epic tales of dishonour, betrayal and greed ft. Sheriff Hawthorne & Bosie her boy
Bosie rouspète et s’agite, Bosie peste et tempête. Bosie attaque sa virilité surtout, aussi le shérif lui réserve une grimace hostile, dévoile la dent d’or trônant sur une gencive assombrie par le tabac à chiquer. Il aime se dire que ça a fait son petit effet, se gonfle d’orgueil alors que l’albinos revient à de plus justes considérations : « Aight stay here, i’mma try and find a way out. » Il grogne en agitant ses bras épais comme des brindilles, s’attaque au feuillage avec la même ténacité qu’il réserve aux types qu’il décide parfois de ronger jusqu’à la moëlle après une partie de poker trop peu mouvementée. « Où veux-tu donc qu'j'aille?! » Qu’il ricane dans son dos, haussement dans les épaules et le rire aux lèvres cette fois. Parce que la scène lui rappelle la gueule de prune rabougrie de son cousin chaque fois qu’il l’appelle pour mettre fin au combat et emporter le scélérat, et il se réjouit de la voir se plisser plus encore lorsqu’il reviendra les bras tout chargés d’or. Mais pour ça, faut-il encore que son guide douteux trouve un moyen d’atteindre le trésor. « Eh, Bosie mon vieux comment c’est ti qu’ça s’présente ? » Il lance alors d’un ton plein de bonhommie, la lanterne au bout du bras, les yeux curieux fouillant l’obscurité à la recherche d’un éclat pâle indiquant la présence de son compagnon. Hélas, rien ne lui répond en dehors d’un bruissement suivi d’un hurlement menaçant dans son dos. Alerte, le shérif fait volte-face. Il n’a pas le temps de dégainer son colt que la face blanchie du bandit apparaît au milieu du feuillage. « Par tous les saints ! » « How the... how the fuck… » « Mais comment diable as-tu… ? » « I told ya not to move! » « And so I didn’t! » Harassées, leurs voix s’élancent et se croisent comme une pelletée de balles perdues lors d’un duel au petit jour. Toutefois, un grondement lugubre les interrompt avant que l’un d’entre eux ne parvienne à faire mouche.
La nuque raide, le shérif se retourne lentement vers la source du bruit. Ses yeux d’aigle sondent la végétation dense mais rien ne lui apparaît hors des ténèbres qui semblent se refermer autour d’eux, étouffant toute lumière y compris celle qui vacille encore faiblement entre ses mains. Inconscient, insouciant, c’est le moment que choisit le misérable ver maudit pour jaser et gesticuler dans son dos : « What’s the matter Hawthorne, scared of the big bad w- HOLY FUCK! » Il se coupe, s’étouffe sur son sarcasme, recule d’un pas, trébuche sur une racine, s’éclate contre son poitrail. « Allons, r’garde donc où tu fous les pattes ! » Il râle, le repousse d’un coup de poignet sec, tente de reconstruire sa masculinité ébréchée par ce contact rapproché. « What happened the fuck to your face?! » Qu’il réplique, insolent, insupportable. « Quoi ma gueule ? Qu'est-c'qu'elle à ma gueule ? » Les nerfs le lâchent, les poings rêvent de se refermer autour de sa chemise en lambeaux, en saisir les pans et l’agiter comme un prunier jusqu’à ce que les idées disparates se recollent comme il faut dans son esprit brumeux. Il n’en fait rien, les membres trop glacés pour se laisser emporter par cet accès de colère, le palpitant qui se débat entre ses côtes alors que l’instant lui dit de fuir cette forêt comme la peste. Partir vite. Partir loin. Et ne jamais revenir. Avant que ces lierres vénéneux ne s’entortillent autour de ses membres et n’empoisonnent son esprit, fondent ses pensées en mélasse visqueuse comme elles ont fait avec son acolyte. Mais voilà qu’il se redresse, le bougre, fixe ses petits yeux mauvais sur sa gueule et se lance avec bien plus de flegme qu’il n’en affichait quelques instants auparavant. « Just when I think ya couldn’t be uglier man… » Qu’il persiffle par ses naseaux, renvoie un éclat de colère salvatrice dans les veines chargées d’adrénaline du shérif. « Well what’s the matter Hawthorne, scared of the big bad w- AAAAH. » La même blague. La même chute, étonnement. Au fond, la forêt semble avoir un certain humour. Hawthorne en riolerait peut-être s’il ne sentait pas les cheveux se dresser sur sa nuque… et le poids du sacripant s’écraser dans ses bras.
