You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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« Je suis bien rentrée chez moi. Merci pour tout. Hâte d’être à vendredi. xx, Romy. » Il laisse disparaître le message lentement de sur l’écran cassé de son vieux téléphone dont tout le monde se moque, alors que le flic se moque bien de tout ce qui pourrait arriver dans le monde à cet instant. C’est idiot, absurde même, de réagir comme un adolescent devant le message de la blonde qu’il vient à peine de quitter mais il ne pouvait pas faire autrement que ce sourire devant cette histoire, devant les quelques mots, devant Romy. Balançant ses chaussures à l’autre bout de la pièce sans viser, se fiant juste à l’absence de bruit venant indiquer qu’il n’avait pas cassé un verre ou une lampe, Lonnie avait envoyé valser son téléphone sur le canapé alors que le chat – pas le moins outré du monde devant l’attitude du flic – n’avait pas daigné soulever le regard quand Lonnie avait tenté vainement de lui faire un high-five symbolique. Derrière l’invitation qu’il avait lancé un peu hasardement à la jeune femme (hasardement voulant dire dans ce cas « en bégayant comme un crétin ») le bleu y avait vu l’occasion d’en apprendre plus sur Romy, sa vie en dehors de la prison, en dehors de cette pensée bien trop carrée dans la tête de Lonnie selon laquelle la conseillère n’était –justement – que conseillère. Avachi sur le canapé, un sourire d’idiot collé sur les lèvres, Lonnie avait passé en revue les restaurants de son carnet d’adresse, conscient que Romy y porterai une attention particulière et chercherait à percer ses intentions dès la porte d’entrée. Le flic avait fait défiler la longue liste de restaurants de la ville sous ses doigts en se forçant à ne rien choisir de trop glamour ou de trop huppé, de un parce que son portefeuille ne le permettrait pas, de deux parce qu’il n’y avait aucun moyen d’être à l’aise dans un restaurant où on ne comprend pas la moitié des plats sur la carte. Un chinois ? Trop simple, et puis il n’était pas le meilleur utilisateur de baguettes. Un italien ? Ça faisait beaucoup « belle et le clochard » et il risquait de s’essayer à une très mauvaise imitation de l’accent. Au bout d’une heure de recherches intensives Lonnie avait les yeux fatigués et le visage cerné mais tenait enfin un restaurant qui était classe tout en restant familiale, et c’est avec une certaine impatience qu’il se dirigea vers sa chambre, sans se rendre compte que le site du restaurant indiquait un « fermé pour inventaire vendredi soir » rouge clignotant.
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Sur le coin gauche du lit se tenait un jean noir, un débardeur blanc et une chemise de la même couleur, parfaitement étalés pour représenter le corps humain, tandis que sur le coin droit on pouvait trouver un jean clair, un t-shirt gris et un bombers noir. Et au milieu, Lonnie Hartwell en caleçon qui n’arrivait pas à prendre la moindre décision depuis de très (trop) longues minutes. L’esprit retourné par les petites voix dans sa tête qui y foutaient le bordel le flic avait poussé un long soupir avant de se pencher vers le chat qui n’en avait toujours rien à foutre mais qui pourrait, au moins, faire pencher la balance en apposant sa divine patte sur l’un ou l’autre des choix vestimentaire. « Tu n’es vraiment d’aucune aide. » Que le flic avait balancé à l’animal qui n’était même pas le sien avant d’enfiler les vêtements du choix numéro en se disant qu’une chemise ça faisait toujours plus propre qu’un t-shirt. De toute façon il n’avait plus le temps d’y penser ni même de chercher une autre alternative car l’alarme de son téléphone se déclencha, le faisant sursauter par la même occasion, pour lui préciser qu’il était enfin l’heure de partir si il ne voulait pas être en retard. Lonnie avait bouclé sa ceinture tout en attrapant les clés de sa voiture habilement disposée dans le fond d’une tasse à café pas totalement vide, le tout en balançant un reste de nouilles sautées au caramel au chat histoire de ne pas le trouver décédé en rentrant. Sur le chemin jusqu’au petit parking devant chez lui le flic pris un temps fou à se décider entre prendre la voiture ou se rendre au restaurant à vélo, mais une des petites voix dans sa tête lui hurla de se rendre jusqu’à la pauvre bagnole avec l’espoir que Romy accepterai de se faire raccompagner chez elle. C’était une technique comme une autre pour gagner quelques instants de plus aux côtés de la blonde, et pour Lonnie tout était bon à prendre dans sa relation avec la conseillère. Ils n’avaient pas démarrés du bon pieds et rien n’aurait laissé penser qu’ils en seraient là aujourd’hui, à ce rendez-vous qu’il avait attendu toute la semaine, trépignant au boulot, dans son appartement, cachant à sa mère son visage enfantin et souriant lorsque cette dernière évoquait le prénom de la blonde. Imbécile heureux, le cœur palpitant à la simple pensée de la jeune femme qui avait foutu un bordel monstre dans sa tête, un bordel qu’il était maintenant plus qu’heureux d’avoir tant le regard de Romy avait dont de l’apaisé. Il y avait de la douceur chez la jeune femme dont Lonnie avait cruellement manqué ces derniers temps, et – égoïstement – il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il réussissait à la faire sourire, et ça lui suffisait pour nourrir le petit monstre d’espoir dans le fond de son estomac. Finalement garé devant le restaurant le bleu avait retouché ses cheveux d’une main avant de s’engouffrer dans le vent calme de ce début de soirée, impatient déjà de pouvoir parler des heures durant avec Romy sans que cela ne devienne gênant, sans la prison, sans la maman. « Salut » Qu’il balança dans une tentative nonchalante pour paraître décontracté alors que son corps entier hésitait à enlacer la conseillère, conscient que c’était peut-être trop pour ce début de relation qu’il fallait choyer. « J’espère que tu vas apprécier le restaurant, je ne le connais pas du tout mais il avait quatre étoiles alors... » Lonnie avait haussé un sourire sur ses lèvres avant de se diriger vers la porte de l’endroit étrangement vide et peu illuminé dans un geste de galanterie consistant à tirer la porte pour laisser passer Romy avant lui. La main sur la poignée, le sourire toujours présent sur les lèvres, Lonnie avait tiré la porte … puis rien. Sourcil arqué, regard inquiet, Lonnie avait poussé la porte… puis rien. « Euh… » Le flic avait posé son regard sur la devanture du restaurant, cherchant une sonnette ou un moyen de prévenir quelqu’un qu’ils attendaient à porte comme des idiots, et brutalement ses yeux étaient tombés sur la phrase « fermer pour inventaire » … « C’est pas possible. » Partagé entre son envie de rire et celle d’aller se terrer dans un trou très très profond et très très loin Lonnie avait fait glissé une main contre son visage pour essayer d’effacer les traces de la panique qui était en train de monter en lui.
C'était bien la première fois que Romy se préparait pour un rendez vous sans avoir demandé à Clara de passer enquêter sur le type en question entre deux coups de boucleur à cheveux. Naïvement, la blondinette se disait avoir atteint cette maturité, cette sérénité qui lui permettait de se faire confiance sans avoir besoin de l'avis de sa meilleure amie quant à ses choix, mais quand bien même elle tentait de se convaincre de cette sagesse en éclosion, Romy savait aussi qu'elle était déjà allée jeter un coup d’œil sur les différents réseaux sociaux de Lonnie Hartwell un peu plus tôt cette semaine ; à l'aube d'une ère technologique, autant se servir des outils mis à disposition et se renseigner le plus possible. Pour justifier cet excès de curiosité, la conseillère s'était dit que ce serait pour mieux appréhender le flic dans un contexte plus personnel qu'elle s'informait à son sujet, même si elle savait pertinemment qu'il s'agissait d'un mensonge sur toute la ligne et qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de scroller sitôt son visage apparu sur l'écran de son téléphone. Qu'importe. Ce qu'elle y avait trouvé ne l'avait pas fait fuir, bien au contraire, et c'est même plutôt en confiance qu'elle avait troqué son combo jean baskets des plus confortables pour une robe et une paire de talons qu'elle maudirait sûrement d'ici vingt minutes. Environ. Elle ne connaissait pas le restaurant qu'avait sélectionné Lonnie dans Logan City, bien qu'elle ait vécu dans ce quartier jusqu'à la toute fin de son adolescence. Lorsqu'elle y mettait les pieds, ses visites étaient brèves, alors en dehors des brunchs dominicaux à rallonge, la cadette Ashby n'y mettait pas vraiment les pieds. Elle avait toutefois réussi à se rendre dans la bonne rue sans avoir eu à se servir de waze, sauvant ainsi sa batterie d'une mort certaine, et même si elle s'était garée bien trop loin du restaurant, elle se satisfaisait de ne pas avoir eu le sens de l'orientation d'un bulot ce soir ; toute victoire était bonne à prendre.
Sa veste dans les bras, Romy profitait brièvement des températures plus douces de ce début de printemps pour parcourir les quelques mètres qui la séparaient encore du lieu de rendez vous, devinant petit à petit la silhouette du Hartwell un peu plus loin devant elle. A en juger par l'expression de son visage, lui aussi semblait l'avoir repérée, et tandis que le coin de ses lèvres s'étirait, Romy se surprenait à presser le pas, ses jambes étonnamment coopératives sur cette paire de chaussures qu'elle n'avait pas l'habitude de porter. « Salut » lui avait lancé Lonnie lorsqu'elle arriva à sa hauteur, et alors qu'elle ne savait pas bien comment le saluer, Romy abandonnait leurs précédentes poignées de main pour un sourire maladroit bien que sincère. "Salut." avait elle répondu à son tour. La petite blonde était véritablement ravie de le revoir, et même si cette semaine les hésitations avaient germées par centaines dans son esprit, la jeune femme demeurait persuadée que cette soirée était une bonne idée, et plantée devant lui, elle savait qu'ils avaient tous les deux fait le bon choix en décidant de se revoir ce soir. « J’espère que tu vas apprécier le restaurant, je ne le connais pas du tout mais il avait quatre étoiles alors... » Romy hochait la tête, un sourire au coin des lèvres par mimétisme, et tandis qu'elle resserrait sa veste contre sa poitrine, elle le suivait vers l'entrée sans prêter attention à grand chose si ce n'est à ses pieds à qui elle n'accordait pas la moindre confiance. Sait on jamais. "Trip Advisor ne ment jamais. Je suis certaine que ce sera parfait." qu'elle coupait, arquant toutefois le sourcil lorsqu'un « Euh… » la fit relever le menton vers une devanture étonnamment assombrie pour un restaurant cosy. Pas de lumières ? Pas de photophores sur les tables ? Non, rien de tout ça. Poignée en main, Lonnie semblait ne pas réussir à ouvrir la porte et pour cause. Fermé pour inventaire qu'indiquait une pancarte négligemment affichée. Bon. D'accord. Romy se mordait l'intérieur de la joue pour s'éviter de rire face au comique de la situation, l'air dépité du Hartwell l’interpellant vraiment, et elle le comprenait. « C’est pas possible. » Et pourtant. Romy secouait doucement le menton, l'observant se passer une main sur le visage comme pour se redonner contenance. "Si. C'est fermé. J'étais contente de t'avoir revu, c'était court mais plutôt sympa." qu'elle feignait en haussant les épaules, son sourire la trahissant pourtant rapidement. "Je plaisante, hein. J'ai bien l'intention de t'embêter plus que .. trois minutes ? Environ." Sûrement un peu moins d'ailleurs, mais qu'importe, il était peut être un peu trop tôt pour en rire. Posant sa main sur son omoplate pour l'entraîner un peu plus loin dans un geste qui laissait sous entendre que son esprit avait cogité à un plan B, Romy relevait le menton pour lui glisser un regard, cherchant son approbation. "J'ai grandi ici. Et je sais qu'il devrait y avoir d'autres trucs d'ouverts pas trop loin. Enfin normalement. On peut marcher un peu ? Si ça te dit." Bien sûr elle n'imposerait rien, mais à défaut de réussir à convaincre le personnel du restaurant de laisser tomber l'inventaire pour leur faire la cuisine, ils n'avaient pas d'autre choix.
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Une seule soirée et une seule opportunité pour Lonnie d’entrer dans la tête de Romy autrement qu’en étant le fil de Gail Hartwell. Ça lui foutait une pression monstre mais le flic avait, égoïstement, envie de devenir un petit point dans la tête de la jeune femme – un point qu’il espérait voir grandir au fil de leur relation jusqu’à devenir assez important pour ne plus avoir l’envie de le faire sortir. Si le peu de relations romantiques qu’avait eu le bleu au cours de sa vie s’étaient toutes soldées par des échecs il n’en restait pas moins que Lonnie avait cette envie d’être à nouveau apprécié à sa juste valeur, et dans le regard de la petite blonde il se sentait important, compris et adulte. Alors il avait le droit à une soirée pour faire définitivement basculé la balance en sa faveur, une soirée pour faire comprendre à Romy qu’il la voyait elle, la jeune femme sensible et drôle, timide et pourvu d’un grand cœur, celle qui avait mis le doute dans sa vie aussi bien que dans son esprit. Paré d’une chemise blanche impeccablement repassée et d’un jean noir sans trou ou tâche de café Lonnie avait pris la direction du restaurant le palpitant serré dans sa poitrine à l’idée de revoir la jeune femme, impatient même de pouvoir s’asseoir en face d’elle et d’observer ses expressions changeantes au fil de la conversation. Elle avait tout pour plaire Romy Ashby, une intelligence sûre, un humour dont le flic appréciait toutes les saveurs, mais surtout une générosité sans limite qui l’avait poussé à faire de maman Hartwell sa priorité alors que cette dernière voulait juste qu’on la laisse cuisiner en paix. Oui, la blonde était décidemment l’une des raisons qui poussaient le bleu à se lever le matin et à sourire comme un idiot, une tasse de café brûlant entre les mains. Poussé par son flair de détective hors pair Lonnie avait fouiné le vaste internet dans une quête d’information malsaine, passant même plus de temps à se demander si ses recherches étaient justifiées qu’à vraiment retenir les informations apparaissant sur son écran. Un père directeur de prison qui avait été l’objet d’un petit article dans le journal local, le reste de la famille restait un mystère pour le flic mais il avait bien l’intention de quitter ce rendez-vous en en sachant le plus possible sur Romy, elle qui savait déjà presque tout de lui ne pourrait pas éviter les questions éternellement. La silhouette de la blonde marchant d’un pas trop pressé pour être désintéressé lui attira un sourire alors qu’il combattait son envie de faire glisser une cigarette entre ses lèvres pour diminuer la pression. « Salut. » Même sa voix lui plaisait, impossible donc pour le flic de ne pas sourire alors que le petit ange sur son épaule avait déjà entamé une danse de la joie, convaincu que Lonnie avait enfin trouvé quelqu’un qui ne l’abandonnerait pas. C’était con mais le flic aurait pu simplement rester là, les bras flottant contre ses flancs, complètement perdu dans l’immensité bleue du regard de Romy. Secouant la tête pour paraître moins débile Lonnie avait enclenchée la marche vers la porte du restaurant sans pour autant arrêter de sourire bêtement. « Trip Advisor ne ment jamais. Je suis certaine que ça sera parfait. » Parfait il se devait de l’être pour elle, pour lui montrer que sa présence lui faisait du bien et que sa compagnie était maintenant devenu l’un des petits plaisirs de sa vie. « Tu es là et c’est déjà parfait. » Romantique dans l’âme, un brin désorienté par toute cette histoire Lonnie avait haussé un sourire avant de tirer la porte du restaurant qui restait bloqué entre ses doigts sans bouger. Panique, sueurs froides, le flic avait essayé de pousser la porte à défaut de la tirer mais rien ne semblait vouloir faire bouger le cadre de bois. Ça n’était pas le moment de jouer les bourrins et de tirer sur la porte comme un malade au risque de se faire arrêter pour dégradation, mais le flic avait le souffle court et alors qu’il reculait pour essayer d’apercevoir quelqu’un au travers de la vitre Lonnie avait posé les yeux sur une pancarte ‘fermé pour inventaire’. « Si. C’est fermé. J’étais contente de t’avoir revu, c’était court mais plutôt sympa. » Sourire aux lèvres malgré la situation pesante Lonnie avait arqué un sourcil devant les paroles de la blonde avant de soupirer lourdement. « C’est toujours ce qu’elles me disent. » Blague sexuelle mis à part Lonnie avait passé une main sur son visage pour se donner une constance, pour essayer aussi de cacher les joues rosies et les gouttes de sueur sur son front. « Je plaisante, hein. J’ai bien l’intention de t’embêter plus que … trois minutes ? Environ. » Sans réussir à le formuler de vive voix Lonnie avait hoché la tête aux dernières paroles de Romy, du un parce qu’il avait envie de passer bien plus que trois minutes en sa compagnie, de deux parce qu’elle arrivait à le faire sourire malgré la situation oppressante, une nouvelle preuve pour le petit ange sur son épaule qui frappait dans ses mains d’un bonheur non dissimulé. « J’espère bien que tu comptes rester malgré mon très mauvais choix de restaurant, laisse-moi te prouver que je peux retomber sur mes pattes … attend je vais forcer la porte. » Et tous les employés présents se retourneront devant la silhouette trébuchante d’un Lonnie bien trop confiant pour penser qu’il était capable de forcer une porte avec sa simple épaule. Romy, toujours plus d’un tour dans son sac, avait déposé sa main sur l’omoplate d’un Lonnie toujours sous pression pour l’inviter à quitter cet endroit avant de se faire remarquer. Le contact de sa main sur son épaule avait réchauffé le flic dont le sourire n’en finissait plus de grandir, bientôt trop grand pour cacher son envie et ses intentions. « J’ai grandi ici. Et je sais qu’il devrait y avoir d’autres trucs ouverts pas trop loin. Enfin normalement. On peut marcher un peu ? Si ça te dit. » Se plaquant sur le rythme de la blonde Lonnie lui avait emboîté le bas en lançant un dernier regard vers le restaurant dont la porte de s’était toujours pas ouverte comme par magie. « Désolé … j’aurai du faire plus attention quand j’ai choisi. » Voilà qu’il laissait la culpabilité le gagner, préférant regarder ses chaussures plutôt que d’affronter le regard de Romy qui devait sans doute rire de cette situation grotesque. « Mais du coup, tu as grandi ici ? C’était comment ? J’ai passé mon enfance à sauter de famille d’accueil en famille d’accueil, ça devait être sympa de voir les mêmes têtes tous les jours. » Les mains enfouies dans les poches de son pantalon Lonnie avait glissé un regard à la conseillère, priant le ciel de faire durer ce moment éternellement tant il se sentait bien à ses côtés. « Je te laisse choisir le restaurant du coup, si ça se trouve j’ai le mauvais œil sur moi je ne voudrais pas t’embarquer dans un attrape touriste qui nous rendra malades. » Le flic avait lancé un regard appuyé vers Romy avant de sourire naïvement, persuadé qu’elle pouvait l’emmener au bout du monde sans qu’il n’y voit le moindre inconvénients.
