« même si nos vies sont casse-gueule on ne seras plus jamais seuls »    lucia whitemore & adèle shephard

---

---

Il semble évident que Adèle a toujours été cette poupée frêle, s’attirant à outrance les problèmes, sans jamais rien regretter, comme si la seule chose qu’elle saurait regretter c’est de ne rien faire. Ainsi, s’endetter pour les beaux yeux d’un homme, ou encore aider à une évasion ne l’a jamais vraiment effrayée, elle la passionnée en tout genre. Pour autant, elle n’a jamais connu de rupture l’ayant brisée, parce qu’elle a cette faculté de toujours pouvoir se relever. Peu importe le temps que ça lui prendra, ou l’énergie que ça lui demandera, avec ses proches qui ont toujours été là pour l’épauler, même la pire des ruptures, elle y est parvenue haut la main. Elle ne s’en souvient même plus, parce qu’elle repart aussitôt en selle, sans se soucier des rumeurs ou de ce qu’on prétendra d’elle. Peut-être n’a t’elle pas encore rencontré le bon, c’est ce qu’elle pense parce que la petite fille en elle qui rêve d’un beau chevalier venant bousculer son quotidien et perturber sa tranquillité n’a pas dit son dernier mot. Tout le monde le sait, Adèle est une grande rêveuse, qui plonge droit dans les emmerdes dès qu’elle le peut, et tant pis pour son aîné qui tente en vain de calmer ses ardeurs, personne ne sait la stopper avant de la ramasser à la petite cuillère. Lucia en a déjà fait les frais, et qui sait si un jour ça ne se reproduira pas de nouveau. Parce qu’elle n’est pas vraiment rancunière Adèle, pas du genre à rendre les coups, inutilement. Elle est sociable, trop sociable et sa joie de vivre finit comme un réel rayon de soleil dans cet univers souvent grisâtre. « C’est qui ? Tu l’as connu comment ? » Qu’elle demande, alors que Adèle cherche à fuir son regard, peut-être ses questions. Elle tente tout pour arriver à en savoir plus sur lui, en vain, il est mystérieux l’Italien. Comme si il se contentait de peu, voire de rien. Elle savait si peu sur lui qu’elle pourrait certainement pas combler la faim de son amie. « Je sais peu sur lui, tu sais, je l’ai rencontré lors de mon traitement… » Elle n’avait pas envie de parler de l’association beauregard, Lucia était capable de remuer ciel et terre pour prévenir Hannah de la surveiller là-bas. De veiller au grain sur elle, et Hannah capable d’en parler à son amie Noa, la directrice. Alors que Adèle a toujours démentie devant elle, plus encore et elle n’était pas prête à ce qu’elle lui fasse la morale comme si elle n’était qu’une gamine écervelée s’entichant du mauvais garçon, rêvant d’un truc qui n’arriverait jamais. « Fais attention à toi quand même. » Elle hausse les épaules, bien sûr comme toujours, elle se ménagera… « Comme toujours, » qu’elle répond avec un certain naturel qui pourrait déstabiliser les autres car ceux qui la connaissent suffisamment savent bien qu’elle ne fait jamais gaffe, que son cœur d’artichaut s’emballe souvent trop vite. Et qu’elle ne répond plus de rien, enfin la Adèle avant la maladie était comme ça, parce qu’aujourd’hui, la vérité c’est qu’elle refuse de l’admettre. Elle refuse de franchir le pas comme si une partie d’elle avait perdue confiance ou cherchait à se punir d’être malade. De ne plus être cette ancienne nana pétillante sans risque. Le sujet de conversation plaisait largement moins à Adèle que précédemment même si elle avait cherché à changer de conversation. Ne plus parler de l’Italien c’était déjà un bon début, mais venir à la conversation des Whitemore n’était pas non plus un truc qu’elle appréciait forcément. « Fallait pas que ça t’éloigne d’eux. Maman serait ravie que tu viennes manger à la maison tu sais. Et Gabrielle ravie d’avoir de tes nouvelles. » Elle hoche la tête, elle savait déjà tout ça Adèle et elle se sentait mal. Parce que sa famille n’y était pour rien mais à cette époque, Adèle n’avait pas eu le courage de les affronter. Pas dans ses circonstances, pas quand la seule personne qui nous manque c’était elle, cette meilleure amie Lucia. Bien sûr, elle aurait pu prendre le train ou l’avion partir à Sidney et cherchait dans chaque ruelle, chaque bâtiment son amie. Remuer ciel et terre pour la retrouver et partager quelques moments avec elle. Adèle aurait pu mais n’a jamais franchi le cap, laissant les regrets devant elle sans vouloir réellement les affronter. Peut-être que cela lui