Lizzie sait tout mais son cerveau est vidé d’un rien complet. Un néant total, abruti d’avoir été berné pendant autant d’années, de ne jamais s’être posé de questions, de ne pas avoir vu sous la carapace de l’homme qu’elle aimait. Elle aurait dû voir que ce n’avait été que des mensonges. Si elle avait pensé si bien le connaitre, elle aurait vu que ce n’était qu’une tentative de sa part de la libérer pour vivre une vie meilleure. Mais Elizabeth n’a rien vu. Elle est restée les yeux embués cloués au sol, son attention rivée sur sa propre fierté et son unique douleur, son cœur en miette par terre à ramasser et à recoller, sans jamais avoir levée la tête pour le regarder. Pour voir à travers son regard vert d’eau qu’elle n’a jamais oublié, pour observer les traits de son visage se tendre alors qu’il lui dégueulait des mots que lui-même débectait. Elle aurait même pu voir cette larme sur sa joue si elle l’avait retenu, peut-être que lui ne l’aurait pas retenu, cette petite coulée d’eau, qui aurait trahi et tout remit en question. Toutes ces années perdues, foutues à l’eau parce qu’elle s’est montrée lâche à ne pas lui courir après. Elle l’avait traité en ces termes mais au final, c’est elle, la lâche. Elle qui a préféré se terrer, s’emprisonner dans son mal être, raser les murs, se faire toute petite et se jeter dans d’autres corps pour tenter de l’oublier. Mais Lizzie ne l’a jamais oublié, pas quand elle sentait ce frein au moment où la moindre étincelle amoureuse aurait pu s’enclencher. Elle ne l’a jamais oublié quand son cœur semblait battre à tout rompt, qu’elle commençait à avoir les étoiles dans les yeux et les mains moites. Mais ça s’interrompait toujours en pente brutale, avec une fuite pure et simple de sa part. Parce qu’elle ne pensait qu’à lui, à chaque fois, quand elle ne le demandait pas, quand elle avait besoin d’une explication. Son visage n’a eu de cesse de venir tourmenter son esprit et le revoir à présent n’arrange absolument pas les choses.

Maintenant, tu sais. Tu as vu. Tu sais tout. Lizzie aurait aimé voir avant. Elle aurait aimé savoir tout dans ce passé qu’elle ne cesse de vouloir rechercher les pages qu’elle peut brandir pour l’éloigner d’elle. Elle n’a pas oublié la sensation de l’avoir dans ses bras, de respirer son odeur, de la douceur de ses cheveux. Si on oublie la peur et l’anxiété qu’elle a eu ce soir-là, son être tout entier ne s’était pas attendu à le savoir et le sentir aussi proche de lui. Elle n’ignore pas que chaque pore le réclame, qu’ils veulent le ressentir de nouveau, que la seule façon de respirer est avec lui dans ses bras. Mais son cerveau réfléchit, il turbine trop, il met les freins, il ralentit la cadence de ce corps, de ce cœur qui ne demandent qu’à l’avoir près d’elle. Comment elle aurait réagi si elle avait appris qu’il avait quelqu’un ? Est-ce qu’elle aurait réagi pareillement, est-ce qu’elle aurait ce même désir de reconnecter avec lui ? Lizzie veut croire qu’elle est au-dessus de tout ça. Parce qu’elle nourrit le véritable sentiment de vouloir l’aider, que la main qu’elle lui tend est sincère et honnête. Jamais elle ne pourra tourner le dos à qui que ce soit en détresse. Et Wren est en détresse. Une détresse hors norme, une détresse qui dépasse son simple entendement, mais une détresse qui le laisse fragile et vulnérable, bien plus qu’il ne veut le laisser croire. Elizabeth n’a jamais ignoré son bon fond, celui qui la faisait sourire, rigoler, rougir et chavirer. Et maintenant, elle doit se faire à l’idée que même derrière la rupture qui a été bercée par de doux mensonges, le faisait le haïr pour de mauvaises raisons, ce bon fond qu’il possède mais qu’il cache derrière toute cette crasse d’un nom de famille qu’il porte comme un fardeau lui explose de nouveau en pleine figure.
Lizzie sait qu’il n’y a pas de retourneur de temps dans le monde réel. Que jamais Wren ne pourra revenir en arrière pour réparer, améliorer, arranger les choses. Ils ne leur restent que l’avenir, que ce moment-là, bien présent et bien réel, pour décider de la trajectoire de leur relation. Une relation conflictuelle, une relation qu’elle ne sait pas trop comment gérer, tanguant sur un fil qui peut passer aussi bien d’un côté que de l’autre. Pile ou face, entier ou rien du tout. Elle passe nerveusement ses dents par-dessus sa lippe alors qu’il revient vers elle, dans le fond comblée et rassurée qu’il ne s’éloigne pas. Qu’elle a réussi à le faire stopper cette fois-ci. L’australienne scrute les yeux brillants du suédois, à nus et débordants de propos que ses lèvres ne disent pas. Elle a de nouveau les mains moites, elle a encore une fois le cœur qui s’emballe et l’air environnant n’est pas suffisant pour qu’elle puisse respirer normalement. Je veux pas te tourner le dos, Lizzie. Plus jamais, alors laisse moi l'occasion de ne plus le faire, s'il te plaît. C’est de sa faute, c’est elle qui le fait fuir, parce qu’elle n’a pas les idées claires, parce qu’elle lui jette à la figure tous les reproches cumulés de douze longues années. Des reproches qui sonnent vides et creux quand la vérité explose. Lizzie regarde la main tendue vers elle – ce n’est pas elle qui est censée faire ça, normalement ? Elle secoue la tête mollement tout en le regardant de nouveau, sa main plongeant dans la sienne. « Je n’aurai jamais dû te laisser partir en premier lieu aussi facilement. Si tu penses avoir été stupide à l’époque, c’est moi qui le suis de ne pas avoir pu voir la vérité. J’aurai tellement, tellement aimé que tu reviennes plus tôt, Wren. » Elle pince ses lèvres entre elles, les yeux faiblissants entre eux. « Je ne veux pas te faire fuir une nouvelle fois. Mais tu dois me laisser du temps. Parce que oui, tu me fais peur, Wren. Tu me fais ressentir exactement tout ce que je rejette depuis des années et je ne suis pas prête à ça. » Sa main libre aux doigts tremblotants se dirige timidement vers sa joue, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres, incertaine et mélancolique. « Tu as toujours réussi à chambouler mon existence, Wren Doherty. » Pour le meilleur et pour le pire, qu’elle le veuille ou non.