Romy ne savait pas bien comment elle était passée de son objectif initial, à savoir, "rencontrer Lonnie Hartwell pour s'attirer son soutien et faire sortir Gail de prison" à cette envie : "vouloir gommer le côté professionnel de cette histoire et faire sa connaissance dans un cadre plus personnel", quand bien même elle avait beau y avoir cogité toute la semaine, la petite blonde avait rapidement laissé tomber l'idée de faire taire sa conscience professionnelle. Elle n'arrivait pas à se sortir du crâne le souvenir de leur dernier échange dans ce pub de Fortitude Valley, ni celui du contact de sa peau contre le dos de sa main, et encore moins cette personnalité bien différente du petit garçon dépeint par sa mère qu'elle avait pourtant l'impression de connaître avec toutes les histoires qu'elle avait entendues à son sujet. Romy avait apprécié les quelques heures qu'elle avait passé avec Lonnie Hartwell, et bien qu'ils n'aient pas démarré sur les bases les plus apaisées qui soient, tous deux semblaient plutôt ravis de se revoir. Il n'y avait qu'à observer les sourires idiots qui leur traînaient au coin des lèvres pour en témoigner. Cette soirée se passerait assurément bien, et la petite blonde avait hâte de découvrir le flic sous un angle différent, et nettement plus calme. Elle ne s'était pas vraiment (pas du tout même) renseigné sur le restaurant qu'il avait sélectionné pour l'occasion, mais elle pensait bien pouvoir y rester quelques heures pour en savoir plus à son sujet et braver une demie douzaine de règles tacites et inhérentes à ses fonctions de conseillère. Consciemment. Et volontairement. « Tu es là et c’est déjà parfait. » Romy se surprenait à sourire un peu plus, comme une idiote, et bien qu'elle n'ait jamais été de celles qu'on amadouait par quelques belles paroles elle restait sensible à celles du flic. Sûrement parce qu'elle les trouvaient sincères. Elle n'eut de toute façon pas le loisir de réfléchir davantage à ce sujet, puisque ce dernier semblait ... batailler avec une poignée de porte réfractaire, et pour cause ; l'établissement était fermé pour la soirée. D'emblée la petite blonde avait voulu dédramatiser la situation en lançant un vague trait d'humour, et visiblement elle avait fait mouche puisque Lonnie arquait un sourcil en soufflant : « C’est toujours ce qu’elles me disent. » comme résigné. Romy retenait un rire, hochant doucement du menton pour finalement répondre : "Retiens qu'elles disent que c'est sympa alors.", puisque même dans ce genre de blagues douteuses, la blondinette arrivait encore à trouver du positif en sortant sa casquette de Mère Theresa des temps modernes. Qu'importe. Le flic avait beau plaisanter, il n'en demeurait pas moins chagriné par la tournure que prenait ce début de soirée. C'était quelque chose qui se lisait sur son visage, et qui n'échappait pas à Romy qui lui assurait ne pas vouloir le quitter si rapidement. « J’espère bien que tu comptes rester malgré mon très mauvais choix de restaurant, laisse-moi te prouver que je peux retomber sur mes pattes … attend je vais forcer la porte. » Mouais. Penchant doucement la tête sur le côté, elle jetait un coup d'oeil à la vitrine, puis à la rue devant eux avant de s'approcher d'un pas et de souffler : "Un flic qui se fait arrêter et une conseillère pénitentiaire qui termine en prison c'est de mauvais goût non ?" Très clairement : oui, alors Romy n'attendait pas de réponse, l'entraînant pour une petite balade vers l'une des artères les plus fréquentées de Logan City pour dénicher un plan B, un air amusé au coin des lèvres alors qu'elle le voyait jeter un dernier coup d’œil à ce restaurant toujours tristement fermé. « Désolé … j’aurai du faire plus attention quand j’ai choisi. » Elle secouait du menton, l'air de dire "ce n'est rien", car ce n'était rien. La ville regorgeait d'autres établissements géniaux, alors hors mis lui faire parcourir quelques centaines de mètres supplémentaires sur ses chaussures maudites ... Lonnie ne se rendait coupable de rien. « Mais du coup, tu as grandi ici ? C’était comment ? J’ai passé mon enfance à sauter de famille d’accueil en famille d’accueil, ça devait être sympa de voir les mêmes têtes tous les jours. » Romy marquait une pause, pinçant les lèvres pour réfléchir à ce qu'elle pourrait dire pour ne pas froisser un Hartwell qu'elle imaginait mal pouvoir entendre qu'elle ne gardait pas un très bon souvenir de son enfance et adolescence. Elle haussait les épaules, se plaquant un sourire pour la forme sur le visage avant de souffler : "Le quartier est chouette. Et pour le coup, j'ai les mêmes copines depuis vingt ans alors ... oui, j'imagine que c'est pas mal." en éludant volontairement toute la partie "ma mère est dépressive, ma grande soeur s'est tirée à ses dix huit ans, mon frère en a fait de même et mon père est mon patron." puisqu'il valait mieux éviter les sujets délicats au premier rendez vous, même si elle n'avait pas pu s'empêcher de demander à son tour : "T'en as eu beaucoup ? Des familles." C'était une partie de sa vie qu'elle ignorait, et que Gail refusait d'évoquer. La détenue restait bloquée à la fin des années 90, n'allant jamais plus loin lorsqu'elle lui parlait de ses fils, et Romy avait envie de combler les vides ce soir. Ce n'était pas un restaurant fermé qui les empêcherait de discuter, et bien qu'elle obligeait le flic à marcher lentement (il l'avait découverte bien plus rapide avec une paire de baskets aux pieds) elle voyait en cette balade l'occasion de discuter un peu à l'air libre, profitant de la brise fraîche de cette belle soirée printanière. « Je te laisse choisir le restaurant du coup, si ça se trouve j’ai le mauvais œil sur moi je ne voudrais pas t’embarquer dans un attrape touriste qui nous rendra malades. » Le mauvais œil, il l'avait sûrement, mais rien qui ne sache entacher la volonté à toute épreuve d'une Romy dont l'optimisme était d'une ténacité sans égal. "Je t'ai déjà dit que j'étais la fille la moins compliquée du monde à contenter lorsqu'il était question de nourriture ?" Autrement dit : "on ne risque pas de se retrouver dans un endroit trop excentrique qui nous rendrait malade", que Lonnie se rassure là dessus. De toute façon, ce n'était pas comme si la blondinette avait assez de volonté pour parcourir la ville à pieds dans la mesure où ses escarpins lui faisaient des jambes superbes mais qu'ils étaient aussi douloureux que beaux. Il fallait faire des compromis. "J'ai rencontré Harvey, au fait. Vous êtes ... différents lui et toi." Allez savoir pourquoi Romy avait lancé cette révélation sans préavis. Sûrement qu'elle n'avait pas envie de le faire lorsqu'ils seraient dans une bulle tous les deux. Pour le moment elle se sentait encore de laisser entrer le monde extérieur entre eux, et d'évoquer ce qui les liait puisque Gail restait toujours dans un coin de sa tête ces derniers temps. Différents était peut être un terme un brin trop édulcoré pour qualifier le fossé gigantesque qu'elle avait noté dans le tempérament des deux frères, mais Romy avait relevé le menton vers Lonnie, le cherchant du regard comme pour lui faire comprendre que tout allait bien tandis que de sa main elle le guidait vers la droite en exerçant une pression contre son coude du bout des doigts. "Mais ça a été. Je pense qu'il t’appellera de toute façon." Dès qu'il sera redescendu un peu. L'échange entre eux deux avait été houleux mais s'était terminé sur une note positive, c'était tout ce qu'il fallait retenir. "Dis, t'as bien dit que c'est moi qui choisissais où on allait manger, hein ?" Il n'avait pas fallu plus de cinq minutes de marche à Romy pour qu'elle en ait assez, et c'est alors qu'ils venaient de déboucher sur une artère plus commerciale qu'ils tombaient sur une enseigne bien connue de la blondinette qui collectionnait les jouets fille des Happy Meal dans un tiroir de son bureau. No shame. "... Des nuggets ça te va ? Ou autre chose. Mais j'ai mal aux pieds. On aurait du prendre ma voiture." Ou la sienne, ou n'importe quoi qui lui évite de se saigner les orteils. S'approchant d'un pas pour lui faire face, elle souriait avec douceur, cédant à un rire face à sa propre bêtise. "Je suis désolée. T'avais trouvé un super truc mais ... j'ai vraiment pas choisi les bonnes chaussures pour trouver quelque chose d'équivalent. Mais on y retournera une prochaine fois ? Quand ce sera ouvert." Bien que Lonnie puisse en avoir assez d'elle après ce soir. C'était déjà étonnant qu'il désire la revoir en dehors de leurs entrevues concernant Gail étant donné toute la place qu'elle s'était faite dans sa vie sans vraiment (pas du tout même) lui demander son avis. Romy espérait pourtant que ce rendez vous était le premier d'une centaine d'autres, et qu'il ne lui tienne pas rigueur de ce début un peu chaotique ce soir. Ils feraient mieux la prochaine fois.
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C’était plus simple de ne voir en Romy que la conseillère pénitentiaire qui essayait de sortir Gail de prison, et ça aurait pu s’arrêter là si Lonnie n’avait pas été touché par le caractère de la jeune femme ainsi que par la vulnérabilité qu’elle avait bien voulu montrer lors de leur dernière rencontre. La petite blonde avait laissé tomber un temps son costume de femme qui ne faisait que son boulot et ce qu’il y avait en-dessous avait tout de suite attiré l’attention du flic qui voyait en elle bien plus que ce qu’elle laissait paraître, par envie ou par conscience professionnelle. Il y avait matière à creuser avec Romy Ashby et le bleu n’avait que très peu envie de laisser tout ça de côté en prétextant faire passer les intérêts de sa mère avant les siens. Non, il avait envie de voir plus loin et se plaisait à penser que la jeune femme en avait fait de même avec lui en acceptant cette invitation lancée dans bégaiement comme un adolescent. Le choix des fringues, du parfum, du restaurant, Lonnie l’avait mis sur le dos d’une envie de bien faire et de paraître civilisé, la vérité étant simplement qu’il désirait mettre toutes les chances de son côté pour que ce rendez-vous ne soit que le premier d’une longue série. Il ne l’avouera pas tout de suite, le bleu, que derrière son sourire se cache un souhait de devenir quelqu’un d’autre dans les yeux de Romy, quelqu’un avec qui elle voulait partager plus que des discussions sur les formulaires à remplir pour sortir sa mère de prison. Sans se dire entiché de la blonde Lonnie avait tout de même ressenti cette connexion lorsque sa main avait effleurée celle de Romy au cours de leur dernière rencontre, ce contact brûlant lui avait saturé l’esprit de ‘peut-être’ dont il n’arrivait pas à se défaire encore aujourd’hui alors qu’il accueillait Romy avec un sourire idiot, sourire qu’elle lui rendait avec autant d’entrain et qui faisait chavirer un peu plus le cœur supposément froid du flic. Avouant tout haut que la présence de la blonde était déjà une raison pour que ce rendez-vous soit parfait Lonnie n’avait pourtant rien dit quand les joues de cette dernière avait pris une teinte rosée, bien plus content de savoir que ces déclarations un peu clichés avaient ne serais-ce qu’un peu d’effet. Le seul défaut de ce début de soirée ? La porte du restaurant qui restait bloquée dans les mains d’un Lonnie désemparé dont le visage s’entourait déjà de gouttes de sueur. Tirant, poussant et même enfonçant la porte avec un tant soit peu de force le flic dû se résoudre à laisser tomber et à s’avouer vaincu devant l’entrée de l’établissement, fermé pour la soirée. La petite phrase dédramatisant de Romy avait au moins réussi à le faire sourire alors qu’il soupirait être, de toute façon, habitué à ce genre de chose. « Retiens qu’elles disent que c’est sympa. » Que la conseillère avait balancé pour adoucir le moment, rebondissant d’elle-même sur la blague un peu vaseuse d’un Lonnie décontenancé mais souriant. « C’est toujours ça de pris pour faire du bien à l’égo. » Sautant d’un sourire à un léger éclat de rire le flic avait retenté sa chance avec la porte, comme si cette dernière allait s’ouvrir comme par magie simplement parce qu’il en avait décidé ainsi. Poussant légèrement le cadre de bois de son épaule il avait senti le souffle de Romy lui chatouiller l’oreille et le cou. « Un flic qui se fait arrêter et une conseillère pénitentiaire qui termine en prison, c’est de mauvais goût non ? » Très clairement oui. Lonnie avait pouffé un instant avant de baisser les bras devant la porte, conscient qu’il venait de se donner en spectacle si jamais quelqu’un avait eu le plaisir de le voir ainsi galérer devant le cadre de bois. « Ok, je m’avoue vaincu. Ça serait vraiment dommage d’avoir à planifier notre prochain rendez-vous au parloir. » Oui, il parlait déjà prochain rendez-vous et oui c’était volontaire. S’il y avait une chose que Lonnie Hartwell savait bien faire dans la vie c’était se foutre le cœur en bordel pour les yeux d’une jolie femme, et c’était le cas avec Romy, bien qu’il soit encore trop tôt pour tirer des plans sur la comète. Le flic avait emboîté le pas de la blonde alors qu’elle avançait lentement pour se rapprocher des artères plus commerciales du quartier, là où les restaurants se battaient sur chaque trottoirs, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’il avait suivi la jeune femme en se retournant une dernière fois vers le restaurant et en faisant ses excuses à Romy. Profitant d’une phrase laissée en suspens par la conseillère Lonnie avait commencé à poser les questions, puisqu’ils avaient un peu de temps devant eux avant de jeter leur dévolu sur un restaurant ils avaient pourraient profiter de cette balade pour discuter, et le flic voulait en savoir plus sur Romy qui n’avait laissé aucune traces d’elle sur internet. « Le quartier est chouette. Et pour le coup, j’ai les mêmes copines depuis vingt ans alors … oui, j’imagine que c’est pas mal. » Ok, elle n’avait pas envie d’en parler plus que ça et Lonnie pouvait le comprendre même sans avoir à utiliser son flair de flic. Acquiesçant de la tête sans trop savoir quoi dire pour confirmer les paroles de Romy le flic avait enfouie ses mains dans ses poches en se plaquant sur le rythme de la blonde qui, même si il soulignait l’effort vestimentaire, ne semblait pas être à l’aise avec son choix de chaussures. « Au moins tu sais toujours qui appeler en cas de déménagement. » Le bleu avait offert un sourire en guise de point à sa phrase avec le vent frais du début de soirée faisait claquer les manches de sa chemise contre ses bras. « T’en as eu beaucoup ? Des familles. » Lonnie avait haussé les épaules sans pour autant chercher à fuir la conversation, conscient que cette question n’était là que pour éliminer une interrogation présente dans la tête de la jeune femme, une partie de sa vie dont Gail Hartwell ignorait tout puisqu’elle n’avait pas été là pour le voir. « Quatre en tout. Des gens sympathiques qui ont tout fait pour nous mettre à l’aise Harvey et moi … même si lui passait plus de temps à fuguer qu’à table pour les repas. Je n’en tire pas de mauvais souvenirs mais en grandissant on comprend que certains ne le font que pour être payés ensuite. » Il était hors de question que cette soirée débute sur un ton mélodramatique et Lonnie n’avait que très peu envie de lire de la pitié dans les yeux de Romy, il avait donc haussé un sourire sur ses lèvres avant de continuer. « Une de mes mères d’accueil a été Miss Brisbane 1975, tout de même. » Ils commençaient à apercevoir les rues bombées de monde, les restaurants aux devantures éclairées et aux terrasses animées, signe qu’ils étaient entrés dans l’une des rues commerciale du quartier et qu’ils pourraient donc jeter leur dévolu sur un restaurant proposant autre chose que des graines à manger. « Je t’ai dit que j’étais la fille la moins compliquée du monde à contenter lorsqu’il était question de nourriture ? » Bien, ça faciliterait la tâche à un Lonnie dont le plat phare se résumait à mette des pâtes dans de l’eau bouillante et à prier pour que rien ne brûle son appartement. « Encore un point commun. » Et c’était important de le souligner alors qu’ils marchaient toujours sans même se préoccuper des restaurants sur leur passage, bien trop engagés dans une conversation qui plaisait énormément au flic et qu’il aurait pu poursuivre pendant des heures (bien qu’ils soit conscient que Romy n’en pouvait déjà plus de marcher dans ses chaussures). « J’ai rencontré Harvey, au fait. Vous êtes … différents lui et toi. » De but en blanc, sans même prévenir qu’elle attaquait une très grosses partie des problèmes de la famille Hartwell, Romy avait balancé sa phrase comme on décrit son envie de manger des fraises, sans crier gare. Un peu abasourdi mais pas non plus étonné de savoir qu’Harvey avait enfin eu le courage de se rendre à la prison, Lonnie avait pincé les lèvres en cherchant ses mots. « Différents c’est un euphémisme. Disons que si j’ai déjà des problèmes à régler de mon côté Harvey lui à des montagnes du sien … mais je suis heureux qu’il ait enfin trouvé le courage de venir … même si je présume qu’il ne l’a pas vu elle ? » Il avait besoin de savoir, pour ne pas faire l’erreur devant sa mère en évoquant son aîné, une position qui le mettrait mal à l’aise et qui briserait un peu plus le cœur de Gail. « Mais ça a été, je pense qu’il t’appellera de toute façon. » Ne sachant quoi répondre le flic avait simplement hoché la tête et adressé un sourire à Romy, évitant la question fâcheuse de savoir comment c’était passé leur entretien. « Dis, t’as bien dit que c’est moi qui choisissait où on allait manger ? » La conseillère s’était arrêté net au beau milieu de la rue, s’attirant les soupirs outrés des passants qui avaient dû l’éviter et forçant Lonnie à freiner des quatre fers pour ne se pas se retrouver le cul à terre. « Oui bien sûr, ce que tu veux. » Car peu importe l’endroit où ils décidaient de s’arrêter Lonnie avait juste envie de passer la soirée avec elle. « … Des nuggets ça te va ? Ou autre chose. Mais j’ai mal aux pieds. On aurait dû prendre ma voiture. » Tournant la tête pour apercevoir l’enseigner à l’arche reconnaissable partout dans le monde Lonnie n’avait pas pu s’empêcher de sourire comme un idiot alors qu’il se voyait déjà en train de partager sa sauce barbecue avec la jeune femme. Romy s’était approchée de lui doucement, attirant son regard et son attention par la même occasion. « Je suis désolée. T’avais trouvé un truc super mais … j’ai vraiment pas choisi les bonnes chaussures pour trouver quelque chose d’équivalent. Mais on y retournera une prochaine fois ? Quand ça sera ouvert. » Il était difficile pour le flic de cacher le sourire immense qui s’était emparé de ses lèvres alors qu’il n’avait pas détourné son regard, profitant de l’occasion pour contempler le visage souriant mais crispé de Romy. « Seulement si on prend la boîte de 20… Et fait bien attention à ce que tu choisis Ashby, je suis un juge très pointilleux au niveau du fast-food. » Sans attendre le flic avait tracé un chemin entre les inconnus zigzaguant devant eux, invitant la blonde à le suivre jusqu’à l’entrée en posant volontaire sa main sur la coude de cette dernière. A peine avait-il franchi la porte de l’enseigne que le flic se rua sur une borne de commande automatique, il ne pourrait – de toute façon – pas cacher à Romy ses petites habitudes alimentaires qui consistaient à se faire livrer de la bouffe et à venir chercher de la bouffe. « Prend ce que tu veux, rajoute des sauces et des glaces parce que je compte bien te sortir le grand jeu. » Peu conventionnel, peut-être même un peu idiot aux yeux de certains, ce rendez-vous était – pour Lonnie du moins – l’un des meilleurs de sa vie.
