| Heaven or hell. Guilt or forgiveness. Left or right. ¤ Lizzie |
| | (#)Mar 22 Oct 2019 - 23:18 | |
| Main gauche ou main droite. Paradis ou enfer. Culpabilité ou pardon. Y avait-il une bonne décision à prendre? Avec Wren, il y avait de quoi en douter fortement. Sa vie n'avait été remplie que d'approximations et maintenant, il tentait par tous les moyens de la finir. Ses yeux verts se dirigèrent instinctivement vers sa main gauche et sa paume s'ouvrit, le métal chaud faisant vibrer son cerveau affaibli. L'appel était si fort, de plus en plus fort même et ce briquet ne faisait que lui rappeler à quel point il était tombé bien bas. Il avait brûlé tellement d'endroits ces dernières semaines, Doherty n'aurait même plus été capable de tous les citer parce que l'adrénaline lui avait fait tout oublier. Il se rappelait de la forêt bien évidemment, puisqu'il y avait croisé Lizzie quelques minutes plus tard mais après cela, tout avait été bien flou. Certaines nuits, il rentrait chez lui avec de la suie tâchant ses vêtements, l'odeur de brûlé lui agressant les narines et dans ce genre de moments, il regrettait. Amèrement. Jamais il n'avait voulu tourner ainsi, devenir son pire et donc, par extension, son pire ennemi mais il avait flanché lui aussi. A force de s'entendre dire qu'il ne valait rien, il s'était rendu comme cela: un bon à rien, un enfoiré qui enflammait les quatre coins de la ville par pure folie. Voilà ce qu'il était, fou et est-ce que les fous méritaient leur liberté? Aux yeux du pompier, la réponse était simple et le dilemme moins important qu'il ne l'aurait pensé. Sa main balança le briquet contre le miroir en face de lui et le verre se brisa. Il y vit son reflet se démultiplier et Wren méprisait cette image, plus que jamais il n'avait pu le faire jusque là. Pourtant, on parlait du garçon qui s'était piétiné le coeur pour protéger une femme de sa mauvaise influence. Du même type qui avait tant de fois sauté dans les flammes pour sauver des âmes innocentes d'une fin précoce. Doherty ne se sentait plus cet homme là, celui qui préservait et qui sauvait... Il n'était plus qu'un apparat de feu et de mort et cela, ce n'était plus une solution viable. S'il ne faisait pas taire ce besoin irrépressible de rattraper ce briquet pour mettre le feu à son propre appartement, Wren ferait sonner le glas de toute son existence. Devenir son père, ne plus pouvoir y revenir. Alors, il ouvrit la main droite et observa l'aiguille qui s'y trouvait. Ses premiers amours, de retour, plus puissants que jamais. C'était mieux que le feu, non? Alors, il s'empara de l'élastique et la fit passer autour de son bras, dirigeant la seringue vers sa peau. Une sensation fine lorsqu'elle pénétra là, dans sa veine et lorsque ses doigts actionnèrent le piston. Just a fix. Juste un, pour ne pas se mettre à s'embraser, pour ne pas attraper ce putain de lance flammes et terminer sa route dans un asile de fous. C'était fait, c'était trop tard et l'effet fut quasi instantané, le suédois sentant le liquide circuler dans tout son corps et s'emparer du flot de ses pensées. Il relâcha le tissu, la seringue et se laissa choir au sol, les muscles engourdis, le monde lui échappant totalement. Rien ne brûlerait ce soir, plus rien ne pourrait brûler tant qu'il était pris par le monde des songes. Pourtant, il avait encore un tout petit peu de force pour attraper son téléphone portable, pianoter quelques mots et laisser tomber l'appareil à ses côtés. Fermer les yeux. Ne plus rien entendre et espérer que le monde retrouve à nouveau son équilibre. Dormir, oui, juste dormir un peu pour ne plus penser au fait qu'il était devenu un monstre. Celui qu'il avait combattu toute sa vie.
Je suis désolé, Lizzie. Ton bonheur compte plus que tout pour moi. Depuis toujours. Et pour toujours. Voilà ce que son portable avait envoyé à la belle brune qui hantait ses rêves. Pour sûr qu'elle hanterait ceux qui allaient venir ce soir-là. En espérant obtenir un réveil paisible. Enfin.
@Lizzie Potter |
| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 1:16 | |
| La soirée a été intense. Il y a du mouvement, comme depuis le début du mois et le début des représentations. Tout s’enchaîne, tout se déroule à peu près comme en répétition. Bien sûr, il y a des ratés mais ça ne serait pas drôle si tout se passait aussi bien que sur du papier à musique. Alors Lizzie n’avait pas eu le temps de réfléchir, ni le temps de se poser. Habilleuse d’une troupe entière, c’est un focus à temps complet, un œil sur un accessoire et l’autre sur le vêtement mal mis. Elle n’aime pas ces moments là parce que ça lui rappelle cruellement qu’elle, elle reste dans le noir, dans l’ombre, derrière les coulisses alors que la lumière n’est pourtant pas si loin. Le théâtre ne l’a jamais vraiment intéressé, toujours plus attirée par les caméras. Mais elle n’a pas le temps de s’appesantir sur son sort, un sort qu’elle a elle-même choisi quand elle a postulé dans le théâtre. Parce qu’elle est pitoyable ou qu’elle a le désir d’un sadisme envers elle-même plus profond et moins flagrant pour autrui. Voir les autres réussir là où elle échoue à chaque fois, un plaisir malsain qui lui fout toujours un goût d’humiliation et de jalousie au palais. Heureusement que le spectacle est assez dense et les personnes assez nombreuses pour occuper son esprit. Lizzie a laissé le temps d’un cachet foudre sous sa langue, pour se donner un coup de fouet en même temps que de clôturer un peu ce qui se passe là-haut. C’est d’une agilité presque aveugle qu’elle peut maintenant reproduire les mêmes gestes, les enchaînant depuis trois semaines, sans compter les répétitions. La salle est pleine, Charles a l’air satisfait et Clément sourit comme un paon, n’hésitant jamais à bisquer Joshua. Une routine qui s’installe, Lizzie semble faire partie du décor, des meubles, elle qui essaie toujours de faire en sorte que les comédiens se sentent détendus – même s’ils ne le sont jamais. La brune a pu cependant profiter d’une pause, sa précieuse pause de détente à elle. Elle finit toujours par s’extirper par les portes de derrière, son joint dans une main et son téléphone de l’autre. Un œil sur les messages, deux appels manqués et quelques annonces qu’elle voit toujours mais sur lesquelles elle n’ose jamais appuyer dessus. Elizabeth se contente juste d’en prendre superficiellement connaissance avant de les supprimer d’un geste du doigt. Elle s’éloigne un peu alors que d’autres clopeurs débarquent pour pouvoir profiter d’un peu de calme. Dans les messages en attente de lecture, un lui fait fronce les sourcils. (wrenouille, elle n’a jamais changé, c’est ridicule) Je suis désolé, Lizzie. Ton bonheur compte plus que tout pour moi. Depuis toujours. Pourquoi ça lui fout la chaire de poule, tout d’un coup ? Lizzie regarde devant elle avant de relire de nouveau le message, comme si la première fois n’a été qu’une illusion et que ce n’est pas les mots qu’elle a lus. Mais surtout, elle espère que cette mauvaise sensation se tire et disparaisse. Mais au contraire. Il y a comme un mauvais pressentiment et ce n’est pas le genre de Wren d’envoyer des trucs comme ça par message. Surtout quand ils se sont revus après douze ans de silence radio. C’est n’importe quoi, elle doit se faire des idées. Il est sûrement un peu soûl et il doit faire le con, comme elle a pu le voir faire plusieurs fois quand ils étaient adolescents. Ce n’est pas une image qui la surprendrait outre mesure.
Mais ‘‘je suis désolé’’ reste coincé dans un coin de sa tête, comme un fichu parasite qui ne veut pas partir. Dans quel contexte il écrit ça ? Il lui a déjà dit qu’il était désolé, non ? Ceci dit, pour tous ce qu’il lui a fait subir, il peut être désolé autant de fois qu’il veut, ce n’est pas Lizzie qui l’arrêtera. Ce message passe les barrières de ce qu’elle a pris pour se détendre et secoue chaque parcelle de son être. Wren a toujours été doué avec les mots, même quand il pensait qu’il ne l’était pas. Elizabeth ne s’est pas rendue compte que son mégot était éteint ; machinalement, elle sort le briquet de sa poche – le sien. Parce qu’elle le garde en otage, qu’elle n’a aucune intention de le lui rendre. C’est pour le briquet qu’il a brisé sous savate il y a des années de ça. Et ce putain de message qui reste à lui turlupiner dans la tête. Elle ne peut pas s’en empêcher, Lizzie. S’inquiéter est une seconde nature, même avec un cerveau qui n’est pas totalement clean et net. Elle ouvre la page de contact de Wren et constate qu’elle n’a pas été si conne que ça en enregistrant son adresse. Au cas où. En cas d’urgence. Ce n’est peut-être pas une urgence mais mieux vaut prévenir que guérir. Alors Lizzie hésite deux secondes avant d’aller voir Charles et lui demander de se sauver pour la deuxième partie de la soirée. Longues négociations, bien trop longues à son goût, elle qui commence à sentir son ventre se tordre un peu plus sous la nervosité qui l’envahit. Elle a juste envie de sauter dans sa voiture, là. Ce n’est pas dans ses habitudes, il n’écrit pas ce genre de choses, il y a comme un sentiment d’adieu derrière ce message et elle n’aime pas ça, bordel qu’elle n’aime pas ça du tout. Mais Lizzie garde ses raisons et Charles finit quand même par la laisser filer – de toute façon, elle ne lui aurait pas laisser le choix. C’est tout Lizzie de toute façon ; toujours à s’inquiéter même s’il ne faut pas et même si elle a le pied un peu trop lourd sur l’accélérateur tout en étant guidée par son gps.