Reconstruire le plus beau lien que l'univers lui avait donné à vivre, ce n'était pas une mince affaire mais Wren était prêt à assumer le défi. Enfin, il comprenait qu'il ne pouvait pas toujours se cacher derrière mille excuses, partant de ses peurs atroces qui hantaient son coeur. La vie passait trop vite pour avoir le temps de se perdre en tergiversations inutiles, en ruptures sans saveur. Doherty savait qu'il était temps de grandir, de prendre le taureau par les cornes et laisser échapper les mots qu'il avait contenus douze années auparavant, ce discours qu'il aurait dû prononcer sans honte et sans gêne parce que c'était Lizzie qui devait le recevoir et qu'elle le connaissait mieux que personne. Elle l'aimait mieux que personne et il ne pouvait pas refuser un tel privilège d'avoir une femme comme elle, se condamnant corps et et âme à l'aimer malgré ses failles béantes. Alors, le suédois tâchait d'effacer les peines qu'il avait apportées, espérant que la belle Potter finirait par acceptait qu'il n'était pas qu'un vilain dans cette histoire. Il était capable du meilleur, si on lui offrait sa chance et elle était la seule à qui il avait toujours désiré la donner. Aujourd'hui plus que jamais, c'était une réalité parce que Wren s'était instinctivement tourné vers elle quand il avait injecté cette seringue de poison dans son bras et c'était à elle qu'il avait envoyé un message ce soir-là également. C'était toujours vers elle qu'il avait envie d'aller et si la vie ne devait avoir aucun sens, ce geste-là pourtant, en avait beaucoup trop. Il se doutait que ce n'était pas une situation aisée pour Lizzie, tiraillée entre le mal être qu'elle avait subi bien malgré elle pendant douze ans et cette envie de faire table rase de tout ce récit pour en créer un meilleur. Un plus beau, pour eux deux. Wren ne pouvait que lui tendre la main, à défaut de pouvoir essuyer les larmes du passé et la prendre dans ses bras pour compenser le milliard d'années d'absence. Non, il ne pouvait pas faire tout cela mais il pouvait sentir sa main se coller dans la sienne et cette fois, il put expirer tout l'air qu'il avait contenu jusque là,sans s'en rendre compte. Comment aurait-il réagi si elle lui avait refusé ce renouveau? Si elle lui avait balancé sa main dans la tronche avant de ramasser ses clic et ses clac et de débarrasser le plancher? Wren aurait certainement vite dit merde à sa rédemption récente pour aller cramer une voiture et il en avait parfaitement conscience. Elle n'avait pas refusé, pas le moins du monde alors ce n'était pas la peine d'y penser, écoutant le discours de la belle brune qui se blâmait finalement pour leur rupture autant que lui. "T'étais pas devin, Lizzie alors ne t'excuse pas pour quelque chose que tu ne savais pas... J'aurais aimé tellement revenir avant, moi aussi. Vraiment." Il avait tellement erré ces dix dernières années mais Wren n'avait pas imaginé que Potter était encore dans le coin. Non, il l'avait vu devenir une super star des milliers de fois dans son crâne alors, il n'avait pas retourné tout Brisbane pour rentrer en contact avec elle. Comme un idiot, il avait lâché l'affaire mais là, il n'allait pas lâcher sa main, sentant son pouce en caresser le dos subtilement, comme pour garder un contact serein avec la réalité. Après tout, il sentait les doigts de Lizzie voyager contre sa joue et c'était beaucoup d'émotions à digérer d'un coup. "Je suis patient et discipliné, Lizzie, c'est pas un problème ça. Par contre, je peux vraiment pas te promettre de rien te faire ressentir en attendant, tu me connais, je suis chiant et j'ai toujours adoré te perturber." Il osa lui faire un clin d'oeil, en souvenir du bon vieux temps avant de fermer les yeux pour sentir le contact de Lizzie et cela l'apaisait. Wren n'aurait jamais pu croire qu'il se sentirait ainsi, à peine quelques semaines après son dérapage mais la brune était celle qui le canalisait, qui le faisait tenir. Elle était sa paix intérieure et quand elle lui répétait qu'il chamboulait tout son monde, comment pouvait-il la regarder dans les yeux sans avoir envie de l'embrasser alors que ce n'était pas encore l'heure? Les yeux clos, c'était plus sage. Juste une seconde, avant que le vert d'eau n'apparaisse de nouveau, plus vif que jamais. "Et toi à tenir la mienne à flot, Potter." Il lui souriait, finissant par se détacher d'elle, bien à contrecoeur mais plus joueur que jamais. "En parlant de flot... Le dernier à la flotte doit boire sa bière cul sec, dommage pour toi, hein?" Effectivement, il était suffisamment idiot pour se mettre à courir tout habillé jusqu'à se jeter dans l'océan. Trempé mais heureux. Comme au bon vieux temps, quand ils étaient deux gamins, deux amis qui ressentaient des choses l'un pour l'autre mais il n'y avait aucune raison d'en discuter encore ce soir-là, juste de le vivre. "Si tu viens pas, je vais te chercher, Lizzie, tu le sais bien." Et elle succomberait. Face à un Doherty, on succombait toujours.

Ce temps qui va continuer à s’étirer entre eux parce qu’elle est incapable de laisser entrer pour l’instant. Elizabeth voit à travers ses yeux d’eau limpides la transparence de ses propos et surtout ce qu’il ne dit pas. Ce qu’il n’évoque pas, ou qu’il frôle du bout des lèvres mais qu’il veut quand même lui transmettre par le regard. Wren n’a jamais été un grand bavard, il n’exprime jamais explicitement ce qui se passe dans sa tête. Il faut le connaitre, il faut le déchiffrer, chaque jour apportant son nouveau code à décrypter. Encore aujourd’hui, Lizzie n’a toujours pas compris les origines de cette folie qui le hante et qui le pèse depuis tant d’années. Il est sur une pente qu’elle ne peut comprendre et elle n’a pas fait d’études en conséquence pour savoir ce qui peut l’aider, ce qui peut l’apaiser. Mais la jeune femme sent la chaleur de ses doigts sur sa main, son pouce la caressant de la plus légère des manières mais qui est bien suffisant à provoquer un raz-de-marée dans sa poitrine. Les retours en arrière ne sont pas possibles, ils l’ont déjà établi, il n’y a que l’avenir qui est à leur portée. A la portée de ces deux mains jointes, et à celle qui ne peut s’empêcher de venir se poser sur sa joue parce qu’il lui a manqué. Et elle abuse, elle se fourvoie, elle est en train de ruiner tout ce qu’elle a pu dire. Elle se trahit elle-même mais juste cinq secondes. Cinq secondes pour pouvoir sourire en le regarder lui faire un clin d’œil, cinq secondes de plus pour avoir un soubresaut dans sa cage thoracique alors qu’il lui confirme qu’il continuera à la perturber, à lui faire ressentir. Comme une promesse de refaire naître cet organe qu’il a lui-même cramé il y des années – jeu de mot à pique. Elle prend cinq secondes supplémentaires pour l’observer fermer les yeux, se calant instinctivement un peu plus sur sa paume grande ouverte contre son visage. « Le contraire m’aurait presque inquiétée que tu te sois aussi brûlé le cerveau. » dit-elle légèrement tout en étirant un léger sourire du coin de l’œil. Lizzie ignore s’il est trop tôt pour ce genre de réflexions mais tant qu’il sera avec elle, elle reste persuadée d’une chose ; qu’il ne retombera pas dans aucun de ses vices, et encore moins dans celui des flammes alléchantes. Rien ne brûlera tant qu’elle sera à ses côtés et ce n’est pas l’océan étendant devant eux qui l’aidera dans son entreprise. Elizabeth maintient du mieux qu’elle peut son regard qui brille de nouveau devant elle, deux petites perles de lumière reflétant doucement la lumière du moment dans ses yeux. Lizzie a son sourire qui s’agrandit alors qu’elle le lâche, ses propres yeux finissant au sol alors qu’il lui murmure qu’elle tient sa vie. A flot, à bout de bras, par un fil à l’existence même de l’espèce humaine. « On va tout faire pour que tu réussisses à le faire par toi-même. » murmure-t-elle doucement.

