| (priadji) even the nights are better |
| | (#)Mar 26 Nov 2019 - 17:45 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Le bras profondément enfoncé dans son grand sac fourre-tout, ses longs doigts rencontrèrent l'angle mou de ce qui ressemblait à une feuille de papier soigneusement pliée pour former un rectangle de taille moyenne, non moins parfait. Sauf qu'il ne s'agissait pas simplement d'une vulgaire feuille de papier, Yasmine savait même très bien ce que c'était et pourtant, ce fût instinctif. Elle ne put se retenir de l'extirper du tréfond de son bazar organisé pour y jeter un œil peu amène, presque défiant. Le bout de la langue logée dans le creux d'une dent, le sceau de l'université du Queensland estampillé dans le coin droit de l'enveloppe toute froissée la fit réprimer un étrange grognement de frustration. Mais vraiment, la détermination se lisait dans ses grands yeux verts en amande ; Yasmine était bien décidée à ne pas les consulter ses fichus résultats d'examen. Reçus quelques jours auparavant par courrier et par courriel, elle prétendait ne pas avoir le temps de les vérifier, prise entre plusieurs feux. Littéralement, car les incendies dans les environs avaient considérablement fait s'accroître le rythme de travail au sein des urgences qui ne désemplissaient pas depuis quelques jours. Les heures supplémentaires s'enchaînaient pour la jeune femme, ça l'arrangeait quelque part. Au moins, son excuse était toute trouvée lorsque son entourage venait s'enquérir des nouvelles à ce sujet. Seul Sloan lui donnait le sentiment d'avoir compris qu'elle n'était pas prête à célébrer son échec, bien qu'il était on ne peut plus persuadé de sa réussite en vérité ; il avait la délicatesse de ne pas l'ennuyer, se contentant de regards appuyés qu'elle lui rendait sans en dire davantage. Jamais elle ne le remercierait assez pour tout ce qu'il avait fait pour elle, et quand elle serait prête à décacheter l'enveloppe sur laquelle elle avait toujours l'œil, il serait le premier qu'elle tiendrait au courant, bonne ou mauvaise nouvelle.
"Il te faut autre chose, Yasmine ?" La petite voix qui l'interpella par-delà le comptoir de la cafétéria du St-Vincent ne réussit pas à attirer son attention sur le moment. C'était souvent le cas depuis quelques semaines déjà ; un rien lui faisait perdre le fil. L'esprit constamment tourné sur tout et rien à la fois, c'était un peu comme si ses pensées s'étaient fragmentées pour se répartir à parts inégales, bousculant par la même occasion l'ordre immédiat de ses priorités. Ainsi, une part de son esprit était tournée vers l'organisation bouleversée du service qui croulait sous les admissions de grands brûlés et autres cas liés aux inhalations de fumée, une autre vers l'amélioration de l'état de santé de l'officier Dunn, mais surtout vers Norah qui lui semblait de plus en plus sur le fil du rasoir psychologiquement parlant ; ou encore vers l'éventualité tétanisante que son avenir proche se jouait à quelques rangs sur une liste d'attente qu'elle redoutait plus qu'elle n'oserait l'admettre à quiconque, même à son frère ; et puis vers l'ambiance pesante qui régnait entre elle et son chef de service qui ne cessait de sous-entendre qu'elle avait épuisé son stock d'erreurs pour ls prochaines année à venir, et qui lui laissait en plus craindre une convocation express dans les hautes-sphères de la hiérarchie de l'hôpital ; encore une autre part vers les reproches faussement gentillets assénés par sa mère qui trouvait qu'elle ne passait plus beaucoup les voir, elle et son père ; mais finalement, ce qui occupait la majorité de sa concentration ne faisait même pas partie de cette liste. D'après son suivi médical, Edge récupérait plutôt bien. Ca aurait dû l'exempter de passer autant de temps à s'inquiéter pour lui… c'était bien loin d'être le cas, et le temps qu'elle passait à vouloir s'assurer que sa convalescence soit traitée avec davantage de vigilance que celle des autres patients, Yasmine ne l'avait pas pour des choses aussi simples que rattraper les nombreuses heures de sommeil qui lui manquaient. Elle avait cessé de prétendre qu'elle y pouvait quelque chose, et parce que l'insomnie était devenue une amie à part entière, ça ne représentait pas tout à fait un sacrifice de quitter l'hôpital une ou deux heures après la fin de son service – même si heures supplémentaires obligent, elle ne finissait jamais à l'heure escomptée. Elle l'avait déjà fait dans le passé, toujours la première au chevet de ceux qui comptaient pour elle, aussi c'était une habitude qu'elle avait vite retrouvée ; tout comme la façon si habile qu'elle avait de soudoyer l'infirmière en chef Vergara histoire qu'elle puisse rester dans la chambre du jeune homme bien après les horaires strictes de visites – une pâtisserie, une boisson chaude, l'affaire était dans le sac. Un raclement de gorge insistant la fit sortir de sa contemplation de l'enveloppe qu'elle tenait toujours entre deux de ses doigts "Excuse-moi, Becca. Ce sera tout, merci." se hâta-t-elle de dire, enfonçant de nouveau son bras dans son sac en même temps que ses résultats d'examen, et repartant à la recherche de la monnaie que lui demandait Becca ; cette dernière lui sourit plus par politesse qu'autre chose une fois que Yasmine eut déposé l'appoint sur son comptoir. S'emparant de ses emplettes, elle les emporta avec elle dans un dernier sourire plus sincère que celui qu'elle venait de recevoir, déjà prête à prendre la direction de la chambre d'Edgerton.
Les soirées étaient plus propices à la discussion – sans doute parce qu'il était seul plus que quelques minutes. Le flux constant de visiteurs qui prenaient le temps de venir lui tenir compagnie tout au long de la journée était un bon moyen pour elle de s'assurer que l'ennui ne lui tomberait pas dessus sans s'annoncer et d'un côté, c'était tout ce qui lui importait ; que la solitude ne vienne pas saper les efforts qu'il faisait pour aller mieux Mais rester toujours à proximité, elle s'en faisait une vraie mission, passant une tête de temps à autre quand l'accalmie se faisait en bas et en ce moment, ce n'était pas aussi souvent qu'elle l'aurait souhaité. Cependant, profitant de la fin des horaires de visites, ils avaient réussi à trouver un moyen d'entrer dans une phase intermédiaire qui leur permettaient d'apprendre à se connaître… c'était un peu étrange, ébranlant quelques certitudes qu'elle avait couvé au sujet d'Edge mais ça avait un effet plutôt réconfortant sur elle. Yasmine se surprenait même à s'impatienter lorsqu'elle s'apercevait que son service tirait peu à peu vers la fin. Alors les longs moments de discussions s'étiraient parfois, et il pesait sur la pièce un étrange voile de sérénité qui avait pour effet de la faire somnoler… dans ces cas-là, elle savait qu'il était temps de rentrer. Une fois chez elle, elle s'empêchait de ressasser les informations qu'Edgerton prenait le temps d'égrener, mais il y avait quelques fois où elle y repensait sans s'en apercevoir tout à fait, forte des échanges positifs qu'ils maintenaient depuis le soir de l'admission du jeune homme à l'hôpital. Quelque part, par-delà la masse de choses qu'elle avait à gérer à côté, il réussissait sans le savoir à apaiser un peu tout ce qu'elle redoutait en secret.