Quand Wren lui a donné ses coordonnées – toutes ses coordonnées – jamais Lizzie n’aurait pensé en avoir besoin. Elle a même songé (pendant trois secondes et deux centièmes) à jeter le morceau de papier. Au final, elle est bien contente qu’il l’ait fait et qu’elle l’ait gardé alors qu’elle sonne chez Wren. Aucune réponse. Une deuxième, troisième, quatrième fois. Toujours rien. Bordel. Elle tape de la main contre le mur de frustration avant d’opter pour une autre technique : appuyer sur tous les boutons. Technique qui fonctionne puisque quelqu’un ouvre sans lui demander son identité. Parfait, tant mieux, nickel. Ascenseur, porte, sonnette. « Wren, c’est Lizzie, ouvres, s’il te plait. » Cette dernière a beau actionné le bouton et tapé du poing contre la porte, rien n’y fait. Putain, ce n’est vraiment pas normal. Elle espère qu’il est chez lui, qu’il est juste dans le pays des songes et qu’il a le sommeil très lourd – bercé par l’alcool certainement. Mais Lizzie doit le voir pour y croire parce qu’elle s’inquiète toujours trop pour tout le monde mais Wren, Wren n’est pas tout le monde, il est à part et qu’elle a toujours ce mauvais pressentiment et que cette porte ne s’ouvre toujours pas. Alors elle va déranger le voisin, elle l’emmerde pour qu’il trouve quelqu’un qui a un double, sa sœur peut-être, mais elle est trop loin, quelqu’un de plus proche géographiquement, maintenant, rapidement, tout de suite. Lizzie stresse de plus en plus mais grâce à une technique de carte bleue ou d’épingle et savon, la porte a été déverrouillée. Elle remercie qu’à demi-mot le voisin avant de la refermer brutalement derrière elle, les yeux déjà en pleine recherche. « Wren ? » Il ne répond toujours pas, il n’y a rien, pas un bruit, le silence. Le palpitant qui s’emballe, les muscles qui tremblent alors qu’elle le cherche. Et quand elle le trouve, c’est un haut cœur suivi d’une douche froide qui la plombent entièrement. « Putain ! » Lizzie se précipite vers le corps, inerte ou endormi, du jeune homme, n’osant pas le toucher en premier lieu. Elle le regarde, paniquée, paralysée, avant de prendre en considération la seringue et tout le reste. « Non non non, je t’interdis de me faire ça, Wren. » Elle déglutit, elle n’est pas bien, elle ne sait pas quoi faire, son cerveau ayant l’impression de griller totalement. Lizzie finit par poser ses mains autour de son visage, constatant qu’il respire encore. « Réveille-toi, bordel, Doherty, ouvres les yeux ! » Une de ses mains tremblantes finit par lui tapoter la joue, un peu plus de force à chaque fois que ça ne fonctionne pas. La jeune femme a son visage penché sur le sien, son oreille tendue vers sa bouche pour bien vérifier qu’il respire toujours. « Tu vas vraiment faire ta tête de mule maintenant, Wren ? Arrête de faire le con. » Sa voix est larmoyante et brisée, se joignant allègrement au reste de son corps qui ne cesse de trembler. « S’il te plait, Wren, je veux que t’ouvres les yeux et que tu reviennes. Tu peux faire ça ? Est-ce que tu peux faire ça pour moi ? »
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| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 18:50 | |
| S'endormir, ne plus se laisser happer par les douleurs du passé, Wren vivait le rêve ultime. Pour la première fois de sa piètre existence, il se sentait en paix avec lui-même. Jusqu'ici, il y avait toujours eu une ombre au tableau, voire plusieurs en vue de tout ce qu'il avait toujours gardé au fond de lui. Il fallait dire que le pompier était peu expansif et tout ce qui le tracassait, il le gardait toujours terré jusqu'à ce qu'il explose. C'était arrivé un soir de beuverie, après des retrouvailles intéressantes avec Jillian, une vieille amie du lycée et plus rien n'avait eu de sens ensuite. Doherty s'était laissé aller et qu'avait-il fait depuis? Il se battait contre des pulsions de plus en plus ravageuses et il n'en pouvait plus d'avoir perdu la maîtrise de son propre corps. Parfois, il se réveillait en pleine nuit, s'armait de son matériel avant de finir dans une rue déserte pour faire brûler tout ce qui lui tombait sous la main. En règle générale, le suédois restait présent une bonne heure sur la scène de son crime, jusqu'à ce que le reste de flamme fut totalement consumé et cela le nourrissait pour quelques jours... Avant que l'envie ne devienne plus tenace encore. Il fallait que l'incendie soit de plus en plus puissant, de plus en plus grand, qu'il fasse brûler la ville entière. Wren ne pouvait plus se contenter d'un ou deux feux de poubelles pour faire passer ses désirs étranges: il fallait viser plus haut et plus dangereux, surtout. Il y avait encore une bonne partie de lui qui souhait s'y refuser, non, Doherty ne voulait pas être son père. Alors, il s'en empêchait, jusqu'à ce que la colère grimpe et le force à couper tout contact avec son esprit et c'était là que le tout devenait très risqué. Ce soir-là, Wren avait contrôlé jusqu'à ce qu'il ne puisse plus supporter son propre reflet dans le miroir. Sur un coup de tête, quelques heures auparavant, il s'était retrouvé à errer dans les rues de Brisbane, finissant par acheter un peu d'héroïne au premier idiot qui passait. Il avait été un de ceux là quelques années auparavant alors, il savait quoi demander et en quelle quantité. Cela dit, Wren n'avait jamais essayé cette drogue là, c'était la pire, la plus dangereuse, celle qui pouvait vous tuer et vous rendre accro en un rien de temps. Clairement, le jeune homme préférait devenir un junkie qu'un pyromane alors, il avait fait son choix en brisant le miroir avec un de ses vieux briquets. Hors de question qu'il faillisse dans sa tâche, pas cette fois là et s'assoupir semblait être la solution idéale pour ne pas sortir et se mettre à brûler le premier club sur lequel il tombait. Le sol était froid et peu confortable mais le pompier ne le sentait plus. Ses membres ne lui répondaient plus vraiment et ses capteurs neuronaux subissaient les assauts de cette drogue dure, annihilant la moindre pensée. Il n'avait pas capté que Lizzie était entrée et qu'elle lui implorait d'ouvrir les yeux, d'arrêter cette mascarade avant qu'il ne sombre dans l'au-delà. Doherty était sur une autre planète, à rêver de moutons et de prairies, loin des feux de forêts et c'était parfait ainsi; Et Lizzie dans tout cela? Elle s'incrusta dans son rêve, au milieu du champ, un sourire aux lèvres à le regarder et sa voix martyrisait ses tympans. Elle était douce au démarrage et il la sentit partir vers les aigus, la peur la rendant plus fébrile que jamais. Wren ouvrit les yeux délicatement et aperçut le visage inquiet de Potter dans son champ de vision. Sa vision était peu claire mais il l'aurait reconnue entre mille, sa Lizzie, celle qui avait modifié le cours de sa vie et qui hantait même sa descente aux enfers. "Lizzie Potter, je savais pas que tu hantais aussi le paradis... Je suis pas étonné, cela dit." Il souriait niaisement alors que sa tête tombait en arrière, contre le haut de la baignoire, ses yeux se refermant instinctivement. "C'est pas la peine de me rendre mon briquet, il faut tous les jeter à la poubelle ces machins là. C'est l'enfer, Lizzie. Un monstre comme moi doit pas avoir ça sous la main, d'accord?" Les mots sortaient sans qu'il ne les comprenne tous: les avait-il donnés dans le bon ordre? Wren n'avait aucun moyen de le savoir car plus rien n'était relié à son cerveau, à part peut être son palpitant qu'il sentait plus que jamais au creux de sa poitrine. La présence de la brune devait y être pour quelque chose mais un Wren sous opioïde était bien trop faible pour le constater. "Je te servirais bien à boire mais je sens plus trop mes jambes pour le moment. C'est grave docteur?" Il se mit à sourire, putain, il avait suffi d'une aiguille. Juste une et le suédois était au bord de glisser vers les enfers. Pourvu qu'il n'y entraîne pas Lizzie avec lui, surtout. |
| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 19:59 | |
| C’est froid, tout est froid ; le sol, le carrelage de la baignoire, la putain de seringue qu’elle repousse de la main et Wren, toujours inerte, comme plongé dans un sommeil apaisant mais sans fin. Lizzie détache l’élastique servant de garrot de fortune, pestant à mi-mots de ses doigts tremblants qui ne semblent pas vouloir être précis ni l’écouter. Elizabeth a la trouille, elle a envie de lui hurler dessus, de le frapper, de le secouer jusqu’à ce qu’il se réveille. Elle en serait capable si elle n’était pas elle-même stoppée par des substances faites pour la détendre. Elle reporte son attention sur son visage et il finit enfin par l’entendre de là où il était – ce n’est pas certainement pas un sommeil lourd alcoolisé en tout cas. Ses yeux verts sont sur elle mais ils semblent absents, il a l’air de la voir sans pouvoir la distinguer. Wren a un air complètement abruti et franchement, vu la situation, ça ne la fait pas rire non plus. (Pas grand-chose la fait rire le concernant de toute façon.) « Lizzie Potter, je savais pas que tu hantais aussi le paradis... Je suis pas étonné, cela dit. » Elizabeth secoue la tête et elle est à deux doigts d’aller chercher sur internet comment le réveiller pour de bon. Parce qu’il sourit bêtement, il se laisse aller vers l’arrière et ses yeux s’éteignent de nouveau et – non, ce n’est pas ce qu’il faut faire. Est-ce qu’elle peut encore capter son attention, comme lorsqu’ils étaient plus jeunes ? Est-ce qu’il y a encore moyen qu’elle soit maintenant assez suffisante pour qu’il puisse au moins garder les yeux ouverts au monde et ne pas sombrer dans des abymes où elle ne pourra pas le suivre ? Elle veut croire que oui parce qu’à ce moment actuel, ce n’est plus le passé qui se joue mais le présent. Et l’avenir de Wren. Lizzie met entre parenthèses tout le fardeau qu’ils ont mutuellement, elle oublie un instant toute la rancœur et l’amertume et la colère et l’incompréhension. Elle ne voit plus que l’homme qu’elle a aimé sombrer dans une folie douce, presque hystérique et qui lui hérisse le poil parce qu’elle se sent complètement démunie face à une telle image. « C'est pas la peine de me rendre mon briquet, il faut tous les jeter à la poubelle ces machins là. C'est l'enfer, Lizzie. Un monstre comme moi doit pas avoir ça sous la main, d'accord? » De quoi il parle, qu’est-ce qu’il raconte, ça n’a pas de sens, rien n’a de sens. Même durant ses mois avec lui, jamais Wren n’a été dans cet état-là à cause de la drogue. Ils ne se piquaient pas, ils voulaient juste planer et s’amuser un peu. Mais là, Lizzie a l’impression que c’est bien plus fort – aussi bien ce qu’il a pris que la raison de ce shoot. « Je te servirais bien à boire mais je sens plus trop mes jambes pour le moment. C'est grave docteur? » Elizabeth pourrait presque vomir tellement qu’elle se sent mal. Mais elle reste, même si elle ne sait pas quoi faire, même si elle est impuissante. La seule chose qu’elle peut faire, c’est de rester à côté de lui et tapoter de nouveau sa joue pour le garder conscient. « Continue à me parler, Wren. C’est quoi, cette histoire de briquets ? » Comment des briquets peuvent le faire réagir comme ça ? Elle ne comprend rien, Lizzie, mais quand elle lève les yeux, elle constate le miroir brisé. Elle constate aussi qu’aucune de ses phalanges n’est blessée. Elizabeth passe une main dans les cheveux de Wren, ce qui lui procure un sentiment de déjà-vu ou plutôt de nostalgie qui la tenaille un peu partout. « T’es pas un monstre, je te l’ai déjà dit. » Sa voix est plus basse et ça pourrait presque l’agacer si elle n’était pas stressée et sur le point de flancher à son tour. Lizzie lui prend la main en faisant le tour de ses yeux de la pièce. « Tu restes avec moi, Doherty. N’ose pas me laisser sur le carreau une deuxième fois. » Pas de cette façon parce qu’elle n’est franchement pas certaine que ça l’aide à se reconstruire dans le sens qu’il aimerait. « Prouve-moi que j’arrive encore à capter ton attention, Wren. Ouvre les yeux, fais un effort. » Lizzie ne peut s’empêcher de finir par caresser sa joue, une affection certaine et profonde dans ses propres yeux alors qu’elle le supplie de revenir à elle. « Si tu le fais pas, je vais devoir utiliser la manière forte. Et ce n’est pas ce que tu veux, j’en suis certaine. » Et pas sûr qu’il apprécie ce qu’elle a en tête au profit de sa voix douce. Même si ses cordes vocales tremblent aussi, même si elle ravale son anxiété grandissante. Lizzie se doit d’être posée pour Wren parce que lui, il ne l’est pas.