La jeune femme n’a pas vraiment le temps de réagir plus que déjà l’air plaqué sur le visage de Wren se détend et devient carrément taquin en lui balançant un défi qu’elle ne va évidemment par gagner, considérant qu’il est déjà à moitié sur la trajectoire de l’eau. « Hey, c’est pas très juste comme tactique ! » Elle étend les bras avant qu’il la menace de venir la chercher et elle lève les mains devant elle. « Je ne compte pas me mouiller, au moins pas entièrement, Doherty, je te préviens. » Mais par précaution, Lizzie prend sagement le choix de retirer son appareil photo qui trône fièrement autour de son cou depuis le début de l’après-midi pour le poser dans le sable. Elle profite de se baisser pour se relever avec une bouteille à la main, la dégainant vers Wren tout en s’avançant vers l’eau, signe de bonne foi. « Je veux bien me tremper les pieds mais le max de mes efforts pour ce soir. Regarde, j’ai la bouteille de prête en guise de punition. Et ne me force pas à te botter le cul si tu ne m’écoutes pas, Wren. » ajoute-t-elle en pointant son doigt vers lui. Pas comme avant, pas de bain de minuit. La jeune femme s’avance tranquillement jusqu’à ce que l’eau arrive jusqu’à mi mollet, ses jambes à moitié dénudées par la robe qu’elle porte. « Et il est waterproof, ton bracelet hightech, au moins ? » Elle porte la bouteille à ses lèvres pour y boire quelques gorgées, ses yeux dérivants vaguement (mais précisément) sur le portrait d’un suédois trempé qui se poste fièrement comme le premier des gamins à quelques pas d’elle. Les années n’ont peut-être pas été très tendres avec son mental, mais son physique a dû en prendre toutes les ondes positives.

Il ne voulait plus avoir à penser aux troubles qui hantaient sa vie et ceux-là étaient forts nombreux mine de rien. Le pauvre Wren était perdu entre cette envie maladive de mettre le feu à toutes les poubelles qui croisaient son chemin et être une bonne personne. Sa mère ne l'avait pas élevé à devenir ce monstre que son père était devenu par la force des choses et le jeune homme n'avait pas résisté autant d'années pour faillir si près d'atteindre son but. Au final, il n'était pas le garçon idéal dont il avait rêvé jusque là, ce fameux type qui aurait mérité d'être avec quelqu'un comme Lizzie, mais est-ce que pour autant il pouvait encore continuer à s'empêcher de le désirer malgré tout? Il avait définitivement conscience de ne pas être à la douceur de la belle brune, de tous ces gestes tendres qu'elle avait eues envers lui alors qu'il était au fond du trou mais Wren voulait croire qu'il était également capable de lui apporter un peu de magie. En tout cas, il avait toujours l'élément de surprise de son côté parce qu'il avait toujours été le genre de garçons à trouver des idées idiotes pour passer le temps. Ce soir ne ferait pas exception: maintenant qu'il s'était approché d'aussi près de la mort, ce cher Doherty était prêt à tout pour vivre le plus intensément possible. Cela signifiait certainement qu'il était prêt à se jeter de nouveau dans la gueule du loup, à risquer de faire plein d'erreurs mais c'était aussi ce qui permettait de grandir, de devenir quelqu'un de plus fort. Il ferait les efforts pour combler Lizzie, peut être pas aujourd'hui mais dans un avenir qu'il espérait pouvoir obtenir de sa part parce qu'il retrouverait sa confiance, il en était convaincu après tous les mot qu'il s'étaient dits ce soir. Mettre les choses à plat avait été essentiel et maintenant, il savait à quoi s'en tenir du côté de Lizzie et elle venait de lui dire qu'il était encore en mesure de faire vibrer son coeur et c'était la seule et unique chose qui comptait à ses yeux. Alors, il souriait à ses remarques: non, ses neurones n'avaient pas encore toutes été brûlées mais il ferait en sorte de rendre folles les siennes, vu le regard qu'il lui lançait à ce moment là, en tout cas, la procédure était engagée. Bien sûr, la route était longue,parsemée d'embûches en tous genres puisque aucun d'eux n'était parfait, aucun d'eux ne savait aimer correctement mais il y avait encore cet espoir que le monde pourrait de nouveau tourner rond quand ils se retrouvaient ensemble. Lizzie voulait le soutenir dans ses démarches de rédemption en tout cas et le suédois ne pouvait qu'en être ému en voyant la manière dont elle réagissait à ses propos à son tour. Cette main sur sa joue, ce contact qui persistait et qui lui prouvait la force de ce qu'elle avait toujours ressenti à son égard, il vivait la même chose de son côté, c'était indéniable. Ce le serait toujours. Il l'attendait simplement et il le ferait même après avoir sauté dans l'eau comme un cinglé, la toisant de toute sa hauteur alors qu'il pressentait sa peur de le rejoindre. Evidemment, ils avaient tant partagé dans des circonstances similaires et il ne pouvait y avoir qu'une sorte d'hésitation de la part de la brune à l'idée de le suivre dans de vieux travers. "Lizzie Potter aurait-elle peur des conséquences de ses actes? Je peux pas laisser faire ça, tu le sais bien et puis, j'aime bien quand tu me bottes le cul en plus donc... Argument invalide." Il se dirigea vers elle, laissant l'eau rendre ses vêtements si lourds à porter, sa main passant dans ses cheveux pour retirer les gouttes qui glissaient sur son visage diaphane. "Non, Lizzie, je me suis pas douché depuis des semaines du coup." Il lui fit un clin d'oeil en arrivant pile à deux centimètres d'elle, bougeant la tête pour qu'elle puisse recevoir quelques gouttes d'eau en guise de cadeau de retrouvailles. "Tu sais que je peux te porter jusque dans l'eau, hein? Soit ça, soit tu me fais un câlin, Potter." Il étendait les bras pour lui montrer qu'il était très sérieux et qu'elle allait très certainement devoir se mouiller dans l'affaire. Ses yeux brillaient de malice et ils étaient si beaux à la lumière de la lune et mieux encore, les lueurs verts d'eau dansaient pour elle à l'intérieur de ses prunelles. Il ne la lâcherait pas, jamais.

