I'm not scared of what you're gonna tell me and I'm not scared of the beast in the belly. Fill my cup with endless ambition and paint this town with my very own vision. 'Cause I've been wondering when you gonna see I'm not for sale, I've been questioning when you gonna see I'm not a part of your machine.
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Son reflet dans le miroir lui renvoyait une image qu’il avait du mal à enregistrer, celle d’un jeune homme ayant enfin atteint la barre fatidique des trente ans et qui avait – ces derniers temps – un peu trop abusé des livraisons de donuts journalières au poste. Lonnie n’avait jamais été un grand gaillard à l’instar d’Harvey qui avait tout obtenu des gênes de leur père, charpenté et grand, là où le flic tirait plus du côté de sa mère, petit gabarit et métabolisme lent. Alors pour une bouchée de nouilles sautées au porc Lonnie se devait de courir un semi-marathon. Les mains appuyées sur les hanches Hartwell avait soupiré lourdement avant de saisir du sac de sport poussiéreux qui prenait toute la place dans son armoire mais n’en sortait jamais, bien décidé à trouver la motivation nécessaire pour se rendre à la salle de sport dans laquelle il avait pris un abonnement en début d’année. Il était temps de faire quelque chose pour que son corps puisse enfin retrouver la forme que le bleu avait en commençant l’école de polices, là où les tests physiques étaient éliminatoires et non sporadiques comme c’était le cas aujourd’hui. Le flic jeta un short, un débardeur et une paire de basket dans le fond de son sac avant de tendre la main vers son téléphone qui lui servirai de coach ou de moyen de distraction s’il ne savait pas comment utiliser une machine, il pourrait juste prétendre devoir répondre à un appel urgent – évitant ainsi l’humiliation totale. Montant et descendant la liste de ses contacts pour trouver la parfaite personne à amener avec lui, préférant de loin l’idée d’une torture partagée plutôt que d’avoir à souffrir seul, Lonnie était tombé sur ‘Leah’ dont le nom était accompagné du fameux émoji « poop » qui le faisait toujours autant rire tant il était parfaitement attribué à la jeune femme qui n’en avait jamais tiré autre chose que de la plaisanterie. « Prend ta plus jolie paire de basket, je passe te prendre dans 15 minutes et on va transpirer. (J’en ai besoin, help) ». Descendant les marches quatre à quatre après avoir jeté une boulette de viande et un reste de spaghettis au chat Lonnie avait hésité un très long moment entre maudire sa voisine qui avait encore fait venir la fourrière pour sa voiture et balancer des œufs sur la fenêtre de son salon pour l’empêcher d’épier chaque faits et gestes des habitants du quartier. Il pourrait toujours faire sauter le PV accroché à son essuie-glace mais dans un sursaut de conscience professionnelle Lonnie abandonnerait l’idée pour se plier aux dures lois imposées par la société, non sans protester dans sa barbe cela dit. Sur l’écran cassé de son téléphone Lonnie avait affiché l’adresse de la brune qu’il avait raccompagnée chez elle après leur dernière soirée, le GPS lui indiquant alors une dizaine de minutes de trajets entre le point A et le point B. Il n’avait même pas attendu une réponse de le part de Leah qui avait sans doute mieux à faire que de l’accompagner dans une salle de sport, elle qui essuyait une rupture encore chaude et un stress constant par rapport à ses essais avec les pompiers. Mais elle n’avait, de toute façon, pas le choix. Lonnie avait besoin d’un soutien moral durant cette épreuve et se prêterait volontiers au jeu des questions réponses avec sa meilleure amie, elle qui en connaissait déjà un rayon sur lui serait sans doute surprise d’apprendre qu’il avait rencontré quelqu’un et – qu’en plus – elle la connaissait. Ces derniers jours passés avec Romy avaient été parfaits et le flic avait encore du mal à croire qu’il avait été aussi chanceux. Le temps passant la conseillère se montrait être plus qu’une alliée avec qui il échangeait sur le dossier de sa mère, elle était devenue un point vital de son quotidien et il ne pouvait plus envisager une seule seconde qu’elle ne fasse pas partie de sa vie. Lonnie était heureux, bien plus qu’il ne l’avait été ces dernières années, le sport ne pouvait donc qu’être bénéfique à sa vie. Arrivé à l’adresse indiquée par le GPS le flic n’avait pas attendu longtemps avant d’apercevoir la silhouette de Leah descendre les marches. « Grimpe Baumann, et essaie de ne pas casser ma voiture avec tes gros bras. » qu’il avait balancé un appuyant sur le bouton ‘mute’ de l’autoradio. Plus qu’une simple plaisanterie destinée à ouvrir la conversation Lonnie ressentait une pointe de jalousie envers la jeune femme qui semblait bien plus prête que lui à endurer une séance de sport (de torture) dont il sortirait sans doute avec des courbatures pour une semaine entière. « Merci d’avoir accepté, je voulais pas me foutre la honte tout seul. » Le flic avait appuyé sur l’accélérateur pour sortir la voiture du trottoir sur lequel il s’était garé à la vas-vite et s’était dirigé vers le quartier de Logan City où les attendait le plus grand challenge de sa journée, réussir à rester en vie.
Penchée sur les cartons qu’elle avait commencé à faire sans trop de conviction, Leah avait relevé la tête de la montagne de vêtements qu’elle avait amassé devant elle lorsqu’elle avait entendu son téléphone vibrer, puis tomber du coin du meuble sur lequel il avait été posé avec inattention. La brune le regarda s’écraser lamentablement par terre, dans un bruit qui signifiait ; tu vas pouvoir changer l’écran maintenant Baumann. Soupirant, la jeune femme se laissa tomber sur le dos, tendant le bras avec une flemme qui définissait plutôt bien son mode de vie des derniers jours, afin d’attraper l’objet maudit qui n’avait toujours pas déchargé sa batterie en dépit du peu de cas que sa propriétaire en faisait depuis quelque temps. Etonnée que quelqu’un se risque encore à prendre de ses nouvelles malgré son silence radio obstiné, elle laissa son regard glisser sur le message qui s’était affiché sur l’écran – nouvellement fêlé – et qui venait de son meilleur ami. « Prend ta plus jolie paire de basket, je passe te prendre dans 15 minutes et on va transpirer. (J’en ai besoin, help.) » La brune esquissa un sourire en relevant un sourcil surpris en lisant ce message qu’elle n’aurait jamais pu imaginer venir de Lonnie Hartwell en personne. Lui, transpirer ? Mais qu’est-ce qui lui prenait ? Elle repoussa le téléphone en secouant la tête, se remettant à la tâche tout en se disant que sa nouvelle lubie lui passerait aussi vite qu’elle était venue. Leah continua donc à trier les vêtements qu’elle avait face à elle, sa main tremblant légèrement à chaque fois qu’elle s’emparait d’un pantalon ou d’une blouse de grossesse. Le cap était difficile à passer et se replonger sur des détails qui avaient pourtant l’air aussi insignifiants la plongeait dans un état d’esprit qu’elle avait bien du mal à formuler. Un mélange de tristesse et d’agacement face au fait qu’elle ne parvenait pas à reprendre le dessus, même si c’était ce qu’elle souhaitait par-dessus tout. Se mordant la lèvre, elle interrompit une nouvelle fois son geste et releva le menton vers le téléphone qui n’avait pas bougé d’un chouïa. Peut-être que sortir lui ferait du bien après tout ? Faire une pause dans tout ça, s’aérer l’esprit… Il fallait qu’elle se rebouge, qu’elle se remette au sport pour chasser toutes les idées noires qui s’imposaient dans son esprit lorsqu’elle restait seule trop longtemps dans cette maison. Si cette bâtisse avait représenté un avenir brillant et rempli de joie, elle lui faisait maintenant penser à la maison d’Amityville, hantée par des fantômes du passé. La chambre d’Aaron restait obstinément fermée à clé, comme si elle avait peur que quelque chose en sorte… et parce qu’elle avait peur d’y entrer. Un frisson parcouru son échine et la jeune femme se redressa, attrapant au passage une paire de legging et un débardeur qui traînait dans les parages. Sans trop savoir si tout ça était une bonne idée, elle se dirigea vers la salle de bain pour faire face à son reflet, s’observant à la dérobée. Elle avait perdu du poids, plus que ce qu’elle n’avait prit lorsqu’elle était enceinte. A vrai dire, rien n’indiquait que huit semaines plus tôt, elle en était à sept mois de mettre au monde un petit garçon. Rien, si ce n’était la cicatrice encore rose qui s’étirait le long de son bas-ventre. Une cicatrice due à la césarienne pratiquée en urgence pour sauver son fils et elle-même. Un seul des deux avait survécu, et si on lui demandait son avis, elle répondrait que c’était la mauvaise personne qui était partie ce jour-là. Ignorant les cernes et le visage marqué qui lui faisait face, elle se détourna du miroir pour s’habiller rapidement avant de s’emparer d’une paire de baskets, puis de se diriger vers l’entrée. Si Lonnie disait vrai, il n’allait pas tarder à arriver. Attrapant son téléphone et une paire d’écouteurs, elle sortit de la maison et descendit les marches, apercevant la voiture du policier arriver à sa hauteur. Le timing était parfait. Avançant les mains dans les poches, elle entra dans l’habitacle de la voiture sans pouvoir retenir un léger sourire en voyant le visage bienveillant de son ami ; il lui avait manqué. « Grimpe Baumann, et essaie de ne pas casser ma voiture avec tes gros bras. » Une plaisanterie qu’elle accueillit avec un petit rire, sachant pertinemment que ses bras ne risquaient pas de faire beaucoup de dégâts ces temps-ci. « Je pense pas être capable d’aggraver la situation Hartwell. » Répondit-elle en jetant un coup d’œil à l’intérieur de la voiture, égale à elle-même lorsqu’il s’agissait de répondre du tac au tac à son ami. Les taquineries allaient toujours bon train entre eux, une habitude qui ne changerait sans doute jamais – et c’était tant mieux. « Merci d’avoir accepté, je voulais pas me foutre la honte tout seul. » Elle haussa les épaules avec un petit sourire, relevant le menton dans sa direction en haussant un sourcil, décidée à savoir comment ils se retrouvaient dans une situation pareille aujourd’hui. « J’ai dû relire le message plusieurs fois pour être sûre que c’était bien toi qui me l’avais envoyé. » Elle reporta son attention sur la route, s’amusant de la lenteur désespérante à laquelle le policier s’obstinait de rouler. « Qu’est-ce qui t’as pris ? C’est un pari ou un truc du genre ? » Impossible pour elle de s’imaginer que Lonnie se décide de se rendre à la salle de sport en son âme et conscience, pas sans une raison exceptionnelle. Elle plissa les yeux dans sa direction, comme si elle allait parvenir à déceler ce qui se tramait dans la tête du flic.
