Romy se demandait bien comment il était possible pour Lonnie d'avoir le chat d'un voisin élisant domicile sur son canapé sans céder à la curiosité de savoir à qui il s'agissait. Le flic semblait se faire à la présence du félin chez lui, voire même à l'apprécier. « Ou retrouver son propriétaire une bonne fois pour toute … même si j'avoue que sa présence finirai par me manquer. » Elle esquissait un sourire en relevant le menton vers lui. "... le retrouver ça ne veut pas dire le mettre dehors, on trouvera de quoi l'occuper." Romy se projetait peut être un peu trop, mais l'idée d'être potentiellement à l'origine d'un abandon sur le paillasson ne la réjouissait pas, même si elle avait le sentiment que Lonnie ne l'aurait pas fait, quand bien même le chat l'aurait sûrement ignorée après quelques secondes le jour où elle mettrait les pieds chez le flic. Puisque ce jour arriverait, elle en avait été persuadée du moment même où elle avait accepté ce rendez vous. Rendez vous qui se passait sous les meilleurs auspices si l'on faisait une exception de leur manque de vaine concernant le restaurant et des chevilles de la petite blonde qui commençaient très clairement à lui dire stop. Heureusement pour elle la conversation qu'ils tenaient l'aidait à lui faire oublier cette douleur lancinante qui la lançait, et même si elle n'était pas des plus à l'aise à l'idée de parler d'elle, Romy se prêtait toutefois au jeu en livrant au flic l'une des facettes de son boulot qu'elle préférait : travailler en famille. « Il arrive à faire la part des choses c'est cool. Ça aurait été mon cas tu peut-être sûre que j'aurai essuyé des remarques toute la journée … » Elle avait hoché la tête au début de sa réponse, tâchant d'éloigner d'elle l'image de la fille à papa, bien que ce soit pourtant ce qu'elle était, mais la fin l'avait interloquée. Elle se mordait à nouveau l'intérieur de la joue, sans avoir eu besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre là où le flic voulait en venir. "La police ... j'imagine que ça doit être un monde différent. A la prison c'est surtout administratif." Pas d'enquêtes à mener, pas d'arrestations à effectuer, hors mis Romy, la majorité du personnel était une bande de gratte papiers, et même elle passait une grande partie de son temps assise derrière son bureau. Elle espérait toutefois que Lonnie lui parle de son métier un peu plus en détails, mais toute chose viendrait en son temps, et la petite blonde finirait bien vite par en apprendre plus au sujet du Hartwell. Pour l'heure elle restait sur la lignée des confessions, avouant avoir eu une période Hannah Montana que son père avait immortalisé en ne retenant que cette émission de l'enfance de sa fille. Peut être Britney Spears aussi. Lonnie s'était moqué, gentiment, bien que la spontanéité de ce rire poussait Romy à croire qu'il avait du mal à associer les deux idées. Pour la forme elle s'approchait pour le bousculer légèrement de l'épaule, l'agrémentant d'un "Heeey." faussement réprobateur. Il finissait de toute façon par lui confier à son tour qu'il avait eu ses faiblesses. « Hannah Montana tu dis ? Moi c'était les Power Rangers ... » Mais ça, c'était cool. Du moins, elle en gardait cette image. Son sourire s'étirait un peu plus, et alors qu'elle croisait le regard bleuté du flic, la petite blonde secouait la tête puis cédait à un petit rire, à son tour. "J'aimais bien les Power Rangers aussi." même si elle avait toujours préféré les histoires de filles dans le cliché, d'aussi longtemps qu'elle s'en souvienne. Romy n'était pas bien compliquée à deviner, et bien qu'elle n'avait pas choisi un métier qui lui ressemblait en s’enrôlant dans l'administration pénitentiaire, elle se sentait toutefois bienheureuse de pouvoir évoquer son histoire, et que Lonnie se sente assez en confiance avec elle pour en faire de même. Il avait évoqué son père, et si elle notait mentalement toutes les informations à son sujet (non sans sentir son cœur se serrer) la petite blonde demeurait silencieuse, comme pour éviter de l'interrompre avec un commentaire inutile. Il n'y avait rien à dire qui ne soit pas "quel connard" et elle avait préféré rompre son silence en confiant qu'elle trouvait le flic courageux de gérer son job quotidiennement. « Comme tous les boulots j'imagine. Mais j'aime ce que je fais et je changerai pour rien au monde. » Elle hochait la tête, s'autorisant un sourire lorsque son regard remontait de nouveau vers le sien. Romy appréciait le fait qu'il soit passionné, impliqué. Elle n'aurait pas supporté envisager de sortir avec quelqu'un qui ne le soit pas, et bien qu'il soit trop tôt pour se prononcer sur quoique ce soit, pour le moment le flic remplissait toutes les cases et rendait les pas de la petite blonde plus légers, bien que l'alternative McDo qu'ils dénichaient au détour d'une artère commerçante n'arrive comme providentielle. Posés près d'une baie vitrée et malgré le cadre un peu bruyant, Lonnie et Romy avaient trouvé refuge sur cette banquette, et leur conversation se poursuivait le plus naturellement possible. Il avait été question des Ashby, et en transparence la cadette avait présenté cette famille qu'elle n'avait pas la prétention de classer dans la catégorie exemplaire, bien qu'ils en renvoyaient l'image et n'étaient sûrement pas les plus à plaindre. « Je suis content de savoir que ton frère va mieux, tu as l'air d'avoir une relation particulière avec lui, c'est super. » Il s'était un peu rapproché d'elle, et Romy accueillait cette présence en pivotant davantage en sa direction, dans un naturel qu'il étonnait un peu. Tout était si simple. "On s'adore, même on le couve certainement tous un peu trop." Et par tous il fallait comprendre les sœurs Ashby. Wylda ne gardait contact régulièrement qu'avec Simon, et c'était aussi mais surtout parce que sa santé demeurait fragile que ses deux mères de substitution s'inquiétaient autant pour ce frère qu'elles avaient élevé en grande partie. Ce n'était pas un sujet qu'elle avait bien des facilités à évoquer, et la petite blonde appréciait que Lonnie ne la questionne pas davantage, quand bien même sitôt le plateau devant eux relégué aux oubliettes, elle avait glissé son menton contre son épaule, rapproché sa silhouette de la sienne, et lui avait demandé de quitter cet endroit ; une requête que le flic n'avait pas tardé à honorer, non sans souligner au passage qu'il n'était pas envisageable qu'il lui passe les menottes ce soir. Romy avait de toute façon laissé au placard ses envies de meurtre lorsque les doigts du Hartwell étaient venus se glisser contre les siens pour l'entraîner à l'extérieur. Elle en avait apprécié le contact, et se satisfaisait désormais de l'air frais qui mordait pourtant sa peau. Alors qu'elle enfilait une veste pour se protéger des quelques bourrasques, Lonnie lui avait proposé une ballade, demandant au passage si ces quinze minutes de marche pouvaient lui convenir alors qu'elle avait déjà eu du mal à venir jusqu'ici sans vaciller. Evidemment. Romy avait acquiescé, avançant au passage qu'elle pesait son poids lorsque le flic avait émis la possibilité de la porter si jamais elle n'arrivait pas à tenir le cap. « Bien sur oui, ça se voit tout de suite. » et roulant des yeux, il ne lui avait pas laissé le temps de répondre qu'il s'était déjà mis en marche. La jeune femme le suivait sans poser de questions ou presque. Elle était curieuse, et voulait en apprendre davantage sur cette surprise qu'il lui préparait, mais le flic demeurait avare en paroles, se contentant de jouer avec les battements de son cœur en laissant ses doigts frôler les siens ; un geste qu'elle laissait faire, auquel elle répondait, même. « Ah pour ça il faut me faire confiance. Je peux juste te promettre que c'est rien de dangereux, rien de salissant et aucun animal ne va t'attaquer. » Elle fronçait les sourcils, plus intriguée qu'agacée, mais soit. D'un hochement du menton elle l'incitait donc à poursuivre cette marche, priant intérieurement pour que ses chevilles tiennent la route. Malgré tout, Romy voulait savoir si cette petite sortie était prévue, où si elle venait tout juste de naître dans les méninges du flic. Non pas que ça changeait quelque chose après tout, ou peut être que si. « Disons que ça dépendait de l'issu de la soirée, mais comme tout se passe parfaitement bien j'ai envie de