérieur ou un futur auditeur de l'affaire en rirait sans s'arrêter. C'est d'une telle absurdité. Ça sonne comme un mauvais scénario, une histoire inventée. Pourtant, il se trouve là dans cette rue. Les péripéties se sont accumulées et ils s'en seraient bien passés. Parce que la suite telle qu'elle se présente n'a rien de réjouissant. Il ne connaît rien à ce lieu dans lequel il l'entraîne mais il espère qu'ils pourront en ressortir rapidement. Il n'avait certainement pas prévu de passer un pan de sa matinée dans ce type de boutique. Les surprises ne cessent. S'il savait. Il hésite à l'entraîner davantage avec lui et lui laisse le choix une fois encore. Elle suit tout de même, pressée d'en finir. Ils sont deux.
Les lieux, il les observe, sont clinquants mais il ne s'y arrête pas. Il concentre son attention sur le comptoir et la jeune femme qui se trouve derrière avec un sourire de commerce. Elle tente de les aguicher. Il la reboute. Ils ne sont là que pour une seule raison, celle que Heather énonce. Il se surprend à prier qu'ils soient exaucés. Et pourtant. Pourtant, c'est ce moment-là que l'univers choisit pour le frapper à son tour. La vendeuse a ignoré sa partenaire comme sa demande. Non, au lieu de quoi, elle est concentrée sur lui. Elle le connaît. D'où ? Il l'ignore. Il a beau chercher, il n'a aucun souvenir de l'avoir déjà rencontré et rapidement, il comprend pourquoi. Ce qu'elle connaît, c'est sa renommée. Il se demande à quoi peuvent bien jouer les augures. Elle n'est pas la première qu'il rencontre. Loin de là. A Sydney selon les lieux, c'était même monnaie courante. Il sait que son milieu possède sa niche, sa base de connaisseurs pour qui les artistes comme lui sont l'équivalent des stars. Cet aspect ne lui a jamais déplu. Il est plaisant d'ordinaire, signe d'une reconnaissance enivrante qui reste mesurée. Il a eu sa période dans ces parages aussi avant qu'il ne change d'horizon. En temps normal, il s'en flatterait. Dans le contexte où il se trouve, il s'en serait bien passé. Il tourne son regard vers sa partenaire qui ne doit rien y suivre. Elle le fixe déjà avec un air d'incompréhension. Il peut difficilement l'en blâmer. Il s'apprête à lui expliquer mais elle ne lui en laisse guère l'opportunité. Alors qu'elle alterne son regard entre la vendeuse et lui, la réalisation semble soudainement la frapper. Et quelle réalisation. Si elle était celle figée dans le silence auparavant, c'est lui désormais qui se retrouve muet. Les mots lui manquent, les réactions aussi. Il l'observe, l'entend palabrer. Elle paraît paniquée puis en colère. Il ne sait pas ce qu'il doit penser mais ce n'est pas le moment de le faire. Pourtant s'il est surpris, ce n'est pas la honte ou la confusion qui prend possession de ses traits. Ces derniers se sont durcis au contraire. Parce qu'une fois passé l'effarement, c'est presque l'offense ou une variante de ce dédain avec laquelle elle a prononcé son hypothèse qui viendrait prendre le pas. Sérieusement ? Il s'apprête à lui répondre quand il est interrompu une fois encore. Par un rire. Éclatant. Ce rire, c'est celui de la jeune caissière. La situation lui est apparemment absolument hilarante. "Lui, un acteur porno ?" Elle s'interrompt, rit encore, le dévisage de la tête aux pieds puis poursuit avec un sourire. "Je crois que je m'en souviendrais. Vous êtes musicien, c'est ça ? Je crois que je vous ai déjà vu à l'opéra." Le sourire s'invite légèrement sur ses traits. "C'est possible, oui." La tension retombe de son côté. La mémoire de sa vis à vis est surprenante. L'épisode doit dater de quelques mois voire de quelques années mais les circonstances ne l'invitent pas à en discuter. Il se retourne vers Heather, plus sérieux qu'elle n'a pu le croiser jusque là. "Heather. Je vous promets que c'est pas un coup fourré." Il l'observe, prudent, reste à distance. Il voudrait lever les mains en signe d'excuse mais il n'en a qu'une. Il se retient alors, se retourne vers la caissière. "Dites-moi que vous avez ce qu'on cherche." Qu'ils en finissent. Vite. Le comble de l'absurdité menace de lui rendre son sourire. De toutes les idées qu'elle aurait pu avoir, il avait fallu qu'elle s'arrête sur celle-ci. Il se doute que les lieux ne l'aident pas. Mais il n'est pas certain de savoir comment le prendre. Autant ne pas s'en formaliser. Ce serait tellement plus simple. Or la simplicité n'est toujours pas de leur côté. La vendeuse a réorienté son attention. Vers elle cette fois. Elle la dévisage comme elle l'a fait plutôt avec lui. "Vous par contre, je vous ai vu dans un film non ? Maintenant que je vous regarde." En la rencontrant, il l'a trouvée familière et il se demande soudainement si c'est de là. Il n'est pas adepte des films de la boutique alors il n'ose pas s'aventurer sur le même terrain de pensée que la jeune femme plus tôt. Quel étrange duo forment-ils. Plus étrange encore qu'il ne le pensait semble-t-il. Il l'observe intrigué même s'il réalise que leur requête attend encore. Si seulement, elle avait pu s'exécuter avant. Si seulement.
