Est-ce que je suis ce genre de fille possessive en amitié ? Heureusement, non, mais je n’ai pas tant d’amis que ça, en revanche, et ceux qui comptent réellement pour moi ont la malchance de m’avoir souvent sur le dos parce que j’aime prendre de leurs nouvelles et savoir comment se passe leur vie. Je veux être là pour ceux qui ont une place dans mon cœur et ça me parait tout à fait normal. Je n’ai pas besoin de lui poser la question pour savoir que Caleb est dans le même état d’esprit. On a toujours un peu pensé pareil tous les deux et je trouve agréable de partager ma vision de la vie avec quelqu’un, ça me donne un peu moins l’impression d’être une extra-terrestre par moment. « Tu serais trop malheureux sans moi et tu finirais par revenir en me suppliant de te pardonner. » Je plaisante en le taquinant gentiment. La vérité c’est que je serais très malheureuse s’il venait à disparaitre parce qu’il est vraiment devenu un ami précieux ces dernières années et que je me confie beaucoup à lui. Bien sûr, il vit sa vie et si son voyage doit le mener en-dehors de Brisbane pour qu’il trouve le bonheur, je l’accepterais, mais égoïstement, j’aimerais le garder à mes côtés. Pour le moment, ça semble bien parti, il a son restaurant ici et il a même retrouvé l’amour même s’il semble avoir un peu de mal à l’admettre. Je me rends bien compte que tout cela lui fait peur et je le comprends, au fond, ce n’est pas facile d’ouvrir son cœur après un deuil douloureux et encore moins lorsque la personne en question est quelqu’un qui a été blessant par le passé. Toutefois, je vois bien son regard qui change lorsqu’il parle d’elle et c’est sûrement la première fois que je le vois sourire comme ça depuis que je le connais. « Je n’en doute pas. » J’acquiesce, alors qu’il me dit qu’elle est vraiment géniale. En tout cas, je l’espère pour lui et j’espère surtout pour elle qu’elle sera à la hauteur de l’affection et de l’estime qu’il lui porte. Caleb est quelqu’un de bien qu’on a trop souvent fait souffrir et je n’hésiterais pas à lui dire ma façon de penser si jamais elle fait un pas de travers. C’est sans doute un peu extrême, mais j’aimerais qu’il soit vraiment heureux cette fois, il en a tellement besoin. « Je serais ravie de la rencontrer. » C’est sincère, je veux savoir à quoi ressemble la fille qui fait battre le cœur de mon ami, c’est important pour lui et ça l’est aussi pour moi, par conséquent. « Et je suis sûre que personne ne pense que tu as oublié Victoria, et ce n’est pas parce que quelqu’un d’autre entre dans ta vie que ça enlève tout l’amour que tu éprouves pour elle. Tu avances et c’est bien, ça fait plus de deux ans que tu t’interdis de vivre, tu as le droit au bonheur. » Victoria n’est plus là, mais si les choses avaient été inversées, je suis sûre qu’il aurait trouvé normal qu’elle ne passe pas son temps à se morfondre en attendant de pouvoir le rejoindre. « Et je ne pense pas que tu arrêteras un jour de penser à elle, Victoria fait partie de toi, elle a forgé celui que tu es aujourd’hui et personne n’a le droit de te demander de la ranger dans un coin de ta tête et de ne plus jamais penser à elle. » Bien sûr, il doit respecter sa relation avec Alex et ne pas donner à Victoria une trop grande place au sein de leur couple – même s’il n’en est pas encore un – mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’a plus droit d’exister. Il faut qu’il comprenne qu’il n’est pas en train de la remplacer, il s’autorise juste à vivre de nouveau et ça faisait longtemps que ses proches attendaient que ça arrive.
