Panique à bord. Jillian. Overdose. Hôpital. Tim avait senti les tremblements l'assaillir dès que sa petite amie lui avait lu le message que la brune venait de lui envoyer. Rien de grave, vraiment, McGrath? Rien n'allait plutôt, oui. Personne ne faisait une overdose en prétextant que ce n'était pas grave. Au contraire, c'était une catastrophe interplanétaire et Decastel dût se retenir en attrapant le bras de Freya. Il avait besoin de se rassurer, de se dire qu'il n'était pas seul et que Jill allait s'en remettre. Il le fallait, bon dieu. "Je conduis. Je l'engueule ou tu l'engueules? J'ai le droit de paniquer?" Il fallait qu'il parle, évidemment et il sembla déblatérer tout et n'importe quoi au cours des quelques minutes suivantes, jusqu'à ce que Tim demande à l'infirmière le numéro de la chambre de leur amie. Il respirait vite, comme s'il ne contrôlait pas tout à fait ses mouvements mais tout allait bien, non? C'était ce que Jillian avait souligné dans son SMS alors il devait lui faire confiance. Il attrapa la main de Freya et l'entrelaça à la sienne, encore ce besoin de la sentir à ses côtés parce qu'il n'était pas tout à fait certain de tenir le choc. Cela dit, il les dirigea d'un pas déterminé vers le numéro de chambre indiqué et Tim toqua simplement avant d'ouvrir. C'était toujours une surprise de découvrir une personne proche au fond d'un lit d'hôpital et Decastel était sacrément sensible, danger en vue. "Jill, bon sang, qu'est-ce que t'as foutu? La peur bleue que j'ai eu là. Demande à Freya, c'est un carnage pour mon stress de te voir comme ça." Elle n'avait pas spécialement besoin de lui demander parce que cela se lisait sur son visage et il ne relâchait pas la main de Freya, ne se sentant pas assez fort pour vaincre le moment seul. Quel bordel, franchement.

« Je suis à l'hôpital, j'ai fais une overdose, rien de bien grave. T'es pas obligé de venir, je vais bien. »

Rien de bien grave.
Une overdose, mais rien de bien grave.
For god fucking sake of shit.
Elle va la tuer.
(Et ça aussi, ce n'est rien de bien grave, n'est ce pas?)

Non seulement, elle lui annonce ça par sms. Mais en plus, elle lui laisse le plaisir de voir la tête de Tim se décomposer littéralement devant les yeux d'une suédoise qui a son sang qui n'a fait qu'un tour dans ses veines. Rien que pour la perte de couleur du visage de son petit-ami et pour le panique générale que Jill a provoqué chez son amie, Freya se décide qu'elle lui fera une place de choix dans le cimetière. Parce qu'elle va la tuer. Forcément. « Je conduis. Je l'engueule ou tu l'engueules? J'ai le droit de paniquer? » Tim se tient à elle et elle aurait presque envie de lui prendre les clés des mains. Tant pis si elle n'a pas le permis, ce n'est pas comme si elle ne l'avait jamais fait avant. Ce n'est qu'un putain de détail et il y a des circonstances atténuantes. « Laisse moi la massacrer, ste plait. Et tu peux paniquer tant que tu gardes le contrôle du volant, okay? » Freya le laisse parler de tout son soûl jusqu'à leur destination, l'écoutant d'une oreille, l'autre qui bourdonne de trop pour entendre quoique ce soit. Sa meilleure amie vient de faire une overdose. Bordel de merde. La suédoise a la main qui tape nerveusement sur son genou, le regard braqué sur le bâtiment hospitalier qui se dresse devant eux. Elle n'aime pas cet endroit et elle y revient un peu trop souvent depuis quelques mois. Jamais pour elle, toujours pour les autres. (Et si elle y croise son frère, elle ne répond plus de ses gestes.) Freya a le coeur battant, elle a les mains moites et elle s'impatiente devant la lenteur qu'on leur indique la chambre. Elle s'agace des personnes sur leur passage, elle trépigne dans l’ascenseur. La seule chose qui permet de ne pas tempêter réellement, c'est la main de Tim qui tient la sienne d'une fermeté assez surprenante. « Jill, bon sang, qu'est-ce que t'as foutu? La peur bleue que j'ai eu là. Demande à Freya, c'est un carnage pour mon stress de te voir comme ça. » La même Freya s'approche et utilise sa main libre pour taper et pincer le bras de Jill. « Rien de grave, bordel de merde, McGrath! T'as d'la chance que Tim soit là parce que sinon, j'aurai pu t'étrangler là maintenant tout d'suite. » Doherty a les yeux complètement furibonds alors qu'elle observe son amie, d'habitude si pétillante et énergique, coincée dans un lit d'hôpital. « C'est moi qui peut encore rejoindre le club des 27, ça fait un bail que t'as laissé passer ta chance! » Freya finit par lâcher la main de Tim pour aller prendre Jill dans ses bras (et l'étouffer un peu). « Si tu me remets mon copain dans cet état-là, B, j'te jures que j'te fais la peau. »

