Assez attendu. Je capture les lèvres de Joanne et l'emprisonne dans mes bras, coincée entre le matelas et mon propre corps qu'elle persiste à attirer toujours plus près d'elle. Petit à petit, la laissant tirer sur ses bras autour de mon cou, je finis complètement collé à elle. Sa nuisette remontée sur ses cuisses permettant quelques centimètres de contact entre la peau de son ventre et le mien. D'une main sur sa nuque, je maintiens son visage près du mien, n'acceptant que de rapides pauses entre deux baisers. Ma volonté est un pauvre champ de ruines, caressé par ses mains. Ses longs doigts fins, toujours plus froids que le reste de son corps, ces paumes si petites en comparaison des miennes, ces seuls centimètres carrés de peau suffisent à me fournir une infinité de sensations selon l'endroit où elles se posent. Le plus souvent sur mon dos, la manière qu'elles ont de glisser le long de mon échine tend chaque muscle sous leur passage ; les pressions sur mes épaules, mes omoplates, sont un rappel constant de l'appartenance totale de cette silhouette à laquelle elles s'agrippent. J'ai parfois l'impression que les battements effrénés de mon coeur, collé à sa poitrine, résonnent dans tout le corps de la jeune femme. Chaque accélération, chaque fluctuation influe sur ma respiration, devenue courte et rapide, sur l'étreinte de mes doigts sur sa chair, sur l'intensité de mes baisers. Et lorsqu'il semble vouloir s'échapper de ma cage thoracique, vient le moment difficile où je dois contenir ce regain d'exaltation par plus de tendresse. C'est alors que je me sens complètement brûler de l'intérieur que j'abandonne ses lèvres un instant. Je calme mon souffle, plongeant mon regard dans le sien. Connaissant son visage par coeur, j'en perçois tous les détails dans l'obscurité. M'éloignant d'elle, je me redresse sur mes genoux, mais mes bras encerclant ses hanches la ramènent immédiatement contre moi. Je lui vole un court baiser avant le lui ôter sa nuisette, la faisant glisser le long de ses bras qui, une fois débarrassés, reviennent aussitôt capturer on cou. Ainsi dénudée, il n'y a plus rien pour empêcher le contact de ces deux peaux brûlantes. Rapidement, j'enlève moi-même le vêtement qui me recouvre. Reposant Joanne sur le matelas, je guide son dessous sur ses jambes pour finir de la dévêtir. Un bras le long de son dos courbé, je viens déposer une ligne de baisers le long de son ventre, entre ses seins, au creux de son cou. Je parcours d'une main ferme son échine, ses reins, ses cuisses. Je prends l'empreinte de son corps et le grave dans le mien. Quand je reviens près de son visage, je pose un instant mon front contre le sien. Les yeux fermés, j'écoute son souffle, le sens s’immiscer entre mes lèvres, s'installer dans mes poumons. Elle est partout. Je dépose un baiser tendre sur sa tête alors que je m'approche pour sceller nos corps entre eux. Mes doigts entremêlés à ses cheveux, les siens sur mon dos, se crispent. La vague de sensations, de chaleur prenant sa source dans mes reins vient faire trembler mes muscles. Les premiers mouvements suffisent à me faire perdre la tête, tant ils me semblent plus intenses, contrastant complètement avec ces jours passés sans réelle tendresse, cette peine et cette crainte de ce soir. Ces émotions, fortes, serrent ma gorge. J'étouffe un râle dans le baiser, fougueux, que j'offre à ma belle. La savoir là, on ne peut plus présente, envahissant chaque partie de mon être me rappelle à l'idée que les seuls moments où je suis réellement perdu sont ceux où je pense la perdre. Qu'elle est tout.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne adorait le sentir ainsi contre lui, s'imprégner de sa chaleur plus qu'ardente, de son odeur, de ses souffles accélérées et saccadés. Leurs lèvres ne se quittaient que très rarement, comme s'il s'agissait de retrouvailles après des mois d'absence. Le fougue qu'il lui transmettait rendait son coeur fou. Elle sentait son corps monter également en température, ne demandant que plus d'affection et de gestes d'amour de sa part. Elle le laissait totalement faire, ses mains parcourant aléatoirement son dos, son flanc, ses reins. Il l'embrassait si langoureusement, et cela devenait de plus en plus intense à chaque seconde, elle ne pensait pas que cela était possible. Son amant se redressa, l'entraînant avec elle. Pendant un instant, il maintint sa fougue pour la regarder. Même si la nuit était encore sombre, Joanne pouvait facilement deviner les courbes de son visage, les yeux brillant de désir et d'envie. Sans plus attendre, il l'embrassa brièvement avant de lui retirer son vêtement de nuit. Du fait de l'obscurité, Joanne ne tenait pas réellement compte de sa nudité. Même si elle savait qu'à force, il connaissait son corps par coeur, les moindres courbes, les moindres défauts, les moindres détails, la pudeur était toujours bien présente. Mais là, l'effervescence était tel qu'elle l'oublia, tout simplement. Elle pensait bien plus au fait qu'elle le désirait, qu'elle voulait à nouveau sentir son corps ardent contre le sien. Son voeu ne tardait pas à exaucer, car il prit rapidement possession de son cou en l'envahissant de baiser, faisant ainsi soupirer de plaisir sa belle. Cette dernière fermait les yeux et penchait légèrement sur le côté afin de profiter au maximum de ces gestes qui lui faisaient toujours autant d'effets. Elle ne savait pas s'il en tenait compte, mais dès que Jamie s'en prenait à son cou, il la désarmait totalement. La détermination qu'elle avait de le faire languir s'envolait, préférant en demander encore et toujours plus de sa part. Machinalement, ses doigts se crispaient légèrement sur le dos de Jamie. Il se débarassa de son pantalon en une seconde et déposa délicatement Joanne sur le matelas. La jeune femme le sentait impatient, beaucoup plus que d'habitude. Il ne s'attardait pas tellement que ça sur ce que l'on se plaît à appeler des préliminaires, se limitant à la déshabiller totalement, et à parcourir son torse d'un trait de baisers, jouant avec ses émotions en s'attardant au niveau de sa poitrine et son cou, largement suffisamment pour l'avoir à sa merci. Venant collé son front contre le sien, Joanne sentait l'air qu'il évacuait se déverser sur son visage. Sa respiration à elle était haletante, ne sachant que trop s'attendre de lui. Il ne voulait plus attendre, préférant passer à l'acte plus rapidement -Joanne en était légèrement surprises, mais c'était loin d'être désagréable. Elle se demandait si cette impatience soudaine était du au fait qu'elle l'ait fait ainsi languir ou si ça laissait transparaître cette partie qu'il ne préférait pas lui révéler. Joanne appréhendait, mais sa curiosité venait constamment la piquer, lui rappelant qu'elle ne connaissait toujours pas cette partie de lui. Alors que leurs corps ne pouvaient pas être plus proches, Jamie étouffait ses gémissements en continuant à l'embrasser. C'était contagieux. L'une des mains de Joanne se déposa au bas de son dos, se plaisant à sentir ses mouvements continuels, toujours plus intenses. La deuxième s'était posée sur sa nuque, ses doigts comprimant un peu cette dernière traduisant le plaisir qu'il lui procurait. Libérant aussi quelque gémissements, son dos s'arqua légèrement, son torse se collant donc davantage contre celui de Jamie, plus brûlant que jamais. La main posée sur ses reins se fit plus ferme, éprise par les vagues d'émotions de son corps qui envahissaient toutes les parties de son corps déjà en exaltation. Elle commençait à avoir chaud, mais elle ne voulait pas qu'il s'arrête. Parfois, les regards se croisaient. Par ses yeux bleus, elle lui rappelait qu'elle n'était qu'à lui, sa petite poupée rien qu'à lui. Elle ne doutait pas de la possessivité de Jamie, n'osant même pas imaginé sa réaction si un homme se voulait très tactile avec elle, que ce soit un ami ou un vulgaire pilier de bar.