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Souvent moqué car il refusait de se plier aux traditions ancestrales du commissariat qui consistaient à se défouler à la salle de sport entre collègues après une journée bien remplie, Lonnie était pourtant décidé à contrer cette malédiction alors que son reflet dans la miroir lui rendait l’image d’un jeune homme qui avait pris la barre de la trentaine en pleine face. Il fallait que ça change, plus question de se trouver des excuses à base de « non mais pas ce soir je suis occupé », alors qu’il avait du temps de libre. Accroché à son téléphone il avait contemplé pendant de longues minutes les noms dans son répertoire avant de s’arrêter sur celui de Leah qu’il n’avait pas vu depuis des semaines, et il pouvait en porter le blâme. Entre le dossier de Gail qui lui trottait constamment dans sa tête, la bataille mentale pour faire plier Harvey et sa nouvelle relation avec Romy dans laquelle il s’impliquait beaucoup le flic n’avait pas eu le temps de prendre des nouvelles de sa meilleure amie qui avait – pourtant – une place importante dans sa vie. Autant faire d’une pierre deux coups avec cette histoire de sport en forçant la Baumann à se rendre avec lui à la salle, de un parce qu’il avait besoin de support moral, de deux parce que ça leur donnerait une occasion de parler et d’exorciser leurs problèmes. Le bleu avait jeté des vêtements de sport pour lesquels il avait payé une petite fortune avant de descendre les marches de son bâtiment quatre à quatre pour rejoindre sa voiture que la voisine avait encore dénoncée à la fourrière parce qu’il dépassait un peu (beaucoup) sur le trottoir. Leah n’avait pas eu le choix, et le manque de réponse de la part de la brune n’avait pas forcément inquiété Lonnie qui prenait la route sans même décrocher le papillon de son pare-brise. En se garant à la vas-vite devant l’immeuble de la jeune femme le flic avait hésité un long moment à prendre une cigarette pour se donner du courage, mais il s’était promis d’arrêter et ça faisait vraiment contradictoire que de s’allumer une clope avant une séance de sport qui le mettrait forcément sur les rotules pour le reste de la journée. Leah avait plus d’expérience que lui dans le domaine de la torture physique, les derniers souvenirs de ses sessions de sport remontant à l’école de police où il avait fait de son mieux pour ne pas être dans les derniers mais qui ne s’étaient pas soldées – non plus – par une grande victoire dans le domaine. Lonnie avait toujours été du genre gringalet, incapable de construire du muscle autrement qu’en sacrifiant son sommeil et sa vie privée pour l’odeur de transpiration des salles de musculation, et même si il avait toujours fait en sorte de ne pas devenir le cliché du flic aux doigts gras. Leah était apparue dans son champ de vision alors qu’il décidait si oui ou non il était nécessaire de prévenir quelqu’un au cas où il ferait un arrêt cardiaque sur le tapis roulant. « Je ne pense pas être capable d’aggraver la situation Hartwell ». Lonnie avait relevé le regard pour accueillir sa meilleure amie alors que cette dernière jugeait d’un œil mauvais la petite citadine qui l’accompagnait dans ses déplacements et qui dormait plus souvent à la fourrière que sur la place de parking. « Hé mais tu as décidé d’être drôle aujourd’hui. » Les moqueries reprenant leur juste place dans la relation liant les deux amis, des années de piques acérées qui n’avaient jamais plomber leur amitié, bien au contraire. « Je fais déjà l’effort de venir te chercher alors ne brusque pas ma voiture, elle est sensible. » Le flic avait passé une main sur le tableau de bord poussiéreux pour marquer ses mots, quand même bien loin d’être attachée à sa voiture comme les maniaques de tuning qu’il prenait plaisir à contrôler au premier feux rouge grillé. « J’ai dû relire le message plusieurs fois pour être sûre que c’était bien toi qui me l’avais envoyé. » Mais c’est qu’elle avait de l’humour la petite dame. Enfonçant son pied sur l’embrayage pour faire démarrer la voiture Lonnie avait jeté un coup d’œil dans son angle mort pour être sûr de ne pas se prendre un vélo sur le passage. « Non, c’est bien moi. Personne ne m’a volé mon téléphone et je n’ai pas envoyé ce message sous la contrainte. » On aurait pu croire qu’il avait été forcé de se rendre à la salle de sport sous la menace, lui qui ne voyait jamais le bon côté de cet acte de barbarie qu’il délaissait au profil d’une soirée ciné ou d’une après-midi jeux vidéo. « Qu’est-ce qui t’as pris ? C’est un pari ou un truc du genre ? » Bam, une balle en plein cœur. Lonnie avait haussé un sourire ses lèvres en même temps que ses épaules alors qu’il ralentissait pour laisser passer un jeune garçon, écouteurs visés dans les oreilles, qui n’avait même pas relevé la tête pour le remercier. « Alors non, mais merci de croire que je ne peux pas prendre ce genre de décision à moins d’avoir perdu un pari. » Sur le parking du complexe sportif Lonnie avait garé sa voiture loin des autres pour ne pas s’attirer les regards moqueurs des passants qui pourraient le voir galérer à faire un créneau. « Je me suis regardé dans le miroir et j’ai pas aimé ce que j’ai vu. Et quoi de mieux que mon bourreau d’enfance qui passait ses après-midi à me plaquer au sol pour ‘jouer’ afin de m’accompagner dans cet enfer ? » Sans même attendre la réponse de Leah le flic était sorti de la voiture pour se saisir de son sac de sport tout neuf qui n’avait jamais vu l’ombre d’un vestiaire ou d’une machine à tractions.
Leah savait qu’elle ne pourrait probablement pas se donner comme elle avait l’habitude de le faire – la faute à plusieurs mois d’inactivité ainsi qu’à l’opération qui ne datait que de huit semaines – mais elle comptait bien profiter de l’instant pour se fatiguer comme il le fallait. Après tout, le sport amenait une fatigue saine, pas vrai ? Elle parviendrait peut-être à dormir de cette façon après tout. Et si elle sentait sa résistance faillir, elle ne manquerait pas de rejeter sa frustration sur Lonnie en lui hurlant dessus pour qu’il fasse encore plus de pompes – une idée qui la fit sourire alors qu’elle descendait les marches qui la séparaient de l’allée où son ami l’attendrait. La brunette s’interrogeait sur les motivations du policier car depuis toujours, le jeune homme avait fait preuve d’un sens de l’effort physique assez approximatif. Non pas par manque d’obstination, loin de là, mais il avait vite compris qu’il allait devoir fournir au moins deux fois plus d’efforts que la plupart de ses congénères sans être certain d’atteindre le même résultat ; un constat plutôt démoralisant. Ceci étant dit, il avait réussi les tests physiques de la police, ce qui prouvait qu’il pouvait y arriver quand il en avait envie. Cependant, l’hygiène de vie de son ami laissait franchement à désirer, entre la clope et les repas à emporter, et Leah ne pouvait que le soutenir dans cette démarche positive, même si elle n’était pas dans les meilleures conditions pour le faire. C’était aussi ça l’amitié après tout. La voiture du policier entra enfin dans son champ de vision – preuve que sa réponse à son message était absolument facultative – et elle s’avança vers lui, son sac de sport à l’épaule, un air circonspect sur le visage. En effet, la brunette se demandait encore si cette sortie était ou non une bonne idée, mais maintenant qu’elle était là… Autant y aller. Leah fit donc son entrée dans l’habitacle, accueillie par une vanne aussitôt ses fesses déposées sur le siège. Ravie en son for intérieur que leur relation reste inchangée en dépit des semaines qui passaient sans qu’ils ne se voient, la brunette rétorqua une réplique bien sentie tout en attachant sa ceinture. « Hé mais tu as décidé d’être drôle aujourd’hui. » Toujours. Elle releva le menton vers lui, lui offrant son plus beau sourire – les zygomatiques étaient un peu rouillés en ce moment mais l’effort était là. « Je fais déjà l’effort de venir te chercher alors ne brusque pas ma voiture, elle est sensible. » Elle l’observa tapoter le tableau de bord avec douceur, amusée malgré elle par la bonne humeur communicative de son ami. « L’effort ? Tu me prends en otage pour t’aider à faire bonne figure à la salle de sport, et en plus de ça tu oses qualifier ce trajet d’effort ? » Elle fronça le nez dans sa direction avant de laisser sa tête retomber contre le dossier du siège, esquissant un sourire en ajoutant qu’elle avait eu du mal à croire que Lonnie avait bel et bien été l’auteur dudit message qui l’avait poussée à mettre le nez hors de chez elle. « Non, c’est bien moi. Personne ne m’a volé mon téléphone et je n’ai pas envoyé ce message sous la contrainte. » Lança-t-il en démarrant, se lançant avec une prudence exagérée sur la route déserte qui desservait la banlieue où résidait Leah. Un endroit calme qui lui manquerait beaucoup lorsqu’elle aurait trouvé un nouveau logement, même si c’était un mal nécessaire pour tourner la page. Toujours aussi étonnée qu’il se lance dans l’entreprise délicate de la reprise du sport, Leah l’observait avec curiosité, attendant qu’il se décide à lui expliquer ses motivations même si elle avait clairement sous-entendu qu’il devait s’agir d’un pari perdu auprès de ses collègues ; seule explication rationnelle. « Alors non, mais merci de croire que je ne peux pas prendre ce genre de décision à moins d’avoir perdu un pari. » La brunette savait qu’elle l’avait piquée en lui disant cela, mais elle savait aussi qu’il serait loin de se vexer pour si peu. D’ailleurs, un sourire avait étiré les lèvres du policier tandis qu’un haussement d’épaules venait ponctuer la fin de sa phrase. Laissant le suspens durer quelques secondes, Lonnie se gara au niveau du complexe sportif tout en ignorant l’existence des nombreuses places libres qui se situaient quasiment en face de l’entrée, ce qui fit une nouvelle fois sourire Leah qui secoua la tête sans rien dire. « Je me suis regardé dans le miroir et j’ai pas aimé ce que j’ai vu. Et quoi de mieux que mon bourreau d’enfance qui passait ses après-midi à me plaquer au sol pour ‘jouer’ afin de m’accompagner dans cet enfer ? » Son bourreau d’enfance ? La brunette ouvrit la bouche pour protester mais se fit court-circuiter par un Lonnie apparemment pressé de passer à l’action puisqu’il avait déjà le nez dans son coffre pour s’emparer de ses affaires. Bon. Haussant un sourcil, la jeune femme s’extirpa à son tour de l’habitacle afin de le rejoindre, laissant son regard se perdre sur le sac flambant neuf que le policier arborait presque avec fierté. « Tu l’as acheté pour l’occasion avant de passer me prendre ? » Le taquina-t-elle alors qu’il refermait le coffre, poussant ses mains dans son sweat en étant parcourue d’un petit frisson en sentant une bourrasque s’abattre sur eux. « T’as pas aimé ce que t’as vu alors ? C’est la seule explication ? » Elle leva les yeux vers lui tandis qu’ils se mettaient en marche vers l’établissement, cherchant à en savoir plus. Lonnie à la salle de sport, c’était beaucoup trop dingue pour qu’elle se satisfasse d’une explication aussi nulle car elle savait qu’il se fichait parfaitement de son physique la plupart du temps. « Et dis-toi que de m’appeler bourreau juste avant une séance avec moi n’est pas dans ton meilleur intérêt, Hartwell. » Lui lança-t-elle ensuite en haussant un sourcil amusé tout en poussant les portes vitrées du complexe. Sa référence à leur enfance lui faisait à chaque fois chaud au cœur tant cette période avait été riche pour la petite fille qu’elle était à l’époque et un voile de tristesse passa devant ses yeux tandis que la nostalgie de cette époque la frappait de plein fouet ; tout était plus simple avant.