Mais ce n'est rien de bien grave.

C'était tout à fait le genre de situations qui l'alarmaient, surtout ces derniers temps. Après les frasques de Freya, la peur de voir une Charlie enceinte et défoncée, voilà que Jillian s'amusait à lui causer de nouvelles frayeurs. Tim n'était pas prêt de la voir partir, pas elle, pas après tout ce qu'elle lui avait apporté pour qu'il puisse s'ouvrir plus sereinement au monde. Maintenant, c'était elle qui se retrouvait dans un lit d'hôpital alors que Freya lui courait dans les bras en l'engueulant, plus ou moins. Decastel, lui, resta plus ou moins en retrait durant tout cet échange parce qu'il avait encore l'angoisse qui stagnait au creux de ses entrailles et il ne savait pas comment l'y déloger. Il était évident qu'il aurait dû parler, en rajouter un peu après les paroles sensées de Freya mais sa gorge était si sèche qu'il ne pouvait que rester là, bras ballants, à attendre que son enfer intérieur se termine. Cela dit, Doherty le mentionna de nouveau dans la conversation et Tim put relever le regard au moment où McGrath lui attrapait la main pour qu'il se rapproche du duo féminin. "Tu peux être désolée, oui. On aurait fait comment si t'étais morte, hein? Tu t'imagines comment on nous aurait ramassés, tous les deux?" Ses yeux étaient brillants mais Decastel lutta contre les larmes parce que ce n'était ni le lieu ni le moment, préférant se concentrer uniquement sur la chaleur de la main de Jillian. Elle était vivante, c'était tout ce qui comptait et Freya était à ses côtés. Ils s'en remettraient, tous. "Tu nous expliques ce qui s'est passé? Enfin, t'es pas obligée mais..." Quelque part, il en avait besoin, masochiste à souhait que Timothy était.

Freya passe la main sur son front tout en regardant Tim. « Ne pas paniquer, elle ose nous dire de ne pas paniquer, est-ce que je peux l’achever de mes mains, Tim, s’te plait ? » Elle lui fait presque une moue suppliante tellement qu’elle croit que ça aiderait à la cause. Certainement pas mais si ça peut apaiser ses propres nerfs et ceux de son copain qui transpirent à travers son visage, ça reste à tenter quand même. Puis la jeune femme tape la main de Jill. « Evidemment que tu l’aurais signé ton arrêt d’mort si t’avais rien dit ! » Parce que c’est absurde et Doherty ne comprendrait presque pas pourquoi McGrath – ni comment – peut avoir son air toujours aussi souriant et drôle après ça. Une overdose, ce n’est pas rien et ce n’est pas la première fois que ça arrive dans la vie de Freya. Et ça la fait flipper, bien plus qu’elle ne pourrait peut-être laisser paraitre derrière son visage de dragon en furie. Elle aurait pu y rester, Jillian, mais cette dernière ne semble pas s’en soucier plus ça. Et ce n’est pas possible, ça, pas après qu’elle ait elle-même engueulé de n’avoir rien dit, de ne pas l’avoir contacté le mois dernier. « Ouais, t’es qu’une putain d’vieille peau inconsciente ! » dit-elle en pointant son doigt. Mourir à 90 ans, quelle douce utopie.