Par réflexe, ses mains calleuses se referment sur ses jambes d’un côté et son flanc de l’autre. Le retiennent comme on étreint une damzelle en détresse pour l’éloigner du danger. La peur dans la gorge, il fait volte-face, tourne sur lui-même, tente d’apercevoir la menace qu’il pressent sans pouvoir la distinguer. Est-ce une bête sauvage sur le côté, ou bien un buisson franchement laid ? Et ce souffle nauséabond contre sa nuque vient-il d’une créature maudite ou bien d’un misérable marais ? Las de sonder en vain l’environnement lugubre qui les enrobe, ses yeux accrochent le profil aiguisé de son acolyte et c’est alors que l’offense se révèle pleinement à ses sens. « BIGRE DE BOUGRE ! » Qu’il jure en relâchant vivement son étrange paquet, qui vient s’écraser sur le sol dans un bruit mat. La colère accusatrice s’efface, remplacée par l’envie de l’asticoter un peu, asseoir sa supériorité en ridiculisant le réflexe honteusement féminin de l’albinos. « Eh bien ! T’as passé trop d’temps au lupanar mon gars ! Voir toutes ces donzelles t’rend aussi poltron qu’elles ! » Il se lance, glisse ses doigts dans sa ceinture, bombe le torse pour mieux laisser échapper le rire qu’il semble adresser à la cime des arbres. « Dis-moi, t’rattrapent-elles aussi quand la vision d’un rat t’jette ainsi dans leurs bras ? » Le rire enfle, les paume se place sur son ventre comme pour contenir l’hilarité qui cherchait à s’en échapper.
Jusqu’à ce qu’une clameur lointaine sinue entre les arbres pour se glisser jusqu’à eux. Chant éthéré, brise glacée, brume néfaste. beyond the path howling can be heard in the wind. down the path, lies the darkness, the forest of sin. Le souffle du shérif se bloque dans sa gorge et c’est une quinte de toux discrète qui accueille ses derniers ricanements. « Relève toi donc, enfin ! » Qu’il s’énerve, fait mine d’attraper son bras alors que le maudit cabri bondissait déjà sur ses pieds. C’est que la chaleur de son corps lui manque presque désormais, tout comme l’impression rassurante qu’il offrait en sa qualité de bouclier. « Trouvons c’maudit trésor et foutons l’camps avant qu'la nuit tombe ! » Les paumes moites enroulées autour de la crosse de son arme, il plisse les yeux, observe la verdure, cherche une ouverture à travers la nature. « Par-là. » Finit-il par grogner en désignant du menton un sentier sinueux qui se découpe entre les arbres centenaires. Prudemment, ils suivent le chemin qui semble apparu de nulle part, longent un ruisseau sombre dont ils ne devinent l'existence qu'au bruissement de l'eau et quand ils l'aperçoivent par à-coups, chaque fois qu'un éclat de lumière lointain traverse l’épais feuillage pour se refléter sur ses vaguelettes noires. The stream inside the forest, the river where victims bled, the stream of bloody tears, painted red… Susurre la voix à ses oreilles, glaçant son échine d’un frisson polaire. « Où c’est qu’il est, ton trésor ?! » S’emporte le shérif pour couvrir ces versets maudits et chasser la peur qui se répand comme le givre dans ses veines. Il a tout juste le temps de finir sa question qu’un rayon timide traverse la végétation pour aller se refléter sur un objet rond à quelques pieds de l’endroit où ils se trouvent, en amont sur le chemin. Les deux compères s’approchent d’un pas prudent jusqu'à ce que l’or étincelant projette une lueur de cupidité dans leurs petits yeux brillants.
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L'heure du destin a sonné:
Win : jouant des coudes, Hawthorne et Bosie se précipitent jusqu’à l’objet rutilant et l’arrachent à la terre dont il semble jaillir. Ce n’est qu’un simple bracelet, mais, guidés par la texture inégale du sol à leurs pieds, ils se penchent pour creuser la terre meuble jusqu’à découvrir d’autres objets de valeur enterrés, ainsi qu’une carte mystérieuse indiquant l’endroit où se trouve le plus gros du butin. Mitigé : Jouant des coudes, Hawthorne et Bosie se précipitent jusqu’à l’objet rutilant et l’arrachent à la terre dont il semble jaillir. Ce n’est qu’un simple bracelet, qu’ils se disputent avec une telle ferveur que le bijou leur échappe et va se perdre au cœur de la rivière. « Tu vois c’que t’as fait ? » Beugle le shérif, tout en maturité. Heureusement, la chance leur sourit et bientôt la lumière révèle un autre éclat doré. Ils se mettent alors à les suivre fiévreusement, remontant le sentier en essayant de tous les collectionner. Fail : jouant des coudes, Hawthorne et Bosie se précipitent jusqu’à l’objet rutilant et l’arrachent à la terre dont il semble jaillir. C’est alors que retentit un immense craquement. L’œil torve, l’homme de loi et le malfrat se regardent tandis que le sol s’ouvre sous leurs pieds. Ils glissent dans un amoncellement de racines et de rochers, leur choc amorti quelques mètres plus bas par un matelas fait de craquements et de tintements. Des os, des branchages, des pièces de monnaies ? Mais où peuvent-ils bien être tombés ?!
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
a confusion, la chamaillerie, l’épouvante, le saut peu judicieux. Un instant, les deux hommes restent silencieux, pétris d’effroi. Sondant la pénombre, le blafard oublie de cligner des yeux, le visage figé, il s’attend à voir un monstre assoiffé de sang surgir derrière chaque buisson lui paraissant soudainement douteux.