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Prendre la décision d’aller faire du sport dans une vraie salle avec de vrais gens qui ne cacheraient pas le juger à la première bêtise faite avait déjà été un grande étape pour le flic qui n’avait jamais vu l’intérieur d’une salle de sport autre part que sur les catalogues présents dans sa boite aux lettres, et qui finissaient toujours la corbeille sans même avoir été ouverts. Mais aujourd’hui était un grand jour et Lonnie n’aurait pas imaginé le passer avec quelqu’un d’autre que Leah qui avait, vraisemblablement, fait la morte durant ces dernière semaines sans nouvelles de sa part. Le bleu s’en voulait de ne pas avoir pris le temps d’envoyer un message à sa meilleure amie ces derniers temps, pas faut d’y avoir pensé plusieurs fois mais Lonnie avait été enveloppé par une montagne de choses à faire entre l’appel de sa mère qui serait fixé dans les prochaines semaines, le retour d’Harvey dans sa vie et sa nouvelle relation avec Romy. Il en avait par-dessus la tête et ne pensait qu’à une seule chose, aller se défouler en compagnie de Leah pour être sûr d’avoir fière allure dans le costume de cérémonie qu’on le forcerait à porter au début de l’année. Le sac de sport dans le coffre et la détermination à toute épreuve Hartwell s’était rendu sans attendre devant le bâtiment de la brune qui n’avait même pas eu le temps de répondre à son message, preuve de son obstination soudaine pour l’effort physique qui le mènerait sûrement à une nuit de courbatures malgré le sommeil écrasant. Loin d’avoir perdu leur habilité à se moquer de l’un et de l’autre gentiment Leah semblait être la même qu’il y a quelques semaines, des cernes en plus mais un sens de l’humour toujours aussi présent qui faisait sourire le bleu alors qu’elle entrait dans l’habitacle non sans faire une remarque sur la pauvre voiture qui avait du vécu, certes, mais qui roulait toujours comme aux premières heures de sa vie. « L’effort ? Tu me prends en otage pour t’aider à faire bonne figure à la salle de sport, et en plus de ça tu oses qualifier ce trajet d’effort ? » Faussement outré par cette attaque envers sa motivation ainsi que son envie de voir la brune (même si l’excuse du sport avait été tout trouvée) Lonnie avait tapoté le tableau de bord de sa vieille bagnole avant de mettre le pied à l’accélérateur pour la pousser à descendre du trottoir. « En otage ? Tu aurai très bien pu inventer que tu étais en train de dépoussiérer tes armoires ou que tu avais rendez-vous pour sauver des bébés phoques. » Attirant sur lui le regard rieur de son ami mais aussi celui beaucoup moins heureux du piéton à qui il venait de refuser une priorité, le flic avait haussé les épaules alors que Leah prétextait avoir eu du mal à le croire capable de se reprendre en main. Lonnie tirait trop sur la corde physique, repoussant toujours d’une semaine le moment fatidique où il devrait arrêter de fumer. Pour son bien être ainsi que pour celui de ses proches il était en temps pour le flic de couper court à cette addiction qui lui faisait perdre beaucoup trop d’argent pour quelqu’un se plaignant de n’être jamais augmenté. « Tu étais passé où Baumann ? Un jour je te retrouve et un boit un verre, le lendemain tu as disparu de la circulation. » Il était aussi fautif qu’elle sur ce coup là, et sans doute que Leah avait eu une bonne raison de ne plus donner de nouvelles, mais l’inquiétude de Lonnie pointait souvent de façon inappropriée, une manière comme une autre de soutirer des informations à sa meilleure amie si elle avait envie de les partager. Elle pensait à un pari perdu, lui aurait préféré être le sujet d’une mauvaise blague plutôt que d’avoir eu cet éclat de conscience devant le miroir quelques heures plus tôt. Mais s’il fallait faire des sacrifices pour être à peu près acceptable à ses yeux comme à ceux de la société le flic était prêt à suer sang et larmes. En entrant sur le parking du complexe sportif le flic avait trouvé une place bien loin de l’entrée, pour ne pas gêner les autres usagers avec sa conduite de grand-mère mais aussi pour s’assurer de retrouver son véhicule dans un état convenable en sortant de sa séance de torture. Pour rien perdre de la motivation nouvelle qui l’avait gonflé durant le trajet Lonnie s’était précipité en dehors de l’habitacle pour se saisir de son sac de sport flambant neuf qui n’avait jamais vu l’ombre d’une machine à tractions. « Tu l’as acheté pour l’occasion avant de passer me prendre ? » Décidément, en plus d’être l’atout charme de cette paire Leah était aussi la petite rigolote de la bande qui avait – tout de même – réussi à hausser un sourire sur les lèvres de son meilleur ami. « Ça fait un moment qu’il traîne dans mon placard j’avoue … mais au moins je me suis pas ramené avec un sac de course. Je fais un minimum illusion comme ça. » Mouais, il n’en serait pas de même une fois entré à l’intérieur du complexe. « T’as pas aimé ce que tu as vu alors ? C’est la seule explication ? » Non, ça ne l’était pas. Lonnie avait plus qu’envie de partager avec la brune les nouveautés de sa vie, à commencer par sa nouvelle relation qui le rendait plus qu’heureux et pour laquelle il avait envie de faire tous les efforts du monde. Romy méritait quelqu’un qui n’avait pas peur de se rendre à la salle de sport et qui faisait au moins un peu attention à lui. Et peut-être un peu pour lui aussi, pour éviter d’avoir à se cacher dans les vestiaires pour ne pas devenir le sujet de conversation de policiers aux pectoraux saillants qui n’auraient pas de mal à le prendre en grippe lui et sa petite bedaine. « Disons que j’ai envie d’être mieux dans mon corps, et qu’il y a peut-être une raison à tout ça. » Leah devrait se battre pour lui soutirer des informations, et le sourire taquin sur les lèvres du flic s’effaça alors que la brune poussait les grandes portes vitrées pour le laisser entrer. « Et dis-toi que de m’appeler bourreau juste avant une séance avec moi n’est pas dans ton meilleur intérêt, Hartwell. » Utilisation du nom de famille + menace ? La relation entre Leah et Lonnie était restée inchangée, et ça plaisait énormément au bleu qui ne voulait pas perdre ce lien si spécial. « Fais-moi transpirer Baumann, et pas dans le bon sens du terme. » Le sourire du flic avait disparu à la minute où il se retourna pour faire face à l’immensité du complexe sportif dans lequel une trentaine de personnes avaient élues domicile. Les machines partout, sur les murs, le sol, des vitres ornant chaque coins de la pièce. Ouais, il n’était définitivement pas dans son élément. « C’est trop tard pour faire marche arrière hein ? » Qu’il avait soupiré en direction de Leah alors qu’une coach à l’allure de poupée Barbie venait les accueillir avec un sourire de films d’horreur.
Ayant longuement hésité à embrasser une carrière de coach sportif après sa démission en tant que barmaid au MacTavish, la demande de Lonnie l’avait doucement fait sourire même si elle avait hésité à donner suite à sa proposition. A l’époque où elle se cherchait encore professionnellement parlant, toutes sortes d’idées saugrenues avaient traversées l’esprit de la brunette qui se demandait dans quoi elle allait bien pouvoir travailler sans aucun diplôme convenable et avec pour seule expérience des années à servir de l’alcool derrière un bar ; on avait connu mieux comme départ pour une réorientation professionnelle. Plusieurs de ses proches l’avaient naturellement dirigée vers le domaine du sport car c’était quelque chose qu’elle pratiquait depuis des années et la brune était relativement polyvalente dans ce secteur. Mais la jeune femme s’était refusée à suivre cette voie, préférant garder le sport comme un exutoire et un plaisir qu’elle gardait égoïstement pour elle quand elle avait besoin de se changer les idées et de se concentrer sur autre chose. Elle avait finalement jeté son dévolu sur les pompiers après avoir vu qu’ils recrutaient, un choix qui avait été motivé par le besoin de faire quelque chose de significatif de sa vie et qui lui permettrait de s’épanouir, enfin. Sa grossesse l’avait empêché de passer aux choses sérieuses une fois tous ses tests réussis avec succès et si ce bébé avait signifié une pause carrière avant même que celle-ci ne commence, le drame d’il y a quelques semaines avait une nouvelle fois chamboulé sa vie. Elle était désormais prête à reprendre du service et il fallait qu’elle se remette en forme et qu’elle refasse son apparition dans le monde extérieur pour prouver qu’elle allait bien. En apparence du moins. Tout ça commençait donc avec sa recherche active d’appartement à louer et continuait maintenant en acceptant d’accompagner Lonnie à sa première séance de sport depuis… Dieu seul savait depuis quand. Si la jeune femme était sortie de chez elle avait quelques réserves, l’accueil et le sourire de son meilleur ami eurent tôt fait de lui remonter instantanément le moral. Le policier avait déjà cet effet sur elle à l’époque où ils n’étaient que deux gamins, et force était de constater que cette habilité n’avait pas disparu avec les années. Leah fit une grande entrée dans la voiture, ne manquant pas de lancer une vanne au Hartwell en guise de bonjour, une habitude qui faisait presque office d’échange de politesse entre les deux amis depuis le temps. « En otage ? Tu aurai très bien pu inventer que tu étais en train de dépoussiérer tes armoires ou que tu avais rendez-vous pour sauver des bébés phoques. » La brune haussa un sourcil, remettant instantanément en cause la capacité à inventer des excuses de son ami qui était tout de même policier après tout. On aurait aisément pu penser que ce boulot lui aurait donné la capacité de sortir des mensonges tout trouvés avec le temps, mais ça n’avait pas l’air d’être le cas. « Sauver les bébés phoques ? Sérieusement ? » Elle secoua la tête en se retenant tout juste de laisser s’échapper un rire d’entre ses lèvres. « Me dis pas que t’aurais avalé ça, tu me fais peur là. » La brune esquissa un sourire avant de l’interroger sur les raisons qui les avaient poussées à se retrouver tous les deux dans la même voiture, en route vers une salle de sport dans laquelle elle n’aurait jamais imaginé voir Lonnie mettre les pieds un jour. Ça, jamais. Et pourtant, le reflet du miroir semblait avoir joué un rôle décisif dans cette escapade sportive, ce dont la brune ne se plaignait finalement pas même si l’excuse du policier lui paraissait un peu faible. « Tu étais passé où Baumann ? Un jour je te retrouve et un boit un verre, le lendemain tu as disparu de la circulation. » Lonnie et sa capacité à éluder les moments tragiques de l’existence. Le visage de la jeune femme se ferma brièvement, le temps pour elle de rassembler le peu de courage qu’il lui restait pour aborder ce sujet délicat, même si son ami semblait à l’aise avec l’idée de ne pas en discuter si elle n’en avait pas envie. Ils avaient retrouvé la relation qui les liait durant leur enfance, et si leurs emplois du temps respectifs les empêchaient de se voir aussi souvent qu’ils le voulaient, ça n’empêchait pas le policier d’avoir pris des nouvelles de la brunette tout au long de sa grossesse, puis de respecter son silence radio lorsqu’elle avait perdu son bébé. « Oh tu sais, les aléas de la vie. » Elle fronça le nez avant de relever le menton dans sa direction. « Mais je suis d’accord, toi et moi on ne se voit pas assez Hartwell. Je commence à me lasser de m’envoyer des piques à moi-même. » L’ombre d’un sourire apparu sur ses lèvres, laissant volontairement le sujet de son bébé de côté. Elle avait besoin de se changer les idées et non pas de ressasser les mauvais moments qui faisaient déjà un excellent travail en se pointant dans son esprit à toutes heures du jour et de la nuit. Le reste du trajet ne fut pas bien long, et une fois sur le parking de l’établissement, la brunette ne put retenir une remarque sur l’état du sac de sport de Lonnie qui était en bien trop bon état que pour avoir servi une seule fois dans sa vie. Elle était même étonnée qu’il ne soit pas encore dans son emballage pour le coup. « Ça fait un moment qu’il traîne dans mon placard j’avoue … mais au moins je me suis pas ramené avec un sac de course. Je fais un minimum illusion comme ça. » Un minimum, oui. C’était déjà ça. Lui rendant son sourire, Leah attrapa son sac à son tour et ils se dirigèrent ensemble vers l’entrée, la brunette le relançant une nouvelle fois sur les motivations qui l’avaient poussé à se rendre dans ce complexe sportif. Relevant le nez, elle étudia à la dérobée les traits détendus de son ami qui lui semblait avoir changé d’une façon subtile mais qui ne lui échappait pas. Quelque chose se tramait. « Disons que j’ai envie d’être mieux dans mon corps, et qu’il y a peut-être une raison à tout ça. » Ahah ! La brune pouvait voir qu’il se jouait d’elle et que le fait de lui livrer au compte-goutte les informations qu’elle cherchait lui faisait plaisir. Un peu trop d’ailleurs. « Il y a peut-être une raison à tout ça, hein ? » Elle releva un sourcil avant de lui envoyer un coup de coude dans les côtes alors qu’ils franchissaient ensemble l’entrée du complexe où ils prévoyaient de s’entraîner – même si Leah voyait déjà cette séance comme une revisite des dix meilleures façons de torturer son meilleur ami. Il allait bien finir par lâcher le morceau, d’une façon ou d’une autre. « Fais-moi transpirer Baumann, et pas dans le bon sens du terme. » La jeune femme releva les yeux vers lui, l’air de dire « Comme si t’avais besoin de me le demander deux fois. » et elle s’amusa de voir l’expression enjouée du flic se transformer en une moue teintée de crainte en observant le spectacle qui se jouait devant lui. « C’est trop tard pour faire marche arrière hein ? » La brune éclata de rire et s’apprêta à lui répondre qu’effectivement, il était coincé, mais une blonde que la jeune femme connaissait bien s’approcha d’eux avec un sourire colgate à en faire pâlir le type de la publicité. « Salut Leah. Je peux renseigner ton ami ? » Leah aurait volontiers laissé Lonnie se dépatouiller avec la Barbie grandeur nature, mais le flic avait déjà perdu tout intérêt à la conversation et était désormais entrain de se liquéfier à la vue des bellâtres qui peuplaient la salle et qui soulevaient de la fonte tout en s’observant dans le miroir. Bon. « Salut Brenda. J’ai mon abonnement comme tu le sais mais mais mon ami ici présent… » Elle donna un discret coup de pied au Hartwell afin qu’il ne daigne montrer un tant soi peu d’intérêt à la conversation. « … C’est sa première fois. Il a droit à une séance d’essai gratuite je pense, non ? » La brunette se doutait que Lonnie n’était pas encore prêt psychologiquement à souscrire à un abonnement annuel dans cette salle et leur interlocutrice hocha donc simplement la tête, laissant son bras tendu en direction de la salle et des vestiaires. « Tout à fait. Je te laisse lui faire le topo alors. Et n’hésitez pas à venir me trouver si ton… ami décide de nous rejoindre. » Son regard toisa Lonnie l’espace de quelques secondes tandis que la fin de sa phrase planait avec l’impression que l’abonnement était l’équivalent de l’inscription à une secte. Leah se retint d’exploser de rire et tira son ami vers l’intérieur de la salle avant qu’il ne fasse ou dise une connerie. « Bon. On va poser nos affaires aux vestiaires et on se rejoint ici. Ça va aller ? » Sa question était teintée d’ironie et elle prit volontairement le même ton que Brenda quelques secondes plus tôt, histoire d’enfoncer le clou.