Il suffisait qu’elle se ridiculise peut-être simplement une dernière fois avant de pouvoir enfin passer à autre chose de sa journée. Franchement la prochaine fois qu’il y’aurait une araignée sur sa voiture de cette taille, elle brulerait la voiture, tant pis si c’était une voiture de location. Car se retrouvait dans un sex-shop avec un homme en plein milieu de l’après-midi n’était vraiment pas une expérience qu’elle avait souhaité vivre à un moment donné de sa vie. Heureusement que le ridicule ne tuait pas car les deux avait l’air aussi à l’aise l’un que l’autre dans cette boutique. Mais est-ce que c’était réellement pour les mêmes raisons ? Dans un premier temps elle pensait qu’il semblait gêné par le fait que le lieu n’était vraiment pas très approprié et assez insolite pour leur quête pour des huiles essentielles. La décoration kitch du lieu n’arrangeait rien à la chose, elle espérait juste ne pas être reconnue. Une rumeur d’elle dans un sex-shop avec un homme achetant des huiles de massages était la dernière chose qu’elle avait besoin. Heather s’imaginait déjà devoir rendre des comptes sur cette situation, je pense que si elle racontait un jour cette histoire à quelqu’un jamais on ne la croirait. A son plus grand étonnement ce ne fut pas elle qui fut reconnu mais le jeune homme à côté. Tout de suite elle réalisa que si il avait été gêné depuis le début c’est parce qu’il devait surement avoir un tout autre plan en tête. Mon dieu c’était obligé que ce soit un acteur porno, elle avait 0 idée de qui il s’agissait et surtout qui aurait eu l’idée de venir chercher des huiles ici sans arrières pensées. La blonde ne pouvait pas croire qu’elle était tombée dans le panneau si facilement par désespoir. C’était vraiment sa chance aujourd’hui, de toutes les personnes qu’elle avait choisies elle était tombée sur le plus louche. Malachi avait intérêt à s’expliquer très rapidement sinon elle sentait que sa colère montante allait vite déborder. L’actrice serra le poing et le mit directement en garde, si sa carrière s’était cassée la figure pour un excès de colère, elle était très facilement capable de recommencer. Le rire de la vendeuse la prit de court et elle se retourna vers elle ne manière intriguée mais toujours sur ses gardes.
- Un musicien d’opéra ?
Elle était perplexe… genre cette vendeuse écoutait de l’opéra pour le plaisir et savait en plus reconnaitre un musicien parmi tant d’autres. Surtout que l’affirmation du jeune homme ne semblait pas très convaincante. La confiance de la jeune femme ne revient pas totalement, depuis le début elle trouve que cette histoire de menthe est suspecte. Elle fait un signe de la tête en guise d’acceptation pour le fait qu’il ne s’agisse pas d’un coup fourré mais reste tout de même sur ses gardes, on ne sait jamais.
- D’accord mais un seul geste de travers et toi et moi on sera plus copain.
La vendeuse esquive encore la question pour attirer son attention vers elle, Heather à envie de pousser un grognement de frustration. Combien de temps allait-il rester là ? Si dans un premier temps son égo avait mal accepté le fait de ne pas être reconnue à côté d’un type que réellement 3 personnes devaient connaitre à tout casser. Heather se rendit surtout compte que ce n’était peut-être pas une bonne idée qu’elle le soit, on ne savait jamais si la jeune femme allait ensuite raconter qui elle avait croisé dans boutique.