Ainsi, plus rien ne nous sépare, et plus rien ne pourrait nous rapprocher plus encore. Quoi que chaque geste est la preuve d'une ferme obstination à l'idée qu'il doit forcément exister un moyen de réduire encore plus l'écart déjà inexistant entre nos deux corps. Face aux implacables lois naturelles, c'est à nos esprits de compléter cette osmose. Et je n'ai pas besoin de mots pour savoir qu'elle est mienne. Je le devine à cette manière qu'elle a de pencher son cou à chaque baiser sur cette partie de son corps, à son dos arqué, à son regard demandant que mes gestes continuent, à ce pouvoir que j'ai sur l'intensité de ses caresses et de son souffle d'un simple mouvement de houle. Elle est entièrement à moi, et dans ces moments-là, je n'ai pas honte de me faire possessif, de passer mes bras autour d'elle pour la serrer plus fort contre moi, je capturer ses lèvres, son visage entre mes mains, l'empêchant d'aller où que ce soit. Loin d'être un bourreau, je suis aussi captif qu'elle. Elle le sait parfaitement, je suis tout à elle. Une dévotion mutuelle qui donne tout son éclat à notre relation et confère sa beauté à nos ébats. Joanne et moi déposons les armes. Ce moment est à nous, pour nous, parce que nous avons perdu de vue tout ce qui nous lie si fort depuis des semaines en traversant cette courte mais difficile période à vide ; une irrésistible interdépendance. Il semblerait que rien ne soit jamais assez pour traduire mes sentiments pour elle. Les paroles, les gestes, ces moments d'intimité parfois freinés. C'est terriblement frustrant d'être à la merci de cette montagne d'émotions, de cette puissance qui bout continuellement, et de se sentir parfaitement incapable d'en donner la réelle mesure. Parce que cela m'échappe moi-même, est hors de tout contrôle. Ce contrôle qui m'obsède autant que cette volonté de m'en défaire, ce cycle infernal visant à me refuser ma propre liberté par peur. La peur perpétuelle de tout ce qui provient de moi. Comme toute peur, elle se résume à une chose, l'inconnu. J'ai toujours du mal à composer avec ce Jamie qui s'est confortablement installé dans mon corps avec ses bagages émotionnels couverts de cadenas. Ces verrous qui sautent un à un, laissant à chaque fois un peu plus entrevoir la consistance de l'homme. Quand l'un disparaît, un autre prend sa place, jusqu'à ce que l'usure le fasse céder définitivement. Ce soir, ils sont nombreux à s'être évaporés, et certains ont déjà repris leur place. Celui qui nous intéresse à ce moment précis finit à son tour par sauter, éclater sous la pression. Au début, il ne s'agit que d'une poigne plus ferme sur le corps de Joanne, des doigts serrant plus fort sa cuisse, agrippant ses mèches blondes, une pression plus prononcée sur sa nuque, une caresse plus assumée sur ses seins, des ongles trop courts essayant quand même d'incruster sa chair. Ce sont des baisers plus ardents, mes dents passant sur sa lèvre inférieure, venant parfois la mordiller, glissant dans son cou, attrapant à tout hasard le lobe de son oreille où mon souffle retentit toujours aussi fort. Ce sont quelques râles plus sonores, une respiration saccadée, saccagée, des battements de coeur qui se ratent lorsqu'une vague de sensations vient à nouveau créer un séisme en moi, venant ajouter à l'intensité de chaque geste. Finalement, ce sont aussi des allers et venues plus passionnés, une houle plus prononcée laissant progressivement place à quelques vas et viens brusques, au fur et à mesure que le contrôle quitte mes veines, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que ceux-ci pour rythmer nos ébats et l'animalité pour dicter mes gestes à la fois brutaux et aimants. Mon esprit désormais complètement brumeux et obscurci a cessé d'avoir la moindre pensée ne se résumant pas au nom de Joanne. Sans la main mise sur mes désirs, laissant librement toutes mes pulsions et mes envies refrénées s'accaparer les mouvements de mon corps, sans le contrôle dicté par la peur, la crainte même de la réaction de la jeune femme est occultée. Après tout, je ne fais que l'aimer à l'intensité la plus proche de mes sentiments pour elle.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
(chaud cacao)
