«  l'amour sait mieux offrir l'amitié sait mieux donner »    freya doherty & elias sanders

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Il y a encore même pas une heure, il aurait claqué la porte au nez de Doherty, sans rien vouloir entendre, sans aucun ménagement. Mais le flic aussi prétentieux qu’il soit, aussi arrogant a toujours eu un faible face à elle. Un faible qui ne le rassure pas pour son futur, parce que si ils avaient quittés la rue du casino en colère et en gueulant chacun de leur côté, le temps avait fait en sorte d’arranger cette tension entre eux. Le temps arrive à exaucer des miracles et aux yeux de Sanders, ça en est un, à l’approche de noël. Et il ignore si ça le soulage ou pas, si le fait de la savoir à présent à ses côtés le rassure, parce que si il y a une chose à savoir avec elle, c’est qu’elle est impulsive. Elle ne réfléchit jamais, contrairement à Elias, elle est dans l’excès Freya, toujours. Certains diront que c’est ce qui fait son charme, Elias ça l’agace plutôt. Mais il a toujours épaulé cette amie, il a toujours tout su lui pardonner, et lui trouver les plus belles qualités. Dans le salon de l’appartement, la tension est redescendue, il ose la regarder, même faire de l’humour parfois. Il ose lui reparler, sans être sur la défensive. Ou presque… Dire qu’il a retrouvé sa Freya serait mentir, mais un semblant sans doute, la seule qu’il n’a jamais pu stopper. La seule qu’il n’a jamais pu dégager de sa vie comme une malpropre. Il n’est pourtant pas de ce genre à s’attacher Elias, ça le dégoûterait presque ce terme, devenir dépendant de quelqu’un, et c’est absurde.  « J’vais pas t’en vouloir éternellement pour ça. » Il hausse les épaules, il ne sait pas pourquoi il est différent avec elle, plus qu’une autre nana. Qu’est-ce qu’elle a de plus Freya ? Serait-elle tombée au bon moment, au bon endroit lors de leur première rencontre ? Pour créer finalement ce lien qui le dépasse… Qui les dépasse… Il n’en sait rien et ne se pose même pas la question, préférant profiter du moment présent plutôt que de se compliquer la vie. « Une petite tornade malade, ça fait pas un beau mélange. » Qu’elle avoue, un sourire timide au coin des lèvres. « Moi j’aime bien… » Qu’il répond, sans même lui porter plus d’attention que ça, comme si il était détaché de la situation, mais pourtant les mots sont bien présents. Plus que jamais… « Comme si t’as besoin d’ça. » Il lui jette un regard malicieux comme si il savait déjà des choses, mais la vérité c’est qu’il n’a aucune idée de qui elle fréquente. Pour lui, que des gens correctes, disons pas pire qu’elle. Il ne sait pas lui, que entre autre le dealer Carter Rollins n’est jamais bien loin de Doherty et si il savait il pèterait un câble c’est plus que certain… Il aurait envie de tout démonter sur son passage, le dealer surtout ! Mais son esprit est bien plus léger à cet instant, il la taquine avec légèreté. « Mais si tu as quelque chose à dire, c’est le moment ou jamais… » Il est fier de lui le flic. Il relève ce menton, probablement que son arrogance ressort plus que le reste mais il n’y peut rien, il est comme ça Elias, et on n’chasse jamais le naturel bien longtemps ! « La seule personne qui le fera, ça sera moi. Qu’elle avoue doucement, avant de reprendre, mais pour cette fois, j’te promets que c’était un accident. » Il ne réfléchit pas longtemps, elle a ses doigts dans les siens, et finalement ça lui fait du bien, à Elias. Juste assez pour qu’il avoue, d’une moue « et il ne devra pas y avoir de prochaine fois… »  Clairement il ne le supporterait pas si il arrivait quelque chose à Freya, il pète souvent les plombs, il est violent Elias. Quand ça le dépasse, quand il ne maîtrise plus la situation, il ne sait pas garder son self control et a besoin de l’exprimer. Souvent en tapant de rage, en gueulant. Il pourrait devenir fou, complètement. Comme si son cerveau n’était plus irrigué convenablement. Alors si ça touche Freya, ce sera pire. Bien pire même… Et puis