Cette conversation est beaucoup trop sérieuse à mon goût et les choses ne s’arrangent pas du tout lorsque nous abordons l’ambiance un peu étrange qui règne au sein de mon propre couple. J’essaie tant bien que mal d’expliquer les récents événements à Caleb qui a du mal à trouver les mots pour m’apaiser. Je le comprends, je n’ai pas réussi à trouver de solution à nos problèmes, ça veut probablement dire qu’il n’y en a pas, en tout cas pas pour le moment, mais j’espère que le temps fera des miracles et que nous réussirons à nous retrouver pour avancer de nouveau ensemble, comme avant. Pour le moment, j’ai plus l’impression que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur l’itinéraire à suivre et c’est assez compliqué à gérer. Je m’étonne de réussir à parler du choix que j’ai obligé Alfie à faire. C’est quelque chose que je n’aborde que très rarement, et si Caleb est au courant de cette histoire, je ne suis jamais entrée dans les détails ni n’ai abordé la culpabilité que je ressens lorsque j’y repense. Je soupire et vide mon verre avant de lui répondre. « Je ne sais pas. Je crois que j’imaginais que ça renforcerait notre couple, qu’on pourrait poursuivre notre belle histoire pour qu’elle devienne plus sérieuse et… Je crois que je rêvais encore et toujours de vivre ma vie amoureuse de manière classique, qu’on emménage ensemble, qu’on se marie, qu’on ait des enfants… Mais je ne me suis pas assez demandé si ce qui me rendait heureuse le rendrait heureux aussi, je me suis juste contentée de supposer que ce serait le cas parce que ça me paraissait évident. » Je croyais que c’était ce que tout le monde voulait, au fond, un métier sympa, une vie simple, des enfants et une jolie maison. C’était exactement comme ça que je rêvais ma vie mais ce n’est pas du tout de cette manière qu’Alfie envisage la sienne. Je me suis trompée, je l’ai entrainé avec moi et je l’ai rendu plus malheureux qu’heureux, j’en ai bien peur. Pourtant, il ne m’a jamais dit qu’il regrettait d’être à temps-plein à Brisbane, mais notre relation s’est tellement détériorée depuis son terrible accident que je commence à croire que ma décision n’est pas étrangère à tout ça. Si je l’avais laissé repartir, peut-être que nous n’en serions pas là. « Et c’est évident pour moi qu’il fera un père formidable, c’est pour ça que c’est dur de le lui prouver. Trouver des arguments pour justifier une évidence n’est pas simple. C’est comme si on me demandait de prouver que je suis brune alors que bah… Ça se voit. » Je souris, l’alcool me rendant sûrement un peu trop fière de mon exemple pourtant pas très recherché. « Tu comprends ? » Mon sourire ne tarde pas à s’effacer et ce sont mes yeux qui s’embuent alors que Caleb se montre, comme toujours, touchant et rassurant. J’aimerais croire que je suis cette personne qui mérite toutes ces belles choses et que Dieu finira par me les donner pour me prouver que j’ai mené ma vie de la meilleure des façons, mais je commence un peu à désespérer, à vrai dire. J’ai l’impression que c’est facile pour les autres mais que ça ne l’est jamais vraiment pour moi. Je retiens mes larmes, malgré tout, je ne tiens pas à m’écrouler, nous devions nous voir pour boire et oublier, c’était l’objectif mais ce n’est pas une grande réussite il faut croire. Pourtant, Caleb arrive presque de nouveau à me faire sourire en nous surnommant le duo de losers, c’est triste mais très vrai, finalement. « Je crois qu’on n’est pas très doué pour tomber amoureux des bonnes personnes. » Je rétorque. « J’aurais dû tomber amoureux d’un catho-coincé qui rêve d’avoir une dizaine gamins et de les élever en autosuffisance dans une yourte. » Je rigole, brièvement, essayant de ne pas être trop sérieuse. « J’aimerais bien qu’Alfie réfléchisse un peu plus comme toi, par moments. » Je balance, sans réfléchir, à celui que je considère comme mon meilleur ami, sans avoir jamais eu aucune arrière-pensée. « Ce serait tellement plus facile. » Mais au fond, je sais bien que si je l’aime autant, c’est parce qu’Alfie est Alfie et je ne voudrais être avec quelqu’un d’autre pour rien au monde, peu importe les difficultés que nous traversons.
“One, two, three, one, two, three, drink. Throw 'em back, till I lose count”
Quand j’y réfléchis je n’ai vraiment pas l’impression de connaître Jules depuis seulement deux ans et pourtant. On s’est rencontrés peu de temps après la mort de LV mais quand on est ensemble j’ai la sensation de mieux la connaître et la comprendre que certaines personnes que je connais depuis bien plus longtemps. C’est assez spécial cette connexion qu’il y a entre nous. On se comprend et on se connaît plutôt bien et je ne changerais ça pour rien au monde. « Tu serais trop malheureux sans moi et tu finirais par revenir en me suppliant de te pardonner. » Revenir vers elle en rampant pour la supplier de me pardonner ? L’image est assez drôle bien qu’assez improbable. Mais malheureux sans elle ? Peut-être un peu. Ou du moins rien ne serait pareil ça c’est sûr. Jules c’est certainement celle que je considère comme étant ma meilleure amie alors oui, une vie sans elle serait beaucoup moins amusante. « Oula. J’ai ma fierté quand même. » Je lui réponds d’un air amusé. Et le pire c’est que c’est vrai. J’ai ma fierté qui me pousse à avoir du mal à dire et assumer quand j’ai tort. Mais il est vrai qu’elle a maintenant une vraie place dans ma vie et dans mon cœur et je ne compte pas la lâcher non plus. Quand j’aime vraiment quelqu’un, que ce soit en amour ou en amitié je ne le fais pas qu’à moitié