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| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 21:48 | |
| Il n'avait jamais volé aussi haut. Les sensations étaient tellement différentes de ce qu'il avait déjà pu ressentir en consommant de la cocaïne ou de la marijuana. Tout devenait si intense, les couleurs, les mouvements, les souvenirs, les images. Tout. Il ne savait plus où il était, Wren, incapable de penser à quoique ce fut de cohérent et c'était tout à fait ce qu'il avait désiré à ce moment précis. Ces derniers jours, il avait passé tellement de temps à trouver un remède miraculeux contre son mal et il avait fallu qu'il finisse par tenter le pire... L'héroïne. Cette merde ultime. Celle dont on parlait partout mais sans jamais la nommer. Elle faisait des ravages et Wren n'allait pas être épargné par l'affaire: il avait été parfaitement conscient de cette réalité en s'enfonçant l'aiguille dans le bras, il ne connaissait pas encore les sensations mais il savait dans quoi il s'engageait. La tourmente infernale, celle qu'il méritait selon lui. Pourtant, au milieu de ce fatras insupportable, il y avait les beaux yeux bruns de Lizzie. Oui, la Lizzie si douce et si joyeuse qui avait toujours tenu son mal être à bout de bras pour le faire sourire. Elle avait fait des centaines de miracles avec Doherty, même si elle n'en avait aucune idée bien évidemment. Pourtant, avant de rompre brutalement avec elle, il avait arrêté toute consommation de drogues et il fumait beaucoup moins. Après l'avoir abandonnée par contre, il s'en était donné à coeur joie dans tout ce qui était mauvais pour sa santé. Question de principe. Là, il la retrouvait mais le mal était trop profond, trop ancré, comment résister? Elle était là pourtant, à essayer de le tenir éveillé, lui faire ouvrir les yeux et Wren ne rêvait que de cela, avoir suffisamment de force pour pouvoir la détailler encore et encore. Comme avant. "Des briquets, Lizzie, des briquets... Il y en a partout, tout le temps. Détruis les tous, sinon..." Il s'arrêtait, bordel, son coeur tourbillonnait dans sa poitrine, comme si des lutins se promenaient là dedans et il se mit à rire. Il les imaginait tous en train de mettre des coups de pioche dans sa cage thoracique, bad trip total. "Je suis devenu mon père, Lizzie. Il faut que tu fuies avant que je te blesse. Avant que tu brûles." Il avait dit cela en continuant de rire à gorge déployée parce que les images les plus absurdes circulaient dans ses neurones et tout allait vite, trop vite, si vite. Il avait mal au crâne, non, il allait exploser mais le geste de Lizzie dans ses cheveux et contre sa joue le ramena à la réalité puisque ses yeux verts d'eau se bloquèrent dans les siens et pendant dix bonnes secondes, Wren sembla être normal à nouveau. Elle était là, il ne la rêvait pas, si? Pour en avoir le coeur net, sa main tremblante se porta contre sa joue et il constata que le contact était magnétique, brûlant. Non, pas le feu, tout sauf le feu. Il la relâcha avant de subir d'autres pensées incontrôlables, elle était là et c'était tout ce qui comptait pour lui. "Tu captes toujours mon attention, même quand tu me menaces de me castrer comme ça. Tu la captes tellement que je peux pas m'endormir. T'es pas aussi belle dans mes rêves, tiens." Il parlait et il ne trouvait pas de sens à ses mots, l'idiot. Pourtant, il en disait trop. Wren était capable de tout lui dire, maintenant, parce que c'était elle et que l'héroïne annihilait la moindre de ses résistances. "Dis, Lizzie, si je m'endors vraiment, tu peux me promettre de me laisser partir? Ce sera mieux. Plus rien brûlera comme ça. Plus rien et surtout pas toi. Je veux pas que ça arrive, ça, je veux pas que tu meures à cause de moi." Est-ce qu'elle allait réussir à reconstituer le puzzle, maintenant? Doherty n'avait pas l'air de s'en faire en tout cas, puisque ses yeux verts d'eau étaient encore ouverts et peut être qu'il allait rester dans ce monde. Peut être qu'il regretterait juste d'être un danger pour elle, c'était de toute évidence sa plus grande peur, ancrée dans ses pupilles émues.
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| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 23:08 | |
| Wren est dans un monde que Lizzie ne connait pas. Elle ne veut pas le voir, ce monde, mais elle veut le comprendre. Elle veut savoir pourquoi il se met dans un tel état, pourquoi il a l’air aussi pitoyable, pourquoi il a toujours une aussi mauvaise opinion de lui-même. Elizabeth a le cœur trop gros et trop grand pour rester indifférente à ce genre de portrait. Même si c’est Wren – surtout si c’est Wren. Dans ce genre de situations, on oublie tout ce qu’on a pu nourrir de négatif, tout ce qui a pu faire que pendant douze longues années ils ont été séparés. Parce que là, la scène qui se déroule dans la salle de bain du numéro 16 à Fortitude Valley est le retour de deux adolescents qui ne se sont jamais vraiment quittés. Et Lizzie veut le retrouver, elle veut qu’il reprenne ses esprits, qu’il lui prouve qu’il n’est pas aussi paumé et misérable qu’il en a l’air. Qu’il est plus fort que ça, qu’il a réussi à survivre au monde extérieur. Elle a son cœur qui tambourine, ses yeux qui commencent à vouloir déverser leur liquide, des nerfs à vifs malgré ce qu’elle a pris plus tôt. Elle tient toujours fermement sa main mais elle n’a pas de retour, Wren est comme une coquille vide dans laquelle il n’y a rien à retirer. Mais Potter, elle persiste. Si on peut lui reprocher sa détermination dans sa vie professionnelle (chose que sa mère se fait toujours une joie de faire), elle le développe au centuple quand il s’agit de ses proches. Wren est un cas spécial. Il est à part des autres. C’est un proche éloigné. Très éloigné. Qu’elle aurait dû tenir à bout de bras, qu’elle n’aurait même pas dû entrer chez lui. Des retrouvailles surprises et maintenant, ça. C’est trop, beaucoup trop d’un seul coup et le fil est tellement fin qu’elle ne serait pas surprise si elle se casse la figure. Mais pour l’instant, l’image ne fonctionne pas. Il faut qu’elle soit là pour lui. Parce que c’est lui qui lui a envoyé un message. Inconsciemment peut-être mais il lui a fait un appel à l’aide sans vraiment le dire. En tout cas, c’est la façon dont Lizzie le perçoit. S’ils ne s’étaient pas retrouvés, à qui aurait-il envoyé ce message ? Ou est-ce qu’il n’aurait rien envoyé du tout, à personne et il serait resté seul dans son délire psychédélique ? Alors elle se raccroche un peu plus à sa main, dont la peau est froide. Elle ne crépite plus comme elle le fait normalement. Cette peau dont elle avait adoré se serrer contre quand elle avait froid ou juste quand elle voulait être rassurée. Ses doigts sont absents, il ne répond pas, il n’ouvre même pas les yeux et ça lui fait mal, à Lizzie, de savoir qu’il n’a pas la volonté de le faire. Même pour elle.
« Des briquets, Lizzie, des briquets... Il y en a partout, tout le temps. Détruis-les tous, sinon... » Lizzie fronce les sourcils face à ce ramassis d’incohérence. Et encore plus lorsqu’il se met à rire. « Je suis devenu mon père, Lizzie. Il faut que tu fuies avant que je te blesse. Avant que tu brûles. » Ce n’est pas un rire doux, ce n’est pas un rire agréable. C’est presque démentiel, carrément délirant, presque maniaque. Il lui ferait presque peur. Wren est complètement à côté de ses pompes, les mots qui dégoulinent de sa bouche ne veulent rien dire et Lizzie n’arrive pas à les comprendre. Mais elle ne s’éloigne pas, elle ne le quitte pas, surtout qu’il finit par coincer de nouveau ses pupilles dilatées dans les siens parfaitement ouverts (et en alerte). Il porte la main à sa joue et c’est presque électrique. Doherty a l’air de percuter qu’elle est là, qu’elle est vraiment là et pas un tour de passe-passe de son imagination morbide. Il relâche le tout d’un seul coup, telle une marionnette à qui on vient de couper les fils. « Tu captes toujours mon attention, même quand tu me menaces de me castrer comme ça. Tu la captes tellement que je peux pas m'endormir. T'es pas aussi belle dans mes rêves, tiens. » Il raconte n’importe quoi, il n’entend pas ses propres paroles. Lizzie ne veut pas en faire toute une montagne parce qu’au final, il parle et c’est tout ce qui apporte. Qu’il reste dans le monde réel, qu’il ne se perde pas. Mais Elizabeth ne peut pas s’empêcher de ressentir quelque chose, un truc dans le bazar de son for intérieur. Non, il est absent, il est là mais sans vraiment l’être. C’est toi qui a tendu la perche, aussi, ne te plains pas s’il te répond. Même si ce sont des choses que tu ne peux pas supporter. « Dis, Lizzie, si je m'endors vraiment, tu peux me promettre de me laisser partir? Ce sera mieux. Plus rien brûlera comme ça. Plus rien et surtout pas toi. Je veux pas que ça arrive, ça, je veux pas que tu meures à cause de moi. » Putain de douche froide. Encore une fois. Elizabeth le gifle une nouvelle fois, histoire de continuer à lui redonner de la constance. « Ne crois pas que je vais te laisser partir sans rien faire, Doherty. Je ne comprends pas trop tout ce que tu me racontes mais il est hors de question que je te laisse crever, tu m’entends ? Si tu voulais en finir, tu n’aurais pas envoyé ce putain de message. Alors arrête de dire des conneries et laisse-moi t’aider. » Elle ne devrait pas dire ça. Il est dans un autre monde que celui où elle est, il va sûrement lui dire des choses qu’il aura oublié mais qu’elle, elle ne pourra pas l’effacer. Elle le maudit de l’avoir contacté. « Tu ne me fais pas peur et tu ne l’as jamais fait. Je ne sais pas pourquoi tu persistes dans l’idée que tu puisses me faire mourir, Wren. C’est complètement absurde. » Aussi absurde que tout ça. Elizabeth tend le bras et attrape un gant avant de se redresser de nouveau sur ses genoux pour l’humidifier – non l’inonder – d’eau. Même gant qu’elle passe sur le visage de Wren, doucement, puis dans son cou et dans sa nuque. Il respire, c’est lent mais c’est là. Ses pensées s’entrechoquent et se perdent sans qu’elle puisse mettre une cohérence sur ce qui se trame en elle. Puis Potter essaie de le redresser un peu plus, ses bras autour de son tronc, maladroitement. Dans sa manœuvre, elle finit presque derrière lui parce qu’il est un poids mort et que le gabarit est trop grand et trop lourd pour elle. Alors c’est sa fine silhouette qui se trouve entre le jeune homme et la baignoire, ses mains essayant une nouvelle fois de le soulever avant que la tête de Wren ne roule contre son épaule, son tronc à moitié sur elle. La jeune femme soupire avant de déglutir parce qu’il est trop proche, là, son souffle lui chatouille les cheveux, c’est beaucoup trop proche. Mais elle n’ose pas l’allonger car les chances de ne jamais le voir se relever sont élevées. Sûrement. Alors elle finit par passer un bras autour de lui alors que son autre main libre reprend le gant pour le passer de nouveau sur son visage. « Wren, j’ai besoin que tu bouges. Je peux pas y arriver toute seule. Sinon, on est condamnés tous les deux à rester indéfiniment dans ta lugubre salle de bain. » Lizzie a des épaules larges mais ça a toujours été Wren qui l’avait porté. Parce qu’il ne résistait jamais à ses supplications. Est-ce que tu vas me résister maintenant, Wren ?