aurait permis de retrouver son amie, davantage si son copain du moment l’en empêchait, mais tout ceci Adèle l’ignorait, et encore aujourd’hui. Elle avait préférait se contenter de l’image que Lucia avait choisi entre l’amitié et l’amour en choisissant un homme qu’elle ne connaissait à peine. La détestant en partie, ne voulant plus entendre parler de celle qui a partagé toute son enfance, son adolescence. Quand elle était là, tout allait bien pour Addie, et à présent qu’elle avait fuie, qu’elle l’avait quitté, son monde s’écroulait petit à petit. Le bonheur d’hier n’était plus tel aujourd’hui, et Adèle avait fini par l’accepter. « Je sais tout ça Lucia, mais la vie est parfois pas drôle… » Et elle en sait quelque chose Adèle. Elle soupire en hochant les épaules, elle ne pourra jamais revenir en arrière, quoi que dise quoi que fasse son amie. « Les relations ? Non, c’est bon, j’ai besoin de respirer, et j’ai besoin de le faire seule. » Elle relève son regard sur Lucia, que voulait-elle dire ? Elle avait compris qu’il s’était passé quelque chose avec son ancien petit ami, mais elle ne savait pas à quel point. « Lawrence me manque aussi. On efface pas trois ans comme ça, » elle sourit et elle imagine sans trop de difficulté qu’on efface pas toute ses années en un claquement de doigt, même si elle, elle y arrive elle n’est jamais parvenue à s’attacher aussi longtemps à un garçon, ils n’ont étés que de passage, court, bref, la passion s’est envolée aussi vite qu’elle a prise Adèle. La passion est éphémère et au fond la jeune fille espère qu’un jour elle pourra le vivre. Vraiment… « Je sais que c’est pas toujours évident Lucia, mais je suis là, si t’as besoin… » Elle sourit légèrement avant de poursuivre, « et si il y a besoin que mes petits bras aillent lui régler son compte, tu me le dis ! » Qu’elle avoue, prête à en découdre pour l’honneur de son amie, bien que Adèle ne ferait sans doute pas le poids, elle a le caractère et le mental pour ça, c’est évident ! Elle ne recule pas devant ça, la jolie Shephard. Toujours à vouloir protéger les autres, ceux qui comptent vraiment pour elle et qui ont une place spéciale dans sa vie. « Pas encore, mais ça va venir, j’ai mis des annonces un peu partout en ville, je trouverais bien quelqu’un, je suis pas difficile. » Adèle n’en doute pas vraiment, elle sait que son amie n’est pas chiante et est plutôt facile à vivre, si elle n’avait pas été déjà en colocation, elle lui aurait proposé de venir avec elle ou si il restait une petite place elle serait venue avec eux. « En tout cas si tu as envie un soir ou deux de sortir du cocon familiale, le canapé à la coloc est confortable apparemment. » Qu’elle avoue, doucement, elle savait que personne à la coloc ne lui en tiendrais rigueur. « Je travaille à nouveau au Pelican’s depuis que je suis rentrée. Mais c’est à temps partiel, et c’est à Bayside. Si je veux quitter le nid il faut que je trouve quelque chose en ville, et quelque chose de mieux payé. » Si ça fait un petit moment que Adèle a pris cette décision c’est surtout pour laisser un minimum d’intimité à son aîné. Elle ne pouvait que la comprendre, « je pourrais toujours t’aider à chercher un truc, on ira voir les petites annonces… » Qu’elle avoue doucement, alors qu’un infirmier revient dans la pièce, observe la poche un instant, en se tournant vers Lucia. « Je vais vous demander de sortir un instant, votre amie reviendra vers vous dans quelques instants… » Lucia obtempère se lève, et quitte la petite pièce. « A nous maintenant, » qu’il dit en se tournant vers Adèle, elle sourit, il retire la perf, « nous t’avons préparé quelques cachets à prendre. Tu connais le refrain maintenant mais j’insiste, faudra prendre tes précautions ses trois prochains jours, pas d’effort physique hein… » Elle hausse les épaule, lassée d’entendre toujours le même discours, après quelques minutes de repos, elle se relève, récupère la boite de médoc et prend son sac en sortant de la pièce. « Il se répète toujours celui-là ! » Qu’elle dit en tirant la main de Lucia, voulant quitter l’endroit. Elle observe la salle d’attente, pas de frère aîné dans les parages, elle se retourne vers son amie, « ça t’embête si on va boire un truc au bar de l’hôpital, j’ai besoin de m’asseoir… » Elle avait certainement dû se relever trop rapidement bien qu’elle avait essayé de prendre ses précautions.

