Je passe très peu de temps avec Charlie en ce moment. A part quand je dors. Sinon soit je suis au boulot, soit je suis à l’hôpital. Levi est à l’hôpital. Ca s’annonce pas trop bien ces derniers temps et clairement y’a rien de plus important que ça. J’essaie de garder mon job quand même. Mais j’ai des aménagements en fonction des besoins. Lire ici, en fonction des examen et traitements de Levi. J’essaie de soulager Ariane comme je peux mais c’est pas simple. Elle laisse rien à personne. Elle gère tout. Moi j’ai mille truc dans ma tête ces derniers temps. Et surtout cette chanson que j’ai commencé à écrire y’a quelques temps. Je viens de la finaliser parce que la journée est calme au boulot. J’avoue ça me fait du bien d’avoir un peu de temps pour moi. Je suis grave fatigué et ça se ressent dans ce que j’ai écrit. J’ai pas réfléchit. J’ai pas envie de réfléchir. Je ressens comme ça et j’en suis assez fier. Même si je suis pas sûr que la personne de qui je parle sera ravi de ce que j’ai couché sur le papier. She’s chill. J’espère.

« And I won't miss you at all Cause I know at the end of the road We'll find signs leading underground And I won't miss you at all Cause I know at the end of it all We'll fall down to Hades. »

Installé sur le canapé avec ma guitare. Ca fait au moins cinq fois que je chante ce passage là parce que je suis encore en train de chercher quels seraient les meilleurs accords. Je fais une pause au milieu et je reprends la première ligne.

« Just cos I’m like you, doesn’t make it right… The devil takes its time. »

Moue pensive. Et puis je reprends, faisant la chanson entière avec un accord qui je pense va être le final. J’en parlerai avec Levi pour voir quand même. Si faut il va avoir une autre idée.

« Hey Charlie ! »

Je fronce les sourcils en entendant Jesus dire ça. Charlie ? Et je tourne la tête et effectivement elle est là. Derrière moi. Hmm.

« Hey ! »

Je suis content de la voir mais intérieurement je suis en panique un peu.

« You just arrived ? » Did you hear it all?

Elle attend penchée sur l’encablure de la porte tel un démon. Elle était venue dans l’espoir de pouvoir passer un peu de temps avec Kane, avec cette pensée folle que peut être il aimerait penser à autre chose que boulot - dodo - hôpital pour une fois, parce qu’il a vraiment besoin de faire une pause lui aussi. Peut être aussi qu’elle avait tout simplement envie de le voir et qu’elle est en train de s’inventer une ribambelle d’excuses parce quelle n’assume aucun de ses désirs. Le fait est qu’elle est venue à la caserne pour lui et que tout le monde lui a indiqué du bou du doigt où il se trouvait, parce qu’il n’y apparemment aucun moyen de se cacher ici. Au moins elle aura reconnu sa voix à travers les couloirs, faible mais bien présente, toujours mélodieuse à ses yeux. Elle l’écoute recommencer les mêmes paroles encore et encore, intriguée. Elle ne connait pas cette chanson mais si elle vient de Kane alors elle l’écoutera avec attention. Ainsi donc, l’encablure de la porte semble être le parfait endroit pour l’écouter sans le déranger, lui dont la tignasse blonde l’a bien trop aisément trahie. Ses sourcils se froncent et ses bras se croisent maintenant qu’elle peut parfaitement entendre les paroles. Sa position finit par être trahie et elle sourit doucement à Kane qui se retourne quelque peu paniqué. Elle avait carrément l’air d’une voyeuse, ouais. Et lui il a carrément le regard d’un garçon qui faisait quelque chose de mal.
Cela n’empêche pas Charlie de venir se rapprocher de lui, déposer un baiser dans ses cheveux en même temps qu’une main vient s’y glisser. ”More or less, yes.” Plus less que more, mais il l’aura compris tout seul. Elle laisse sa main glisser et se poser près de son coeur alors qu’elle s'accoude en même temps au dossier du canapé. "It's awful. And beautiful, ... but still awful." Magnifique parce que c’est lui, parce que c’est mélodieux, parce que c’est bien écrit. Horrible parce que c’est justement trop bien écrit, trop réaliste, trop y’a-quelque-chose-qui-cloche-Charlie-enclenche-tes-neurones. Et peut être qu’elle ajoute un plus un dans sa tête, ces paroles qui résonnent tel un écho et son regard qui n’était pas vraiment contente de sa présence sur les lieux. Oh. Elle lance un regard à celui qui vendu sa présence, lui suggère très fortement l’idée de les laisser seuls en montrant la sortie d’un signe de la tête. "Maybe I’m too self-centered or whatever, but did you write that? Does it have something to do with us? Is that what you really think?" Même pas qu’elle s’énerve, qu’elle change de ton pour autre chose de doux et de mielleux parce que même si la réponse à tout ça est “oui” alors elle ne lui en voudra pas. Elle ne peut pas lui en vouloir pour ce qu’il pense, surtout quand ça se rapproche bien trop de la réalité, même si ça lui fait mal de l’admettre. Elle dépose un nouveau baiser dans ses cheveux, ferme les yeux l’espace d’un instant pour humer son parfait. "Didn't even say hi, sorry. Hi, babe."