- Non non vous devez confondre mais on me dit souvent que je ressemble à une actrice. Dit-elle en essayant de rester le plus neutre possible. Sinon vous avez l’huile qu’on veut ou pas ?
Sa question est posée avec impatience, ils n’allaient pas rester là 100 ans et chaque seconde était la possibilité que d’autres clients arrivent. La vendeuse ne semble tout de même pas convaincue par sa réponse mais a le mérite d’enfin bouger son cul pour aller chercher leur graal. Lorsqu’elle revient avec le spray d’huile de massage à la menthe, elle a envie de crier enfin victoire et ne perd pas un instant à donner sa carte de crédit pour payer. La vendeuse regarde son nom dessus un instant et elle eut comme un éclair de lucidité.
- Mais oui je me souviens d’où je te connais ! T’es la starlette disney qui a frappé un mec, y’a pas longtemps !
Si les regards pouvaient tuer, elle aurait surement tué cette femme qui lui tapait le système depuis le début. Heather n’aimait réellement pas cette femme, en plus elle osait lui dire qu’elle était une starlette ?! Elle n’avait pas honte à de dire ça alors qu’elle vendait des films avec 0 scénario. Sa mâchoire se contracta, elle regarda un instant Malachi au moins si il avait eu un mauvais plan en tête, il était prévenu.
- Oui oui c’est moi…
Son ton était las et neutre, elle attrapa leur achat et elle emboita le pas au violoniste pour sortir de cet enfer. La joie avant elle n’était connue que pour sa série, maintenant on se souviendra d’elle en plus juste pour ça. En sortant elle décida de reprendre la parole comme si rien ne s’était passé.
- Bon maintenant qu’on a la menthe, j’espère vraiment que ça va marcher.
L'attente est incommensurable. Il ne possède aucune idée du temps qu'ils ont déjà passé ensemble. Alors qu'il paraît s'étendre. Alors que l'enchaînement des événements ne joue pas en leur faveur. Et alors qu'enfin, ils semblaient avoir trouvé leur lieu de salut. Mais l'entrevue s'étire. Indéfiniment. Il peut être patient, très patient. Il l'est souvent. Aujourd'hui ne fait pas exception. Pourtant, ce n'est clairement pas le scénario qu'il avait en tête en se levant. Elle non plus, sa partenaire d'infortune. C'est une évidence. L'un comme l'autre souhaiterait se trouver ailleurs que pris au piège. Dans un sex-shop. En pleine diurne. L'un comme l'autre préférerait le quitter le plus hâtivement possible. La situation a pris une tournure plus absurde encore. Mais ce n'est pas gagné. L'ensemble est rocambolesque, proche du surréaliste. Le tout déjà a la couleur d'un vaudeville écrit au détour d'une pièce de papier après un verre de trop. On croirait presque à une mauvaise blague. Ce n'est que le hasard. Celui bien réel dans lequel ils se trouvent. Une rencontre inopportune qui ne cesse d'offrir ses rebondissements. Une de celles qu'il n'oubliera pas. C'est une certitude.
Pour l'heure, il patiente. Dans ces lieux kitsch et criards. Entre deux jeunes femmes qui se livrent à une drôle de scène. Il en est l'un des acteurs principaux. Il est celui qu'elle reconnaît. De tous ceux auxquels il aurait pu penser, il a fallu que ce soit elle. La vendeuse. Il n'y a pas eu droit depuis qu'il est rentré. Si on le reconnaît désormais, c'est plus pour les pompes funèbres que pour sa carrière de musicien. Le classique est un monde fermé. Le public n'y est pas de tout monde. Il est sélectif, particulier. Il ne l'aurait pas envisagé comme en faisant partie. Il ne devrait pas se fier aux apparences. Il en apprend la leçon. Une fois encore. Parce qu'après coup, le jugement erroné prend sa direction. Heather l'envisage bien hâtivement. Comme un acteur pornographique. Il ne sait comment le prendre. Simplement qu'il est loin d'en être flatté. S'il est de ceux qui tire une fierté de leur carrière, ce n'est pas pour la voir travesti. Mais il laisse cette part de son ego de