« même si nos vies sont casse-gueule on ne seras plus jamais seuls »    lucia whitemore & adèle shephard

---

---

Adèle n’est plus cette gamine que Lucia a quittée il y a deux ans, précipitamment. Mais si elle veut garder ce masque, cette distance, tout fond littéralement dès lors qu’elles se retrouvent toute les deux dans la même pièce. Adèle est vulnérable. Non pas parce qu’elle est attachée à un fil qui relie une poche à son corps, son bras en l’occurrence. Non pas parce qu’elle est malade, et qu’elle ne sait même pas si elle finira l’année vivante ou bien si elle pourra continuer avec toute cette vivacité qui lui est propre, de rester dans la société de son horrible patron, Soren. Elle est vulnérable parce qu’elle ne pensait pas que revoir après toute ses mois d’absence, presque deux ans, Lucia, sa Lucia la déstabiliserait comme ça. Naïvement, elle pensait l’avoir mise dans un coin de sa tête, et de son cœur, fermé à double tour, loin de ce qu’elles ont vécues toute les deux. Des rires et des joies qu’elles ont partagés, quand elles n’étaient que deux gamines à parler de garçons, à rêver de ce que toutes les nanas de leur âge font. Elle ne pensait pas – ou ne voulait pas voir ce manque que lui a procuré l’absence de cette meilleure amie. Elle avait envie de la rejeter, elle avait envie de reculer, et à contrario, aussi étrangement, de lui tendre sa petite main, timide et nerveuse et de la serrer contre elle. A jamais, pour l’éternité. Il ne lui restait plus qu’elle, maintenant que sa maman – et confidente était partie rejoindre l’autre monde. Son cœur se serre comme à chaque fois qu’elle y songe. Elle était sa petite princesse, la seule qui lui manque si profondément. Elle aimerait pouvoir dire à Lucia qu’elles doivent tout effacer. Et tout recommencer. Mais elle ne parvient plus à prendre les bonnes décisions et elle préfère rester sur sa réserve, c’est encore la meilleure chose qu’elle puisse faire. Le sujet est lancé et Adèle fait tout pour l’esquiver. A défaut de lui en dire trop, elle pourrait faire en sorte sans intention méchante, rendre la tâche plus complexe à Adèle, qui tente par tous les moyens de tendre une main à Nino, pour qu’il se confie davantage à elle. Pour qu’il s’ouvre un peu plus. Solitaire, souvent grincheux, elle arrive pourtant de jour en jour à percer cette carapace rigide, à entrevoir autre chose qu’il veut laisser paraître. Mais elle ne pouvait rien dire à son amie, pas trop en dévoiler sur son identité, davantage parce qu’il n’y a rien, et qu’il n’aura probablement jamais rien d’autre qu’un désire éphémère. Elle, elle connaissait assez Lucia pour savoir qu’elle ne voudrait pas de mal à une mouche, mais en revanche, sa sœur travaillant à l’association, c’était trop risqué. Elle se pince la lèvre inférieure, trouvant refuge ailleurs que dans les yeux de son amie. Une amie gênée à présent que la conversation se dérive peu à peu sur elle. « J’ai jamais dit que… » Elle la connaît Lucia, elle croit la connaître du moins et elle n’aime pas voir ça d’elle. Jamais elle n’acceptera qu’elle se renferme sur elle comme elle le fait à cet instant, et encore moins face à elle. Adèle relève brutalement et sans ménagement son regard, fronçant les sourcils, montrant par ses signes son désaccord soudain, pire que ça même. « Laisse tomber, tu le connais pas. Dis pas ça. » Elle ne comprend pas, et eut un moment de recul, si elle n’avait pas été attachée à cette perf, elle se serait sans doute lever pour accentuer cette incompréhension. Pour taper du doigt sur la table comme elle sait