Mais rien ne se passe.
Enfin, c’est Hawthorne qui reprend ses esprits en premier : « BIGRE DE BOUGRE ! » qu’il s’offense, et Bosie veut tourner mollement la tête vers lui mais il n’en a pas l’occasion que déjà il se retrouve le cul par terre. « Ow » il se plaint, portant une main à son fessier endoloris. Cette vieille branche aurait pu le larguer plus doucement bon sang, ça fait un mal de chien ! « Eh bien ! T’as passé trop d’temps au lupanar mon gars ! Voir toutes ces donzelles t’rend aussi poltron qu’elles ! » « Kss » il siffle entre ses dents, un peu honteux maintenant qu’il y pense, lui-même surpris d’une telle réaction. C’est qu’on voit pas des démons tous les jours ! il tente de rationaliser. « Dis-moi, t’rattrapent-elles aussi quand la vision d’un rat t’jette ainsi dans leurs bras ? » « I ain’t afraid of no rat! » il grince, blessé dans son orgueil. Cela fait bien longtemps que Bosie ne va plus se réfugier dans les jupons des donzelles quand la peur l’envahie. Du moins, pas dans le sens où le shérif l’entend. Il lui ait déjà arrivé, cependant - et de façon plutôt regrettable - de jeter un drap sur Miss Shelby en plein coït et de la balancer sur le sol alors qu’il déguerpissait à toute allure dans l’couloir du lupanar, nu comme un ver. Mais c’était dans une volonté de sauver sa personne, rien de plus, il n’avait tout simplement pas pensé au reste. Pourquoi ne lui avait-elle pas dit qu’elle avait une nouvelle poupée ? Et pourquoi Diable l’avait-elle placé sur la table de nuit de façon à ce que ses petits yeux noirs vides et luisant croisent le regard de Bosie dans un tel pareil ?! Il avait eu la peur de sa vie ! Mais c’était une poupée pas nette, pas un simple rat. Il n’a pas peur de rats non. Alors son regard se fait torve et glisse vers le shérif. « … wouldn’t of jumped in yer sketty arms otherwise » et toc, c’est toi l’rat face de rat, Bien envoyé Bosie !
Il n’a pas malheureusement pas l’occasion de lire la fureur déformé les traits rabougris de l’homme de loi car un violent coup de vent vient les écheveler, accompagné d’une voix éthérée, faible comme un soupire, si basse que Bosie a du mal à distinguer ce qu’elle dit, ou même si c’est bien une voix démoniaque ou un tour de son cerveau fracassé. « beyond the path howling can be heard in the wind. down the path, lies the darkness, the forest of sin. » « What? » il dit tout haut, comme pour demander au spectre de s’exprimer un peu plus clairement. Puis comme il en a marre d’avoir le cul par terre dans les feuilles mortes et les racines, il saute sur ses pieds « Relève toi donc, enfin ! » grogne le shérif à retardement, comme une vielle pendule déréglée, ça lui arrive parfois. Bosie remet son chapeau en place, réajuste sa ceinture en cuir et regrette de ne pas avoir une brindille à glisser dans sa bouche pour parfaire son attitude de cowboy nonchalant en toute circonstance. « Trouvons c’maudit trésor et foutons l’camps avant qu'la nuit tombe ! Par là » décide l’autre d’une voix d’outre-tombe et Bosie hausse les épaules avant de le suivre. Il sait pas où aller non plus, alors nul besoin d’argumenter. Quand ça lui chante, il est plutôt bon pour suivre les ordres d'ailleurs – une des raisons pour lesquelles le shérif fait parfois appel à lui : s’il faut obtenir une information, Bosie l’obtient sans rechigner sur les moyens, aussi peu moraux soient-ils. D’aucun dirait qu’il y trouve même un certain divertissement. Bien sûr, la torture est souvent plus amusante lorsque vous n’en n’êtes pas la cible directe.
Les yeux sur ses pieds chaloupés, l’albinos suit le shérif le long d’un ruisseau apparu de nul part. Cet endroit est maudit, il le sent. Comme pour lui répondre, le vent soupire: « The stream inside the forest, the river where victims bled, the stream of bloody tears, painted red… » « Well blood’s already pretty red usually so no need to paint ‘em really » il remarque, perspicace. « Où c’est qu’il est, ton trésor ?! » le coupe Hawthorne, au bout du rouleau. Bosie veut lui demander « Why you asking me?? » avant de se souvenir que tout ceci est son plan grotesquement génial et qu’il est sensé savoir où se trouve le trésor. « Well it’s uh… » il commence, son cerveau tournant à pleine allure comme une locomotive fumante pour trouver quelque chose de malin à dire. Et soudain, Dieu lui vient en aide, éclairant d’un fin rayon de soleil un objet doré à quelques pas seulement d’eux. « Here » finit Bosie, fier de lui. Rapidement, les deux vautours se rapprochent de leurs proies, cupides, s’en léchant presque les babines, et s’emparent de leur précieux – se battant un peu au passage. Ils en sont encore à se bousculer quand tout à coup, un craquement tonitruant les fige sur place. Les deux bougres ont tous juste le temps de se jeter un regard vide que la terre s’ouvre en deux sous leur pieds et ils dégringolent, disparaissant dans le ventre de la terre.