prolonger ce moment et te montrer un truc qui a beaucoup de valeur pour moi … a moins que tu ne veuilles rentrer chez toi ? » Il s'était complètement retourné pour lui faire face, s'arrachant les réprobations de quelques badauds mais un sourire amusé de la part de la petite blonde. "Parfaitement bien, hein ?" Elle arquait le sourcil, faussement dubitative. Elle était plus que ravie de sentir que cette chaleur qui se propageait dans sa poitrine n'était pas présente que chez elle, aussi sans trop savoir pourquoi ni comment cet élan lui venait, Romy avançait d'un pas pour placer ses mains sur les épaules du Hartwell, s'approchant encore un peu plus pour déposer un baiser contre sa joue avant de reprendre sa place initiale, répondant ainsi tacitement à sa propre question. Tout était parfait, et bien évidemment, qu'elle avait envie de poursuivre cette soirée en sa compagnie. "Je te fais confiance. Montre moi." Et sans qu'ils n'aient besoin de marcher bien longtemps, tous deux débouchaient sur une rue plus étroite au bout de laquelle on pouvait distinguer un parc un peu plus loin. « Ma mère et moi on venait dans ce parc de temps en temps quand j'étais petit parce que mon dentiste était pas loin. » Il avait attrapé sa main pour la guider, et elle avait préféré entremêler ses doigts aux siens pour ne pas le laisser partir. Il semblait à Romy qu'elle l'aurait suivi au bout de la ville ce soir, mais alors qu'elle associait mentalement cet endroit au dentiste de mini Hartwell, elle fut bienheureuse d'être arrivée à l'endroit de cette étape surprise que lui préparait Lonnie. "T'as grandi près d'ici ?" qu'elle demandait, faisant un raccourci rapide entre la vie de quartier et le passage chez les praticiens de santé, même si elle n'en savait rien en fin de compte. La jeune femme observait l'espace autour d'elle en essayant de reconnaître quelque chose ; en vain. Elle n'était jamais venue ici quand bien même était de toute façon rapidement rattrapée par la réalité alors que Lonnie poursuivait d'un : « Le truc cool quand on bosse pour la police c'est que je peux toujours m'arranger pour avoir la clé des espaces municipaux. » qui l'intriguait pas mal. Arrivés près d'une grille fermée à double tour, Romy n'avait rompu le contact avec le flic que pour le laisser sortir une clé de sa poche, et alors qu'elle penchait la tête sur le côté en l'observant déverrouiller l'accès à ce qui devait vraisemblablement cacher ce qu'il avait en tête de lui montrer, elle se laissait convaincre par la main que ce dernier lui tendait, approuvant d'un hochement de tête à ses paroles. « Je veux juste te montrer quelque chose et après on repart … tu me fais confiance ? » Romy avait de nouveau glissé sa main dans la sienne, puis s'était rapprochée, sans doute un peu plus qu'elle ne l'avait fait jusqu'à maintenant. Quitte à partager ce moment hors du temps, autant le faire comme elle en avait envie. Dans cet endroit ils étaient seuls au monde, et alors que de son pouce, elle traçait des arabesques aléatoires sur le dos de la main du Hartwell, Romy ne cachait plus vraiment qu'elle n'avait d'attention que pour lui. "Bien sûr. Je te suis. Je suppose que tu n'as pas piqué les clés pour rien ... " avait elle soufflé avec malice, avant de nicher à nouveau son menton sur le sommet de son épaule, comme pour l'enjoindre à lui faire découvrir ce jardin secret qu'était le sien.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Loin du cliché du vieux monsieur qui gâteux entretenant une relation particulière avec son chat Lonnie se devait d’avouer tout de même que l’animal avait pris une place considérable dans sa vie et qu’il était vite devenu source de questionnements au supermarché afin de savoir si il appréciait telle ou telle marque de croquettes. Il était plus grand temps pour le flic d’avoir d’autres préoccupations que la pâté pour chat, sa nouvelle relation avec Romy marquant peut-être (il l’espérait fortement) le début d’une nouvelle vie pour le flic, il était même prêt à se mettre en quête du propriétaire afin de rassurer la jeune femme. « … le retrouver ça ne veut pas dire le mettre dehors, on trouvera de quoi l’occuper. » Dieu qu’il aimait ce ‘on’ innocent entre les lèvres de la blonde, promettant plus de rendez-vous, un rapprochement nouveau, et même si il devrait être d’une rigueur implacable concernant l’état de son appartement le jour où elle y mettrait les pieds Lonnie s’imaginait déjà une soirée en sa compagnie devant un film, un seau de pop-corn entre les deux. « Je lui prendrai une souris en plastique, ça devrait le suffire vu que les seuls jouets dont il dispose sont mes paires de chaussettes. » Qu’il retrouvait toujours dans des endroits différents, sous le canapé, derrière le frigo, et qui le faisait toujours râler alors que le chat se délectait d’avoir accompli sa mission diabolique. La conversation allait bon train entre les deux, Romy ayant cette facilité à trouver des solutions de secours dès qu’une porte se fermait (littéralement) et même si la conseillère peinait à faire de grandes enjambées à cause des talons qu’elle avait choisis de porter elle réussissait tout de même à répondre aux questions de Lonnie concernant sa vie et sa famille. Papa Ashby renvoyait cette impression d’un homme à la forte poigne qui présentait tout de même une part de simplicité que Romy était la seule à connaître tant elle pouvait le voir en dehors de son rôle de directeur de prison, et le flic se garda bien de lui demander si Gail avait déjà été en contact avec cet homme au même titre que Romy, éloignant cette pensée de son esprit en se concentrant sur les mots de la jeune femme. Elle avait cette chance de ne pas essuyer les remarques de ces collègues concernant la position de son père au sein de l’établissement, chose qui ne passait pas forcément au sein de la police où tout le monde donnait son avis sur tout même sans y être invité. « La police … j’imagine que ça doit être un monde différent. A la prison c’est surtout administratif. » Elle n’avait pas idée du nombre de dossier qu’on lui avait demandé de vérifier encore et encore durant ses premiers jours à la brigade, et du temps qu’il avait passé dans le bureau de son supérieur afin de réclamer une enquête, rien qu’une seule, même un simple de vol de bière à la superette du coin. Haussant un sourire sur ses lèvres Lonnie avait simplement hoché la tête pour répondre à la blonde. « C’est un univers très centré sur la force masculine et toujours plongé dans le cliché du shérif du coin. Ma période de bizutage a été assez intense. » Mais il s’en était sorti, il avait relevé la tête avec le sourire pour démontrer son envie de continuer malgré les incessants coups bas et plaisanteries dont il avait été victime. Loin de vouloir apparaître comme l’idiot du village qui acceptait sans broncher les punitions et les moqueries Lonnie s’était endurci et avait réussi à faire taire les paroles mesquines en prouvant qu’il était aussi capable qu’un autre. Incapable il l’était d’imaginer Romy en fan incontestée d’Hannah Montana dont les murs de la chambre étaient tapissées de poster à l’effigie d’une jeune (et encore chaste) Miley Cyrus, et son rire spontané lui avait valu une gentille bousculade de la part de la jeune femme. « Heeey. » Levant les mains devant lui comme pour se dédouaner de ce rire qui n’avait rien de mesquin Lonnie avait avoué, à son tour, sa passion pour les Power Rangers sans pour autant mentionner les figurines récupérées dans les magazines qu’on lui offrait plus jeune et qui traînaient encore dans un carton quelque part. « J’aimais bien les Power Rangers aussi. » Qu’elle souligna tout de même alors que, plongé dans ses souvenirs, le flic mentionnait pour la première fois la présence de son père dans sa vie et l’impact qu’il avait eu dans son choix de carrière, un peu malgré lui. Il appréciait le silence de la blonde qui avait pourtant de retenir ses paroles, mais même si il aimait partager avec elle les détails de sa vie il n’était pas encore totalement prêt à parler de l’homme qui les avait battus pendant des années, laissant plus de cicatrices que de souvenirs. Sans savoir comment la remercier autrement que par un sourire Lonnie avait apprécié le changement du sujet tout comme Romy semblait se contenter de sa réponse concernant le fait qu’il ne changerai de métier pour rien