côté. Au lieu de quoi, il s'enquiert de la rassurer sur ses intentions. Aucun coup fourré. Il le promet. Elle paraît vouloir le croire. La jeune commerçante, responsable de son embarras, est venue à son renfort. Elle l'a vu à l'opéra. Il ne sait qu'en penser. Les apparences sont trompeuses. C'est un fait. Le scepticisme ne paraît pas quitter sa jeune partenaire. Mais elle semble accepter sa version. Pour l'instant. Elle l'avertit cependant et il acquiesce sans en ajouter. Elle est de celle qu'il ne faut pas énerver. Il le sait. Il a eu tôt fait de s'en apercevoir. Mais ce qui importe pour l'heure, c'est la raison de leur présence. Cet achat qui prend déjà trop de temps. Il est plus que le moment d'y ramener l'attention. Si seulement, c'était aussi simple. La vendeuse poursuit ses élucubrations, son détournement de la situation avec de nouvelles interrogations. Il ignore pourquoi. Ca tend à l'exaspérer. Sans doute est-elle peu habituée aux visites à cette heure. Elle s'est trompée de clientèle. Pourtant elle s'entête, paraît reconnaître Heather après l'avoir reconnu lui. Cette dernière esquive rapidement la réponse puis remet l'objet de la visite sur le tapis. Avec succès. Cette fois. Sans nouvelle excuse, leur vis à vis ne peut que s'occuper de leur requête. Elle s'éloigne quelques secondes avant de revenir vers eux. Entre les mains la clé de toutes leurs péripéties. Enfin. Il se retient de soupirer de soulagement même s'il en voit naître un sourire. L'anglaise n'est pas en reste et ne tente même pas de discuter le paiement. Elle a tendu sa carte. Aussitôt. Sans qu'il n'ait le temps d'entamer le moindre mouvement pour l'arrêter. Mais son attention est détournée. L'épiphanie semble avoir frappé la boutiquière. Elle a enfin pu mettre un nom sur les traits de sa cliente. La qualification qu'elle lui donne n'est pas des plus flatteuses et le regard que l'actrice lui lance ne laisse place à aucune équivoque. Starlette Disney. Lui-même n'aurait pas apprécié. C'est la seconde partie qui retient son attention cependant et il sait que c'est à elle qu'Heather pense quand elle ramène son regard vers lui. Cela confirme sa pensée première. Elle n'est pas de ceux qu'il faut énerver. Il ne lui offre aucune réaction en retour, tout juste la même détermination d'en finir avec ce lieu. La jeune femme répond avec lassitude avant de rejoindre la porte sans plus attendre, son achat en main. "Merci, au revoir." Il la suit presque aussitôt et le retour dans la rue apparaît apaisant. L'incident est clos. Pour l'instant. Il se décide de ne pas y revenir dessus. Leur affaire est toujours en cours. "J'en suis persuadé." Il se doit de l'être surtout après les instants qu'ils viennent de passer. Lui-même s'en voudrait en cas d'échec. Mais il y croit. Sa mémoire a beau ne plus être ce qu'elle était, elle n'a pas encore si déficiente. Il l'espère. Sincèrement. Ils reprennent route vers leur point de départ en redescendant la rue quand il aperçoit une silhouette un peu plus loin. Un homme dont la lueur masque les traits mais qui ne paraît pas se tenir entièrement debout. Il l'observe, perplexe. Ce dernier s'éloigne avec hâte. Un appareil à la main. C'est une plaisanterie. Dites-lui. Dites-leur que c'est une plaisanterie. Il ignore si Heather l'a remarqué. Une part de lui espère presque que ça ne soit pas le cas. Ils n'ont nullement besoin de ça. Il faut croire pourtant que le sort aime jouer à l'acharnement. Il se prend alors à prier pour que son idée fonctionne. Réellement. Au lieu de quoi, il y a de fortes chances que la jeune femme ne soit pas la seule à s'énerver. Pour l'heure, il la regarde, incertain. Il ne dit rien encore. Il ne dira sans doute rien. A moins qu'elle ne le mentionne. Il n'a pas tenté d'arrêter l'homme. Il est grand temps qu'ils retrouvent cette voiture. Et cette maudite araignée.