Lizzie a toujours vu Wren au-delà de sa réputation et d’un nom de famille dont les rumeurs les plus folles pouvaient courir dessus. Elle n’a jamais voulu se laisser influencer par les opinions d’autrui pour faire les siens et si on avait essayé de la dissuader, tout le contraire s’était produit. Le suédois est son contraire sur tellement de choses. Il n’y avait rien qui les avaient destinés à se rencontrer en premier lieu. Deux mondes séparés, deux univers opposés, une vie tumultueuse et sans limite pour Wren alors que Lizzie s’adonnait à une liberté nouvellement trouvée après des années d’enfermement dans le cocon rassurant d’une routine rythmée par sa mère et le tournage. Et pourtant, des années après, les voilà qu’ils se retrouvent de nouveau face à face, à essayer les bavures de leur passé commun qui semble si lointain et si futile aux yeux du monde mais pas les leurs. Jamais Wren Doherty ne sera un sujet futile pour l’australienne. Il réussit à capter son attention encore et toujours, à lui donner des fourmillements dans les doigts quémandant d’aller elle-même plonger sa main dans ses mèches humides.
Il en joue, il en use et il en abuse. De ce charme irrémédiable qu’il possède, cette aura absolument électrisant qui l’entoure et dont il n’ignore pas qu’elle en reste sensible. Même après toutes ces années, même après tout ce qui s’est passé, Wren réussit toujours à provoquer quelque chose en elle, que ce soit émotionnellement ou physiquement. Parce qu’elle n’est qu’humaine et qu’il est trempé face à elle, son regard brun glissant de son visage au reste d’une morphologie qui a bien évolué au fil des ans. Des vêtements qui laissent au final peu de place à l’imagination et il est magnifique, il n’y a pas à en douter. Lizzie pourrait trouver ça presque scandaleux d’être encore plus attirant avec l’âge mais la vision est telle qu’elle ne trouve même pas de mots pour se plaindre. Juste ses yeux qui se baladent sur ce corps élancé qui s’approche d’elle, le geste d’une main dans les cheveux qui reporte son attention sur son visage. Les traits de Wren sont complètement détendus et passablement joueurs alors que ses propos la font sourire un peu plus. Lizzie se mord la lèvre, contemplant à la fois sa propre bêtise et celui qui a décidé ne pas vouloir respecter les frontières qu’elle a essayé de fixer. Comme d’habitude, Doherty n’en fait qu’à sa tête, il s’en fiche des barrières au milieu, des murs ou des briques. Elizabeth se rend un peu plus compte qu’il ne va sûrement pas abandonner sans rien faire, que son regard sur elle est porteur d’un message bien plus intense que la simple taquinerie. Et elle le ressent jusqu’au plus profond de son être parce que Wren a toujours su le faire et elle n’a jamais vraiment réussi à lui résister. Même si c’est clairement son objectif pour l’instant, parce qu’elle se sent bien plus à l’aise dans cette situation. Mais il n’empêche pas que son cœur s’emballe, que son esprit divague et qu’elle essaie tant bien que mal de ravaler l’attraction renouvellement créée entre eux. Peut-être qu'ils ne se connaissent plus mais leurs êtres semblent le faire pour eux. Ce fil qui l'avait attiré la première fois vers lui, qui a eu juste à la sonder parmi une masse humaine pour capter son intérêt. Et même si Lizzie s'est perdue plusieurs fois dans la contemplation de différentes âmes et de multiples enveloppes corporelles, elle ne peut que constater que Wren est le seul à pouvoir lui faire perdre ses moyens. Redevenir l'adolescente gauchère qu'elle avait pu être, trop adorable, trop pure, trop innocente, arrivera beaucoup plus vite que prévu s'il continue à faire son manège.

Elle boit quelques gorgées tout en tournant la tête alors qu’il lui projette de fines gouttes de façon un peu trop enthousiaste. « Tu sais que je peux te porter jusque dans l'eau, hein? Soit ça, soit tu me fais un câlin, Potter. » Lizzie secoue la tête en souriant d’un œil amusé. « Vraiment, Wren ? C’est la seule raison que t’as trouvée pour que je retourne dans tes bras ? » Elle eut un léger pincement en repensant à la dernière fois où c’est lui qui s’est retrouvé dans ses bras. Froid et à côté de la plaque, exactement tout l’opposé de maintenant où il semble radier plus que jamais. Est-ce que c’est elle qui provoque ce changement ? Ce sourire qu’il lui offre, ses bras qu’il lui tend, ses yeux brillants qui chevauchent les siens ? Et si c’est le cas ? C’est beaucoup trop mais Lizzie le connait assez bien pour savoir qu’il ne va pas vouloir se montrer sage, qu’il aura toujours cette envie de frôler les flammes, briquet ou non. Et elle, elle se connait assez bien aussi pour ne pas ignorer cette putain d’attraction folle entre eux mais qu’elle fera se ralentir parce que la patience est la meilleure des vertus. La confiance aussi. Mais cela ne l’empêche pas de passer un bras sur l’autre autour d’elle et d’avoir ce petit air impétueux au visage. Parce que même sans avoir pratiqué devant des caméras, Lizzie reste une bonne actrice. « Tu ne pourrai pas sûrement pas t’en remettre. » dit-elle d’un ton taquin avant de reculer d’un ou deux pas tout en portant le goulot à ses lèvres. « Leçon numéro une : je suis une vraie froussarde. » Pour tout, dans pleins de domaine. La raison même qui fait que c’est une vulgaire bouteille en verre qui embrasse ses lèvres plutôt que la bouche pulpeuse et attrayante de l’homme en face d’elle. « Leçon numéro deux : je ne me mouille plus dès le premier soir. » Et celle-là, ça lui étire un sourire en plus d’un léger rire alors qu’elle fait un nouveau pas en arrière. Lizzie ne veut pas lui donner ce qu’il veut, bien décidée à ne pas céder malgré ses moues absolument renversantes, l’appelant comme un fichu chant de sirène. Elle se mord la lèvre avant de balancer son pied dans l’eau en sa direction. Juste histoire d’être sûre qu’il reste bien trempé comme ça. Parce qu’après tout, Lizzie reste éperdument attirée et ça la frustrerait presque.