je fais les choses bien et j’essaie de tout mettre en œuvre pour être le meilleur ami possible. J’espère réussir en tout cas. Je lui parle d’Alex, parce que je ne sais plus tellement quoi faire et Jules est toujours de très bons conseils. Je suis conscient d’être définitivement retombé amoureux d’elle, même si j’ai essayé de lutter déjà parce qu’Alex m’avait déjà bien trop fait souffrir dans le passé mais aussi parce que j’ai eu beaucoup de mal avec le fait de laisser une nouvelle femme entrer dans ma vie. Mais je dis à Juliana qu’Alex est géniale – parce qu’elle l’est – et aussi que j’aimerais qu’elle accepte de la rencontrer. Je ne sais pas si elles pourraient bien s’entendre parce qu’en soit elles n’ont pas grand-chose en commun. Mais après tout, c’est pas si grave que ça. Alex ne me ressemble pas du tout mais pourtant, on est bien tous les deux et je trouve que nos différences c’est justement notre plus grande force. « Je serais ravie de la rencontrer. » Je souris – sûrement un peu bêtement à cause de l’alcool – à l’idée d’une rencontre entre les deux jeunes femmes. Et j’ai déjà hâte qu’elles puissent faire connaissance, espérant que le courant passe bien entre elles. « Et je suis sûre que personne ne pense que tu as oublié Victoria, et ce n’est pas parce que quelqu’un d’autre entre dans ta vie que ça enlève tout l’amour que tu éprouves pour elle. Tu avances et c’est bien, ça fait plus de deux ans que tu t’interdis de vivre, tu as le droit au bonheur. » En même temps, c’est avec elle que je devais me marier, avec elle que j’avais des projets d’enfant. Avec Victoria c’était facile, on savait ce qu’on voulait, on savait où on allait. C’était un peu comme une évidence. « Et je ne pense pas que tu arrêteras un jour de penser à elle, Victoria fait partie de toi, elle a forgé celui que tu es aujourd’hui et personne n’a le droit de te demander de la ranger dans un coin de ta tête et de ne plus jamais penser à elle. » Comme souvent je sais qu’elle a raison sur toute la ligne. Pas même Alex me demande de l’oublier et de ne plus penser à elle. Du moins je ne pense pas, parce qu’on a jamais abordé ce sujet. Peut-être qu’il serait temps que je le fasse pour que ça nous permette de nous laisser enfin s’accorder un caractère plus sérieux à notre relation ? « Je sais que t’as raison, mais ça m’empêche pas de me sentir un peu coupable d’avancer sans elle. » D’envisager d’avancer avec une autre, surtout. C’est ça. Mais il faut que je passe au-dessus de tout ça pour de bon. Même si ce n’est pas facile.
On se retrouve pour boire et se plaindre de notre vie, nos situations compliquées et de nos conjoints respectifs nous obligeant à aborder des sujets de conversation bien trop sérieux à mon goût mais je pense que nous en avons tous les deux cruellement besoin. « Je ne sais pas. Je crois que j’imaginais que ça renforcerait notre couple, qu’on pourrait poursuivre notre belle histoire pour qu’elle devienne plus sérieuse et… Je crois que je rêvais encore et toujours de vivre ma vie amoureuse de manière classique, qu’on emménage ensemble, qu’on se marie, qu’on ait des enfants… Mais je ne me suis pas assez demandé si ce qui me rendait heureuse le rendrait heureux aussi, je me suis juste contentée de supposer que ce serait le cas parce que ça me paraissait évident. » J’hoche la tête avant de terminer mon verre – je ne sais même pas combien de verres j’ai bu mais la seule chose que je peux affirmer avec certitude, c’est que ça commence à faire beaucoup. – « Mais en même temps tu penses pas qu’il aurait refusé s’il ne pensait pas que rester à Brisbane avec toi le rendrait heureux ? » J’ai moi-même du mal à imaginer ma vie sans tout ça. Le mariage, les enfants, le chien et la belle maison. Je sais que c’est tellement un cliché que ça pourrait en être ridicule mais c’est ce que j’ai toujours voulu, ce qui m’a toujours fait rêver alors c’est pour ça que je comprends tout à fait la frustration de Jules. « Et c’est évident pour moi qu’il fera un père formidable, c’est pour ça que c’est dur de le lui prouver. Trouver des arguments pour justifier une évidence n’est pas simple. C’est comme si on me demandait de prouver que je suis brune alors que bah… Ça se voit. » Je lâche un rire et sans trop que je sache pourquoi je me surprends à fixer ses cheveux pendant une poignée de secondes. L’alcool me monte à la tête et si j’en crois les arguments qu’elle commence à trouver je pense qu’elle commence à être dans le même état que moi. « Tu comprends ? » J’hoche la tête et ne tarde pas à lui répondre. « Oui oui, je comprends. » Je lui affirme. « Trouver des arguments pour prouver quelque chose qui nous semble logique c’est pas facile. » Pas facile du tout même. Tout comme avoir une conversation aussi sérieuse alors qu’on commence à être tous les deux bien trop bourrés, ça non plus c’est clairement pas facile. Et je commence d’ailleurs à désespérer, elle aussi je pense. On est fatigués, désespérés et sûrement un peu bourrés. « Je crois qu’on n’est pas très doué pour tomber amoureux des bonnes personnes. J’aurais dû tomber amoureux d’un catho-coincé qui rêve d’avoir une dizaine gamins et de les élever en autosuffisance dans une yourte. » Je ris en l’écoutant parler, parce que de toute façon au point où on en est, mieux vaut en rire qu’en pleurer non ? « Tu te serais fait chier toute ta vie avec un catho-coincé. » Je sais qu’elle est très croyante, ce que je respecte totalement mais sûrement l’un des rares points sur lesquels on ne se ressemble pas. « J’aimerais bien