Elle le sentait changer. C'était toujours bien Jamie qu'elle avait auprès d'elle, mais il se dévoilait de plus en plus. A chaque fois qu'ils se parlaient, qu'ils se touchaient, qu'ils s'unissaient, elle le découvrait un peu plus. Au fil des jours, elle parvenait à le cerner, malgré la période de creux qui venait tout juste de se terminer. Et pourtant, certaines parties de lui restaient un mystère, n'osant s'y infiltrer davantage. Elle avait eu un faible exemple de ce qu'il faisait lorsque tous ces verrous avaient sauté, surprise par la précipitation et l'intensité du geste. Même si cela avait été douloureux, elle sentait que c'était ainsi qu'il libérait se trop plein d'émotions et de sensations. Au tel point qu'il ne parvenait plus à contrôler quoi que ce soit, laissant la passion parler d'elle-même en utilisant la totalité de son corps. Savoir être l'objet d'un tel désir était plus que flatteur pour la jeune femme, qui ne pensait pas qu'il était possible de transmettre et de partager autant en quelques mouvements. C'était son moyen à lui de dire à quel point il l'aimait, à quel point il avait envie d'elle, à quel point il ne pouvait pas se passer d'elle. A se demander qui était le plus à la merci de l'autre. Joanne sentit la poigne de son amant être plus ferme contre sa peau. Chacun des gestes de ce dernier devenait plus intense, plus fort, plus fougueux. Son autre main était résolue à tenir ses cheveux et sa nuque, à ne plus être hésitant sur les caresses, notamment aux parties où elle se donnait du mal pour les lui dissimuler. Ses doigts étaient brûlants, doux et moites par la sueur qui commençait peu à peu à le recouvrir. Qu'il se permette de toucher si ardemment sa poitrine la faisait gémir de plaisir, noyée par un baiser qui était interminable, plus intense que jamais, comme si cela était encore possible. Quand il se détachait de ses lèvres, c'était pour laisser évacuer des râles de plaisir différents ce qu'elle avait pu ressentir auparavant, comme s'il venait de combler un manque. Sa respiration était irrégulière et se glissait sensuellement sur le corps de sa partenaire, qui elle, ne parvenait plus à inspirer et expirer correctement non plus. Il lui mordillait sa lèvre, puis le lobe de son oreille, ne l'ayant jamais fait auparavant. Des gestes qui débordaient de désir. La bouche entrouverte, Joanne ne retenait pas ses soupirs, et ses gémissements de plus en plus nombreux, proportionnels à la cadence et la passion qui motivaient les mouvements de rein de son compagnon. Ils se voulaient plus intenses, puis, progressivement, et certainement malgré lui, devenaient plus brusques, incontrôlés. Il n'avait jamais été ainsi avec elle. La passion était la même, sans l'ombre d'un doute, mais il le prouvait autrement, jouant dans la délicatesse et dans la tendresse, certainement incité par la peur de l'effrayer ou de la blesser. Là, il transmettait l'amour qu'il avait pour elle dans le brut, laissant plutôt parler l'instinctif que son désir de contrôle de soi, se laissant ainsi complètement. Il offrait des sensations nouvelles pour sa belle, qui sentait ses muscles se crispaient entièrement. Elle brûlait de l'intérieur, sentant chaque partie de son corps être embrasée par une exaltation certaine. Elle n'était pas habituée à ce genre d'ébats, mais reconnaissait y retrouver tout l'amour et toute la passion que Jamie laissait enfoui en lui depuis tout ce temps. Ce n'était pas toujours agréable, mais tout le reste de ses gestes et des sensations qui plânaient autour d'eux compensait très largement ce petit négatif. Elle sentit la totalité de son corps être recouvert d'un film de sueur, ses cheveux s'entremêlant et s'humidifiant un peu plus à chaque mouvement. La belle ne savait plus trop quoi faire de ses mains, comme à chaque fois où elle sentait venir en elle une vague de volupté, qu'elle retenait pendant un long moment afin qu'il ne cesse pas ses allers et venus, voulant le sentir davantage en elle ainsi. Finalement, ses doigts se glissèrent tout au bas du dos de son amant, saisissant inconsciemment et fermement sa chair. Son autre main saisissait, quant à elle, soit les draps, soit l'un des bras de Jamie, soit ses cheveux. L'intensité de l'instant lui faisait perdre tout ses moyens. Parfois, elle recouvrait même sa propre bouche, glissant ses doigts jusqu'à son cou pour dégager quelques gouttes de sueurs. Une fraction de seconde avant qu'elle ne coupe sa respiration, ne pouvant plus rien retenir, tous ses muscles se crispèrent. Ses jambes se plièrent, son dos se courba de plus belle, ses doigts gagnèrent momentanément en force -sa main baladeuse s'étant finalement nichée dans les cheveux de Jamie. Le bouche entrouverte, elle maintenait se respiration jusqu'à ce qu'il parvienne à lui faire atteindre ce point de non-retour, comme lui seul était capable de le faire.