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| | | | (#)Mer 23 Oct 2019 - 23:45 | |
| Qu'elle soit encore à ses côtés à ce moment là relevait très certainement du miracle. Après tout ce qu'il lui avait fait subir, Lizzie continuait d'accourir pour le sauver de lui-même. Elle méritait de recevoir la médaille du courage et du dévouement parce qu'elle ne lui devait rien, rien du tout même. Wren n'avait été que le garçon qui avait passé son temps à essayer de la détruire et quelque part, il avait réussi sa mission en piétinant son coeur en même temps que le briquet qu'elle désirait lui offrir. Elle ne pouvait pas savoir pourtant qu'elle lui proposait de sauter à pieds joints dans la gueule du loup et quelque part, Wren avait été en colère. Comment avait-elle pu ne pas voir qu'il était un monstre? Comment avait-elle pu oublier le nom de famille qu'il portait? Lizzie était bien trop gentille pour subsister en restant avec lui, elle allait finir par se consumer et le jeune suédois avait préféré lui éviter cette mort abrupte. Potter était encore bien trop jeune pour disparaître de la circulation et Doherty n'aurait pas pu vivre avec son reflet dans le miroir s'il était arrivé quelque chose à cette femme qu'il aimait. Il ne lui avait jamais dit, certainement parce qu'il avait peur de la notion même de sentiments mais il l'avait su très rapidement. Cela ne voulait pas dire qu'il l'avait parfaitement compris, il avait surtout cherché à l'éviter à tout prix. Encore aujourd'hui, Wren avait peur de cette fichue émotion mais il s'y accrochait néanmoins, sinon il n'aurait pas envoyé ce message à la belle Lizzie. Elle était son ancre, c'était une évidence mais Wren avait eu besoin de douze ans pour l'accepter et encore, il était complètement défoncé à l'heure actuelle, ce qui devait justifier qu'il l'accepte sans souci. Lorsque l'héroïne serait dissoute de son système, il penserait peut être autrement ou en tout cas, il tâcherait de rejeter cette réalité parce qu'il était hors de question qu'il se retrouve attaché à nouveau à une femme aussi exceptionnelle qu'elle. Il ne pouvait pas la blesser avec toutes ses histoires ridicules, ses feux de forêts et ses cauchemars, Lizzie n'avait pas à supporter l'enfer qu'il s'était créé tout seul, comme un grand. Elle devait bien avoir une vie quelque part, des choses à faire et Doherty ne pouvait pas être celui qui la coupait encore une fois de son univers. C'était pourtant ce qu'il faisait en lui narrant au compte-gouttes le flot de ses pensées, sans qu'elle ne puisse rien y comprendre, forcément. Wren n'avait pas l'air de s"en inquiéter, les opioïdes bloquant certainement toute cohérence au coeur de ses pensées. Une partie de lui voulait absolument qu'elle comprenne pourtant, même si c'était complètement dingue. "Je dis pas de conneries, je suis dangereux, Lizzie. Les forêts me résistent pas alors une brunette d'un mètre soixante cinq, imagine? Il faut que tu me laisses crever, vraiment." Il ne voulait pas en démordre, laissant toute énergie le quitter une nouvelle fois, sûrement parce que la jeune femme s'armait d'un goût pour hydrater sa peau. Il était à l'agonie mais il ne le voyait même pas, perturbé par tout ce qui se passait, tout ce qui le démangeait à ce moment là. Lizzie devait tout savoir, sinon elle ne partirait pas. Comme quoi il avait changé de corde à son arc en douze ans puisqu'il préférait user de la vérité pour la faire fuir, pas du mensonge. Avec tout cela, Wren ne remarquait même pas vraiment que la brune se démenait pour le remettre debout, il restait là à se faire manipuler comme une vulgaire marionnette, essayant de respirer normalement... Peine perdue. "T'aimes pas ma salle de bain, alors? Tu veux m'emmener où?" Au moins, il allait droit au but cette fois, essayant de mettre un peu d'énergie dans ses membres pour soulever son corps jusque là inerte. La lutte fut efficace puisqu'il finit par s'asseoir sur le rebord de la baignoire, risquant la chute en arrière à tout moment, mais cela n'avait pas l'air de l'inquiéter plus que cela puisque son regard était entièrement concentré sur Lizzie Potter. "Après, moi ça me dérange pas de rester enfermé quelque part avec toi pour l'éternité. Tu savais que j'étais méga amoureux de toi il y a douze ans? Tous mes potes se foutaient de ma gueule quand je refusais de coucher avec leurs camarades de classe, c'est dingue, ils étaient cons." Pourquoi parlait-il encore déjà? Wren Doherty, calmez-vous, bon sang. "'Faut que tu dises à mon père que c'est un salaud de m'avoir refilé sa dinguerie là, je voulais pas être pyromane, Lizzie, je te jure." Il l'avait dit et cela lui faisait mal, même en étant complètement défoncé. Wren sentait la lumière de la salle de bain qui l'aveuglait et c'était l'excuse parfaite pour laisser glisser cette goutte d'eau le long de sa joue.
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| | | | (#)Jeu 24 Oct 2019 - 7:57 | |
| « Je dis pas de conneries, je suis dangereux, Lizzie. Les forêts me résistent pas alors une brunette d'un mètre soixante cinq, imagine? Il faut que tu me laisses crever, vraiment. » Lizzie secoue la tête. Elle n’arrive pas encore à faire le lien entre tout ce qu’il lui raconte mais elle est sûre d’une chose. « Si je te laisse crever, je serai une partie responsable et c’est hors de question que ça arrive. Je sais que je ne suis impressionnante face à toi, Wren, mais tu préfères une brunette d’un mètre soixante cinq ou un pompier vachement plus baraqué qui ne prendra pas autant de pincettes que moi ? » Parce que son premier réflexe aurait été d’appeler quelqu’un, les pompiers, les urgences, l’hôpital, n’importe qui. Mais qu’est-ce qu’il se passerait pour Wren si on l’avait découvert avec une seringue plantée dans le bras ? Elle ne peut pas se risquer à ce genre de situation. Alors son petit gabarit sera celui qui essaiera de porter le sien, toujours aussi géant, toujours aussi long et grand. « T'aimes pas ma salle de bain, alors? Tu veux m'emmener où? » Lizzie s’en fiche de cette salle de bain. C’est juste que c’est trop petit, c’est trop étroit, on manque d’air et elle est persuadée que Wren a besoin d’air. Il n’y a pas de fenêtre, ça pue l’humidité et c’est froid, comme la peau du jeune homme en ce moment. Au moins, ce dernier a réussi à se mettre sur ses jambes pour mieux s’asseoir sur le rebord, Lizzie s’approchant de lui pour garder une main sur son dos à la vue de son équilibre tangible. « Ta salle de bain n’est pas l’endroit le plus agréable que j’ai visité. Tu penses pas que ton lit ou ton canapé serait une meilleure option que ta baignoire toute froide et dure ? » demande-t-elle en lui caressant de nouveau la joue, plantée devant lui tout en veillant à ce qu’il ne vrille pas vers l’arrière. Elle essaie clairement de l’amadouer pour le faire décoller. S’il faut parler d’une fois douce, d’une voix stupide pour qu’il la comprenne, pour qu’elle réussisse à peu près à se faire entendre et comprendre, alors elle le fera. Tout faire pour le garder éveiller.
« Après, moi ça me dérange pas de rester enfermé quelque part avec toi pour l'éternité. Tu savais que j'étais méga amoureux de toi il y a douze ans? Tous mes potes se foutaient de ma gueule quand je refusais de coucher avec leurs camarades de classe, c'est dingue, ils étaient cons. » Elle aurait envie de se plaquer les oreilles pour ne pas l'entendre. Qu'il parle mais qu'elle ne l'écoute pas. Les jambes de Lizzie pourraient flancher à ce moment précis si elle ne l’avait pas l’adrénaline pour la faire tenir debout. Il lui dit ça sans ciller, sans aucune honte ni gêne. Il a l’air d’être sans filtre, presque sans aucune émotion. Est-ce que ça fonctionne comme l’alcool ? Est-ce que ce qu’il s’est foutu dans les veines à le même pouvoir que l’éthanol, celui de lever les barrières des codes sociaux et d’être transparent, ne plus avoir aucun contrôle dans ses propos (et de cohérence), être honnête au possible ? Il ne peut pas voir, il ne peut savoir à quel point ça lui tord les boyaux un peu plus à Lizzie ce genre de discours. Il est absent, il en retard, il a attendu douze ans et d’être défoncé pour lui dire ça. Une partie d’elle-même veut le croire mais l’autre essaie de rester dans cette réalité, dans la vraie, dans celle où il l’avait quitté – non, lâchée comme une merde – parce qu’elle n’avait pas été suffisante pour lui. Mais il y a l’autre, l’univers parallèle, celui dans lequel il l’aurait aimé, où elle aurait été importante, l’unique, la seule. Pourquoi tu m’infliges ça maintenant, Wren ? Ce n’est pas plutôt moi qui devrais me venger, là ? Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu me fasses subir ça ? « Faut que tu dises à mon père que c'est un salaud de m'avoir refilé sa dinguerie là, je voulais pas être pyromane, Lizzie, je te jure. » Elizabeth avale ses paroles, elle a un flashback de quelques années, repensant soudainement à ce que Wren avait pu lui raconter sur ses parents, sur sa famille. Il ne s’était pas étendu sur les détails mais elle avait suffisamment compris que les Doherty avaient une histoire familiale compliquée, presque tordue. A l’époque, le père de Wren était en cavale, recherché dans les quatre coins du pays. Est-ce qu’elle avait fait preuve de curiosité à l’époque pour aller faire quelques recherches ? Totalement. On l’avait soupçonné d’être l’auteur de plusieurs incendies, notamment celui de son propre domicile. Elizabeth réussit difficilement à faire la connexion avec tout ça, ses yeux revenant sur Wren, à temps pour voir cette fine mais bien présente larme dégouliner le long de sa joue. Elle aussi, elle pourrait pleurer, là, elle se dit en essuyant cette larme et sa trace d'un geste machinal. Ses nerfs sont à vif et il ne l’aide pas, il n’aide vraiment pas à calmer la tempête canalisée qui est en elle. Mais elle doit se maîtriser parce que lui ne le fait plus. « C’est pour ça que tu t’es infligé ça ? T’as peur de devenir comme ton père ? » Lizzie se mord la lèvre parce qu’il n’y a aucun manuel qui explique comment réagir à ce genre de situation. Non seulement il a reformulé d’une autre façon qu’il ne l’avait jamais trompé et qu’il l’avait aimé mais en plus il lui balance en même temps sa peur la plus profonde, ou au moins son secret le plus caché. Elle a beau savoir peur faire preuve d’empathie, c’est beaucoup trop d’un seul coup. Il a toujours été comme ça, à provoquer trop de choses trop rapidement. « Tu n’es pas lui. Et tu n’as pas besoin de cette merde pour t’en sortir. Il y a des gens qui t’aiment et qui tiennent à toi, tu veux vraiment les rendre tristes en disparaissant de la surface de la terre ? Tu crois vraiment que c’est la solution ? » Elizabeth fait glisser sa main de sa joue à sa nuque, caressant la racine de ses cheveux, toujours debout devant lui et le palpitant bien trop fort face à ce rapprochement soudain. Juste pour cette fois-ci, juste parce qu’il a besoin d’elle, juste parce qu’elle doit le maintenir près d’elle comme ça. Demain, plus tard, elle sera de retour dix pas en arrière de lui. Mais pour l’instant, Lizzie a besoin de se raccrocher à lui. Pour le garder dans leur réalité. Et aussi pour s’assurer qu’il ne sombre pas totalement. « Je veux que tu me prouves que j’ai tort de penser que t’es lâche, Wren. Montre-moi que tu peux être courageux. Affronte tes problèmes. Je sais qu’il y a un fond bon qui n’attend que tu nettoies toute cette négativité que tu penses de toi pour sortir. T’es pas un monstre et t’es seulement dangereux pour toi, là. Et ça me fait peur, ça, par contre, Wren. Que tu veuilles en finir, que tu te mettes dans un état pareil. » Elle débite tout ça alors qu’elle n’est même pas sûre qu’il s’en rappellera (dans le fond, elle espère que oui, mais elle espère aussi que non). Sa main quitte sa nuque au profit de sa main, ses doigts s'enroulant autour des siens (froid, glacé, fade). « Je suis là, maintenant. Et je ne te quitterai pas tant que tu n’iras pas mieux. » Lizzie sera courageuse et déterminée pour deux s’il le faut. Parce que même si elle l’avait détesté et haï, force est de constater qu’il compte toujours autant pour elle. Et comme pour toute personne importante à ses yeux, elle crèvera avant qu’il ne lui arrive quelque chose. Multiplier par dix parce que c’est Wren, le seul qui réussit à faire palpiter son cœur à cette allure folle.