qu’Alfie réfléchisse un peu plus comme toi, par moments. Ce serait tellement plus facile. » J’ai le regard perdu dans le vide et comme je la comprends c’est peut-être ça au fond le problème. « J’aurais bien aimé tomber amoureux d’une femme qui réfléchisse un peu plus comme toi moi aussi. » Et c’est sûrement parce qu’on a tous les deux bien trop bus qu’on ne se rend pas compte que la portée de nos paroles. Parce que Jules c’est une amie, ma meilleure amie mais ça s’arrête là. Je n’ai jamais eu aucune arrière-pensée envers elle. « Je ne comprends pas pourquoi il a fallu qu’on tombe tous les deux sur des personnes qui ne veulent pas les mêmes choses que nous. » Parce que je doute très fortement qu’Alex ait les mêmes projets de vie que les miens. « Qu’on soit tombé amoureux des deux personnes qui ne veulent pas avoir d’enfants avec nous. » Il suffit de voir ce qu’Alex a fait avec Nathan pour comprendre qu’elle ne voulait pas de notre enfant. « On ne mérite pas ça. Tu sais que moi, je pourrais te faire des bébés maintenant si tu veux. » Quoi ? Je viens vraiment de lui dire ça ? Mon Dieu. Je n’ose même pas la regarder pour voir sa réaction. Je viens très sérieusement de proposer à mon amie de faire des enfants avec elle ? Là, maintenant ? Je suis con. Et bourré. Parce que sobre, je n’aurais jamais dit une chose pareille.
Les hommes et leur fierté, c’est vraiment quelque chose d’affreusement stupide. Je lève les yeux au ciel devant la remarque de Caleb, mais je sais qu’il plaisante et heureusement. La fierté fait faire des choses stupides parfois, elle empêche de présenter des excuses qui seraient nécessaires ou de dévoiler ses sentiments par peur de voir son égo mis à mal par un rejet. Je suis la première à agir par fierté, parfois et non pas en écoutant ce que me dit mon cœur et je trouve ça dommage. Malheureusement, c’est quelque chose que fait tout être humain et il est difficile de faire en sorte que ça change. Caleb est un excellent ami, depuis un moment, maintenant, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’être confrontée à un conflit avec lui alors j’ignore comment il se comporte en cas de désaccord. Toutefois, je n’ai pas du tout envie de le vivre un jour, j’apprécie la simplicité de notre relation et les discussions honnêtes et franches que nous pouvons avoir l’un avec l’autre. Mon avis ne l’a jamais blessé ou éloigné de là, même s’il ne le partageait pas, par moments, et je crois être capable de me remettre en question s’il me met face à l’un de mes défauts parce que je sais qu’il est de bon conseil et que j’ai raison de l’écouter. C’est sûrement pour ça que je suis allée naturellement le retrouver ce soir, parce que nous avions tous les deux besoin de nous confier et que nous savions que nous allions trouver l’un avec l’autre une oreille attentive en plus d’une épaule sur laquelle se reposer. Caleb n’est pas mon meilleur ami pour rien, j’ai énormément de chance de l’avoir dans ma vie pour pouvoir évoquer les mauvais moments mais aussi les mauvais et le voir se réjouir pour moi ou compatir lorsqu’un événement me fait souffrir. Lorsque je l’ai rencontré, la mort de Victoria venait tout juste de se produire et il était au trente-sixième dessous. Pourtant, il a toujours été là pour prendre des nouvelles de mon couple, s’assurer que tout se passait bien pour moi et que j’étais heureuse alors qu’il devait être tellement difficile pour lui de faire face à un bonheur conjugal maintenant que le sien était brisé. Je reconnais la chance que j’ai d’avoir un tel ami à mes côtés et je suis heureuse de pouvoir lui apporter mon soutien, à mon tour.
Savoir qu’Alex fait désormais partie de sa vie et que les sentiments se ravivent facilement après toutes ces années d’éloignement me réjouit pour lui, même si je crains qu’il ne se fasse du mal encore une fois en accordant une nouvelle fois sa confiance à une personne qui lui a autrefois fait défaut. Toutefois, Caleb est un grand garçon, il sait ce qu’il fait en accordant une deuxième chance à la jeune femme et je me doute qu’ils ont dû discuter de cette séparation un peu particulière avant de décider de se remettre ensemble – même s’ils ne le sont pas encore totalement à l’heure actuelle – et d’avancer à deux. Je serais ravie de rencontrer cette jeune femme, si elle rend heureux mon ami, c’est qu’elle doit forcément être géniale. « Je comprends, tu n’as pas vécu de nouvelle relation depuis Victoria, alors c’est forcément un peu bizarre parce que tu as l’impression de la remplacer, même si ce n’est pas du tout le cas. » Je prétends comprendre mais la vérité, c’est que c’est impossible. Je n’ai jamais perdu de cette manière tragique une personne que j’aimais et je ne sais pas ce que ça fait de devoir se reconstruire sans elle alors qu’on avait imaginé tout son avenir à ses côtés. Pourtant, j’essaie vraiment de me mettre à la place de Caleb pour pouvoir le conseiller au mieux et je ne peux qu’espérer ne pas être trop à côté de la plaque. « Tu vas avoir besoin de temps avant de trouver le bon équilibre pour ne plus ressentir cette culpabilité, mais tu y arriveras, ça demande juste un peu de patience. » Un deuil n’est pas quelque chose de facile, pas du tout et il en sait quelque chose. Je ne veux pas qu’il ait l’impression d’être une mauvaise personne parce qu’il est de nouveau heureux. Il est tellement triste depuis le décès de Victoria, je suis sûre qu’elle aurait détesté le voir comme ça. « Tu as le droit au bonheur. » Il le sait déjà, j’en suis sûre, mais le répéter n’est pas un mal.