au monde, prouvant par la même occasion qu’il ne s’était pas engagé seulement pour le plaisir de porter une arme et un badge. Leurs pas les menèrent droit vers un McDo qui ferait une parfaite solution de repli tant il offrait la possibilité de manger, chose qui convenait parfaitement au flic dont l’estomac commençait à crier famine. Elle évoquait sa famille et le bleu avait enfin la sensation d’en connaître un peu plus sur elle, elle qui avait le droit à des informations distillées au compte-goutte par Gail qui appréciait toujours parler de ses enfants sans même prendre en compte le fait que les gens n’en avaient peut-être rien à faire de la marque préférée du Lonnie de cinq ans. Romy n’avait pas de mal à parler de son frère, là où le flic avait senti une certaine réticence concernant la sœur, et même si elle assurait aujourd’hui que le benjamin se portait maintenant comme un charme Lonnie avait tout de même espérait que ça soit vraiment le cas. « On s’adore, même on le couve certainement tous un peu trop. » Et c’était déjà mieux que de ne pas avoir de relation du tout avec lui, même si cette relation le pousserait peut-être à s’émanciper. « C’est super, vraiment. » Et il pensait, son sourire en disant son long sur le plaisir qu’il avait d’en apprendre toujours un peu plus sur elle. Cette petite blonde au caractère bien trempé qui avait délicatement posé son menton sur l’épaule du flic, lui arrachant un énième sourire alors qu’il la suppliait de ne pas commettre de meurtre ce soir, même jamais en fait. Agrippant la main de la conseillère pour l’entraîner à sa suite Lonnie s’était débarrassé des plateaux avant de plonger dans la brise légère du début de soirée, maintenant dirigé par son envie de montrer à Romy une nouvelle partie de sa vie à laquelle il accordait beaucoup de valeur. Il fallait qu’elle lui fasse confiance, encore un peu, mais lui promettait tout de même que cette balade n’avait rien de dangereuse alors qu’il frôlait de temps à autre les doigts de la blonde, alimentant encore plus le feu nouveau brûlant dans sa poitrine. La curiosité de la conseillère frappa à nouveau, posant des questions sur le plan élaboré à la vas vite dans la tête du flic et qui n’aurait jamais vu le jour si la soirée ne se passait pas aussi bien. Parce qu’il allait lui montrer le meilleur souvenir de sa vie, et que ça n’était pas donné à tout le monde d’apercevoir cette facette de lui, plus sensible mais aussi brisée. « Parfaitement bien, hein ? » Arrêté devant Romy le flic avait haussé un sourire sur ses lèvres sans même faire attention aux remarques des badauds dont il avait attiré le regard en se retournant de cette façon. Sans qu’il ne s’y attende, parce que c’était elle que cette soirée n’avait de sens que pour eux, Romy déposa ses mains sur les épaules du flic dans un geste impulsif pour lequel il n’eut pas d’autre réponse qu’un sourire idiot, puis un baiser sur sa joue dont la peau lui brûla à peine s’était-elle éloignée pour reprendre sa place. Cœur vacillant, esprit à la fête, le flic avait le souffle coupé et les mains tremblantes. « Parfaitement bien. » Pour seule réponse, incapable de faire disparaître le rictus idiot de sur ses lèvres alors qu’il entrainait la jeune femme dans une rue plus étroite depuis laquelle on pouvait distinguer le parc, précisant qu’il s’était souvent rendu dans cet endroit plus jeune accompagné de sa mère. « Je te fais confiance. Montre-moi. » Elle avait entremêlé ses doigts à ceux du Hartwell qui n’avait maintenant plus aucune envie de la laisser partir, qui se voyait incapable de quitter la chaleur et le bien-être qu’elle faisait monter en lui, l’ambiance relaxante d’une soirée qui n’aurait pas de fin si ils en décidaient ainsi. « T’as grandi près d’ici ? » Lonnie avait secoué la tête à la négative alors qu’ils s’approchaient de plus en plus des grilles du parc. « Non, mais on n’avait pas de mutuelle alors ma mère nous emmenait dans un cabinet qui fermait les yeux si tu avançais quelques billets en plus. » D’où les dents passablement abîmées de mini Lonnie qui avait dû attendre d’être placé en famille d’accueil pour enfin bénéficier d’une couverture sociale digne de ce nom et, donc, d’un appareil dentaire. Arrivés devant la porte en fer marquant le commencement du parc le flic s’était vanté d’y avoir accès en sortant la clé des lieux qu’il avait emprunté en échange d’une corvée de café et d’une poignée de billets à un Denis qui n’avait pas posé de questions. Il ne restait plus à Romy que de lui faire confiance sur ce coup et d’accepter de traîner dans un parc clos à la tombée de la nuit avec un homme qu’elle ne connaissait que depuis quelques semaines, et heureusement pour le flic elle avait glissé sa main dans la sienne non sans l’effleurer du bout du pouce avant de se rapprocher bien plus qu’auparavant. « Bien sûr. Je te suis. Je suppose que tu n’as pas piqué les clés pour rien… » Qu’elle soupiré malicieusement alors que le flic faisait grincer la porte pour les laisser entrer, n’oubliant pas de la refermer derrière lui afin de ne pas être dérangé dans ce moment qui – il le sentait – marquait un tournant dans leur relation. « Premièrement, je n’ai rien volé. Ça m’a coûté cher mais j’ai fait ça à la loyale. » Le flic avait entraîné Romy à sa suite sans pour autant lâcher sa main, profitant de cet instant pour presser légèrement les doigts de la jeune femme alors qu’ils se dirigeaient vers un kiosque à confiseries qui était là depuis des années. « Deuxièmement … voilà ce que je voulais te montrer. » Enjambant le comptoir du kiosque d’un bond Lonnie avait décroché du mur une photographie vieille de plusieurs années qui avait été prise dans ce même parc lors d’une journée spéciale. On pouvait distinguer Gail, pas encore marquée par des années de fatigue, le sourire aux lèvres, ainsi que deux gamins appuyés sur les épaules de la femme, plus heureux que jamais. « Je sais pas pourquoi ils prenaient des photos ce jour-là – Lonnie avait fait glissé le cliché vers la blonde – ni même pourquoi ils les gardent accrochées ici. Mais c’est le meilleur souvenir de ma vie. J’avais six ans, Harvey neuf. » Passant de nouveau de l’autre côté pour rejoindre Romy le flic s’était perdu quelques secondes pour chercher ses mots, plus vulnérable qu’il ne l’avait jamais été. « Je pourrai simplement la décrocher et la prendre avoir moi, parce que j’ai pas de photo d’elle, mais à chaque fois que je passe devant je me dis qu’elle appartient à cet endroit. » Relevant le visage vers la blonde Lonnie s’était accordé un moment de flottement, son regard cherchant à percer les émotions de la conseillère alors qu’il se rapprochait dangereusement du tournant de sa vie. « Et dernièrement… » Sans attendre un seul retour, un seul signe, le flic avait déposé ses lèvres sur celles de Romy, un monstre joyeux lui enserrant les entrailles dans ce qu’il partageait de plus beau et de plus sincère.
Ils n'en étaient pas encore là, mais pour une Romy dont l'imagination filait volontiers vers une soirée en tête à tête chez le flic, l'idée de cohabiter avec un félin la refroidissait, et toutes les précautions étaient bonnes à prendre pour occuper Jack. « Je lui prendrai une souris en plastique, ça devrait le suffire vu que les seuls jouets dont il dispose sont mes paires de chaussettes. » Elle esquissait un sourire, se demandant bien ce que le chat pouvait trouver à des chaussettes plutôt qu'à des rongeurs ou même à une vie à l'extérieur. Certainement que cet animal devait être bien pantouflard, et finalement, peut être serait elle en sécurité en sa présence. Romy hochait la tête, laissant derrière elle le sujet "chat" pour d'autres tandis que la conversation se poursuivait le plus naturellement possible. Ils évoquaient leurs vies dans les grandes lignes, se retrouvant inévitablement à discuter de leurs jobs respectifs, et là où la petite blonde pouvait affirmer avec la plus grande fierté que travailler avec son père était l'une des meilleures choses qui lui soit arrivée, en ce qui était question du Hartwell, son entrée dans la police n'avait pas été si douce que la carrière de la petite blonde. « C’est un univers très centré sur la force masculine et toujours plongé dans le cliché du shérif du coin. Ma période de bizutage a été assez intense. » Lonnie semblait vouloir montrer s'en être remis en arborant