« More or less, yes. » Ca veut dire non. Elle a entendu. Elle a entendu et je peux le lire dans ses yeux. Mais elle a pas l’air en colère. Elle m’a embrassé aussitôt. Elle s’est attaqué à mes cheveux. Love it. Elle s’est assise à côté et maintenant elle a sa main sur mon torse. J’aime tout ce contact. Elle s’en va pas. « It’s awful. And beautiful, … but still awful. » C’est la pure vérité. Les chansons les plus horribles sont les plus belles. Elles traitent tellement honnêtement de certains sujets, de certaines situations que c’est super triste, c’est totalement horrible. Trop vrai ça fait trop mal. J’ai un sourire triste parce qu’elle a compris. Elle a tout compris. C’est à elle que je pensais en chantant. Je vais déposer un baiser sur son visage. Elle jette un coup d’oeil à Jesus et ça me fait beaucoup trop sourire de la voir le virer sans un mot. Et que ça marche surtout. « Maybe I’m too self-centered or whatever, but did you write that? Does it have something to do with us? Is that what you really think? » Et nous y voilà… Mais elle a l’air ok. Juste curieuse. Ce qui est compréhensif. Elle m’embrasse les cheveux, et je ferme les yeux. « Didn’t even say hi, sorry. Hi babe. » Elle est trop chou. Je réouvre les yeux et je vais déposer un baiser sur ses lèvres.

« I’m sorry it’s awful… I know… It’s the first song I write since… » Since Wendy is gone. « It’s been a while I didn’t write anything and I think that’s really good. »

Genre vraiment et ça fait un bien fou de se sentir doué. Mais je sais que dans quelques jours je vais revenir sur la chanson et je vais juste la trouver ok. Pas ouf. Juste passable.

« I’m not yet ready on the guitar but it’s looking good. It’s sounding good. I will finalize it with Levi when we can… »

Pas avant un long moment je pense. Je sais pas. C’est compliqué à prédire l’avenir de son état. C’est dur. Pour lui. Pour moi. Pour tout le monde. Mais surtout pour lui.

« I kinda take it as a compliment that you say it’s awful. »

Parce que j’ai beaucoup de mes chansons préférés que je qualifie de même et c’est les meilleures chansons du monde.

« And yeah it’s about us… »

Je suis sûr que j’avais pas besoin de le préciser mais ouais, autant mettre les mots sur tout. Elle sait que je pense qu’elle va me laisser tôt ou tard. Faut relancer le let’s break Kane cycle. Elle le sait. Je le sais. Ca va arriver. J’espère juste que ça arrivera quand on aura 80 ans et que je serai brisé par ce qu’elle aura donné son dernier souffle dans son sommeil. I dream I know.

Ses yeux se ferment le temps qu’il dépose un baiser sur son visage car c’est au moins quelque chose qu’elle saura toujours apprécier, peu importe le contexte ou l’énième dispute dans laquelle ils se seront catapultés. Elle savoure encore plus quand un autre baiser se téléporte sur ses lèvres, quelques dizaines de secondes plus tard. La blonde souhaite seulement être là pour lui ce soir, aucune dispute, aucun mot plus haut que l’autre, aucun regret. C’est tout ce qu’elle souhaite parce qu’il mérite des moments de répit. « I’m sorry it’s awful… I know… It’s the first song I write since… » Since what ? Ses yeux interrogent, inquiets, alors que le seul “since” auquel elle pense est l’annonce de la maladie de Levi. Du cancer. Parce que faut poser les bons mots sur les bons maux. Mais ça a l’air plus ancien, de ce temps où elle ignorait totalement son existence, de ce temps où elle n’avait aucune idée qu’un être comme lui vivait dans la même ville. Elle a l’impression de parler de quelque chose qui remonte à des années pourtant ils ne se connaissent que depuis quelques mois. Trois. Peut être quatre, si on étire, si on exagère. « It’s been a while I didn’t write anything and I think that’s really good. » Un sourire naît simplement sur son visage et elle hoche la tête. C’est horrible, ça l’est encore plus parce que ça parle d’eux, mais c’est réellement beau. Bon. Et son jugement n’est pas altéré parce qu’il est son petit ami. Pas sur ça. Elle lui a dit de bien plus horribles choses et si elle avait pensé que quelque chose aurait pu être amélioré (venant d’elle, celle qui n’y connait absolument rien en musique), elle l’aurait dit. Ce n’est pas le cas, elle laisse seulement sa main remonter jusque dans ses cheveux et son coude se poser sur l’épaule du pompier.