Romy avait tendance à voir le bon côté des choses souvent, parfois même un peu trop souvent. Elle dénichait du positif en permanence, et même lorsque le rendez vous prévu par Lonnie se heurtait à un (énorme) imprévu dès ses premières minutes, elle ne pouvait s'empêcher de rebondir sur son trait d'humour, ne serait ce que pour le rassurer sur le fait qu'ils trouveraient une alternative satisfaisante à ce quatre étoiles trip advisor. « C’est toujours ça de pris pour faire du bien à l’égo. » Elle hochait la tête avec amusement, ses lèvres s'étirant davantage malgré ce sourire qui ne la quittait pas depuis qu'elle s'était extirpée de sa voiture. Elle avait définitivement laissé tomber le masque de conseillère pour la soirée, lui préférant celui d'une Romy plus spontanée qu'elle s'autorisait à porter en la présence du Hartwell. Le flic semblait malgré tout chagriné par ce contre temps, suggérant de forcer la porte du restaurant. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. « Ok, je m’avoue vaincu. Ça serait vraiment dommage d’avoir à planifier notre prochain rendez-vous au parloir. » Il avait rit à sa remarque, mais tout ce que la petite blonde retenait c'était que prochain rendez vous il y aurait. Très bien. Le sourcil arqué, elle se mordait l'intérieur de la joue en hochant le menton pour approuver silencieusement, l'entraînant vers une artère plus animée de ce quartier pour leur éviter de finir cette soirée l'estomac vide. Ils finiraient bien par tomber sur un restaurant qui ne soit pas en plein inventaire, et en attendant, ils ne manquaient de rentabiliser leur temps de marche en faisant connaissance. Si Romy en savait beaucoup sur le Hartwell, lui ne pouvait pas vraiment en dire de même, et bien que ce soit elle qui ait avancé le fait qu'elle avait grandi à quelques rues d'ici, la petite blonde n'avait pas vraiment envie de s'épancher sur la case Ashby. « Au moins tu sais toujours qui appeler en cas de déménagement. » Elle penchait la tête sur le côté, se souvenant brièvement de son changement d'appartement express en avril dernier. "Pas sûre qu'elles soient d'une grande aide. J'ai aidé mon coloc a emménager il y a quelques semaines. J'en garde encore des courbatures, et pourtant j'ai réussi à échapper au plus gros." Ses bras souffraient encore des trois cartons et demi que Tad lui avait pourtant désigné comme étant les plus légers, mais Romy avait un tonus musculaire quasi nul alors ... elle haussait les épaules, relevant un regard désolé vers un Lonnie auquel elle laissait sous entendre qu'elle ne serait jamais d'une grande aide pour ouvrir les portes réfractaires, par exemple. Elle demandait ensuite ce qu'il en était pour lui, combien de familles d'accueil avaient pu l'accueillir, par réel intérêt. « Quatre en tout. Des gens sympathiques qui ont tout fait pour nous mettre à l’aise Harvey et moi … même si lui passait plus de temps à fuguer qu’à table pour les repas. Je n’en tire pas de mauvais souvenirs mais en grandissant on comprend que certains ne le font que pour être payés ensuite. » Elle hochait la tête, notant que les deux frères n'avaient pas été séparés bien que l'aîné n'ait pas été des plus faciles à vivre. Là encore elle ne notait que le positif, retenant que Lonnie avait eu un toit au dessus de la tête et un entourage qui ne l'opprimait pas. Alors qu'elle l'observait du coin de l'oeil, les lèvres du flic attiraient son attention, s'étirant d'un sourire qu'elle intégrait mal à la suite de ses paroles, bien qu'elle finisse par comprendre rapidement puisqu'il ajoutait : « Une de mes mères d’accueil a été Miss Brisbane 1975, tout de même. » Excusez du peu. Elle laissait un rire bref lui échapper, s'imaginant vaguement le cliché d'une blonde au maillot de bain échancré et à la tignasse dépassant les lois de la gravité trônant sur la cheminée, traumatisant un garçonnet de dix ans qui devait se demander pourquoi et comment ces concours de beauté pouvaient être une source de fierté. Elle imaginait du moins. "Et est ce que t'as eu droit au visionnage des photos ? Que je sache si ça a pu te traumatiser ou non." Assurément, elle, ça l'aurait chamboulée, et Romy préférait édulcorer la réalité pour ce soir en laissant tomber le côté sérieux des familles d'accueil maintenant qu'elle en savait un peu plus. Ils arrivaient dans une rue plus animée, ce qui n'avait rien d'étonnant pour un vendredi soir. Ils n'avaient pas d'autre choix que de se rapprocher pour pouvoir s'entendre, et alors qu'elle avançait qu'elle n'était pas compliquée, Lonnie lui répondait un « Encore un point commun. » qui la fit sourire, et bien que son inner Clara lui hurlait dans les oreilles d'arrêter de ses émotions comme un livre ouvert, Romy demandait en haussant le sourcil : "Donc tu tiens les comptes ?" piquée de curiosité. Elle était persuadée qu'ils seraient nombreux, et bien que leur simplicité culinaire ne soit pas le point commun qu'elle retiendrait, il était en revanche un bon début. Au moins ils ne se disputeraient pas sur des coquillettes. Avec la même simplicité, la petite blonde avait balancé une information dont elle savait qu'elle était sensible, mais qu'elle ne se sentait pas de garder pour elle. Lonnie avait droit de savoir qu'elle avait rencontré Harvey, et qu'elle y avait survécu. Ou que lui l'avait fait. Au choix. Leur échange avait été plutôt musclé. « Différents c’est un euphémisme. Disons que si j’ai déjà des problèmes à régler de mon côté Harvey lui à des montagnes du sien … mais je suis heureux qu’il ait enfin trouvé le courage de venir … même si je présume qu’il ne l’a pas vu elle ? » Non. Romy secouait doucement du menton, se gardant bien d'argumenter bien qu'elle aurait protégé Gail si elle n'avait pas senti Harvey prêt à rencontrer sa mère, quand bien même elle avait suffisamment chatouillé ses nerfs pour lui faire vivre un ascenseur émotionnel ultime. "Je gère. Promis." avait elle toutefois conclut, laissant de côté les épisodes fâcheux pour la soirée. Son boulot était bien souvent une source de stress permanente, mais elle ne feignait pas en avançant qu'elle contrôlait la situation, pas vraiment comme cette soirée où elle s'était sentie de porter ces horribles chaussures à talons qui commençaient à lui tirer dans les chevilles. « Oui bien sûr, ce que tu veux. » Arrêtée au beau milieu de la rue, Romy s'était attiré les remarques des badauds sans véritablement en tenir rigueur. Elle avait repéré un McDonald's à une distance acceptable pour ses pieds, et ni une ni deux elle avait proposé une alternative fastfood, s'excusant au passage. Lonnie avait sélectionné un endroit cosy et elle ... elle lui sortait l'endroit le plus fréquenté par les familles pressées de se rendre à leurs séances de ciné et autres adolescents qui n'avaient pas les moyens de se poser autre part, malgré tout, à en juger par le sourire qu'il arborait, le flic semblait satisfait de la tournure que prenait leur soirée. « Seulement si on prend la boîte de 20… Et fait bien attention à ce que tu choisis Ashby, je suis un juge très pointilleux au niveau du fast-food. » Hééé. Rapidement, le Hartwell s'était frayé un chemin à l'intérieur la guidant du coude pour qu'elle le suive sans se fouler une cheville. "Tu vas être déçu." qu'elle rétorquait en arquant le sourcil, se plantant à ses côtés face à une borne. « Prend ce que tu veux, rajoute des sauces et des glaces parce que je compte bien te sortir le grand jeu. » De son index, la blondinette appuyait sans la moindre petite gêne sur la case Happy Meal pour prendre un combo nuggets, baby carottes, danonimo qui filaient des suées à ses amis, se récoltant sans l'avoir volé son surnom de Romychou qu'elle détestait mais qui lui allait si bien lorsqu'elle agissait comme une enfant de six ans. "Jouet fille. S'il te plaît. Pour la nana qui met des chaussures à talons pour faire la belle mais qui oublie qu'elle porte des vans quatre vingt dix pour cent du temps." Quitte à griller les règles des premiers rendez vous autant être honnête d'entrée de jeu. Romy était une grande enfant. Elle avait un dressing immense mais n'en portait qu'une infime partie, bien plus à l'aise dans un sweat que dans une robe. "Je profiterai du grand jeu pour te piquer des frites." Romy picorerait plus qu'elle ne prêterait attention à ce qu'il y avait sur son plateau ce soir, se disant que la discussion entre eux ne risquait pas de s'amenuiser. Elle n'avait pas faim, pas vraiment du moins. "Désolée de foirer le test très pointilleux du fastfood" commençait elle en l'observant utiliser la borne à son tour, relevant le menton vers lui sitôt le ticket reprenant leur commande imprimé et coincé entre ses doigts. "Je me rattraperai pour les prochains." Si prochains il y avait du moins. Romy esquissait un sourire avec amusement, se frayant un passage dans la foule du vendredi soir pour trouver une table libre près des baies vitrées. Elle bénissait le service à table, bien heureuse de ne pas avoir à patienter debout sur ses deux jambes le temps de remplir leurs plateaux. A la place elle profitait d'une banquette en compagnie du flic, se laissant retomber avec soulagement à ses côtés. "Il y a beaucoup trop de monde et pas de photophores mignons sur les tables, mais on s'est pas trop mal débrouillés finalement" soufflait elle en lui adressant un regard complice, muant toutefois rapidement son sourire en grimace alors qu'un gamin bruyant arpentait l'allée où se trouvait leur table, glace à la main. "Nononononon." pas de taches sur ma foutue robe, aurait elle pu compléter sans peine, mais sans avoir pris le temps de formuler quoique ce soit Romy s'était décalé d'une dizaine de centimètres vers un Lonnie n'ayant pas d'autre choix que de composer avec sa personne. "Je ... j'aime bien les enfants. Mais pas ceux qui nécessitent d'acheter des actions chez Skip." Elle n'était pas certaine que cela justifiait son comportement, mais il traduisait assurément toute l'affection qu'elle portait à ses fringues. Pour rien au monde Romy ne les aurait laissées en proie à un bambin aux mains sales.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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La fermeture du restaurant tombait très mal dans le plan bien dessiné de Lonnie Hartwell mais c’était aussi un moyen de se montrer imaginatif, de prouver qu’il y avait toujours de la place pour l’improvisation même quand on avait tendance à faire une crise d’angoisse dès que le supermarché décide changer l’ordre de ses rayons. Heureusement pour lui Romy n’était pas du genre à se laisser abattre par une porte réfractaire qui refusait de céder même devant les, vaines, tentatives du flic de faire jouer ses muscles plutôt que son cerveau. Dédramatisant la situation en assurant au flic qu’ils trouveraient bien un restaurant ouvert en chemin Romy l’avait gentiment poussé d’une main sur l’épaule afin qu’il oublie son combat contre la porte et les employés du restaurant qui devaient bien se foutre de sa gueule. Alors tant pis pour les petites bougies posées sur la table et la carte des vins qu’il aurait scruté d’un œil perdu avant de balancer un nom au hasard en espérant ne pas jeter son dévolu sur du vin de table dégueulasse qu’il aurait fait semblant d’aimer pour se donner une constance. Lonnie avait jeté un dernier coup d’œil derrière lui avant d’emboîter le pas, chancelant à cause des talons, de la conseillère qui s’engouffrait déjà dans une rue adjacente. Et alors qu’il enfonçait ses mains dans les poches de son pantalon le bleu avait émis l’hypothèse d’un prochain rendez-vous qu’il n’avait pas envie de prévoir dans le parloir d’une prison, faisant écho à la phrase ironique de Romy dont le souhait était de ne pas voir débarquer la police pour tentative d’effraction. Elle ne disait pas grande chose la petite blonde, se contentant d’acquiescer silencieusement aux paroles du flic alors qu’ils s’approchaient de plus en plus des quartiers animés de la ville. Et ça lui plaisait, à Lonnie, de la voir vulnérable et de sentir qu’il avait sur elle des effets positifs. Décidé à équilibrer la balance le flic s’était osé à une question personnelle afin d’en apprendre un peu plus sur une Romy qui – dans son esprit – portait encore sa petite veste de conseillère pénitentiaire au tempérament bien trempé. « Pas sûre qu’elles soient d’une grande aide. J’ai aidé mon coloc à emménager il y a quelques semaines. J’en garde encore des courbatures, et pourtant j’ai réussi à échapper au plus gros. » Dans un coin de son esprit Lonnie nota qu’elle la jeune femme vivait en colocation, point important pour lui afin de dresser un portrait mental de Romy qu’il comblerait au fur et à mesure des rendez-vous, si pluriel il y avait. « Il est sympa, ton coloc ? Je sais pas si j’arriverai à partager mon espace de vie avec quelqu’un que je ne connais pas ou très peu… » Parce que le flic tenait à avoir son intimité, mais aussi parce que son appartement n’était pas en capacité d’accueillir une autre personne que sa carcasse pâle et celle du chat de la voisine qui était maintenant devenu le sien tant il squattait le canapé et bouffait les restes. « Enfin si, je partage avec un chat qui n’est même pas le mien et qui me griffe à chaque fois que je lui donne à manger. » C’était la seule compagnie dont disposait Lonnie et le seul être vivant qu’il voyait en rentrant du boulot si on exclut la vieille dame au troisième qui lui hurle toujours dessus parce qu’il prend la mauvaise place de parking. Quand le sujet divagua sur le nombre de famille d’accueil que les frères Hartwell avaient connu durant leur enfance Lonnie ne pût s’empêcher de fixer le sol en cherchant ses mots, et si Romy désirait savoir c’est qu’elle s’y intéressait et non pas qu’elle remplissait un fichier Excel avec toutes les informations récoltées sur lui et sa famille dans l’idée d’en faire un bestseller. Mais la carapace opaque que le flic avait dressé autours de lui pendant des années n’était pas facile à percer, et même si il s’essayait à une réponse honnête il ne voulait pas non plus tomber dans le drame alors qu’ils n’avaient toujours pas trouvé un restaurant convenable. Finissant sa phrase sur une pointe d’humour et un souvenir moins tristes que les autres Lonnie avait haussé un sourire sur ses lèvres à l’évocation de Denise, miss Brisbane 1975 qui ne ratait jamais une occasion pour le rappeler. « Et est-ce que t’as eu droit au visionnage des photos ? Que je sache si ça a pu te traumatiser ou non. » Sourire bien heureux sur les lèvres le flic s’était pincé les lèvres en se félicitant d’avoir réussi à détourner la conversation mélodramatique pour quelque chose de plus simple qui n’était pas trop compliqué à évoquer pour lui. « Des photos ? Denise avait des vidéos, et j’en ai passé des repas de familles assis dans le canapé à me demander pourquoi son maillot de bain était si court… » Et non ça n’avait pas marqué le début de sa découverte sexuelle, Ariel la petite sirène s’en était chargé quelques années plus tard. Romy s’était approché de lui en silence alors qu’ils pénétraient dans une rue bien plus animée que les passants avaient pris d’assaut en ce vendredi soir, et ça le faisait sourire que de prétendre ce rapprochement complètement calculé de la part de la blonde, quand bien même il n’arrivait pas encore à déchiffrer les expressions de Romy dont la présence à côté de lui le faisait rougir un peu. Si ils allaient se découvrir de plus en plus de points communs tout au long de la soirée Lonnie se plaisait à graver dans un coin de son esprit les nombreuses affinités qu’il partageait avec la jeune femme. « Donc tu tiens les comptes ? » Ouais, sans doute, même si il ne l’avouera jamais. Haussant les épaules alors qu’il évitait un millénial dressé droit comme un ‘i’ sur une trottinette électrique Lonnie s’était retourné d’un quart pour lancer un regard brillant à la conseillère. « Pas forcément, c’est juste que ça me plaît de savoir qu’on a plus en commun qu’on aurait pu le penser au départ. » Parce qu’il avait un peu trop vite jugée la première fois qu’elle était apparue dans sa vie, et aujourd’hui il s’en mordait les doigts. Romy Ashby était bien plus qu’une pile électrique au caractère fumant qui essayait de foutre le bordel dans sa vie privée. Elle était aussi gentille et drôle là où lui avait tendance à cacher son humour un peu ‘pieds dans le plat’ afin de ne pas faire de vague. Les pieds dans le plat Romy les avait enfoncé alors qu’elle évoquait Harvey et la discussion qu’il avait eu avec elle, sans entrer dans les détails, de un parce que c’était une conversation qui le regardait, de deux parce que ça n’était ni le lieu ni le moment d’en parler. Mais ça l’inquiétait, le flic, et il se dépêcherait d’avoir une conversation avec son frère afin de savoir si ce dernier n’avait pas été trop dur avec Romy. « Je gère. Promis. » Le flic avait acquiescé d’un mouvement de menton, trop touché par cette situation pour dire quoi que ce soit même si il croyait dur comme au fer aux paroles de la blonde qui, de toute façon, ne se laisserait pas faire. « J’ai déjà dit que je te faisais confiance. » … Mais si jamais tu as besoin de moi, qu’il se gardait de rajouter pour ne pas être le genre de personne qui pense pouvoir régler les problèmes de la terre entière. Harvey était imprévisible et si les deux frères avaient perdu leur lien Lonnie avait toujours un pouvoir sur son aîné, et il pourrait le recadrer au besoin. Freinant au beau milieu de la rue sans prévenir et sans se soucier des passants excédés qui manifestaient leur mécontentement en soupirant lourdement, Romy semblait avoir trouvé un endroit où ils pourraient enfin se poser et partager un repas. Un repas qui finirait donc sur un plateau dans un endroit bondé d'enfants hurlant à la mort dans les oreilles de parents au bout du rouleau, ça n'était pas conventionnel mais c'était ce qu'elle voulait et Lonnie se serait plié à la moindre de ses envies simplement pour la faire sourire. Alors qu'il se frayait un chemin parmi la foule du vendredi soir Lonnie avait appuyé sa main contre le coude de la conseillère afin de l'entraîner à suite, écoutant d'une oreille ce qu'elle avait à dire. « Tu vas être déçu. » Que la blonde avait balancé alors qu'ils se trouvaient maintenant devant une borne de commande automatique dont Lonnie connaissait tous les secrets, no shame. De son doigt fin la blonde avait appuyé sur la touche du happy meal en choisissant religieusement son menu avec une vitesse qui attira le sourire du flic, convaincu que ça n'était pas la première fois qu'elle faisait ce choix instinctif. « Jouet fille. S'il te plaît. Pour la nana qui met des chaussures à talons pour faire la belle mais qui oublie qu'elle porte des vans quatre vingt dix pour cent du temps. » Hartwell avait passé son doigt sur le bouton 'jouet fille' alors qu'il penchait la tête sur le côté pour écouter les paroles de la jeune femme que le brouhaha couvrait un peu. « Tu sais que tu aurai très bien pu venir en vans, même si j'apprécie fortement tes choix vestimentaires tu pourra toujours être la fille du happy meal avec moi. » Ok c'était cliché, et dire ça dans le vacarme d'un McDonald's rempli de mômes aux doigts gras n'était pas forcément le summum du romantique, mais Lonnie avait – de toute façon – une drôle de définition des relations sociales. « Je profiterai du grand jeu pour te piquer des frites » Le bleu avait appuyé sur les touches de la borne comme par habitude, sans avoir besoin de regarder ce qu'il y avait sur le menu tant il connaissait les touches par cœur, malheureusement pour lui et pour son régime alimentaire. « Bien pour ça que j'en ai pris deux. » Que Lonnie avait balancé en s'octroyant une glace à la vanille nappage caramel qui faisait parti de ses petits péchés mignons. « Désolée de foirer le test très pointilleux du fastfood. Je me rattraperai pour les prochains. » Elle avait donc envie de prochain, d'un avenir, de voir plus loin que ce premier rendez-vous, et ça enchantait le flic qui avait suivi Romy en direction d'une table près des baies vitrées au moins aussi belle que celle qu'ils auraient du avoir au restaurant. « Oh t'en fais pas, il te reste encore le test du dimanche après midi au cinéma pour te rattraper. » Finissant sa phrase par un sourire Lonnie avait pris place sur la banquette en se poussant assez pour que la blonde ne sentes pas mal à l'aise mais pas assez pour ne pas sentir sa présence à ses côtés, pas con le gamin. « Il y a beaucoup trop de monde et pas de photophores mignons sur les tables, mais on s'est pas trop mal débrouillés finalement. » Certes, c'est déjà mieux que rien, et le flic n'était pas le plus compliqué du monde à contenter, tout comme Romy qui s'enchantait déjà de dévorer ses nuggets et d'ouvrir le plastique de son jouet. « Attend, je vais t'impressionner tu vas voir. » Lonnie avait levé un doigt devant son visage pour faire patienter la conseillère alors qu'il sortait son téléphone de la poche de son pantalon, faisant glisser ses doigts sur l'écran pour ouvrir une application stupide que l'un de ses collègues lui avait conseillé durant une soirée au commissariat. Sur le vieux téléphone cassé s'afficha l'image d'une bougie dont la flamme bougeait de temps à autre pour donner une impression de vrai, Lonnie la positionna entre deux porte serviettes, créant ainsi l'illusion. « Tada ! » Un homme plein de ressources qui, il l'espérait, aurait au moins attiré un sourire sur les lèvres de Romy. « Nononononon. » Sans même comprendre ce qui était en train de se dérouler Lonnie avait senti la blonde se rapprocher de lui dans un mouvement brusque, évitant par la même occasion les mains collantes d'un minot dont la glace menaçait de tomber à chaque instant. « Je ... j'aime bien les enfants. Mais pas ceux qui nécessitent d'acheter des actions chez Skip. » Un rire franc et sincère s'empara du flic alors que le gamin s'éloignait un courant pour rejoindre ses parents, tout aussi fatigué par l'attitude à revoir du môme. Lui était plutôt attaché aux enfants, se voyait même papa dans quelques années et essayait de compatir avec les parents qu'il croisait dans sa vie personnelle comme professionnelle, mais de voir Romy ainsi se lové contre lui pour une histoire de tâche sur sa robe rendait la soirée encore plus amusante. « Bien sur oui … rassure toi je suis prêt à mettre mon corps en opposition si il le faut. » Gonflant le torse pour jouer les cadors le petit jeu de Lonnie avait été stoppé par l'arrivé des plateaux repas qu'un employé boutonneux avait déposé devant eux sans un mot, le happy meal trônant fièrement au milieu des deux Big Mac du flic. « Et je peux te demander pourquoi le happy meal ? C'est un choix personnel ou un syndrome de Peter Pan ? » Pas qu'il portait un jugement quelconque, mais cette soirée était l'occasion d'en apprendre plus sur Romy, même sur son côté femme enfant qui le faisait sourire alors qu'il déballait ses frites dans le couverture de sa boîte de Big Mac.