"On va finir par te faire payer un loyer. File-moi ça, j'en rêve depuis que je suis arrivée." entama l'infirmière en chef Vergara, une main fichée sur une hanche aux allures de sablier, l'autre tendue en direction du café-noisette que lui tendit Yasmine en ondulant dans une chorégraphie sommaire, manœuvrée juste pour la faire languir un peu, et faire naître un léger sourire sur la visage de sa collègue. Vergara harponna le gobelet brûlant en se forçant à ne pas sourire ; elle en avait vu d'autres des charmants corbeaux comme l'infirmière Khadji. Mais elle, elle avait au moins le mérite de ne pas cacher ses intentions ; elle l'aimait bien. Cela dit, pas assez pour ne pas la pointer d'un doigt faussement menaçant "T'as de la chance d'être sacrément mignonne, mais tu veilleras à ne pas dépasser 23h00. Je suis conciliante, c'est pas le cas de certaines autres chez qui ça commence à jaser, c'est vu ?" Un très léger froncement de sourcils assombrit le visage de Yasmine tandis qu'elle déposait dans la paume de la main de sa collègue le donut qu'elle avait pris en plus pour elle ; elle n'était pas sans savoir que les hôpitaux étaient des petits villages, ça ne l'étonnait pas plus que ça. Toutefois, elle opina du chef avec déférence, toute polie et respectueuse qu'elle était avec ses aînés "C'est vu. Je ferai bien attention à l'heure cette fois-ci, à toute." Elle ne lui fit pas de promesse, néanmoins. Les minutes avaient tendance à filer sans qu'elle ne s'en aperçoive vraiment lorsqu'elle se trouvait dans cette chambre. Remontant son sac sur son épaule, elle lui dit au revoir du bout des doigts ; elle crut l'entendre soupirer de contentement après sa première gorgée de café qu'elle avait sans doute déjà avalée, puis remplacée par une autre, quand elle-même poussa enfin la porte de la chambre d'Edge après y avoir asséné un coup, puis deux autres rapprochés – un code pour qu'il sache d'emblée que c'était elle –, et arrangé rapidement le chignon tressé qui rendait justice à son profil, même si elle paraissait un peu fatiguée. "Je suis trèèèès en retard, mais j'ai une trèèèès bonne excuse." fit-elle en s'enfonçant dans la chambre, s'approchant du lit d'Edgerton en brandissant le porte-gobelets qu'elle tenait à la main et le sac en papier un peu graisseux que, d'un même mouvement, elle posa sur la table d'appoint "Je sais que t'aurais préféré autre chose que du sucré. J'ai pas eu le temps d'aller en ville pour assouvir ta carence en protéines… MAIS j'apporte du thé, tada !" affirma-t-elle, cils fendant l'air, jazz hands en plus pour parachever son entrée, comme si de l'eau chaude aromatisée était le seul remède aux maux de l'univers ; pour les Khadji c'était un peu le cas, il fallait les voir en période de crise, cramponnés à leur tasse bouillante comme si leur vie en dépendait, cajolant l'espoir naïf d'y trouver un peu de consolation. Sourire aux lèvres, elle posa le porte-gobelets à côté du sac en papier et puis derechef, elle se pencha pour d'abord faire un examen rapide des progrès de la cicatrisation des plaies sur son visage. Plissant les paupières en se mordant brièvement la lèvre pendant que ses yeux s'agitaient de part et d'autre des blessures d'Edge, elle finit par planter un furtif baiser sur sa tempe en guise de bonjour un peu tardif. Se redressant dans la foulée, elle lui demanda, larguant son sac sur la chaise installée dans le coin de la pièce, et commençant à retirer sa veste, traduisant l'idée sûre qu'elle était là pour rester un sacré moment "T'as eu beaucoup de visites aujourd'hui ?" |
| | | | (#)Dim 1 Déc 2019 - 21:56 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Edgerton Samuel Price, tu es un idiot fini. Voilà les premiers mots que Tamara a lancé dans ta direction au moment où vos regards se sont croisés et qu'il a été plus qu'évident que ta mère est bien à Brisbane et que tout ceci n'est pas juste un mauvais rêve que tu vas noyer sous un peu de vodka. Décidément pas. Et toutes les excuses que tu aurais pu inventer, juste là, et sortir à ta chère génitrice se sont effacées sous son regard et encore plus quand elle a fini par rentrer dans cette chambre d'hôpital pour passer ses deux bras autour de toi. Chose qui n'était pas arrivée depuis des années, d'ordinaire, c'est toi qui enlaces ta mère et pas l'inverse, tu es beaucoup plus grand qu'elle et tu as toujours pris un plaisir certain à le lui rappeler, et ce avec un léger sourire sur les lèvres. Pas de sourire à cette seconde précise, ou alors si, un léger et maigre la seconde d'après en l'entendant parler et te poser des questions tout en te traitant toujours d'idiot et d'imbécile. Il n'y a pas à dire, s'il y a bien quelqu'un qui te connait un minimum, c'est ta mère, un seul coup d'oeil dans ta direction et elle a compris que tu étais responsable de ton état actuel. Toi, et uniquement toi, personne ne t'a forcé à aller te battre ou à essayer de trouver un sens au chaos ambulant dans ta tête et maintenant... Maintenant tu es coincé ici, dans cette chambre, avec pour ordre formel de te remettre et de ne plus te lancer dans quelque chose d'aussi fou. Un ordre explicite de ta mère, un peu plus concerné de la part de Paul, et quelque chose d'incertain au fond des prunelles de Yasmine. Qui est toujours là. Contre toute attente. Pour tout dire, tu ne sais pas quoi faire de toutes ces informations, ni de tous ses examens, ou les conseils de ta mère qui aimerait vraiment que tu acceptes toute l'aide qu'on te propose et que tu ailles t'asseoir devant ce thérapeute pour parler de tes problèmes. À un autre moment, tu lui aurais offert un refus plus que négatif et conséquent, la thérapie, tu as déjà donné, tu sais séparer tes démons du reste, tu sais comment mettre un pied devant l'autre et... Et ça, c'était vrai il y a encore quelques semaines. Désormais ? Tu n'en es plus si certain, c'est juste une toute petite session, une heure tout au plus, rien à craindre... Ce n'est pas encore un pas que tu as franchi, ou que tu es prêt à franchir, tu préfères te concentrer sur autre chose. Tout mais pas ça. Une chose est certaine, tu vas abandonner l'alcool pendant quelques temps histoire d'y voir plus clair et de ne plus tout mélanger. Ta mère elle est en train de chercher une résidence permanente à Brisbane, tu aurais pu protester, lui dire que ce n'était pas nécessaire, mais clairement, ce serait un mensonge de plus. Et si tu n'es pas capable de dire la vérité tout haut, autant ne pas mentir... C'est une bonne résolution, prise après