Le sujet dévie lentement mais sûrement vers Levi et elle ne dit rien. Il en sait plus qu’elle. Elle n’a pas les mots pour le réconforter, elle ne sait pas faire ça quand les choses la touchent elle aussi. Il n’est pas son meilleur ami mais elle l’apprécie énormément et cette tête de con a intérêt de s’en sortir, il n’a pas intérêt à être le premier domino qui se casse la gueule. Mais ce n’est sûrement pas ce que Kane veut entendre, surtout pas qu’elle insulte son meilleur ami dans sa tête avec tout l’amour qu’elle lui porte - paradoxal, cette histoire. ”It really was kinda a compliment.” Les meilleures chansons de ce monde sont les plus horribles, c’est bien connu. La plupart des gens ne prennent pas le temps d’en comprendre les paroles et chantent à tue tête un gloubi-boulga incompréhensible, mais pas Charlie. ”I’m sorry if I make you feel like this, Kane.” Elle est désolée mais elle ne cherche pas à le contredire, parce que maintenant elle a finit par comprendre que tous ses doutes sont fondés et qu’ils ne sont peut être pas faits pour durer. Ils sont là l’un pour l’autre en ce moment car ils en ont besoin mais tôt ou tard ils finiront par prendre leur propre chemin, et peut être même que cela se fera naturellement d’un commun accord, comme le font les adultes. Elle dépose un baiser sur sa tempe, ne relâche toujours pas ses cheveux pour autant. ”I don’t like the And I won't miss you at all cos I, I’m gonna miss you. If anything happen, I’m gonna miss you. That’s why I don’t want to become a stranger to you ever again. I mean it. Just remember I’ll always be there for you, ok ?” In one way or another, et ça sera another. Ca sera another parce qu’elle a couché avec Tim, parce qu’elle l’a supplié de la reprendre et qu’elle n’est sa petite amie que parce qu’il a refusé. Ca ne change rien au fait qu’elle aime Kane à sa manière, mais ce n’est sûrement pas la bonne. Pas la manière dont ils aimeraient s’aimer tous les deux.

« It really was kinda a compliment. » Elle est trop chou de faire la précision. Je vais déposer un baiser sur ses cheveux because I can. Because I love her. « I’m sorry if I make you feel like this, Kane. »

« It’s ok, don’t worry. »

Pourquoi je dis ça ? C’est pas totalement ok mais je veux pas la quitter, elle me quitte pas non plus. For now. Ouais. Mais c’est ça qui importe. Le moment présent. Je m’accroche à ça tous les jours. Levi est toujours là. Je suis toujours en couple. Ari’s arm still broken. It’s healing. Mais ouais. J’ai hâte du jour où elle a plus ce plâtre. Son tour à elle d’embrasser mon visage. Je ferme brièvement les yeux parce que je suis fatigué en plus de tout. Qu’elle soit là, ça m’apaise et du coup je m’en rends plus compte. « I don’t like the and I won’t miss you at all cos I, I’m gonna miss you. » I’m gonna miss you too. « If anything happen, I’m gonna miss you. That’s why I don’t want to become a stranger to you ever again. I mean it. Just remember I’ll always be there for you, ok ? »

« You say that like if you know it’s gonna happen soon… It’s weird. I don’t like that feeling. »

Je sais pas du tout si j’ai juste c’est juste ce que je ressens là et apparemment j’ai décidé de dire mon ressenti. C’est la meilleure chose à faire en réalité. C’est juste pas facile en fonction des gens en face mais avec elle, j’y arrive. C’est ce qui me convainc vraiment qu’elle est the one for me. But am I the one for her ? Nope. Y’a grave tout qui part en morceaux dans ma vie en ce moment, ça m’étonnerait pas que ça se termine maintenant elle et moi. Do I want this? Sonner would be better than later.