« Motherf- » jure Bosie quand il heurte le sol. Il se frotte dans la tête et quand il rouvre les yeux, il se trouve né à né avec un crâne humain. « ’the fuck you looking at ? » Un rapide coup d’œil autour de lui lui apprend que ce qui a amorti sa chute est en effet un amoncellement de carcasses mais pas que ! Car entre les ossements… il voit briller des pièces d’or. « Wicked » il fait et commence à s’en mettre plein les poches, allant jusqu’à fouiller celles de ses camarades moins chanceux. C’est en sentant un squelette gesticuler sous ses doigts qu’il réalise que c’est Hawthorne. « Oh, you ain’t dead » il remarque avant de se redresser, attrapant néanmoins au passage le colt du shérif d'un geste discret et habile qu'il glisse ensuite dans sa propre ceinture l'air de rien. Il regarde en l'air, yeux plissé comme pour se protéger du soleil inexistant, main en visière. « Welp looks like we fell in the devil’s arse! If yer alive you gonna help me back up, come on grandpa » qu’il l’invite à se redresser, sans garanti bien sûr qu’il ne le laissera pas crever la gueule ouverte une fois en haut. « Viles intrus ! Vous avez échoué, maintenant, périssez ! » susurre le vent et Bosie frémit. « Sounds exactly like lady Jameson when she finds me with one of the girls » qu’il badine en donnant un coup de coude complice au sheriff. Ensuite il commence à lui marcher dessus « Ok so I’m gonna climp your shoulders and then I- damn man your bones are cracking like crazy, don’t fall to pieces eh? » il réalise cependant rapidement son erreur quand son regard est attiré par un mouvement derrière eux et, tournant la tête, qu’il voit de ses propres yeux blêmes les corps désarticulés se reconstituer de façon saccadés un à un pour se remettre sur pieds. « Oh fuck me… »
epic tales of dishonour, betrayal and greed ft. Sheriff Hawthorne & Bosie her boy
Le désespoir, les ténèbres, et soudain… l’or. Pur éclat de lumière au cœur de cette forêt maudite, de ces racines dévastées. Il brille dans ses yeux de vautours, réchauffent son poitrail encrassé par le sable et la sueur, la poussière et le sang. Les pensées ne se faufilent pas jusqu’à son esprit, seul l’instinct lui parle et son corps lui répond. La bouche écumante, il s’élance vers la croix rutilante, joue des coudes pour l’atteindre avant son compère, l’arrache à la terre dont elle semble jaillir. « Par tous les saints… » Il souffle, fasciné la splendeur des dorures serties de diamants. Ses ongles noircis se renferment un peu plus fort autour du trésor, ses bras cherchent à l’attirer un peu plus vers lui, un peu moins vers son compagnon, qui résiste pareillement. C’est alors que retentit un immense craquement. L’œil torve, l’homme de loi et le malfrat se dévisagent tandis que le sol s’ouvre sous leurs pieds. Soudain, le cœur remonte dans sa gorge et il glisse dans un amoncellement de racines et de rochers, jusqu’à s’effondrer quelques mètres plus bas sur un matelas fait de craquements sinistres et de tintements délicats. Engouffré par la pénombre, le shérif se redresse douloureusement, reprend son souffle, tâte le sol autour de lui dans l’espoir de raccrocher la réalité qui ne semble cesser de lui échapper. « Par tous les diables… » La voix blanche, le ton grave, les doigts tremblants alors qu’ils s’égarent parmi l’amoncellement d’os, de branchages et de pièces de monnaie. « ’the fuck you looking at ? » Lance le simplet un peu plus loin. « Le trésor, pardi ! » Il répond avec un soupir d’agacement, se redresse en étirant ses membres, s’inquiète de savoir si le craquement sinistre vient de ses lombaires ou bien des crânes qu’il écrase sous ses paumes. « Wicked » Que s’esclaffe son compagnon lorsqu’il comprend enfin où il se trouve. Ma foi faut tout lui dire… Le sourire dédaigneux et suffisant qu’il affiche sur son visage balafré s’efface lorsqu’il sent les longs doigts trop délicats de l’albinos remonter le long de ses jambes. Trop choqué pour hurler, il se contente de laisser toute son horreur se refléter dans le blanc de ses yeux tandis qu’un long tressaillement le parcourt. « Oh, you ain’t dead. » La remarque l’offense. Pas tant dans son contenu, mais par ce que cette révélation semble insinuer : que son compagnon n’a pas pris conscience de leur situation grâce à ses réflexions. « L’est pas né celui qui pourra m’buter ! » Il rugit sans réfléchir, ne réalise qu’après coup ce que ces tristes paroles laissent présager : que si un homme dans la force de l’âge ne peut guère l’anéantir, ce sera le destin d’un nouveau né. Peuh ! Il crache pour réprimer le frisson qui coule le long de son échine, ignore le malaise qui compresse ses poumons à la vision de ces affreux chérubins, leurs joues rondes et luisantes comme les poupées qui l’effraient.