une de tes nombreuses discussions avec Yasmine, une partie de toi toujours surpris de trouver l'infirmière au pied de ton lit, à te parler et à te poser des questions, plus qu’aléatoires il faut dire. Et si cela ne te dérange pas de parler de ton disney préféré (the lion king, of course), lui présenter ta mère ou confirmer ses soupçons sur le fait que oui, ta mère est ton seul parent est autre chose. Un certain silence suit certaine des questions de la brune, et quand vos regards se croisent, tu ne peux t'empêcher de te demander si cela sera l'information de trop, celle qui lui fera tourner les talons pour de bon. Mais Yasmine est là, alors autant se concentrer sur un problème à la fois. Pour le moment, tu dois guérir, si Yasmine a envie de venir te rendre visite c'est son droit, tu ne sais pas où vous en serez quand ton séjour à l'hôpital prendra fin, et tu n'y songes pas. Un jour à la fois, c'est tout ce qui compte. Tu fais de ton mieux pour t'occuper l'esprit et ne pas t'ennuyer dans cette chambre, tu n'as jamais été un grand fan du petit écran, et une fois Tamara partie, tu attrapes un des ouvrages qu'elle a laissé à ton intention, ouvrant sans vraiment le réaliser un manuel pour apprendre à parler coréen en dix étapes. Pourquoi pas, te dis-tu en tournant la première page. Tu es absorbé par le manuel et les différents conseils, plutôt utiles il faut le dire, sans vrament t'en rendre compte et tu ne vois pas vraiment les heures défiler. Tu relèves la tête uniquement lorsque l'on tape à la porte et tu esquisses un sourire et te redresses légèrement quand Yasmine rentre dans la chambre, s'excusant déjà de son retard. Tu tournes la tête vers l'horloge qui trône sur le mur et réalises que tu lis depuis pratiquemment plus de trois heures et que la brune a très probablement déjà terminé sa journée de travail. Est-ce que vous vous êtes parlés tous les soirs de cette semaine ? Il semble bien que oui. "... Est-ce que tu m'en voudras beaucoup si j'avoue en toute honnêteté que je n'aime pas le thé ?" Que tu réponds en guise de bonsoir, et suivant la requête explicite de la brune. Un simple détail que tu aurais gardé pour toi en temps normal, histoire de ne pas froisser Yasmine et de la mettre un peu plus à l'aise. Ridicule ? Oui, complètement, tu as toujours su que ton comportement en sa présence a toujours été un peu stupide et pas du tout naturel. Assez pour que même Tamara le remarque au bout de cinq minutes et te demande pourquoi tu ne lui as jamais présenté Yasmine avant. C'est compliqué. Voilà la seule explication que tu as donné à ta génitrice avant de changer complèteent de sujet de conversation. Car tu n'es définitivement pas prêt à expliquer à ta mère comment tu as rencontré Yasmine ni même ce qu'elle fabrique encore dans ta vie. Surtout quand tu n'as pas la réponse à la dernière interrogation. Trop perdu dans tes pensées, il faut avouer que c'est souvent le cas quand Yasmine est concernée, tu remarques avec un temps de retard le regard qu'elle te lance, elle a cet air si sérieux sur le visage, celui qu'elle réserve d'ordinaire avec ses patients. "Hey, Khadji, on en a déjà parlé, j'ai déjà une infirmière qui s'occupe de moi alors respire deux secondes... Okay ?" Une de tes demandes à toi, tu as fait remarquer à Yasmine il y a quelques jours de cela qu'elle ne pouvait décemment pas s'occuper de ton cas, pas si vous voulez vraiment que ça marche entre vous. Quoi au juste, tu ne sais pas, votre entente cordiale ? Votre amitié ? Quoi qu'il en soit, si vous n'êtes pas sur un pied d'égalité, ça ne pourra pas fonctionner. Tu ne réagis pas lorsqu'elle se rapproche de toi pour presser ses lèvres contre ta tempe, le geste est assez réconfortant dans un sens et vos regards se croisent de nouveau tandis qu'elle s'installe, pour de bon semble t-il. Sa question t'arrache presque un rire, tu essayes plus ou moins de passer sous silence le fait que tu es à l'hôpital, tu t'es montré très évasif auprès de ton cercle d'amis et en dehors de ta famille et de tes collègues à la station de police, peu savent où tu es et pourquoi. La vérité c'est que cette nuit-là est hors de portée, comme un songe qui s'efface plus on se concentre. Sauf que tu es réveillé, plus que réveillé, et tu dois faire face aux conséquences. L'expliquer à qui que ce soit d'extérieur à la situation serait une autre paire de manches, c'est certain. "Meh. La routine. Paul. Ma mère. Elle te dit bonjour au fait, et te remercie encore de s'être occupé de son idiot de fils en attendant qu'elle arrive... La routine quoi." Que tu finis par répondre après quelques secondes. Puis ta dernière conversation avec Camille te revient en mémoire, ta cousine tout aussi excédée que ta mère, plus il faut dire, tellement que tu as dû éloigner le téléphone de ton oreille pour écouter ses critiques à elle. Mais on ne choisit pas sa famille, pas vrai ? "Je crois que tu vas être confrontée à encore plus de membres de la famille Price si j'en crois l'appel de ma cousine, qui était toute aussi contente que ma mère d'apprendre où je suis donc..." Tu retiens des excuses prématurées car Camille Price est tout un phénomène, oui tu adores ta cousine de tout ton coeur et la traites plus comme une petite soeur qu'autre chose, sauf que tu la préfères largement de bonne humeur et pas prête à te juger et à venir s'établir à Brisbane elle aussi. Autant de Price dans une seule ville, ça ne peut pas être bon sur le long terme. Quoi qu'elle s'entendrait probablement très bien avec Yasmine aussi. "Mais j'ai vu un médecin aujourd'hui, je vais devoir rester sage pendant quelques semaines histoire de. Ce qui n'est pas plus mal, moi qui n'avais plus le temps de lire, je me rattrape..." Tu lui montres la couverture de ta dernière trouvaille avant de rapidement ajouter: "Et toi ? Ta journée ? Sûrement plus passionnante que la mienne, sauf si tu veux que je te dise comment on dit bonjour en coréen bien entendu..." |