Nous avons trop bu, beaucoup trop bu, mais je parviens à rassembler mes esprits pour lui expliquer mon point de vue sur ma relation qui ne va pas aussi bien que je voudrais le croire. A dire vrai, j’ignore quels sont réellement les problèmes qu’il y a entre nous ou s’il y a vraiment des problèmes, mais je vois bien que nous ne sommes plus aussi solides qu’auparavant et que le dialogue est rompu. J’aimerais arranger les choses mais comment trouver une solution quand on ignore le problème ? Je me heurte à un obstacle qui me parait insurmontable et en essayant d’aller de l’avant, je n’ai fait qu’empirer les choses et pointer du doigt nos divergences d’opinion quant à nos projets d’avenir. « Je croyais qu’il se sentirait libre de refuser oui, mais je lui ai mis la pression, alors il s’est peut-être senti piégé. » Et je pensais aussi qu’on se disait tout avant que j’apprenne que, contrairement à ce que je croyais, il avait des secrets pour moi. Je déteste l’idée que nous n’arrivions pas vraiment à communiquer, mais je dois bien me rendre à l’évidence, nous avons des ennuis à ce niveau-là et on ne peut pas vraiment dire que ça s’arrange avec le temps même si je reconnais les efforts qu’Alfie a pu fournir. J’avale un autre verre avant de me plaindre sur mon incapacité à rencontrer la bonne personne. L’alcool obscurcit mon jugement et me fait voir les choses bien plus noires qu’elles le sont en réalité. Je sais que j’aime Alfie, c’est une évidence, mais ce soir, cet amour me parait soudainement insuffisant. « Sûrement. » J’approuve, alors que Caleb me fait remarquer que je me serais sûrement fait chier en rencontrant un type coincé un peu trop croyant dans l’église familiale. Si je suis aussi bien avec Alfie, c’est parce qu’il ne me ressemble pas du tout, mais ces divergences qui faisaient notre force sont en train de nous diviser sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. « Tu sais ce qu’elle veut, Alex ? » Je demande, sans réaliser la portée des paroles de Caleb, et encore moins la portée de celles que je prononce. Caleb est mon meilleur ami et il ne sera jamais rien de plus, mais avec lui, tout est toujours plus facile et j’aimerais que ce le soit aussi dans ma vie amoureuse. Pourquoi faut-il toujours que ce soit tellement plus compliqué en amour qu’en amitié ? Ça ne devrait pas être le cas. « Alfie craint. » J’acquiesce. « Et Alex craint aussi. » J’ajoute, pour compléter ses remarques avec des arguments hautement constructive. J’approuve toutes ses paroles jusqu’à ce qu’il mentionne la possibilité de faire un bébé avec moi, là, tout de suite, maintenant. Mes hochements de tête s’interrompent et je le dévisage avec surprise. « Je crois qu’on en aurait des problèmes avec Alfie et Alex, si on faisait ça. » Je lui fais remarquer, comme s’il s’agissait du seul argument valable pour nous empêcher de faire une telle connerie. La vérité, c’est qu’il y en a une bonne centaine mais pour le moment, il n’y a que celui-ci qui me vient à l’esprit et je me surprends à imaginer ce que ça ferait d’avoir vraiment un bébé avec Caleb. J’ai toujours été sûre d’une chose, malgré notre amitié très forte, nous n’avons absolument jamais eu l’intention d’être ensemble et nous ne le serons jamais. Pourtant, alors que nous nous débattons dans la complexité de nos relations respectives, cette idée apparait presque comme une solution. Je repose mon verre et chasse cette idée de ma tête. « Je crois qu’on devrait arrêter de boire. » Lui comme moi, avant de dire des choses encore plus stupides. Nous savons tous les deux à qui notre cœur appartient, et ce n’est pas quelques verres de trop qui y changeront quoi que ce soit.