Jillian finit par s’excuser, enfin, réellement, parce qu’elle a croisé le regard de Tim. Forcément parce que Tim a laissé Freya s’exciter, il l’a laissé l’engueuler et il reste derrière jusqu’à ce que la brune dans le lit lui prenne la main. Doherty se tourne vers lui alors qu’elle relâche son étreinte autour son amie. Elle écoute son copain interroger sa meilleure amie – quel cercle étrange quand même – tout en s’asseyant sur le rebord du lit, les yeux rivés sur Jill et les oreilles quémandant les mêmes réponses que Timothy. « Si, elle est obligée. Elle va tout nous raconter de A à Z et elle a intérêt à pas faire sa fucking badass qui s’en fout de tout parce que ça ne va pas l’faire. Du tout. » Decastel peut laisser couler mais pas Doherty. Il est hors de question qu’elle quitte cette pièce sans savoir le pourquoi du comment. Ca ne sera que la deuxième ou troisième personne proche d’elle qui finit par faire une overdose, après tout, elle devrait presque être habituée.
(Elle ne l’est jamais.)

La mort pouvait arriver à tout moment et si Tim ne s'en était pas encore rendu compte jusqu'ici, il était obligé d'y faire face cette fois-là. Voir Jillian dans un lit d'hôpital lui remuait le coeur et l'estomac parce qu'elle était encore bien trop jeune pour se retrouver à faire une overdose. Elle avait bien trop à vivre pour se laisser aller de la sorte et les abandonner, de surcroît. Tim ne pouvait qu'approuver les dires de Freya, sans savoir quoi ajouter parce qu'elle se débrouillait à merveille dans le rôle de celle qui engueulait leur amie commune. De toute évidence, la brune savait qu'elle avait fauté et elle s'excusait encore et toujours envers un Decastel encore bien penaud. Il mettrait sûrement un peu de temps à s'en remettre totalement et peut être qu'il lui enverrait un message chaque jour pour être certain qu'elle allait bien. En attendant, il s'asseyait au bord du lit, s'apprêtant à écouter le récit de Jill, pas sûr qu'il était prêt pour cela. Effectivement, elle faisait la liste de toutes les substances qu'elle avait ingérées pour se retrouver dans cet état et pire encore... Ariane l'avait accompagnée dans sa déroute. Le teint de Tim devint pâle tout d'un coup et il était sûrement proche de faire une syncope, à croire que cela devenait habituel chez lui ces derniers temps. "Je vais tuer ma soeur. La ressusciter pour la tuer à nouveau. Oui, newsflash, je partage du sang avec Ariane. T'as fait ces conneries avec elle? Et ton coeur s'est arrêté? Mais bordel, Jill, à quoi tu pensais? Mais c'est grave mais bon sang!" Timothy était à fleur de peau,complètement déstabilisé et il sentait ses mains qui se mettaient à trembler. Voilà, l'enfer frappait de nouveau à sa porte et il ne s'y ferait jamais.

Elle va bien. Elle va bien. Okay. Freya reprend sa respiration comme si on la lui a coupée jusqu’à ce qu’elle arrive. Jusqu’à ce que Jill lui confirme qu’elle va bien, bordel, qu’elle se sent bien, que tous les voyants sont au vert, qu’elle va bientôt tenir sur ses deux jambes. La suédoise a déjà connu cette peur panique, l’impression que le cœur dessus jusqu’au ventre avant de vouloir ressortir en explosant en mille morceaux. Jill va bien, elle respire, elle a les yeux qui passent d’elle à Tim, tout va bien. Alors que Tim s’assoit de l’autre côté du lit, Freya pose une main sur son poignet. Pour le rassurer lui mais aussi peut-être pour elle. Parce qu’il y a deux personnes dans cette chambre qui comptent beaucoup pour elle et qu’elle maudit encore Jill pour le haut cœur et la panique qu’elle leur a fait provoquer. Tim ne semble pas plus s’en remettre, pas aussi vite, alors la jeune femme essaie de faire bonne figure pour deux. Elle parlera pour deux, elle la remettra en place pour deux, elle la secouera pour deux s’il le faut. Est-ce qu’elle est la mieux placée pour ce genre de comportement, ceci dit ? Absolument pas. Mais Tim avait déjà tant subi (par sa faute) les semaines d’avant que ça lui semble cruel qu’il doit de nouveau avoir à subir ce genre de conneries.