Spoiler:
@Lonnie Hartwell J'ai encore un peu glissé sur la longueur... Oopsie
I'm not scared of what you're gonna tell me and I'm not scared of the beast in the belly. Fill my cup with endless ambition and paint this town with my very own vision. 'Cause I've been wondering when you gonna see I'm not for sale, I've been questioning when you gonna see I'm not a part of your machine.
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Il aurait fallu au Hartwell plus d’une séance de sport pour rattraper les petites erreurs du quotidien telle que la consommation excessive de nourriture rapide qui avait plongé et son compte en banque et son corps dans une spirale destructrice. Mais il fallait bien commencer quelque part et Lonnie ayant décidé de prendre son courage à deux mains aujourd’hui et non pas dans 6 mois il avait trouvé ça plus que normal d’inviter sa meilleure amie à se joindre à lui dans cette épreuve. Leah avait été discrète ces derniers temps, et si le flic n’était pas sans en ignorer la raison il avait pourtant décidé de ne pas évoquer le sujet avec la jeune femme sous peine de lui rappeler des souvenirs encore trop douloureux. Non, cette journée était uniquement là pour qu’ils passent du bon temps ensemble, dans la bonne humeur et la transpiration, un savant mélange qui permettrait à la paire de rattraper le temps en perdu entre deux cris de souffrance (de la part de Lonnie). De toute façon il n’aurait pas trouvé âme qui vive pour l’accompagner dans cette séance de torture, les gars de son équipe préférant largement faire tour au restaurant mexicain plutôt que de soulever de la fonte, un vieux cliché dont les policiers ne cherchaient pas à se défaire. Assis dans la voiture il n’avait pas attendu bien longtemps avant d’apercevoir la silhouette de la brune qui s’était vêtue de ses plus beaux habits de sport pour faire de l’ombre au pauvre petit Hartwell aux abdos très bien cachés. Leur relation était toujours la même malgré le poids du quotidien et des aléas d’une vie qui n’avait pas épargnée la Baumann ces derniers temps. Elle avait souffert, trop pour une personne, assez pour que Lonnie développe un sentiment de culpabilité envers elle. Lui était heureux, pour la première fois depuis un long moment, elle, elle essayait encore de recoller les morceaux pour s’en sortir. Le flic savait que Leah serait toujours heureuse pour lui, que jamais elle ne tentera de lui enlever ce bonheur, au contraire elle ferait tout pour que le sourire du bleu dure éternellement. C’était la logique des choses entre les deux, et Lonnie avait accueilli sa meilleure amie par une pique acérée dont il avait le secret, histoire de remettre les choses dans l’ordre. Leah prétextait avoir été prise en otage par un Lonnie avide de transpiration et de douleur, ce par quoi le flic avait répondu qu’elle aurait très bien pu trouver une excuses pour se défaire de ses responsabilités (même si il aurait été la chercher par la peau du cul pour faire bonne figure). « Sauvez les bébés phoques ? Sérieusement ? » Oui, sérieusement. Le bonheur l’avait rendu idiot et le flic ne pouvait s’empêcher de sourire en imaginant Leah dans une combinaison de plongée entre de se faire mordre par un bébé phoque. « Me dis pas que tu aurai avalé ça, tu me fais peur là. » Le flic avait tourné la clé de la voiture pour la faire démarrer dans un toussotement avant d’hausser les épaules sans même adresser un regard à la brune. « Écoutes, venant de toi je ne trouve rien de surprenant alors … pourquoi pas ! » Bon, ok, le coup du sauvetage des animaux c’était sans doute un peu trop mais Lonnie avait tout de même un vieux souvenir où la brune lui avait fait croire pendant des semaines que mettre un peu de boue sous son oreiller allait éloigner les cauchemars. Dana, la mère d’accueil de Lonnie, n’avait pas forcément été du même avis après la troisième parure de lit jetée aux ordures. Si le flic avait un talent certain pour formaliser des excuses il l’était un peu moins pour éviter de mettre les pieds dans le plat, faisant tout de même son possible pour ne pas évoquer directement le sujet Lonnie avait tout de même lancé la première perche à la brune, parce que si elle avait envie de se confier il serait toujours là pour l’écouter. « Oh tu sais, les aléas de la vie. » Même en sachant tout ce la brune n’avait pas voulu lui cacher le bleu ressentait tout de même cette pointe solide de tristesse qui le poussait à se saisir un instant du bras de Leah. Une pression simple, sans arrière-pensée, simplement là pour lui montrer qu’elle n’avait pas besoin d’en dire plus. « Mais je suis d’accord, toi et moi on ne se voit pas assez Hartwell. Je commence à me lasser de m’envoyer des piques à moi-même. » Même si Leah était assez douée dans l’exercice de se moquer gentiment il était pourtant hors de question pour le bleu de la laisser se ramollir sous ses yeux. Non, cette relation était trop précieuse pour être perdue et si Lonnie devait se sacrifier pour qu’elle retrouve son talent hors du commun alors il était prêt à toutes les moqueries du monde. « Là tu vas en avoir pour ton argent Baumann, tu risques même de me retrouver en position fœtale dans un coin de la pièce et je te donne le droit de te moquer. » Il exagérait la situation. Du moins il l’espérait. Car si Lonnie n’avait jamais été quelqu’un de vantard il n’en restait pas moins qu’il n’avait pas envie d’être ridicule devant Leah et tous les autres afficionados de la salle de sport qui le regarderait en souriant. Et qui pourraient également juger le sac de sport de Lonnie qui n’avait jamais vu la lumière du jour à part une fois quand il avait essayé de se motiver après le boulot (et il avait vite perdu la motivation en s’engouffrant dans un resto chinois). En se retournant pour faire face à la brune qui le suivait de près le flic s’était contenté d’un haussement d’épaules et d’une réponse trop vague pour satisfaire la curiosité de la jeune femme quant à son nouvel attrait pour le sport qui ne faisait pas illusion sur la vraie raison pour laquelle il avait décidé d’embarquer la brune avec lui aujourd’hui. « Il y’a peut-être une raison à tout ça, hein ? » Coup de coude dans les côtes plus sourcil relevé, le combo de la mort pour faire plier le flic qui s’était pourtant décidé à ne rien dire tout de suite histoire de la faire mariner un peu, pour le plaisir uniquement. « … Ou quelqu’un… Mais je n’en dirais pas plus, il faudra me torturer. » Et quelle meilleure manière que de s’engouffrer dans une salle de sport aux baies vitrées impeccables et aux employés tous plus costauds les uns que les autres. « Salut Leah. Je peux renseigner ton ami ? » Ok, déjà elle le prenait de haut et en plus elle était bien trop bronzée même pour la température de Brisbane, la fierté touchée ? Non, jamais. Lonnie s’était mis de côté pour ne pas interférer dans cette discussion palpitante, jetant un coup d’œil de temps à autre dans la salle d’où s’émanait une forte odeur de transpiration et de la musique sans paroles. « Bon. On va poser nos affaires aux vestiaires et on se rejoint ici. Ça va aller ? » Hein ? Lonnie avait tourné la tête pour s’apercevoir que le coach été parti et que Leah l’avait entraîné à sa suite dans la salle. Complètement perdu et à deux doigts de faire demi-tour pour retrouver le calme de son appartement, le bleu avait hoché la tête en soupirant lourdement. « Elle me demande si ça va aller … » Il faisait le fier, le coq, le mec intouchable, là où se genoux tremblaient d’appréhension. « Bien sûr, je vais m’en sortir ne t’en fais pas … » La main sur l’épaule de la brune Lonnie s’était dirigé vers le vestiaire homme où l’odeur était encore plus forte malgré le petit effort fait au niveau de la décoration. Pressé de sortir d’ici avant qu’un nouvel arrivant ne fasse son entrée et ne le fasse culpabiliser sur son absence de muscles évident Lonnie s’était habillé en vitesse avant de rejoindre l’endroit où Leah était censée l’attendre si elle n’avait pas fait le coup ultime de partir pour le laisser affronter ça tout seul. « Bon, cette machine de torture ou cette machine de torture ? » Désignant du menton deux points opposés où se trouvaient des appareils dont il ignorait la fonction, Lonnie avait tapé un grand coup dans ses mains pour se donner du courage et pour se réveiller. « Si jamais tu ne te sens pas bien tu me le dis et on quitte cet endroit pour un tacos… » Ouais, il était à deux doigts de tourner de l’œil mais il était toujours plus simple de remettre la faute sur les autres.
Depuis que Leah avait posé son postérieur dans le tas de ferraille à quatre roues du Hartwell, elle n’avait pu s’empêcher de remarquer le sourire niais qui collait aux lèvres du policier et qui ponctuait pratiquement toutes ses phrases – et même les silences qui s’installaient entre deux boutades. Le radar de la brune s’était immédiatement enclenché, déjà perturbée par les circonstances de leur rencontre aujourd’hui. Entre le désir du jeune homme de se rendre en salle de sport et son besoin excessif de montrer sa dentition, quelque chose lui disait qu’il y avait une raison à tout ça. Son propre désespoir ne lui mettait pas des œillères quant à la vie de ses proches, et elle restait persuadée que quelque chose s’était passé dans celle de Lonnie. En attendant que ce dernier ne décide de lâcher le morceau, elle resta sur la ligne directrice de leur relation – celle qui consistait à s’envoyer des piques en guise de retrouvailles. Arguant qu’elle avait été prise en otage pour jouer au coach sportif de fortune, le Hartwell s’empressa de répondre qu’elle aurait pu trouver une excuse suffisamment valable pour se sortir de cette situation, à savoir celle qui consistait à dire qu’elle se devait d’aller sauver les bébés phoques. Rien que ça. Haussant un sourcil, Leah s’inquiéta sur les capacités du flic s’il était vraiment prêt à avaler un aussi gros mensonge, ce à quoi il répondit un « Écoutes, venant de toi je ne trouve rien de surprenant alors … pourquoi pas ! » supposé lui faire croire que son passif pouvait appuyer des élucubrations pareilles. Soit. Un sourire en coin étira les lèvres de la brune tandis qu’elle se concentrait sur la route, laissant la conversation glisser sur les raisons qui avaient empêché les deux amis de passer du temps ensemble. Elles étaient nombreuses et elles étaient toutes valables surtout, mais la jeune femme n’avait pas envie de s’étaler sur le sujet. Leah était ravie de revoir le policier, et elle préférait nettement surfer sur cette vague d’optimisme plutôt que de resombrer directement dans les abysses de sa douleur. Elle évoqua donc rapidement les « aléas de la vie » - chouette euphémisme au demeurant – qui s’étaient mis en travers de leur amitié l’espace de quelques semaines et qui expliquaient la distance qu’elle avait mis entre elle et Lonnie. Entre elle et tout le monde, en fait. La main du rouquin exerça une pression sur son avant-bras ; un soutien muet qui fit monter les larmes aux yeux d’une Leah encore à fleur de peau. Il avait senti sa réticence à en parler et décida de ne pas s’enfoncer dans la brèche, ce dont elle le remercia intérieurement. Effaçant ce bref instant, la brunette reprit contenance en précisant que son exercice favori – celui qui consistait à balancer des vannes à tout va au jeune homme – lui manquait énormément et qu’elle espérait bien reprendre de plus belle à partir de maintenant. « Là tu vas en avoir pour ton argent Baumann, tu risques même de me retrouver en position fœtale dans un coin de la pièce et je te donne le droit de te moquer. » Un rire s’échappa des lèvres de la jeune femme qui anticipait déjà la scène qui allait se jouer dans quelques minutes au sein du complexe sportif ; elle n’aurait manqué ça pour rien au monde. « C’est cette seule perspective qui m’a poussée à accepter de t’accompagner, tu t’en doutes. » D’ailleurs, elle n’allait pas tarder à voir cette image se concrétiser sous ses yeux puisqu’ils étaient arrivés à bon port. Sans oublier la question qui lui titillait l’esprit depuis qu’elle avait reçu son message, Leah l’interrogea une nouvelle fois sur ses motivations tandis qu’ils s’avançaient vers le bâtiment. Le policier se jouait d’elle, tournant volontairement autour du pot afin de la faire languir sur la question – et il y réussissait plutôt bien. Un coup de coude bien placé lui fit savoir ce qu’elle pensait de ce petit jeu, réussissant finalement à obtenir une bribe d’information. « … Ou quelqu’un… Mais je n’en dirais pas plus, il faudra me torturer. » Quelqu’un. Elle s’en était doutée, mais le fait que les deux amis aient un peu perdu contact ces dernières semaines l’empêchait de visualiser qui pouvait bien être l’heureuse élue. Elle décida qu’elle obtiendrait un nom coute que coute avant la fin de la séance, le mot torture ayant été mis sur le tapis – et même pas par elle, en plus. « J’y compte bien. » Précisa-t-elle en fronçant le nez, franchissant les portes vitrées du complexe et se dirigeant vers l’accueil d’un pas assuré ; elle connaissait bien les lieux. Une conversation ennuyeuse plus tard, elle délaissa la blonde qui les avait accueillis et se tourna vers son ami en levant un sourcil faussement concerné tout en lui demandant si ça allait aller pour lui. Se mettre en tenue de sport allait déjà être une épreuve en soi, elle en était sûre. « Elle me demande si ça va aller … » Elle esquissa un nouveau sourire face à l’air dépité de son ami qui tentait malgré tout de faire bonne figure. « Bien sûr, je vais m’en sortir ne t’en fais pas … » Hein hein. « J’espère bien, ça serait dommage de déjà déclarer forfait. » Elle lui montra ses dents blanches avant de tourner les talons et de prendre la direction des vestiaires pour femmes où elle se changea rapidement. La brunette rassembla ses cheveux en une queue de cheval et après avoir jeté un coup d’œil à son reflet, se dirigea vers l’entrée où Lonnie devait la rejoindre ; ce qu’il fit à peine quelques secondes plus tard. « Bon, cette machine de torture ou cette machine de torture ? » Le regard de Leah suivit les mouvements du policier, et un rapide coup d’œil aux machines désignées la fit une nouvelle fois sourire. « Aucune des deux. On va s’échauffer d’abord, je voudrais pas que tu te fasses un claquage après deux minutes… Ils doivent plus être très habitués. » Lança-t-elle en désignant les muscles de son ami avec un air amusé, ravie de la perspective de se jouer de lui à son tour dans un contexte où il était si peu à l’aise. « Si jamais tu ne te sens pas bien tu me le dis et on quitte cet endroit pour un tacos… » Mais bien sûr. Secouant la tête en levant les yeux au ciel, elle poussa légèrement le rouquin afin qu’il prenne la direction des tapis de courses. « On verra pour le tacos plus tard, ça sera ta récompense si tu te dépenses bien. » Elle fronça le nez dans sa direction, sachant pertinemment qu’elle l’emmènerait manger quelque chose de bien plus light après leur séance – mais elle ne voulait pas totalement le décourager dès le début. « Allez, dix minutes là-dessus Hartwell. » Lança-t-elle en programmant la machine pour que la cadence augmente au fur et à mesure, commençant à un rythme lent avant de terminer sur des foulées rapides. Elle fit de même sur la sienne et commença à se mettre en marche, un air amusé sur le visage qui ne la quittait pas ; Lonnie Hartwell sur un tapis de course – un pur gag.