Lonnie et Romy avaient abandonné l'idée de forcer la devanture du restaurant pour pouvoir y passer la soirée, se lançant à la recherche d'un plan B en rejoignant l'une des artères les plus fréquentées de Logan City. Ils finiraient sûrement par tomber sur quelque chose d'aussi cosy que l'était l'établissement aux petits photophores, mais en attendant de dénicher une alternative qui leur conviendrait, le flic faisait la connaissance d'une petite blonde arrivant à la limite de ce que ses pieds pouvaient supporter. Elle était pourtant heureuse d'être là, et le sourire qu'elle arborait à ses côtés ne saurait être altéré par une paire de chaussures trop rigides. Romy en était venue à évoquer le fait qu'elle ne vivait pas seule, un fait qui soulevait quelques interrogations chez le Hartwell. « Il est sympa, ton coloc ? Je sais pas si j’arriverai à partager mon espace de vie avec quelqu’un que je ne connais pas ou très peu… » Elle hochait la tête, un sourire au coin des lèvres. Romy ne connaissait pas Tad depuis très longtemps, mais pour le moment (et malgré le quinoa qui s'était retrouvé dans le placard en guise de cadeau de bienvenue de l'un de ses amis) tout se passait pour le mieux. Elle avait même réussi à lui grapiller une partie de son armoire pour y entreposer ses vêtements d'hiver. "Il avait pas l'air d'être un dangereux sociopathe et ... j'aime bien décider nos tours de vaisselle sur Mario Party." Elle n'était pas une fille bien compliquée, et sûrement plus bordélique que colocataire parfaite. Au fond, elle était bien tombée avec Tad, et pour le moment leur cohabitation se déroulait pour le mieux. « Enfin si, je partage avec un chat qui n’est même pas le mien et qui me griffe à chaque fois que je lui donne à manger. » Romy relevait le menton vers lui, ses lèvres s'étirant d'un sourire amusé alors que la scène se jouait d'elle même dans son esprit. "Comment il s'appelle ?" demandait elle, notant que Lonnie semblait développer son côté altruiste en s'efforçant de prendre soin de ce félin ingrat et qui ne lui appartenait même pas. La curiosité de Romy avait été aiguisée, mais si elle avait envie d'en savoir plus sur le Hartwell que le nom de son colocataire à quatre pattes, elle prenait aussi les choses comme elles venaient en laissant la conversation se dérouler le plus naturellement possible sans l'ensevelir sous ses demandes. Celle concernant son enfance ayant été déjà sans doute un tantinet trop personnelle pour un début, même si Lonnie en avait ôté le côté triste de cette période avec habilité. La petite blonde l'avait suivi, demandant si sa mère d'accueil avait conservé des photos qui auraient potentiellement traumatisé le petit garçon qu'il était à l'époque. Un traumatisme qu'elle aurait compris ; les années soixante dix étaient sûrement les pires en terme de mode. « Des photos ? Denise avait des vidéos, et j’en ai passé des repas de familles assis dans le canapé à me demander pourquoi son maillot de bain était si court… » Seigneur. Elle avait ri presque immédiatement, hochant la tête sans trop savoir si Lonnie vouait un profond respect pour cette femme ou si elle pouvait se moquer de l'image qu'il dépeignait. Dans le doute elle se moquait, gentiment. "Je suis désolée pour toi. Les vidéos c'est encore pire. J'imagine. Enfin non, je ne préfère pas." Ou peut être qu'elle devrait, ne serait ce que pour relativiser et cesser de se trouver des complexes à tout bout de champ en observant une brochette de femmes avec la peau orange et une choucroute sur la tête défiler comme si elles étaient au comble de leur beauté. Tout était question de point de vue, et quand bien même ce soir, auprès du Hartwell, Romy se sentait bien. Elle n'avait pas vraiment de mal à tenir la conversation, et bien que ses chevilles menaçaient de la trahir à chaque moment elle appréciait leur proximité. Alors qu'il évitait de justesse un gamin sur une trottinette, Romy avait trouvé cela intéressant que le flic lui ait dit qu'ils aient encore un point de convergence. Encore, oui. « Pas forcément, c’est juste que ça me plaît de savoir qu’on a plus en commun qu’on aurait pu le penser au départ. » Elle aussi, ça lui plaisait. Leur première rencontre avait beau n'avoir rien eu de conventionnel, et leur seconde non plus d'ailleurs, ils se ressemblaient beaucoup dans le fond, et ce sentiment apaisait une Romy qui sentait ses lèvres s'étirer d'un sourire idiot à cette remarque. "Au moins dans ces chaussures je ne risque pas de te courir après sur un parking pour te montrer mon côté borné et têtu dès le départ." répondait elle avec une lueur amusée dans le regard. Elle n'avait peut être pas adopté la meilleure des positions en entrant ainsi dans la vie de Lonnie, mais Romy était cette sorte de boulet de canon, qu'elle le veuille ou non, et le flic devrait (pauvre de lui) composer avec son tempérament un peu trop spontané. La jeune femme n'avait pas vraiment de filtre, pas vraiment de tact non plus, et au détour d'une conversation banale elle avait annoncé au Hartwell avoir rencontré son frère. Elle ne se sentait pas de garder une information qui les concernait tous les deux, et bien qu'elle ne s'attardait pas sur les détails, Romy se mordait la langue en se disant qu'elle avait peut être tiré sur la corde à nouveau. Si elle se sentait de bouger des montagnes et de supporter le caractère tempétueux de l'aîné des deux frères, elle pouvait aussi comprendre que son cadet était davantage sur la réserve. « J’ai déjà dit que je te faisais confiance. » Il lui avait lancé un regard après avoir hoché du menton, et pour toute réponse Romy avait laissé sa main effleurer la sienne en écho à leur soirée précédente, comprenant qu'argumenter avec des mots la desservirait peut être. Elle laissait ensuite un silence (plutôt court) s'installer, car comme dans un brusque retour à la réalité ses yeux se posaient sur un McDo de quartier qu'elle désignait comme étant providentiel. Officiellement parce qu'elle ne chipotait pas, officieusement parce que ses pieds la faisaient horriblement souffrir. Ils se rattraperaient une autre fois pour les chandelles, quand bien même la simplicité de cet endroit n'altérait pas le fait qu'elle n'arrivait pas à se détacher du regard du flic, que son centre de gravité la ramenait toujours vers lui sans que son équilibre précaire ne l'expliquait totalement. Elle se moquait bien du bruit, préférant cent fois un happy meal aux menus plus aboutis tant qu'elle pouvait être à ses côtés, et recouvrer une circulation sanguine satisfaisante dans ses jambes endolories. « Tu sais que tu aurai très bien pu venir en vans, même si j'apprécie fortement tes choix vestimentaires tu pourra toujours être la fille du happy meal avec moi. » Plantés devant la borne, Romy avait quémandé un jouet fille, laissant le flic pianoter avec rapidité (et efficacité) sa commande. Lui non plus ne devait pas vraiment s'embêter à cuisiner, et c'était tant mieux. Elle avait un peu de mal avec les pro healthy qui remettaient en question le règne des coquillettes et des uber eats. "Alors je viendrais en vans la prochaine fois." Parce que prochaine fois il y aurait, surtout si Lonnie la laissait picorer dans ses frites. Romy était une enfant facile à contenter. « Bien pour ça que j'en ai pris deux. » Ses lèvres s'étiraient d'un sourire, bien contente qu'il ne soit pas réfractaire à l'idée, surtout qu'elle avait sûrement planté son test de la commande McDo, mais comme les deux le laissaient sous entendre, il y aurait d'autres opportunités. « Oh t'en fais pas, il te reste encore le test du dimanche après midi au cinéma pour te rattraper. » lui répondait il tandis qu'ils prenaient place sur une table près des baies vitrées. Elle l'aurait voulue idéalement à l'écart, mais un vendredi soir, ce n'était pas vraiment comme si la blondinette avait le choix, alors elle se posait sur une banquette, un sourire au coin des lèvres en répondant avec spontanéité "Il y a Doctor Sleep qui devrait sortir bientôt, d'ailleurs." Ce qui laissait environ au flic six semaines pour lui faire passer le second test. Il y avait d'autres films aussi, mais celui ci avait le mérite de durer deux heures trente, et quitte à rentabiliser un dimanche autant le faire convenablement. Ce n'était pas comme si le cinéma pouvait leur faire le même coup que le restaurant sélectionné par Lonnie de toute façon, bien que finalement, leur soirée ne virait pas à la catastrophe. Il manquait peut être le côté romantique des photophores, mais le flic avait de la ressource. « Attend, je vais t'impressionner tu vas voir. » Hein ? Romy arquait un sourcil, sans trop savoir ce qu'il fabriquait avec son téléphone avant de ... sourire. Puis de rire avec amusement. « Tada ! » Elle ne s'était pas attendue à tant de ressources, et alors qu'elle avait posé sa main sur son avant bras en secouant doucement du menton, la blondinette vit une alerte rouge lui poper dans l'esprit, se matérialisant sous la forme d'un bambin avec une glace menaçant de ruiner sa robe avec sa maladresse. Non non non. Avec rapidité elle s'était décalé d'une dizaine de centimètres vers la droite, réduisant la distance qui la séparait d'un Lonnie qui ne devait pas vraiment comprendre ce qu'il se passait, alors la petite blonde se justifiait du mieux qu'elle le pouvait. Ses vêtements étaient sacrés. Tous. Bien qu'elle ne les mettait rarement plus de trois fois. « Bien sur oui … rassure toi je suis prêt à mettre mon corps en opposition si il le faut. » Sans doute la chose la plus adorable qu'il ait pu lui dire aujourd'hui, et alors qu'elle penchait la tête sur le côté, reconnaissante de le voir ne pas lui tenir rigueur de sa bizarrerie, Romy se fit interrompre par un serveur déposant leurs plateaux sur la table sans une seule parole ; c'est qu'ils s'étaient tous donné le mot pour les interrompre ce soir. Elle glissait un dernier sourire complice à Lonnie, reprenant sa place initiale avant de prendre la boîte contenant son précieux sésame (le jouet) et de le sortir avant tout le reste. « Et je peux te demander pourquoi le happy meal ? C'est un choix personnel ou un syndrome de Peter Pan ? » Lonnie avait rompu le silence, lui posant cette question tandis qu'elle déchirait le plastique pour libérer son contenant. Il s'agissait d'une petite voiture rose à paillettes que la blondinette pouvait remonter à l'aide d'une molette, ce qu'elle ne manquait pas de faire pour la voir filer et s'échouer sur l'un des portes serviettes dans un crash minable. "Officiellement parce que les baby carottes sont certainement plus saines que les frites. Officieusement parce que les jouets m'occupent." Elle haussait les épaules, relevant le menton vers le flic à qui elle adressait un sourire franc. "Et par plaisir de t'en voler quelques unes sans culpabiliser. " Romy était un exemple parfait de l'adage "appréciez les petites choses" car bien que sa Clara intérieure pratiquait le décès, elle, sortait à présent ses nuggets avec un sourire qui en disait long sur ce que son estomac pensait. En fait, elle mourrait de faim. "Et toi ? J'ai vu que tu avais commandé rapidement tout à l'heure. Je me trompe en présumant qu'une application Uber Eats se planque dans ton téléphone ?" Elle espérait. Jusqu'à présent les astres semblaient s'aligner pour eux, et bien qu'un degré moins douze en cuisine n'était pas catalyseur d'une bonne entente, la petite blonde comptait bien poursuivre sur la lancée des points communs et rendre tangible et légitime cette petite voix qui la poussait à se laisser avoir par le regard bleuté du Hartwell.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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En abandonnant l’idée de forcer la porte du restaurant Lonnie avait dit adieu à une soirée prévue depuis des jours et qui lui avait demandé du temps et de la concentration afin d’établir la parfaite occasion pour se rapprocher de la jeune femme. Mais il en fallait décidément plus pour contrarier une Romy Ashby bien décidée à ne pas laisser une porte fermée dicter sa soirée et qui avait invité (forcer) le flic à la suivre pour rejoindre les rues plus touristiques de Logan City en quête d’un nouvel établissement. Il avait l’occasion d’en apprendre plus sur elle durant le parcours qui les séparaient des artères commerciales et Lonnie ne s’empêcha pas de sourire en découvrant que la conseillère partageait son toit avec un colocataire qu’il espérait assez coriace pour supporter son énergie. La curiosité piquée de part cette information le flic avait avoué n'avoir jamais tenté l’expérience de peur de se retrouver coincé avec un tueur en série à venir qu’il l’aurait découpé un petit morceau pour une histoire de place dans le frigo. « Il avait pas l’air d’être un dangereux sociopathe et … j’aime bien décider nos tours de vaisselle à Mario Party. » Elle avait donc le sens de la compétition, même amicale, et cette information allait à ravir avec la tendance ‘bon joueur, mauvais perdant’ que pouvait avoir le flic quelque fois, les souvenirs douloureux de parties de beer pong perdues à l’école de police remontant dans sa mémoire. « Tu t’entraînes en cachette pour ne plus jamais avoir à faire la vaisselle ? » Parce que c’est ce qu’il aurait fait lui si son côté maniaque du ménage n’était pas aussi présent, sans doute l’une des raisons pour lesquelles il n’était pas non plus en colocation, effrayé à l’idée de retrouver un jour son appartement dans un bordel sans non. A part le chat qui squattait son canapé et les restes de sa nourriture Lonnie n’avait à se soucier que de lui-même, et si la solitude le pesait parfois il restait quand même convaincu qu’on était jamais mieux servi que par soi-même et préférait se blâmer lui pour le manque de bière dans le frigo plutôt que quelqu’un d’autre. « Comment il s’appelle ? » Relevant la tête vers Romy le flic avait mis un moment avant de comprendre de quoi elle était en train de parler, avant qu’une ampoule invisible s’allume au-dessus de sa tête. « Le chat ? J’en ai aucune idée … Ma voisine n’est jamais vraiment là alors je me contente de le siffler. » L’interrogation de la blonde n’était pas bête et Lonnie se sentait maintenant con de ne même pas connaître l’identité de son colocataire et squatter préféré qui laissait des poils partout sur ses costumes de boulot. « Je lui donnerai peut-être un nom, t’as des idées ? » Souriant à l’idée de choisir le nom du félin avec Romy le bleu avait pris une claque dans la gueule quand elle l’avait questionné sur son enfance et les différentes familles d’accueils qui avaient pris soin d’Harvey et lui jusqu’à leur majorité. Ça n’était pas les souvenirs qui étaient douloureux, car les frères Hartwell avaient eu beaucoup de chance en tombant sur des personnes de bonne volonté qui avaient fait leur possible pour le mettre à l’aise, c’était plutôt cette brûlure que d’avoir à admettre que sa propre mère n’avait pas été là pour l’élever comme toutes mères l’auraient fait. Mettant un point d’honneur à ne pas ressasser le passé Lonnie avait mis l’accent sur un côté plus humoristique de son enfance, évoquant Denise et sa permanente toujours bien montée qui, certes cuisinait comme un pied, mais avait toujours une anecdote sous la main pour les faire rire. « Je suis désolée pour toi. Les vidéos c’est encore pire. J’imagine. Enfin non, je préfère pas. » Le rire franc de la blonde avait attiré celui du flic à sa suite alors qu’il haussait simplement les épaules, une sueur froide lui traversant le dos alors qu’il repensait à la femme dans son maillot de bain trop serré. « Ouais, te fais pas du mal comme ça. Mais je lui demanderai une copie si jamais ça t’intéresse pour une carrière future. » C’était moche de se moquer mais ça avait le mérite de détendre un tant soit peu les nerfs de Lonnie mis en pelote par le début de soirée, et ça le faisait sourire, le bon point se trouvant surtout là-dedans. Evitant de justesse un hipster monté sur une trottinette qu’il aurait adoré verbalisé juste pour le plaisir Lonnie se retrouvait maintenant à quelques centimètres de Romy et de son pas chancelant, prêt à la rattraper si jamais les talons à ses pieds décidaient de jouer les mauvais élèves. La conversation allait bon train et le flic se découvrait de plus en plus d’atomes crochus avec la petite blonde, signe qu’il s’était bien gouré lors de la première rencontre en imaginant que Romy Ashby n’était qu’une petite boule de nerfs impatiente et têtue. « Au moins dans ces chaussures je ne risque pas de te courir après sur un parking pour te montrer mon côté borné et têtu dès le départ. » Le bleu avait accueilli les paroles avec le sourire aux lèvres tout en repensant à leur première rencontre qui semblait déjà si loin dans son esprit, comme si tout avait changé entre eux en l’espace de quelques semaines. « Oui mais si tu ne l’avais pas fait est-ce qu’on en serait là aujourd’hui ? » Certainement que non. Si la blonde s’était contenté d’un mail ou d’un coup de téléphone pour prévenir le fils Hartwell que maman avait la possibilité de sortir Lonnie aurait sûrement laissé couler jusqu’à ce que mort s’en suive, bloquant même les appels pour ne pas être dérangé. Non, elle avait pris le taureau par les cornes quitte à démarrer leur relation du mauvais pied, et aujourd’hui il en était plus qu’heureux. « Moi je pense que tu as bien fait le jour où tu es venu me trouver, et puis ça m’a fait comprendre tout de suite que j’avais pas intérêt à t’avoir comme ennemie mais plutôt comme alliée. » Et plus si affinité si le destin le voulait, chose qu’il s’était retenu de mentionner sans pour autant arrêter de sourire comme idiot alors que Romy touchait un nouveau point sensible en évoquant sa rencontre avec Harvey. Les yeux rivés sur le sol Lonnie avait écouté sans rien dire les paroles de la jeune femme, inquiet de savoir si son frère avait réussi à canaliser sa colère mais aussi heureux de savoir qu’il avait enfin franchi le cap d’une sortie à la prison. Il avait fallu plusieurs minutes au flic pour se remettre de cette information et pour envie ouvrir la bouche, balançant simplement qu’il avait une confiance aveugle en elle, chose qui était vraie malgré l’inquiétude qu’il ressentirait toujours de la savoir en première ligne dans cette histoire. Pour seule réponse Romy avait laissé sa main pendre aux côtés de celle du flic qui avait ressenti la douce pression, piqure brûlante fortement agréable à laquelle il avait répondu de la femme façon, ne sachant pas s’exprimer autrement qu’avec ce geste à la fois doux et simple qui voulait tout dire pour lui comme elle. Arrêtés brusquement dans une des rues les plus passantes du quartier Romy avait désigné le McDonald’s comme la solution de repli la plus efficace, autant pour ses pieds qui hurlaient au secours que pour l’estomac du bleu qui criait famine. D’un geste habitué Lonnie avait sélectionné les désirs de la demoiselle sur la borne tactile tout en lui rappelant qu’elle n’avait pas besoin de se planter sur des échasses pour lui plaire, la simplicité de la jeune femme étant ce que le flic préférait dans sa façon d’être. « Alors je viendrai en vans la prochaine fois. » Tout sourire sur les lèvres le flic avait choisi le jouet fille en conséquence avant de pianoter sa commande se composant de deux Big Mac qu’il allait engloutir facilement tant il avait faim. « Et moi je ne passerai pas trois heures à choisir une tenue. » Tenue que le chat sans nom avait validé un coup de patte désintéressé et qui avait valu à Lonnie de longues heures de questionnement, perdu entre le trop et le pas assez. Le ticket de la commande entre les mains Hartwell avait suivi la blonde sans se poser de questions jusqu’à une table située juste en dessous des grandes baies vitrées offrant une vue splendide sur la piscine à boules, souriant à l’évocation d’un autre test possible dans un cinéma bondé en plein dimanche après-midi. « Il y a Doctor Sleep qui devrait sortir bientôt, d’ailleurs. » Et c’est le plus naturellement du monde que Lonnie avait noté cette information dans un coin de a tête en s’invitant aussi à revoir Shining pour ne pas être complètement perdu une fois devant le grand écran. « On se trompe rarement avec Stephen King, même si je suis plus du genre western, je ferai un effort pour toi. » Sans même s’en rendre compte, parce que la conversation était naturelle, Lonnie avait dévoilé son pêché mignon pour les films de cowboys qui avaient marqués son enfance et réveillé en lui un désir brûlant de porter un chapeau et un ceinturon déjà tout petit. Placé entre deux portes serviettes le téléphone du flic servirait de bougie en remplacement à l’atmosphère cosy qui aurait dû les baigner dans le premier restaurant, un coup de maître dont il se félicitait tant le sourire de Romy était beau à voir même sous les néons du McDonald’s. Pour récompenser à cette prouesse technique de haut vol Lonnie avait eu le droit à un contact physique qui le fit frissonner puis sourire à nouveau, la main de la blonde sur son avant-bras devenant soudainement nécessaire à son bonheur. Et même quand Romy recula d’un bond sur la banquette pour échapper aux mains potelées couvertes de glace d’un enfant à la vivacité hors norme Lonnie avait trouvé ça mignon, adorable même de savoir qu’elle aimait les enfants tant qu’ils restaient loin d’elle. Preux chevalier comme en faisait plus le flic avait décrété être prêt à s’opposer à toutes tentatives enfantines qui auraient pu ruiner la robe de la blonde qu’elle avait choisie spécialement pour la soirée, spécialement pour lui il aimait à penser. Le rapprochement avait pris fin contre la volonté du bleu quand un serveur bien trop jeune et bien trop fatigué avait déposé les plateaux sur la table, Romy avait alors repris sa place initiale avant de déballer le contenu de son happy meal pendant que le flic se jetait sur une des grandes frites qui ne suffirait définitivement pas à caler son appétit. Le jouet sorti de son emballage plastique et mis en service pour un tour d’essai Lonnie avait relevé la tête vers la conseillère afin de comprendre son penchant pour les boîtes surprises souvent plus destinées aux enfants qu’aux adultes. « Officiellement parce que les baby carottes sont certainement plus saines que les frites. Officieusement parce que les jouets m’occupent. » Réponse correcte pour la question posée, Lonnie avait acquiescé d’un signe de la tête avant de tourner à nouveau la molette de la voiturette pour la voir se prendre la porte serviette. « Et par plaisir de t’en voler quelques-unes sans culpabiliser. » Certes, il y avait de ça aussi. Portant la paille à ses lèvres Lonnie avait décalé la boîte contenant ses frites pour qu’elle soit à une distance acceptable de Romy. « Hum, mes frites sont tes frites. » Pas qu’ils partagent déjà tout mais le flic avait tout de même appuyé deux fois sur le bouton pour être de ne pas se retrouver à court une fois que la conseillère aurait tout avalé en prétextant n’en prendre qu’un peu. « Et toi ? J’ai vu que tu avais commandé rapidement tout à l’heure. Je me trompe en présumant qu’une application Uber Eats se planque dans ton téléphone ? » Touché. Sans aucuns moyens de le mener en bateau sur ce sujet tant il avait été d’une rapidité sur la borne Lonnie s’était pincé les lèvres en relevant le regard vers la jeune femme. « Tu ne te trompes pas. » Est-ce que c’était rédhibitoire pour Romy ? Aucune idée, mais quitte à être sincère autant l’être aussi sur ses habitudes alimentaires qui n’étaient pas très glorieuses. « C’est pas la faute de ma mère d’avoir essayé de m’apprendre à cuisiner autre chose que des pâtes … mais j’ai une flemme immense et je rentre souvent tard et le chinois à côté du poste est ouvert jusqu’à minuit … » Et des excuses il en avait plein les poches, mais pourtant il sentait bien que ce genre de chose n’allait pas faire fuir Romy et que – au contraire – ils se trouveraient un nouveau point commun.