Doherty eut un léger rire sans fraicheur. « Encore heureux que c’était pas calculé ! » avant d’écouter les explications de Jill. Effectivement, Freya aurait pu la frapper. Juste pour voir si elle-même peut faire arrêter son cœur pour la punir de leur avoir fait subir ça. Mais elle reste sage, la jeune femme, elle laisse son amie parler et elle laisse aussi son copain réagir. Ce dernier panique de nouveau et la main de la suédoise glisse de son poignet pour aller attraper ses doigts. « Hey hey hey, Tim, calme-toi. Jill est vivante, d’accord ? On va veiller sur elle, on va lui coller aux basques et elle est privée de sortie. » dit-elle en finissant sur un regard appuyé sur Jill. Puis son cerveau se remet en route et elle fronce des sourcils. « Et c’est quoi, cette histoire de sœur ? Comment ça s’fait que j’apprends ça que maintenant, ça ? » Freya secoue la tête. Est-ce que… « Et on parle d’Ariane genre petite rouquine au sale caractère et qui frappe tout c’qui bouge ? Cette Ariane là ? » Le monde ne peut pas être aussi petit que ça, n’est-ce pas ? « Et puis merde, Jill, tu peux pas dire ça comme si tu nous fais un debrief d’une sortie au ciné ! C’est d’la pure inconscience, bordel. Tu comptes arrêter toutes ces conneries, j’espère ? » Dans le sens, se faire sevrer, se soigner, aller mieux, s’éloigner de tout ça. Parce que ça semble être la solution la plus naturelle, là. Même si c’est la plus compliqué.

La déroute était totale, rien n'allait, absolument rien. Après les semaines dans le noir de Freya, voilà que Jillian leur apportait la plus grande frayeur possible et Tim en avait mal au ventre, réellement. Il n'était pas assez fort pour gérer tout cela, le désespoir de tous ces gens autour de lui, il avait déjà bien du mal à se gérer lui-même pour être honnête. Pourtant, il devait paraître fort et pour une fois, il était vraiment en colère parce que sa soeur et Jill avaient fait n'importe quoi et qu'elles foutaient leur vie en l'air pour des drogues qui n'en valaient pas la peine. Decastel était fatigué, il n'en pouvait plus et une larme autant de rage que de peine roula le long de sa joue, même s'il l'éclipsa bien vite d'un revers de la main en évitant le regard des jeunes femmes qui parlementaient non loin de lui. Il aurait aimé pouvoir mettre du sens à tout cela mais la vie n'en avait aucun, il était franchement temps qu'il le comprenne et qu'il arrête de se morfondre sur les choix hasardeux d'autrui, ce n'était pas de sa faute après tout. "Je sais pas si ça suffira...Parce que t'auras envie de recommencer Jill, hein? Et on sera pas là pour te rattraper si tu succombes, je le sais bien." Il avait vu tant de fois sa mère tomber après qu'il ait eu un léger vent d'espoir. Cela ne marchait jamais, les gens étaient tous faillibles et lui l'était bien plus que les autres à ce moment là. "L'autre soir, j't'en ai pas parlé parce que t'avais bien assez à faire pour te remonter, Freya mais on en reparle à la maison, c'est pas le sujet tout de suite. Et toi, t'auras le droit de tout savoir que quand t'auras arrêté tes conneries!" Il pointa du doigt McGrath parce que c'était pour elle qu'ils étaient là, pas pour parler du bordel qui s'enchaînait dans sa propre vie. Il était triste, Tim, il voulait que tout s'arrête. Vraiment. "J'veux plus de drogues dans ma vie, je vous jure, je peux pas le supporter. Alors, Jill, s'il te plaît, stoppe tout." Il y passerait sûrement s'il entendait encore parler de cocaïne. Decastel n'était qu'un faible homme, au bout du compte.