| | | | (#)Jeu 5 Déc 2019 - 14:49 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Jouer à l'offusquée pour faire la blague était une spécialité de la jeune femme qui, sitôt qu'Edge lui avoua ne pas aimer le thé, posa la main à plat sur le haut de sa propre poitrine en s'emparant de son gobelet hermétique. La bouche entrouverte pour parfaire le tableau du choc si soudain qu'elle ne s'en remettrait probablement jamais, elle prit l'air qu'on arbore quand un ennemi juré insulte toute votre famille, et délaissa sa veste sur le fauteuil à peine confortable installé tout près de son lit. Il n'avait jamais goûté le merveilleux thé à la menthe de son père et visiblement, il ne le goûterait jamais ; un scandale dont il entendrait parler encore longtemps, les ressors comiques de Yasmine étant puisés dans ce genre d'anecdotes qu'elle conservait religieusement dans un coin reculé de sa psyché et qu'elle seule pouvait consulter. Edgerton Price avait son propre rayonnage désormais, un rayonnage qui prenait de plus en plus d'espace au fil des soirées passées à discuter, à l'abris dans cette chambre d'hôpital. Les circonstances mises à part, des flashs de la soirée de son admission jouant parfois dans sa tête sans qu'elle ne puisse l'anticiper, elle avait bien du mal à ne pas se satisfaire d'avoir su glaner des informations qu'elle avait toujours voulu connaître à son sujet, et qui n'étaient pas toutes aussi futiles que ses goûts en matière de boissons chaudes. Un bel espoir de mieux dans leurs rapports était né chez elle au cours des derniers jours, et comme tout lorsque ça concernait le jeune homme, c'était une surprise pour elle que de réaliser au fur et à mesure que ça nourrissait quelque chose chez elle. Sa curiosité, héritée de sa mère, plus mesurée et subtile cependant, et dont elle faisait un très bon usage dans ces conditions ; mais quelque chose d'autre aussi, plus inconscient et dont elle ne s'inquiétait pas pour l'instant, ayant déjà trop à faire pour ajouter une entrée à sa (trop) longue liste de préoccupations. Après avoir battu des paupières, elle lui répondit "Encore une confession de ce genre, et je vais me sentir obligée de le prendre personnellement, Edgerton." Une pause pour la théâtralité, un regard fixe échangé, et elle reprit avec une grande mansuétude dans le ton "Mais OK, je t'accorde celle-ci pour cette fois." Pendant une longue seconde persista la moue de fausse déception qu'elle avait emprunté pourtant, et qu'elle fit passer avec une gorgée de thé bien sucré tout en s'asseyant pour la première fois de la journée. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres et très brièvement, Yasmine ferma les yeux pour savourer cette impression fulgurante d'avoir un poids en moins sur les épaules – bien qu'elle n'était pas sans savoir que ce n'était qu'une illusion et que le nœud qui lui obstruait l'estomac recommencerait à la travailler à l'instant où l'infirmière Vergara viendrait lui demander de s'en aller ; il lui tordrait les entrailles dès qu'elle envisagerait d'aller au lit. Pour l'heure, malgré la fatigue, elle se sentit plus légère, et tandis qu'elle rouvrait les yeux, la tête inclinée en arrière, posée sur l'appui-tête du fauteuil, elle replia une jambe sous ses fesses tout en reprenant une gorgée de thé pour éviter de rouler des yeux en prenant sens du gentil sermon qu'il lui fit à propos de la façon avec laquelle elle suivait sa convalescence. Elle avala très vite pour se défendre "Je vérifiais juste ta cicatrisation. Je m'inquiète de ta potentielle perte de sex-appeal… c'est pas le travail d'une infirmière que je fais, c'est celui d'une amie." Et évidemment, ce petit témoignage de mauvaise foi qu'elle déroula comme réponse toute faite au jeune homme qu'elle ne lâcha pas des yeux, elle la prononça avec ce petit air de mignonnerie qui faisait qu'on ne pouvait pas lui vraiment lui en vouloir, même si c'était tentant sur le moment. Elle laissa un sourire poindre, fronçant le nez avant de baisser la tête sur son gobelet qu'elle glissa dans le triangle formé par ses jambes ainsi repliées, et réagit avec un hochement de tête concerné lorsqu'Edge répondit à sa question sur ses visites de la journée.
Ça avait été un peu étrange de rencontrer Tamara Price la première fois. Dès qu'elle l'avait prise dans ses bras pour la remercier encore et encore de s'être occupé de son fils jusqu'à son arrivée, elle avait deviné que, malgré le fait qu'elle ignorait manifestement qui elle était réellement (elle n'en voulait pas à Edgerton d'avoir tut son existence, il avait de bonnes raisons de le faire et après tout ça n'avait pas duré entre eux ; de toute façon, elle non plus d'avoir pas pris la peine de le mentionner auprès de ses parents, aussi ils étaient quittes sur ce point), elle savait quand même qu'elle n'était pas seulement l'infirmière qui l'avait prévenue de l'admission de son fils. Les mères sentaient ces choses-là, c'était établi dans la charte secrète qu'elles respectaient toute à la lettre ; le regard qu'elles avaient échangé ce jour-là, elle avait eu la sensation que ce n'était rien d'autre qu'un aveu auquel elle avait tenté d'échapper en prétendant qu'elle reviendrait plus tard. Oui, Yasmine s'était sentie intimidée, ne sachant pas exactement ce qu'elle était en droit de dire ou pas en sa présence, ainsi tous les principes de bonne éducation qu'elle avait reçu de ses parents, si soucieux de s'intégrer parmi la communauté dans laquelle il avait choisi de se reconstruire au point d'en devenir presque trop aimables avec les autres, refaisaient leur apparition dès qu'elle s'adressait à elle. Elle ne se demandait pas si elle était trop polie avec la mère de son ex-petit ami, mais elle avait tendance à redevenir une petite-fille quand elle était à proximité. Il ne s'agissait pas de l'impressionner ni même de donner une image erronée de la personne qu'elle était, parce qu'elle n'était pas autre chose qu'une jeune femme gentille et bien élevée finalement, juste de ne pas faire de vague pour éviter qu'elle ne pose trop de questions à son fils qui, elle l'avait compris depuis un moment déjà, préférait garder certaines choses pour lui. Fatalement, ça la gênait un peu de recevoir autant de remerciements de sa part, seulement parce qu'elle n'avait pas un récit très reluisant à lui faire de son comportement lors de la soirée où Edgerton avait été emmené aux urgences. A part être restée avec lui dans la chambre qu'on lui avait attribué après le grand rush de sa prise en charge, elle n'avait pas fait grand-chose pour qu'il aille mieux… un sentiment de culpabilité sans doute malvenu avait pris place dans son petit cœur lorsqu'elle s'était remémoré la scène le lendemain, et que la honte avait fini par installer définitivement l'idée qu'elle avait mal agi lors de cette intervention en particulier. Alors non, les remerciements de Tamara Price, Yasmine ne les méritait pas. Néanmoins, elle les acceptait avec un sourire bouché fermé et un signe de tête amène, évitant de rebondir dessus pour ne pas se donner l'impression à elle-même d'être une imposteur.