Cela faisait peu de temps que Romy vivait en colocation, et bien qu'initialement elle avait choisi ce mode de vie dans la précipitation en se séparant de son ex petit ami volage, la blondinette l'appréciait vraiment, et bien qu'elle ait fait fuir Isla avec son côté bordélique, Tad semblait être le partenaire de vie parfait tant il la laissait faire ce qu'elle voulait et vice et versa. Elle expliquait au flic qu'ils se partageaient les tours de vaisselle à Mario Party, et bien qu'elle n'était pas des plus douées avec une manette entre les mains, elle avait souvent le dessus et ce sentiment la galvanisait chaque fois qu'elle remportait un mini jeu. « Tu t’entraînes en cachette pour ne plus jamais avoir à faire la vaisselle ? » Oui. Elle hochait la tête avec amusement, admettant toutefois qu'elle n'était pas si dure avec lui. "Tout à fait. Mais je fais la lessive. Parce qu'il est du genre à tout mettre en même temps dans le tambour avec une pauvre lingette en espérant que ça passe." Et ça, pour une Romy triant son dressing par couleurs et matières, c'était l'affront suprême, bien qu'elle ne maternait pas Tad le moins du monde. Elle était plus une plaie qu'autre chose avec lui, alors quelques battées de temps à autre ce n'était pas si cher payé. Lonnie, lui, n'avait pas à se soucier de la vaisselle laissée par son colocataire puisque ce dernier était un félin ... qui ne lui appartenait même pas ? « Le chat ? J’en ai aucune idée … Ma voisine n’est jamais vraiment là alors je me contente de le siffler. » Elle arquait le sourcil, se demandant bien comment un animal pouvait s'installer chez lui sans qu'il ne soit plus préoccupé que cela, puis elle se souvenait que les chats n'avaient pas vraiment de fidélité alors ... pourquoi pas. « Je lui donnerai peut-être un nom, t’as des idées ? » Elle esquissait un sourire, lui admettant toutefois qu'elle n'était pas des plus à l'aise avec les compagnons à quatre pattes. "J'ai un peu peur des animaux en règle générale. Mais quand on était gamins avec mon frère et ma sœur on avait un chat qui se baladait dans le jardin. Lui non plus il n'était pas à nous. On l'avait appelé Jack. J'aimais bien le voir. De loin." Parce qu'elle avait toujours été ce genre de gamine toujours fourrée dans les jambes de son père, à avoir peur de son ombre et du moindre petit insecte. Romy avait beau avoir vu son caractère et son tempérament s'affirmer à mesure que les années filaient, pour ce qui était du cadre personnel elle restait une grande enfant, et tant qu'il était question de leurs enfances respectives, la petite blonde avait questionné Lonnie au sujet de la sienne, et l'anecdote lancée sur cette Denise qui s'était occupée de lui un temps ne la laissait pas vraiment de marbre. Elle avait ri avec spontanéité en l'entendant évoquer ces vidéos, s'excusant toutefois pour ces imagines qui avaient du être vécues comme un micro traumatisme. « Ouais, te fais pas du mal comme ça. Mais je lui demanderai une copie si jamais ça t’intéresse pour une carrière future. » Elle arquait le sourcil, s'imaginant ma troquer sa casquette de conseillère pour une de mannequin passionnée par les années soixante dix. S'imaginant mal devenir mannequin tout court. "Hmm sans façon, j'aime bien mon boulot." Et quand bien même elle devait changer un jour, il était hors de question que ce soit dans cette voie, Romy était une boule d'énergie bien incapable de patienter sagement derrière un objectif avec une choucroute sur la tête, en témoignait la façon dont elle avait déboulé dans la vie du flic. « Oui mais si tu ne l’avais pas fait est-ce qu’on en serait là aujourd’hui ? » Il y a quelques semaines de là, elle aurait été incapable d'imaginer qu'ils en seraient à arpenter les rues de Logan City si proches l'un de l'autre, mais il fallait croire que la providence avait été de leur côté, et que le choix de chaussures de la blondinette avait une curieuse façon d'influer sur leurs actions. La fois dernière elle avait su courir vers le flic sur ce parking, et aujourd'hui elle savait se tenir proche de lui tant ses jambes menaçaient de flancher. « Moi je pense que tu as bien fait le jour où tu es venu me trouver, et puis ça m’a fait comprendre tout de suite que j’avais pas intérêt à t’avoir comme ennemie mais plutôt comme alliée. » Elle esquissait un sourire secouant doucement la tête alors que quelques secondes de réflexion lui furent nécessaire pour répondre : "Tu ne m'aurais jamais eue comme ennemie tu sais. J'imagine que même sans m'être précipitée par la fenêtre de ta voiture pour inscrire mon numéro sur ton paquet de cigarettes tu m'aurais eue sur le dos." Elle n'était pas de celles qui laissaient tomber si facilement, et avait toujours à coeur de bien faire, comme lorsqu'elle se montrait la plus transparente possible en évoquant sa rencontre avec Harvey. La petite blonde avait toutefois senti la nervosité du Hartwell, et préférait ne pas s'épancher davantage, laissant ses doigts retrouver le contact des siens avec brièveté, sans trop savoir si ce contact l'apaisait ou réveillait une brûlure qui lui avait manqué depuis leur dernière rencontre. Elle ne voulait pas gâcher cette soirée en l'inquiétant, et bien que l'alternative qu'elle avait proposé en tombant sur ce McDonald's de quartier n'avait rien d'équivalent au petit restaurant aux photophores, Lonnie ne semblait pas s'en offusquer et s'y était engouffré en la guidant par le coude. L'information précédente oubliée, les deux se plantaient devant une borne pour commander, et Romy osait enfin formuler verbalement qu'elle avait horriblement mal aux pieds dans ces chaussures. Elle n'avait pas été la seule à faire un effort vestimentaire, et alors qu'elle décidait de laisser au placard les talons pour leur prochain rendez vous, le flic optait pour plus de simplicité lui aussi. « Et moi je ne passerai pas trois heures à choisir une tenue. » La petite blonde hochait la tête, sans se risquer à lui avouer qu'elle aimait bien cette chemise. Elle n'aurait pas su le dire sans rosir, et avoir l'air d'une adolescente ne faisait pas vraiment partie de ses plans, déjà qu'elle avait choisi son menu enfant sans la moindre gêne, autant ne pas enfoncer le clou. Elle comptait bien donner envie au flic de la revoir, et alors qu'ils se posaient tous deux près des baies vitrées, l'entrevue d'une après midi au cinéma se profilait avec un naturel qui la ravissait. « On se trompe rarement avec Stephen King, même si je suis plus du genre western, je ferai un effort pour toi. » Romy notait cette information dans son esprit, hochant la tête dans un demi sourire. "Je crois que je n'ai jamais regardé un seul western de ma vie. Mais avec un sceau énorme de popcorn je veux bien faire un effort pour toi." qu'elle répondait en écho à ses paroles, intégrant potentiellement un troisième rendez vous dans leur agenda qui se remplissait petit à petit. Elle en aurait programmé des dizaines d'autres à la lueur de ce photophore virtuel, mais alors qu'elle aurait volontiers poursuivi cette discussion, la petite blonde fut interrompue par ce marmot aux mains sales qui menaçait de salir un pan de sa robe, se rapprochant du flic dans un geste qui n'était pas calculé, mais qui ne l'avait pas mise à l'aise, au contraire. Elle avait apprécié cette proximité, et l'aurait volontiers conservée quelques secondes de plus si le serveur muet n'était pas venu déposer leurs commandes devant eux. L'endroit n'était définitivement pas des plus romantiques, mais à défaut d'avoir droit à une parcelle d'intimité, les deux avaient désormais de quoi ravir leurs estomacs. Romy s'était d'abord intéressée à sa petite voiture, laissant le flic jeter son dévolu sur des frites qu'elle lui chiperait ensuite. Elle était consciente que ce n'était pas un comportement des plus logiques, mais elle avait bricolé un semblant de justification à fournir au Hartwell, et ce dernier semblait s'en contenter puisqu'il répondait : « Hum, mes frites sont tes frites. » Bien. Romy se fendait d'un sourire, attrapant (enfin) la boîte de nuggets de son happy meal pour en mordre une, réveillant par la même son appétit. "J'apprécie." Et comme pour joindre le geste à la parole, la blondinette piquait une allumette dans le paquet d'un Lonnie sur qui elle s'hasardait à quelques suppositions. « Tu ne te trompes pas. » Son regard s'illuminait d'une lueur enfantine, comme bien trop heureuse d'avoir visé juste. « C’est pas la faute de ma mère d’avoir essayé de m’apprendre à cuisiner autre chose que des pâtes … mais j’ai une flemme immense et je rentre souvent tard et le chinois à côté du poste est ouvert jusqu’à minuit … » Elle avait souri, puis ri face à cette justification qu'elle trouvait amusante et inutile. Lonnie n'avait pas vraiment besoin de se justifier sur cette habitude qu'elle jugeait davantage satisfaisante que rédhibitoire. "Je le fais. Pizza, généralement. Ensuite je culpabilise et je mange des salades pendant trois jours. C'est cyclique." Elle haussait les épaules, s'emparant d'une nouvelle nugget, se disant au passage que cette boîte ne ferait pas long feu, pas plus que ces petites carottes qu'elle grignotait en alternance. "Ta mère a aussi essayé de m'apprendre deux trois trucs, mais c'est laborieux. La dernière fois que j'ai essayé d'ouvrir des huîtres en essayant sa technique j'ai terminé à l'hôpital avec un bandage et des réprimandes le lendemain. C'est qu'elle a son caractère quand on ne suit pas ses conseils à la lettre." Et comme pour illustrer son propos, la petite blonde lui montrait le creux de sa main droite, fendu d'une petite cicatrice qu'elle garderait en souvenir de l'anniversaire de son paternel qu'elle avait gâché dans les grandes lignes. Non pas qu'il ait été fameux entre sa mère qui n'avait pas décoché le moindre mot et Wylda aux abonnés absents. "Mais j'ai le mien aussi alors j'ai laissé tomber l'idée et on a trouvé une alternative plus accessible pour la catastrophe que je suis. Je maîtrise la cuisson des coquillettes à merveille maintenant." Et chassant ce souvenir de sa mémoire, Romy le remplaçait par une anecdote balancée avec un sourire malicieux. Elle n'était pas douée de ses dix doigts derrière les fourneaux, mais s'en moquait bien. Elle espérait toutefois que Lonnie appréciait manger à l'extérieur, quand bien même ce soir, à en juger par le contenu de leur plateau qui disparaissait sans grande difficultés, ce devait être le cas. Encore un point commun.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Sans jamais avoir envisagé la colocation Lonnie n'avait pourtant pas de mal à imaginer que la jeune femme ait eu recours à cette solution bien plus commode que d'avoir à revenir chez papa et maman la queue entre les jambes parce que l'on avait nul part où dormir. Contraint de grandir plus vite que la moyenne Lonnie avait décroché un appartement dès sa sortie de l'école de police et n'avait pas jugé nécessaire de faire une pré-visite avant de signer, et maintenant il ne pouvait plus se plaindre des fissures dans les murs et de la salle de bain humide au possible. "Tout à fait. Mais je fais la lessive. Parce qu'il est du genre à tout mettre en même temps dans le tambour avec une pauvre lingette en espérant que ça passe." Ça avait l'air d'un mec bien, le genre de gars issu de la même génération que Lonnie et qui ne savait as comment trier les couleurs et reconnaître les différents petits symboles sur les vêtements (qui avait besoin de savoir ça en même temps). « Est-ce qu'il réussi à différencier la lessive de l'adoucissant ? » Parce que c'était le drame de toute sa vie à Lonnie, et sans une mère ou une heureuse élue pour l'accompagner dans son domptage de la machine à laver il fallait avouer qu'il avait de nombreuses fois demandé conseils aux femmes de ses collègues pour être sûr de ne pas se retrouver avec des costumes trop petits. Le chat n'était, de toute façon, pas de très bon conseils quant à l'organisation d'un dressing ou la bonne manière d'allumer le chauffage sans risquer de faire craquer la facture d’électricité. Mais un chat sans nom et au caractère bien trempé valait mieux qu'une solitude lassante qu'il aurait fini par détester. Romy, apparemment surprise de connaître l'identité de l'animal partageant la vie du flic, n'avait pas hésité à lui balancer qu'elle n'était pas franchement à l'aise avec les félins, les canins et toutes sortes de de bêtes. "J'ai un peu peur des animaux en règle générale. Mais quand on était gamins avec mon frère et ma sœur on avait un chat qui se baladait dans le jardin. Lui non plus il n'était pas à nous. On l'avait appelé Jack. J'aimais bien le voir. De loin." Les mains toujours visées dans le fond de ses poches le flic avait craqué un peu plus sous le poids des informations qu'il arrivait à récolter au cours de cette balade improvisée, notant dans un coin de sa tête que les parents de la petite blonde avait eu deux autres enfants afin de palier à l'énergie et au caractère de Romy qui, il le sentait, avait donné du fil à retordre à sa famille. « Jack c'est bien pour un chat … mais je veux pas que celui qui me tient compagnie te fasse peur, même si il ne risque pas de t'attaquer vu l'embonpoint qu'il présente. » Parce que les restes de bouffes chinoises et de paquets de chips traînant sur la table basse n'allaient pas aider le pauvre animal à perdre du poids. Un peu de la faute de son maître par intérim vu que ce-dernier ne se cassait jamais la tête à préparer de bons petits plats équilibrés, au pire ils maigrirait ensemble. C'était plus que naturel de parler de leur enfance, d'échanger des informations sans intérêt, des souvenirs lointain, et le bleu n'avait pas peur de se livrer un peu plus même si les questions de la conseillère faisaient remonter en plus des sentiments partagés, pas de sa faute à la jeune femme, elle qui ne cherchait qu'à remplir les petits notes mentales qu'elle tenait sur Lonnie. Denise et son maillot de bain avaient été le premier souvenir à remonter dans son esprit afin de faire redescendre l'atmosphère, évitant de peu l'évocation d'une autre mère d'accueil qui avait un penchant bien trop affirmée pour les poupées de cire. Le rire de la jeune femme avait fait dresser un sourire sur les lèvres du flic alors qu'il poussait Romy à ne pas s'imaginer le contenu des vidéos qui avaient bercés de longs dimanches après-midi en famille, sans pour autant s'empêcher d'imaginer la blonde sur une scène, marchant plus difficilement encore qu'elle ne le faisait à cet instant. " Hmm sans façon, j'aime bien mon boulot." Certes, c'était compréhensif. « Dire que je rate cette chance de te voir défiler... » Il avait tiré sur une corde sensible avec humour en y mettant les formes, sourire aux lèvres et regard taquin alors qu'ils traversaient les rues sans même se soucier des gens qui s'écartaient sur leur passage en soupirant lourdement. « Comment tu es entré dans le milieu carcéral ? Une passion d'enfance ? Une tradition familiale ? » Il avait hésité à ajouter que c'était plus que rare de trouver une jeune femme de son âge qui aimait bosser dans une prison, mais Romy n'était décidément pas comme les autres et elle nourrissait une envie de bien faire qui devait sûrement lui attirer la sympathie des détenues. Mais ce qu'il fallait voir aussi c'était que sans se boulot ils ne se seraient jamais croisé, et ça Lonnie refusait de le concevoir alors que son cœur s'accrochait de plus en plus à l'image que renvoyait la conseillère, agréablement surpris par la sensation de chaleur qui l'englobait à chaque fois qu'il posait son regard sur elle. Hors de question maintenant d'envisager sa vie sans la présence, même chancelante sur des talons trop grands, de Romy dans sa vie, et maintenant il pouvait compter sur elle entant qu'alliée pour faire sortir sa mère de prison. "Tu ne m'aurais jamais eue comme ennemie tu sais. J'imagine que même sans m'être précipitée par la fenêtre de ta voiture pour inscrire mon numéro sur ton paquet de cigarettes tu m'aurais eue sur le dos." Paquet de cigarettes qu'il avait religieusement gardé, premièrement pour ne pas perdre un jour le numéro de la blonde, deuxièmement parce qu'il avait l'impression que ce bout de carton était son porte bonheur dans cette histoire, un peu niais le garçon, mais il espérait que ça plaise plutôt que ça fasse fuir. « Oh ça je n'en doute pas une seule seconde Ashby … je t'aurai retrouvé devant ma porte à attendre en patiemment que je rentre du boulot, quitte à y passer la soirée. » La phrase était teintée d'humour mais présentait aussi une pointe de vérité et ça Lonnie avait plaisir à l'imaginer, non pas que ça lui aurait plu de retrouver Romy roulée en boule sur son paillasson mais la pensée de savoir la jeune femme assez combative pour le poursuivre lui donnait énormément confiance en l'avenir. Les doigts de la blonde avait frôlés la main du flic dont le cœur avait raté un battement alors qu'il rendait le geste sans aucune pudeur, plus pour le