Il en voulait toujours plus, question de principe. Lorsqu'on lui tendait la main, il attrapait le bras, toujours vigoureux dans ses actes, toujours à la quête de conquêtes, toujours plus âpres les unes que les autres. Néanmoins, rien ne serait jamais plus difficile que de gagner le coeur de Lizzie à nouveau parce qu'il l'avait piétiné par le passé et qu'elle le méprisait ardemment pour cela. Elle avait d'ailleurs tout à fait raison de le faire, Wren n'avait jamais été une excellente influence, même pas sur sa propre famille et ce, même s'il voulait croire qu'il était un être idéal aux yeux de sa petite soeur. Il était capable de tout rater, constamment, accro qu'il était au chaos et à tout ce qui se rapprochait du mal. Doherty était comme son père au final, aussi fou à lier et peu enclin à changer. C'était une réalité qui aurait dû le blesser et quelque part, c'était le cas depuis sa quasi overdose d'héroïne, trop conscient qu'il était de pouvoir perdre le contrôle à tout moment. Un jour ou l'autre, il faillirait et son cerveau s'inclinerait face aux forces obscures de son palpitant. Adieu les bonnes paroles, les jolis gestes, Wren s'envolerait vers le diable et une partie de lui était pour le moins pressée de le faire. La seconde était bien plus terre à terre, et forcément intéressé par ce que Lizzie ravivait chez lui. Ce surplus d'émotions n'était pas forcément gérable de prime abord parce que Wren avait perdu l'habitude en douze longues années et il avait l'air si vulnérable dans ce genre d'instants. C'était la conséquence quand on arrêtait de ressentir pendant plus d'une décennie, on ne pouvait plus vraiment faire sembler sur la durée que la présence d'une personne ne vous atteignait pas. Sur ce coup là, Doherty était bien incapable de mentir, complètement subjugué par les jolis yeux de la femme qui lui résistait, les pieds fermement ancrés face à lui, lui incapable de reculer désormais. Il ne voulait plus le faire, même si un léger vent faisait frissonner sa peau, était-ce réellement cela qui jouait sur son corps? Wren était prêt à parier que c'était loin d'être le cas, c'était surtout la manière dont Lizzie se refusait à ses actes, elle le fuyait encore mais avec flegme cette fois, cherchant à tout prix une raison parfaite pour le laisser sur le carreau. Il sentait cela également, qu'elle désirait plus que tout s'en aller pour pouvoir tenir mais il y avait aussi quelque chose en elle qui l'en empêchait parce qu'elle était sûrement autant accro à lui qu'aux premiers jours et l'idée ravissait le suédois, assurément. Il n'était pas mieux de son côté, à la toiser de toute sa hauteur, s'approchant à pas de fauve, le regard vert d'eau brillant d'une nouvelle intensité,les gouttes d'eau coulant sur son visage immaculé, d'une parfaite beauté, comme c'était toujours le cas dans ce genre d'instants. "Il y en a plein d'autres mais j'ai pas envie de te les donner tout de suite, je voudrais pas te faire rougir de trop." Et voilà comment il lui mettait tout un tas de souvenirs dans la tête. Wren abusait le plus possible, vieille attitude qui revenait au galop quand il retrouvait une personne aussi merveilleuse qu'elle. Le jeune homme ne pouvait pas la laisser le quitter, il ne pouvait pas arrêter de la regarder avec ses yeux irrésistibles, l'eau glissant sur ses vêtements sans qu'il n'y prête plus d'attention que cela désormais. Lizzie pouvait lui déverser toutes les leçons du monde que Doherty n'en écouterait pas un traître mot, bien trop concentré sur l'expression qu'elle avait posé sur son visage. Elle était belle dans les reflets de la lune, à trouver mille raisons pour ne pas le suivre, pour ne pas plonger à sa suite. "Et depuis quand je te laisse reculer, moi?" Une belle connerie, Wren s'avançant de plusieurs pas supplémentaires, son corps presque collé à celui de Lizzie, pantelant. "Il paraît que l'eau, ça détend vraiment et moi, je pense que t'en as besoin, non?" Et alors qu'il disait cela, il la souleva de terre pour l'entraîner jusque dans l'eau,la relâchant une fois qu'il obtint son dû. "Leçon numéro trois: ne jamais donner de leçons à un Doherty, sous peine d'en payer le prix fort." Et il lui fit un clin d'oeil en l'éclaboussant, maintenant qu'elle était aussi mouillée que lui, autant en profiter, non?

Lizzie se pince la lèvre tout en secouant la tête, amusée par ce qu’il pense être des affirmations. La seule affirmation réelle à ce moment précis, c’est qu’il agit comme un vrai petit diable, prêt à tout pour la faire succomber. Dans l’eau, dans ses bras, dans ses yeux aussi certainement vu le maintien qu’il a dans son porté de tête. Il est magnifique, il le sait et il en profite. Il en a toujours profité, le salaud, et au fil des années, il a dû améliorer sa technique. Lizzie pourrait presque être jalouse de celles à qui il a fait le même numéro mais elle serait très mal placée pour ça. Et elle n’est pas quelqu’un de jaloux. Peut-être avant mais plus maintenant. Être jaloux, ça sous-entend vouloir à ce que quelqu’un lui appartient d’une façon ou d’une autre. Et ça, ce n’est pas possible pour un esprit libre comme Lizzie. Même si un coin de sa tête débecte toutes celles qui ont pu profiter des charmes de l’apollon suédois. Elle met ça sur le compte de l’adolescente en elle, qui est en train de lui ressortir plein de petites boites avec les souvenirs sous-entendus des paroles de Wren. Il n’a pas forcément besoin de les lui mettre en tête ; rien que la situation se suffit à elle-même pour ça. L’eau, la plage, les vagues, la nuit, tout ce paysage est déjà cruellement familier. Il y a juste eux qui ne le sont plus. Lizzie qui essaie de maintenir une distance de sécurité mais Wren qui n’en a rien à faire. Il la suit du regard, elle se sentirait presque épiée, comme s’il cherche à lire la vérité sur ses traits. Comme s’il peut voir la trahison de ses pensées face à ce qu’elle dit. La jeune femme n’ignore pas qu’elle reste irrémédiablement sensible à tout ce qu’est Wren. Elle n’ignore pas non plus qu’elle préfèrerait passer sa propre main pour remettre cette mèche de cheveux qui part sur le côté. Et quand il finit par s’approcher parce que fichues grandes jambes, radiant malgré son état trempé, Lizzie aurait pu débarrasser sa lippe d’une goutte d’eau gênante. Il est toujours aussi ridiculement grand, ou alors c’est elle qui n’a pas grandi, et ça la frustre de devoir lever la tête pour l’observer et encore plus quand il la prend comme une vulgaire marionnette pour la jeter dans l’eau quelques pas plus loin, et cela malgré ses cris.

Lizzie en lâche la bouteille par surprise – rip, promis, terre bleue, elle fera double travail de nettoyage – et en moins de secondes qu’elle ne put essayer de protester, elle est trempée de la tête aux pieds. Wren fier comme jamais, dont elle tape le torse en réponse à son clin d’œil complètement déplacé. « J’étais déjà très détendue, Doherty ! » On peut dire que c’est un beau mensonge, ça, mais elle s’en fiche. Lizzie fait la moue alors que l’idiot l’éclabousse un peu plus, ses cheveux complètement reluisants et sa robe lui collant bien trop. Elle n’est pas forcément pudique mais ce n’est pas la sensation la plus agréable du monde. « T’es fier de toi, je sais que t’es fier de toi. » Elizabeth passe la main dans ses cheveux pour retirer les mèches qui barrent son visage. « Heureusement qu’elle n’est pas froide. Je t’en aurais vachement plus voulu si ça avait été le cas. » Quitte à être dedans, autant en profiter. La jeune femme lève la tête vers le ciel avec un léger sourire au visage avant de reculer un peu plus vers l’océan. Lizzie s’allonge, pratiquant la planche comme personne, les yeux rivés vers le plafond naturel au-dessus d’eux. « Tu sais que même les étoiles ne sont pas éternelles ? Elles ne vivent que quelques milliards d’années mais après, elles s’effondrent complètement. » Elle ignore complétement pourquoi elle lui raconte ça. Non, ce n’est pas une image de sa propre situation. Ce n’est qu’une plate vérité consistant certainement à appuyer sur le fait que personne n’est éternelle. Mais dans quel but ? Lizzie l’ignore. « Si je dérive, tu viens me chercher ? » demande-t-elle doucement, un léger sourire aux lèvres. Est-ce que je peux compter sur toi, maintenant, Wren ?