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| | | | (#)Jeu 24 Oct 2019 - 12:55 | |
| On n'oubliait pas Lizzie Potter, jamais. C'aurait été présomptueux de penser qu'on pouvait se remettre de quelqu'un comme elle, une personne qui avait été la perle de son existence. Wren l'avait su douze années auparavant mais il n'avait pas voulu se laisser s'y engouffre totalement parce que la peur de souffrir était plus forte que tout le reste. Son appréhension avait toujours été la même: celle de la voir le quitter pour un homme bien meilleur que lui, quelqu'un qui n'aurait pas envie de brûler une ville toute entière et avec qui elle pourrait s'exhiber sans honte sur les tapis rouges. Wren savait qu'il serait une honte pour sa carrière et si elle était amenée à se retrouver de nouveaux sous les feux des projecteurs, les tabloïds se feraient un malin plaisir de parler de ses choix douteux de petit ami parce que tout finissait par savoir, absolument tout. Qu'est-ce que les gens qui s'intéressaient à sa carrière auraient dit du fait qu'elle sorte avec le fils d'un pyromane? Sa famille toute entière ne rentrait pas dans la catégorie des gens à fréquenter: entre les jumeaux qui se perdaient dans la consommation de toutes sortes de produits, leur mère qui ne voyait plus la lumière du jour et un père derrière les barreaux, Wren n'aurait jamais pu risquer la carrière de la femme qu'il aimait. Bien sûr, Lizzie n'avait jamais pu le voir ainsi parce que, à cette époque, elle était entièrement concentrée sur leur relation et pas sur le fait qu'elle avait encore le choix de pouvoir relancer sa carrière et d'une manière bien plus impressionnante qu'avec sa mère aux commandes. Il avait dû penser à tout cela pour deux et finir par étouffer de constater qu'il n'y avait aucune issue favorable possible parce que si elle restait avec lui, Lizzie se condamnait. Wren avait été lâche, c'était un fait mais il n'avait jamais su faire autrement, une histoire de génétique certainement et maintenant, il devait vivre avec les conséquences de ses actes et encore une fois, c'était Potter qui le tenait à bout de bras, c'était elle qui l'aimait suffisamment pour le relever quand il aurait mérité de faire cette putain d'overdose et la laisser vivre tranquillement sa vie. "T'es vachement plus impressionnante qu'un pompier baraqué. Peut être, ouais mais je suis froid et dur moi même, tu te rappelles?" C'était vrai qu'il était aussi lugubre que sa salle de bain avec son air inexpressif les trois quarts du temps et sa manière si particulière d'aller dire au monde entier d'aller se faire foutre. Tout le monde sauf Lizzie parce qu'il en avait eu le coeur en mille morceaux de la laisser derrière lui et quelque part, il ne s'en était jamais totalement remis. En douze années de choix douteux, il avait regretté plus ou moins tout ce qu'il avait fait, sauf peut être ses paroles envers elle dans sa voiture quelques jours auparavant, tout le reste n'avait pas eu la moindre saveur. Et là, il la regardait de ses yeux vitreux alors que Potter essayait par dessus tout de ne pas le laisser tomber en arrière et se taper la tête contre la baignoire froide. Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir, elle restait là et Doherty n'arrivait pas à saisir pourquoi. Qu'avait-elle à y gagner à le porter à bout de bras et le mettre debout, là, maintenant? Elle le détestait depuis longtemps, c'était ce qu'il avait compris de leur dernière conversation parce qu'il avait tué sa vie avant même qu'elle n'ait eu le temps de la commencer vraiment. C'était de Lizzie dont il s'agissait cela dit et forcément, elle était toujours là et prouvait encore une fois qu'elle portait encore un intérêt pour son air dégingandé et lui qui disait tout, sans filtre, sans aucune honte. Il l'aimait comme un dingue et il était un putain de pyromane comme son père, comment allait-elle recevoir de telles nouvelles? Wren n'avait pas les yeux suffisamment en face des trous pour capter les émotions qui passaient dans ses prunelles mais il se doutait qu'elle devait essayer d'enregistrer toutes les informations qu'il distillait, lui qui ne disait jamais rien d'habitude. "Je suis déjà comme lui. J'ai passé le cap, Lizzie alors, au lieu de brûler tous les gens que j'aime, c'est mieux que ce soit moi qui prenne, non?" Il ne voulait pas être le type qui se réveillait un matin et qui faisait brûler tout un immeuble pour répondre aux envies obsédantes d'un malade mental. Et si Lizzie disparaissait par sa faute? Et s'il la tuait? Il ne pourrait pas continuer à vivre, pas comme son paternel l'avait fait en tout cas parce qu'il considérait que si on aimait une personne suffisamment, on voulait son bien et surtout ne jamais lui faire autant de mal que ce que son père avait pu faire subir à sa mère. Éloigner Lizzie de lui avait toujours semblé être une meilleure solution pour cette maudite raison, Wren ne se faisait pas suffisamment conscience pour ne pas faire la pire erreur de sa vie et briser tout ce qu'ils avaient partagé. Tout cet amour qu'il avait pour elle. "C'est une solution, je sais pas si c'est la meilleure mais ça fait du bien de plus rien ressentir, si tu savais." Même pas ses membres, même pas ce mal être intérieur alors qu'il sentait les gestes de Lizzie animer sa peau. Elle était capable de réchauffer la moindre part de son âme, c'était fou l'effet qu'elle pouvait avoir sur lui et elle ne devait pas s'en douter une seule seconde. "Et tu veux que je fasse comment? J'ai toujours tout fait à l'envers. J'ai laissé tomber l'amour de ma vie parce que j'avais peur de finir par la brûler avec le briquet qu'elle m'avait gentiment offert. Je suis pas courageux, Lizzie, parce que je préférais que tu me haïsses plutôt que tu supportes tout ce que tu vois, là. T'aurais pas pu vivre comme ça, si?" Il en devenait presque cohérent, certainement parce qu'il venait de se remettre subitement sur ses deux jambes pour se diriger chancelant vers la chambre à coucher. Il ne savait pas bien ce qu'il faisait là, tout était trop intense, il sentait la moindre sensation à l'intérieur de son corps et il avait encore envie de pleurer, ce qui n'était pas Wren Doherty. "Tu vas rester avec moi, vraiment?" Et il se laissa choir dans le lit, complètement perdu, les yeux encore ouverts pour observer les traits si fins de Lizzie non loin de lui. "Je suis désolé d'être ce mec là, Lizzie. J'ai vraiment essayé d'être à la hauteur pour toi mais je suis un putain de Doherty et ça, ça s'efface pas." Le coeur de son mal être résidait dans un seul nom de famille, une histoire triste à en mourir mais Wren avait encore quelque chose de beau à offrir alors qu'il mettait ses dernières forces pour tendre sa main gelée à Potter parce qu'il avait besoin de l'avoir auprès de lui. Aujourd'hui plus que jamais. Demain plus que la veille, à coup sûr.
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| | | | (#)Jeu 24 Oct 2019 - 19:28 | |
| Lizzie fronce le nez, incapable de répondre quoique ce soit. Il n’a jamais été dur et froid avec elle, à part ce fameux soir, cet interlude, ce bref instant dans leurs vies où il a piétiné, saccagé, détruit tous ce qui avaient créé entre eux. Elle ne l’avait jamais vu comme ça, aussi distant et détaché. Il avait passé des mois à lui sourire, à la prendre dans ses bras, à la faire rire et subitement, elle s’était retrouvée devant un mur de glace. Impénétrable, imperturbable, las et fuyant. Elizabeth pourrait le contredire, elle pourrait réfuter ses propos mais non. Il ne s’en rappellera sûrement pas, pense-t-elle sans s’arrêter. Tant qu’il parle, même pour dire des bêtises, ça lui convient. Il est encore avec elle, il n’est pas perdu dans l’inconscient, ça va aller. Tout va bien aller. De l’autoflagellation, voilà ce qu’il est en train de lui faire. Depuis le début, depuis que leur histoire a commencé, depuis qu’ils se sont rencontrés, Wren a toujours eu ce talent. Il veut l’épargner, il veut la repousser, il veut la tenir à bout de bras de lui. Pourtant, par plusieurs fois, la frêle jeune fille qu’elle était – et qu’elle est toujours un peu même si elle ne voulait pas l’admettre – avait réussi à éteindre et se passer de tout ça. Les barrières qu’il avait essayé d’instaurer entre eux n’avaient pas fonctionné et Elizabeth n’a jamais apprécié qu’il parle de lui comme ça. « Arrête de dire ça. Tu n’es pas ton père. » C’est presque un murmure et sûrement qu’il ne l’entendra. De toute façon, même s’il l’entend, il trouvera un moyen de la contrer et de la réfuter. Parce qu’au final, même drogué, ça, ça ne change pas vraiment entre eux. Lizzie se retrouve toujours à essayer de le récupérer, de le remettre en place, de le soigner comme s’il est le seul patient qui en valait la peine. Ses yeux sont suspendus aux siens alors qu’elle constate une nouvelle fois que jamais elle ne l’avait vu se foutre dans un état pareil. Les années n’ont pas été tendre avec lui. Si seulement il l’avait laissé faire partie de sa vie, s’il ne l’avait pas brisé et rejeté totalement. Lizzie aurait pu être un tout. Pour lui, elle aurait essayé, elle aurait vaincu tous les démons du jeune homme pour lui prouver qu’il est aussi méritant qu’un autre. Il faut qu’elle fasse attention, la ligne est fine ce soir et elle ne doit pas se laisser aller comme elle le fait habituellement. Garder cette sécurité entre eux, même avec une main contre son dos et l’autre dans la sienne. Même si elle se tient plus proche de lui qu’elle ne l’a été en douze ans. Si ce n’est pas tant pour lui parce qu’il n’est pas vraiment là, il faut qu’elle le fasse pour elle-même. Elle ne supporterait pas d’avoir le cœur brisé une nouvelle fois. Même si son organe pleure et se serre de le voir ainsi. Et il est en colère aussi. Mais ça, ça sera pour plus tard. Pour le moment, ça ne sert à rien de s’énerver. Ce n’est pas ce qu’il a besoin, ça ne l’aidera pas plus. A vrai dire, Elizabeth ne sait pas trop ce dont il a besoin à ce moment précis. Est-ce que c’est vraiment elle qu’il aurait dû appeler ? Est-ce qu’il n’a vraiment personne d’autre dans sa vie dans ce genre de moments ? C’est presque triste parce que si elle avait été absente de sa vie à ce moment T, qui aurait su où le trouver ?