perdu dans ses pensées, elle ne semble pas comprendre ce qu’il veut dire, ce qu’il essaye de lui dire. Elle lui lâche la main, le regard perdu, avant d’avouer, faiblement comme si elle était touchée. « Je tente rien du tout. Les choses sont très simples, Elias. Soit tu t’décides de foutre ton putain d’égo de côté pour faire un pas en avant avec moi, soit c’est vraiment fini et mort. J’peux pas être la seule à essayer d’faire quelque chose, là. » L’ego d’Elias c’est la seule chose qui lui reste dans sa putain de vie misérable. C’est ce qu’il a aidé à tenir le coup quand Soren a quitté la famille, laissant la mère seule élevée péniblement un bébé et un petit garçon de cinq ans. Qui ne comprenait pas, qui posait des tas de questions. Qui demandait quand son père allait rentrer. Et puis les jours ont passés, et la fierté de ce petit garçon ne s’est jamais fissuré, il se cache derrière ce masque pour ne pas trop souffrir – ou éviter du moins. Mais ce soir, il échoue, lamentablement. « J’en suis pas capable… » Qu’il avoue faiblement, d’une voix éteinte par cette douleur lancinante. Parce qu’il se voyait pas capable d’être autrement. Parce que c’est cette fierté qui le tient encore debout, tout comme elle c’est l’alcool. « Laisse tomber… » Fallait pas croire qu’il puisse devenir quelqu’un d’autre. Qu’il puisse agir sans cette fierté, Freya n’avait jamais connu Elias Sanders sans elle… Puis elle se lève, hésite, cherche du regard alors qu’il ne la regarde même pas. Qu’elle parte, loin de lui. Qu’elle parte, et ne revienne jamais… C’est beaucoup trop dur pour lui. « J’vais te laisser réfléchir à tout ça, si tu veux. J’aurai pas dû débarquer comme ça. J’aurai dû prévenir ou j’sais pas trop… » Elle devrait partir. Mais il le sent encore cette présence. Elle est là, dans le salon, devant les fauteuils. Elle est là, silencieuse à présent. Au bout de plusieurs longues secondes, il relève le regard sur elle. Posant la main sur le bras de Freya, ce touché l’électrise. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Qu’il demande finalement, d’une voix hésitante. Il se relève à son tour, posant son regard brutalement sur elle, comme si il regrettait qu’elle soit pas déjà loin de lui, mais il serait capable du pire pour elle. Il l’attire vers lui, pour qu’elle s’assoit de nouveau sur le fauteuil juste derrière lui. « Tu as bu quoi ? » Il pouvait pas s’empêcher de jouer au flic Elias…

« Moi j’aime bien… » Freya redresse une mèche derrière son oreille en regardant par terre. Elle serait presque gênée d’un tel compliment. Depuis quand Freya est gênée devant Elias ? Il l’a vu en couche culotte, il était là pendant les périodes où elle mangeait ses crottes de nez, il a été le premier à voir l’enfer dans lequel elle se foutait, le témoin direct de sa maladie qui se propageait comme un poison dans ses veines. S’il y a bien une personne avec qui elle ne devrait pas avoir de gêne ni de honte, c’est bien Elias. Ce n’est pas juste de ressentir ça, d’avoir la sensation qu’il est un étranger alors qu’il est supposé être la personne la plus avisée de sa vie. Elias et son espèce de sens moral, une conscience qu’elle ne possède pas mais dont elle s’amuse à le voir être aussi faillible malgré ce qu’il montre au monde extérieur. « Mais si tu as quelque chose à dire, c’est le moment ou jamais… » Doherty se gratte l’oreille tout en secouant la tête. « J’vois pas c’que tu veux j’dise. » Est-ce que parler de Wren pourrait lui donner de quoi refaire partie de sa vie d’une façon ou d’une autre ? Non, elle ne pense pas. Ce n’est pas en parlant de son frère aîné et ses problèmes que la porte entre eux se décoincera. Même si elle n’est plus aussi scellée qu’avant, il reste quelque chose d’étrange, comme quelque chose qui coince pour qu’elle s’ouvre pleinement et qu’ils s’affirment. Pourtant, Freya juge qu’elle essaie assez, qu’elle tente et ose de le réveiller. Mais rien ne semble fonctionner et elle devient de plus en plus désarmée face à cette situation.