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Les salles de sport devraient imposer un stage de préparation à tous les petits nouveaux dont le rêve était de retrouvés la forme après une seule et unique séance, et si Lonnie remplissait toutes les conditions de l'homme qui avait très envie de se dépenser il n'en restait pas moins complètement novice dans le domaine. Leah était le support émotionnel tout trouvé mais aussi la seule qui ne gênerait pas pour lui dire qu'il faisait n'importe quoi sur le tapis de course. Au moins avec elle le flic était sûr de sortir de la salle avec assez de courbatures pour un mois complet, parce qu'elle y mettrait du sien et qu'elle ne repartirai pas avant de pouvoir prendre une photo de son meilleur ami en pls dans la un coin de la pièce. Leurs vies respectives les avaient tenus éloignés pendant trop longtemps, et le bleu faisait très attention à ne pas mettre les pieds dans le plat en évoquant la vie personnelle de la Baumann qui avait été chaotique ces derniers temps, ça ne servait à rien de remuer le couteau dans une plaie qui n'était pas encore fermée. Alors pour changer le ton de la conversation Lonnie s'était concentré sur tous les bébés phoques que la brune aurait pu sauver si elle avait simplement décliné l'invitation, mais il y avait fort à parier que ça soit aussi une occasion pour Leah de mettre de côté ses problèmes pour une journée. D'une simple pression sur l'avant-bras de sa meilleure amie le flic lui avait fait comprendre qu'elle avait le droit de ne pas lui en parler, mais qu'il serait toujours là pour elle si elle en avait besoin. Leah avait eu la vie dure ces dernières semaines et si le rouquin pouvait la délester un peu en lui proposant une séance de sport vitaminé alors il était prêt à souffrir le martyr. « C’est cette seule perspective qui m’a poussée à accepter de t’accompagner, tu t’en doutes. » Au moins il aurait des souvenirs de cette journée puisque Leah n'hésiterai pas une seule seconde avant de dégainer son appareil photo pour immortaliser ce moment. « Si j'ai besoin d'un montage Power Point de la honte pour mon mariage je me tournerai vers toi. » Et elle sauterai sur l'occasion, sans même penser à respirer entre deux idées et quatre photos de lui enfant en train de manger de la boue. Une vraie relation d'amitié en somme. Main dans la main vers la salle de sport où une copie conforme de Barbie à la salle de muscu les avait accueillis dans un sourire crispé. Si les motivations de Lonnie restaient encore secrètes il avait pourtant évoquer la présence d'un « quelqu'un » qui lui avait donné envie de prendre soin de ce corps trop longtemps nourri à la bouffe chinoise et à la bière, prétextant tout de même qu'il ne répondrait que sous la torture. « J’y compte bien. » Ouais, le bleu était maintenant engagé dans une partie de bras de fer mentale avec sa meilleure amie qui ne lâcherai pas jusqu'à ce qu'il crache le morceau, à moitié décédé dans une salle de sport qui sentait beaucoup trop le parfum industriel qui cache la transpiration. Leah lui avait désigné les vestiaires hommes du bout de l'index, laissant à Lonnie le temps nécessaire pour se rétracter et quitter cet endroit. Un homme restant un homme il avait repoussé la brune d'un sourire en s'assurant que tout allait bien ce passer, essayant de s'en persuader par la même occasion. « J’espère bien, ça serait dommage de déjà déclarer forfait. » Oui, vraiment dommage. Tout le monde ici semblait prêt à souffrir pour quelques petites secondes d'un bonheur illusoire affiché sur les réseaux sociaux. En sortant des vestiaires Lonnie avait retrouvé la brunette dans le hall d'entrée, et désignant une machine du bout du menton il avait supplié la jeune femme du regard de le sortir d'ici avant qu'il ne mette en prison le premier mec à poster une photo de lui sur instagram avec le hashtag « no pain, no gain ». « Aucune des deux. On va s’échauffer d’abord, je voudrais pas que tu te fasses un claquage après deux minutes… Ils doivent plus être très habitués. » Elle était drôle, ça on ne pourrait jamais lui enlever. « C'est marrant ça ! Sache que je descend les escaliers plutôt que de prendre l'ascenseur ces derniers- temps ! » Il était fier de lui, mais ça changerait pas son corps du jour au lendemain même si il faisait tous les efforts du monde. Grimpant sur le tapis de course il avait observé la brune prendre possession de celui juste à côté alors qu'il proposait un tacos plutôt que vingt minutes de courses. « On verra pour le tacos plus tard, ça sera ta récompense si tu te dépenses bien. » Quelle rabat-joie, vraiment. « Allez, dix minutes là-dessus Hartwell. » Elle avait démarré le tapis sans lui demander son avis, forçant Lonnie à une petite foulée là où il avait juste envie de faire de demi-tour et de s'enfiler un burger en parlant de tout et de rien avec la brune. Dire qu'il était celui qui avait proposé tout ça, franchement. « Dix minutes de pur plaisir, vraiment. » Sourire forcé sur les lèvres Lonnie avait démarré sa séance d'échauffement par de petites foulées légères qui avaient tout de même apportées une sueur immédiate sur son front de jeune novice. « Alors, tu comptes me cuisiner avant ou après que je pratique le décès ? » Relevant le menton vers Leah pour ne pas avoir à fixer ses pieds plus que de raison, Lonnie avait attendu un court instant avant de sourire, histoire de voir si il démarrait cette conversation trop tôt. La vérité c'est qu'il voulait tout lui dire, parce que partager son bonheur avec les autres était la nouvelle lubie du flic dont la vie prenait enfin un sens.
Leah n’aurait jamais pu formuler suffisamment de remerciement à son meilleur ami pour la traiter comme une personne normale et non pas comme « celle qui avait perdu son bébé seulement quelques mois après avoir survécu une deuxième fois à la folie meurtrière de son ex ». Ils avaient ce genre de relation privilégiée qui n’exigeait pas de mots pour se comprendre, et si la vie les avait séparés pendant bien trop longtemps, la brune était heureuse de constater que leur amitié n’avait pas changé d’un pouce. Pourtant, devenir adulte exigeait des changements sur de nombreux tableaux et la jeune femme aurait tout aussi bien pu tomber sur un Lonnie Hartwell version « sale type » qui lui aurait apporté sa dose de désillusion. Fort heureusement, ça n’avait pas été le cas et son amie avait évolué en restant la même personne pourvue d’une profonde gentillesse, comme il le lui prouvait encore aujourd’hui. Bien entendu, le policier camouflait cette partie de sa personnalité en lui lançant des piques à tout va, ce qui pimentait leur relation et décrochait des sourires devenus bien trop rares chez une Leah au bout du rouleau. La brunette joua sur la perspective de voir son ami dans un état proche de l’apoplexie pour justifier sa venue pour l’accompagner aujourd’hui, préférant ça plutôt que d’avouer avoir eu envie de profiter de sa présence, tout simplement. « Si j'ai besoin d'un montage Power Point de la honte pour mon mariage je me tournerai vers toi. » Pour son mariage ? La jeune femme haussa une nouvelle fois un sourcil, allant de surprises en surprises depuis qu’elle avait posé ses fesses dans la voiture du rouquin. Entre le sourire béat qu’il affichait alors qu’ils se dirigeaient vers une salle de sport, son envie subite de pratiquer ledit sport et maintenant une allusion au mariage, quelque chose ne tournait définitivement pas rond chez son ami d’enfance. « Parce que tu penses que je te demanderai ton avis avant d’en faire un ? » Lui rétorqua-t-elle en fronçant le nez, sélectionnant déjà dans son esprit les « highlights de la vie de Lonnie Hatwell ». Il y aurait de quoi faire un mini-reportage plutôt qu’un simple PowerPoint, elle en était convaincue. Elle ne le lâcha pas du regard sur le chemin qui les menait au complexe sportif, cherchant à savoir les réelles motivations qui se cachaient derrière son envie subite de transpirer. Le policier prenait un malin plaisir à la faire enrager en répondant à demi-mot, ce qui poussa la brunette à se promettre de lui faire payer en se complaisant dans son futur rôle de coach. Jusqu’à ce qu’il parle. Ou qu’il décède, au choix. Il ne leur fallu que quelques minutes pour se changer et se transformer en vrais sportifs accomplis – en apparence pour le Hartwell qui donnait tout de même le change si l’on exceptait son regard apeuré envers les machines – et pour appréhender la séance qui les attendait. Le policier fixa la salle devant lui en interrogeant la brunette du regard avant de lui demander quelle machine de torture serait la première à faire office de bourreau pour le rouquin, ce à quoi Leah lui répondit que celles qu’il avait dans le viseur seraient pour plus tard. Quand il aurait chauffé ses muscles et ne risquerait pas de se péter un truc sous sa surveillance, il ne manquerait plus que ça. « C'est marrant ça ! Sache que je descend les escaliers plutôt que de prendre l'ascenseur ces derniers- temps ! » No way ? Elle laissa un rire s’échapper de ses lèvres tout en levant ses deux pouces vers le haut avec ironie avant de lui donner un léger coup de coude pour lui signifier qu’elle se moquait gentiment de lui ; chaque effort était à prendre en considération lorsqu’on débutait le sport. Changer son hygiène de vie n’était pas facile et Lonnie semblait réellement vouloir s’y mettre, la brune ne voulait donc pas laisser sa mauvaise humeur journalière venir entacher les bonnes résolutions du flic. « Je plaisante, c’est cool ce que tu fais. J’me doute que c’est pas seulement pour draguer ton reflet dans le miroir mais bon, peu importe les motivations ça te fera pas de tords. » Lança-t-elle en dévoilant ses dents blanches, jamais en reste pour tacler le jeune homme au milieu d’un compliment. La Baumann touch. Sans plus attendre, elle prit place sur un tapis de course et programma le sien et celui du policier pour qu’ils se mettent en jambe l’espace de dix minutes – un temps qu’elle jugea suffisant pour éviter une quelconque catastrophe. Les tacos furent donc remis à plus tard et elle retint un sourire en voyant le rouquin se lancer dans de petites foulées agrémentées d’une grimace qui en disait long sur ce qu’il pensait de cet échauffement. « Dix minutes de pur plaisir, vraiment. » Elle lui rendit son sourire, vérifiant de temps à autre qu’il ne faisait pas n’importe quoi même si elle supposait que courir était à la portée de n’importe qui et que ça n’était pas sur cette épreuve qu’il rencontrerait des difficultés. « Alors, tu comptes me cuisiner avant ou après que je pratique le décès ? » Ahah. Elle haussa un sourcil amusé dans sa direction, hésitant à prétendre qu’elle pourrait très bien attendre qu’il soit sur son lit de mort avant de glaner une quelconque information sur le sujet. Mais son envie d’en savoir plus était bien trop forte et elle pouvait lire sur le visage de son ami qu’il avait besoin de se confier. « Je savais que tu craquerais avant moi, alors… » Elle leva les mains vers le ciel avant de laisser un sourire étirer ses lèvres dans sa direction. « Dis-moi tout, elle s’appelle comment ? Ou il, je juge pas. » Ajouta-t-elle en se mordant la lèvre pour ne pas pouffer de rire face à la tête qu’il tirait.