rassurer que pour lui démontrer de l'affection, mais Lonnie prenait tout ce qu'il y avait à prendre dans cette relation et son geste était là aussi pour remercier la blonde de ne pas remuer le couteau dans la plaie en évoquant un Harvey que le bleu venait à peine de retrouver. Du coude il avait attiré Romy derrière lui en évitant les badauds immobiles devant les portes du McDonald's, solution de replie et maigre compensation face au petit restaurant cosy qu'il avait choisi quelques jours plus tôt, mais des frites et des nuggets avec la blonde valait cent restaurants avec bougies et nappe rouge. Pianotant sur la borde il avait avoué à la conseillère que le choix de sa tenue l'importait peu du moment qu'elle se sente à l'aise, et puis ça lui éviterai d'avoir à contrôler le moindre de ses pas pour ne pas tomber ou se briser une cheville. Lonnie se fichait pas mal de ce qu'elle portait aux pieds du moment qu'elle acceptait de le retrouver pour un prochain rendez-vous, une liste qui commençait à s'étirer au fur et mesure qu'ils rajoutaient des occasions de se voir. "Je crois que je n'ai jamais regardé un seul western de ma vie. Mais avec un sceau énorme de popcorn je veux bien faire un effort pour toi." D'habitude il ne pardonnais pas ce genre d'affront et avait même mené une guerre sans merci contre le pauvre Finnley en le forçant à ingérer une tonne de western sans même lui demander son avis, mais puisqu'il s'agissait de Romy et qui ça lui donnait une bonne excuse pour lui montrer la collection de films composant ses étagères, Lonnie avait fait taire son indignation avec un sourire. « Salé ou sucré ? Le popcorn » Pas une question de vie ou de mort mais il avait quand même besoin de savoir si les habitudes alimentaires de la conseillère concordaient avec les siens, histoire de ne pas se retrouver à lui présenter des sushis alors qu'elle y était allergique. « Même si les popcorn ça reste une valeur sûre alors je ne t'en voudrais pas trop de ta réponse. » Le gamin aux mains pleines de glace avait bousculé Romy en même temps que le petit jeu qui se tramait entre la conseillère et le flic, mais le petit rapprochement qui en avait découlé avait amusé un Lonnie dont le téléphone servait maintenant de bougie à ce dîner aux chandelles improvisé. Et comme ça ne suffisait pas ils avaient été de nouveau interrompu par le serveur qui avait déposé les plateaux sur la table sans prononcer le moindre mot. La blonde s'était jeté sur le happy meal en déballant le jouet à la vitesse … d'un enfant alors que le flic étalait devant lui les deux hamburgers, les deux frites et la grande boisson qui composaient son menu tout en approchant un paquet rouge de la jeune femme qui piochait dedans avec un sourire béa. "J'apprécie." Les petits gestes avaient de l'importance et si partager ses frites avec elle la faisait sourire alors le flic était le plus heureux des hommes. Romy arrivait déjà connaître ses petites habitudes, supposant qu'il possédait sur son téléphone une application de livraison de nourriture, chose que Lonnie ne pouvait pas cacher tant ses aptitudes culinaires étaient proches du zéro. "Je le fais. Pizza, généralement. Ensuite je culpabilise et je mange des salades pendant trois jours. C'est cyclique." Le flic avait hoché la tête en portant la paille à ses lèvres, les traits dessinés dans un sourire qu'il n'arrivait pas à dissimuler malgré sa bouche close. « Bouffe chinoise, après je vais à salle en espérant que ça fasse disparaître ma culpabilité, puis je m'arrête en chemin pour de la bouffe chinoise. » Encore un point commun, qu'il taisait dans un silence complice alors que son regard se portait sur une Romy dévorant des baby carotte et des nuggets dans de toutes petites bouchées qui le faisaient sourire. "Ta mère a aussi essayé de m'apprendre deux trois trucs, mais c'est laborieux. La dernière fois que j'ai essayé d'ouvrir des huîtres en essayant sa technique j'ai terminé à l'hôpital avec un bandage et des réprimandes le lendemain. C'est qu'elle a son caractère quand on ne suit pas ses conseils à la lettre." Classique de la part de Gail Hartwell que d'essayer de former les esprits perdus à la cuisine, elle qui prenait un plaisir certains à entendre que telle ou telle personne avait enfin réussi à faire un un pain de viande convenable sans mettre le feu à la maison. Romy avait tendu sa main pour montrer la fine cicatrice sur sa peau, et dans un réflexe incontrôlable le flic avait doucement attrapé le poignet de la jeune femme entre ses doigts pour juger de la valeur de l'attaque perpétuée par un couteau à huître assoiffé de sang. « Pas mal, au moins maintenant tu sais qu'il faut bien placer le torchon sous la coquille histoire de ne pas se faire mal. » Lonnie avait reposé la main de la blonde dans un geste doux avant de croquer un bout de son deuxième Big Mac, preuve qu'il avait quand même très faim. "Mais j'ai le mien aussi alors j'ai laissé tomber l'idée et on a trouvé une alternative plus accessible pour la catastrophe que je suis. Je maîtrise la cuisson des coquillettes à merveille maintenant."Du caractère oui elle en avait, pourtant Lonnie n'avait pas de mal à croire que dans la relation professionnelle qui liait Romy à Gail c'était la matriarche qui menait la conseillère par le bout du nez et non pas le contraire, et si maman Hartwell finissait par sortir le flic avait hâte d'assister au développement de leur relation. « Elle te l'a donné la recette de sa sauce tomate maison ? Ça va très bien avec les coquillettes. » Parce qu'il avait l'habitude des pâtes mais aussi des notes prises sur son carnet et dicter par sa mère au bout d'un téléphone crépitant. « Hum, tu as mentionné un frère tout à l'heure ? Vous êtes que deux dans votre famille ? » Non pas qu'il meublait la conversation par des questions bateau mais Lonnie avait envie de tout savoir de la blonde, elle qui savait presque tout de sa vie à lui et qui déséquilibrait donc la balance. « Ou est-ce que les recettes de ma mère ne sont que pour toi et ton coloc inapte à la machine à laver ? » Ils étaient là pour ça après tout, pour en apprendre plus l'un sur l'autre, mais Lonnie ne voulait surtout pas frapper un point sensible de la vie de Romy, s'octroyant alors une pause dans la dégustation de son repas pour se rapprocher un tout de petit peu de la blonde sur la banquette.
La colocation avec Tad était encore récente, mais Romy s'en satisfaisait déjà. Il la supportait (ce qui était un exploit vu la vitesse à laquelle Isla avait déguerpi) et elle, en retour, tachait de se montrer un peu moins bordélique que d'ordinaire. Chacun y mettait du sien sans trop en faire, et tout se passait pour le mieux, la petite blonde faisant même office de référence lessive d'un Cooper pour qui le tri était une notion abstraite et lointaine, voire inconnue. « Est-ce qu'il réussi à différencier la lessive de l'adoucissant ? » Elle réfléchissait un instant, mais malgré la meilleure volonté du monde, la dernière fois que Romy avait vu Tad officier derrière un lave linge lui avait filé des suées froides. "Mémoire sélective, j'ai préféré effacer le moment où je l'ai vu avec les bidons entre les mains." Elle haussait les épaules, comme si cette phrase était la plus naturelle au monde. Lonnie ne connaissait pas encore suffisamment la blondinette pour se douter de sa passion dévorante pour les vêtements, mais ça ne saurait tarder. Pour elle tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à son dressing était une affaire très sérieuse, quand bien même elle n'accepterait aucune moquerie de la part d'un type hébergeant un félin sans connaître son nom. Elle se demandait vaguement si le Hartwell était quelqu'un d'insouciant, assez pour ne pas se poser plus de questions sur un chat qui élisait domicile chez lui au plus grand des calmes. A sa place elle aurait déjà été vérifier que la voisine était toujours en vie, ou que le félin était à jour dans ses vaccins en demandant à voir son carnet de santé. Elle avait un peu de mal avec les compagnons à quatre pattes, comme avec un peu tout ce qui échappait à son contrôle. Romy avait tendance à stresser rapidement, comme elle le confiait ensuite au flic au travers d'un souvenir d'enfance. « Jack c'est bien pour un chat … mais je veux pas que celui qui me tient compagnie te fasse peur, même si il ne risque pas de t'attaquer vu l'embonpoint qu'il présente. » Elle arquait le sourcil avec amusement, relevant au passage que Lonnie avait la délicatesse de penser qu'elle pouvait se faire attaquer par le félin. Et qu'il comptait la voir chez lui. "Je bosse dans une prison, un chat ça ne me parait pas si dangereux tu sais." Au fond, elle avait certainement plus peur des animaux que de ses congénères, d'une façon totalement irrationnelle propre aux Hommes. Elle avait un courage variable qui échappait à la logique, heureusement pour sa carrière dans un sens. "Je suis sûre que ça devrait aller." Quand bien même ils pourraient toujours aller chez elle. Elle espérait qu'ils aillent chez elle. Là ou il n'y avait pas de chats pour lui griffer les bras, même si selon les dires de Lonnie, ce dernier avait des réflexes limités. Romy tachait d'emmagasiner le plus d'informations possibles sur le flic, que ce soit au sujet du félin qui partageait son appartement où des anecdotes sur son enfance qu'il lui confiait avec amusement. Denise et son maillot de bain trop court, voilà une information qu'elle ne risquait pas d'oublier de sitôt, et qui la faisait sourire alors qu'elle s'imaginait volontiers le petit Lonnie aux portes du traumatisme. La petite blonde n'avait pas la moindre envie de visionner ces fameuses vidéos, quand bien même elle refusait également d'envisager une possible reconversion. « Dire que je rate cette chance de te voir défiler... » Elle lui glissait un regard mutin, se rapprochant pour lui souffler d'un ton propre à la confidence : "J'ai déjà du mal à tenir debout dans ces chaussures ..." Donc non. Un défilé n'était pas vraiment à l'ordre du jour. Même à plat d'ailleurs, mais alors qu'elle se rappelait se servir du salon comme d'un catwalk chaque vendredi soir ou presque, la voix de Lonnie l'extirpa de ses pensées à nouveau. « Comment tu es entré dans le milieu carcéral ? Une passion d'enfance ? Une tradition familiale ? » Beaucoup moins glamour. Elle lui glissait un regard, se demandant bien si évoquer les vrais raisons de son choix de carrière pourrait changer l'image qu'il se faisait d'elle, mais elle ne mentirait pas, alors avec un peu plus de sérieux elle se lançait. "Quand j'étais petite mon père était gardien. On vivait à Stony Creek, c'est un peu au nord." Pas l'information la plus utile, mais elle donnait les bases. "Il a été muté à la prison pour femmes à un poste plus important. Puis de fil en aiguille il est devenu directeur. J'ai toujours été proche de lui alors j'imagine que ça a du m'influencer." Elle n'était pas une fille à papa des plus conventionnelles, mais elle l'était. Pour Romy son père était un modèle depuis toujours, la seule présence autoritaire de son entourage qui avait tout son respect et sûrement le seul qui arrivait à la canaliser d'un simple coup d’œil. "C'est pas hyper évident de l'avoir pour patron, mais ... je lui pique ses tickets resto et j'ai l'immense honneur de le voir en bermuda devant son barbecue à chaque Noël. Et ça c'est pas donné à tout le monde." qu'elle ajoutait avec un demi sourire, comme pour redonner un peu de légèreté à ses paroles. "Et toi ? Comment t'es devenu flic ?" Chacun son tour. Romy avait beau avoir plusieurs représentants de la loi dans son entourage, tous avaient une raison différente de s'être engagés, et elle avait envie de connaître celle de Lonnie. Elle avait envie d'en connaître beaucoup sur lui depuis le jour où elle s'était glissée dans la fenêtre de sa voiture pour lui laisser son numéro de téléphone sur son paquet de cigarettes ; une entrée en matière qui n'avait rien de conventionnel mais qu'elle n'hésiterait pas à refaire une seule seconde. « Oh ça je n'en doute pas une seule seconde Ashby … je t'aurai retrouvé devant ma porte à attendre en patiemment que je rentre du boulot, quitte à y passer la soirée. » Elle hochait la tête, un sourire au coin des lèvres. C'était tout à fait son genre, et elle était ravie d'avoir été cernée par le Hartwell. "La nuit, ma matinée ... je suis têtue. Désolée." Une vraie plaie, mais elle avait à coeur de bien faire, et serait capable de déplacer des montagnes pour toute cause en valant la peine. Gail étant l'une d'elles. Romy ferait tout ce qu'elle pouvait pour lui redonner goût à la vie, la vraie, celle qui ne se limitait pas aux quatre murs de sa cellule et aux ateliers cuisine, mais pour se faire elle devait chambouler l'équilibre des Hartwell, et d'avoir parlé à Harvey semblait déstabiliser Lonnie ; ce qu'elle comprenait. Elle avait laissé ses doigts aller à la rencontre des siens, brièvement, comme pour laisser de côté pour ce soir les sujets délicats. Ils venaient de toute façon de dénicher l'alternative parfaite (pas vraiment) à leur petit restaurant cosy, et après avoir passé commande et s'être promis de laisser tomber les tenues inconfortables pour leur prochain rendez vous, l'idée d'une après midi à visionner des films faisait son petit bonhomme de chemin. Romy dévoilait son penchant pour Stephen King, Lonnie le sien pour les Western. Elle aurait pu regarder à peu près n'importe quoi si tant est qu'il y avait de quoi grignoter à portée de main, et en bon gentleman qu'il était, le flic lui laissait le choix de leur nature. « Salé ou sucré ? Le popcorn » Teuteuteu. Pour elle il n'existait qu'une seule variante acceptable, alors bien qu'il essayait d'arrondir les angles sans connaître sa réponse en ajoutant : « Même si les popcorn ça reste une valeur sûre alors je ne t'en voudrais pas trop de ta réponse. » Romy n'avait pas besoin de réfléchir, répondant du tac au tac : "Sucré." puisque pour elle il s'agissait d'une évidence. La jeune femme appréciait malgré tout la prévenance du flic, comme celle qui le poussait à proposer de faire barrage de son corps pour lui éviter les marmots aux mains sales, ou celle qui l'intimait de lui proposer ses frites sans la juger alors qu'elle déballait son jouet en grignotant ses baby carottes comme une enfant de six ans. La blondinette se la jouait toutefois Madame Irma en tentant de deviner les habitudes alimentaires de Lonnie, et elle avait vu juste. Ce qui n'était pas bien compliqué ; ils étaient tous les deux dans cette tranche d'âge mêlant flemme et habilité technologique. « Bouffe chinoise, après je vais à salle en espérant que ça fasse disparaître ma culpabilité, puis je m'arrête en chemin pour de la bouffe chinoise. » Elle acquiesçait dans un sourire complice, se reconnaissant dans ces paroles. Comme elle le lui avait dit un peu plus tôt, c'était son genre à elle aussi, et ce malgré toutes les tentatives de Gail de lui faire entendre raison en se retroussant les manches pour cuisiner. La seule et unique fois où elle avait essayé, elle s'était blessée et ... non. Plus jamais. Comme s'il s'agissait d'une blessure de guerre, Romy avait montré la paume de sa main au flic, et ce dernier l'avait attrapé avec délicatesse, lui déclenchant une série de frissons incontrôlés. Elle ne s'était pas attendu à ce geste si naturel, et l'appréciait pourtant sans trop en connaître la raison. Ou peut être justement parce qu'il avait été naturel. Elle n'avait pas vraiment le temps de se pencher sur la question puisque Lonnie lui rendait sa pleine possession rapidement. « Pas mal, au moins maintenant tu sais qu'il faut bien placer le torchon sous la coquille histoire de ne pas se faire mal. » Elle lui glissait un regard avant d'hocher la tête. Ou elle ne se risquerait plus à ouvrir des huîtres. Elle détestait les huîtres en plus. "Mouais, je préfère abandonner l'idée plutôt." C'était préférable. Vraiment. Et même si maman Hartwell ne désespérait pas de la voir devenir douée de ses dix doigts derrière une casserole un jour, Romy n'en avait pas dit son dernier mot et y allait à petits pas de loup sur le degré de dangerosité des recettes. « Elle te l'a donné la recette de sa sauce tomate maison ? Ça va très bien avec les coquillettes. » Peut être. Sûrement. La blondinette essayait toujours de caser les mots "liberté" et "réinsertion" entre chaque ingrédient, alors pas sûre qu'elle les intègre convenablement. "Possible. Il faudrait que je sorte mes notes, je dois avoir l'équivalent d'un livre de cuisine dans mon carnet." répondait elle en secouant la tête, plus dépitée qu'amusée, mais comme elle le lui avait dit plus tôt, elle était coriace, et tiendrait tête à Gail aussi longtemps qu'il le faudrait pour lui faire entendre raison, bien mieux que Romy n'écoutait ses conseils pour ouvrir les fruits de mer. Alors qu'elle terminait la dernière nugget de sa boîte, elle fut interrompue par une question du flic qui ne portait pas directement