Contrairement à ce que je redoutais, lâcher prise ne m'aura pas fait soudainement perdre la tête. Je ne suis pas devenu un monstre d'agressivité violentant le corps de la femme qu'il aime -beaucoup trop. Je ne l'ai pas brisée en morceaux. Ce fut plutôt comme une substance arrivant peu à peu dans mes veines, d'un canal à l'autre, envahissant doucement, progressivement, chaque partie de mon corps et de mon esprit. Un murmure insidieux prenant peu à peu possession de moi, m'hypnotisant, anesthésiant toutes mes inhibitions. Il décuple les sensations de chaque toucher, chaque baiser, chaque mouvement. Parfois brusques, parfois incontrôlés, je me suis néanmoins surpris à conserver de la tendresse pour Joanne, une attention que je pensais voir occultés par cette passion brut. L’infinie respect et dévotion que je lui voue sont présents dans chaque caresse, dans chaque main avide de plus de contact avec sa chair. Je devine ce qui lui déplaît -un coup de rein trop brusque, une poigne trop forte- et décide ou non d'en prendre compte.Car se freiner serait synonyme d'emprise, de contrôle, et ces mots sont bannis de mon organisme pour le moment. Et cela n'est pas pour me déplaire. J'ai quelques dizaines d'années de main mise, de parfaite domination sur mes émotions, mes pensées, mes envies, à envoyer valser. Libéré du poids de tous ces cadenas, mon coeur frappe librement dans ma poitrine et projette ce sang brûlant dans chaque recoin de mon être jusqu'à ce que la signification même du mot contrôle devienne dérisoire. Joanne ne semble pas rejeter cette pure instinctivité qui s'offre à elle, même ses aspects les plus brusques. Elle ne me demande pas de cesser, de revenir sur terre, retourner à plus de douceur. Je ne sais pas ce qu'elle peut penser, et sur le moment, j'avoue que cela n'a pas grande importance. Je vide ce trop plein de frustration en moi et le remplis avec cet échange d'amour perpétuel. Mes propres souffles et gémissements trahissent tous ces manques que je comble, ces sentiments dont je me nourris -et parfois même une certaine reconnaissance envers la jeune femme pour me permettre de m'y adonner entièrement. Malgré l'intensité de l'effort, je ne remarque qu'à peine la sueur qui nous recouvre, je ne ressens pas la fatigue de mes muscles. Seulement leur tension, de plus en plus accrue à chaque vague de volupté. Il devient peu à peu difficile de tenir plus longtemps, pourtant je n'ai aucun souhait que ce moment s'arrête, quitter son corps. Les râles se font plus sonores au fur et à mesure que j'approche de cette apogée du plaisir, à reculons, et pourtant irrémédiablement attirée par elle. Les mains baladeuses de la belle n'aident en rien. Ses caresses électriques courbent mon échine. Posées dans le bas de mon dos, elles m'inspirent des mouvements plus langoureux et puissants qui m'envoûtent complètement. Chacun de ses gémissements résonnant à mon oreille m'arrachent un frisson. Je la devine cherchant à les contenir parfois, et me savoir à l'origine de ce plaisir en elle me fait d'autant plus fondre. Au moment où je la sens à bout, alors que ses mains viennent se loger dans mes cheveux, tout s'effondre en moi ; je cesse tout mouvement, la totalité de mon corps étant crispé par cette vague finale d'ivresse, de plaisir, prisonnier en elle pendant de longues secondes, de nombreux sons trahissant l'intensité de ce moment se glissant dans mes profonds soupirs. J'enfouis un instant mon visage au creux de son cou, là où je me sens en sécurité, avant de retrouver ses lèvres pour l'embrasser avec une infinie douceur. Je me détache d'elle à contre coeur, subissant le contre-coup physique et moral de ce moment qui était tel que je ne me le serais jamais permis. Allongé sur le matelas, appréciant l'air ambiant de la pièce venant refroidir mon corps, ma respiration reste particulièrement rapide, haletante. Réalisant, la honte s'empare finalement de moi, et mes mains viennent cacher mon visage. « Je... » Les mots ne viennent pas. Je ne sais pas si je dois être désolé ou non, si je dois me justifier, ou si je devrais m'abstenir d'en parler, tout simplement. J'opte pour la dernière option, ne souhaitant pas m’épancher sur le sujet, trop mal à l'aise. De toute manière, que pourrait-il y avoir à dire ? Le moment est passé. Joanne sait désormais que je suis capable de faire tomber toutes les barrières et ce qui se trouve derrière celles-ci. Et cela m'a réellement fait du bien. Je me sens comme purgé, particulièrement détendu. Malgré la gêne, tout va pour le mieux. Ma respiration ralentit au bout de quelques minutes de silence. Mes mains quittent mon visage ; l'une se pose sur mon ventre afin de retrouver un rythme normal et l'autre s'en va chercher les doigts de la jeune femme. Mourant de chaud, j'attends encore un peu avant de chercher un contact plus important avec elle. Mon regard se pose sur elle, un petit sourire au coin de mes lèvres, toujours honteux, mais quand même heureux. Puis il se tourne vers le réveil sur la table de chevet où je peux lire l'heure. « Bientôt cinq heures... » je murmure. « A ce stade là, je ne vois même plus l'intérêt de dormir. » A moins que Joanne ne tombe de sommeil, mais ses insomnies semblent tenaces. Je me glisse sur le flanc pour me tourner entièrement vers la jeune femme. A cette heure-ci, la nuit est plus claire. Je devine son visage sans problème. Elle n'a pas encore remarqué que la couverture se trouver sur ses hanches, laissant son buste dénudé sans rien pour le cacher. J'avoue profiter de cette vue tant que je le peux. Admirer sa silhouette sous l'éclairage de la Lune en dehors des moments où nous faisons l'amour est un plaisir rare. « En fait, j'ai envie de repousser demain le plus possible. » dis-je tout bas. Demain est synonyme de retour à la réalité, au travail, à la convalescence de Joanne, à tout ce qui nous a éloignés pendant des jours. Alors que je souhaite que ce moment présent dure encore et encore. Même si conventionnellement nous sommes déjà demain, je veux croire que le temps s'est arrêté pour nous laisser nous retrouver un peu plus longtemps. « Des idées? »