“One, two, three, one, two, three, drink. Throw 'em back, till I lose count”
Me confier à Jules fait certainement partie des choses les plus simples et des moins pénibles à faire. Parce qu’elle sait m’écouter et me conseiller et surtout je sais que jamais elle ne me jugera. J’ai l’impression que tous mes problèmes ou tous mes blocages tournent autour de la même chose : Victoria, sa mort, ma culpabilité, à quel point sa disparition m’a complètement anéantie. Je n’étais pas sûr qu’un jour je serai de nouveau capable d’aimer et de toute façon je n’en avais pas envie. Je ne voulais pas envisager la possibilité de laisser LV derrière moi et de m’autoriser à laisser une nouvelle femme entrer dans ma vie. Tout ça c’était encore inenvisageable il y a quelques mois mais entre-temps, Alex est revenue dans ma vie et mes sentiments pour elle sont très vite remontés à la surface sans que je ne puisse faire quoique ce soit pour stopper ça. « Je comprends, tu n’as pas vécu de nouvelle relation depuis Victoria, alors c’est forcément un peu bizarre parce que tu as l’impression de la remplacer, même si ce n’est pas du tout le cas. » Exactement. Ça fait bizarre, je culpabilise un peu parce que Victoria et moi on était prêt à se marier et donc à se promettre de passer le reste de nos jours ensemble jusqu’à ce que la mort nous sépare. Et en soit c’est ce qu’on a fait. La mort nous a séparée beaucoup plus tôt que prévu, et on est resté ensemble jusqu’au bout. Est-ce que je passe pour un connard auprès d’Alex si j’ose me laisser penser que Victoria me manque ? Encore maintenant, encore plus de deux ans après sa mort elle me manque et je meurs d’envie de pouvoir la revoir une dernière fois. Mais même si j’ai essayé de lutter contre mes sentiments, Alex je l’aime et j’ai vraiment envie de lui laisser une dernière chance. Parce qu’elle est mon espoir d’être à nouveau heureux. « Tu vas avoir besoin de temps avant de trouver le bon équilibre pour ne plus ressentir cette culpabilité, mais tu y arriveras, ça demande juste un peu de patience. » De la patience oui, encore de la patience et du temps. J’ai l’impression que ma vie se résume à ça depuis sa mort. Il m’a fallu du temps pour accepter l’aide qui m’a été proposée, il m’a fallu du temps pour que je n’arrive à réellement sourire ou rire de nouveau, il m’a fallu du temps pour que j’accepte le fait qu’une autre femme puisse me faire sourire ou rire comme le faisait Victoria. J’hoche doucement la tête tout en buvant quelques gorgées de mon verre. « T’as raison, je devrais peut-être réessayer avec Alex… » Même s’il va falloir que je trouve quelle place je peux laisser à Victoria dans ma vie à présent. « Tu as le droit au bonheur. » Et pour accepter ça aussi il m’en a fallu du temps. Mais l’entendre venant de Juliana me touche particulièrement.
Au moins où on en est de toute façon, on continue à boire parce qu’il n’y a que ça à faire. La solution à mon problème est simple bien que très compliquée psychologiquement pour moi et la solution à son problème à elle ? C’est bien plus compliqué parce qu’il n’y en a pas vraiment. Soit elle reste avec lui, elle patiente en espérant qu’il finisse par se sentir prêt, soit elle le quitte. Sauf que la deuxième option est n’est pas envisageable et que la première semble pénible. Et je la comprends. Je la comprends tellement. « Je croyais qu’il se sentirait libre de refuser oui, mais je lui ai mis la pression, alors il s’est peut-être senti piégé. » J’aimerais pouvoir l’aider mais je ne vois pas comment. Je ne sais plus quoi lui dire tant sa situation semble sans issue ou du moins, pas d’issue qui est satisfaisante pour elle. « Je suis désolé. » Pourquoi ? Je ne sais pas. Parce qu’elle mérite cette vie dont elle rêve tant mais elle semble pourtant si difficile à atteindre. On ne demande pourtant pas grand-chose. On veut juste des enfants c’est pourtant pas compliqué, non ? Enfin moi j’en ai déjà un apparemment. Un fils que je ne pourrais certainement jamais voir, je ne ferais sûrement jamais sa connaissance et me dire ça, ça me fait tellement mal vous ne pouvez même pas imaginer. Je ne saurais jamais s’il me ressemble, s’il a le caractère de merde d’Alex, s’il aime cuisiner. Je ne sais rien de lui. Tout ce que je sais c’est qu’il s’appelle Nathan et qu’il a eu huit ans le cinq Novembre. Je pense que Jules et moi devrions nous faire surnommer par tout le monde le duo des losers. On est tous les deux tombés amoureux de deux personnes qui ne recherchent pas les mêmes choses de nous ou du moins, qui ne veulent pas les mêmes choses dans l’immédiat. Je suis peut-être un peu – beaucoup – bourré mais je le pense. J’aurais préféré tombé amoureux d’une femme qui pense et réfléchisse comme Juliana. Je dis ça sans arrière-pensée parce qu’elle n’est que ma meilleure amie et que je n’éprouve aucun sentiment ambigu à son égard. Mais ça aurait été tellement plus simple. « Tu sais ce qu’elle veut, Alex ? » Un soupir se fait entendre alors que je hausse les