sur sa personne, et qui nécessitait qu'elle s'ouvre un petit peu. Un exercice un peu délicat. « Hum, tu as mentionné un frère tout à l'heure ? Vous êtes que deux dans votre famille ? » Elle secouait la tête. « Ou est-ce que les recettes de ma mère ne sont que pour toi et ton coloc inapte à la machine à laver ? » La seule chose qu'elle préparait pour son frère était sûrement un bol de céréales rempli de lait ; rien qui n'aurait pu ravir Gail et rien qu'elle ne faisait bien souvent. "J'ai aussi une soeur, Wylda. Elle est dans la Navy depuis ses dix huit ans. On ne se voit pas beaucoup. Aux anniversaires parfois et à chaque Noël." A sa façon d'en parler, on pouvait deviner que la petite blonde ne classait pas son aînée dans une partie réjouissante de sa vie, mais elle était sa famille alors ... elle en parlait. La brune avait beau être discrète, elle existait. "Mon petit frère, Simon, vient tout juste de valider une licence en économie. Il est à l'université de Sydney. Il revient à chaque vacances." Lui était son rayon de soleil, et le seul Ashby qu'elle considérait comme un véritable soutien, et tandis qu'elle piquait une nouvelle frite dans le paquet du flic, Romy se rendit compte qu'il en connaissait sans doute déjà suffisamment à son sujet. Elle l'espérait du moins. Si elle arrangeait les problèmes des autres et les prenaient à bras le corps, elle restait très pudique sur les siens et avait bien du mal à cacher son malaise lorsqu'elle parlait de ses proches. "Tu connais tout sur moi Lonnie Hartwell." qu'elle concluait finalement dans un haussement d'épaules, profitant d'un déferlement d'enfants dans leur allée (un anniversaire ? des quintuplés en sortie hebdomadaire ?) pour laisser le sujet derrière eux et se rapprocher à nouveau de sa silhouette sur cette banquette qui n'avait soudainement plus rien à envier à l'intimité du restaurant cosy. "Et j'ai vraiment aimé ce happy meal et cette petite voiture, mais je risque potentiellement de tuer un enfant." L'ambiance n'avait rien de romantique du tout. Les cris provenant des piscines à boules se faisaient strident, et le bip incessant des commandes qui s'accumulaient leur provenait des cuisines. La foule du vendredi soir se pressait dans les allées à la recherche de tables disponibles, mais comme si elle voulait créer une bulle et déstabiliser suffisamment le flic pour l'empêcher de lui parler à nouveau de sa famille, Romy avait approché son menton de son épaule, le laissant s'appuyer contre cette dernière alors que son regard cherchait le sien dans cette proximité nouvelle. "Pas que pour sauver ma robe. Pour le bruit aussi. J'ai bien peur que ton photophore ne fasse plus effet du tout." et si elle s'était rapprochée pour des raisons qui dépassaient de loin l'usage du doliprane, elle tentait surtout de faire passer un message : elle voulait retrouver le calme, la solitude, n'en déplaise à ses chevilles qui devraient endurer une nouvelle escapade.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Parfaitement heureuse d'avoir trouvé un colocataire qui n'avait rien d'un sociopathe et qui ne passait pas son temps à renifler ses sous-vêtements Romy avait fait naître un questionnement dans la tête du flic qui se demandait maintenant si il serait capable un jour de partager son intimité avec quelqu'un, lui qui avait été seul quasiment toute sa vie. Mais en étant seul on ne pouvait donc compter que sur soi, chose qui allait parfaitement à un Lonnie dont les seules obligations étaient de payer les factures et de faire les courses de temps en temps, pour le reste il ne subissait aucunes pression de la part de quiconque pour faire la vaisselle ou lancer une machine. "Mémoire sélective, j'ai préféré effacer le moment où je l'ai vu avec les bidons entre les mains." Il ne pouvait rien dire, étant lui aussi un idiot devant une machine à laver Lonnie s'était souvent retrouvé avec des chaussettes ayant changés de teintes parce qu'il avait oublier de séparer le blanc des couleurs. « Au moins tu saura qui blâmer si tes vêtements rétrécissent un jour. » Pas qu'il voulait jeter la pierre à ce pauvre homme qui avait sans doute beaucoup de qualités autres que celle d'être un pro du ménage mais la jeune femme semblait être très attachée aux vêtements composant son dressing, il n'y avait qu'à voir la tenue parfaitement repassée qu'elle avait choisi de porter ce soir. Et puis de toute façon elle n'avait pas besoin d'écouter les conseils d'un homme dont l'appartement était propre, certes, mais qui avait recueilli chez lui un chat dont l'identité demeurait un mystère. Jack c'était pas mal, mais Lonnie ne s'était jamais assuré que le félin était un mâle, parce qu'il tenait un minimum à sa vie premièrement, et deuxièmement parce que l'idée de retourner le chat pour tenter de percer ses secrets ne lui avait jamais vraiment traversé l'esprit. Si Romy semblait ne pas vouloir être confronté au chat qui hantait l'appartement du flic elle tentait tout de même de le rassurer un minimum en prétextant ne rien avoir contre les bêtes tant qu'elles restent loin d'elle. "Je bosse dans une prison, un chat ça ne me parait pas si dangereux tu sais." Point taken. Le flic avait haussé un sourire sur ses lèvres en s'imaginant une Romy terrifié devant un félin se léchant gaiement l'entrejambe là où elle n'avait pas peur de se confronter seule à seule avec des détenues qui, pour certaines, avaient commis de lourdes fautes. « Tu fera moins la maligne quand Jack te regardera dans le blanc des yeux pendant de très longues secondes. » Mais pour ça il fallait que Lonnie prenne son courage à deux mains pour inviter la jeune femme à découvrir son appartement autours d'un dîner qu'il aurait préparé en suivant les recettes de sa mère, des gouttes de sueurs perlant sur son front tant la pression serait trop forte. "Je suis sûre que ça devrait aller." Oui, ça irait forcément. Il pouvait sentir que sa relation avec la blonde n'en était qu'à son commencement, qu'il y avait quelque chose de plus grand après ce rendez-vous. Dans le fond des ses tripes qui ne mentaient que très rarement Lonnie avait cette chaleur, ce petit monstre bienveillant qui ne manquait pas une seule occasion pour le faire rougir devant Romy, histoire de bien faire comprendre à la conseillère qu'il se plaisait dans cette relation. « Après je peux toujours le mettre à la porte … ça ne doit pas compter comme maltraitance animale vu que c'est pas mon chat. » Même si il ne lui ferait jamais de mal à son compagnon à quatre pattes non identifié, plus maintenant que le félin avait creusé son petit trou dans le cœur du flic en manque cruel d'affection. Une affection qui avait été malmenée par les différentes familles d'accueil que Lonnie et Harvey avaient connu durant leur enfance, et même si ils n'avaient jamais été maltraités les frères Hartwell n'avaient jamais réussi à se reconstruire quand bien même les différentes familles d'accueil avaient fait leur possible. Denise et ses vidéos de concours de miss comme exemple Lonnie avait penché la tête vers la blonde alors qu'elle lui murmurait dans un souffle chaud. "J'ai déjà du mal à tenir debout dans ces chaussures …" Comme excuse pour se débarrasser d'un soi-disant défilé de mode qui n'aurait jamais lieu mais qui donnait quand même à Lonnie des images ridicules dans la tête d'une Romy Ashby perchée sur des talons de 15cm en train de faire du hula hoop pour impressionner les juges. « De toute façon tu aurai tout rafler, autant laisser une chance à la concurrence. » Draguant comme il le pouvait la jeune femme Lonnie avait ajouté un sourire à ses dernières paroles avant de changer le sujet pour ne pas la mettre mal à l'aise mais aussi parce qu'il ne voulait pas tomber dans le cliché du beau parleur, préférant s'éloigner des catwalk pour en apprendre plus sur elle, sur sa décision de venir bosser dans une prison là où beaucoup de personne considéraient l'endroit comme non propice à une carrière digne de ce nom. "Quand j'étais petite mon père était gardien. On vivait à Stony Creek, c'est un peu au nord. Il a été muté à la prison pour femmes à un poste plus important. Puis de fil en aiguille il est devenu directeur. J'ai toujours été proche de lui alors j'imagine que ça a du m'influencer." Il avait pris l'information en notant dans un coin de sa tête que papa Ashby avait les moyens de faire de sa vie un enfer si il faisait un jour du mal à sa fille. « J'imagine que tu as du te prendre de sacrées remarques ... » Parce que quand une femme excelle dans son métier c'est uniquement grâce aux hommes qui l'ont aidés, c'est bien connu. Le flic n'aurait jamais pu le deviner si elle ne lui avait pas dit, parce que Romy ne renvoyait pas l'image de quelqu'un dont le seul but était de ne pas faire de bruit dans un petit bureau, bien trop heureuse de passer inaperçu et qui profitait de la place importante de son père pour se faire un salaire. "C'est pas hyper évident de l'avoir pour patron, mais ... je lui pique ses tickets resto et j'ai l'immense honneur de le voir en bermuda devant son barbecue à chaque Noël. Et ça c'est pas donné à tout le monde." Lonnie était plus que ravi d'en apprendre plus sur elle et en aucun cas il n'aurait juger son boulot ou la place que tenait son père dans sa vie, mais de savoir qu'elle en plaisantait pour redonner à la conversation un ton joyeux avait haussé un sourire sur les lèvres du flic. « Tu dois en faire des jaloux qui rêvent de savoir à quoi ressemble le patron dans ses habits du dimanche. » Parce qui lui imaginait Bates dans un grand peignoir en pilou pilou devant la télé, un journal négligemment posé sur ses genoux et un énorme chien ronflant dans la cuisine. "Et toi ? Comment t'es devenu flic ?" Suivant toujours Romy dans des rues de plus en plus animées le bleu avait cherché un instant ses mots afin d'éviter de passer pour un gamin dont la seule passion était d'enfermer des méchants dans des cages. « Depuis que je suis tout petit je rêve de faire ce boulot … mon père avait une passion pour les westerns et me laissait regarder avec lui dans de rares moments de sobriété. » Il n'en parlais jamais, de son père, mais la discussion se faisait naturellement et Lonnie n'avait même pas remarqués les mots choisi par son esprit. « Alors quand ma mère m'a offert mon premier déguisement de policier pour Noël ça m'a jamais vraiment quitté. J'ai fais mes armes dans une brigade de quartier et j'ai été transféré aux affaires familiales en septembre de l'année dernière. Ça aussi c'était un rêve. » Un rêve qui lui avait coûté des mois de remises en questions et qui le poussait encore à des séances de méditations hebdomadaires afin de ne pas tuer un collègue abusant trop souvent de sa gentillesse. Si Lonnie était la bonne pâte au boulot et se laissait souvent faire afin de ne pas se mettre tout le monde à dos, Romy – elle – était le genre de femme à ne jamais baisser les bras, et elle l'avait prouvé en se glissant par le fenêtre de la vieille voiture pour écrire son numéro à la vas vite sur un paquet de cigarette vide. "La nuit, ma matinée ... je suis têtue. Désolée." Et il ne lui aurait même pas tenu rigueur si ça avait été le cas. Sourire aux lèvres Lonnie avait ressenti cette décharge électrique alors que les doigts de la blonde frôlaient les siens pour lui faire comprendre qu'elle avait les choses en mains et qu'il fallait lui faire confiance, même si sa rencontre avec Harvey n'avait pas du être le meilleur moment de sa semaine. Le McDonald's ferait amplement l'affaire pour ce soir et Lonnie n'avait pas envie d'imposer un nouveau tour de quartier aux pauvres pieds de la conseillère qui ne demandaient qu'à se reposer un instant sous peine de craquer et d'emporter avec eux la cheville délicate de la blonde. Passant commande d'une main rapide et experte Lonnie avait ouvert son agenda mental pour y noter tous les prochains rendez-vous, passant d'un dîner chez lui (ou chez elle, question du félin) à un cinéma en plein dimanche après-midi que Romy ne semblait pas désapprouver alors qu'elle choisissait déjà le film et le sceau de pop-corn. "Sucré." Sucré donc, un choix qui n'étonnait pas le flic alors que la blonde déballait son happy meal et la petite voiture à paillettes venant avec tout en jouant aux jeux des devinettes pour déchiffrer Lonnie et ses petites habitudes alimentaires. Il n'avait pas honte d'être un flemmard et les vendeuses du restaurant chinois adoraient le voir passer tant il repartait toujours les mains pleines de porc au caramel et de nems au poulet, mais Lonnie devait aussi faire attention à son hygiène de vie afin de ne pas se retrouver bon dernier durant les tests physiques que le commissariat organisait tous les trimestres. Une hygiène de vie souvent mis en avant par Gail qui ne cessait de lui répéter à quel point il valait mieux se faire à manger plutôt que de prendre n'importe quoi, des paroles qu'elle avait aussi distillé à Romy, cicatrice à l'appuie d'une bataille perdue contre les huîtres. "Mouais, je préfère abandonner l'idée plutôt." C'était sans doute une bonne chose si elle ne voulait pas se retrouver avec plus d'entailles sur les mains que de peau. Et comme si la curiosité de Lonnie n'avait pas été assez poussée il s'était aventurer sur un chemin rocailleux en questionnant Romy sur sa famille dont il n'avait entendu parler que du père jusqu'à maintenant. "J'ai aussi une soeur, Wylda. Elle est dans la Navy depuis ses dix huit ans. On ne se voit pas beaucoup. Aux anniversaires parfois et à chaque Noël. Mon petit frère, Simon, vient tout juste de valider une licence en économie. Il est à l'université de Sydney. Il revient à chaque vacances." Elle parlait en bien de son frère et ça pouvait s'entendre au son de sa voix, néanmoins sa sœur semblait être un sujet épineux pour la conseillère qui n'avait pas épilogué plus sur le sujet. Lonnie avait alors simplement hoché la tête en avalant les derniers morceaux de son deuxième Big Mac, paix à son âme. « Donc tu es l'enfant du milieu ? il paraît que c'est la bonne place. » Non pas qu'il en saches quelque chose, lui qui avait toujours été le petit dernier dans les yeux de sa mère quand elle était encore à la maison, faisant souvent passer Harvey pour le vilain petit canard sans vraiment le vouloir. "Tu connais tout sur moi Lonnie Hartwell." Qu'elle avait glissé dans une haussement d'épaule alors que le flic avait fait glissé sa main sur la table pour ramasser les miettes et les mettre dans la boite de son hamburger. « Oh ça j'en doute Romy Ashby, mais c'est tant mieux parce que ça veut dire que je vais devoir passer du temps avec toi pour tout savoir. » Il ne pouvait pas cacher l'immense sourire sur son visage alors qu'une tripotée d'enfants avait fait irruption devant eux, gâchant un moment qui aurait pu être romantique tant ils s'étaient rapprochés sur la banquette sans même y prêter attention. "Et j'ai vraiment aimé ce happy meal et cette petite voiture, mais je risque potentiellement de tuer un enfant." Le flic n'avait pas de mal à l'envisager, lui qui – pourtant – passait la majorité de son temps avec des gamins qu'il fallait réconforter ou attendrir. « Et je ne veux pas avoir à t'arrêter alors je pense que c'est le bon moment pour sortir d'ici. » Les cris des gamins commençaient à lui donner mal à la tête, et alors que Lonnie s’apprêtait à se lever pour disposer des plateaux la blonde avait posé son menton sur son épaule dans un geste qui attira des frissons le long de sa colonne vertébrale et un sourire idiot sur ses lèvres. Il était bien plus près d'elle qu'il ne l'avait jamais été, et sentir le souffle de Romy contre sa peau était la meilleure sensation qu'il avait éprouvé au cours de sa cette soirée. Incapable de bouger pour se défaire de cette étreinte naturelle Lonnie avait simplement fermé les yeux un court instant, les coudes posés sur la table et le mains jointes ensemble. "Pas que pour sauver ma robe. Pour le bruit aussi. J'ai bien peur que ton photophore ne fasse plus effet du tout." L'écran du téléphone était devenu noir depuis un moment déjà et Lonnie l'avait simplement glissé dans sa poche alors qu'il se pressait un peu contre la conseillère pour atteindre plus facilement son regard. « Alors partons d'ici, et si tes pieds ne peuvent pas supporter une nouvelle balade je serais plus qu'heureux de te porter. » Ok, c'était plus pour la blague qu'autre chose mais Lonnie en était quand même capable. D'un geste tendre il s'était détaché de Romy en empoignant les plateaux repas qu'il avait vidés puis rangés alors qu'une troupe d'enfant disparaissait derrière lui dans un cri insupportable. « Tes pieds peuvent supporter quinze minutes de marche tu crois ? J'aimerai te montrer quelque chose. » Avec une idée bien précise derrière la tête Lonnie avait empoigné la main de la blonde pour l'attirer derrière lui alors qu'il s'échappait de l'endroit maintenant uniquement habité par des gamins et des mères de familles fatiguées.