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Le moment était passé. Il était tellement court, mais intense à la fois, elle se demandait si ce qu'elle préférait était tout ce qui se passait avant. Quand tout commence doucement, avec timidité, pour ensuite gagner peu à peu en assurance. L'objet de désir devient une obsession, dont on ne pouvait plus se passer, jusqu'à aller à l'infranchissable, et revenir à la normale. Un schéma similaire, variant selon la patiente de l'un ou la malignité de l'autre, tout devenant un jeu rapide, ou qui se voulait d'une grande lenteur, profitant de chaque seconde et de chaque contact. Toute le monde le vivait différemment, et procédait différemment, variant la durée de l'instant avant d'arrive à son summum. Allongée à côté de lui, Joanne prenait un certain temps avant de retrouver une respiration décente. Elle senait les battements de son coeur à travers ses tempes, elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Jamie, quant à lui, semblait confus, honteux. Joanne ne comprenait pas pourquoi, peut-être était-ce le fait de se révéler autant à elle. La jeune femme le regardait silencieusement se remettre des émotions, alors qu'elle inspirait de grandes bouffées d'oxygène pour récupérer. Il avait tenté de commencer une phrase et ne l'avait jamais fini, et dissimulait son visage avec ses mains. Joanne fronçait légèrement les sourcils, perplexes, puis détenti à nouveau tous ses muscles. Il était déjà le petit matin. Tous les deux savaient très bien que cela annonçait le retour à une certaine réalité. A à peine se parler malgré les derniers aveux, à se retrouver au lit, et ainsi de suite. Joanne en avait un peu assez de train-train qui s'était instauré, ne sachant que faire à longueur de journée si ce n'est dormir et daigner grignoter un petit quelque chose. Son appétit restait très maigre, malgré les jours qui passaient. Elle avait hâte de travailler à nouveau, car ses journées ne se résumaient finalement qu'à un seul mot : l'ennui. Ce qui n'était pas forcément synonyme de convalescence, mais elle ne trouvait aucun repos efficace avec ses journées actuelles, sans parler de ses insomnies, qui persévéraient encore et toujours. Ses yeux bleus étaient grand ouverts, et exprimeraient peut-être un peu plus de fatigue au courant de la journée. Elle se sentait faible physiquement, mais faisait un peu tous les jours l'effort de bouger un peu avant que tous ses muscles ne soient totalement atrophiés. Mais rien de plus. Joanne ne savait pas si elle voulait vraiment voir le jour se lever, une nouvelle, sur leur relation incertaine et sinueuse. Elle ne se rendait même pas compte que Jamie pouvait voir tout le haut de son corps, et s'en délectait sans le cacher. Timidement, elle tira la couette sur elle, gênée d'être observée ainsi-elle n'allait pas évoluer si rapidement. Jamie ne voulait pas non plus que ce nouveau jour démarre, espérant y retrouver un certain réconfort en prolongeant cette nuit qui était déjà bien trop longue. Malgré tout, Joanne le regardait avec tendresse, sentant la main de son amant serrer doucement la sienne.La jeune femme n'était clairement pas la bonne à qui s'adresser pour combler un temps imparti. L'automne des idées. Elle ne savait pas ce qu'ils pouvaient faire, et se sentait incapable de reprendre déjà les habitudes qu'ils avaient pris tous les deux avant que le problème de Joanne ne sème le chaos dans leur couple. Un sourire aux lèvres, Joanne cherchait désespérément de l'inspiration. Et soudain, un coup de stress grimpa en elle. Du ton le plus naturel possible, elle lui dit qu'elle devait tout d'abord se rendre à la salle de bain. Ne pouvant mettre la main sur ses vêtements de nuit, elle s'y rendit dénudée malgré elle. Ce fut dans le salle d'eau qu'elle se couvrait d'une robe de chambre, ne pouvant supporter l'idée de se balader toute nue. Elle fouilla hâtivement son tiroir afin de sortir une plaquette de pilule. La belle blonde venait tout juste de se rappeler qu'elle avait du arrêter son traitement depuis son hospitalisation, et les derniers événements avaient fait qu'elle n'avait pas songé à recommencer. Elle avala un comprimé, espérant que leurs deux derniers ébats n'avaient pas commencé un processus naturel qui terrorisait pour des raisons bien précises la jeune femme. Celle-ci se rafraîchit un peu le visage, avant de retourner sous la couette -ayant ôter ce qui la couvrait juste avant. La couverture la couvrait toujours jusqu'à sa poitrine et Joanne s'était assise, joignant ses mains autour de ses deux genoux. Toujours pas d'idées, juste une montagne de questions. "Qu'est-ce qu'il nous arrive, Jamie ?" demanda-t-elle d'une voix douce, inquiète. Elle craignait juste le lendemain. "Ca va être tout le temps comme ça, maintenant ? A s'ignorer le jour et à s'aimer la nuit ?" Une bien triste habitude qui s'était déjà, de temps à autre, interposée dans leur vie de couple. Joanne n'accusait personne, elle voulait simplement savoir si ça allait effectivement être ainsi désormais, afin qu'elle retrouve ses marques, parce qu'il fallait l'avouer, elle était totalement perdue. Il ne fallait pas le nier, le tableau ne changerait pas trop pour les jours qui viennent, même si les sentiments étaient bien là. A se demander s'il avait honte d'elle, honte de freiner un peu son travail sous prétexte d'avoir une compagne sortant tout juste de l'hôpital. Joanne ne savait qu'en penser. Elle s'allongea à nouveau, commençant à avoir froid. La belle blonde se colla donc contre lui, lui avouant à voix basser qu'elle n'avait pas très envie de sortir du lit pour le moment. Elle était bien là, à rester près de lui, même si ce n'était que pour parler de futilités ou de choses plus sérieuses. Tant qu'elle était près de lui.