un sourire convaincu, mais si Romy n'avait d'autre choix que de le croire elle notait toutefois dans un coin de sa tête de creuser un peu à l'occasion. Pour l'heure, d'autres types de révélations étaient de mises, et alors que la petite blonde bousculait de l'épaule le flic pour s'être moqué de sa passion pour les sitcoms de gamines à l'adolescence, ce dernier lui confiait à son tour avoir été fan des Power Rangers, rétablissant ainsi (un peu) l'équilibre sur l'échelle des révélations gênantes. Ce n'était pas le genre de sujet que la petite blonde avait l'habitude d'évoquer pour un premier rendez vous, quand bien même ce dernier n'avait rien de commun malgré leurs tenues, et alors qu'ils troquaient le restaurant romantique pour un McDo, une discussion encore un peu plus personnelle était venue se glisser sur le tapis lorsqu'il était question de la famille Ashby. Romy en connaissait beaucoup des Hartwell, mais Lonnie ne pouvait pas en dire de même. Plutôt que de s'épancher sur le négatif, elle avait préféré parler de son rayon de soleil. Simon, ce petit frère ayant quitté le navire pour étudier loin des déséquilibres, et la jeune femme le comprenait, quelque part. « C’est super, vraiment. » Le flic semblait sincère, mais plutôt que de répondre quelque chose pour relancer, Romy avait préféré se nicher sur son épaule et demander à partir pour démarrer la seconde partie de cette soirée ; une requête à laquelle Lonnie accédait sans protester. Il l'avait guidée à l'extérieur, lui confiant au passage avoir une idée derrière la tête qui nécessite 1) qu'elle soit à l'aise avec l'idée de marcher un peu et 2) contenir sa curiosité. Pour le premier point pas de problème particulier, mais pour le second ... la blondinette n'avait pas pu s'empêcher de poser des questions, et alors que le flic s'était arrêté au beau milieu de la rue pour lui expliquer que cette expédition n'était qu'une option qu'il gardait en tête si leur rendez vous se déroulait sans accroches, elle avait joué sur la corde sensible en s'approchant d'un pas pour laisser ses lèvres se glisser contre sa joue avec malice. « Parfaitement bien. » lui avait il répété alors qu'elle entremêlait ses doigts aux siens, comme pour le prévenir d'une chose : il était hors de question qu'elle le laisse filer, quand bien même elle appréciait leur proximité pour conserver un semblant d'équilibre sur ses deux jambes. Romy se laissait entraîner par Lonnie dans une rue plus étroite débouchant sur un parc. Le cœur léger, sa peau qui s'habituait encore tout doucement au contact de la sienne comme autant de petites décharges faisant vibrer ses sens, la petite blonde renouvelait sa confiance, demandant au passage si ce quartier avait été le sien comme elle le déduisait en l'associant à ses passages chez le dentiste. Elle avait tout faux. « Non, mais on n’avait pas de mutuelle alors ma mère nous emmenait dans un cabinet qui fermait les yeux si tu avançais quelques billets en plus. » Il avait secoué la tête, et en guise de réponse elle pressait sa main un peu plus fort contre la sienne, peu désireuse de faire remonter d'anciens souvenirs bien qu'elle se sente touchée qu'il puisse lui faire part d'informations si délicates. "Le dentiste n'a pas du te traumatiser plus que ça pour que tu n'en ai pas une peur bleue de potentiellement le croiser dans le quartier.." Romy était une éternelle gamine qui avait été terrorisée par une dizaine de praticiens de santé. Du kiné au dentiste en passant par le généraliste, elle avait sursauté à la vue des aiguilles et des stéthoscopes, mais à nouveau, pour ne pas répondre quelque chose qui le renvoyait à Gail et à cette période oscillant entre le bonheur et la précarité, Romy avait usé d'une pirouette pour préserver leur bulle qu'elle avait déjà manqué de faire éclore en évoquant sa rencontre avec Harvey un peu plus tôt. Cette soirée continuerait à se dérouler de la meilleure des façons, et alors qu'ils s'approchaient de la grille du parc, Lonnie sorti une clé de sa poche en dont elle pensait qu'il l'avait piquée pour l'occasion. « Premièrement, je n’ai rien volé. Ça m’a coûté cher mais j’ai fait ça à la loyale. » Ah ? Elle arquait le sourcil en le suivant à l'intérieur, se gardant toutefois de commenter pour laisser la suite arriver. « Deuxièmement … voilà ce que je voulais te montrer. » Ils n'avaient fait que quelques mètres, mais déjà, ce qui ressemblait à un kiosque à bonbons se dessinait devant eux. C'était donc ça leur destination finale ? Elle arquait le sourcil, laissant la silhouette du flic se détachait de la sienne pour se glisser à l'intérieur et décrocher une photographie du mur. Romy était restée là, sans trop savoir quoi dire pour palier à ses interrogations, puis finalement Lonnie était revenu près d'elle pour lui fournir des explications. « Je sais pas pourquoi ils prenaient des photos ce jour-là, ni même pourquoi ils les gardent accrochées ici. Mais c’est le meilleur souvenir de ma vie. J’avais six ans, Harvey neuf. » Il lui avait tendu la photo qu'elle observait avec intérêt, ses lèvres s'étirant d'un sourire sincère en découvrant Gail sous un oeil différent, à une période où elle était profondément heureuse. Et ces deux petits bouts ... "Elle est parfaite cette photo." qu'elle soufflait, ne sachant se résoudre à s'exprimer de façon plus audible. « Je pourrai simplement la décrocher et la prendre avoir moi, parce que j’ai pas de photo d’elle, mais à chaque fois que je passe devant je me dis qu’elle appartient à cet endroit. » Romy détournait le regard du cliché pour attraper celui du flic, devinant qu'il avait laissé tomber les barrières pour lui montrer ce qui semblait être la chose lui étant la plus importante au monde ; un équilibre rare et précieux. Elle entrouvrait les lèvres sans trop savoir quoi répondre, et alors qu'elle déposait sur le comptoir du kiosque la photographie, le flic prit de nouveau la parole sans toutefois terminer sa phrase. « Et dernièrement… » dernièrement elle n'en avait pas la moindre idée puisque Lonnie n'avait pas terminé sa phrase. Il s'était approché d'elle sans une parcelle d'hésitation, approchant ses lèvres des siennes dans un geste qui fit bondir le cœur de la blondinette. Elle ne s'y était pas vraiment attendu, et alors que ses bras encerclaient sa nuque pour se laisser glisser contre lui, Romy appréhendait doucement cette étreinte qui la rendait électrique. Elle n'avait pas ressenti ce sentiment depuis bien longtemps, ne sachant trop si cette boule qui se formait dans sa poitrine appartenait à la tendresse, à la passion, à la douceur, où peut être un savant mélange des trois. Elle apprenait à mémoriser le flic du bout des lèvres, et bien que ses paupières étaient closes, il lui semblait qu'elle le connaissait par cœur. "Je .." Même si Romy aurait aimé conserver ce contact à l'identique, il arrivait un moment où leurs silhouettes devaient se détacher, et bien la jeune femme considérait que tout débrief inutile, elle ressentait toutefois le besoin de parler. "J'espère sincèrement que tu n'as rien promis de ce genre là à l'employé qui t'as cédé les clés du parc.." qu'elle avait fini par souffler dans un demi sourire, préférant user des banalités pour revenir sur terre. Elle n'avait pas envie de redescendre de son nuage, pas tout de suite, et alors qu'elle se laissait une nouvelle fois glisser contre lui, Romy déposait un baiser sur son menton, à la naissance de sa barbe, puis finalement un second contre ses lèvres, bien que celui ci n'était pas destiné à rompre leur conversation. "Des ballades de ce genre j'en veux bien à chaque rendez vous. Surtout si je peux piquer des bonbons." soufflait elle en se détachant doucement, se glissant à son tour dans le kiosque pour venir chiper une ou deux sucreries des contenants immenses. "... et t'étais plutôt pas mal quand t'étais petit." Adorable même, et alors qu'elle croquait dans une tagada, Romy se tourna vers Lonnie, l'intimant de le rejoindre dans cet endroit minuscule d'un geste de l'index accompagné d'un demi sourire malicieux. Elle flottait sur une bulle de bonheur, et alors qu'autour d'eux la nuit commençait à tomber, elle n'y voyait que le début d'une belle soirée. La première de nombreuses autres, elle en était persuadée.