Quelque chose ne va pas. Personne n’a encore paniqué, personne n’en est venu à des conclusions extravagantes. Personne n’agit normalement. Enfin si, peut être Kane. Il est doux, il est mignon, il est parfait. Charlie l’imite très bien elle aussi, avec une force qui ne lui ressemble pas. Elle n’est pas partie dans des excès à cause de la chanson et c’est sans doute à ce moment qu’il fallait se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Comme quand elle lui a dit qu’elle gardait le bébé : elle était restée impassible. Incapable de démontrer tout ce qu’il se passe à l’intérieur d’elle. C’est encore la même chose maintenant, et ce n’est sûrement pas une bonne nouvelle. « You say that like if you know it’s gonna happen soon… It’s weird. I don’t like that feeling. » “Dont like it either.” Elle le déteste parfois quand il fait ça, quand il est trop franc et qu’il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Certaines choses devraient rester cachées parfois, ou au moins à la surface pour que tout le monde détourne le regard. C’est très bien comme ça. Ca aurait été très bien comme ça.

”What do you want to do ?” Do you want to break up with me ?

Question même pas piège. Elle est aussi perdue que lui et n’importe quelle décision semblera être la bonne. Ils parlent de leur rupture comme quelque chose de certain et peut être qu’elle a déjà arrêté de se donner à 200% dans leur couple. Elle peut donner 200% à Kane, mais pas à eux. Il avait raison. Depuis le début, il avait raison. Elle avait fermé les yeux, tenté d’y croire, prié assez fort pour que peut être ses vœux finirent par s’exaucer mais y’a pas à dire ; la religion c’est toujours autant de la merde. Jamais là quand on a besoin d’eux, ça rend la vue à des aveugles alors qu’elle aimerait la perdre parfois. Au moins elle ne verrait pas Kane devenir triste, parce que bien sûr qu’il le sera. Elle l’est déjà, en tout cas, parce que pour une fois elle ne va pas supplier personne de la garder. Pour une fois il se pourrait qu’elle agisse en tant qu’adulte responsable, et c’est vraiment difficile à faire. Heureusement que pour le moment encore elle peut continuer à perdre ses doigts dans ses cheveux et embrasser sa tempe. Encore. Parce que c’est ce que font les personnes qui sont en couple, et que peu importe ce qu’il se passe aujourd’hui elle voudrait toujours avoir le droit de le faire. Elle voudrait toujours avoir le droit d’écouter ses confidences, de partager son lit, d’être là pour lui, de l’enlacer et de l’embrasser. No matter what. Please.

« Don’t like it either. » Elle le ressent aussi. C’est pas bon. J’aurai préféré qu’elle me rassure mais elle a tout autant besoin que moi d’être rassuré. On est pareil. « What do you want to do? » Je fronce les sourcils à sa question. Me ? C’était elle qui avait l’air d’être sur le point de faire quelque chose. C’était elle qui venait de me dire qu’elle allait me quitter mais qu’elle voulait rester proche malgré tout. Et je la vois dans son regard. Je la vois sa question silencieuse. On parle de rompre depuis toujours. I do. Ouais. Elle le sait tout autant que moi que ça va arriver et c’est horrible. Je veux pas. Mais c’est inévitable.

« Maybe we should break up so we stop talking about breaking up. »

C’est complètement fou mais ça fait sens aussi.

« We’re friends and we happen to have sex… often. Why can’t it be as simple as that? »

Je me rends compte du flot de mes pensées en même temps que je les dis. Je sais pas si c’est possible ça. Je la quitte pas des yeux.

« Do you think we can do that ? Just say that we’re friends ? Cos we are. »

Je me mordille la lèvre inférieure.

« Would it mean we can see other people ? I don’t want to but… I guess if you… I don’t know… We’re friends. And we have sex. »

Je suis légèrement perdu dans mes pensées que je dis à voix haute depuis quelques minutes là. Aucune idée si c’est une bonne idée mais clairement, ça sera impossible qu’on break up si on est pas ensemble. Does it mean she is a roomate ? Will she bring people to fuck in my own bed? On en est pas encore là dans la conversation mais très clairement je vais en parler très vite si elle compte voir d’autres personnes.