Qu’importe, le blafard est trop simplet pour relever, tout occupé qu’il est à ses petites affaires. Tant mieux, qu’il fasse donc. Se dit le shérif, sans trop réaliser que c’est sa propre ceinture qui vient de se faire détrousser. « Welp looks like we fell in the devil’s arse! If yer alive you gonna help me back up, come on grandpa. » La légèreté s’échappe aussi vite qu’elle est venue. Le piètre paltoquet insinue-t-il qu’il devrait l’aider sortir en premier ? La belle affaire ! Pour c’est qu’tu m’laisses crever au fond du trou ? Qu’il voudrai persiffler en roulant sa moustache, pour bien lui faire comprendre qu’il ne tomberait jamais dans un tel petit stratagème. Il n’en a pas l’occasion. Vils intrus ! Vous avez échoué, maintenant, périssez ! Toujours cette voix désincarnée, cette malédiction plus claquante encore que le pâle écho qu’ils pouvaient autrefois discerner. La sueur perlant au coin de sa tempe, le shérif se dit qu’il n’y a pas pire menace que celle qu’on ne peut pas identifier. « Sounds exactly like lady Jameson when she finds me with one of the girls. » Inattendue, la remarque lui arrache un ricanement amical, fort bienvenu pour délier ses nerfs rongés par l’air lourd pesant sur cette forêt. « Ma foi, j'n’ai aucun mal à l’croire. » Complices le temps d’un regard, ennemis à l’instant où l’albinos prend ça pour une invitation à l’escalader. « Ok so I’m gonna climb your shoulders and then I- damn man your bones are cracking like crazy, don’t fall to pieces eh? » Et il s’exécute, le bougre, agrippe ses épaules, s’invite déjà sur ses cuisses. « YOU WILL DO NO SUCH THING! » Il postillonne dans un excès de fureur. Tout à son outrage, il ne remarque pas le changement dans l’atmosphère, n’entend pas les signes, la menace qui approche lentement…
D’abord, c’est Bosie qui s’interrompt. Maudite créature astrale aux sens aiguisés, le voilà qui scrute la pénombre de ses yeux violets. « Bosie, que voient vos yeux damnés ? » Qu’il l’interpelle pour tenter de garder un pied dans l’action. Mais il ne lui répond pas, se contente de s’écarter en lâchant un soupir défait. « Oh fuck me… » L’occasion est trop belle, la perche trop bonne pour ne pas s’en saisir et ainsi prouver sa supériorité. « Sans façons, non. » Un rire satisfait grogne dans ses narines, se transforme en sifflement inquiet alors que ses yeux repèrent enfin ce que ceux de l’albinos fixaient. Ils sont là, dans les coins sombres, sous les racines, squelettes maudits, vils envahisseurs… « Sorcellerie... » Un souffle estampillé de terreur, un soupir d’impuissance. Tremblante, la main du shérif cherche à agripper la crosse de son arme mais ne se referme que sur du vide. Le cœur tombe dans sa poitrine quand il comprend avoir perdu son colt dans la bataille. Alors d’un seul coup, il n’a plus de munitions. Un peu normal, avec la chute qu’ils ont fait… Son camarade ne sera d’aucune utilité. Il est seul au fond de l’oued. Sa poitrine est en feu, ses os sont en miettes, et sa gourde est à moitié vide ! Alors le shérif Hawthorne fait tout ce qu’un homme peut faire dans cette situation : il prie. D’abord parce qu’il n’y a que ça à faire, et ensuite parce que seul un miracle pourra le sortir de ce cauchemar. Un miracle… ou de la magie. C’est lorsque son regard illuminé se tourne vers le puit de lumière au-dessus de son crâne, lorsqu’un rayon scintillant éclabousse d’espoir les feuilles ternes et tâchées de sang que l’image de la bonne sorcière se matérialise dans son esprit. Hagardes, ses mains tâtent la petite bourse contenant les amulettes que la rousse lui a remises. Il n’en reste pas grand-chose, tout juste une gousse d’ail fort odorante et le bâton déjà à moitié consumé. Qu’importe, ces sorts l’ont déjà sauvé tant de fois par le passé. Galvanisé, il craque une allumette sur le crâne qui se redresse à ses côtés et entre ses mains la sauge s’enflamme. « AAAAHHH » qu’il beugle en brandissant sa seule arme. En face l’albinos n’a pas l’air rassuré… ni convaincu. « AAAAAHHHHH ! » Il s’acharne avec plus d’intensité encore, la gousse d’ail bien serrée au creux de son autre point levé. « ARRIERE REJETONS DE SATAN ! » Culot, charisme ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’un instant, les créatures d’os craquelant s’immobilisent. « BOSIE, RASSEMBLE LE TRESOR ! » Qu’il ordonne alors avec la conviction d’un général sur le point de remporter la guerre. Un sourire déforme son visage froissé. Son nez se plisse en grimace alors qu’il fait un pas en direction des squelettes, les provoque de ses amulettes, les nargue de son rire… jusqu’à ce que ce dernier s’enterre dans sa gorge dans un étranglement alors que lentement, les morts reprennent leur marche maudite pour les encercler.