Heather faisait preuve d’une patience qu’elle n’aurait clairement jamais imaginé avoir, elle aurait surement dû planter Malachi à partir du moment où il avait évoqué la menthe poivrée. A quoi ça sert que pour une fois elle essaye d’utiliser la partie qu’elle déteste le plus chez les hommes. C’est-à-dire de jouer les demoiselles en détresses et de leur donner envie de jouer les chevaliers servants. Sauf que comme d’habitude cela c’était retourné contre elle. L’actrice était tombée sur le seul qui ne voulait pas faire preuve de courage et y aller avec un bâton, elle aurait dû choisir un baraqué sans probablement de cervelle et l’histoire aurait été vite réglé. Et surtout Harris ne se serait pas retrouvée à crapahuter partout en ville pour finir dans un sex-shop ! Un sex-shop… Vraiment le dernier endroit où elle avait envie de se retrouver accompagné avec un homme. Et puis elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire que si on la voyait avec un homme dans ce lieu, il y’aurait directement des rumeurs de merde. Mais bon la rue semblait déserte, cela avait un côté rassurant, c’était peu probable qu’on vienne la prendre en photo dans ce coin de Brisbane. Enfin Heather s’était bercée dans cette idée jusqu’au moment où la vendeuse reconnu son partenaire. A priori ce n’était pas un acteur porno mais elle n’écarta pas l’idée de sa tête car elle ne savait pas si dans ce pays les musiciens d’opéras avaient une réelle célébrité. Elle trouvait ça très étrange mais soit, cela apportait un nouveau problème dans le sens qu’elle aurait pu prévenir la presse qu’il se trouvait là mais surtout un autre souci arriva car la vendeuse finit par réellement la reconnaitre. Et elle ne lui sorti pas ça de la manière la plus flatteuse, si à présent le gens se souvenaient juste d’elle pour ça, son égo ne pourrait pas le supporter. Du coup la vendeuse possédait la possibilité de faire d’une pierre deux coups en étant la source d’un couple des plus improbables. Elle chassa l’idée de sa tête pour enfin avoir l’huile recherchée et se casser d’ici. La blonde ne prend même pas le temps de faire des politesses contrairement à Malachi, jugeant que l’employé leur avait fait perdre assez de temps. Elle ne perd pas l’objectif de vue, vraiment faire dégager ce monstre de sa voiture et heureusement pour lui, le jeune homme à l’air convaincue que son remède de grand-mère allait marcher.
Alors qu’elle allait reprendre la parole pour demander de quel instrument jouait Malachi, manière de ne pas rester dans le silence trop longtemps. Heather vit le regard perplexe du brun devant eux et regarda à son tour la même direction que lui. L’actrice faillit le manquer mais elle reconnut immédiatement le type de silhouette qui venait de prendre la fuite. L’appareil photo avait un gros indice et elle ne put s’empêcher de pousser un énième soupir d’exaspération.
- Mais ce n’est pas vrai ! Il ne manquait plus que ça. C’était vraiment une journée de merde, ça lui apprendrait à vouloir faire un beau geste. Elle avait voulu faire plaisir à quelqu’un en achetant des gâteaux et cela c’était transformé en enchaînement d’évènements qui lui donnait l’impression d’être en enfer. Comment elle allait s’en sortir avec ça ? Elle voyait déjà l’article avec une photo d’elle avec un titre demandant si elle n’avait pas changé de nouveau de sexualité ou une connerie du genre. La blonde était certaine qu’elle allait en attendre parler de celui-là, ça serait surement l’un des gossips les plus ridicules qu’elle aurait jusqu’à présent. Il avait de la chance d’être parti en courant avant qu’elle ait clairement le temps de le remarquer. Vu son état d’esprit Heather aurait surement dit quelque chose avec la grosse envie de lui lancer quelque chose à la figure. Peut-être que c’était un mal pour un bien en tout cas elle reprit la parole en grommelant presque.
- Je sais pas si tu étais réellement connue ou pas mais tu vas avoir droit à un article sur un magazine… J’espère que personne de ta famille ne lit les tabloids.
La blonde qui espérait pouvoir se faire discrète pour sortir de nouveau tranquillement, allait devoir se faire une raison. Il était encore trop tôt pour qu’on lui foute la paix peu importe où elle se trouvait. Ils se dirigèrent vers sa voiture, son impatience augmentait au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient. Une partie d’elle espérait toujours que l’araignée ait fichu le camp avant leur retour, mais une autre se disait qu’elle avait intérêt à être là. Heather serait bien dégoutée d’avoir été prise en photo allant dans un sex-shop en plein milieu de la journée avec un homme pour rien. Elle était prête à perdre un peu de sa réputation mais pour une bonne raison. Peut-être que c’était un peu sadique mais elle espérait pouvoir se venger sur l’araignée de toute la frustration qu’elle avait acquise depuis le début de cette aventure. En s’approchant de la voiture Heather remarqua que le bestiau était toujours là, il avait juste changé de place pour se mettre en plein milieu de la fenêtre. Avec un grand sourire elle se retourna vers Malachi et lui tendit le sac avec l’huile à l’intérieur.