Son coeur s’arrête un instant. « Maybe we should break up so we stop talking about breaking up. » Et elle souffle longuement. Ok. C’est dit. Il l’a dit. Il a oublié d’y mettre les formes, comme toujours, mais au moins c’est clair. Y’a le mot clé en rouge, en capital et en gras. Souligné, même. Taille 79. Ils rompent. Et même pas que personne crie, que personne pleure (pour le moment), même qu’elle ressent encore ce droit de garder cette main dans ses cheveux et de continuer à le regarder avec ce même doux regard. L’idée de Kane est folle pourtant elle avait la même. Elle avait juste trop peur de lui faire du mal, de devenir un des rouages du Let’s break Kane’s cycle et elle refuse d’en faire parti. « We’re friends and we happen to have sex… often. Why can’t it be as simple as that? » La version courte c’est sexfriend, donc. Sans toutes les fioritures, c’est bien ce qu’il faut comprendre. Et ça aussi, elle est d’accord avec. Ils ne font que se mentir à eux même depuis le début alors qu’ils pensent et veulent la même chose. Peut être même qu’elle aurait pu garder Tim près d’elle si elle ne s’était pas obstinée à s’aveugler elle même. ils sont des adultes, ils peuvent gérer, ils peuvent faire une séparation propre sans effusion de sang. ”It can be. As simple as that.” Cos that’s what we’re gonna be, right ? Please. Elle veut le garder proche de son corps et proche de son coeur, qu’importe que ça la fasse toujours rire comme une enfant quand il parle de sexe comme de la météo. Mais oui. La réponse à tout, c’est oui. Oui ils peuvent faire ça. C’est ce qu’ils font since day one, juste qu’ils rendent tout beaucoup trop compliqué. Les amis ont le droit de s’enlacer, ils ont le droit de se dire qu’ils s’aiment parce que y’a qu’un seul mot mais plusieurs je t’aime et que tout le monde comprend la différence. Rien n’est obligé de changer, ils ne sont pas forcés à rester dans ces carcans qu’ils se sont imposés trop rapidement. Peut être même qu’elle se sent soulagée, maintenant. « Would it mean we can see other people ? I don’t want to but… I guess if you… I don’t know… We’re friends. And we have sex. » And we have sex, qu’il insiste, qu’il écrit sur des banderoles, qu’il entoure de gyrophares, qu’il colorie à la peinture réfléchissante. Peut être qu’elle a compris le message, oui, maintenant. Heureusement qu’elle n’y voit rien de vexant à ce qu’il le répète parce qu’elle le connaît et qu’elle désire la même chose, parce qu’il aurait sûrement vite fait de prendre des gifles du reste de la population de l’Australie. ”I think it can mean whatever we want it to mean ? We can see who we want and … even if you don’t want to right now, I’m ok with that. Not gonna transform in a psychopath one more time, I swear.” Ouais, elle l’a bien emmerdé avec ses ex. Heureusement qu’il a pas eu le droit à la crise de jalousie au présent pour un regard perdu, parce qu’elle est encore pire dans ces moments là. ”The “and we have sex” part seems pretty clear, yeah. And the friends part.” C’est nouveau de rompre avec quelqu’un mais de toujours vouloir rester avec lui, in one way or another. Elle a ses yeux plongés dans les siens et tout ce qu’elle désire c’est son bonheur, raison pour laquelle elle le délivre de leur whatever the fuck they are/were. ”I can move out if you want. I can stay home if you need. It’s a tricky part on the deal so … I don’t know. Tell me.” Les amis ne dorment pas dans le même lit. Mais tous les amis n’ont pas leur meilleur ami à l’hopital et l’autre en état de décomposition avancé parce qu’elle ne connait pas ses limites. Peut être qu’il voudra inviter d’autres filles et qu’il lui dira d’aller voir ailleurs, et là ça sera très gênant, mais sinon elle reste. Pour lui. And they have sex. Boucle bouclée.

« It can be. As simple as that. » Elle est d’accord. Ok. Je sais pas si je suis content ou pas en fait. Parce que j’aime pas le côté non exclusif. « I Think it can mean whatever we want it to mean ? We can see who we want and… even if you don’t want to right now, I’m ok with that. Not gonna transform in a psychopath one more time, I swear. » Je sais même pas à quoi elle fait référence parce que le terme est beaucoup trop fort à mon sens. Mais je connais ça. Elle est autant drama queen que moi. « The ‘and we have sex’ part seems pretty clear, yeah. And the friends part. » Je crois que y’a une partie qu’elle a pas trop compris quand même. « I can move out if you want. I can stay home if you need. It’s a tricky part on the deal so… I don’t know. Tell me. » Je fais « non » de la tête parce que j’ai réfléchit là entre le moment où j’ai lancé cette idée et maintenant. J’ai mieux formuler mes mots dans ma tête et je m’en veux d’avoir parlé de voir d’autres gens parce que c’est pas du tout ce que je veux.

« You are not moving anywhere. »

Je me redresse dans le canapé, mon bras autour d’elle pour mieux la maintenir contre moi. Ma main bien posée sur elle. Do you feel me ? Mes yeux plantés dans les siens.

« I mean more in… Anyone in a relationship should be friends. What is the point if you are not friend with your lover ? »

Lover. C’est ce qu’on est. On peut être lover sans être en couple ? Officiellement? We can be whatever we want I guess…

« Would you want to see other people ? »

Parce que ça c’est le point important.