Je suppose qu'une nuit sans sommeil -ou trop peu de sommeil et pas mal d'émotions- ne m'aidera pas à travailler comme il faut pendant la journée. Mais le fait est qu'une fois le jour levé, nous ne pouvons pas vraiment savoir à quoi nous attendre. Est-ce que nous pouvons espérer que tout rentrera immédiatement dans l'ordre ? Que nous allons retrouver notre pleine complicité, une relation normale ? Ou est-ce que la venue d'un nouveau jour remettra les pendules à l'heure, nous rappelant à tous ces événements qui se sont enchaînés et qui nous ont tous les deux laissés comme deux animaux blessés de part et d'autre de la route. J'ai envie de croire qu'après ce qui a été dit ce soir, tout ira mieux. Que, comme après chaque dispute, chaque échange de cette intensité, nous allons être en mesure de nous retrouver, plus forts qu'avant. Et une autre partie de moi me fait croire que rien n'est moins sûr. De son côté, Joanne semble aussi en proie à ses pensées. Elle file finalement dans la salle de bains, assez pressée pour s'y rendre sans rien sur le dos. J'hausse un sourcil en la regardant disparaître de la chambre et revenir en robe de chambre. Entre temps, je me suis trouvé une position confortable sous la couette, sur le dos, une main derrière la tête, un genou replié. Mon regard se pose un instant sur le ciel légèrement éclairé. A cette heure là, les premiers oiseaux commencent à chanter. Ils annoncent la nouvelle journée. Qu'ils se taisent donc. Puis mon attention retourne sur Joanne, toujours happée par ses pensées, l'air inquiète. Recroquevillée, elle demande si les derniers jours sont le modèle futur de notre vie à deux. Je fronce les sourcils, n'hésitant pas à lui répondre ; « Non, bien sûr que non. » A vrai dire, je n'en sais rien. Mais je suis assez déterminé dans mes mots malgré tout. Je ne laisserais pas un quotidien de ce genre s'installer trop longtemps entre nous deux. La jeune femme se décide à s'installer contre moi, la tête posée sur mon torse. Mon bras libre vient immédiatement couvrir ses épaules pour l'étreindre avant de ma main ne préfère se poser sur sa hanche pour caresser doucement sa peau. Je dépose un long baiser sur son front, essayant au mieux de la rassurer. « C'est qu'une mauvaise passe, j'en suis sûr. » Ca ne peut être qu'une mauvaise passe. Un état temporaire dans lequel nous devons refuser de nous laisser glisser définitivement. « On a besoin de temps. C'est le revers d'une relation comme la notre, qui est encore récente. Il y a des choses que l'on découvre l'un sur l'autre, et il faut s'adapter. Ce n'est qu'un temps d'adaptation. » dis-je, misant sur ma bonne capacité à jouer la comédie pour réussir à complètement masquer mes propres craintes. La belle ne doit pas deviner ma peur quant à notre avenir. Elle a déjà largement assez vu la panique qui m'envahit à l'idée de la perdre ou de la rendre malheureuse. Je dois maintenant réunir assez de force et d'assurance pour lui redonner foi en notre relation -et qui sait, me convaincre moi-même par la même occasion. Je dois absolument me reprendre en main et retrouver des épaules solides, quitte à ce que cela ne soit que de façade. C'est une chose pour laquelle je suis doué. « Je ne voulais pas que tu te sentes ignorée, je suis désolé. » je reprends, embrassant à nouveau son front. Nous avons parfaitement réussi à nous sentir terriblement seuls chacun de notre côté tout en vivant sous le même toit. Néanmoins, je suis quand même ici pour elle. « C'est juste que travailler à distance est parfois compliqué… Tu as un aperçu de mes journées normales ici, mais d'habitude je dois aller d'un bout à l'autre de la radio à longueur de temps, tout en me faisant arrêter dix fois en cours de route, et il y a toujours un déjeuner où il faut faire bonne figure pour m'empêcher de prendre un break. C'est le job qui veut ça… Pas une volonté de te mettre de côté. » Après tout, je ne m'ajoute pas des contraintes pour travailler juste pour le challenge. L'unique raison de mon enfermement à la maison, c'est Joanne. Prendre soin d'elle, comme j'ai dit que je le ferais -même si cette semaine n'est pas un franc succès. « Il ne faut pas hésiter à m'arracher de mon ordinateur de temps en temps si tu te sens seule. Et je ferais un effort. Je ne suis pas à la maison avec toi pour que tu te sentes ignorée. » dis-je en relevant son visage afin qu'elle me regarde dans les yeux. La connaissant, elle ne souhaite pas s'imposer, déranger, ou oser se montrer à un moment qui ne serait pas opportun. Mais partant de cette idée, aucun moment n'est réellement opportun. Alors il faut les créer soi-même, forcer leur apparition, et cela peut se résumer à une petite tape sur l'épaule pour réclamer quelques minutes d'attention que j'arracherai à mon emploi du temps. Ce n'est pas un réflexe de ma part de ralentir le travail, au contraire, même quand les conditions l'exigent. Je sais que si Joanne ne vient pas fermer mon ordinateur sur mes genoux pour exiger un peu de tendresse, les heures filant trop vite ne me laisseront as le temps d'y penser par moi-même. « Et puis, ça ira mieux quand tu reprendras le travail, que tu pourras t'occuper l'esprit, faire quelque chose de constructif et revoir Sophia tous les jours. Je sais que l'ennui et la solitude décuplent les mauvaises pensées. » dis-je, faisant référence pour moi-même aux soirées passées à faire les cent pas une fois revenu du bureau, à finalement attraper une veste pour sortir chercher mon shoot d'adrénaline n'importe où je pourrais croiser quelqu'un d'au moins aussi sanguin que moi pour me défouler, tout cela parce que je me sentais seul, vide, perdu. « Je ne vais pas te mentir, se remettre de tout ce qu'il s'est passé peut prendre des semaines. Mais on est plus forts que ça, toi et moi, hm ? » je demande avec un léger sourire -parfaitement sincère cette fois. Je me doute bien que l'indécise Joanne ne me répondra pas par l'affirmative ou la négative de manière claire. Une chose aussi incertaine ne peut mériter qu'un « on verra » ou un « peut-être » de sa part. D'où l'intérêt d'avoir l'air assez confiant pour nous deux.