épaules. Si seulement je le savais avec certitude ça serait trop simple. « Pas vraiment, mais certainement pas les mêmes choses que moi. Je ne suis pas sûr qu’elle veuille réellement se marier un jour et vu ce qu’elle a fait avec Nathan je doute qu’elle veuille des enfants. » De toute façon pour le mariage je ne me sens plus prêt du tout moi non plus. La dernière fois que j’ai demandé à une femme de m’épouser elle est morte deux mois avant le mariage et je ne suis pas sûr de vouloir revivre ça un jour. Peut-être qu’il y a une malédiction chez moi qui fait que, je ne pourrais jamais me marier. Et en ce qui concerne les enfants je suis quasiment persuadé d’avoir raison. Alex ne veut pas d’enfant et elle n’en voudra certainement jamais. Sauf que moi je veux tout ça. Mais j’ai vraiment besoin d’elle. « Alfie craint. Et Alex craint aussi. » J’acquiesce sans aucun mal cette prise de parole. Je suis d’accord avec elle. Alfie craint. Alex craint. Et nous on a la poisse. « Carrément. Ils ne nous méritent pas. » Là par contre, je ne suis pas forcément d’accord avec ça mais je suis un peu trop alcoolisé alors je dis n’importe quoi. « Enfin je veux dire, ils devraient se rendre compte que pour nous c’est important tout ça. » Parce que moi je sais que je ne pourrais pas vivre heureux sans avoir eu des enfants. Et c’est sans y réfléchir que je propose à Jules de lui faire un bébé, là, maintenant, tout de suite. Pourquoi je lui ai dit ça ? Je n’en sais rien. Parce que je suis bourré et qu’on est tous les deux désespérés ? « Je crois qu’on en aurait des problèmes avec Alfie et Alex, si on faisait ça. » À mon tour je me retourne vers elle pour la regarder de longues secondes sans rien dire. Oui on aurait des problèmes. Non ce n’est pas une bonne idée même si je vous assure que sur le coup cette solution semble réellement envisageable et pas forcément mauvaise. Je romps ce contact visuel tout en me raclant la gorge certainement un peu gêné en réalisant ce que je viens de lui proposer. « Oui, non t’as raison, on aurait des problèmes. » Déjà parce que pour faire un bébé, il faut coucher ensemble et rien que ça, ce serait beaucoup trop étrange. Malgré le fait que Jules soit une très belle femme, elle reste ma meilleure amie et je ne me vois pas entretenir une relation autre qu’amicale avec elle. « Je crois qu’on devrait arrêter de boire. » Oh mais quelle merveilleuse idée. Je l’imite en posant mon verre vide sur la table tout en hochant une nouvelle fois la tête, je fixe un point invisible dans le salon pour éviter tout contact visuel avec elle. « Ouais, désolé je crois que j’ai un peu trop bu. » Un peu ? Non, beaucoup. « Oublie ce que je t’ai dit. » S’il te plaît. Parce que maintenant que je réalise ce que je viens de lui proposer, je me sens terriblement gêné.
Si les relations humaines n’étaient pas aussi compliquées, le monde s’en porterait beaucoup mieux. Il faudrait inventer un concept où chacun aurait ses émotions et ses sentiments affichés au-dessus de la tête ce qui éviterait bien des questionnements inutiles. Bien sûr, ça signifierait aussi que certaines vérités seraient révélées alors qu’elles n’avaient pas du tout besoin de l’être, mais ce serait un moindre mal. Au moins, on n’aurait pas à se demander constamment ce que pensent les gens et si on fait bien de leur accorder notre confiance. Je comprends les craintes de Caleb, parce qu’en général, l’amour ça craint et que lorsqu’on finit par se laisser aller, on finit toujours par être déçu. Il est donc parfaitement normal qu’il n’ait pas envie de mettre un mot sur ce qu’il vit avec Alex, préférant certainement se protéger et ne pas se précipiter pour ne pas souffrir. Le problème c’est que, même si le mot couple n’est pas utilisé, il est déjà très amoureux de la jeune femme, alors attendre ne lui éviterait pas le danger qu’il semble craindre, j’en ai bien peur. Je suis donc ravie que notre conversation le fasse réfléchir et qu’il envisage un peu plus de se lancer. Je ne connais pas cette Alex et j’admets que j’ai un peu de mal à encaisser le coup qu’elle lui a fait lors de leur précédente relation. Toutefois, c’était il y a des années et si Caleb pense pouvoir lui pardonner, c’est qu’il a obtenu une explication suffisante et je dois la lui accorder moi aussi, même sans la connaitre. Je sais que mon ami a souvent tendance à se montrer trop gentil avec les gens et il pâtit bien souvent de cette trop grande gentillesse, mais ça lui permet aussi de prendre les risques pour les personnes qu’il aime et de leur donner envie de montrer le meilleur d’eux-mêmes. J’espère que ça marchera aussi dans ce cas-là. « Honnêtement, je pense que oui, tu devrais, tu en as envie alors lance-toi. » Peut-être, en effet, que ça ne marchera pas et qu’il devra surmonter une nouvelle tristesse, mais il est aussi possible qu’il soit face à l’amour de sa vie et qu’elle lui offre enfin tout ce dont il a besoin pour être un homme heureux et il ne peut pas passer à côté sous prétexte qu’il a peur.