si bien le faire quand quelque chose la dérange, la perturbe. « Me dit pas que tu l’aimes encore… Elle met les deux pieds dans le même plat Addie, parce que sa copine c’est ce qui a de plus précieux pour elle, et tant pis que Lucia s’énerve contre elle ou qu’elle ne veuille plus la voir, elle ne compte pas lui dire qu’elle a raison ! Je le connais pas, mais je crois que c’est mieux comme ça ! » Qu’elle répond la rancune tenace, de lui avoir volé deux ans de son amitié avec son amie. Pour Adèle, il n’avait que profiter de la gentillesse de Lucia, et les avait séparés. Il lui fallait un responsable à Adèle comme toujours. Et elle avait décidé que ce serait lui, tant pis pour Lucia ! « T’en fais pas pour moi. Je me débrouillerai, et puis il y a pire. » Elle hausse les épaules, tournant le visage dans l’autre sens, serrant ses doigts. « Merci Addie. » Ses quelques mots lui permettent de tourner son regard légèrement vers son ancienne amie, soupirant sans aucune satisfaction réelle. Elle est butée Addie, quand elle a un truc en tête, c’est perdre son temps que de vouloir la faire changer d’avis. Comme quand elle a un truc à dire, elle ne parvient jamais à le garder pour elle. C’est une vraie passoire qui se laisse influencer par l’ambiance, par ses sentiments, par ce qu’elle ressent. Une passionnée comme on en voit jamais, et cela serait mentir de dire que Lucia ne la reconnaîtrait pas à cet instant. Elle reste silencieuse à présent, encore perturbée par ce que ressent son amie pour cet homme visiblement pas de bon égard pour elle, Adèle ne sait rien de cette histoire mais le fait est que Lucia n’a jamais souhaité lui dire réellement la raison qu’elle est partie, puis celle de son retour, ne lui laisse rien présager de bon. Et puis un infirmier rentre dans la pièce, les coupant et Adèle soupire presque de soulagement lorsque Lucia lui tourne le dos pour sortir de la pièce. C’était trop intense, trop lui demander tout ça alors qu’elle devrait rester dans le calme. Mais la jeune femme avait bien trop compté pour elle par le passé pour que cela ne la touche pas ainsi. Finalement après de longues minutes, la porte s’ouvre sur la silhouette de la jeune Shephard et elle ne met pas longtemps avant de retrouver Lucia pour quitter cet endroit. Elle ne lui laisse guère le temps de se ressaisir qu’elle lui récupère sa main pour la tirer avec elle, loin de ce couloir maudit qu’Adèle reverra très prochainement. Exténuée par tout ce déroulement et par l’ambiance qui a régnée ses dernières minutes entre les deux jeunes adultes, Adèle a besoin de s’asseoir à nouveau, et rien de tel au bar du hall pour le faire, en attendant son frère. Il allait d’ailleurs en entendre parler, parce que même si dans le fond, elle en remerciait (peut-être), il n’empêche qu’il ne devrait plus jamais recommencer ce genre de piège ! « Oui bien sûr. » Elles prennent l’ascenseur pour descendre au rez-de-chaussée de l’hôpital. S’installant à la première table qui s’offre à elles. « La même chose, merci. » Juste un jus de fruit bien frais. Lucia demande, curieuse. « Tu es en colocation du coup ? Avec des gens que je connais ? » Elle réfléchis que peu de temps avant de sourire. « Ils sont adorables, je suis là-bas depuis septembre 2018. Il y a quatre autres nanas et mon cousin. Je suis pas certaine que tu les connaissent forcément à part le cousin. » Qu’elle avoue avant de la rassurer, « tu verras ça te change la vie les colocations, nous il y a presque toujours quelqu’un… » Même si celle de Lucia allait sûrement être plus petite que la sienne.