« I really don’t. You are enough for me. »

You are too much actually. Parce qu’elle est plus qu’un. Elle est deux. Ça me fait toujours autant chier cette histoire mais y’a quand même beaucoup de chances qu’elle fasse une fausse couche avant le terme. Croisons les doigts. Je suis horrible. I don’t care. She can’t hear my thoughts. Nobody knows. Parce que j’ai parlé de ce gosse à personne et ça commence à me peser.

« You are not moving anywhere. » Ca la rassure. Beaucoup. Elle était prête à plier bagages s’il lui demandait mais ce n’est pas vraiment ce qu’elle voulait, elle. C’est tricky, c’est compliqué, c’est sans dessus dessous comme situation … et ça leur ressemble tellement. Surtout, elle ne veut pas le laisser seul, elle ne veut pas qu’il rentre après d’innombrables heures sans dormir et que personne ne soit à ses côtés dans le lit. Elle veut pouvoir l’embrasser sur l’épaule ou sur la joue ou n’importe où parce qu’elle gardera les yeux fermés, mais au moins elle veut pouvoir lui prouver qu’elle ne mentait pas et qu’elle continuera à être présente pour lui. Dans son lit, dans sa vie. Elle se rapproche un peu plus de lui en même temps qu’il la serre à nouveau contre elle et ça non plus elle ne veut pas le perdre. Elle veut toujours pouvoir le serrer contre elle, même quand il n’y aura pas de raisons. Peut être que maintenant elle commence à tout comprend, à être moins sereine. Ca semble réel, maintenant. Charlie se doute bien qu’ils ne se comprennent pas sur le “friends” dont ils parlent - qui ne semble pas être le même, mais au moins il utilise un autre terme sur lequel il ne peut pas avoir de malentendu. Amant. Ok, deal. Si c’est le nom qu’il veut donner à leur relation alors ça lui va, elle signe n’importe où, n’importe quoi. Friend, sexfriend, lover. Ok. Tout, elle prend tout. Elle ne dit rien mais hoche la tête en signe d’approbation, sa tête toujours plus proche de la sienne, leur nez qui se touchent presque.

« Would you want to see other people ? » Et là ça bloque. Là ça va grincer des dents. Là elle va dire des trucs qu’il ne veut pas entendre. Elle le sent alors qu’elle ferme les yeux un instant, mord ses lèvres entre elles, serre la mâchoire. Sa main arrête un instant de jouer de ses cheveux et son poing se referme. « I really don’t. You are enough for me. » Il est si parfait, ça la tue. Pourquoi est ce qu’il ne l’insulte pas ? Au moins tout aurait été terminé, comme avec John. Non. Non, elle ne veut pas ne plus pouvoir lui parler. Elle ne veut pas ne plus avoir le droit de poster dix mille photos de lui sur son instagram. Elle ne veut pas le perde, tout court. Someday he’s gonna be somebody’s enough.

”I …” Ses mots qui se perdent, la tension qui monte déjà. Ok. Il va paniquer. Il panique déjà. Ca y est, elle le sent. Reviens Jesus, parlons de chats dans les arbres et de mamies imbuvables. Tout sauf ça. S’il te plait. ”I don’t want to see other people.” (buuut) Qu’elle insiste sur le want, parce que c’est bien plus fort que ça. Ca n’a plus rien à voir avec un simple désir, un simple caprice. ”If the father comes back, you know I’ll be with him.” When. When he’ll be back. Parce qu’il a promis de revenir. Tim ne ment pas. Il n’en a pas le droit.
Elle revient déposer un baiser sur sa tempe, le laisse durer un certain temps, ferme ses yeux. ”It’ll never mean you’re not enough. Cos you are.” Elle le pense. Et elle l’aime. Fort.

Et elle doute. Elle répond pas tout de suite. Elle ferme les yeux et mon coeur se serre. Il se brise pas. Already broken. Franchement je le savais depuis le début pourquoi j’ai une réaction malgré tout ? Je suis trop con. Elle bute sur les mots et elle le lâche enfin. Le truc que je savais déjà qu’elle allait dire. « If the father comes back, you know I’ll be with him. » Fucking hate that motherfucker. Mais je savais. Et ça fait pas aussi mal que ça aurait pu. Elle est là maintenant. Elle est dans mes bras et elle m’embrasse moi. Pas lui. « It’ll never mean you’re not enough. Cos you are. »

« Bullshit. »

Je la crois tellement pas. Je suis trop résigné.