« C'est une solution, je sais pas si c'est la meilleure mais ça fait du bien de plus rien ressentir, si tu savais. » Oh, les mots magiques. Lizzie l’envierait presque pendant cinq secondes. Des flashbacks de leur passé commun. Elle a le droit, juste cinq secondes ? Un, il y a le sentiment de légèreté. Deux, c’est apaisant, c’est grisant, c’est abrutissant. Trois, le cœur qui ralentit et le brouillard qui envahit le cerveau, happant toutes les ondes négatives. Quatre, le temps semble défiler plus lentement, on a l’impression d’avoir le monde à ses pieds et que tout le monde vous aime. Cinq, tout est bien plus beau et bien plus facile. Non, Lizzie n’a pas le poids sur ses épaules, elle n’est pas à plaindre. Elle a passé les dix dernières années à vivre sa meilleure vie, à voyager, à faire des rencontres. Qu’est-ce qu’il peut justifier qu’elle puisse l’envier, même pendant cinq secondes ? Wren ne se rend vraiment pas compte de ce qu’il dit. ‘‘J'ai laissé tomber l'amour de ma vie.’’ Elizabeth aurait envie de lui hurler qu’il n’a pas le droit de dire ça, qu’il ne doit pas le répéter à tout va comme ça. Qu’il a douze ans de retard, que le mal est fait et abouti, qu’il n’y a aucun retour en arrière. Il l’a dit lui-même, il ne peut pas réécrire le passé. « Je sais pas, Wren, et on le saura jamais. » Il n’y a aucun but à tenter de savoir comment ça aurait pu se passer. Refaire le monde avec des ‘si’ n’a jamais aidé personne.
Lizzie s’apaise un moment en le voyant se levant et elle veille derrière lui, suivant ses pas alors qu’il se dirige vers sa chambre. « Tu vas rester avec moi, vraiment? » Comment il peut même poser cette question ? Elizabeth reste un moment sur le seuil de la chambre, à l’observer se mettre sur son lit. Elle pourrait presque partir, là, non ? Non parce qu’elle préfère s’assurer qu’il aille bien et si ses yeux trainants sur les siens révèlent quelque chose, c’est bien qu’il ne va pas encore bien. Et Lizzie a assez aidé de personnes mal au point pour savoir que parfois, rester à leur chevet et parler est la meilleure des solutions. Et comment elle peut résister alors qu’il lui a demandé dans une voix presque enfantine si elle compte rester, sa main tendue vers elle ? La jeune femme froisse ses doigts entre eux avant d’entrer dans la pièce et d’attraper sa main. Toujours un glaçon alors qu’il lui parle de feu, qu’il lui évoque les brûlures et les flammes et les briquets. « Je reste avec toi, Wren. Je te lâcherai pas. » Pas ce soir en tout cas, pas quand il est aussi vulnérable qu’un enfant. Elle ôte ses chaussures avant de le rejoindre dans le lit. Elle s’assoit contre le mur avant d’inciter Wren à se redresser un peu, de se prélasser sur elle. Elle le positionne contre elle, près d’elle, ses jambes de chaque côté du jeune homme et ses bras par-dessous les siens s’enroulant autour de lui. Une position semi assise pour ne pas qu’il s’endorme. « T’es pas juste un Doherty. T’es Wren avant tout. Ne laisse pas ton histoire de famille enlever ce que tu es. Tu vaux mieux que ça, je l’ai toujours su. Tu persistes à croire que t’es la pire créature sur terre mais je t’assure que non. T’étais déjà à la hauteur. T’étais suffisant pour moi, Wren. Tu l’as toujours été. » Lizzie attrape de nouveau sa main, connexion imperceptible qu’elle se donne le droit d’avoir ce soir. C’est lui qui est shooté, c’est lui qui a l’excuse. C’est quoi la sienne, exactement ? D’être faible, d’avoir une cage thoracique trop petite pour son cœur qui s’emballe et qui veut s’envoler. Wren peut sûrement le sentir dans son dos s’il se concentre cinq minutes. Elle se pince les lèvres et pose son menton sur l’épaule du jeune homme, ses jambes pliées se resserrant un peu plus autour de lui. « Raconte-moi quelque chose de positif, Wren. Ton enfance, ton travail peut-être, des relations ? N’importe quoi tant que c’est heureux. » Et si elle entend quelque chose dont ses oreilles ne sont pas près à entendre, elle n’aura qu’elle-même à blâmer. Mais il faut que Wren se réveille et qu’il réalise qu’il a de quoi se raccrocher au monde. Que tout n’est pas enfer et flamme. Et tant pis si elle se brûle un peu au passage.
Dernière édition par Lizzie Potter le Sam 26 Oct 2019 - 14:28, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 24 Oct 2019 - 21:22 | |
| Il n'était qu'à demi conscient et quelque part, heureusement, parce qu'un Wren en pleine forme aurait eu bien du mal à réaliser que Lizzie était là. En chair et en os. Douze ans après, elle était encore capable de faire preuve de bonté le concernant, de le chérir alors qu'il ne le méritait pas le moins du monde. Encore une fois, il fallait qu'elle soit cette femme là pour lui, celle capable de le porter à bout de bras, de lui répéter qu'il n'était pas son père et qu'il était amplement à la hauteur pour ce monde. Pour elle. S'il avait été dans un meilleur état, Doherty aurait été plus qu'ému par tout cela puisqu'il n'avait jamais oublié Lizzie Potter. Comment aurait-il pu? On parlait tout de même de la plus belle brune du lycée, celle qui était en mesure de faire chavirer n'importe quel coeur avec un petit sourire innocent et des yeux ébène si perçants. Wren n'était pas invulnérable, pas autant qu'il le pensait en tout cas, puisqu'il avait cédé si aisément face à elle. N'importe qui d'autre aurait eu bien du mal à atteindre le coeur de ce grand dadais plutôt désagréable et froid mais Lizzie n'était pas comme toutes les autres. Elle était unique en son genre, parfaite dans son imperfection, douce et brillante, le plus beau rêve de Wren Doherty. Il n'aurait jamais été capable de le confesser en étant dans son état normal parce que le pompier n'était pas un homme qui se laissait aller à la débâcle de ses sentiments et pourtant, c'était sa seule réalité. Il avait tant regretté ce putain de choix qui avait provoqué cette terrible séparation mais dès qu'il y pensait, Wren filait vite en sens inverse, fermait son cerveau à la moindre pensée parce qu'il l'avait voulu. Être loin d'elle, ne plus pouvoir la serrer dans ses bras, lui sourire et l'embrasser, c'était la décision qu'il avait prise et il était clairement le plus gros des connards de l'avoir fait. Il n'y avait qu'en état totalement défoncé qu'il pouvait totalement s'assumer, dire à sa partenaire d'infortune qu'il avait été amoureux d'elle dès le départ, qu'il s'en voulait tellement d'être un pyromane comme son père, qu'il n'avait au final aucun contrôle sur lui-même. Effectivement, le suédois avait beau jouer les dandys, il ne pouvait pas mentir sur quelque chose d'aussi douloureux: il n'avait aucune idée de la personne qu'il était, Wren était simplement perdu entre ses fantasmes et cette cruelle réalité qui se rappelait si fréquemment à lui. Heureusement, Lizzie était encore là pour l'aider à se remettre sur ses deux jambes, pour le regarder se diriger avec difficulté jusqu'à son lit, s'y écrouler et attendre qu'il dise quelque chose, à nouveau. Wren avait tant de choses au fond de son crâne, tant de mots à prononcer encore mais la migraine le happait, tout comme les tremblements qui sapaient tout contrôle de ses membres. Pourtant, il sentit la main chaleureuse de Lizzie attraper la sienne alors qu'elle s'engageait dans le lit à son tour et Wren eut l'impression de pouvoir respirer normalement à nouveau. Sa présence l'apaisait et elle continuait à être parfaite au possible en le calant contre elle, ses bras l'entourant alors que Wren s'extasiait de pouvoir humer son parfum une nouvelle fois. Il sentait toutes les sensations le submerger, tous les souvenirs également parce que cette scène, ils l'avaient vécu des dizaines de fois, au petit matin, alors que la tête de la brune se posait sur son épaule, ses doigts frôlant les siens. Doherty cherchait à les attraper à tout prix, se concentrant sur ce contact pour ne pas avoir à s'endormir, pour ne plus sombrer et entendre le moindre mot qu'elle avait à prononcer pour lui. "Est-ce que je le suis encore, cela dit?" A la hauteur de Lizzie Potter, il en doutait fortement. Peut être ne cherchait-il aucune réponse réelle parce que la jeune femme avait raison, personne ne savait comment les choses se seraient passées entre eux. Lizzie aurait peut être tenu le coup à ses côtés ou alors, elle l'aurait méprisé pour la destruction de sa carrière. Wren ne voulait pas penser à ce passé hypothétique, simplement se concentrer sur les tentatives désespérées de la beauté dans son dos de le garder avec elle. Il tenait le coup, il caressait ses doigts et il fermait les yeux, sans pour autant tomber entre les bras de Morphée. Ceux de Lizzie étaient bien plus confortable de toute manière. "Ce que j'ai de plus heureux, c'est toi. Ca a toujours été toi. Les moments où on faisait le mur pour se retrouver chez l'un ou chez l'autre, les manières dont on refaisait le monde et les rêves qu'on avait... Je revois ton sourire et tes yeux pétillants, la façon dont tu te collais contre moi le matin et l'envie constante de t'embrasser quand tu me regardais avec tes yeux de chat botté. Ce qu'on a partagé, c'est le plus beau que j'ai en moi, Lizzie." Il ne mentait même pas en lui disant cela, c'était la seule réalité qui avait compté à ses yeux et même cela, il l'avait perdu. Pourtant, Wren essayait de le raviver à travers ses paupières, ses doigts cherchant à s'entrelacer avec ceux de la belle Potter parce qu'elle avait beau être présente, elle lui manquait tout de même. Elle lui manquerait toujours et son coeur le hurlait au fond de sa poitrine, la drogue n'ayant plus aucune place à l'intérieur, il n'y avait plus que Lizzie Potter à nouveau.
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| | | | (#)Ven 25 Oct 2019 - 14:49 | |
| « Est-ce que je le suis encore, cela dit? » Être à la hauteur d’une actrice qui ne l’est plus depuis plus de dix ans, il n’y a pas de quoi avoir de haut standard. Et pourtant, Wren lui démontre qu'il pense ne jamais l'avoir été. Est-ce qu’au final, il a un peu trop entendu les reproches de maman ? Cette même mère avait qui Lizzie se disputait constamment, Wren ayant été un motif d’embrouille bien trop récurrent pour son bien. Il a pensé plus à sa carrière qu'elle-même et ça lui fout un coup au ventre en voyant que le résultat n'est du coup pas à la hauteur. Elle aurait pu briller mais elle a eu peur. Son ego a été froissée plusieurs fois et elle a toujours eu du mal à se remettre en selle. Au final, c'est Lizzie qui n'a pas été à la hauteur. Wren a vu trop grand pour elle, il a nourri plus d'espoir pour elle qu'elle aurait pu croire. « Tu peux être à la hauteur de n'importe qui, Wren. Pour le peu que tu t'en donnes les moyens. » Elle ne peut pas le rassurer alors qu’elle-même n’en sait rien. Elle n’a aucune idée de ce qui aurait pu se passer. Et ce qui pourra se passer dans le futur reste avec un grand point d’interrogation. Elle ne sait pas où elle va, elle ignore où ses pas la guideront. Est-ce qu’elle aura les reins solides pour la suite, les épaules assez larges pour supporter tout le reste ? Lizzie a bien rencontré des personnes qui disent voir dans un tas de feuille ou un jeu de tarots mais il n’y a que dans les fictions que ça existe.