Il n'y aurait jamais de moments communs entre eux, pas alors qu'ils partageaient une histoire aussi dense. Leur alchimie restait intacte, même si les années s'étaient écoulées inexorablement, que des sentiments contradictoires s'étaient mis sur leur chemin par la force des choses. Lizzie lui en voulait et Wren se méprisait tout autant pour avoir mis leur vie idéale de côté, tout cela pour un résultat bien piètre. Il avait quand même fini par craquer, faire sa connerie et se retrouver avec un bracelet électronique autour de la cheville, alors, dans ces conditions, à quoi bon l'avoir quittée, elle, cette image de la femme parfaite à ses yeux? Le misérable Doherty n'avait pas de quoi être fier mais peut être qu'à force, il pourrait obtenir une seconde chance. En tout cas, il mettait toute son énergie pour cela, se concentrant sur le regard assombri de sa belle Potter, jouant avec ses nerfs en ajoutant à cette douce proximité, son corps trempé s'amusant à être aussi proche du sien parce que c'était ainsi qu'il la perturbait le plus, quand il ne disait rien mais qu'il laissait le décor parler pour lui. Il avait pris de l'assurance au fil du temps, certainement parce qu'il avait plu au cours des quelques années qui les avaient séparés, sans pour autant que ces relations n'aient de valeur. Personne ne pourrait en avoir autant que Lizzie Potter à ses yeux et de toute évidence, Wren était parti pour lui montrer de plus de mille manières. Il la regardait avec ses yeux perçants, son sourire angélique prenant place sur ses lèvres, en même temps que sa main passait dans ses cheveux mouillés et il savait qu'elle le voyait. Tout comme lui la voyait avant de la jeter à l'eau sans plus de cérémonie. Lizzie ne pourrait pas le mépriser pour ce geste, au contraire, elle avait besoin d'un bon coup de pouce pour se détendre et se laisser aller à leur innocence d'antan. C'était bel et bien ce qu'ils s'étaient apportés l'un et l'autre, une touche de spontanéité dans un monde où ils avaient toujours dû contrôler, Lizzie son image et Wren le reste de sa famille. Retrouver cette insouciance ne pouvait que leur apporter ce dont ils avaient besoin, Doherty la suivant des yeux même si elle faisait semblant de s'offusquer de son attitude, forcément. "Toi, très détendue? Permets moi d'en douter." Effectivement, il s'approcha d'elle, passa même dans son dos et posa ses grandes mains sur ses épaules, sentant les contractions du moindre de ses muscles. Lizzie Potter n'était jamais détendue, question de principe et il fallait qu'il s'en amuse, venant se caler contre son oreille. "C'est moche de mentir, Lizzouille." Il la relâcha néanmoins et l'observa partir vers l'océan à son tour, y prendre goût et même s'amuser à faire la planche, ses yeux penchés vers les étoiles et Wren qui nageait à ses côtés sans la déranger, au moins pour les quelques secondes à venir puisqu'il allait nécessairement revenir. Il n'abandonnait jamais très longtemps les traces de la belle brune, il avait ses priorités. "Tu m'en veux pas le moins du monde, t'as envie de profiter et t'amuser et oui, je suis toujours plutôt fier de te faire sortir de ta zone de confort." Il lui fit un clin d'oeil en se penchant au dessus d'elle, alors qu'elle semblait partir dans sa contemplation du ciel étoilé, dommage pour elle qu'il y ait la face de Wren qui gâchait son paysage l'espace de quelques instants. Il n'était probablement pas aussi lumineux que les étoiles au dessus de leur tête, mais il avait tout de même ce petit truc en plus qu'on ne pouvait jamais nier. Pas avec un Doherty. "Tu t'es mise à l'astronomie? Intéressant." Sa main passa sous l'eau pour lui permettre d'être encore plus à l'aise pour faire la planche, sans avoir les oreilles dans l'eau, ce qui serait clairement un drame à l'heure actuelle pour le suédois. "Tu peux pas dériver vu que je te tiens, Potter." C'était imperceptible cette main dans son dos alors qu'il s'approchait encore un peu plus, son visage la surplombant à nouveau, plus brillant qu'auparavant. "Pourquoi regarder les étoiles alors que j'ai déjà tout ce qu'il me faut sur terre pour m'émerveiller? Tu devrais revenir vers la terre ferme, Lizzie, il y a plein de belles choses qui t'attendent." Son regard rieur, ses pommettes saillantes, son doux sourire, il avait tout pour enjôler n'importe qui mais Potter n'était pas dans cette catégorie, elle était nettement supérieure et quelque part, cela dépassait le suédois. Il n'arrêterait pas pour autant, parce que c'était elle et pas les autres. Jamais.

Il en doute et il aurait raison. Lizzie n’est jamais aussi détendue qu’elle le prétend, ou alors elle aura pris quelque chose pour l’être. Bien sûr, la pression n’est pas toujours présente sur ses épaules et elle arrive à profiter d’une vie qui n’est pas si terrible que ça. Il y a toujours pire. Mais avec Wren, avec ce qu’il a dans la tête et coincé autour de la cheville, ça ne l’aide pas à être tranquille. Ses mains sur ses épaules ne l’apaisent pas non plus, bien au contraire, ça provoque l’inverse le plus total. Il utilise ce surnom débile d’une autre époque près de son oreille et ça, ça n’aide pas. Elizabeth a les membres qui s’embourbent légèrement, et l’eau n’y est pour rien. C’est moche de mentir. (Il est bien placé pour dire ça.) Alors elle ne peut pas mentir. Mais elle peut essayer de ravaler tout ça, ces choses qu’elle ne sait pas encore très bien quoi en faire ni comment réagir. Ne pas non plus laisser son instinct prendre le dessus parce qu’il y a juste son être entier qui le réclame d’être plus proche de lui qu’elle ne l’a été ces douze dernières années. Comme s’ils ne se sont jamais quittés, comme si son empreinte sur elle est toujours présente. Et dans le fond, Wren a toujours sa marque coincée quelque part dans sa cage thoracique. Le pire est qu’il doit le savoir parce que Lizzie doute qu’il serait aussi confiant envers ses gestes et ses paroles si ce n’était pas le cas. Ou alors il a pris un égo tellement démesuré qu’il pense être capable de la faire défaillir. Mais elle n’est pas les autres. La jeune femme ne veut pas lui faciliter les choses, pire, elle serait même capable d’attendre et de voir jusqu’où il peut aller. Tester la sincérité de ses paroles, parce que la confiance est toujours durement acquise. Parce qu’il n’empêche qu’il lui a menti, par deux fois, dans le passé et qu’elle ne veut pas revivre la même situation. Lizzie veut retrouver et redorer son statut ‘unique’ et il est hors de question de se laisser distraire par un physique affolant et un regard pénétrant.