Au moins, aujourd’hui on est deux à craindre l’avenir et je sens mon cœur se serrer alors que Caleb me présente ses excuses comme s’il était en partie responsable de ce qui est en train de m’arriver. Il n’en est rien, bien sûr, mais j’apprécie qu’il se sente concerné par ce que je vis et je me sens plus légère de m’être confiée à lui-même si ça n’a rien arrangé. Il faut se rendre à l’évidence, nos histoires d’amour sont souvent compliquées et si je suis persuadée d’avoir trouvé en Alfie l’homme dont j’ai besoin à mes côtés pour le restant de mes jours, la certitude qu’il fasse pour toujours partie de ma vie est désormais ébranlée par les difficultés que rencontre notre couple. J’ai encore l’espoir que tout aille mieux, qu’on parvienne à mettre le doigt sur ce qui ne va pas et qu’on arrange les choses, mais pour le mot, je sais qu’on est loin de ce bonheur idyllique que nous pouvions nous vanter de vivre il y a encore quelques mois. « Tu devrais peut-être lui poser la question. » C’est peut-être un peu tôt sachant qu’ils ne se sont pas remis officiellement en couple, encore, mais sachant qu’ils ont déjà eu un enfant ensemble, j’imagine qu’il y a prescription. Caleb a le droit de savoir si leurs projets de vie sont compatibles, ce serait dommage qu’il commette la même erreur que moi et que je le retrouve au même stade que celui où j’en suis maintenant, dans quelques années. L’alcool m’aide heureusement à ne pas me rendre compte de la tristesse de la situation et c’est sans trop réfléchir que je m’insurge contre ces deux personnes qui ne nous rendent pas aussi heureux qu’on aimerait l’être. « Ils ne comprennent rien. » J’approuve, sans trop y penser, avant que le discours de Caleb ne dérape. Je ne m’en serais peut-être pas rendu compte si mon cerveau ne m’avait pas forcé à réfléchir au sens de ses paroles et lorsque je comprends ce qu’il a dit, je réalise que nous allons un peu trop loin et que continuer dans cette voie est une très mauvaise idée. Je pense qu’il vaut mieux pour tous les deux que cette soirée s’interrompe maintenant avant que l’alcool nous fasse dire ou faire des choses regrettables. « C’est déjà oublié. » Je lui assure, pleinement conscience qu’il n’y a rien de plus entre nous, mais également que ces trop nombreux verres pourraient nous faire perdre pieds bêtement. « Je devrais y aller, je crois, je veux pas laisser Alfie tout seul pour la nuit avec tout ce qu’il a traversé. » La bonne excuse qui me permet de m’éclipser.
J’ai mon manteau sur le dos et le taxi attend en bas, dans la rue. Je serre brièvement Caleb dans mes bras avant de me tourner vers la porte. « Merci d’être toujours là pour moi. » Je me rends compte que je prends parfois pour acquis cette amitié qui m’est si précieuse et je veux qu’il sache à quel point j’apprécie sa présence à mes côtés, mais aussi et surtout que ce n’est pas cette soirée qui va changer quoi que ce soit entre nous. Caleb est mon meilleur ami, et probablement l’une des seules personnes en qui je peux avoir confiance à deux cent pour cent, alors ce ne sont pas des paroles irréfléchies qui changeront quoi que ce soit entre nous. Je me retrouve rapidement dans la fraicheur – même si on ne peut pas parler de froid polaire – de la nuit et le taxi m’emmène rapidement jusqu’à chez moi. Je vacille un peu en entamant ma montée des escaliers et me félicite de ne pas avoir été malade dans la voiture. Rejoindre mon appartement s’apparent à l’ascension du mont Everest, signe qu’il était grand temps de poser la bouteille et de stopper cette soirée qui menaçait de dégénérer. En essayant de faire le moins de bruit possible – exercice périlleux lorsque chaque mouvement est désordonné – je me glisse dans la chambre et entreprend de me débarrasser de mes vêtements, conservant uniquement mes sous-vêtements – c’est tout ce dont je suis capable – avant de me blottir sous la couette, contre le corps chaud d’Alfie qui s’agite, preuve que ma discrétion est loin d’être parfaite. « Pardon de t’avoir réveillé. » Je chuchote à un Alfie dont j’ai réussi à troubler le sommeil déjà très perturbé en temps normal. « C’était une chouette soirée, on a trop bu et Caleb m’a proposé de faire un bébé, alors j’ai préféré rentrer. » Je lui explique, la voix pâteuse, avec la vague impression de me trouver sur un bateau en pleine tempête à chaque fois que je ferme les yeux. « Il est gentil. » Je précise, ma voix n’étant plus qu’un murmure alors que je me laisse doucement emportée dans les bras de Morphée.
Code by Sleepy
Spoiler:
Fin de ce RP malaisant, donc. Je te laisse archiver si tu as rien à rajouter. Et je rajoute discrètement @Alfie Maslow au cas-où tu passerais pas dans le coin.