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Le sujet du chat maintenant clos sous les dernières paroles de Lonnie qui promettait de lui trouver une occupation avant de recevoir la blonde chez lui, que ça soit une souris une plastique ou un cache-cache de fortune où personne ne s'amuserait à essayer de retrouver le pauvre petit animal, le flic avait hésité à parler de on bizutage qui traînait en longueur. Romy devait forcément se douter que les policiers s'adonnaient encore à ce genre de rituel préhistorique visant à éliminer les plus faibles d'entrée, mais le bleu n'avait jamais cherché à se plaindre de ce rite de passage qu'il avait accepté à peine le premier pied déposé dans le commissariat. Les lèvres crispés de la blonde lui soulignant tout de même qu'elle était ce genre de personne à ne pas voir ce qu'il pouvait y avoir de bon dans le fait de martyriser continuellement les mêmes âmes simplement pour le plaisir, à et ça rassurait un peu à Lonnie dont l'estomac n'avait pas arrêté de se serrer depuis le début de la soirée. Premièrement parce qu'à force de marcher dans les rues au hasard il avait senti la faim monter en lui, deuxièmement parce que la présence de la conseillère à ses côtés avait tendance à faire naître en lui des sentiments qu'il pensait avoir oublié depuis longtemps. Tout comme les souvenirs qui remontaient en lui à l'évocation des dessins animés de son enfance, profitant de l'occasion pour se moquer un peu de Romy dont la passion avait été les séries dédiées aux jeunes filles et qui – il l'espérait du moins – connaissait encore par cœur les paroles des diverses chansons. La conversation allait bon train entre les deux, s'axant tantôt sur des parties plus dérisoires de leurs viens avant de se tourner vers le cœur des choses comme l'emploi de Ashby senior ou encore la relation qu'elle entretenais avec les différents membres de sa famille, laissant à Lonnie l'occasion de comprendre qu'elle n'en avait pas forcément une grande avec sa mère qu'elle n'avait pas évoqué du tout. Il y aurait un autre temps pour ce genre de discussion, un temps qu'il espérait passé dans le confort d'un canapé, recouvert d'un plaid et partageant ce que sa mère lui avait transmis de meilleur après la couleur de ses yeux, la recette du chocolat chaud qu'il adorait tant. Et si il n'avait pas de mal à se projeter dans un quotidien où Romy aurait toute sa place elle semblait avoir plus de mal à tenir sur ses jambes, quémandant de trouver au plus vite un endroit afin de pouvoir ralentir le rythme. La banquette usée d'un McDo animé ne pourrait même pas faire fuir le Hartwell dont le cœur semblait s'emballer à chaque fois que la blonde se pressait contre lui, redevant un adolescent incapable de faire taire le monstre dans ses entrailles qui lui hurlait de faire les bons choix pour ne pas la voir prendre ses jambes à son cou. A défaut de partager un dîner romantique aux chandelles Romy avait tout de même laissé échapper quelques informations de plus sur sa famille en décrivant la relation fusionnelle (sans doute un peu trop) qu'elle entretenait avec son jeune frère, rendant jaloux le flic sans en être coupable. Lorsqu'elle appuya son menton délicatement contre son épaule le flic n'avait pas pu retenir le rictus de bonheur qui était venu illuminer ses lèvres, et alors qu'il se rapprochait d'elle pour faire taire ses envies de meurtres tant les enfants devenaient incontrôlable Lonnie avait décrété qu'il était grand temps pour eux de plier bagage et pour lui de faire un grand saut dans le vide en proposant une promenade à la blonde. L'entraînant à sa suite en nichant sa main dans celle de la conseillère Lonnie avait apprécié le contact de l'air frais contre sa peau tout comme la curiosité piquée au vif de Romy qui s'inquiétait de savoir ce que l'esprit romantique du flic avait manigancé pour continuer cette soirée. Arrêté au beau milieu de la route pour faire face à la jeune femme qui avait fait glisser sa veste sur ses épaules pour contrer le vent Lonnie avait décrété qu'une surprise devait rester une surprise et que cette soirée se déroulait parfaitement bien, le poussant à prendre les devants à amenant Romy dans un endroit cher à son cœur. Pour seule réponse il avait reçu un baiser que la petite blonde avait délicatement déposé sur sa joue et qui avait fait danser en lui le petit monstre bien heureux de renaître après la dernière relation foireuse que le flic avait vécu. Les doigts entremêlés à ceux de la conseillère le bleu avait repris sa marche en les faisant sortir des artères commerciales pour les entraîner vers une rue plus étroite débouchant sur le parc dans lequel il s'était écorché le genou après une bagarre avec Evan Burrows. "Le dentiste n'a pas du te traumatiser plus que ça pour que tu n'en ai pas une peur bleue de potentiellement le croiser dans le quartier.." Le flic avait haussé les épaules sans pour autant lâcher la main de Romy, continuant sa marche vers le parc. « Vu l'âge avancé du docteur Peters quand j'avais six ans ça m'étonnerait beaucoup qu'il soit toujours en vie … ou alors il hante les rues la nuit pour traumatiser les gosses qui se lavent pas les dents. » Arrivés devant la grande grille condamnant l'accès au parc pour la soirée Lonnie avait fait glissé la clé de sa poche non sans prendre le temps de demander à Romy si elle avait toujours envie de le suivre dans sa folie, quant bien même ils ne resteraient pas toute la nuit à l'intérieur il voulait être sûr de ne pas imposer ses choix à la blonde. Glissant une main rassurante dans la sienne la blonde lui avait emboîté le pas vers le kiosque à confiseries où, des années auparavant, la propriétaire avait pris des photos au hasard pour habiller le mur de sa petite maison, immortalisant ainsi le seul souvenir d'une mère souriante entourée de ses deux gamins. Lonnie avait franchi d'un bond le comptoir le séparant de la photographie jaunie aux extrémités, partageant son bout de mur entre un couple souriant et une vieille dame à l'allure coquette. Les coudes posés sur les comptoir le bleu avait fait avancé la photo vers Romy non sans en expliquer les détails, partageant ainsi ce qu'il avait de plus cher dans le monde avec une personne qui prenait de plus en plus de place dans sa vie. Elle avait maintenant toutes les cartes en main pour faire de lui le plus heureux des hommes ou pour le briser complètement, et le bleu ne voulait pas retenir ses émotions ce soir, plus maintenant qu'il ressentait cette chaleur à chaque fois qu'elle s'appuyait contre lui, à chaque fois qu'elle souriait pour répondre à sa question, à chaque fois qu'elle le faisait rire. Elle ou rien, peu importe le monde, les autres, ou le nombre de jours passés depuis leur première rencontre sur le parking de cette prison. "Elle est parfaite cette photo." La phrase de Romy l'avait sorti de ses pensées et il n'eut pour seule réponse qu'un sourire alors que la conseillère glissait la photographie sur le comptoir, laissant au flic l'occasion de faire ce qu'il avait envie de faire depuis le début de la soirée. Se penchant lentement vers elle Lonnie n'avait pas retenu son sourire alors que la blonde lui rendait son baiser en passant ses bras autours de sa nuque, lui en faisant de même avec sa taille alors qu'il prolongeait le moment, bien l'abri dans ce kiosque à bonbons abritant ce qu'il pensait être le meilleur souvenir de sa vie jusqu'à aujourd'hui. "Je .." Oui, lui aussi ne savait pas trop quoi dire. Romy s'était détaché de lui alors qu'il abordait le sourire le plus immense de son histoire, conscient qu'une étape importante avait été franchie et qu'il n'avait maintenant pas la moindre envie de faire marche arrière. "J'espère sincèrement que tu n'as rien promis de ce genre là à l'employé qui t'as cédé les clés du parc.." Un rire s'était échappé d'entre les lèvres du flic alors que son cerveau tentait d'imaginer une scène où Denis et lui s'échangeait des regards langoureux à travers la pièce, horrible, vraiment. « Si, j'ai du vendre mon corps à ce vieux pervers de Denis pour récupérer cette clé ... » Bien heureux du tournant que prenait la soirée Lonnie avait accepté la nouvelle étreinte proposée par la conseillère le plus naturellement du monde, entourant ses bras autours des épaules de Romy alors qu'elle déposait un nouveau baiser sur ses lèvres. "Des ballades de ce genre j'en veux bien à chaque rendez vous. Surtout si je peux piquer des bonbons." Elle avait