Romy avait tendance à ne faire confiance à personne lorsqu'il s'agissait de ses fringues, et si elle avait vu un jour Tad balancer l'adoucissant en quantité astronomique dans le bac à lessive dans un haussement d'épaules qui semblait dire : "ça passe" , la Becky Bloomwood en elle avait frisé l'AVC. « Au moins tu saura qui blâmer si tes vêtements rétrécissent un jour. » sans aucun doute les cheetos, et peut être aussi le risotto de Caleb qu'elle venait lui piquer lorsque son itinéraire la menait à Spring Hill et que son frigo était vide ; ce qui arrivait souvent ces derniers temps. Elle hochait du menton dans un demi sourire, sans trop savoir si elle devait mentionner le fait qu'elle ne risquait pas de laisser ses précieux vêtements entre les mains de son colocataire au risque de passer pour une control freak, un trait de caractère qu'elle ne tardait de toute façon pas à assumer en laissant sous entendre au Hartwell que les chats n'étaient pas sa compagnie favorite, bien qu'elle se targue d'être plus coriace qu'il n'y paraissait. « Tu feras moins la maligne quand Jack te regardera dans le blanc des yeux pendant de très longues secondes. » lui répondit il, et vaguement, elle s'imaginait le félin soutenant son regard, se représentant un Salem en chair et en os. Elle arquait le sourcil, lui jetait un coup d'oeil en se demandant si oui ou non Lonnie plaisantait sur le tempérament du chat de sa voisine, mais si une part d'elle même laissait tomber l'idée que les choses se feraient d'elle même entre eux et qu'elle mettrait son nez chez lui au temps venu, l'autre mourrait d'envie de s'y inviter et faire un duel de regards avec le chat qu'elle venait de nommer et dont le flic semblait avoir adopté le patronyme s'il fallait. « Après je peux toujours le mettre à la porte … ça ne doit pas compter comme maltraitance animale vu que c'est pas mon chat. » Elle fronçait les sourcils immédiatement, faisant rapidement fonctionner ses méninges pour trouver une alternative moins drastique. "Ou lui acheter une petite caisse, et quelques jouets pour l'occuper." ... parce qu'il était hors de question que l'animal ne vienne de près ou de loin faire ses griffes sur ses jambes, mais qu'il ne l'était pas non plus de le déraciner brièvement. Elle composerait. Romy trouvait cela ... étrange, cette sensation de pouvoir se projeter aussi facilement, même fugacement, avec quelqu'un qu'elle connaissait depuis quelques semaines à peine, même si la blonde se plaisait à dire qu'elle en connaissait beaucoup sur Lonnie. De par sa mère, de par son regard qui ne trompait pas et ce petit sentiment qui lui naissait au fond d'elle même, la jeune femme savait qu'elle pouvait se laisser bercer par son imaginaire, bien que sa conscience professionnelle lui revenait comme un boomerang. Elle n'aurait pas du mettre sa raison en sourdine, pourtant, le faire lui semblait avoir été la meilleure idée du monde, et elle rougissait bêtement en entendant le flic lui confier que : « De toute façon tu aurai tout rafler, autant laisser une chance à la concurrence. » lorsqu'ils s'étaient mis à discuter d'une potentielle reconversion professionnelle. Romy avait piqué un fard, s'était surprise à conserver ce sourire idiot qui fanait pourtant doucement lorsque le Hartwell s'était risqué à lui faire parler d'elle. Avoir son père pour patron n'avait pas été une évidence, d'autant plus que son assistante l'a pratiquement élevée. La prison avait toujours été une sorte de second foyer pour la petite blonde, alors si Lonnie pensait que les choses puissent avoir été compliquées pour elle là bas, il n'avait raison qu'en partie. « J'imagine que tu as du te prendre de sacrées remarques ... » Elle haussait les épaules, secouant doucement du menton. "Oui et non. Enfin ça dépend. J'ai du faire des stages dans d'autres prisons où l'on m'a fait comprendre que j'étais privilégiée, mais ici jamais. Quand bien même mon père est pas du genre à faire de traitement de faveur ... il a deux casquettes bien distinctes." Ashby senior ne trompait pourtant pas, et Romy voyait souvent des dossiers se débloquer d'eux même où des accréditations arriver plus facilement. Le papa ours ne laissait jamais sa fille se débattre seule avec l'administration, même si elle avait beaucoup de chance de le voir prendre de la distance et ne pas l'étouffer sous son contrôle. Ils avaient une relation fusionnelle, mais à deux facettes, et Romy présentait l'une d'elles à Lonnie. « Tu dois en faire des jaloux qui rêvent de savoir à quoi ressemble le patron dans ses habits du dimanche. » Elle hochait du menton, un rire léger lui échappant. "Tu sais, il m'a vue dans des situations bien pires. Il a connu ma période Hannah Montana et doit avoir une demie douzaine de dossiers sur moi." et sûrement qu'une bonne partie des anciens ici avaient vu des photos d'elle lorsqu'elle était enfant avec ses joues roses et ses deux tresses de chaque côté de la tête. La blondinette préférait toutefois changer de sujet, détourner l'attention pour la focaliser sur le flic à qui elle demandait pourquoi et comment la police. « Depuis que je suis tout petit je rêve de faire ce boulot … mon père avait une passion pour les westerns et me laissait regarder avec lui dans de rares moments de sobriété. » Il avait cherché ses mots en laissant planer un silence de quelques secondes, plongeant certainement sans le vouloir cette conversation dans un cadre un peu plus sérieux. Romy avait tiqué en l'entendant évoquer son père, mais par réflexe, son visage ne laissait rien transparaître. La prison lui avait forgé une sacrée carapace, bien que laisser un "je suis désolée pour tout ça" lui démangeait le bout de la langue. « Alors quand ma mère m'a offert mon premier déguisement de policier pour Noël ça m'a jamais vraiment quitté. J'ai fais mes armes dans une brigade de quartier et j'ai été transféré aux affaires familiales en septembre de l'année dernière. Ça aussi c'était un rêve. » Son job avait l'air d'être une vocation plus qu'un simple emploi, aussi Romy esquissait un sourire, satisfaite de savoir qu'il avait une raison de se lever chaque matin qui dépassait le cadre du financier. La petite blonde avait beau être différente, elle appréciait le fait que le flic semblait s'investir dans son travail et bien qu'elle ait pu faire mentir ses principes en franchissant la ligne rouge dans le dossier Hartwell, qu'il puisse la comprendre dans ce qu'elle rencontrait à la prison. "Ça doit pas être facile tous les jours." Plus un constat que quelque chose de négatif. Lonnie devait certainement se sentir utile, ne pas voir ses heures de garde passer, mais malheureusement se confronter parfois à des cas qui dépassaient l'entendement, et c'était un sentiment que la conseillère rencontrait souvent elle aussi. Heureusement pour eux la conversation prit ensuite une tournure plus légère, le duo se penchant sérieusement sur une seconde rencontre au cinéma, voire même une troisième pour palier au manque latent de culture western d'une Romy qui décidait que le popcorn sucré serait de mise. Le flic avait approuvé, et alors qu'ils terminaient leurs menus réceptifs à la lueur d'une application photophore, le ton se fit de nouveau un peu plus sérieux. La cadette Ashby ne parlait jamais vraiment de sa famille, mais dans la mesure où elle en savait déjà bien trop sur Lonnie, elle se sentait mal de passer sous silence les quelques informations banales là concernant. Une grande sœur absente, un petit frère qui lui manquait terriblement, voilà comment se composait la fratrie. Une situation qui ne convenait pas vraiment à la blondinette mais dont elle n'avait pas d'autre choix que de s'y accoutumer. « Donc tu es l'enfant du milieu ? il paraît que c'est la bonne place. » Elle secouait la tête, un rire nerveux lui échappant. "Pas vraiment. On a pas eu une enfance banale, enfin. Si." Elle marquait une pause, sans trop savoir si "enfance banale" avait la même signification pour Lonnie. Sans doute pas. "Quand mon frère est né il a eu de gros problèmes de santé. Tout va bien maintenant, il s'est fait opéré et s'en est remis depuis longtemps. Mais ça nous a tous chamboulés et avec les promotions de mon père on a pas vraiment grandi de la même manière." Il y aurait beaucoup à dire sur les enfants Ashby. Entre Wylda qui faisait le mur chaque weekend, Simon à qui l'on refusait les sorties sans surveillance et Romy qui faisait déjà tampon depuis ses six ans. L'arrivée du benjamin n'avait pas vraiment amené un vent de douceur dans cette famille, et si l'on faisait abstraction de la grande absence du père et de la dépression de la mère ... ils n'avaient rien de bien normaux, et quelque part la petite blonde en avait honte. Un peu. Elle avait envie de laisser cette conversation de côté, alors sans vraiment lui laisser le temps de répondre, elle s'était rapprochée du flic, lui soufflant qu'il en connaissait déjà suffisamment à son sujet. « Oh ça j'en doute Romy Ashby, mais c'est tant mieux parce que ça veut dire que je vais devoir passer du temps avec toi pour tout savoir. » Elle esquissait un sourire malicieux, bien trop heureuse qu'ils soient sur la même longueur d'onde à ce sujet. Amenant son visage pour en poser le menton contre son épaule, elle manifestait l'envie de quitter cet endroit, prenant pour prétexte les gamins bruyants et l'ambiance peu propice au dialogue, bien qu'il ne s'agissait là que d'excuses. « Et je ne veux pas avoir à t'arrêter alors je pense que c'est le bon moment pour sortir d'ici. » De toute évidence. Romy se contentait d'un demi sourire en guise de réponse, amusée par l'idée de se voir menottée par un Lonnie qui verrait son rendez vous se terminer d'une façon de façon un peu trop brusque. Plutôt que de se perdre en paroles, elle appréciait cette proximité, le voir fermer les paupières, le rendre vulnérable. La petite blonde semblait avoir cette possibilité de faire vaciller l'équilibre du Hartwell, et si la réciproque était vraie elle aussi, sur le moment elle laissait ses yeux balayer son visage et dessiner ses traits d'un peu plus près. Il rompait ce moment de flottement après quelques secondes, se laissant glisser un peu plus contre elle dans une proximité qui n'avait désormais plus rien d'inédit. « Alors partons d'ici, et si tes pieds ne peuvent pas supporter une nouvelle balade je serais plus qu'heureux de te porter. » Elle riait doucement, s'extirpant de derrière la banquette pour joindre sa main à la sienne sitôt les plateaux débarrassés. Il n'aurait pas vraiment fallu qu'ils se perdent au beau milieu de toute cette foule après tout. "Je pèse mon poids tu sais." Bien qu'elle n'était pas si lourde au final ; son réflexe "salade entre chaque pizza" équilibrant un peu son alimentation. Ou pas. « Tes pieds peuvent supporter quinze minutes de marche tu crois ? J'aimerai te montrer quelque chose. » Hein ? Elle relevait le menton, interloquée mais bienheureuse d'avoir quitté le restaurant pour retrouver la fraîcheur de ce début de soirée. Et surtout l'air libre. "Oui ça devrait aller. Quinze minutes ça devrait le faire." Elle finirait bien par se faire à ces escarpins non ? "Je suis quand même curieuse de voir là où tu m’emmèneras." Même si elle lui faisait confiance. Romy avait toutefois enfilé sa veste pour protéger ses épaules du vent, au cas où, et une fois chose faite, s'approcha du flic pour laisser ses doigts se promener près des siens en le suivant sans cesser de l'observer pour glaner quelques infos quant à leur destination. "Ça faisait parti de ton plan initial de m’emmener là bas où c'est une totale impro digne du McDo en plan B ?" Non pas que ça changeait grand chose, où peut être que si. Romy avait envie de savoir, et quelque part aussi estimer la distance pour savoir si ses chevilles tiendraient le coup.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Aussi attachée qu'elle l'était à ses robes et à son indépendance Romy avait pourtant choisi de partager un appartement avec un illustre inconnu aux motivations obscures concernant la lessive, chose que le flic ne pouvait même pas concevoir tant son petit cocon ne pouvait laisser entrer personne d'autre que le chat, Jack, du coup. Se projeter ainsi dans l'avenir en s'imaginant arbitre d'une légendaire bataille de regard entre le félin et la conseillère permettait à Lonnie de visualiser sans mal un futur où la petite blonde aurait toute sa place dans son quotidien, elle l'était déjà dans son esprit du moment où il se réveillait jusqu'au soir où il s'écroulait dans son lit en position de croix sans même penser à tirer la couette. Et cela ne faisait que quelques semaines que Romy était entrée dans sa vie comme un boulet de canon, mais des jours déjà qu'il pensait à elle autrement que comme la femme qui essayait de faire sortir sa mère de prison. Le flic avait dissocié les deux parties de la jeune femme afin de ne pas accorder trop d'importance au dossier de sa mère ce soir, parce que même si l'histoire lui tenait particulièrement à cœur il y avait la petite voix de Gail dans sa tête lui hurlant de se concentrer sur la soirée et sur la jeune femme dont la moue dubitative le faisait sourire. « Ou lui acheter une petite caisse, et quelques jouets pour l'occuper. » Certes, de toute façon le chat trouvait toujours le moyen de réapparaître dans l'appartement quand bien même Lonnie verrouillait tous les accès après l'avoir foutu dehors, du coup il avait abandonné l'idée de le faire sortir et se contentait de lui donner à manger et une caresse quand ce-dernier était de bonne humeur, donc rarement. « Ou retrouver son propriétaire une bonne fois pour toute … même si j'avoue que sa présence finirai par me manquer. » La vieille dame était peut-être morte après tout, gisant aux pieds de sa baignoire depuis des mois sans que personne ne sache … non, l'odeur aurait fini par attirer un voisin trop curieux. Jack était donc un chat bien à l'aise dans l'appartement d'un parfait inconnu sans aucun signe de loyauté envers sa propriétaire, rassurant pour Lonnie qui ne pouvait donc compter que sur lui-même pour se remonter le moral après une dure journée, ou sur les copies que Denise avait faites de son passage au concours de miss et qu'elle avait plongé dans le sac à dos d'un gamin de treize ans sans penser que ça pouvait être mal vu. Romy avait rougi, et même si elle avait voulu le cacher le flic avait plongé son regard sur elle au bon moment pour apercevoir les deux joues rosies alors qu'il évoquait une possible reconversion pour la brune, la voyant déjà défiler sur les tapis et rafler tous les prix possibles. Parce qu'elle était belle, pas de toute à avoir là-dessus. Effaçant d'une parole les images de défilés en maillot de bain pour se concentrer sur la vie de la jeune femme et ainsi ne pas passer pour un pervers Lonnie avait vite compris que la situation de papa Ashby était une source de fierté pour Romy dont les yeux étincelaient à la moindre évocation de son père même si le flic s'imaginait les remarques qu'elle avait du recevoir de la part des autres employés persuadés d'avoir à faire avec la petite fille à papa. « Oui et non. Enfin ça dépend. J'ai du faire des stages dans d'autres prisons où l'on m'a fait comprendre que j'étais privilégiée, mais ici jamais. Quand bien même mon père est pas du genre à faire de traitement de faveur ... il a deux casquettes bien distinctes » Et c'était sans doute pour le mieux. Lonnie avait acquiescé d'un signe de la tête tout en gardant à l'esprit que le père de Romy restait avant tout un père ayant le pouvoir de ruiner sa vie si la tête du bleu ne lui convenait pas. « Il arrive à faire la part des choses c'est cool. Ça aurait été mon cas tu peut-être sûre que j'aurai essuyé des remarques toute la journée … » Il se garda bien d'ajouter que personne au commissariat à part les curieux ne savaient pour son histoire familiale, Lonnie préférant de loin changer de sujet lorsqu'on en venait à parler de lui et de son enfance, esquivant les questions en prétendant avoir été élevé en famille d'accueil, une demie vérité. Mais si Romy avait cette chance de s'entendre avec son père dans le boulot comme dans la vie privée elle restait tout de même en position de force par rapport à ses collègues puisqu'elle connaissait la marque de bière préférée du directeur, un bon moyen de pression. « Tu sais, il m'a vue dans des situations bien pires. Il a connu ma période Hannah Montana et doit avoir une demie douzaine de dossiers sur moi. » Le flic failli s'étouffer avec cette information, préférant néanmoins un rire discret sous peine de se prendre le coude de la blonde en plein dans les côtes. « Hannah Montana tu dis ? Moi c'était les Power Rangers ... » Rien ne pouvait battre les dino tonnerre dans le cœur de Lonnie qui avait passé de longues après-midi à user les DVD de sa collection, sans doute une raison de plus qui l'avait poussé à rejoindre les rangs de la police dès qu'il avait eu l'âge nécessaire. En évoquant son père de la sorte le bleu avait réveillé une sale impression qui était remontée le long de sa gorge, parce qu'il n'évoquait pas souvent cet homme dont la seule passion avait été de terroriser sa famille (si on ne compte pas le whisky) mais il devait avouer tout de même que son père l'avait orienté faire ce choix en lui laissant le droit de regarder avec lui les westerns qui avaient plongés le gamin de l'époque dans cette folle envie de devenir policier. Ça et le costume que Gail avait déniché dans un magasin de farces et attrapes et que le petit Lonnie avait refusé d'enlever pendant des semaines. Elle n'avait rien dit Romy mais le flic pouvait sentir que son discours avait déclenché en elle la petite pancarte 'je sais que tu ne veux pas de ma pitié mais je suis désolée quand même' que Lonnie avait apprécié en silence. « Ça doit pas être facile tous les jours. » Le flic avait haussé les épaules avait de plonger de nouveau son regard vers la petite blonde qui menaçait de s'écrouler à chaque seconde tant elle n'arrivait plus à faire semblant de savoir marcher avec ses talons, le McDonald's étant la solution de replie parfaite. « Comme tous les boulots j'imagine. Mais j'aime ce que je fais et je changerai pour rien au monde. » Certes il passait plus de temps à tirer des papiers qu'à s'occuper de véritables affaires, mais once in a while il y avait ce gamin dont la vie venait de se briser et que Lonnie arrivait à faire sourire malgré tout. Le flic avait éludé les questions en se focalisant sur Romy, non pas qu'il n'avait pas envie de répondre aux éventuels questionnements de la jeune femme, mais parce que la balance semblait penchée largement de son côté, elle qui avait déjà pu en apprendre plus sur son enfance grâce à la mémoire de Gail. La conseillère semblait de ne pas avoir d'attaches particulières avec sa famille, elle ne parlait pas de sa mère et Lonnie ne voulait pas enfoncer le couteau dans une plaie qu'il ne comprenait pas, préférant alors poser des questions bateaux sur l'organisation du schéma familial. « Pas vraiment. On a pas eu une enfance banale, enfin. Si. » Elle s'était rattrapée aux branches comme pour ne pas le vexer, et il avait trouvé ça adorable. « Quand mon frère est né il a eu de gros problèmes de santé. Tout va bien maintenant, il s'est fait opéré et s'en est remis depuis longtemps. Mais ça nous a tous chamboulés et avec les promotions de mon père on a pas vraiment grandi de la même manière. » Sur la banquette Lonnie avait rapproché sa silhouette de celle de la blonde, de un parce qu'il en avait vraiment envie, de deux parce qu'ils partageaient des choses qu'ils n'avaient pas l'habitude de dire à haute voix, et tout le soutien était bon à prendre dans ces cas là. « Je suis content de savoir que ton frère va mieux, tu as l'air d'avoir une relation particulière avec lui, c'est super. » Lonnie aurait aimé avoir ce genre de relation avec Harvey, mais encore une fois il était inutile de tirer la couverture vers lui et encore plus inutile pour Romy de se sentir coupable alors qu'elle n'avait strictement rien fait. Le flic avait encore beaucoup de chose à apprendre sur la petite blonde, mais une chose dont il était maintenant sûr était que le contact de sa peau contre la sienne avait le don de lui faire tourner la tête. Romy avait délicatement posé son menton sur l'épaule du flic qui avait refusé de couper court à ce contact précieux, se rapprochant même de la blonde alors il esquissait un sourire en prétextant de ne pas vouloir lui passer les menottes pour tentative de meurtre sur mineur. Débarrassant les plateaux mais sauvegardant précieusement le jouet dans l'un de ses poches de pantalon Lonnie avait attrapé la main de la blonde pour l'attirer à l'extérieur de l'endroit qui devenait de plus en plus bruyant et de moins en moins propice à un rapprochement quelconque en assurant à la blonde qu'il pourrait la porter si elle avait trop de mal à marcher. « Je pèse mon poids tu sais » Ouais, elle était plutôt du genre petit gabarit mais ça faisait quand même rire le flic dont les épaules tressautèrent au premier contact avec le vent de début de soirée. « Bien sur oui, ça se voit tout de suite. » Et il avait roulé des yeux avant de prendre la direction du Brabham Park, un endroit spécial à ses yeux qu'il avait envie de partager avec Romy. « Oui ça devrait aller. Quinze minutes ça devrait le faire. Je suis quand même curieuse de voir là où tu m’emmèneras. » Elle avait raison d'être curieuse mais Lonnie ne donna comme indice qu'un simple sourire alors qu'il s'était rapproché instinctivement de la jeune femme, laissant frotter ses doigts contre ceux de la blonde dans une demie innocence. « Ah pour ça il faut me faire confiance. Je peux juste te promettre que c'est rien de dangereux, rien de salissant et aucun animal ne va t'attaquer. » A moins de tomber sur un écureuil particulièrement grincheux la conseillère ne risquait rien. « Ça faisait parti de ton plan initial de m’emmener là bas où c'est une totale impro digne du McDo en plan B ? » Le flic s'était retourné un court instant pour faire face à Romy, marchant à reculons dans une rue passante et s'attirant les regards curieux des passants. « Disons que ça dépendait de l'issu de la soirée, mais comme tout se passe parfaitement bien j'ai envie de prolonger ce moment et te montrer un truc qui a beaucoup de valeur pour moi … a moins que tu ne veuilles rentrer chez toi ? » Pitié faites qu'elle n'ait pas du tout envie de rentrer chez elle. Lonnie avait repris sa place initiale non sans frôler l'épaule de la blonde avant de l'attirer dans une rue plus étroite débouchant sur un carrefour depuis lequel le parc était parfaitement visible avec ses hauts grillages verts et noirs. Profitant de cet instant pour rétablir le contact physique en agrippant doucement la main de la blonde pour qu'elle lui emboîte le pas Lonnie avait vérifié qu'aucune voiture m’empruntait le carrefour avant de s'engager vers le parc. « Ma mère et moi on venait dans ce parc de temps en temps quand j'étais petit parce que mon dentiste était pas loin. » Information capitale bien qu'un peu stupide, mais il fallait que Romy ait toutes les clés en main pour comprendre la raison qui avait poussée le flic à l’amener jusque là alors que ses pieds lui hurlaient de mettre un terme à cet enfer. « Le truc cool quand on bosse pour la police c'est que je peux toujours m'arranger pour avoir la clé des espaces municipaux. » Arrivés devant le portique en ferraille condamnant l'accès au parc pour la nuit Lonnie avait sorti la clé du lieu qui lui avait coûté quelques billets et deux semaines de corvée de café auprès de Denis, mais il avait la sensation que ça en valait la peine. « Je veux juste te montrer quelque chose et après on repart … tu me fais confiance ? » Dans ce parc n'était pas caché la huitième merveille du monde mais quelque chose d'encore plus précieux aux yeux du Hartwell, un souvenir, une sensation qu'il avait envie de partager avec Romy si bien qu'il lui avait tendu la main en attendant sa réponse.