« I knew that from the beginning. You’ll go back to him. »

Mais mon bras se serre autour d’elle, ma main bien collée sur son corps. Do you feel me? Et j’ai une pensée complètement conne qui me vient, mais tout à fait logique et tangible. Et comme j’ai pas de filtre avec Charlie malgré qu’elle continue à me caresser dans le sens du poil avec du papier de verre. Elle devrait juste être honnête elle aussi et pas me dire que je suis enough quand clairement je le suis pas.

« If I put a baby in your belly next year. How will you pick ? »

Je suis un gros bâtard mais je veux savoir. Parce que j’en ai marre d’être le second choix. I’m gonna be it. Je le sais and that’s ok. Je suis résigné. Vraiment. Pourquoi ça changerait ? Ça a toujours été comme ça. Y’a pas de raison. Continuons. J’ai pas le cancer, c’est pas grave. Je suis en bonne santé. C’est pas grave. Je vis et je suis le premier choix de personne. C’est pas grave. It’s killing me tho.

« Bullshit. » Ses lèvres ne quittent pas sa peau. Please. Fais pas ça. Prend pas ce chemin là. Rend pas tout encore plus compliqué que ça ne l’est déjà. Please. Elle souffle et ses yeux se ferment encore plus, sa main pousse encore plus sa tête vers elle. Ils avaient réussi à ne pas s’en vouloir de rien pour le moment, pourquoi est ce que tout finit par mal tourner à un moment ou à un autre ? Pourquoi est ce qu’ils n’arrivent jamais à être sains ?

« I knew that from the beginning. You’ll go back to him. » Elle pose son front à la place de ses lèvres. Ok. Elle peut pas nier ça. Elle aime pas son ton, mais elle ne peut pas nier. Elle le savait aussi. Tout n’a toujours été qu’un concours de circonstances pour eux et contre Tim. Le destin les a relié mais son coeur avait un avis contraire, c’est vrai. Elle ne peut pas lui mentir sur ça, surtout pas parce qu’il sait pertinemment ce qu’elle pense réellement. Ce qu’elle ressent réellement aussi. Ils en reviennent au point de départ, à eux deux qui veulent pas s’accrocher mais qui le font quand même, qui se disent d’affreuses choses mais qui ne se quittent finalement jamais. ”I’m not with him right now.” Parce qu’il ne le veut pas. Mais c’est un détail qu’elle omet de transmettre à Kane. Il n’a peut être pas besoin de tout savoir non plus. Ce qui est vrai, au moins, c’est que c’est lui qu’elle voulait voir. Lui et personne d’autre. C’est à lui qu’elle pense quand il rentre toujours plus tard que prévu, qu’il est mal, qu’il va pas bien.
Il lui dit des choses qu’elle ne veut pas entendre et continue de la serrer toujours plus. Been there, done that. Même cercle vicieux. Encore. Toujours la même chose. Tant qu’elle l’a près de lui, elle peut accepter beaucoup (trop). « If I put a baby in your belly next year. How will you pick ? » Même pas qu’elle rit, parce que cette phrase la prend trop de court. Sérieusement, Kane ? Sérieusement ? On va rigoler de ça, maintenant ? ”You don’t want a baby, Kane. I’m not a hatchery either.” Elle ne s’énerve pas et son ton reste simple, clair. Comment lui faire comprendre que même s’il n’y avait pas eu d’enfant elle serait retournée vers le père, seulement en lui donnant un autre nom ? Parce que ça, là, ces quelques mots … Ca va le tuer. Encore. ”What are we doing ? We can’t break up and be jealous at the same time ... I won’t be with him tomorrow or the day after. I don’t know what’s gonna happen. Don’t blame me for something I can’t control. Please.”

« I’m not with him right now. » Yeah. Ca je le sais. Ca je me le répète. Elle a raison. C’est vrai. Au jour le jour. Carpe Diem. Je peux mourir tous les jours. Faut profiter. Faut pas trop réfléchir. Je sais. Je le fais autant que je peux. Mais je réfléchis quand même beaucoup trop. Elle est toujours contre moi et je la garde tout autant collé à mon corps. Parce que je l’aime trop. Parce que je veux qu’elle m’aime aussi fort. Je veux qu’elle me mette en premier. « You don’t want a baby, Kane. I’m not a hatchery either. » Damn right I don’t want a baby. I want to kill this one already. Elle fait chier à pas vouloir me répondre. Too hard to say. Parce que la réponse c’est pas moi.