fait le tour du kiosque pour plonger sa main dans l'un des grands bocaux renfermant des trésors de sucre avant de jeter un nouveau regard vers la photo toujours présente sur le comptoir et qui devrait, à un moment ou à un autre, reprendre sa place initiale sur le mur. "... et t'étais plutôt pas mal quand t'étais petit."Bam, en plein cœur. Le flic avait pris une moue faussement choquée non sans répondre à l'appel de la blonde qui l'attirait vers elle d'un geste de la main. « Outch. » Pour seule réponse alors qu'il replaçait la photo de sa mère sur la paroi du kiosque avant d'attraper une poignée de crocodiles au hasard dans l'un des récipients. « Mais je savais que les bonbons me donneraient un avantage considérable. » Appuyé contre le comptoir le flic avait fait glissé deux trois crocodiles entre ses lèvres sans détacher le regard de la blonde qu'il voyait maintenant sous un nouveau et dont il espérait les sentiments aussi sincères que les siens. « Je t'ai jamais vraiment remercier de faire tout ce que tu fais pour elle … et pour moi aussi indirectement. » Les bras croisés sur sa poitrine le flic s'était pincé les lèvres avant de reprendre. « Même si je sais que ça n'est que ton travail... » Il s'était approché d'elle pour faire glisser ses mains de chaque côté de sa taille, ses yeux plongés dans l'immensité bleu de ceux de Romy. « Merci. » Qu'il avait simplement déclaré pour ne pas faire tomber cette soirée dans un côté dramatique dont il ne voulait pas.
Romy n'avait aucune idée de l'endroit où Lonnie la menait, mais la petite blonde lui faisait malgré tout une confiance aveugle sans qu'elle ne sache encore réellement pourquoi. Malgré ses pas douloureux et la tournure inhabituelle qu'avait pris ce premier rendez vous, la petite blonde flottait sur une sorte de petit nuage. Elle apprenait à connaître le flic, flirtant avec la ligne rouge de ce que lui imposait sa confiance professionnelle ; l'ignorant lorsque sa main frôlait la sienne, et la dépassant carrément lorsque ses doigts s'entremêlaient aux siens. Lonnie commençait dangereusement à prendre toute la place dans son esprit d'ordinaire bien moins sensible au romantisme, et si Romy ne réfutait pas cette idylle en bloc elle n'en était pas moins encore indécise sur sa façon de la gérer. Dans le doute elle suivait ses sentiments à défaut d'une raison qui l'aurait poussée à refuser ce rendez vous si parfait sur bien des points. Près des grilles du parc (fermé à cette heure) la jeune femme s'était risqué à lui demander s'il ne se considérait pas comme particulièrement courageux pour oser pointer le bout de son nez dans le quartier d'un homme qui avait du le traumatiser toute son enfance ou presque. « Vu l'âge avancé du docteur Peters quand j'avais six ans ça m'étonnerait beaucoup qu'il soit toujours en vie … ou alors il hante les rues la nuit pour traumatiser les gosses qui se lavent pas les dents. » Elle haussait un sourcil, pressant doucement sa main contre la sienne. "Si tu veux on peut toujours essayer de se faire une séance de spiritisme un jour pour en être surs. Il est peut être en paix avec les caries maintenant." Ou peut être pas, mais d'un optimisme à crever, Romy préférait le penser. Ce vieux dentiste n'était de toute façon rapidement plus le centre de leur discussion, puisque sitôt le flic ayant ouvert la grille du parc avant de la renfermer derrière eux, il l'avait entraînée jusqu'à ce vieux kiosque à bonbons qui renfermait l'un des souvenirs les plus précieux qui lui soient. Une photographie d'une autre époque ; une où il avait été heureux en compagnie de sa mère et de son frère, et si le coeur de Romy s'était serré en voyant se matérialiser sous ses yeux la preuve indéniable que les Hartwell avaient pu être heureux un jour, il fondait complètement lorsque Lonnie choisissait ce moment précis pour lui montrer qu'il la voyait différemment que comme la conseillère pénible qui s'immisçait dans sa vie et qui griffonnait des pattes de mouches sur ses paquets de cigarettes pour ne pas qu'il l'oublie. Envoyant valser toutes les règles tacites et inhérentes à son job, la petite blonde s'était laissée guider par les battements de son cœur, par la douceur des lèvres du flic conter les siennes et par cette symbiose que ni l'un ni l'autre ne pouvait nier, quoique aucun des deux ne semblait la remettre en cause. Ils n'avaient pas vraiment su quoi dire, y avait il seulement quelque chose à répondre ? Les deux sourires d'enfants plaqués sur leurs traits en disaient long, et comme pour se débarrasser d'un doute faussement sérieux, Romy s'était de nouveau rapproché en laissant sous entendre qu'elle espérait que la contre partie de cette soirée privée dans ce parc n'avait pas coûté au flic quelque chose qu'elle ne partagerait pas après demain, mais si sa réponse était sans équivoque, le rire qu'il laissait s'échapper de façon spontanée le trahissait aussitôt. « Si, j'ai du vendre mon corps à ce vieux pervers de Denis pour récupérer cette clé ... » Ses sourcils se fronçaient, et alors qu'elle lui posait un nouveau baiser sur le bout des lèvres, la jeune femme répondait sans le moindre détour un : "Hmouuais, non." qui, que Lonnie n'en doute pas, se transformerait en un "il est hors de question que quelqu'un d'autre que moi ne vienne se glisser contre toi" dans les jours à venir. Pas qu'elle soit jalouse. Ou peut être un peu. Du moins pas d'un gars qui s'appelait Denis. Haussant finalement les épaules, Romy s'était détachée pour parfaire cet instant en picorant des bonbons dans les bocaux, faisant signe au flic de la rejoindre alors que son regard se perdait une nouvelle fois sur la photographie posait sur le comptoir. Elle avançait qu'il était plutôt pas mal quand il était petit ; avec ce sourire immense et cette coupe de cheveux bien trop adorable. « Outch. » Héé. C'était un compliment. La petite blonde l'observait replacer le cliché à son emplacement initial, soufflant : "Pas mal à l'époque et vraiment sympa maintenant ?" pour se rattraper, bien que Lonnie ne semblait pas vexé pour un sou. « Mais je savais que les bonbons me donneraient un avantage considérable. » Ah ça. Elle hochait la tête dans un large sourire, bien qu'elle arrivait à rester raisonnable et à ne pas piocher dans toutes les bonbonnes. La petite blonde n'avait d'yeux que pour une autre chose qui n'avait absolument rien à voir avec les bombes de sucres, bien qu'elle prétende le contraire. "Vrai. Entre la petite voiture à paillettes et ces tagadas.. je suis comblée." et volontairement, elle passait sous silence ce baiser qui l'avait pourtant fait décoller du sol pour un passage dans les étoiles. Elle même avait encore du mal à mettre des mots sur ce qu'il venait de se passer, et pourtant, tandis qu'elle se laissait avoir (faiblesse) par une guimauve, Lonnie rompait le silence en abordant un sujet délicat. Du moins, plus vraiment. « Je t'ai jamais vraiment remercier de faire tout ce que tu fais pour elle … et pour moi aussi indirectement. » Romy s'était arrêtée en plein milieu de son geste, reposant sur le comptoir sa friandise alors que son regard s'attardait sur la silhouette du flic qui s'approchait de la sienne. Il glissait ses bras contre sa taille tandis que les siens se nouaient autour de sa nuque dans un naturel qui l'étonnait encore. « Même si je sais que ça n'est que ton travail... » Elle secouait la tête, approchant doucement son visage du sien pour frôler son nez. « Merci. » lui avait il finalement répondu, dans une simplicité qu'elle appréciait bien qu'à ses yeux elle ne faisait effectivement que son job ... ou presque. "J'aime beaucoup ta mère. Et j'aime à penser que j'arrive à séparer l'affectif du professionnel. Mais elle est devenue une ... amie ? Je ne sais pas trop si on peut dire ça comme ça, mais toujours est il que mon seul but c'est qu'elle aille bien. Professionnellement, et personnellement." Romy jouait la carte de la transparence, bien que cette discussion rompait un peu le côté idyllique de cette étreinte. Elle semblait pourtant nécessaire, comme pour démarrer sur de bonnes bases, car une chose était sure : elle ne laisserait pas le flic filer. "J'ai l'impression de te connaître depuis un moment, Lonnie Hartwell. Et du moment même où je me suis retrouvée à griffonner mon numéro sur ton paquet de cigarettes j'ai eu envie de te revoir." C'était stupide dit ainsi, et le rire nerveux qui lui échappait en témoignait, pourtant, la petite blonde était sincère. "Et je sais pas trop où ça nous mènera, mais j'ai envie d'essayer." Elle en avait vraiment envie, et alors que ses lèvres venaient à nouveau frôler les siennes, Romy se détachait doucement, glissant sa main dans la sienne pour entremêler leurs doigts à nouveau. Elle n'interrogeait pas vraiment Lonnie du regard pour savoir si la réciproque était vraie, puisqu'il lui semblait évident qu'ils ne se retrouvaient pas blottis l'un contre l'autre dans des circonstances comme étaient les leurs sans avoir envie de se laisser aller dans une autre étape si les choses se déroulaient bien ; et pour le moment c'était le cas. "Si ça te dit ... maintenant qu'on a foiré en beauté tous les clichés du premier rendez vous et que j'avoue avoir encore du mal à tenir sur mes deux jambes ... est ce que ça te dit un verre ? Chez moi. J'ai peur que le bar que tu me proposes ne soit fermé et j'en suis à un stade où j'assume mes chaussons en pilou." Et c'était aussi qu'elle n'avait pas envie de le voir repartir. Pas de si tôt du moins.