La jeune Potter se laisse bercer mollement par les vagues de l’océan, ses oreilles distraites par Wren, qui finit quand même par lui arracher un sourire sur ses pommettes alors qu’il vient se pencher vers elle, des gouttes de sa propre personne tombant tour à tour sur la jeune femme allongée. Il y a quelque chose d’étrange mais d’amusant de le voir de ce point de vue et elle ne peut s’empêcher de rire légèrement. Est-ce que c’est les deux bouteilles et demi qu’elle s’est ingurgitée qui la font réagir comme ça ? Lizzie est supposée avoir plus de résistance que ça. Oui mais il s’agit de Wren et il est au-dessus de sa tête et bordel qu’il est magnifique juste auréolé par la lumière des étoiles. C’est vraiment injuste. « A force de passer des nuits à la belle étoile, j’ai fini par m’y mettre. On se sent tellement petits quand on voit l’univers gigantesque autour de nous. » Se sentir si peu de choses est une façon comme une autre de pouvoir se décharger d’un poids sur les épaules. Elizabeth regarde brièvement par-dessous épaule avant de faire une moue tout en secouant la tête négativement. « Nope. Je préfère ce qu’il y a là-haut. C’est plus beau et il n’y a pas les problèmes de la terre ferme. En faites, tu pourrais me lâcher et me laisser voguer que je ne bougerai pas. Tu devrais essayer. » Elle lui jette un regard amusé illuminé par les reflets de leur plafond étoilé. « Et puis, je suis détendue, là, c’est pas ce que tu voulais ? » Le bras de Lizzie frôlant Wren, sa main finit sans réfléchir dans celle du jeune homme, son pouce caressant l’intérieur d’un geste absent. « Malgré tout ce qui s’est passé, tu m’as manqué. Wrenouille. » Elle se met à glousser et ça lui fait perdre l’équilibre de sa position, la main de Wren sur son dos sauvant les meubles alors qu’elle se raccroche à son bras pour ne pas finir la tête sous l’eau. « Okay, je crois que tu m’as faite assez boire pour aujourd’hui. » dit-elle tout en lui tapant sur le torse en étirant ses lèvres. Lizzie prend conscience de leur rapprochement soudain, s’absentant deux minutes sur le torse en face d’elle et deux minutes de plus pour lever son visage vers le sien avant de racler sa gorge et de reculer d’un pas incertain. « Je suis alcoolisée et trempée. Tu peux être fier de toi, c’est clair. » Chemin de traverse automatique quand elle est gênée alors que la brune recule une nouvelle fois tout en passant une main dans ses cheveux.

C'était une évidence qu'ils ne voyaient pas le monde de la même manière: leurs expériences avaient été radicalement différentes mais cela les empêchaient-ils d'être proches à nouveau? Wren connaissait d'ores et déjà la réponse à cette question, bien évidemment que non. Les deux jeunes gens n'avaient plus rien à voir avec les adolescents qu'ils avaient été par le passé, ils s'étaient bâtis à leur allure, chacun de leur côté mais Doherty aimait penser qu'il y avait une raison à cette réunion. En tout cas, lorsqu'il la regardait faire l'étoile au beau milieu de l'océan, les rayons lumineux de la lune posés sur son visage si doux, le suédois savait pourquoi il était encore en train d'arpenter cette terre. Il ne le méritait clairement pas, surtout pas après tout ce qu'il avait fait subir à cette silhouette en question, mais le jeune homme désirait voir tout cela comme une seconde chance, comme sa dernière chance finalement. En tout cas, il en ressentait le besoin: avoir Lizzie dans sa vie, c'était la petite touche de bonheur qui lui avait manqué tout au long de ces années car, elle, seule, était capable de le ravir. De voler ce petit organe qui n'avait plus l'air de battre depuis un moment. Avec Potter non loin de lui, les cartes étaient clairement redistribuées et Wren se sentait de nouveau pousser des ailes: il n'avait plus tellement peur du lendemain, tant qu'elle ne le fuyait pas, il considérait qu'il gagnait un jour de plus de vie. Un jour de plus à sourire niaisement et à jouer de tous ses charmes pour la faire succomber de nouveau. Il se doutait bien que ce n'était pas une mission simple et que Lizzie ne se laisserait pas faire avec aisance, elle n'avait jamais été une femme facile, elle était même tout l'inverse et c'était sûrement ce qui l'avait attiré vers elle en premier lieu. Elle était unique, on en revenait toujours à cela et Wren lui souriait, sa main dans son dos alors qu'elle exposait tout un baratin sur le ciel étoilé. Est-ce qu'il en avait quelque chose à faire de ce qui se passait là haut? Clairement pas,tout ce qui le portait était là, sous ses yeux alors, le suédois n'avait aucune raison de lever les yeux au ciel, il n'essaya d'ailleurs même pas. "Tu parles à un type gigantesque alors peut être que, je vois ce que tu veux dire mais en étant de l'autre côté de la barrière." Un trait d'humour, il en fallait toujours un avec Doherty alors que son sourire naturel s'étendait sur ses lippes charnues. Il ajouta même un petit clin d'oeil, porté par la simplicité de l'instant, son regard concentré sur la beauté spontanée de sa comparse. "Non, parce que je te rappelle que je dois pas te laisser dériver. Je veux rien laisser au hasard alors je te lâche pas, Potter. Hors de question." Et si cela valait pour le reste de cette baignade, le message était bien plus profond que cela au bout du compte, Wren parlait d'avenir, du lendemain, des jours suivants, voire plus lointain encore. Lizzie ne devait pas s'en rendre compte parce qu'il se donnait toujours cet air détaché, le temps de quelques secondes de plus encore puisqu'elle avait sa main attachée à la sienne et elle menaça de boire la tasse, le suédois la récupérant d'une main ferme avant que ce ne fut le cas. Bien sûr, elle s'éloigna bien vite en réalisant ce qui aurait pu se passer en conservant cette proximité des plus dangereuses, même si Wren n'en aurait pas été dérangé outre mesure, pour sûr. "T'as bu toute seule, Lizzouille et je sais que je t'ai manqué parce que là, pendant cinq minutes, j'ai retrouvé celle d'antan, l'insouciante et qui vit dans l'instant présent. J'aime quand t'es comme ça, quand tu te laisses aller... Quand t'es naturelle." Qu'est-ce qu'elle était belle, là, sous les étoiles et Wren ne pouvait pas s'empêcher de la détailler de son regard vert d'eau, clairement peu embarrassé des conventions parce que c'était son australienne, celle qu'il connaissait mieux que quiconque et elle avait beau lui dire le contraire, elle n'avait pas changé tant que cela. "Je suis très fier de moi... Je le serais encore plus quand t'arrêteras de faire deux pas en arrière après en avoir fait un en avant, t'en penses quoi, Potter?" Parce qu'il avançait, lui, pour la rejoindre à nouveau et retirer ses cheveux qui gênaient son visage d'une main toute douce. Il fallait qu'il abuse jusqu'au bout, que son regard glisse sur le moindre trait de ce visage qu'il adorait toucher. Il en serait toujours là, à l'attendre, à espérer l'impossible. Lui, la bête. Elle, la belle.