« Et il ne devra pas y avoir de prochaine fois… » La suédoise penche la tête. « J’suis bipolaire, Elias. Ca se contrôle pas. T’es bien placé pour l’savoir. Mais j’ferai attention. » Même si pour cette fois-ci, même si elle était en mauvaise phase, c’était réellement un accident. Freya a eut une nouvelle frayeur, la danse avec la mort encore une fois. Vingt-sept ans mais elle est déjà bien trop proche de la faucheuse, trop dans ses anales pour son propre bien.

« J’en suis pas capable. Laisse tomber. » Elle aimerait laisser tomber. C’est ce qu’elle fait d’ailleurs en se levant brutalement. Ce qui affole son intérieur et qui inquiète Elias, qui la suit, qui pose sa main sur son bras, qui hésite. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Freya passe la main sur son front alors qu’elle se laisse faire, ses fesses atterrissantes mollement sur le fauteuil qu’il lui a attribué. « Tu as bu quoi ? » Elle a un faible ricanement tout en se massant entre les deux yeux. « Enchainer l’alcool et le café, c’est pas forcément la meilleure des idées, faut croire. » Boire cul sec non plus. Et avoir l’esprit en vrac aide encore moins. « Nan mais ça va aller, j’vais t’laisser. T’as pas l’air de vouloir m’voir, t’façon. J’ai beau essayé, c’est… En vain. » Freya est dépitée et fatiguée tout d’un coup. Elle ne risque même pas d’aller voir Tim dans cet état ; non, elle préfère encore affronter la connerie de son frère pendant cinq secondes - le temps de trajet entre la porte d’entrée et la chambre - que les sourcils froncés de son copain. Dans un mouvement incertain mais plus lent, la suédoise se lève sur ses jambes. « Si jamais tu changes d’avis ou quoi, hésite pas. Si t’as supprimé mon numéro, bah, tu sais que j’travaille au cimetière. Tu m’y trouveras si tu m’y cherches. » Un lieu presque réconfortant avec le temps. Freya finit par se diriger vers la porte avant de se retourner une dernière fois. « J’suis prête à t’accueillir dans ma vie de nouveau, Elias. T’en es jamais parti. Mais j’peux rien faire si tu veux pas la même avec moi. » Elle ne peut pas s’imposer non plus dans la vie de quelqu’un si cette personne ne veut pas d’elle.