« même si nos vies sont casse-gueule on ne seras plus jamais seuls »    lucia whitemore & adèle shephard

---

---

Elle se retrouve assise à côté de celle qui a été importante presque toute son enfance, tout son adolescence et s’aperçoit à cet instant, qu’elle ne sait plus rien d’elle. Qu’elle ne connaît pas aussi bien Lucia comme elle aimerait le prétendre, qu’elle ne sait plus rien d’elle, plus ce qui la chagrine, plus ce qui l’émeut. Plus ce qui la motive. Adèle Shephard est une femme qui agit toujours pour le bien des autres, elle est douce et elle n’a aucune once de méchanceté, si on est quelqu’un de correcte avec elle et avec ceux qu’elle aime. Et cet homme, celui-là même pour lequel le cœur de sa meilleure amie ne cesse de battre malgré la distance, malgré les peines de cœur, malgré cette colère que Lucia ne parvient pas à exprimer ou cette peur et cette peine, ne s’est pas comporté comme il l’aurait dû. Adèle n’en a aucune preuve, mais à voir la réaction de Lucia, qui cherche à apaiser les tensions, qui cherche à rassurer maladroitement son amie lui révèle que cet homme est loin d’être sain pour elle. Et pas encore oublier. Elle l’observe un moment, silencieuse, le cœur qui bat, cherchant des raisons de ne pas le maudire alors qu’elle ne sait rien de lui, mais le fait est de voir Lucia dans cette situation la peine, et la rend obstinée. Et ce n’est pas bon pour Adèle, elle n’a pas forcément besoin de ça, et pourtant comme sa seule bouée de sauvetage, elle préfère s’occuper de ce genre d’histoire qui lui permet d’effacer ses craintes, sur cette maladie. Ses peurs grandissantes de ne jamais trouver la paix. « On peut pas tous oublier les gens comme ça, en un claquement de doigts tu sais, Addie hausse les épaules, ne cherchant même plus son regard, comme si elle était en train de se faire réprimander par sa mère d’une énième bêtise. Mais qu’importe ce qu’elle lui dit, ou ce qu’elle pense, Adèle n’a pas dit son dernier mot, et quoi qu’en pense Lucia, elle finira par accepter la vérité et son aide. Elle ne lui laissera pas le choix car elle est déjà partie une fois elle ne la laissera pas une énième fois répéter les mêmes conneries. Même si elle doit s’énerver, même si elle doit paraître sévère ou qu’une dispute éclatera entre elles ! Bien sûr que je ressens encore des choses pour lui. On est restés ensemble trois ans Addie, et ça ne fait que deux mois. » Maladroitement Adèle avait prononcé des mots qu’elle ne pensait pas, bien sûr qu’elle était encore attachée à lui, qu’elle pourrait avoir ce petit pincement au cœur en revoyant les photos. Adèle est suffisamment romantique pour savoir qu’il est parfois difficile de se détacher des autres, même si jusqu’à preuve du contraire, Adèle Shephard n’est jamais vraiment tombé amoureuse de quiconque et qu’elle n’a dont pu jamais vivre le grand amour, celui qui donne des frissons, néanmoins elle souhaiterait un jour le vivre. Elle ferait tout pour cet homme, sans une once d’hésitation mais peine à savoir si elle finira par le rencontrer avant sa sentence. « Je suis désolée, c’était pas ça que je voulais dire… » Et elle voulait dire quoi au juste ? Qu’elle est encore jeune, belle et qu’elle a tout l’avenir devant elle. Le même charabia qu’on lui sort et dont elle lève les yeux, jamais vraiment satisfaite Adèle. Et quand l’infirmier débarque, elle reste quelques instants avec lui alors que Lucia sort. Addie retarde le moment où elle doit retrouver son amie, trop difficile, trop d’émotion. Elle est sans doute fatiguée, épuisée par ses heures dans ce lieu sans connaître réellement ce qui l’attend après. Elle se pose des centaines de questions et ne trouve jamais de réponses. « Si tu le dis. » Assise à présent face à Adèle, Lucia hausse les épaules sans vraiment croire ce que lui dit son amie visiblement, encore troublée du sujet de conversation précédent, où Adèle n’avait depuis quasiment pas ouvert la bouche, ni sa meilleure amie. « C’est vraiment cool l’indépendance… » Bien sûr qu’elle le savait déjà Lucia, mais bienveillante, Adèle fit néanmoins un léger sourire rassurant. « Tu te sens mieux qu’après la première fois ? » Qu’elle demande et Adèle comprend bien que c’est au-delà du physique. Elle comprend que c’est suite à leur conversation de la dernière fois. « ça va pas trop mal. » Elle relève la tête et voit au loin son frère qui arrive vers elles, « Adri, revient… » Qu’elle dit doucement à Lucia, alors que son frère se trouve juste derrière le dos de Lucia, à présent. « T’es bête, je voulais lui faire peur… » Qu’il avoue le sourire jusqu’aux oreilles avant de demander, « comment ça s’est passé vous deux ? » Adèle perd un peu son sourire, haussant les épaules, qu’attendait-il ?