« C’est parce que tu regardes pas là où il faut, grand bêta. Tu pourrais t’en rendre compte autrement. » Parce que tout le monde doit se rendre compte de l’immensité de l’espace face au minimalisme qu’est l’espèce humaine. Il suffit juste de regarder là où il faut, dans la direction nécessaire. Et Wren, il ne fait pas d’effort de lever la tête. Il reste le visage coincé sur le sien, à l’observer et Lizzie pourrait presque se sentir à nue. Avec les vêtements qui collent chaque parcelle de peau aussi, ce n’est peut-être pas qu’une sensation ceci dit. Elle essaie de lui lever le menton en riant doucement – est-ce que c’est vraiment pour admirer les étoiles ou juste détourner son attention d’elle ? Sûrement un peu des deux. Parce que la voie lactée est foutrement jolie, d’accord. Pas de dérivation, alors. Et ne pas le lâcher. Hors de question. Lizzie a le poil qui s’hérisse parce qu’elle a presque l’impression qu’il n’évoque pas que le simple fait de la planche dans l’océan, là. Doherty réussit à foutre le doute en deux minutes dans sa petite cabosse et après, il vient trouver ses épaules pour lui dire qu’elle n’est pas détendue. Comment elle pourrait être détendue alors qu’il lui parle de façon profonde, qu’il est aussi proche d’elle et qu’il lui fait des sous-entendus qui pourrait augmenter son rythme cardiaque si elle n’avait pas pris quelque chose avant ? Mais elle secoue la tête. Elle lui a dit un peu plus tôt qu’elle a besoin de temps. Pour faire quoi ? Pour se torturer un peu plus l’esprit, pour remettre en cause pleins de choses et surtout, tenter d’y voir plus clair. Parce que là, rien n’est clair, c’est flou et la ligne entre eux n’est pas très bien dessinée. Il y a l’appel du cœur, qui doit reconnaitre le sien d’une façon ou d’une autre, celui du corps, qui veut certainement se lier à lui de nouveau, et l’appel de la tête, qui freine et restreint tout ce beau monde pour ne pas chavirer ni subir le mal une seconde fois. Parce qu’on n’est jamais assez prudent. Et Lizzie a appris à essayer de réfléchir avec sa tête au fil des années.

Et c’est bien pour cela qu’elle finit (encore) par échapper à son emprise, qu’elle se retrouve à s’éloigner de son putain de charme qui fonctionne toujours aussi bien. La jeune femme peut très bien avoir les jambes qui se détachent de son environnement proche, ses yeux chocolat ne peuvent se résoudre à quitter les siens. Lizzie a de nouveau une once de nostalgie qui l’envahit et elle n’aime pas ça, elle n’aime pas qu’il trouve toujours moyen d’appuyer là où ça fait mal. Pourquoi il fait ça ? Pourquoi est-ce qu’il continue et s’entête à vouloir se rapprocher alors qu’elle lui a dit pas maintenant ? Pourquoi est-ce que tout semble suspendu alors qu’il passe sa main sur son visage ? Et bordel, pourquoi est-ce qu’elle ne se déloge pas de là où elle se tient ? Pire, Lizzie ne fait rien, elle ne réagit pas, elle reste les bras sur chaque côté de ce corps complètement trempé et aux vêtements qui pèsent deux fois son poids. « Pourquoi tu fais toujours des pas en avant, aussi, Wren ? » Parce qu’il pourrait rester à distance raisonnable, faire office de figure mais de loin. Pas aussi proche, pas en faisant ce qu’il fait depuis qu’il est arrivé sur la plage. Lizzie pourrait presque se détester de ne pas avoir envie de bouger. Mais elle finit par fermer les yeux et ça, ça rompt le contact. La jeune Potter se pince les lèvres pour remettre un peu d’ordre dans le tourbillon qu’est sa tête un brin alcoolisé. « Je devrai rentrer. » lâche-t-elle brutalement en ouvrant les yeux. « Désolée de ne plus être aussi naturelle que quand j’avais seize ans. » Qu’elle rajoute presque avec tristesse en commençant à prendre la direction de la plage, comme si elle s’en veut vraiment de lui faire subir cette déception. Excuse-moi d’avoir eu mal par ta faute, excuse-moi d’avoir évolué, excuse-moi de ne pas être aussi insouciante qu’avant. Excuse-moi de ne pas pouvoir te donner ce que tu cherches.

Et s'il n'avait pas envie de regarder en l'air, lui? Et si tout ce qu'il trouvait gigantesque et merveilleux était juste sous ses yeux? Non, Wren n'était pas intéressé par les étoiles et les autres planètes: il faisait tout pour revenir aux yeux de sa belle Potter car elle valait bien plus que tous les anneaux de Saturne. Bien sûr qu'elle ne comprendrait pas s'il parlait en ces termes alors, il ne dit rien, laissant sa main relever son menton le temps de quelques secondes avant qu'il ne s'intéresse de nouveau à elle. Il persistait, aucun intérêt à regarder des étoiles mortes depuis des millénaires lorsqu'ils étaient tous les deux vivants, là tout de suite. Wren ne voulait pas perdre trop de temps à attendre que les choses arrivent, il avait toujours aimé forcer le destin, même si pour une fois, il aurait sûrement mieux fait de s'abstenir parce qu'il allait trop loin, qu'il cherchait à tout prix à perturber Lizzie. Elle n'était pas prête pour tout cela, pour vivre à nouveau les troubles qu'il obtenait de sa part. Elle venait tout juste de le retrouver et clairement, l'australienne était encore loin de lui faire confiance et cela, Doherty ne pouvait qu'en avoir conscience parce qu'il lui avait menti douze ans auparavant. Il avait de bonnes intentions à ce moment là, oui, pour sûr, mais cela n'excusait en rien le fait qu'il l'ait abandonnée là, en la laissant ronger son frein durant une bonne décennie. La jeune femme avait cru le pire d'elle alors que c'était lui qui était le monstre, lui qui n'avait jamais été à la hauteur de leur relation car, oui, celle-ci était toujours des plus uniques. Wren ne pouvait plus mentir à ce sujet, se contentant de regarder Lizzie avec une certaine émotion coincée dans ses iris, juste le temps qu'il se débarrasse des cheveux devant ses yeux. C'était un geste qui aurait dû être futile, mais rien ne l'était jamais entre eux. Il y avait bien trop de passif pour que ce ne fut rien et Wren ne pourrait pas nier les faits, il savait pertinemment ce qu'il faisait, pire ce qu'il cherchait étant donné qu'il n'était pas reconnu pour sa patience légendaire. Il ne disait rien. Il savait pourquoi pourtant. Parce qu'il l'aimait. Non, se taire. La laisser retourner vers la berge et suivre son chemin du regard, sans en rajouter. Ne pas bouger, cette fois, ne pas la retenir et attendre. Juste cela, Doherty. "T'excuse pas. Tu me déçois pas. J'attendrai, Potter, tu le sais bien." Il osa lui faire un clin d'oeil en la regardant le temps qu'il put, avant de se jeter dans la mer et faire la planche à son tour. Lizzie avait raison, il y avait de la beauté là haut, mais seulement quand elle n'était pas dans le coin, sinon le suédois était incapable de la voir ailleurs que dans les iris ambrées de l'actrice. Trop concentré sur elle, il était fichu et il adorait ça.