I'm not scared of what you're gonna tell me and I'm not scared of the beast in the belly. Fill my cup with endless ambition and paint this town with my very own vision. 'Cause I've been wondering when you gonna see I'm not for sale, I've been questioning when you gonna see I'm not a part of your machine.
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Si Lonnie évitait avec plus ou moins de tact le sujet délicat qui avait poussé la brune à ne plus donner de nouvelles pendant un certain temps, il n’en restait pas moins qu’il était toujours inquiet de savoir si elle avait réussi à s’en remettre. Ça le faisait plus que chier d’être le témoin silencieux de toute histoire, incapable de dire ou faire quoi que ce soit qui aurait pu épargner à Leah des semaines horribles. Au moins elle aurait le plaisir de le voir lutter contre la mort dans une salle de sport dont les grandes baies vitrées donnaient un accès en première vue sur la pauvre âme trempée de sueur qu’il allait bientôt devenir. Quelle idée à la con, vraiment. Le flic avait effacé son sourire un peu trop grand pour ne pas cacher quelque chose en se promettant de plus jamais avoir de telle pensées dans le futur. Le seul exercice qu’il ferait à l’avenir serait de descendre et monter les marches de son immeuble afin de se donner bonne conscience après un énième passage chez le chinois du coin, que dieu lui vienne en aide. Relevant au passage qu’il n’hésiterait pas à demander l’aide de Leah pour le futur PowerPoint de la honte édition spéciale ‘quand il avait sept ans il aimait construire des châteaux avec de la boue’, cette dernière avait simplement soulevé les sourcils afin de mettre en avant l’étonnement qu’elle avait pu ressentir à l’entente de cette phrase. Oui Lonnie était heureux, et oui il avait envie de le crier sur tous les toits. « Parce que tu penses que je te demanderai ton avis avant d’en faire un ? » Certainement pas. La brune serait même plutôt du genre à kidnapper toutes les familles d’accueil par lesquelles il était passé afin de soutirer le maximum d’information sur la vie trépidante de Lonnie Calvin Hartwell, un héros des temps modernes. « C’est bien pour ça que je te confie cette mission … Mais rassure toi je ne vais pas me marier demain. » Que la brune prenne son mal en patience, le flic n’avait pas complètement perdu la raison dans toute cette aura de bonheur et considérait encore le mariage comme quelque chose d’assez sacralisé pour qu’il prenne son temps avant de se jeter dedans. Échangeant ses habits de ville pour quelque chose de plus respirant Lonnie avait rejoints aux pas de courses son amie qui n’avait pas tardé à mettre le doigt sur cette soudaine envie de mettre à profit son temps libre pour faire autre chose que mater des séries en caleçon dans son canapé. Oh, il faisait des efforts hein. Depuis quelques semaines il avait laissé la voiture sur la place de parking pour se concentrer uniquement sur le vélo, attirant par la même occasion les hurlements excédés de sa vieille voisine qui ne ressentait aucune compassion pour la pauvre bagnole. Les deux pouces en l’air tendu par Leah pour bien enfoncer le clou souleva chez le flic une moue moqueuse alors qu’il lui rendait son coup de coude, prêt à en défaire avec le tapis de course qui l’avait mal regardé et se croyait nettement supérieur à lui. « Je plaisante, c’est cool ce que tu fais. J’me doute que c’est pas seulement pour draguer ton reflet dans le miroir mais bon, peu importe les motivations ça te fera pas de tords. » En gros et en résumé, il fallait qu’il se bouge si il voulait encore rentrer dans ses pantalons sans avoir à le déboutonner pour se sentir à l’aise. Non pas que le bleu était en surpoids, il n’y avait même pas de quoi avoir honte, mais c’était toujours mieux d’allier le bonheur de l’esprit avec celui du corps. « T’imagines si je deviens accro… » Un frisson lui avait parcouru l’échine alors qu’il observait du coin de l’œil tous les athlètes aux muscles saillants qui poussaient des cris dignes de l’exorciste. Il avait envie de sortir d’ici et de fuir vers le food truck le plus proche, mais Leah avait déjà programmé son tapis pour 10 minutes de pur plaisir qu’il ne verrait même pas passer (si). Une fois arrivée à une cadence stable qui ne risquerait pas de le faire tomber et donc de se faire proclamer boulet de l’année, Lonnie avait balancé la première attaque en prétextant que Leah avait envie d’en savoir plus alors que c’était clairement lui qui avait besoin d’en parler. Question de fierté masculine, il n’avouerait jamais qu’il avait simplement proposé à la brune de le suivre car il avait besoin de s’épancher sur sa situation sentimentale. « Je savais que tu craquerais avant moi, alors … » Et blablabla, vraiment, elle faisait beaucoup trop la maligne et ça finirait pas lui péter au nez. « Dis-moi tout, elle s’appelle comment ? Ou il, je juge pas. » Elle ne jugeait pas certes mais elle semblait aussi avoir oublié que toute la petite enfance du flic c’était résumée à un énorme crush sur le power ranger Rose qu’il n’avait jamais vraiment fait sortir de son esprit. « En fait … tu la connais déjà. » Le souffle à moitié coupé alors que le tapis accélérait le mouvement en rajoutant une petite pente à l’exercice, Lonnie avait adressé un sourire plein de douleurs à son amie avant de reprendre. « La conseillère de ma mère, Romy. » Rien de plus, rien de moins, assez en tout cas pour attiser la curiosité de la brune alors qu’il passait le dos de sa main sur son front déjà parsemé de gouttes de sueur. « C’est très cool et elle est parfaite. Je pensais pas que ça me plairait autant que d’être avec elle mais, vraiment, je suis plus heureux que je ne l’ai jamais été. » Elle surpassait de très loin toutes les filles avec qui il était sorti jusqu’à présent, et si Lonnie pouvait distribuer un peu de son bonheur à Leah alors il n’hésiterait pas une seule seconde.
Leah pouvait voir l’air enthousiaste du flic se réduire telle une peau de chagrin au fur et à mesure de la distance qui s’amoindrissait entre eux et les instruments de torture que représentaient les machines de musculation. Elle retint un sourire moqueur, sachant pertinemment que la motivation de son ami ne tenait qu’à un fil et qu’il fallait qu’elle l’encourage sur cette voie. Se lancer était ce qu’il y avait de plus difficile et une fois ce cap franchi, peut-être que Lonnie Hartwell en viendrait même à apprécier de se rendre dans cette salle, tout était possible. Elle ne put cependant pas s’empêcher de rebondir sur le sujet de son potentiel mariage, un sujet qui n’avait jusqu’ici jamais été abordé entre eux pour la simple et bonne raison que le jeune homme n’avait jamais rencontré la perle rare, ou en tout cas quelqu’un qui lui ferait entrevoir cette perspective. Le fait qu’il amène lui-même cette hypothèse avait soulevé un sourcil interrogateur chez la brunette qui l’avait questionné du regard plus que dans sa réponse, rétorquant simplement qu’elle se passerait bien d’une demande en bonne et due forme s’il s’agissait de l’afficher le jour J. D’ailleurs, un tas d’idées plus horribles les unes que les autres lui traversaient l’esprit et avec elles, des souvenirs qui déclenchèrent un sourire nostalgique sur ses lèvres. Le bon vieux temps, celui où son seul réel problème était de savoir ce qu’elle allait manger le soir venu. Il y avait tout de même pire dans la vie. « C’est bien pour ça que je te confie cette mission … Mais rassure toi je ne vais pas me marier demain. » Ah. Le soulagement apparu sur les traits de la jeune femme qui était bien plus perturbée qu’elle ne voulait l’avouer par tous les changements qui semblaient s’être produits dans la vie du policier tandis qu’elle-même luttait contre les coups du sort qui s’acharnait sur elle. La bonne nouvelle, c’est que lui était épargné par tout ça et elle était heureuse d’apprendre que tout roulait pour lui. Leah n’était pas du genre à projeter son malheur chez les autres et était ravie de savoir que Lonnie vivait actuellement sur un petit nuage, même si pour l’instant il ne lui avait pas donné de détails. Mais il aurait fallu qu’elle soit aveugle pour ne rien remarquer. « J’espère bien, si tu te décides à te marier avant que je n’aie le temps de prévenir la malheureuse sur qui tu as jeté ton dévolu… Ça serait terrible. » Elle porta les mains à ses joues en ouvrant la bouche, histoire d’illustrer ses propos avec gravité. Elle n’en pensait pas un mot, c’était d’ailleurs tout l’inverse. Lonnie était une perle et l’heureuse élue aurait beaucoup de chance, c’était un fait certain. Après avoir titillé une nouvelle fois son ami sur cette nouvelle lubie, elle l’emmena sur les tapis de course où elle jugea bon de s’échauffer avant de passer aux choses sérieuses pour de bon. « T’imagines si je deviens accro… » Grandement improbable, mais pourquoi pas. « Je te vois très bien te prendre en selfie devant le miroir après avoir fait tes pompes, tout à fait ton style… » Elle lui adressa un clin en désignant du menton le stéréotype même du gars qu’elle venait de décrire qui était justement entrain de prendre la pose face à son portable, sans doute pour alimenter son compte instagram qui devait receler de photos du genre. Ils commencèrent à courir en suivant le rythme que Leah avait préalablement encodé et Lonnie ne tarda pas à craquer en lui demandant finalement si elle allait l’interroger ou non sur la mystérieuse inconnue qui lui donnait des ailes. Ou en tout cas un équivalent qui l’avait propulsé droit vers cette salle de sport qui était l’équivalent d’un donjon de torture aux yeux du flic. Amusée qu’il craque avant elle, elle le taquina une nouvelle fois avant de lui demander une bonne fois pour toute qui elle étai. Ou il, encore une fois, pas de jugement. « En fait … tu la connais déjà. » Oh. Ça devenait intéressant. La brunette haussa un sourcil dans sa direction, laissant ses pensées divaguer le temps qu’il lui précise de qui il s’agissait. « La conseillère de ma mère, Romy. » D’accord. L’image de la petite blonde fit son apparition dans son esprit et elle laissa un sourire en coin étirer ses lèvres. La conseillère lui avait fait une bonne impression et s’était montrée extrêmement disponible et à l’écoute lorsqu’elle avait elle-même eu quelques soucis personnels ; doux euphémisme. « C’est très cool et elle est parfaite. Je pensais pas que ça me plairait autant que d’être avec elle mais, vraiment, je suis plus heureux que je ne l’ai jamais été. » Leah releva le menton vers lui avant de se reconcentrer sur sa course – car elle s’était imposée un rythme plus hard qu’à son ami et elle ne tenait pas à se casser la gueule alors qu’elle n’avait cessé de le taquiner depuis qu’ils avaient fait leur entrée dans la salle. « Je me pose une question… » Elle se mordit la lèvre avant de reprendre d’un ton sérieux. « Comment t’as fait ? Elle est beaucoup trop bien pour toi. » La brunette lui tira la langue avant d’éclater de rire en secouant la tête en voyant la mine dépitée de son ami. Difficile de savoir si c’était dû à sa réaction ou à l’exercice en lui-même, mais c’était drôle dans les deux cas. « Je plaisante Hartwell. Raconte moi tout, ça fait combien de temps ? Et vraiment, ça s’est passé comment ? » Leah Baumann était passée en mode commère et voulait tout savoir, décidée à vivre le bonheur de son ami par procuration tout en ressentant une réelle joie à cette annonce ; cette Romy avait l’air d’être une fille bien.