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L'heure du destin a sonné:
Win : les squelettes s'amassent autour d'eux, mais quelque chose semble les arrêter. L'ail ? La Sauge, Hawthorne n'en sait rien mais il continue de les agiter sous leur nez, les yeux exorbités. Encore faudra-t-il trouver comment remonter... Mitigé : Les squelettes s'amassent autour d'eux, la menace se fait sombre, pesante. Et pourtant, quelque chose semble les retenir... bientôt, ils ne sont plus que le cadet de ses soucis, car sinuant comme un serpent, des racines sortent de terre et cherchent à s'enrouler autour de ses pieds. Fail : non vraiment, ils ont tout gagné ! Non seulement l'ail et la sauge ne sont d'aucune utilité, mais en plus voilà que des racines s'enroulent autour de leurs jambes, comme pour mieux les livrer à l'armée de maccabées. "VADE RETRO SATANAS!" il hurle encore une fois, redouble de signes de croix. Et s'il prie encore, c'est l'image de @Robin-Hope Berry qui traverse cette fois son esprit. La seule, il en est certain, qui pourrait rompre le sortilège et les tirer de là.
Dernière édition par Kyte Savard le Sam 9 Juil 2022 - 3:41, édité 1 fois
LE DESTIN
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ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
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Bosie, que voient vos yeux damnés ? » Nothing, they don’t work.
C’est ce qu’il aurait répondu, le p’tit malin, pas tant pour faire de l’esprit que pour exposer le fait non négligeable qu’il a jamais vraiment vu grand-chose le gamin. Mais aussitôt sa vision embrumée s’éclaircie et alors il les voit, les spectres désarticulés, il les voit très clairement se reconstituer devant eux dans des cliquetis sinistres comme pour se préparer à leur fondre dessus comme la misère sur le monde. « Oh fuck me » « Sans façons, non. » « like you could get it » Les adversaires sont dos à dos, encerclés, regardent la mort en face et pestent leur réparties cinglantes sans cligner des yeux. Figé, Bosie scrute les macabres délavés se rapprocher et il est incapable de bouger. Comme dans une transe, un rêve fiévreux, son visage voudrait se déformer, il ne peut même pas crier. Et puis soudain - “AAAAAAH” c’est le shérif qui gueule pour deux. Et il gueule tellement fort qu’il semble même faire flipper les revenants. Bosie tourne la tête vers lui pour le voir brandir les amulettes maudites et gueuler plus encore. Mad man… il songe, tout plein de respect. Et ça le revigore, Bosie, lui rappelle qu’il a volé l’arme de l’homme de loi et qu’il n’est pas sans défense face à tout ça ! Alors il dégaine le révolver et aussi sec il se met à canarder. « ARRIERE REJETONS DE SATAN ! » « GO BACK TO BEING DOG FOOD, BONE FUCKERS » Les coups de feu pétardent, le balles dégomment les ossements qui craquent et qui s’écroulent, Hawthorne gueule toujours « BOSIE, RASSEMBLE LE TRESOR ! » et Bosie finit par le repérer, là, dans les ténèbres, un objet rutilant et brillant non loin de là alors il se jette dessus pour s’en emparer, le glisser dans sa poche, et ça marche bon sang, ça marche ! Et puis… ça ne marche plus. Aussi virils soient-ils, les cowboys, leur puissance inopinée cesse bien vite de fonctionner et bientôt, les morts reprennent leur marche funeste - une odeur d’ail douteuse flottant dans l'air en prime. « Little witch didn’t help for shit! » il peste, ingrat. Et juste quand il pense que ça ne pourrait pas être pire, des racines surgissent du sol pour saisir leurs mollets. Alors il les canarde elles-aussi. Juste assez pour se libérer. Il tire sur les squelettes, il tire sur les ronces, il tire partout, et puis il n’a plus de munition, alors il balance le revolver, lève les poings, se jette dans le tas, attrape un mort, le balance sur un autre, mais un troisième lui bondit à la gorge, un quatrième, et un autre encore, griffent ses bras, son visage, arrache son épaule, le coule dans une masse d’ossement et de hurlements, il ne fait pas le poids, Bosie, arrive tout juste à jouer des coudes pour revenir auprès de Hawthorne en piteux état. Il n'y a plus d'issu. D’ici quelques secondes les abominables carcasses seront à nouveau sur eux, déchirant leur peau comme pour palier à celles qu’ils ont perdus il y a des années, brisant leur os, et les laissant pour morts, et puis ils rejoindront malgré eux cette armée de damnés, deux charognes de plus dans cette grotte à tout jamais enfermés. Il n’y a plus d’issu. Tout espoir est vain. C’est la fin.
Et puis…
Une corde se tend devant eux.