« What are we doing ? » You tell me.
« We can’t break up and be jealous at the same time… » Watch me.
« I won’t be with him tomorrow or the day after. I don’t know what’s gonna happen. » True.
« Don’t blame me for something I can’t control. Please. »

« I won’t. But you not replying says it all and I knew the answer already. »

Je suis résigné. Je suis jamais le premier choix pour personne. Je sais. Pourquoi ça changerait ? Ça change pas. Ma main bien sur elle. Do you feel me? Et mes lèvres qui vont sur son visage.

« I’m sorry I’m an ass… I’m just sad I’m never the first choice. But you’re with me right now and that’s all that matters. Cos I love you. I really do. And I want to be with you even if you’ll leave me for him the second he is back. I don’t care. I have you now. »

Ca c’est ma tête qui dit tout ça. Mon coeur il est en train d’être piétiné encore un peu plus.

« I'm a sad ass. »

And I'm cute af.

Le couteau qu’il passe dans les flammes, qu’il fait chauffer à blanc avant de venir enfoncer encore et encore dans la même plaie béante. « I won’t. But you not replying says it all and I knew the answer already. » Elle sent bien ses lèvres qui se posent sur son visage mais ce n’est plus assez. Il sait qu’il a la réponse depuis le début, il veut seulement l’entendre le dire de sa bouche à elle et c’est difficile. Autant difficile que quand elle lui a demandé de prononcer à haute et intelligible voix qu’il n’avait pas confiance en elle. Aussi difficile que ça, parce qu’ils se renvoient la balle comme deux imbéciles et que ça lui brise le coeur. Ce n’est pas parce qu’elle est celle qui a plus ou moins engagé cette discussion que ça ne lui fait rien du tout ; au contraire. ”It says it all.” You knew. You know. Since day one.

Son discours la tue encore parce qu’il fait sens. Chaque mot n’est que réalité. Il n’était pas le premier choix et il ne l’est toujours pas, pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. Elle s’est accroché, elle a fait face aux tempêtes, elle l’a vraiment aimé. Mais c’était trop lui demander. Le monde entier était contre elle, ce bébé ne penche pas en sa faveur non plus même s’il a finit par l’accepter (en apparences au moins). ”We’re two sad ass then.” Elle a été un ass aussi, c’est pas nouveau. Elle a vraiment été horrible. Il lui a tout pardonné, lui aussi. Il lui a pardonné même cet enfant alors qu’elle même ne l’accepte toujours pas. Il est un sad aussi beaucoup trop parfait pour elle. ”He may never come back. I’m a sad ass and a fucking bitch and some people can’t forgive everything.” Lui donne pas d’espoirs, Charlie. Fais pas ça. Surtout pas. C’est mal. Ca tue, l’espoir. Ca tue à petit feu, c’est le pire. ”I do love you too, in one way. Never lied about that.” Sa main passe de l’autre côté de ses épaules et elle vient entourer son cou en même temps qu’elle laisse enfin sa tête se poser sur sa clavicule, près de lui. Toujours. Ses yeux se rouvrent enfin, perdus dans le vide. ”You never were my second choice. The whole thing was just too complicated for me. Couldn’t handle. Still can’t. I’m sorry, I still think you deserve someone better.” Sa main caresse le haut de ses épaules, son cou, sa mâchoire.

« It says it all. » Mais ça me rend quand même triste qu’elle soit pas autant sans filtre que moi. Je suis vraiment si sensible que les gens ont peur de me dire les choses directement ? Je risque de pleurer si ça fait trop mal, ou de crier, mais je peux l’encaisser. Je suis grand. J’arrive à me recanaliser sur les choses qui me barrent la route ici et là. C’est moins facile comme ça mais personne n’a la belle vie. Pas les gens que je connais en tout cas. Et certainement pas Charlie. « We’re two sad ass then. » Yeah we are.

« He may never come back. » Don’t do this.
« I’m a sad ass and a fucking bitch and some people can’t forgive everything. » If you’re talking about him I’m happy he can’t.
« I do love you too, in one way. » Take back the last three words please. They hurt.
« Never lied about that. » Never lied in one way.

Je crois que je me suis tendu ou quoi, parce qu’elle se cale un peu plus contre moi et je suis faible. Je suis quand même content qu’elle soit dans mes bras à moi et pas à lui.

« You never were my second choice. » Stop lying.
« The whole thing was just too complicated for me. Couldn’t handle. Still can’t. I’m sorry, I still think you deserve someone better. »

Un rire triste sort de mes lèvres.

« I’m gonna die waiting for that person. »

Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi j’ai visualisé si clairement Ariane dans ma tête après avoir dit cette phrase. Je préfère faire genre j’ai pas remarqué. Alors que si. Everyone knows I love Ariane. Ouais mais là c’était genre… Love. Avec un grand L. It always has been.