Quand Jill lui fait son numéro de caliméro forcée, Freya la foudroie du regard. « La seule sortie que tu pourras faire, c’est de la chambre jusqu’aux chiottes, ma vieille. » Il faut toujours que la suédoise insiste, qu’elle grossisse les choses, qu’elle en fasse des tonnes. La demi-mesure, elle ne sait pas ce que c’est. Faire du ‘un peu’, un ‘chouilla’, un ‘soupçon’, elle ignore ce que ça veut dire. Elle eut un sentiment d’apaisement en l’entendant évoquer Bailey, le petit rouquin qui avait l’air bien soûlé la dernière (et première) fois qu’elle l’avait vu. Très bien, Jill va être collée au cul et c’est franchement la pire sentence qui existe. Tant pis pour elle, elle l’a mérité. Freya est bien trop à nerfs pour pouvoir avoir un quelconque chagrin pour son amie à l’instant T. Jill lui a paru tellement infatigable, indémontable, invincible que le choc est deux fois plus brutal pour sa partenaire de crime.

Cette dernière qui lui sort le discours du ‘c’est plus facile à dire qu’à faire’. Elle roule des yeux tout en soutenant son regard, s’apprêtant à rétorquer quelque chose. Mais Tim la devance. Freya n’aime pas l’expression de son visage, elle n’aime pas non plus la sensation que c’est lui qui va finir par faire un tour sur un lit. Ils sont rentrés à deux, ils ressortiront à deux. Mais Tim l’inquiète et elle a l’impression que rien ne peut l’apaiser, ni elle ni Jill. Il lui balance qu’elle avait bien assez à faire pour qu’il lui en parle et ça, franchement, Doherty l’encaisse difficilement. Mais elle se tait, elle n’a rien à dire, il a raison de toute façon. Freya se mord la lèvre tout en déviant les yeux pour les poser sur Jill. C’est elle le principal sujet de préoccupation. Pas lui et sa panique apparente, pas elle et son état désastreux. Comme l’a dit Tim, ils en parleront à la maison (quelle notion étrange quand même). Elle a un putain de poids au ventre alors que le jeune homme est littéralement en train de supplier Jill de tout arrêter.

Freya finit par poser ses mains sur chaque côté du visage de Jill pour qu’elle la regarde. « J’sais que c’est pas facile. J’suis déjà passée par là. Mais tu dois l’faire, Jill. Tu peux pas continuer à vivre ta vie comme ça. On peut pas continuer à faire ça. Ça va faire presque dix ans que j’ai arrêté et ouais, c’est une lutte permanente. Des fois tu cèdes, des fois non. Et c’est un putain de bonheur de pouvoir dire ‘non’. Tu peux l’faire. Parce que t’es Jill fucking McGrath, que t’es une putain de battante et qu’on t’aime trop pour t’voir crever à cause d’ça. »

Tim avait toujours peur pour son entourage, pour tous ces gens qui avaient fait de sa vie quelque chose de plus beau ces derniers mois. Tout allait si vite ces derniers temps et il avait l'impression de lambiner derrière le reste de la foule. Au fond, Decastel était resté ce gamin innocent et fragile, qui ne savait pas réellement gérer les situations de crise. Alors, comment calmer la panique qui le prenait en voyant Jill dans cet état? Rien ne le pouvait, il se sentait coupable de ne pas l'avoir vu venir, peut être de ne pas avoir été présent pour elle jusqu'à ce qu'elle envisage de se mettre sans dessus dessous, quitte à en mourir. Il aurait dû être un ami meilleur, pas celui qui venait l'engueuler après coup, même si elle n'avait pas l'air de le prendre mal, au contraire. Elle se permit de l'amener vers elle pour le serrer contre elle et Timothy put enfin reprendre une réelle respiration parce qu'elle était vivante et qu'elle leur promettait de ne plus faire tant de bêtises. Cela ne voulait pas dire que tout irait bien du premier coup, qu'elle ne lutterait plus contre ses démons mais elle pouvait compter sur eux, c'était déjà un bon point de départ. "D'accord. Si tu me promets, je te crois." Il allait essayer de tout son coeur en tout cas, même si c'était plus qu'évident qu'il allait avoir besoin du soutien de Freya dans l'entreprise. Il se tourna d'ailleurs vers elle pour regarder la discussion des deux jeunes femmes se jouer sous ses yeux. Elles avaient tous les deux un trouble mental, des vilains à combattre et Freya était sûrement la plus indiquée pour aider sa comparse, néanmoins, Tim savait qu'il avait aussi son petit rôle à jouer, mine de rien. "Tu nous appelles quand ça dérape là haut et on viendra. Tous les deux, hein, Freya?" Jillian les ramenait tous les deux vers elle et Tim osa passer un bras autour de chacune des deux femmes, déposant un baiser sur la tempe de Jillian avant de chercher furtivement les lèvres de sa petite amie. Il ne devait surtout plus céder à la panique et être là. Pour elles deux, elles avaient besoin de lui.