Là non plus, elle ne rebondit pas dessus, préférant suivre l'excroissance plastifiée au-dessus de son gobelet de thé du bout de l'index, sa lèvre inférieure emprisonnée entre ses dents. Un léger rire lâché en même temps qu'elle releva la tête, et elle saisit la perche que lui tendit Edge qui lui annonça l'arrivée imminente d'une cousine "Tu veux dire qu'elle t'a aussi traité d'idiot ?" lui demanda-t-elle avant toute de chose, puis elle cala son coude sur le bras du fauteuil. Dans la foulée, elle posa son menton dans la paume de sa main, poursuivant sur sa lancée, les yeux très légèrement plissés en direction du jeune homme "C'est une bonne chose que ta famille vienne te voir, non ? Ou alors tu détestes cette cousine ? Tu veux qu'on fasse garder ta chambre pour l'empêcher d'entrer ?" Ses doigts trouvèrent sa bouche sur laquelle elle tapota pour retenir un second sourire, pendant que ses sourcils se froncèrent un peu lorsqu'elle ajouta, affirmant le petit regard curieux qu'elle lui réservait depuis que cet échange de questions avait été établi "T'as combien de cousins d'ailleurs ?" Et les réponses qu'il lui donnerait lui éviterait probablement d'être tentée de le questionner davantage sur ce que le médecin lui avait dit exactement. Elle n'était pas une infirmière quand elle était ici, et puisqu'elle avait déjà essuyé une demi-remarque à ce sujet, elle devait contenir le petit picotement désagréable qui lui donnait l'envie pressante d'ajouter une ou deux douceurs au package qu'elle réservait à l'infirmière Vergara histoire qu'elle l'informe à ce propos. Elle ne le ferait pas. Yasmine était tout sauf déloyale. Quand l'attention du jeune homme se retourna sur elle, elle fit une toute petite grimace en récupérant son coude. Elle posa son gobelet sur la table de chevet à côté de son lit, puis leva les bras pour commencer à défaire son chignon tressé si serré qu'il n'avait pas bougé de la journée. C'était ce qui était le plus difficile dans leur conversation : d'accepter qu'il s'agisse d'un échange. Mais c'était la règle alors… elle prit une inspiration profonde. Retirant une, puis deux épingles qu'elle posa à côté de son gobelet, elle commença "On a eu pas mal d'admissions aujourd'hui, c'était tendu." fit-elle, un peu élusive, avant de retirer deux autres épingles, et de sauter sur l'occasion pour lui dire, dans un sourire manifestement sans joie, uniquement là pour faire passer la pilule qu'elle-même avait du mal à avaler "Tu sais, je crois que je vais avoir des problèmes avec la direction de l'hôpital." C'était la première fois qu'elle le verbalisait, et ça rendait les choses si palpables que sa honte à ce sujet se creusa davantage. Parce qu'elle savait qu'elle avait commis des erreurs, et qu'elle en commettrait sans doute encore quelques-unes si elle n'admettait pas qu'elle avait besoin de se faire aider ; qu'importe la façon d'ailleurs. Elle croisa brièvement le regard d'Edge, mais détourna le sien rapidement quand elle poursuivit "Je sens que mes supérieurs attendent que je me plante une fois de plus pour envisager de faire quelque chose de mon cas. J'aurais pas pu rêver mieux que ce mauvais timing-là." conclut-elle, pince-sans rire, repensant à la lettre fourrée dans son sac. Deux épingles de plus qu'elle posa rapidement sur la table de chevet et dans la continuité de ses gestes et de la conversation, tricottant en même temps dans ses mèches pour libérer sa tignasse ondulée, elle se leva de son fauteuil pour s'approcher de son lit et lui demander, presque l'air de rien malgré son estomac qui se contracta beaucoup plus tôt que prévu "Tu veux que j'aille te chercher un autre truc à boire ?" |
| | | | (#)Lun 9 Déc 2019 - 19:58 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Qu'on se le dise, parler de toi n'est pas un exercice facile. Que ce soit juste pour résumer ta journée ou simplement évoquer quelques faits ridicules et stupides comme le temps qu'il fait ou le traffic, ce n'est tout simplement pas toi. Tu préfères te perdre dans des conversations inutiles et diverses blagues, histoire de noyer le bruit et de faire passer le temps. C'est l'habitude qui parle, et c'est surtout plus simple pour toi, pas besoin de dire ce qui te tient vraiment à coeur, pas besoin de déranger les gens qui sont proches de toi et qui veulent absolument tout savoir. Non, même ça c'est un beau mensonge, les gens ne veulent pas tout savoir, ils aiment se contenter de peu, avoir une simple image et quelques belles phrases récitées en boucle histoire de se rassurer et de continuer de dire d'autres mensonges à d'autres gens. Ainsi de suite, jour après jour, sans vraiment de but, sans vraiment chercher quelque chose de plus. Ce n'est cependant pas ainsi que tu as envie de définir ta relation avec Yasmine, certes, tu n'as jamais su dans quelle catégorie ranger la brune, sauf que cela ne date pas d'hier, il y a deux ans en arrière, c'était le même refrain... Après votre dernière conversation cependant, l'envoyer sur la touche, lui servir le même genre d'inepties que tu déblatères à longueur de journée aux autres, semblerait bien hypocrite et une perte complète de temps. Et surtout, tu ne peux t'empêcher de penser que la brune mérite mieux. Bien mieux que ce que tu peux offrir, bien mieux que votre relation précédente et bien mieux que toi. Ce sentiment là n'est pas nouveau, il a pris forme dès le moment où elle a accepté votre premier rendez vous, il est revenu à la charge lors de votre rupture et bien qu'il ait été dormant pendant les deux ans de silence, il a refait son apparition récemment. Encore plus lors de votre dernière dispute, une partie de toi ayant envie de saisir Yasmine par les deux épaules, de la secoeur, aussi physiquement et verbalement et lui demander ce qu'elle espère trouver là. Ce qu'elle cherche accomplir de plus que les autres, beaucoup ont laissé tomber avant et tu ne peux pas les blâmer pour ça. Mais Yasmine est toujours là, presque comme une constante, presque rassurante, elle et ses mèches brunes, et son air offusqué, surjoué au possible alors que tu lui dis ne pas aimer le thé. Tu réponds à sa mine effarouché par un franc sourire, avant de rouler des yeux la seconde d'après. "Tu sais avant que je te rencontre, il n'y avait que ma mère qui m'appelait par mon prénom complet ...