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Pour éviter de la replonger dans une sombre partie de sa vie il fallait donner à Leah l'occasion de rire un bon coup et, ainsi, d’extérioriser toutes les choses qui la faisaient souffrir ces derniers temps. Quoi de mieux donc que d'assister à un décès en direct, une belle preuve d'amitié de la part du flic qui s'était remis en question trop de fois pour pouvoir être honnête durant tout le trajet qui les séparait de la salle de sport. Elle restait derrière un mur, la brune, profitant de cet instant de légèreté pour se focaliser sur les choses moins compliquées à faire que de trouver la force de se lever chaque matin après une expérience aussi tragique que celle-ça. Dans l'incapacité de trouver le bons mots pour rassurer sa meilleure amie, Lonnie avait simplement opté pour une conversation plus simple qui se basait sur un potentiel futur mariage qui n'était pas encore dans ses plans mais dont elle ferait forcément parti. Aux manettes du montage de la honte Leah aurait carte libre pour lui donner envie de se terrer dans un trou le plus profond possible, et cette idée à celle seule suffisait à faire sourire la jeune femme. « J’espère bien, si tu te décides à te marier avant que je n’aie le temps de prévenir la malheureuse sur qui tu as jeté ton dévolu… Ça serait terrible. » Douce ironie que de savoir qu'elle connaissait déjà la malheureuse, et même si le flic n'avait pas encore envisagé de sortir la déclaration en grandes pompes à Romy, il savait pourtant qu'elle serait la seule avec qui il voulait construire le reste de sa vie. Les épaules haussées en même temps qu'un sourire le rouquin avait frôlé la syncope alors que les grandes baies vitrées de la salle de sport lui donnait déjà un avant goût de l'enfer. « Ne t'en fais pas tu sera la première au courant... Mais si je décide de te donner cinq adresses différentes le jour du mariage pour que tu n'apparaisse qu'après qu'elle dises oui, il faudra pas s'étonner. » Parce que même si Leah serait toujours heureuse pour lui il ne fallait pas oublier qu'elle avait un jour fait croire à tout le voisinage que Lonnie avait chopé une maladie virulente et qu'il fallait le toucher uniquement avec un bâton. A moitié essoufflé rien qu'en posant son pied sur le tapis de course Lonnie s'était imaginé une vie remplie de miroir grands de trois mètres et de poudre à foutre dans un shaker en guise de petit-déjeuner, lui qui avait pris la mauvaise habitude du café serré et des cornflakes le matin se sentirait vitre perdu dans cette nouvelle vie. Impossible donc de devenir un de ces accros à la salle de sport qui polluaient son fil instagram. « Je te vois très bien te prendre en selfie devant le miroir après avoir fait tes pompes, tout à fait ton style… » Du menton la brune avait désigné la copie conforme de tous ces clichés qui appuyait nerveusement sur le bouton de son téléphone pour se mitrailler de photo qu'il posterait avec les fameux #nopain#nogain qui donnait au flic l'envie de sortir les menottes et les menaces. « Tu crois qu'il congestionnes exprès pour se donner cet air de bulldozer ? » Naïf qu'il était de croire que les hommes se prenaient en photo torse nu uniquement pour montrer les biens faits de leur entraînement. La sueur trempant déjà son front alors qu'il n'avait même pas effectué le milieu du début de sa course Lonnie avait laissé échappé l'information qui lui tenait tant à coeur et qui lui brûlait les lèvres depuis que Leah avait posé son séant dans la voiture. Il était heureux, voulait le crier sur tous les toits, mais ne voulait pas que son bonheur vienne changer quoi que se soit dans sa relation avec la brune dont les derniers déboires sentimentaux lui collaient encore à la peau. Après avoir exposé tous les points qui faisaient de sa relation avec la blonde la plus parfaite de chose qui ne lui soit jamais arrivée, Lonnie avait attendu un (trop) long moment avant que Leah ne se décide enfin à ouvrir la bouche. « Je me pose une question… » Seigneur. Elle allait lui demander de tout arrêter, de ne pas s'embarquer dans une relation avec quelqu'un qu'il avait rencontré dans un cadre totalement différent des rencontres habituelles. Le rythme soutenu de la machine de torture plus l'attente que la brune avait décidé d'installer réduisait Lonnie à un léthargique. « Comment t’as fait ? Elle est beaucoup trop bien pour toi. » Alors que la brune lui tirait la langue le flic eut envie de lui arracher hors de la bouche pour la punir d'avoir joué trop longtemps avec son petit coeur nerveux, les extrêmes de cet homme. « Je me le demande encore à vrai dire ... » Romy était trop bien pour lui mais il préférait ne pas le faire remarquer, se contentant de nager dans le bonheur sans penser à quoi que ce soit d'autre que sa relation qu'il voulait éternelle. « Peut-être que c'est mon côté paumé de la vie, qui sait ? » Faire passer la pitié comme base d'une relation saine n'était pas forcément la meilleure façon de se donner confiance, mais Lonnie préférait en rire plutôt que de se poser les vraies questions. « Je plaisante Hartwell. Raconte moi tout, ça fait combien de temps ? Et vraiment, ça s’est passé comment ? » Les battements de son coeur redescendaient à un rythme normal alors que la machine continuait son petit bout de chemin, le forçant se concentrer pour éviter de vomis tout son quatre heures sur l'écran. « Quelques mois maintenant... Elle m'a couru après sur le parking de la prison pour me parler de ma mère ... on s'est revu pour en discuter et j'ai senti que c'était différent. » Le flic avait haussé les épaules, de un pour cacher la mort qui était en train de prendre possession de lui, de deux pour appuyer ses propos alors qu'il lançait à Leah un regard plein de fierté et de bonheur. « Elle est sincère, drôle, touchante, têtue au possible ... tout ce que j'ai toujours cherché en vrai. » On pouvait entendre les violons de là, mais il n'y avait rien de plus authentique que l'amour qu'il ressentait pour Romy, et rien ne pourrait changer son état d'esprit. « Est-ce qu'on peut passer à autre chose avant que mes jambes ne décident de s'arrêter d'elle-même ? J'ai pas couru comme ça depuis le jour où tu m'as volé mon goûter et que je t'ai pourchassé sur deux pâtés de maison. » Ah les vieux souvenirs, c'était toujours aussi agréable que de penser au fait que Leah avait été l'un des nombreux bâtisseurs de la vie du flic, à sept ans comme aujourd'hui il cherchait encore son approbation et sa fierté.
La conversation glissait sur des sujets légers qui permettaient à Leah de se focaliser sur autre chose que sur ses idées noires, et ce grâce à Lonnie. Il avait adopté la bonne technique avec elle ; discuter de banalités tout en la taquinant et en usant encore et encore d’un humour hasardeux destiné à lui arracher un sourire de temps à autre. Il la connaissait toujours aussi bien et la brune pensait pouvoir se targuer de cette réciproque, ce qui la faisait justement tiquer sur toute cette histoire et les motivations qui avaient amené le policier à lui demander de venir s’entraîner avec lui. Lonnie n’aimait pas le sport et il se rendait en salle sous des prétextes fumeux. Et voici qu’à présent il évoquait un mariage potentiel, comme ça, sorti de nulle part. Leah ne savait plus quoi penser et même si le ton de l’humour était de circonstance depuis le début, elle devait bien avouer qu’elle était intriguée. Et pas qu’un peu. En attendant qu’il se décide à lui confier le fin mot de l’histoire, elle se lança volontiers dans la brèche qu’il avait ouverte en parlant d’un powerpoint de la honte dont elle serait bien entendu l’auteure ; qui d’autre avait des dossiers à foison sur le Hartwell à part elle, hein ? Ceci étant dit, elle fut rassurée lorsqu’il lui expliqua qu’il n’y avait pas de mariage en vue à l’heure actuelle. Une bonne nouvelle : elle aurait le temps de prévenir la malheureuse de ce à quoi elle pourrait s’attendre en jetant ainsi son dévolu sur son ami d’enfance… Une taquinerie qui fit hausser les épaules du rouquin dans un sourire mystérieux. Bien bien. Il fallait qu’elle creuse car s’il n’était pas question d’une cérémonie en grande pompe, la future mariée existait peut-être déjà. Sûrement même. « Ne t'en fais pas tu sera la première au courant... Mais si je décide de te donner cinq adresses différentes le jour du mariage pour que tu n'apparaisse qu'après qu'elle dises oui, il faudra pas s'étonner. » La brune se para de son plus bel air offusqué, allant même jusqu’à poser une main sur sa poitrine afin d’appuyer un peu plus le côté dramatique de ce qu’elle venait d’entendre. « Tu n’oserais pas. Le témoin n’arrive pas en retard, ce n’est pas négociable. » Elle venait de se poser comme guest pour ce mariage hypothétique, et non des moindres puisqu’elle venait de sous-entendre qu’elle aurait aimé être – littéralement – à ses côtés le jour J. « Si tu me fais ce coup-là je me ferai une joie d’apparaître au moment où le prêtre demande si quelqu’un s’oppose à cette union. Et puis je dirai que c’était une blague. » Elle fronça le nez dans sa direction dans un petit rire, laissant la menace planer bien qu’il se doute qu’elle plaisantait – un peu. L’heure n’était pas qu’aux retrouvailles et aux échanges de vannes mais bien à celle de l’entraînement ; il allait regretter de l’avoir appelée. Leah débordait d’énergie à revendre, une façon saine de diriger sa colère vers quelque chose de plus productif que dans sa propre autodestruction. Sur le tapis de course – qui n’était pourtant que l’échauffement – le flic n’en menait pas large en prenait sur lui de ne pas cracher ses poumons tout en continuant de courir à grandes enjambées et de poursuivre leur conversation. Amusée par ces hommes qui ne pouvaient s’empêcher de se prendre en photo entre chaque pompe, elle en désigna un du menton tout en comparant le futur Lonnie à ce type qui avait commis l’erreur bien trop répandue de ne privilégier que les bras et les épaules en délaissant le bas de son corps, ce qui lui donnait maintenant une carrure qui était tout sauf harmonieuse. « Tu crois qu'il congestionnes exprès pour se donner cet air de bulldozer ? » La brune éclata de rire en levant ses mains vers le ciel, dépitée par ce genre de comportement. Et finalement, après quelques secondes de suspens intenable, Lonnie balança enfin l’information qui lui brûlait sans doute les lèvres depuis qu’ils s’étaient retrouvés : il sortait avec Romy Ashby. La blonde était loin d’être une inconnue aux yeux de Leah qui avait eu l’occasion de faire sa rencontre à plusieurs reprises, allant même jusqu’à échanger un café avec elle. Le courant était bien passé et elle ne s’étonnait donc pas que ça ait également été le cas entre elle et son ami. Laissant volontairement planer un silence pesant – une douce vengeance puisqu’il l’avait sciemment fait attendre avant de divulguer cette annonce – la brunette releva finalement le menton vers lui en lui posant une question qui cachait une énième plaisanterie. Elle était ravie pour lui et il méritait cent fois d’avoir enfin trouvé le bonheur. « Je me le demande encore à vrai dire ... » Leah leva les yeux au ciel, car si elle était consciente de sa taquinerie, l’éternel manque d’assurance du rouquin ressurgissait en la prenant au mot. « Peut-être que c'est mon côté paumé de la vie, qui sait ? » C’est cela oui. « Me force pas à admettre qu’il s’agissait d’un trait d’humour Hartwell, je tiens très fort à la réputation de mauvaise langue que tu m’as donnée quand on avait neuf ans. » Elle haussa un sourcil amusé, cherchant à lui faire comprendre qu’il se mettait le doigt dans l’œil car si on voulait son avis, c’était elle qui avait de la chance. Elle fini tout de même par admettre qu’elle plaisantait avant de lui demander de lui raconter les détails de leur rencontre, même si elle en avait une petite idée. « Quelques mois maintenant... Elle m'a couru après sur le parking de la prison pour me parler de ma mère ... on s'est revu pour en discuter et j'ai senti que c'était différent. » Leah l’écoutait parler, ne pouvant retenir un sourire au son de sa voix qui trahissait un bonheur évident. « Elle est sincère, drôle, touchante, têtue au possible ... tout ce que j'ai toujours cherché en vrai. » Têtue hein ? Il était mal barré avec elle. Mais tant mieux, ça rajouterait du piquant dans leur relation. A première vue et en entendant la description que le rouquin lui faisait, Romy avait l’air d’être parfaite et la brunette espérait que ça serait réellement le cas. « C’est vraiment super Lonnie, je vous souhaite que ça marche tous les deux. » Elle lui lança un regard sincère avant de reprendre. « Et d’ailleurs en parlant de ta mère, ça avance ? » Toute cette histoire remontait à bien longtemps mais Leah savait ce que ça représentait pour le flic. Si Romy était parvenue à faire ce qu’elle avait en tête, elle aurait vraiment accompli un miracle inattendu pour cette famille qui avait énormément souffert. « Est-ce qu'on peut passer à autre chose avant que mes jambes ne décident de s'arrêter d'elle-même ? J'ai pas couru comme ça depuis le jour où tu m'as volé mon goûter et que je t'ai pourchassé sur deux pâtés de maison. » Ah ça. La brune hocha la tête sans faire le moindre commentaire – car elle n’aurait fait que le déprimer encore en peu plus puisqu’il ne s’agissait ici que d’un échauffement banal – et sauta de son tapis avant d’arrêter celui de Lonnie, lui offrant une pause salvatrice. La jeune femme lui tendit une serviette avant de s’emparer de sa bouteille d’eau et d’en boire quelques gorgées. « Deux minutes. Et puis on ira rejoindre notre ami et ses muscules instagrammables. » Lança-t-elle en désignant d’un geste la partie de la salle où se trouvaient les machines de musculation. « Sauf si tu veux abandonner Hartwell… » Ajouta-t-elle en le défiant du regard, sachant qu’allumer son esprit de compétition lui donnerait un regain d’énergie. Ou pas.