Bosie relève vivement la tête et plisse les yeux, aveuglé par la lumière éblouissante de la liberté. Il pense à Dieu qu'il leur viendrait en aide, à eux pauvres pécheurs, dans cette tornade de brume et de gouttelettes qui virevolte au-dessus d’eux. Mais ensuite ses yeux s'accoutume à la luminosité et au milieu de ce tourbillon magique apparait…. la petite sorcière de malheur ?! Que fait elle ici bon sang ? Et là sur sa tête, c’est…. un bonnet de bain ? Elle le retire prestement, réarrange maladroitement sa chevelure hirsute. Bosie ne comprend rien. « GRIMPEZ MESSIRE! » hurle-t-elle à la cantonade, rappelant le blond à de plus justes et urgentes considérations. Alors il ne se le fait pas dire deux fois, agrippe la corde, tente de s’élever et… ne bouge pas d’un pouce. Comme si une force mystérieuse l’attirait vers le bas. En un coup d’œil le blond réalise que cette force mystérieuse ressemble vachement à un Hawthorne cramponner à sa botte comme une moule à la roche. Mais non, il y a autre chose. Bosie est un jeune homme dans la force de l’âge, il parviendrait à grimper même dans ces circonstances, alors quoi ? « JE NE PUIS VOUS SOULEVER TEMPS QUE LE FARDEAU DE LA CORRUPTION PESERA DANS VOS CŒURS DAMNÉS ! » « HEIN ? » « LARGEZ L’OR TRIPLE BUSE !! » « AH! » Alors c’est ce qu’il fait, Bosie, il lâche l’or. Il était venu pour l’aventure de toute manière, trouvera bien d’autres façons de faire son blé. Là il pense surtout à sauver ses miches d’une armée de revenants affamés. Et puis, en sauvant la vie du shérif, il aurait bien mérité sa liberté, pas vrai ?
Spoiler:
Merci Robin pour ce sauvetage en beauté que ces lascars n'ont clairement pas mérité
epic tales of dishonour, betrayal and greed ft. Sheriff Hawthorne & Bosie her boy
« Little witch didn’t help for shit! » Rébellion dans son dos que le shérif étouffe dans l’œuf. « Surveille donc ton langage, vaurien ! » Bien envoyé, qu’il se dit. Il n’a pas le temps de savourer la pertinence de sa répartie qu’un serpent de bois sinue entre les cadavres et s’enroule autour de ses guiboles. « AH ?! » Il beugle, l’étonnement se mêlant à l’horreur que lui évoque cette nouvelle malédiction. Seule une détonation lui répond tandis que la racine poursuit sa progression macabre. Le son clair et familier plisse son œil et défrise sa moustache. « C’est donc TOI qui m’as donc détroussé sacripant ! » Il comprend alors en voyant l’albinos arroser les plantes de ses munitions scintillantes. Ça fonctionne pendant un temps, en brise quelques-unes et renvoie les autres sous terre. « Bosie, pars pas sans moi ! » Il appelle alors que le brigand se libère ; les yeux écarquillés d’épouvante, la bouche écumante de rage. Mais le malotru ne se retourne même pas. Avec la force de ses jeunes années, le voilà qui se fond dans la masse, affronte à main nues les squelettes qui s’empilent pour l’arrêter. Un instant, il semble sur le point de s’en tirer et cette réalisation comble Hawthorne de sentiments mitigés. Et puis son compère s’écroule sous le poids de tous ces cadavres. La lutte terrible continue au fond du trou, leurs voix se brisent contre les façades de terre humide, leur peau et leurs chemises se déchirent sous l’assaut des ronces tandis que l’armée d’os tente de briser ceux qui tiennent encore leurs membres. « VOUS M’AUREZ JAMAIS ! M'ENTENDEZ ? JAMAIS ! » Il fulmine, parce que sa colère, au fond c’est tout ce qu’il lui reste. Et alors que le shérif Hawthorne voit sa fin venir, son seul regret est de périr aux côtés de celui qu’il entendait exécuter, loin de la gloire et de l’or qu’il est venu chercher dans les entrailles de cette forêt.