Ça... C'était avant que je te rencontre bien entendu, Khadji." Tu insistes sur les deux syllables de son prénom, vos regards se rencontrant à ce moment et tu décides de laisser tomber pour le moment car Yasmine semble avoir quelque chose avec ton prénom complet. Autant se faire une raison, rien que pour elle bien évidemment. Et tu roules des yeux, vraiment, il semble que ce soit ton tour d'avoir une expression exagérée sur le visage au moment où elle te rassure et précise qu'elle inspecte tes cicatrices juste pour s'assurer de ton physique. Dude... Have you seen me lately ? Est ta seule pensée, tu pourrais également lui faire remarquer que les dites cicatrices n'ont pas eu l'air de déranger l'infirmière qui justement est en charge de ton cas, ou encore Molly qui s'est chargée de personnellement t'apporter des chocolats, en te faisant remarquer elle aussi que tu es un abruti fini. Un abruti fini très mignon mais un abrut tout de même. "Je ne vais pas commenter le fait que tu t'inquiètes pour mon sex appeal hein... Mais ... On sait tous les deux ce que je pense." Tu retiens difficilement le clin d'oeil qui manque de passer sur ton visage, tu y parvins tout de même, et cela semble être un bon moment, surtout quand la jeune femme te fait un résumé de sa journée. Plutôt mauvaise, tellement que Yasmine se met en mouvement avant que tu ne le réalises, en train de jouer avec ses mèches brunes d'une façon trop travaillée pour être naturelle, signe plus qu'évident qu'elle est stressée. Tu décides de ne pas l'interrompre, un brin fasciné par le viroltement des mèches brunes et son changement soudain de coupe de cheveux, mais également concerné par son discours. La brune fait de son mieux pour conserver un ton léger et une expression neutre et avec quelqu'un d'autre, cela aurait sans doute fonctionné, pas avec toi malheureusement, tu as inventé ce ton et cette technique, tellement que tu hoches la tête de manière négative quand elle te demande si tu veux quelque chose à boire, signe plus que clair qu'elle essaye de masquer son inconfort et de trouver un autre sujet de conversation. Ce n'est pas facile pour elle non plus, et tu t'en rends compte à cette seconde précise, réalisant que Yasmine est probablement une personne aussi privée que toi, et qu'elle est peut-être la seule dans ton entourage qui peut comprendre ce que tu ressens à l'idée de faire des confessions. Si tu pouvais, tu la tirerais probablement tout contre toi pour la garder dans le creux de tes bras et lui faire comprendre que tout va bien et que tu es la dernière personne qui pourrait se permettre de la juger. Sauf que tu ne peux pas, tu te contentes de te redresser un peu plus dans ton lit et quand la jeune femme finit par se lever du fauteuil et se rapprocher du lit, tu captures une de ses mains avec la seule que tu as de valide et la tire légèrement afin qu'elle s'asseye à côté de toi dans le lit. "Rien de grave j'espère." Tu réalises bien en disant cela que tu n'as aucun moyen de le savoir ou de te faire une idée du quotidien de la jeune fille dans les couloirs de l'hôpital, vos métiers respectifs ont toujours été un sujet tabou pour vous, Yasmine en disant toujours plus que toi sur le sujet. Tu sais qu'elle travaille dur, plus que quiconque dans son service et tu l'imagines mal s'attirer les foudres de ses supérieurs. Très mal. À moins que... Tu sois en partie responsable de cette possible mise à pied. "Ou rien que je n'ai causé hein... J'espère que mon admission ne t'a pas causé trop de problèmes, je veux dire, si vous avez les mêmes règles qu'à la station de police... Ça peut vite se transformer en quelque chose de plus sérieux et finir dans ton dossier." Et voilà pourquoi tu ne parles pas davantage, toi qui cherchais à rassurer la jeune femme, voilà que tu mets les pieds dans le plat, littéralement. Tu soupires, légèrement et te maudissant intérieurement, avant de resserer la main de Yasmine. "Mon point étant que j'espère que tout va bien. Et que tu peux toujours m'en parler au cas où." Parce que c'est Yasmine et que tu seras toujours prêt à l'écouter te raconter tes journées, aussi remplies soient elles. Et un seul coup d'oeil jeté à la brune et tu comprends que la conversation est devenue beaucoup trop sérieuse, tu finis par relâcher sa main, avec un temps de retard, prêt à répondre à sa question précédente. "Mais quoi qu'il en soit, non pour te répondre, Paul n'est pas mon seul cousin, c'est le plus vieux, et le plus sage d'entre nous, et de loin. Ensuite il y a ma petite personne, j'essaye de garder un oeil sur toute la famille, de faire en sorte que la paix règne pendant les fêtes de fin d'années et que les estomac soient remplis, et ensuite il y a la première paire de jumeaux de la famille, Camille et Louis." Et oui, tu as assez d'anecdotes sur tous tes cousins pour parler pendant des heures durant, mais ce n'est pas vraiment le but, et tu doutes que cela intéresse vraiment Yasmine. Ou alors si, impossible pour toi de savoir ce que la brune a véritablement envie d'entendre, oui, être honnête et apprendre à se connaitre est une chose, lui raconter ta vie de A à Z en est une autre, c'est certain. Tu fais cependant un effort, un vrai cette fois-ci, en parlant un peu plus de ta famille, et de tes cousins que Yasmine va rencontrer plus ou moins malgré elle. "Je dois bien avoir une photo qui traine sur Facebook ou quelque chose comme ça..." Tu joins le geste à la parole et cherches ton téléphone portable, qui est bien évidemment caché sous ta pile de bouquins, il te faut plus d'un essai pour réussir à l'attraper et tu ouvres la célèbre application bleue et blanche la seconde suivante, à la recherche d'une ou deux photos de famille. Camille est du genre à garder ses albums plus organisés que les tiens et tu te rends donc sur son profil, et finit par dénicher une photo de votre dernière Noël, passé à Melbourne cette fois-ci. "Yep... C'est nous." Le cliché est loin d'être parfait, mail il décrit un minimum la confusion qui se passe généralement quand tous les Price sont réunis dans une même pièce : ta mère se trouve au centre de la photo, avec les enfants de Paul installés sur ses genoux, à sa droite se trouve un de ses frères ainsi que Paul et son ex-femme, ils ont presque l'air heureux, tandis que Louis fait de son mieux pour paraitre effacé au possible. De l'autre côté de Tamara se trouve un autre de tes oncles, et bien entendu, Camille et toi, en pleine conversation, très animée visiblement... Ce qui est souvent le cas quand vous êtes tous les deux dans le même toit. Tu tends ton téléphone portable à Yasmine, la laissant admirer le tout par elle-même, avant de reprendre la conversation: "Et toi ? D'autres membres de ta famille à part Sohan ? Du genre à faire des confessions gênantes sur ta personne après quelques verres ou juste parce que la soirée n'est pas assez agitée ? Et oui, cela m'est déjà arrivé par le passé." Tu termines ta phrase avec un léger rire, oui, sur le sujet des familles nombreuses, tu as beaucoup à dire, probablement un peu trop, surtout quand on sait que tu ne vois tes cousins et tes oncles qu'à des périodes bien précises de l'année. Vous êtes plutôt experts pour rattraper le temps perdu. "Qui sait... Peu-être que tu seras dans les parages la prochaine fois que cela arrivera." Enfin ça, c'est si Yasmine est partante, bien entendu.