You're a mystery. I have travelled the world, there's no other girl like you, No one, what's your history? Do you have a tendency to lead some people on? 'Cause I heard you do. I could fall, or I could fly here in your aeroplane, And I could live, I could die, Hanging on the words you say
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Arpentant les rues pareilles à des souvenirs d’un autre temps où la seule préoccupation du petit Lonnie était de ne pas pleurer chez le dentiste, la paire avait fini par se trouver devant ce lieu abritant le meilleur moment de sa vie d’enfant, et alors qu’il expliquait à Romy que le docteur Peters n’avait que très peu de chance d’être encore envie celle-ci haussa les épaules doucement. « Si tu veux on peut toujours essayer de se faire une séance de spiritisme un jour pour en être surs. Il est peut-être en paix avec les caries maintenant. » Elle avait pressé ses doigts contre ceux du flic qui, le cœur tambourinant dans la poitrine, lui avait rendu son geste en dessinant des formes aléatoires contre le dos de sa main dans une spontanéité qui ne l’étonnait plus. « La liste de nos rendez-vous s’allonge un peu plus, j’espère que tu es prête à passer du temps avec moi, même si c’est pour retrouver l’esprit de ce vieux dentiste. » C’était si simple d’être naturel avec elle, de faire ce qu’il avait envie de faire, de ne plus cacher les sentiments naissants dans le creux de son estomac. Et le sourire ne l’avait pas quitté depuis qu’elle l’avait salué devant ce restaurant fermé. Ça pouvait donner quelque chose de bien, de fort, une sensation de bien-être et d’épanouissement qu’il n’avait plus connu depuis un certain temps déjà, et le flic savait très bien qu’il n’aurait pas montrer cet endroit à la première venue simplement pour s’attirer de la sympathie. Le bleu avait tourné la clé dans la serrure avant de refermer la porte derrière eux pour ne pas être dérangés dans ce moment qui avait une importance capitale pour le Hartwell. La photo n’avait pas bougé, prenant la même place sur le mur depuis des années et complétant ce paysage parfait de visages inconnus qui n’avait de sens pour personne sauf pour les principaux concernés. Gail avait sa place sur ce mur, à l’abri des regards insistants et des remarques, un lieu où personne ne pouvait la juger autrement que sur sa coupe de cheveux approximative, souvenir des folles années. La conseillère semblait particulièrement touchée par ce souvenir, par ce cliché qui lui avait donné le sourire alors que Lonnie avait laissé tomber l’idée de combattre la petite voix dans sa tête en se penchant vers la blonde pour déposer ses lèvres sur les siennes. Il était maintenant inutile de croire qu’il avait ça sous le coup d’une impulsion passagère et que ce geste n’avait pas été pensé et repensé des dizaines de fois au court de la soirée, et quand Romy avait passé ses bras autours de sa nuque pour prolonger le moment il était alors sûr et certain que leur relation avait passé un cap important. Ce détachant doucement sans pour autant s’arrêter de sourire le flic avait apprécié le contact de la peau de la conseillère contre la sienne alors qu’elle formulait un souhait silencieux de ne pas le voir dans d’autres bras que les siens, surtout pas dans ceux du vieux Denis qui n’avait pas caché sa joie d’être l’heureux gagnant de deux semaines de café tous frais payés. « Hmouuais, non. » Haussant un sourire sur les lèvres en accueillant un deuxième baiser orchestré par la jeune femme Lonnie avait simplement hoché la tête, formulant le même vœu muet de ne pas la trouver un jour dans d’autres bras que les siens. « Il va être déçu. » Que le flic avait répondu en observant Romy se détacher de lui pour quérir quelques bonbons du petit kiosque à confiseries alors qu’il en faisait le tour pour punaiser la photo à sa juste place, marquant d’un mot la fausse attaque de la conseillère sur le fait qu’il était adorable plus jeune. « Pas mal à l’époque et vraiment sympa maintenant ? » Elle se rattrapait malicieusement, rassurant Lonnie sur le fait qu’elle le trouvait – tout de même – son goût maintenant malgré les quelques rides sur son visage. « C’est bon je te l’accorde », qu’il avait répondu sur le même ton de plaisanterie alors qu’il plongeait à son tour sa main dans un bocal pour en sortir une poignée de crocodiles multicolores, soulignant le fait que les sucreries avaient toujours fait partie de son plan pour la séduire. « Vrai. Entre la petite voiture à paillettes et ces tagadas … je suis comblée. » Au moins il réussirait toujours à lui faire plaisir en lui ramenant un happy meal et des bonbons, et ça tiendrait toujours plus de temps que des fleurs bien qu’il ne soit pas réfractaire à l’idée de lui en offrir de temps à autre. « Que veux-tu, c’est mon côté romantique. » Appuyé contre le comptoir le bleu ne pouvait s’empêcher de sourire face à cette situation qui le comblait d’un bonheur certain, impatient de découvrir toutes les autres facettes de la personnalité dynamique et enfantine de Romy, se promettant de ne jamais arrêter d’essayer de la combler, simplement parce qu’il adorait le sourire mutin qui se promenait sur les lèvres de la blonde. Sans trop savoir comment s’y prendre pour remercier la conseillère de tout le travail qu’elle avait abattu et abattait encore pour essayer de sortir Gail de prison, Lonnie avait simplement déposé ses mains sur la taille de la blonde pour lui murmurer un remerciement alors qu’elle s’approchait de lui pour le frôler à nouveau, redistribuant l’électricité dans son corps par la même occasion. « J’aime beaucoup ta mère. Et j’aime à penser que j’arrive à séparer l’affectif du professionnel. Mais elle est devenue … une amie ? Je ne sais pas trop si on peut dire ça comme ça, mais toujours est-il que mon seul but c’est qu’elle aille bien. Professionnellement, et personnellement. » Gail avait donc réussi à percer entre les barrières que devait s’infliger Romy pour ne pas devenir une véritable éponge, et autant cette situation faisait fondre le cœur du flic, autant elle imposait à Lonnie de ne pas laisser ses problèmes personnels devenir ceux de la blonde sous peine de la voir craquer. « Tu sais, je pense qu’elle a conscience du lien qu’il y a entre vous. Ma mère s’attache rapidement aux gens, et si ça lui a fait défaut dans son mariage je suis persuadé qu’elle te considère comme une amie elle aussi. » Sans se délaisser de cette étreinte devenue nécessaire le flic avait déposé ses lèvres contre le front de la blonde alors qu’elle poursuivait sur sa lancée, bien décidé à jouer la carte de la transparence. « J’ai l’impression de te connaître depuis un moment Lonnie Hartwell. Et du moment même où je me suis retrouvée à griffonner mon numéro sur ton paquet de cigarette j’ai eu envie de te revoir. » Et il ne pouvait pas s’empêcher de sourire à l’entente de cette phrase, bien heureux de ne pas avoir été le seul à avoir eu cette impression même lors de leur première rencontre. « Je dois avouer que j’ai gardé ce paquet de cigarettes… » Totem de la première fois où ses yeux s’étaient posés sur la silhouette énergique de Romy Ashby, et qu’il gardait précieusement dans un coin caché de sa table basse, à l’abri