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Ils auraient tout le temps d'en venir aux sujets fâcheux, mais Lonnie préférait le faire autours d'un verre plutôt que dans une salle de sport où les oreilles traînantes auraient vite fait de venir perturber leur discussion, et quand bien même la brune ne souhaiterait pas en parler alors le flic serait simplement là pour la défier à un concours de shot dont ils ont le secret. Pour le moment, et ironiquement, Lonnie se concentrait pour ne pas mourir sur le tapis de course là où Leah semblait être complètement dans son élément, soulevant même des questions sans montrer le moindre signe d’épuisement. Suffoquant légèrement sur son instrument de torture, le bleu avait tout de même haussé un sourire sur ses lèvres pincées par l'effort alors que Baumman prétextait haut et fort qu'elle ferait bien exprès de venir perturber son hypothétique mariage en lui imposant une blague de plus. « Tu n’oserais pas. Le témoin n’arrive pas en retard, ce n’est pas négociable. » Cependant, alors qu'il plongeait son regard dans celui de la brune pour lui faire comprendre que ça n'était pas complètement tombé dans l'oreille d'un sourd, Lonnie avait soulevé le petit mot "témoin" qui était apparu dans le discours de Leah. "Il faudra donc que tu te battes avec Harvey, ça va être beau à voir." Il y aurait de place pour deux témoins aux côtés des jambes tremblantes du rouquin, mais c'était toujours amusant que de considérer la jeune femme comme une compétitrice née qui n'hésiterait pas à se battre pour gagner la place. « Si tu me fais ce coup-là je me ferai une joie d’apparaître au moment où le prêtre demande si quelqu’un s’oppose à cette union. Et puis je dirai que c’était une blague. » Elle n'oserait jamais ... non ? Les sourcils froncés Lonnie avait tout de même réussi à lui lancer un regard en disant long avant de le détourner pour admirer l'homme aux muscles congestionnés qui alimenteraient bientôt son compte instagram. "Viens en blanc aussi, histoire de bien foutre le bordel." C'était de l'ordre de la blague, et Lonnie savait très bien que Leah se tiendrait à ses côtés dans ce nouveau chapitre hypothétique de sa vie, et il avait besoin d'elle à ses côtés pour tenir le coup. Comme il avait besoin qu'elle approuve sa relation avec Romy, parce qu'il ne voudra pas avoir à choisir entre la femme de sa vie et sa meilleure amie. Pour son plus grand bonheur Leah avait simplement hoché la tête en évoquant le fait que la conseillère était trop bien pour lui, ce à quoi il ne pouvait pas dire le contraire. Mais elle l'aimait, malgré les longues journées passées au boulot, son addiction pour les plats à emporter et son tempérament de merde depuis qu'il avait arrêté de fumer. « Me force pas à admettre qu’il s’agissait d’un trait d’humour Hartwell, je tiens très fort à la réputation de mauvaise langue que tu m’as donnée quand on avait neuf ans. » Et qu'elle méritait toujours, d'ailleurs. Le sourire bien accroché sur les lèvres Lonnie avait simplement acquiescé d'un signe de tête tout en retenant ses jambes de ne pas lâcher prise. "Elle fait sortir le meilleur de moi en tout cas." En le poussant constamment à faire mieux, à vouloir mieux pour sa vie là où il s'était toujours contenté de rester dans un coin dans faire de vagues. Vraiment, Romy avait tout changé pour le flic dont la vie n'avait jamais été belle que depuis qu'elle était dedans. « C’est vraiment super Lonnie, je vous souhaite que ça marche tous les deux. » Leah le pensait, agissait comme la meilleure amie qu'elle était sans se soucier d'autre chose que du bonheur de celui qui était maintenant à deux doigts de passer l'arme à gauche. "Merci. Je sens que c'est la bonne." Son instinct était toujours sa meilleure arme, et si Lonnie pouvait sentir que sa relation avait un futur tout tracé il pouvait aussi sentir ses jambes se dérober sous le poids de la fatigue qui commençait à le gagner alors que Leah était encore fraîche comme la rosée du matin. « Et d’ailleurs en parlant de ta mère, ça avance ? » Le flic avait simplement haussé les épaules, ne souhaitant pas porter la poisse à cette affaire qui avançait doucement mais sûrement. Le maigre espoir de revoir sa mère en dehors d'une prison avait pris de plus en plus d'ampleur depuis que Romy avait promis de tout faire pour que Gail retrouve sa liberté. "Ouais, ça avance. Je veux pas mettre la charrue avant les boeufs mais ... il se pourrait que ma mère soit dans les parages pour Noël". Rien que cette phrase avait réussi à tirer un sourire grand comme le monde sur les lèvres du bleu qui tentait de faire changer la brune de direction, sous peine de mourir écrasé sous un tapis de course machiavélique. « Deux minutes. Et puis on ira rejoindre notre ami et ses muscles instagrammables. » Ses prières avaient enfin été entendues. « Sauf si tu veux abandonner Hartwell… » Abandonner ? Le sourcil arqué par la surprise Lonnie avait pris le temps de bien descendre son allure pour être sur de ne pas se prendre les pieds dans le tapis (littéralement). "Je ne connais pas ce mot Baumman ... et je te défis même à un concours de tractions !" Pas la meilleure idée (bis) qu'il avait de la journée, mais au moins ça aurait le mérite de les faire rire. "Le perdant offre les tacos pour ce soir." Leah était une compétitrice, Lonnie un ventre sur pattes, c'était donc une question d'honneur que de gagner ce petit concours amical. Se rendant du côté de ce nouvel instrument de torture le flic avait agité l'index en direction de la brune afin de l'inviter à un nouveau challenge dont eux seuls avaient le secret.
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Son reflet dans le miroir lui renvoyait une image qu’il avait du mal à enregistrer, celle d’un jeune homme ayant enfin atteint la barre fatidique des trente ans et qui avait – ces derniers temps – un peu trop abusé des livraisons de donuts journalières au poste. Lonnie n’avait jamais été un grand gaillard à l’instar d’Harvey qui avait tout obtenu des gênes de leur père, charpenté et grand, là où le flic tirait plus du côté de sa mère, petit gabarit et métabolisme lent. Alors pour une bouchée de nouilles sautées au porc Lonnie se devait de courir un semi-marathon. Les mains appuyées sur les hanches Hartwell avait soupiré lourdement avant de saisir du sac de sport poussiéreux qui prenait toute la place dans son armoire mais n’en sortait jamais, bien décidé à trouver la motivation nécessaire pour se rendre à la salle de sport dans laquelle il avait pris un abonnement en début d’année. Il était temps de faire quelque chose pour que son corps puisse enfin retrouver la forme que le bleu avait en commençant l’école de polices, là où les tests physiques étaient éliminatoires et non sporadiques comme c’était le cas aujourd’hui. Le flic jeta un short, un débardeur et une paire de basket dans le fond de son sac avant de tendre la main vers son téléphone qui lui servirai de coach ou de moyen de distraction s’il ne savait pas comment utiliser une machine, il pourrait juste prétendre devoir répondre à un appel urgent – évitant ainsi l’humiliation totale. Montant et descendant la liste de ses contacts pour trouver la parfaite personne à amener avec lui, préférant de loin l’idée d’une torture partagée plutôt que d’avoir à souffrir seul, Lonnie était tombé sur ‘Leah’ dont le nom était accompagné du fameux émoji « poop » qui le faisait toujours autant rire tant il était parfaitement attribué à la jeune femme qui n’en avait jamais tiré autre chose que de la plaisanterie. « Prend ta plus jolie paire de basket, je passe te prendre dans 15 minutes et on va transpirer. (J’en ai besoin, help) ». Descendant les marches quatre à quatre après avoir jeté une boulette de viande et un reste de spaghettis au chat Lonnie avait hésité un très long moment entre maudire sa voisine qui avait encore fait venir la fourrière pour sa voiture et balancer des œufs sur la fenêtre de son salon pour l’empêcher d’épier chaque faits et gestes des habitants du quartier. Il pourrait toujours faire sauter le PV accroché à son essuie-glace mais dans un sursaut de conscience professionnelle Lonnie abandonnerait l’idée pour se plier aux dures lois imposées par la société, non sans protester dans sa barbe cela dit. Sur l’écran cassé de son téléphone Lonnie avait affiché l’adresse de la brune qu’il avait raccompagnée chez elle après leur dernière soirée, le GPS lui indiquant alors une dizaine de minutes de trajets entre le point A et le point B. Il n’avait même pas attendu une réponse de le part de Leah qui avait sans doute mieux à faire que de l’accompagner dans une salle de sport, elle qui essuyait une rupture encore chaude et un stress constant par rapport à ses essais avec les pompiers. Mais elle n’avait, de toute façon, pas le choix. Lonnie avait besoin d’un soutien moral durant cette épreuve et se prêterait volontiers au jeu des questions réponses avec sa meilleure amie, elle qui en connaissait déjà un rayon sur lui serait sans doute surprise d’apprendre qu’il avait rencontré quelqu’un et – qu’en plus – elle la connaissait. Ces derniers jours passés avec Romy avaient été parfaits et le flic avait encore du mal à croire qu’il avait été aussi chanceux. Le temps passant la conseillère se montrait être plus qu’une alliée avec qui il échangeait sur le dossier de sa mère, elle était devenue un point vital de son quotidien et il ne pouvait plus envisager une seule seconde qu’elle ne fasse pas partie de sa vie. Lonnie était heureux, bien plus qu’il ne l’avait été ces dernières années, le sport ne pouvait donc qu’être bénéfique à sa vie. Arrivé à l’adresse indiquée par le GPS le flic n’avait pas attendu longtemps avant d’apercevoir la silhouette de Leah descendre les marches. « Grimpe Baumann, et essaie de ne pas casser ma voiture avec tes gros bras. » qu’il avait balancé un appuyant sur le bouton ‘mute’ de l’autoradio. Plus qu’une simple plaisanterie destinée à ouvrir la conversation Lonnie ressentait une pointe de jalousie envers la jeune femme qui semblait bien plus prête que lui à endurer une séance de sport (de torture) dont il sortirait sans doute avec des courbatures pour une semaine entière. « Merci d’avoir accepté, je voulais pas me foutre la honte tout seul. » Le flic avait appuyé sur l’accélérateur pour sortir la voiture du trottoir sur lequel il s’était garé à la vas-vite et s’était dirigé vers le quartier de Logan City où les attendait le plus grand challenge de sa journée, réussir à rester en vie. 