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| | | | (#)Mer 11 Déc 2019 - 22:06 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price "Non." Une réponse prononcée comme si elle avait été répété tant de fois qu'elle en devenait automatique. Yasmine s'en aperçut pendant qu'elle acceptait de céder sa main à Edge. Dans la foulée, elle se laissa doucement asseoir sur son lit d'hôpital. Repliant une jambe sous ses fesses pour ne pas prendre trop de place, elle libéra un soupir avant de se corriger de bonne volonté, tournant à peine la tête dans sa direction "Peut-être, j'en sais trop rien. Mais c'est pas ta faute, ça date de quelques temps déjà." Elle laissa son index suivre la ligne du pouce du jeune homme pendant quelques secondes qui s'égrenèrent lentement. Yasmine s'enfonça dans une réflexion aussi soudaine que silencieuse et graduellement, elle s'inclina en arrière pour que son dos vienne cogner contre le lit légèrement surélevé. Elle posa l'arrière de sa tête sur le bout d'oreiller qu'elle pouvait atteindre pour soulager le poids qui pesait trop lourd dans sa tête, et ferma brièvement les yeux. Elle n'avait pas envie de repasser un quelconque sentiment de culpabilité au jeune homme comme on repasse une patate chaude. D'ailleurs, si on prenait les choses dans leur ensemble, elle ne mentait pas véritablement lorsqu'elle affirmait que son admission n'y était pour rien. Elle traînait des erreurs et des sautes d'humeur comme un énorme boulet soudé à sa cheville depuis quelques temps… l'aplomb dont elle avait fait preuve ce soir-là, puis la panique qui l'avait envahie quand elle s'était aperçue qu'il était vraiment mal en point et qu'elle n'arriverait jamais à le traiter comme un patient lambda, n'étaient pas plus significatifs que le reste. C'étaient simplement les événements les plus récents qui permettaient à Saït de la mettre au pied du mur à propos de son attitude. Car elle n'était qu'une infirmière, extrêmement douée peut-être, mais elle ne devait pas oublier où se situait sa place. Le pire, c'était qu'elle n'arrivait pas à lui donner tort, elle n'arrivait même pas à en vouloir à l'homme qui avait toujours cru à son potentiel jusqu'à ce qu'elle démontre ouvertement son désaccord en se dressant littéralement contre lui. Ça en disait beaucoup sur toute cette situation, elle était toutefois intimement convaincue que c'était elle la plus à blâmer dans cette histoire. C'était elle qui avait entamé ce sujet, seulement elle réalisa en écoutant Edgerton comparer la déontologie de leur profession respective qu'elle n'avait pas envie d'en dire plus ; que si elle s'y risquait, ça ne ferait que nourrir le monstre qui grouillait dans son abdomen. S'y appesantir à voix haute, ce serait aussi devoir admettre qu'elle n'était pas dans un bon état d'esprit et que les faiblesses qu'elle couvait ces derniers temps étaient les preuves irréfutables que la lettre qu'elle gardait jalousement dans son sac à main ne méritait pas d'être ouverte. En se reposant sur tout ça, Yasmine se disait qu'elle n'avait pas les épaules pour affronter l'échec qui lui pendait au nez, et encore moins la réussite illusoire de ce pour quoi elle avait tant travaillé avec Sloan ; ce serait admettre en plus qu'elle était morte de trouille qu'importe le cas de figure. C'était ça le plus embarrassant finalement. Elle n'était pas ici pour s'apitoyer sur sort, elle n'était pas la plus à plaindre dans cette chambre. Elle tacha de le garder à l'esprit en rouvrant les yeux, et en retenant avec détermination la main d'Edge lorsqu'il opéra un mouvement pour la récupérer. Assez naturellement, elle mêla ses doigts aux siens, et posa son autre main par-dessus, s'arrêtant davantage sur les réponses qu'il donna à ses questions, s'accrochant à la somme de tout ça, à la main du jeune homme qu'elle tint plus fort en particulier, comme à une bouée de fortune.
"La première paire de jumeaux… les enfants de Paul sont des jumeaux aussi, c'est ça ?" Elle se réinséra dans la conversation avec habilité. Elle repoussa du bout des doigts de sa main libre une mèche de cheveux qu'elle finit par coincer derrière son oreille. Distraite par la voix du jeune homme, elle se laissa surprendre par son geste qui la priva de la chaleur de sa paume contre la sienne quand il partit à la recherche de son téléphone. Aussi elle se redressa sur le lit, suivant ses gestes avec synchronisation en se retenant de lui proposer son aide sur le moment. Enfin rassérénée, toujours un peu sur le qui-vive lorsqu'il se mettait à s'agiter de cette façon, elle se pencha doucement vers lui pour regarder ce qu'il lui montrait sur l'écran allumé de son téléphone. Elle lui sourit "Tu vois, les photos prises avec un téléphone sont pas aussi vilaines que tu le prétends." Au fond, elle ignorait si la photo qu'il lui montrait avait été prise avec un téléphone ou pas, elle n'était pas une experte en la matière. Mais au moins, ça lui permettait de rebondir avec un peu d'humour et d'alléger la discrète tension qui était tombée sur la pièce. Elle se sentit un peu envieuse de ce qu'elle réussissait à déceler au travers de ce cliché qu'elle examina avec une attention authentique, zoomant du bout des doigts pour s'attarder sur les visages et les expressions de cette famille qui n'était pas la sienne. Etrangement, elle avait l'impression d'être la témoin privilégiée de quelque chose d'intime. Mais ça ne la gêna pas autant que ça aurait dû, et après un instant à mettre intérieurement les noms qu'elle connaissait sur les différents individus qu'elle avait sous les yeux, elle lui dit "T'as une très jolie famille." Et ça avait beau être sincère, prononcé sous le doux ton de l'admiration contenue, elle n'eut pas le temps de s'y attarder.