« même si nos vies sont casse-gueule on ne seras plus jamais seuls »    lucia whitemore & adèle shephard

---

---

Adèle ne parviendra jamais réellement à comprendre, à apprivoiser cette Lucia, qui refuse de voir les choses en face. Cette Lucia qui se mettrait à dos ses amis et sa famille juste pour défendre ce genre d’homme, que Adèle refuse d’avoir près d’elle. Elle aimerait tant faire entendre raison à Lucia, lui dire qu’elle vaut mieux que tout ça, qu’elle est son amie avant tout. Avant tout, et surtout ça. Qu’elle est prête à l’aider, à se couper en quatre pour qu’elle arrête de le considérer comme tel. Mais c’est peine perdue, elle le voit dans son regard. Qu’il a encore une emprise sur elle, comment, pourquoi, Adèle n’en sait encore rien, mais elle connait suffisamment Lucia pour penser qu’un jour, elle finira par tout savoir. Mais elle s’y refuse, elle ne parvient plus à trouver ce réconfort auprès d’elle, ou son regard compréhensif dans le regard de Lucia. Elle n’y parvient plus et Adèle préfère contre toute attente, préfère lâcher l’affaire. Se renfermer sur elle-même, ne plus rien dire, si ce n’est ce haussement d’épaule et ce regard qui appuie celui de Lucia. Comme si un bout du puzzle lui manquait, indéniablement. Un bout pourtant important, et sans cela, elle ne pourra rien faire pour l’aider. Pour l’épauler, et ça la chagrine beaucoup, à tel point qu’elle détourne ce visage, refusant que son amie voit en elle ce qu’elle aimerait montrer. La douce armure de Lucia pour les soirs de tempête, comme autrefois. Comme depuis toujours, peu importe qu’elle est frêle, pas très épaisse et ses bras pas très longs Adèle était prête à recueillir ce rôle de protectrice dans la vie de son amie. La seule aussi importante, la seule avec cette place aussi ancré. La seule en qui elle serait capable de pardonner. « C’est rien. » Elle finit par sourire légèrement, avant de laisser sa place quand l’infirmier rentre et lui demande de sortir. Cette tension, même lui, la ressent, elle refuse de la voir sortir, cette vulgaire d’impression qu’elle part de sa vie. Une énième fois. Et c’est pourtant ce qu’elle montre dans son attitude, Adèle était perdue elle-même. Elles finissent par se rendre dans un petit bar à l’entrée de l’hôpital, la jeune femme a besoin de boire quelque chose de frais, la bouche déjà sèche, et de s’asseoir, un peu. Elle tente de ne rien montrer mais c’est assez éprouvant et plus encore, de se retrouver face à une personne qui a autant compté pour elle, une idée de Adri encore. Ce qu’il peut être chiant son aîné quand il s’y met ! Même si ça partait d’un bon sentiment qu’Adèle lui en voulait plus sur le principe qu’autre chose. Son aîné était toujours inquiet pour elle et avait besoin de la savoir épanouie, peut-être a t’il pensé que Lucia pouvait l’aider. « Oui, pour ça j’ai hâte. Revenir à la maison après y avoir gouté, c’est loin d’être facile, même si mes parents restent faciles à vivre. » Assise sur la chaise en face d’elle, Adèle joue avec son verre, pas très à l’aise, alors que les mots et la discussion précédente avec son amie se répétait inlassablement dans sa tête