Vouloir arrêter une addiction est une chose qui est toujours plus facile à dire qu’à faire. Quand elle s’amuse avec Jill, jamais Freya n’a considéré que son amie était accro à ce point, qu’elle aurait traversé la ligne infranchissable par plaisir, juste pour essayer. Ça lui rappelle de trop mauvais souvenirs, ça fait revivre des anciennes douleurs, de la détresse pure et simple de voir quelqu’un qu’on aime tenir sur un fil. Elle n’a pas été là pour Jill, la suédoise s’en voulant presque d’avoir autant déconné avec elle ces derniers mois. Le chemin de la rédemption de McGrath va être long, il va être chaotique parce qu’il est difficile de remonter la pente. Mais Freya ose espérer que l’overdose peut avoir servi d’électrochoc – même si ce n’est qu’une douce utopie. Elle est bien placée pour savoir qu’un addict ne s’arrête pas simplement parce qu’il a frôlé la mort. Il faut l’envie, la volonté d’arrêter. Est-ce que Jill en est capable ? La jeune femme se pose la question alors qu’elle observe son amie réconforter Tim qui semble au bord du précipice. Son instinct lui dicterait de trouver un moyen de le réconforter mais c’est à Jill de le faire, de lui prouver qu’elle est assez forte pour essayer d’arrêter. « Il faut au moins que t’essaie, B. C’est le plus important. » Parce que les promesses, ce n’est que du vent. Freya aura du mal à y croire tant qu’elle ne le verra pas de ses propres yeux.

« Et comment je fais si tout ce qui se passe là haut prend le dessus, si je contrôle plus rien ? » Freya scrute les yeux de Jill intensément. Elles n’en ont toujours pas parlé, à peine évoqué, juste frôlé le sujet. Mais il n’y a rien à dire pour l’instant. Elle aimerait pouvoir lui dire quelque chose qui la réconforterait mais dans la réalité des faits, Freya n’en sait rien. Ce qui se passe là-haut, ça dépasse l’entendement, ça dépasse ce qu’on peut maîtriser, c’est incompréhensible pour le commun des mortels. Mais la suédoise a l’impression de comprendre son amie mieux que personne à ce moment précis. Tim confirme à Jill qu’ils seront là et Freya hoche la tête tout en la laissant les prendre dans ses bras. Elle reste un moment à turlupiner dans sa tête, et certainement à essayer de ravaler des putain de larmes parce qu’elle en a bien trop versé les semaines précédentes, avant de coincer ses bras autour d’eux, d’accepter le baiser réconfortant de Tim et de fourrer sa tête dans le creux du cou de Jill. « On trouvera une solution, Jill. Comme Tim l’a dit, on sera là pour toi. On te laissera pas seule. Ni contre le monde entier et encore moins avec ta tête. Il doit bien y avoir quelque chose pour t’aider. Et on sera là à chaque étape du processus. » Elle ne promet pas mais c’est tout comme. Jill respire, Jill est vivante et pour l’instant, c’est tout ce qui compte. Freya cherche de ses doigts ceux de Tim pour lui rappeler qu’elle ne l’oublie pas. Qu’elle voit sa détresse, qu’elle est là pour lui et qu’elle ne l’abandonnera pas tout seul dans son enfer personnel. Freya sera là pour les deux parce qu’elle les aime bien trop pour les laisser tomber.