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne écoutait son compagnon, qui contredisait tous ses questionnements. Il semblait si sûr de ce qu'il disait, comme si cela était évident. Un peu trop de certitude qui, au lieu de rassurer, mettait en doute chacune de ses paroles. Bien sûr que tout serait différent. Il ne se comporterait plus jamais de la même manière après qu'elle lui ait caché des choses, qu'il savait qu'elle pouvait tomber dans les pommes devant lui sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Il ne la regarderait plus jamais de la même façon en sachant qu'ils ne voient pas leur avenir de la même manière. Jamie lui avait dit qu'il se pourrait un jour qu'il accepte d'être père, mais sa belle ne voulait pas être celle qui décidait de ce qu'allait être leur futur ou non. Oui, c'était un souhait, un désir qu'elle gardait bien enfoui en elle, malgré la période noire qu'elle avait vécu après son divorce, au point d'en devenir inespéré. Et voilà qu'ils avaient mis le sujet sur la table et qu'un rêve devint une nouvelle source de désaccord et de dispute. Il tentait de la convaincre, disant qu'il fallait simplement qu'ils s'y fassent. "Un temps d'adaptation pour quoi ?" souffla-t-elle d'un air triste, même si elle ne le regardait pas à ce moment là. Ses yeux étaient rivés sur ses propres doigts qui se baladaient un peu sur le torse de son homme. "Je reste la même personne. Oui, j'ai eu un soucis, oui j'ai été hospitalisée, et oui, maintenant, tu sais pratiquement tout sur moi. Ca ne fait pas de moi une personne différente." dit-elle, songeuse. "Que je sois tombée ou non, que tu l'aies su plus tôt ou non, le risque est toujours là, de toute façon." Une fatalité qu'elle avait bien eu du mal à digérer en premier. L'aspect là de son problème de santé était plus facile à accepter que le fait qu'il soit à l'origine de ses fausse-couches et qu'il soit transmissible à l'enfant. "Et pourtant, même si les sentiments que l'on a l'un pour l'autre sont complètement démesurées, tout devient différent." Joanne trouvait que c'était cruellement injuste qu'un phénomène qu'elle préférait mettre au second plan et rapidement l'effacer aurait autant d'impact sur leur couple. Des révélations avaient étaient faites, ils s'étaient disputés, tout devrait rentrer dans l'ordre comme ça avait toujours été, et pourtant. Il y avait ce goût légèrement amer qui restait toujours en bouche, pour une raison qu'elle ne parvenait pas à trouver. Jamie l'embrassait à plusieurs reprises sur sa tête, essayant de trouver les mots et garder un certain optimisme pour leur avenir. Jusqu'ici, Jamie était rarement la personne à voir le verre à moitié plein. Elle haussa les épaules, lui répondant d'un rire embarrassé. "C'est certainement le point négatif d'être tombée amoureuse d'un rédacteur en chef, je suppose." Leur début de leur relation était compliqué pour cette raison. C'était la croix et la bannière pour se retrouver, et profiter de l'un l'autre, et tout avait été rattrapé par leur voyage à Londres. Elle pensait qu'il n'y aurait pas de tels voyages avant un bout bon temps, on n'allait pas octroyer à Joanne tous ces congés de toute manière. Et puis, elle aimait son travail, et devait déjà s'en passer par obligation médicale. Arpenter chaque salle du musée lui manquait beaucoup. Il lui releva sa tête, prenant en otage son regard, en lui disant qu'elle devait l'interrompre si elle ressentait le besoin d'être avec lui. Plus facile à dire qu'à faire. Elle lui esquissa un léger sourire, hochant positivement la tête. "J'essaierai." Elle ferait peut-être un effort, mais elle n'oserait jamais. Et Joanne savait à quel point il aimait aussi son travail, elle ne s'imaginait pas du tout l'en détacher juste pour elle. "Pas sûre d'être suffisamment égoïste pour ça." ajouta-t-elle d'un ton plus léger. Jamie dit que cela pouvait durer longtemps de se remettre de tout ce qu'il s'était passé. Pour sa compagno, cela signifiait clairement que les semaines à venir allaient être similaires à celles-ci, sauf que Joanne travaillerait à nouveau. Il disait ne pas vouloir mentir, alors que la certitude des mots qu'il avait dit quelques minutes plus tôt, avec tant d'optimisme, faisait croire que c'était le contraire. Joanne ne savait plus où en donner de la tête, ne savait plus quoi penser. Elle ne savait plus rien, et était totalement perdue, n'arrivant pas à décrire l'état actuel de leur couple. Elle s'en voulait d'être si fragile, malade en fin de compte. Si elle n'avait pas eu ce malaise, rien de ceci ne se serait passé, tout irait dans le meilleur des mondes. Il lui avait dit à l'hôpital qu'elle devait accepter sa condition, accepter l'aide des autres. Et là, il semblait certain qu'elle était suffisamment forte pour surpasser tout ça. Joanne le regardait longuement, incertaine des réponses qu'elle pourrait lui donner. Parfois, elle aurait juste voulu que les premiers instants passés ensemble à se connaître et commencer et s'apprécier recommencent continuellement. La période où il n'y avait pas de tels soucis, où il n'y avait que des belles choses à vivre. La jeune femme reposa sa tête sur son torse, ses yeux ayant à nouveau l'air désolé. "Je ne sais pas." Elle ne doutait pas de lui, surtout d'elle-même. Elle ne pouvait pas deviner de quoi le lendemain sera fait. "Nous verrons bien."
Je ne m'attends pas à un soudaine regain de vitalité et de confiance de la part de Joanne. Après tout, si j'ai l'air de savoir ce que je dis, je reste apeuré par l'idée qu'il y ait un lendemain différent de ce moment que nous passons l'un contre l'autre. Elle doit l'être aussi. Peut-être même plus que moi. La jeune femme sait qu'elle vit avec quelqu'un qui n'a pas les mêmes ambitions qu'elle dans la vie. Qu'il souhaite simplement la garder dans sa maison de poupée. Je suis sûrement naïf d'espérer qu'elle puisse être heureuse avec moi dans l'instant présent, sans se soucier de l'avenir que je ne peux pas lui donner. Etre juste elle et moi, dans notre bulle, à vivre chaque seconde. Oublier que nos chemins de vie finiront par diverger, jusqu'à se retrouver devant le fait accompli, mais sans regrets. Je pensais que l'idée d'une relation au jour le jour pourrait être aussi séduisante que celle de fonder une famille. Mais cela ne sera sûrement jamais le cas. De toute manière, nous ne pourrions pas vivre sereinement avec cette épée de Damoclès au dessus de nos têtes. La jeune femme ne semble pas comprendre de quel temps d'adaptation je parle, m'expliquant que les derniers événements ne changent en rien la personne qu'elle est. « Je sais que tu es toujours la même personne. C'est pour ça que je t'aime toujours autant. » dis-je en resserrant mon étreinte. Je n'ai jamais pensé qu'elle avait changé, je n'ai pas été de ceux qui pensaient ne pas reconnaître la personne qui les a trahit. Au contraire. Je pensais