et qu’elle n’était pas prête à faire table raz de cela. Elle aimerait pouvoir dire la même chose, si ils étaient encore en vie, peut-être penserait-elle la même chose, pour autant elle comprend très bien ce que veut dire Lucia, elle aussi avait décidée de quitter l’appartement de son aîné. « Ce sont des perles… » Elle ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’affection pour eux, un sourire sur les lèvres, avant qu’elle le perde devant cette question. « Tu me le dirais si ça n’était pas le cas ? » Doit-elle être honnête ? Si bien que Adèle tente de la rassurer maladroitement, parce que la vérité, c’est qu’elle ne sait pas elle-même. Si le fait que Lucia soit restée autant de temps près d’elle, si ça peut changer la donne. Elle hausse les épaules, sans savoir si elle lui dirait ou pas, et son silence parle pour elle, aussi elle relève son visage, cherchant à cet instant ce qu’elle pourrait faire pour fuir cette situation. Pas encore prête à combler cette distance qui reste encore entre elles. Son frère, tel son sauveur. Elle relève son regard sur lui pour qu’il cesse de vouloir jouer son protecteur, qu’il la laisse se tromper, regretter par elle-même. « Oui, je pense qu’on peut dire ça. » Devant le silence d’Adèle, Lucia cherche à se rassurer elle-même, son amie lui lance tout juste un regard et son frère persiste en la regardant un instant. « Je suppose que je commence à en prendre l’habitude… » C’est faux, mais il est inutile de savoir que sa présence lui a quand même fait du bien. Même si elle ne le dira pas ouvertement et Adri le sait bien, il croise le regard de Lucia, sourit et cherche à la réconforter. « Merci d’avoir proposé de me ramener d’ailleurs, mais je veux pas te faire faire le détour jusqu’à Bayside, je vais vous laisser un peu tous les deux, et je vais laisser Addie souffler. Elle ne sait pas si elle doit surenchérir, si elle doit lui demander juste d’accepter d’être raccompagnée, elle est bien trop fatiguée et pensive pour réellement avoir toute sa tête sur les épaules, elle ne voit pas le regard insistant de Adri en sa direction, tu prends soin de toi ok ? » Elle relève son regard sur Lucia, et on peut voir apparaître sur son visage, un fin sourire. « Je vais essayer… » Qu’elle avoue, sans vraiment mesurer ses paroles, sentant bien que le malaise à présent de nouveau installé, sera difficile d’y remédier. Un pas en avant, deux en arrière Lucia doit être habituée maintenant. C’est pourtant pas peine perdue entre elles. « Tu devrais venir manger à la maison, ça ferait plaisir à maman, et je te montrerai les appartements que je dois visiter. Enfin tu fais comme tu veux. » Elle sourit, gênée à sa dernière phrase, ne voulant pas heurter la Shephard. «  Je… Je sais pas Lucia… » Elle déglutit rapidement et avec difficulté, avant de finir son verre frais, elle ne laisse pas Adri commander quoi que ce soit, brutalement elle a besoin de partir, elle finit par se lever. Récupérant sa veste et son sac, «  je vais y réfléchir, mais c’est gentil… » Qu’elle avoue avant de tourner les talons avec son frère, rassurée d’avoir partagée ce moment avec Lucia. Malgré tout…