Les ténèbres s’alourdissent, l’air se fait suffocant. Quand soudain… une corde. Une main terreuse devant son visage lacérée, l’homme de loi relève les yeux vers le haut du ravin, où brille maintenant une vive lumière. Miracle, c’t’un miracle… Il songe, prêt à prier sans toutefois savoir à quel saint se vouer. L’apparition se précise, tourbillon de couleurs et de fumée, bulles de savon holographiques chassant les ombres en surnombre. Et… ça alors, seraient-ce des paillettes qui viennent ainsi les saupoudrer ? Son visage reflétant la même stupeur que celui de son acolyte, le shérif voit une silhouette féminine se dessiner au cœur de la mêlée. Ça par exemple ! C’est la petite sorcière qui s’en vient ainsi les sauver, enveloppée dans une robe de chambre et la chevelure piégée dans un bonnet de bain visiblement cousu à la main ! Le nez retroussé, elle libère sa crinière et se refait une beauté, mais pas avant de leur hurler : « GRIMPEZ MESSIRE ! » La corde est trop loin d’Hawthorne pour qu’il puisse seulement songer à la saisir. Alors Bosie s’en empare à sa place et sans perdre une seconde le shérif s’empare de Bosie. De sa botte, pour être plus exact. Un sourire grinçant déformant son visage boueux, il attend la libération qui ne saurait tarder. Mais la corde ne bouche pas d’un pouce, et l’albinos non plus. Tant pis, Hawthorne préfère l’entraîner avec lui dans les affres puantes de ce trou maudit plutôt que de le regarder s’élever seul, les poches pleines du trésor qui lui était destiné ! « JE NE PUIS VOUS SOULEVER TEMPS QUE LE FARDEAU DE LA CORRUPTION PESERA DANS VOS CŒURS DAMNÉS ! » Qu’elle braille avec tout la passion contenue dans son petit cœur pur, la donzelle. « Allons, allons ! Gardes-donc tes réprobations pour quand nous serons sortis d’affaire, veux-tu ? » Il la raisonne avec une bonhommie doublée d’impatience. « LARGUEZ L’OR TRIPLE BUSE !! » Le shérif voit rouge. Toute trace d'amabilité effacée de son visage boursoufflé, il postillonne à volonté : « ET PUIS QUOI ENCORE ?! » Mais à sa grande surprise, Bosie cède aux caprices de la petite sorcière. « NON ! NAOOOON ! » Il s’ébouriffe, crache, grogne, persiffle, se tord sur lui-même mais ne peut se résoudre à lâcher la cheville de son ancien prisonnier pour tenter de rattraper les colliers d’or et de perle, les pièces rutilantes, les coupes serties d’émeraudes et de rubis que le bon à rien répand comme une semence. Peu à peu, les racines s’enroulent autour du trésor comme des squelettes persiflant et les ramène en son sein au creux de la terre. Soufflé, le Shérif ne trouve plus en lui l’envie de geindre ni de protester. Alors les bras contractés autour de la cheville malodorante de son compère, il se laisse traîner sur le sol jusqu’à ce que la bonté pleine de jugement de la petite sorcière les remonte lentement, hors du gouffre qu’ils ont bien failli devoir à leur tour garder pour l’éternité.
« Marchent pas du tout tes ptites niaiseries ! » Qu’il grommelle pour reprendre un genre de contenance, époussetant du plat de la main sa culotte toute crottée. Il sait bien pourtant qu’il leur doit la vie. A la sorcière pour avoir daigné quitter son bain afin de venir les sauver. A Bosie, dont l’envie de survivre a supplanté à sa propre cupidité. Au leurs pieds, la terre se referme dans un grand fracas et bientôt le silence pèse à nouveau sur la sombre forêt. « Eh bien, restons donc pas là ! » Il rabroue en rajustant sa chemise trempée de sueur et de sang, passe une main couverte de bagues dans ses cheveux frisotants. Pressé de quitter les lieux, il s’élance d’un pas assuré, ralenti finalement pour laisser la petite sorcière furibonde les dépasser. Car elle seule connaît les détours entre les troncs qui pourront les tirer de cette maudite forêt. Devant, elle grommelle des incantations pour éloigner les ombres menaçantes et les démons. Ou peut-être jure-t-elle tout simplement à l’encontre des deux crétins qui ont daigné la tirer de son bain. Toujours est-il que quelques minutes plus tard, les bois se font moins denses et l’air plus sec alors qu’ils débarquent à nouveau dans la lande aride de leur contrée. Par tous les saints, j’pensais pas qu’j’serai heureux d'la retrouver un jour, il songe. Les bras levés vers le ciel dégagé, il laisse un grand rire envahir l'espace et répondre à la nuée d’étoile qui semble les saluer. Et là, à quelques pas devant eux, de familière bicoques s’élèvent et dessinent les contours de Brisbane. A quelques lieues seulement, comme s’ils ne l’avaient jamais quittée. C’est alors qu’il comprend que la sorcière les a ramenés au bercail comme si elle sentait le poids que leurs aventures acharnées ont laissées dans leurs corps écorchés. C’est dans ce spectacle serein, la promesse de sa piaule et d'une sécurité si convoitée qu’il retrouve un brin d’affabilité. « Médème, » il lance pompeusement, un genou à terre pour se mettre à la hauteur de celle qui est venue les sauver. « J'vous dois la vie. Permettez-moi d'vous offrir un verre ainsi que l'souper. » Elle semble hésiter, puis accepte finalement, comme si la perspective de faire un tour en ville la ravissait. Surement qu’elle en profitera pour échanger quelques herbes et plus encore de ragots avec Dame Jameson… Mais bon, pour ce soir, le shérif se sent bien magnanime. Aussi se retourne-t-il vers Bosie pour l’interpeller. « Eh bien ! Qu’attends-tu donc pour nous suivre, maudit ? » Il le rabroue puis l’accueille d’un grand rire et d'une tape sur l'épaule pour l’entraîner vers la taverne du vieux port. Car ce soir, ils jouissent d’une amitié liée par l’aventure et le danger.
Demain… oui, demain il pourra à nouveau songer à la meilleure façon de l’exécuter.