 «  l'amour sait mieux offrir l'amitié sait mieux donner »    freya doherty & elias sanders

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Elias aurait voulu agir différemment avec elle, n’être que cet homme dont elle a tant besoin, n’être que cette figure emblématique dans sa vie. Mais il ne sait pas lâcher prise le flic, il n’arrive pas à s’adoucir, pas même face à elle. Il n’arrive pas à lui ouvrir grand les bras et à juste vouloir profiter du temps perdu avec elle. Pas même face à celle qu’il désire depuis toujours, en secret. Il préfère jouer au détaché, à être cet ingrat qu’elle va finir par détester… C’est la seule chose qu’il pourra lui apporter, loin de ce besoin d’être auprès d’elle. Parce qu’il ne parvient pas à lui avouer, il ne parvient pas à prendre cette place auprès d’elle. Il est triste mais ne le montre pas, à quoi bon ? Si elle pense qu’elle a perdu ce soir, Elias pourra prétendre qu’il a perdu bien davantage. Mais ses mots resteront coincés en travers de sa gorge, parce qu’il n’est pas du genre à s’attacher aux autres, encore moins à le montrer. Pour lui c’est être faible, et il n’est pas faible le flic. Il repousse une fois de plus ce sentiment d’échec ne lui offrant alors que de l’arrogance et de la prétention – la seule chose qu’il saura lui offrir. « J’vois pas c’que tu veux j’dise. » Il hausse les épaules, il n’attend rien d’elle. Que pourrait-il prétendre ? Il avait juste demandé ça pour plaisanter, et il n’était probablement pas le premier en qui elle viendrait se confier sur ce genre de chose et elle avait probablement pas tort. Il est du genre à vouloir la protéger de tous les maux de la terre même si il passe pour le grincheux de l’histoire. « J’suis bipolaire, Elias. Ca se contrôle pas. T’es bien placé pour l’savoir. Mais j’ferai attention. » Parler de ça, le met mal à l’aise, de sa propre mort. Lui, il n’a pas peur de mourir et avait failli probablement à plusieurs reprises notamment lors de ses courses folles quand il pousse son bolide à vive allure, et que parfois il calcule mal la trajectoire. Il s’était fait quelques frayeurs par ci, par là mais de là, à dire qu’il a peur de mourir ce serait mentir, fallait pas abuser ! « J’compte pas venir à ton enterrement ! » Qu’il dit d’une voix froide. Pas contre elle, mais contre cette idée qu’elle venait de lui mettre en tête. Il la détestait pour ça… On peut le voir qu’il n’est pas des masses à l’aise. Sa mort ne l’inquiète pas, celle de Freya l’insupporte ! Et il pourrait tout vouloir défoncer autour de lui si ils changent pas de sujet… Elle se lève alors, voulant quitter la pièce. Il se dit que c’est la meilleure chose à faire et ne cherchera évidemment pas à la rattraper. A quoi ça servirait ? Le mieux pour elle c’est qu’elle parte tant qu’il est encore temps, qu’elle le haïsse de toutes ses forces… « Enchainer l’alcool et le café, c’est pas forcément la meilleure des idées, faut croire. » Mais pourtant quand il tourne le visage et qu’elle semble rester stoïque, avec la tête qui tourne, ou un semblant, il n’hésite pas à se relever à son tour, lui demandant ce qui lui arrive. « Nan mais ça va aller, j’vais t’laisser. T’as pas l’air de vouloir m’voir, t’façon. J’ai beau essayé, c’est… En vain. » Il aimerait la contredire, et posait ses mains sur ses lèvres pour la faire taire. Et pourtant… « Tu sais bien que c’est pas aussi simple que ça Freya… » Qu’il avoue dans un murmure vague. « C’est mieux que tu partes… » Il se déteste de dire ça, mais c’est pourtant ce que son cœur veuille, qu’elle s’en aille et que leur vie se sépare. Qu’elle continue avec l’autre type si elle souhaite et qu’elle le laisse dans sa misérable vie. « Si jamais tu changes d’avis ou quoi, hésite pas. Si t’as supprimé mon numéro, bah, tu sais que j’travaille au cimetière. Tu m’y trouveras si tu m’y cherches. » Qu’elle avoue avant de tourner les talons, il reste immobile comme un con en plein milieu de son salon. La rage monte en lui, mais il ne l’évacuera jamais tant qu’elle est là… Elle se tourne une nouvelle fois, et il n’a pas besoin de la regarder pour le savoir, « j’suis prête à t’accueillir dans ma vie de nouveau, Elias. T’en es jamais parti. Mais j’peux rien faire si tu veux pas la même avec moi. » Son cœur se serre et quand la porte se referme derrière la silhouette brune de son amie, il prend le premier cendrier qui s’offre à lui, posé sur la table basse, qui lui permet juste à faire de décoration avant que celui vienne taper de toute ses forces contre le mur en face et que le cristal s’éparpille en petits morceaux. Il a mal putain, tellement mais tout est encore enfouis en lui…

FIN