« Ce que j'ai de plus heureux, c'est toi. Ça a toujours été toi. Les moments où on faisait le mur pour se retrouver chez l'un ou chez l'autre, les manières dont on refaisait le monde et les rêves qu'on avait... Je revois ton sourire et tes yeux pétillants, la façon dont tu te collais contre moi le matin et l'envie constante de t'embrasser quand tu me regardais avec tes yeux de chat botté. Ce qu'on a partagé, c'est le plus beau que j'ai en moi, Lizzie. » Et pourtant, tu as tout arrêté. Il a fallu que tu te braques, que tu te montres sous ton pire visage, que tu me repousses le plus loin possible. J’étais ton plus beau moment mais la difficulté à gérer ce détail prend des propositions immenses. Jamais il n’aurait été possible de concevoir que tu l’avais autant aimé, Wren. Ton honnêteté, ou plutôt une accentuation flagrante de déshabitions qui enlève tous les filtres qu’auraient pu se mettre habituellement sur le trajet, la foudroie. La percutant comme un camion arrivant à pleine vitesse, sans crier garde. Seulement toi, tu ne freines pas. Comment le pourrais-tu ? Tu es sur une autre planète, dans un autre monde, dans un univers que seul toi peut comprendre. Les bras de Lizzie autour de Wren sont peut-être le seul repère, la seule attache qu’il a avec le monde réel et pourtant. Elle aurait envie de les ôter, soudainement, parce que c’est bien trop d’un seul coup. Tu ressens son palpitant qui s’embrase de nouveau pour toi ? Qui cogne ses côtes, qui fait mal à sa poitrine, trop petite, trop étroite pour subir de tels assauts ? Est-ce que tu peux voir qu’elle cligne des yeux, furieusement, rapidement, plusieurs fois, pour camoufler des larmes qui menacent de s’écrouler ? Lizzie n’a aucune excuse. A part celle d’avoir la pression qui redescend peut-être un peu, tout en étant un peu plus accentuée par la proximité et les mots de Wren. Qui cherche sa main, qui caresse ses doigts, qui se laisse aller complètement contre elle. C’est ce qu’elle a demandé, non ? Pour son bien-être. Pour être sûre qu’il respire. Ce n’est qu’une parenthèse, qu’un moment d’assistance face à une personne en danger. C’est aussi simple que ça. Même si le danger n’est peut-être pas forcément très clair, là. Est-ce que c’est toujours lui, ou est-ce que c’est elle ? Qui est en train de mettre l’autre en péril ? Elizabeth ne veut pas se poser de questions. Elle aurait envie d’un joint. Ce n’est pas aussi efficace que ce que Wren a pris mais ça aurait quand même le mériter de l’apaiser – enfin, c’est ce qu’elle pense. Mais c’est impossible de bouger. Elle ne veut pas, autant être clair là-dessus. Retrouver Wren dans ses bras réveille de vieilles sensations. Positives, pour une fois, parce qu’ils sont vulnérables tous les deux au final. Elizabeth ne veut pas se laisser berner mais ce qu’il dit, ce qu’il évoque, elle n’a pas besoin de fermer les yeux pour en revoir les images. « T’étais la meilleure bouillotte du monde. » dit-elle doucement en souriant brièvement, essayant de mettre à part qu’il ne l’est pas du tout en ce moment. Tout pour qu’il se sente bien. Ne pas se laisser submerger par d’autres émotions, se laisser sur le bas-côté pour une fois. Lizzie n’a jamais été très égoïste de toute manière. Le bonheur des autres passe avant le sien. Et là, Wren a besoin qu’on le mette en avant, qu’on pense à lui en premier. Alors douze ans après, elle le fera. Au moins pour ce soir, elle oubliera tout le merdier qu’il a provoqué dans sa tête, dans son cœur, dans son esprit. Démêler le sac de nœuds est repoussé, ça peut attendre plus tard. Est-ce que ça veut dire qu’elle compte le revoir ? Pas forcément. Elle n’en sait rien. Pour le moment, la seule chose qui compte, c’est de serrer un peu plus son bras autour de lui, accentuer la pression de ses doigts autour des siens et même laisser choir sa tête contre la sienne. Juste pour qu’il sache qu’elle est bien là, qu’elle est bien plus réelle que ce qui se trame à l’intérieur. « Tu te rappelles de ma mère qui a essayé de te chasser à coup de balai après t’avoir découvert à moitié sur moi ? Je crois qu’elle ne s’en est jamais vraiment remise. » dit-elle sur un ton léger, presque amusé. Sa mère n’a jamais aimé Wren et elle ne s'en est jamais vraiment cachée. De toute façon, sa mère n’a jamais aimé personne qui aurait pu la distraire de leurs objectifs. « Quand j’étais avec toi, je pouvais être une ado comme les autres. Amoureuse et stupide, faire des conneries, m’amuser… Est-ce que t’as regretté ? » Lizzie abuse certainement de la situation. Elle profite peut-être qu’il soit vulnérable et atteignable, qu’il n’ait pas sa carapace autour de lui pour le protéger d’éventuelles questions qu’il n’aimerait pas entendre et encore moins répondre en temps normal. Lizzie tourne la tête, ses lèvres au niveau de son oreille alors que son nez est chatouillé par ses cheveux. « Parce que malgré tout, si c’était à refaire, je le referrai. T’étais unique à mes yeux, Wren. » murmure-t-elle presque tellement doucement et bas que s’il ne l’a pas entendu, elle ne serait pas surprise. Si dans sa tête les souvenirs le ravivent, il pourra noter la référence. Elle fait mal autant qu’elle est remplie de réalité. Il a été le seul et elle en vient à croire qu’il restera le seul.
Même si leur histoire s’est soldée par un échec, par des larmes, par des mensonges bafoués et une honte à ne plus savoir quoi en faire. Mais tout ça, Lizzie le zappe. Pour une fois en douze ans, elle met de côté tout le paquet et elle se concentre sur le positif. Parce que Wren a besoin d’elle. C’est la seule chose qui importe.
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| | | | (#)Sam 26 Oct 2019 - 14:39 | |
| Il n'avait plus toute sa tête mais Wren avait encore tout son coeur, c'était l'évidence qui ressortait alors que la drogue faisait son petit bonhomme de chemin dans tout son corps. Le jeune homme n'arrivait plus réellement à formuler des pensées cohérentes mais son palpitant n'avait jamais été aussi enclin à s'évader vers la vérité. Qu'elle pouvait être belle cette vérité, d'ailleurs. Son histoire avec Lizzie était partout à l'intérieur, dans chaque recoin de cet organe que Doherty avait cru si petit depuis plus de douze ans mais c'était bel et bien faux. Il y avait quelque chose d'exceptionnel qui se terrait à l'intérieur de cet endroit dissimulé aux yeux de tous et surtout, il n'y avait qu'une personne qui le peuplait depuis tout ce temps. Le visage de la brunette y était collé sur tous les murs, toutes les images de leur vie à deux hantaient chaque pièce que ce coeur pouvait comporter et Wren avait eu beau essayer par tous les moyens de compartimenter, il ne pouvait pas mettre tout cela à la poubelle. Chaque instant restait gravé irrémédiablement et il lui était impossible d'y mettre de l'ordre: Lizzie était là et elle y resterait parce qu'elle avait toujours été si précieuse à ses yeux. Doherty l'avait laissé s'échapper, certes, mais il n'en avait pas oublié tout ce qu'ils avaient pu partager et le jeune homme avait toujours été assuré qu'au moment du jugement dernier, sa pensée ultime se tournerait vers elle. Son sourire, ses yeux ébène, son rire si communicatif, sa douceur et son brin de folie quand elle le voulait. Même dans ce moment de crise, elle était de nouveau là, pour le serrer contre elle, lui murmurer de jolis mots et lui faire espérer que tout finirait par aller mieux. Il n'avait plus à se détruire de la sorte, pas alors qu'il y avait une femme aussi merveilleuse qui croyait autant en lui. Wren n'avait pas la force nécessaire pour le réaliser à ce moment là mais son coeur battait toutefois plus fort parce qu'elle osait lui dire qu'il était à la hauteur de n'importe qui. De n'importe quel rêve. Lizzie avait raison, il ne s'était jamais donné la moindre chance, préférant sacrifier le peu de beauté qu'il avait au fond de lui pour se tourner vers son côté obscur. Tout ce qui pouvait justifier qu'il appartenait à la famille Doherty était ce qu'il choisissait toujours. Quel idiot il avait pu être parce qu'il était sa propre personne et quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance lorsqu'il aimait. Après tout, Wren avait toujours tout donné pour le reste de sa fratrie et il avait été tellement fidèle à Lizzie qu'il n'avait jamais pu aimer qui que ce fut d'autre, c'était ce qu'il était,un homme loyal jusqu'au bout de ses limites. Il préférait s'épuiser plutôt que d'oublier et en cet instant, le jeune suédois ne voyait plus que ces images là, celles qu'il partageait avec la belle Potter, ses doigts s'accrochant au sien, un sourire naissant sur ses lèvres parce qu'elle lui contait qu'il avait été une bouillotte d'exception pour elle. "Et maintenant c'est toi ma bouillotte, joli paradoxe, non?" Les yeux mi clos encore, Wren essayait de tout remettre en ordre dans son esprit mais la drogue y paradait encore, la descente s'effectuant peu à peu, tout doucement parce que l'héroïne était le pire monstre que le monde avait créé. Néanmoins, Doherty ne s'inquiétait plus, pas tant qu'il se perdait entre les bras de sa jolie Lizzie, elle qui écoutait ses paroles et qui y répondait avec la même nostalgie dans son timbre de voix. Elle entendit sûrement l'éclat de rire qui s'échappa de la gorge de Wren au moment où ce souvenir fut remis sur le tapis, si longtemps après avoir été vécu. Mais jamais oublié, ô grand jamais. "Je la comprendre, elle te voyait comme un petit enfant sage, décevant de savoir que tu pouvais t'acoquiner avec un Doherty, sans honte en plus parce que tu l'as engueulée en plus, non?" Lui s'était contenté de partir en courant avant de se faire aplatir par un instrument de torture. Il savait que la mère de Lizzie ne l'avait jamais porté dans son coeur mais Wren avait toujours essayé d'y faire abstraction puisque la seule chose qui comptait, c'était que Lizzie l'avait choisi, lui, malgré cela. "Notre histoire? Jamais, bien sûr que non. C'est la fin que je regrette parce que le mensonge était insupportable. T'étais autant unique à mes yeux. Et tu l'es toujours, Lizzie." Il réussit à tourner son regard vert d'eau vers le sien, elle était si proche et il lui souriait. Comme au premier jour. Il avait envie de pleurer à nouveau, propulsé douze ans en arrière à prendre la pire décision de toute son existence parce que Wren Doherty aimait Lizzie Potter. Et là, tout de suite, il l'aimait encore. Cela ne s'effacerait jamais, ses doigts tremblants passant sur sa joue si douce et si chaude, elle était si jolie et lui si abîmée. Pourrait-il être à sa hauteur un jour? Wren ne pouvait que le rêver, rien de plus.