des regards indiscrets. « Et je sais pas trop où ça nous mènera, mais j’ai envie d’essayer. » Et Dieu qui lui aussi avait envie de continuer sur ce chemin un bout de temps avec lequel, simplement parce qu’il n’envisageait pas de la laisser partir maintenant qu’elle remplissait son esprit. « Ça tombe bien j’ai du temps libre et une folle envie de le passer avec toi. » Pour seule réponse alors que les lèvres de Romy s’accrochait de nouveau à celles du flic avant qu’elle ne se détache de leur étreinte sans pour autant quitter sa main. « Si ça te dit … maintenant qu’on a foiré tous les clichés du premier rendez-vous et que j’avoue avoir encore du mal à tenir sur mes deux jambes… est-ce que ça te dit un verre ? Chez moi. J’ai peur que le bar que tu me proposes soit fermé et j’en suis à un stade où j’assume mes chaussons en pilou. » Amusé, le flic avait hoché la tête à l’affirmative avant de prendre une poignée de bonbons pour la route, entraînant Romy à sa suite alors qu’ils descendaient l’allée du parc pour retrouver la grille et les rues maintenant obscures de la ville. « Mon invitation pour te porter tiens toujours hein. » Refermant derrière lui la porte en métal d’un double tour de clé Lonnie avait repris la direction du premier restaurant où devaient encore ce tenir leur voitures respectives, le sourire aux lèvres à l’idée de passer le reste de sa soirée en compagnie de celle qu’il ne pourrait maintenant plus sortir de sa tête.
L’idée de se retrouver avec Lonnie pour une séance de spiritisme était tentante, et peut être un jour devrait elle lui dire qu’elle adorait ces histoires d’esprits qui se refusaient à passer dans l’autre monde pour rester auprès des personnes comme eux. Une prochaine fois. « La liste de nos rendez-vous s’allonge un peu plus, j’espère que tu es prête à passer du temps avec moi, même si c’est pour retrouver l’esprit de ce vieux dentiste. » Elle hochait la tête dans un demi sourire, ravie de la tournure que prenait cette soirée. A ce rythme il y avait fort à parier qu’ils auraient trouvé de quoi s’occuper ensemble pour les six prochains mois, et l’idée ne lui déplaisait pas tant que ça. Pas du tout même. « Je devrais pouvoir y arriver. » avait-elle répondu, n’ayant même pas pris la peine de faire mine de réfléchir. Ils se reverraient à n’en pas douter, et bien que la petite blonde ne sache pas encore comment se muerait ce possible début d’histoire alors même qu’elle s’occupait de la libération conditionnelle de Gail, elle se disait aussi qu’ils finiraient bien par ne plus voir leur lien au travers de la mère de famille un jour. Si lien il venait à avoir. Pour le moment tout se passait pour le mieux, et Romy se sentait fondre à chaque pas, à chaque passage de ses doigts sur la paume de sa main. Rendus jusqu’à ce kiosque à bonbons, alors que Lonnie lui présentait cette photo comme étant l’un de ses souvenirs les plus heureux, ils s’étaient rapprochés un peu plus. Beaucoup plus. L’un contre l’autre, bien à l’abri dans une bulle, le monde extérieur avait cessé d’exister pendant quelques secondes, le temps d’un baiser. Empli de douceur, et plus attendu que surprenant, Romy avait fait taire la petite voix qui lui intimait de se raccrocher à une barrière professionnelle pour éviter de s’emmêler les pinceaux. La petite blonde avait préféré se laisser avoir par sa peau rendue électrique, par le sentiment de légèreté qui grandissait dans sa poitrine, et par son centre de gravité qui déviait dangereusement vers le cadet Hartwell. Elle flottait littéralement sur un nuage, et consciente que dans sa tête ne gambergeaient que des pensées guimauves et niaises à souhait elle la bouclait. Lonnie lançait de toute façon ce trait d’humour (elle l’espérait profondément du moins) concernant cette récompense qu’il filerait au type lui ayant laissé la clé du parc, et bien que Romy se gardait bien de lui confier le pire de ses défauts d’entrée de jeu, elle affirmait toutefois être réfractaire à l’idée de partager. Parce que non. Frémissement d’histoire ou pas, la confiance mutuelle serait une base seine alors que tout autour d’eux était déjà bien trop instable. « Il va être déçu. » Elle esquissait un sourire voulant tacitement dire : « tant pis pour lui » avant de se rapprocher du kiosque à bonbons pour en picorer quelques-uns. Au passage, son regard s’était de nouveau attardé sur la photo, et face au visage d’enfant de Lonnie elle n’avait pu s’empêcher de lui faire remarquer qu’il était adorable à l’époque ; ce qui était toujours le cas aujourd’hui, le côté bambin et coupe de cheveux approximative en moins. « C’est bon je te l’accorde » elle hochait la tête d’un air entendu, l’observant prendre des bonbons à son tour en expliquant qu’il avait élaboré un plan des plus calculés pour la faire tomber sous son charme ; des bonbons et des nuggets, de quoi rendre heureuse n’importe quelle femme ou presque. Romy en plaisantait volontiers, mais très honnêtement tant que Lonnie respectait ses envies d’enfant de six ans et la considérerait comme une adulte elle le suivrait au bout du monde. « Que veux-tu, c’est mon côté romantique. » Arquant le sourcil, la blondinette n’avait pas grand-chose à répondre si ce n’est se rapprocher d’un pas pour déposer un baiser sur les lèvres du brun. L’un de ceux qui voulaient aussi bien dire « j’approuve tout à fait » que « ben voyons » car dans les faits elle aimait déjà beaucoup le taquiner. La discussion prit ensuite une tournure un brin plus sérieuse alors que Lonnie se rapprochait, la remerciant de tout le travail qu’elle abattait pour Gail. S’il ne s’agissait effectivement que de son job, Romy mentirait en avançant qu’elle n’était qu’une détenue parmi tant d’autres, alors jouant la carte de la transparence, elle s’était confiée sans filtres. « Tu sais, je pense qu’elle a conscience du lien qu’il y a entre vous. Ma mère s’attache rapidement aux gens, et si ça lui a fait défaut dans son mariage je suis persuadé qu’elle te considère comme une amie elle aussi. » Elle hochait doucement la tête, reconnaissante de ne pas être jugée. La jeune femme n’en parlait pas, ou alors peu, mais personne dans son service n’était dupe et tout le monde savait qu’il y avait plus ou moins un lien particulier entre Gail et elle, et si pour le moment son père était relativement resté à l’écart, viendrait un moment où de la voir trop s’obstiner à vouloir faire sortir une femme qui ne le désirait pas l’interpellerait, et si Romy se taisait à ce sujet elle espérait toutefois que de voir Lonnie se ranger de son côté ferait vraiment entendre raison à sa mère. Faisant taire ses doutes elle recentrait toutefois le dialogue sur leur début d’histoire, et bien que ce soit niais au possible, elle avouait ne pas avoir réussi à se sortir le flic du crâne du moment même où elle s’était glissée par sa fenêtre pour lui donner son numéro de téléphone. « Je dois avouer que j’ai gardé ce paquet de cigarettes… » Elle esquissait un demi sourire, amusée et touchée de savoir qu’elle n’était pas seule. « J’espère quand même que depuis, tu m’as enregistrée dans ton répertoire. » et qu’il changerait son nom de « Ashby casse pieds » à « Romy début d’histoire fantastique » ; oui peut être que la seconde partie de la phrase était en trop. La blonde avait toutefois envie d’essayer, de faire en sorte que ça marche, car sans qu’elle ne sache encore trop l’expliquer (et Dieu sait qu’elle n’en parlerait pas sous peine de virer niaise) elle sentait que son lien avec le Hartwell était particulier. « Ça tombe bien j’ai du temps libre et une folle envie de le passer avec toi. » Le cœur battant (et un sourire immense) au coin des lèvres, Romy avait glissé sa main dans la sienne pour toute réponse, confiant au passage qu’elle avait tout de même envie (et besoin) de rentrer, jouant de la malchance du flic pour fonder ses paroles. « Mon invitation pour te porter tiens toujours hein. » Une poignée de bonbons embarquée au passage, Lonnie proposait de lui épargner ce dernier trajet, mais puisqu’il n’était pas question de passer de l’image de jolie fille qu’elle voulait se donner à celle d’un sac à patates Romy refusait. « Non. Par contre je veux bien que tu conduises. » qu’elle avait répondu en se laissant entraîner vers le premier restaurant, laissant derrière elle le parc et le souvenir encore brûlant de ce premier baiser.