tout savoir d'elle, naïvement, mais c'était du Joanne tout craché de préférer avoir des secrets. La surprise n'était pas qu'elle m'ait caché quelque chose, mais le quelque chose en lui-même. Le genre que je n'aurais jamais pensé qu'elle puisse garder pour elle. « Disons que je dois me faire à l'idée que la seule personne que j'aime peut m'être enlevée à tout moment. Encore une fois. Et ce n'est pas quelque chose de simple. » j'explique, me pinçant les lèvres à cette idée. Cette peur de l'abandon maladive a débuté avec la mort d'Oliver, et me poursuit tous les jours avec Joanne. Plus que jamais depuis son accident. Je dois accepter que tout mon amour est dirigé vers elle, alors que sa maladie peut me l'arracher. Que je peux finir seul d'une minute à l'autre si quelque chose cloche dans sa vie. C'est une sorte d’investissement risqué que j'étais loin de me penser prêt à faire, et qui m'est tombé dessus malgré moi. Ce que je dois combattre, c'est le besoin de m'en protéger. D'ériger des barrières entre elle et moi pour que son mal ne m'affecte pas, ne plus me soucier de son hypothétique disparition. Ce réflexe que j'avais eu avec James lorsqu'il était au plus bas : fuir pour me préserver d'une nouvelle tragédie. Le fait est que je ne veux pas fuir Joanne. Que je ne le peux pas. « Je vois. Bon, regarde ce qu'on va faire... » dis-je avec un large sourire alors qu'elle admet ne pas être assez égoïste pour m'arracher à mon travail. Et je me doute qu'elle ne le fera pas. Je tends mon bras jusqu'à la table de chevet où j'attrape mon téléphone. Tapotant sur l'écran par ci par là, j'arrive au menu me permettant de programmer une alarme. Au hasard, j'en crée une à quinze heures, devant se répéter tous les jours, et l'intitule classieusement « prends une pause, abruti » en capitales. Je montre le résultat à Joanne avant de reposer le portable à côté du lit. « Et voilà ! » Un break assuré tous les jours qui restent à cette semaine pour dédier une bonne heure à ma belle, prouvant par là que je veux faire mon possible pour elle. Bien sûr, ce n'est pas cela qui suffira à la convaincre. Mais j'espère réussir à nous redonner confiance en nous, brique après brique. « Tout ira bien. J'aimerais tellement que tu le crois. » je murmure en passant une main sur ses cheveux, caressant régulièrement sa joue. « Tout ira bien... » Mes paupières lourdes se ferment. Je me dis que le sommeil ne m'emportera pas si je reste concentré sur mon pouce passant sur la peau de la jeune femme. Mais il me berce, et peu à peu, je sombre, laissant demain arriver.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il disait savoir qu'elle n'avait pas changé, que c'était pourquoi il l'aimait encore et toujours. L'entendre dire ceci lui était rassurant. Mais ce qu'il disait ensuite traduisait exactement le contraire : il la voyait différemment, car maintenant, il savait qu'il y avait un risque de la perdre. L'idée était extrême, mais elle semblait être bien gravée dans l'esprit du bel homme. Joanne comprit qu'à ses yeux, elle restait pour lui la même personne, mais pas tout à fait. Elle sentait bien qu'il se rappelait de son frère, Oliver, à travers cela, bien que les circonstances de son décès étaient encore plus invivables pour son jeune frère. Il ne voulait pas que cela se reproduise, Joanne le comprenait. Elle avait bien vu qu'il n'était pas du genre à s'attacher aux personnes, mais elle était une exception. Le magnétisme intense qui s'était créé entre eux l'avait désarmé, laissant Joanne entrer dans une sphère de sa vie qu'il avait maintenant fermé pendant bien des années, au point d'en oublier qui il était vraiment. La jeune femme était désormais là, nue et dans ses bras, à parler de leur appréhension et tentant d'avoir un semblant d'optimisme. Ca aussi, c'était invivable, de n'avoir aucune certitude sur les jours qui venaient, et sur un avenir plus lointain. Joanne avait l'impression d'être aveugle, qu'on ne lui laissait pas une seule chance de voir un peu plus loin, et de devoir vivre au jour le jour. C'était peu supportable pour elle de ne pas savoir ce qui l'attendrait plus tard, très frustrant et peu rassurant. S'il craignait tant pour lui qu'elle disparaisse, pourquoi restait-il avec elle ? Que vaut un amour brisé à côté de la perte de l'être cher ? Des questions difficiles à entendre et à accepter par une personne lambda, mais elles pouvaient être posées ici, dans ces circonstances. Elle ne comprenait définitivement pas. Jamie la sortit de ses pensées en bougeant un peu pour chercher son téléphone portable, tentant de trouver un remède pour les jours à venir. Il mit en place une alarme quotidienne, qui l'inciterait à s'arrêter, et profiter de sa compagne. L'idée plaisait à Joanne. Elle lui sourit, puis l'embrassa tendrement sur les lèvres. Il passa ensuite ses doigts fermes dans sa chevelure blonde. Caresse qu'elle apprécia en fermant les yeux. Il lui dit que tout allait bien se passer, qu'il voulait qu'elle y croit. Son regard était à moitié tendre, à moitié désolée. Elle aimerait avoir son optimisme, mais elle n'en avait pas le coeur, pas après ces longues journées de réflexion et de pensées négativement vicieusement bercées par la solitude et l'ignorance. Jamie se laissait ensuite prendre dans les bras de Morphée. Sa belle restait contre lui pendant de nombreuses minutes, avant de saisir son téléphone et modifier l'heure de son réveil du matin habituel, lui octroyant ainsi deux heures de sommeil en plus -il en avait besoin. Et elle se plut ensuite à modifier l'intitulé de l'alarme de l'après-midi en écrivant "prends une pause, mon amour ♥", ce qui lui semblait plus approprié. Joanne attendait encore quelques minutes avant qu'il ne soit profondément endormi avant de se lever et de s'habiller. Elle quitta discrètement la chambre et descendit les escaliers à pas feutré. Ben était bien évidemment réveillé, s'impatientant d'avoir droit à sa balade matinale. Joanne le harcelait de caresses avant de saisir sa laisse. Comme promis, elle laissa un mot à Jamie disant qu'elle était partie se promener avec le chien, n'ayant aucune idée de l'heure à laquelle elle allait revenir. Joanne avait encore besoin d'air, et Ben serait certainement ravi d'avoir une très longue promenade dans le parc, et à l'esplanade. Le ciel arborait de magnifiques couleurs, et l'air avait cette odeur de l'aurore, légèrement humide. Elle laissa décider Ben pour choisir la direction, et partir pour de longues heures de promenade.