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| | | | (#)Sam 26 Oct 2019 - 20:59 | |
| « Et maintenant c'est toi ma bouillotte, joli paradoxe, non? » Un paradoxe dont Lizzie se passerait bien. Il n’arrivera à trouver la chaleur qu’une fois qu’il reviendra à lui-même. « Je la comprendre, elle te voyait comme un petit enfant sage, décevant de savoir que tu pouvais t'acoquiner avec un Doherty, sans honte en plus parce que tu l'as engueulée en plus, non? » Wren rit et Elizabeth ne peut s’empêcher de sourire. Parce que ce sont leurs meilleurs souvenirs, qu’ils les aient ont gardé avec tendresse de leurs boites à l’intérieur. « Faut dire que t’as été le sujet de débats passionnés entre elle et moi. Doherty ou non, elle n’aimait personne qui osait me distraire ou qui n’était pas assez bien. Ou plutôt, qui était inutile pour mon avenir. » Et Doherty, il en avait été le parfait exemple. Lizzie lui épargne les discours dont elle avait eu le droit suite à leur rupture, les ‘‘je te l’avais dit’’ et autres ‘‘ce n’était qu’un bon à rien de toute façon’’. Même après la rupture, l’adolescente avait porté le problème sur ses épaules et elle avait détesté sa mère avec encore plus de passion de l’enfoncer comme ça. Mais tout ça, elle le garde pour elle. Surtout dans son état actuel, Wren n’est pas obligé de savoir tout ça.
« Notre histoire? Jamais, bien sûr que non. C'est la fin que je regrette parce que le mensonge était insupportable. T'étais autant unique à mes yeux. Et tu l'es toujours, Lizzie. » Wren lève sa tête vers elle, il tourne son regard pour croiser le sien. Il sourit et il lui caresse le visage. C’est trop, tout d’un coup. C’est beaucoup trop pour Lizzie. Elle est en train d’étouffer, elle est en train d’avoir une poussée de stress non voulue et non agréable. Elle a besoin de sortir, elle a besoin de s’échapper et de s’éloigner de lui. Il est différent, Wren n’est pas comme le commun des mortels, il navigue sur des plates-bandes dangereuses et il ne s’en rend pas compte. Il ne voit qu’il est en train de la faire défaillir, vertigineusement, de beaucoup trop haut et que ce n’est pas possible. Il lui rappelle une nouvelle fois que la raison de la rupture n’avait été celle qu’elle avait pensé pendant douze longues années, qu’il remet tout en question juste en posant ses yeux totalement dénués d’émotion sur elle. Pourtant, il y a une parcelle de vie au fond de ces rétines et Lizzie est assez proche pour la voir. Et c’est pour ça qu’il faut qu’elle s’éloigne. Un réflexe qu’elle a adopté, une conséquence de son mensonge sur elle. Un manque flagrant de confiance à se confier à qui que ce soit, à ouvrir son affection et son cœur. Tout ça alors qu’il lui a menti. Il n’est pas parti parce qu’il l’aurait trompé mais parce qu’il l’aurait aimé. C’est quoi, cette logique tordue ? Elizabeth aurait aimé apprendre à se taire, parfois, parce que c’est elle qui a lancé le sujet. Pourquoi elle a fait ça ? Wren la rend faible et le voir dans cet état-là, tel un animal blessé et perdu, ça lui fait grossir son instinct de protection qu’elle a envers les gens qu’elle aime. Et elle l’aime toujours, putain. C’est violent comme réalisation mais c’est là, c’est présent, c’est brûlant. Mais c’est quelque chose qu’elle gardera pour elle parce qu’elle ne veut pas perdre son temps avec ça. Les sentiments, ça demande trop d’énergie, c’est trop épuisant, ce n’est pas ce qu’elle veut. D’où le fait qu’elle veuille s’enfuir, l’éloigner d’elle, ouvrir la fenêtre, s’aérer l’esprit. Fumer un putain de joint. Alors Lizzie déglutit tout en posant sa main sur celle de Wren et la faire glisser vers le bas jusqu’à ce que ses doigts ne touchent plus son visage. « Arrête ça, Wren. » T’es en train d’enfoncer le clou, tu tortilles un peu plus le couteau et ce n’est pas tenable, comme situation. Elizabeth le relève doucement pour extirper ses jambes afin de sortir du lit. Les mains tremblantes, elle affiche cependant un calme olympien sur les traits de son visage, une capacité à montrer le froid quand elle ressent le chaud. « Ne ferme pas les yeux, d’accord ? Essaie de… Je sais pas, de compter jusqu’à ce que je reviens, ok ? » Lizzie pourrait presque caresser son visage, balayer les mèches qui s’y baladent mais c’est hors de question. Ses doigts se replient entre eux, elle se redresse et finit par sortir de la chambre pour se diriger vers la cuisine. Son calme, sa confidence, ses nerfs, tout commence à s’écrouler alors qu’elle arrive dans la pièce. Elle est chez lui, tout respire son odeur et il vient de se piquer le bras, bordel. Elizabeth accueille les larmes sur son visage tout en mettant sa main devant sa bouche, adossée au plan de la cuisine. Elle ne sait pas ce qu’il faut faire, elle a peur de faire quelque chose qui ne faut pas, pourquoi il l’a contacté elle et pas quelque d’autre, bordel ? Ils ne sont que des inconnus de nouveau, ils devraient tout réapprendre, tout retrouver et une fois les retrouvailles effectuées, elle n’aurait pas pensé avoir de ses nouvelles. Pas aussi vite, pas aussi tôt. Pas de façon aussi dramatique. Pas pour le retrouver dans sa salle de bain avec sa lumière qui ne tient qu’à un bout de fil. Elizabeth essaie de se calmer, elle finit par passer les mains sur ses joues pour ôter les traces de ses larmes. Elle s’agrippe au lavabo, tentant de reprendre une respiration normale. Respirer, expirer. Recommencer. Elle aurait presque pu s’en fumer une, ici, mais elle ne veut pas le laisser seul trop longtemps. Alors la jeune femme finit par regarder autour d’elle, ravalant ses émotions et cherchant activement un verre. Elle prend le premier qu’elle trouve et qui a l’air propre avant de le remplir d’eau. Elle en profite pour passer sa main sous le jet et s’humidifier la peau de la nuque. La pression la fait transpirer et ce n’est pas le genre de chaleur qu’elle apprécie le plus.
Quelques minutes après, Lizzie est de nouveau auprès de lui, s’asseyant sur le rebord du lit et lui tendant le verre d’eau. « Essaie de boire un peu, Wren. » Elle porte le verre à ses lèvres tout en penchant la tête, ne lui donnant pas vraiment l’opportunité de protester. « Tu te sens mieux ? » S’il se sentait mieux, il n’aurait pas eu besoin de se piquer, sombre idiote. « Est-ce que tu veux que j’appelle quelqu’un ? » Pour qu’elle puisse s’enfuir, pour qu’elle puisse se carapater de cette chambre qui elle aussi lui parait bien trop étroite. Wren doit bien avoir quelqu’un qui peut veiller sur lui, Elizabeth n’étant pas franchement la mieux placée pour ce genre de choses.
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| | | | (#)Sam 26 Oct 2019 - 21:36 | |
| Dans ses yeux brillait toute l'admiration qu'il pouvait avoir pour elle. Wren n'avait toujours eu d'yeux que pour elle de toute manière, les autres filles n'avaient été que des distractions, qu'une façon des plus communes de passer le temps en attendant qu'elle lui revienne. Il n'avait attendu qu'elle tout ce temps, son coeur endormi sous des kilomètres d'acier. Personne ne pouvait l'approcher, le jeune suédois ne comptait pas se laisser aimer une fois encore, par peur des conséquences, de tout ce qu'il était capable de briser par sa simple présence. Après tout, il l'avait brisée, elle. Lizzie. Sa Lizzie. La femme la plus merveilleuse qu'il avait eu la chance de rencontrer. Tout le reste n'avait pas la moindre importance et il aurait beau se repentir pour les siècles à venir, Doherty ne pourrait jamais se pardonner de ce fait là. De tout, sauf de cela. Lizzie n'aurait jamais dû être un dommage collatéral de sa faiblesse et même s'il n'était encore qu'un adolescent à cette époque, cela n'excusait en rien son attitude auto-destructrice. La jeune femme avait tout de même été là pour le supporter au quotidien alors que tant d'autres avaient toujours tout mis en place pour le fuir et ils avaient eu raison, ces gens-là. Wren n'était qu'un emmerdeur de première, qu'un homme en qui il ne fallait pas faire confiance puisqu'il n'était né que pour répandre le chaos autour de lui, tout comme son père. C'était pour cette raison qu'il avait utilisé cette aiguille, meurtrissant sa peau pour faire taire son coeur, en vain. Lizzie avait été là pour le rattraper au vol et il ne faisait qu'en rajouter. La pauvre devait souffrir le martyr mais le pompier n'avait pas l'air d'y prendre garde, s'attardant sur les traits de ce visage qu'il aimait tant. Il se rappelait de chaque détail et était bien heureux de les revoir, retournant douze années en arrière en une simple caresse sur sa joue, ses yeux verts d'eau plongeant dans les siens à la quête de tous les mystères de l'univers. Potter ne pourrait pas lui apporter la moindre réponse, à la place, elle le supplia d'arrêter avant de s'échapper sans qu'il n'ait eu le temps d'agir, la drogue annihilant sa capacité de mouvement habituelle. Wren se laissa choir au fond du lit, son dos finalement collé au matelas froid de son lit et là, maintenant, il se sentait mal. Seul. Perdu. Elle n'était plus là, elle l'avait fui et sa vie n'était pas exquise quand elle brillait par son absence. Il commença à trembler, de froid ou de l'héroïne, il n'en savait rien mais Wren dût s'entourer de ses bras pour faire passer la douleur qui se distillait de tout son être. Il laissa échapper quelques larmes, tordu par la haine qu'il avait envers lui-même. Au fond, le suédois n'était qu'un gamin qui avait dû grandir trop vite, assumer à un âge où il n'était pas en mesure de le faire et le poids des décisions cruelles qu'il avait dû prendre pesait désormais plus que jamais sur ses épaules plus frêles qu'il ne l'aurait voulu. Alors qu'il était en proie à une mort certaine, Lizzie réapparut sur le bord du lit, le forçant à avaler un peu d'eau, comme si cela suffisait à le remettre debout. Rien ni personne ne pouvait le relever désormais, il ne voulait plus que disparaître parce qu'il continuait à faire du mal autour du lui, à la blesser, elle, son ange déchu. "Non. Non. Non." Il hochait la tête en signe de dénégation, ses muscles s'accrochant à son pull alors qu'il répondait à toutes les questions en même temps, sans savoir ce qu'il essayait réellement de lui dire. Il se sentait juste implosé et peut être que le tout annonçait la fin, peut être que c'était là que tout devait s'arrêter. Peut être, oui... "C'est toi et moi. Ou moi et personne. Je veux personne d'autre." Allez savoir s'il parlait de l'aide dont il avait besoin à l'heure actuelle ou de la réalité de son existence, dans son ensemble. Tout ce que Wren savait, c'était que la douleur s'emparait de lui à n'en plus terminer et qu'il avait peur. Si peur. "Je sais que tu me pardonneras jamais pour tout ça et t'as tout à fait le droit de partir, Lizzie. Comme je l'ai fait avec toi il y a quelques années. Cruellement. Quand t'avais besoin de moi. Tu peux te venger, fais le, je t'en voudrais pas." Pourtant, il aurait envie de mourir, assurément. "Je changerai pas d'avis pour autant sur toi parce que t'es la seule et l'unique, Lizzie et que si le destin t'a remis sur mon chemin, c'est pour une raison. Pour que j'ouvre les yeux sur qui je suis et ce que j'ai été pour toi. Ne plus jamais refaire cette erreur. Ne plus jamais laisser partir un ange." Son regard embué se porta finalement vers le sien, ses muscles endoloris par la force qu'il mettait à s'accrocher à son propre vêtement. Si c'était comme cela qu'il devait quitter cette terre, il l'acceptait parce que son coeur s'envolerait vers Lizzie au moment de son dernier souffle et c'était le seul souhait raisonnable que Wren Doherty avait eu.
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| | | | | | | | Heaven or hell. Guilt or forgiveness. Left or right. ¤ Lizzie |
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