Edgerton lui renvoya une question à laquelle elle répondit après un léger rire "Ma mère est la spécialiste des anecdotes gênantes à mon sujet. Et elle ne boit même pas d'alcool, ça en dit beaucoup sur la femme qu'elle est." Très aimante, étouffante parfois, tolérante à bien des sujets, mais pas à d'autres, profondément fière de ses enfants, et pourtant ne réussissant par à leur faire savoir clairement. Tout comme leur père plus discret que ne l'était son épouse, moins porté sur la dramaturgie et les simagrées, mais aussi buté qu'un homme comme lui pouvait l'être, élevé avec des principes à suivre et des idéaux à mener. Tenant encore le téléphone d'Edge dans le creux de sa main, Yasmine finit par le poser sur son ventre toujours un peu contrarié, puis reposa sa tête tout contre son oreiller en entamant de nouveau, au travers d'un très léger soupir qui lui fit réaliser qu'elle ne parlait jamais de tout ça avec qui que ce soit "Mes parents ont quitté le Maroc très jeunes après avoir tout perdu. Ça inclut la quasi-totalité des membres de ma famille, alors…" Elle refusait d'en faire un drame cependant, même si c'en était un terrible et qu'il y avait eu des moments où elle s'était sentie aussi orpheline que ses propres parents en s'apercevant qu'elle ne faisait pas partie de cette catégorie de gens qui, comme Edgerton, avait la chance de savoir – plus ou moins, bien qu'elle avait fini par comprendre qu'il avait sans doute grandi sans son père – d'où ils viennent. Elle, elle avait juste entendu parler de tout un tas de gens qu'elle ne rencontrerait jamais parce qu'ils n'étaient plus là… de tout un tas de rues qu'elle ne foulerait jamais parce qu'elles avaient été détruites, puis reconstruites, mais pas de la même manière qu'à cette époque-là… c'était frustrant à bien des égards, mais elle avait dû l'accepter. Cependant, Amjad et Fatima avaient réussi à se créer un environnement dans lequel ils avaient su rebondir, fondant une famille à laquelle ils avaient additionné les rencontres fabuleuses qu'ils avaient faits au fil des années. C'était sur ça que Yasmine aimait se concentrer. "Je sais que mon père avait des sœurs. Il en parle pas très souvent, je crois que c'est un sujet encore trop douloureux pour lui. Hum, on a un petit souci avec l'idée d'exprimer ce qu'on ressent dans la famille, on appelle ça la pudeur… il paraît que c'est culturel." laissa-t-elle filer avec pudeur justement, quelques secondes avant de se rengorger d'un peu de sérieux pour poursuivre avec un sourire distrait. La tête tournée en direction du jeune homme, mais toujours posée sur son oreiller qu'elle trouvait plutôt confortable à cette heure de la soirée. La fatigue se rappelant à elle, elle continua néanmoins "Ils ont rencontré pas mal de monde après être arrivés ici. Ils avaient envie de s'intégrer le plus possible pour pas attirer l'attention sur, tu sais… leur religion, leur accent, tout ça quoi." Fatima était plus douée pour ça, pour se fondre dans la masse. Toutefois, Amjad avait su palier sa réserve instinctive pour monter le commerce qui lui avait permis de faire bouillir la marmite et participer à l'éducation de ses enfants qui avaient tous les deux fini avec de bonne situations, malgré l'environnement modeste duquel ils venaient "Ils ont toujours été plutôt sociables, ils se sont liés d'amitié avec les parents d'Hassan quelques années après. Ce qui fait que lui et son frère sont devenus les cousins qu'on n'a jamais eu avec Sohan… encore plus quand leurs parents sont morts, ça a été atroce." Elle n'exagérait même pas quand elle désignait les Jaafari comme des cousins, et pendant qu'elle passait l'éponge sur la potentielle erreur de sa part de mentionner Hassan, refusant tout net de l'exclure du récit qu'elle déclama avec ce petit talent qu'elle avait pour conter des histoires avec autant de délicatesse et de douceur, elle poursuivit sur le même ton, bien décidée à ce que le jeune homme comprenne l'histoire derrière les liens qu'elle entretenait avec certains de ses amis proches "Et puis Qasim s'est marié avec Olivia, Hassan avec Joanne… ma mère a eu l'impression de gagner les belles-filles dont elle avait toujours rêvé. Ça a été compliqué pour elle d'accepter le divorce d'Hassan il y a quelques années, mais elle commence à s'y faire." S'y ferait-elle jamais vraiment ? Ce n'était pas à Yasmine d'en juger, elle préférait ne plus s'en soucier. Pour elle, la discussion autour des amours d'Hassan était définitivement close depuis juin dernier. Elle reprit après avoir inspiré très lentement "Bref." Elle sourit avec un petit temps de retard. Yasmine prolongea son histoire inachevée en triturant le bout de ses ongles vernis d'un marron-orangé, puis les anneaux dorés qui ornaient ses doigts, accordant à Edge un regard fixe "Les Davis, la famille d'Olivia, ont été naturellement inclus dans tout ça. Ça m'a toujours arrangée, parce que dès que j'ai rencontré sa sœur, Clara, je l'ai tout de suite considérée comme celle qui manquait à mon petit équilibre. Même si j'étais un vrai garçon manqué quand j'étais plus jeune… hep, interdiction de te moquer." fit-elle en s'interrompant, le pointant doucement du doigt en plissant les yeux et en affrontant farouchement son regard. Dans un léger rire, elle conclut avec un haussement d'épaules "C'est un peu difficile à suivre." Mais c'était ça, sa famille. Le regard maintenant concentré sur ses mains qu'elle finit par poser sur ses cuisses, elle se retint de mentionner les enfants de Qasim et d'Olivia qu'elle considérait comme ses neveux, au risque de monopoliser toute la conversation.
Elle cligna des yeux un petit instant, ne réussissant pas vraiment à réaliser toutes les choses qu'elle venait de lui dire. Elle n'avait pas eu l'impression de se forcer, ça avait été plus facile qu'elle n'aurait été tentée de l'imaginer dans le passé. Se redressant un peu, Yasmine répondit à la dernière phrase qu'il laissa échapper "J'espère. Je meurs d'envie d'être présente la prochaine fois que ta mère sortira l'album photos de la honte. Oh, elle en a un." Sa mère en avait un, elle. Il comportait toutes les photos les plus laides de ses enfants qu'elle – et elle seule –, considéraient pourtant comme les plus jolies de sa collection personnelle. Elle n'hésitait pas à exhiber fièrement en poussant des petits cris devant la supposée mignonnerie de sa benjamine… sauf que sa benjamine avait eu une période ingrate comme tout le monde – ça aussi, ça devait être dans la charte secrète des mamans. En attendant, elle tendit de nouveau son téléphone au jeune homme "Montre-moi en une autre, Edgerton." lui demanda-t-elle, sous-entendu qu'elle voulait voir une autre photo des Price. Yasmine se cala un peu mieux dans le lit du jeune homme en se tortillant un peu, puis après s'être emparée du gobelet de thé qu'elle avait laissé de côté tout à l'heure, elle se ravisa d'en boire une gorgée pour lui demander visiblement très sérieusement, mais le petit sourire en biais qu'elle tenta de retenir ruina son petit effet "Tu veux que j'arrête de t'appeler par ton prénom complet ? Si c'est un privilège uniquement réservé à ta mère, je peux faire un effort… mais tu dois savoir que ça va beaucoup, beaucoup, beaucoup me manquer, Edgerton." insista-t-elle. Non, cette information n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, et le petit air faussement innocent qu'elle emprunta pour siroter un peu trop bruyamment une gorgée de son thé refroidit traduisait l'idée qu'elle n'avait pas du tout l'intention d'arrêter cette habitude qu'elle avait prise à la seconde où ils s'étaient rencontrés. |
| | | | (#)Dim 15 Déc 2019 - 13:56 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Dire la vérité implique un certain degré de vulnérabilité qui t'a toujours mis mal à l'aise. Oui, il est difficile de croire que quelque chose puisse vraiment te gêner, il suffit de jeter un coup d'oeil dans ta direction, de voir tes épaules carrées et ton physique que tu entretiens avec une certaine fierté et, il faut l'avouer aussi, beaucoup par vanité, pour se dire que tu es à l'aise dans n'importe quelle situation. Ce n'est pas toujours le cas et au fil des années, tu as appris à sciemment renvoyer cette image de celui qui ne laisse absolument rien le déranger et qui peut tout encaisser, la réalité.... La réalité est bien éloignée de tous ces clichés au final et s'il y a bien quelqu'un qui doit le réaliser petit à petit, c'est Yasmine. Car tu n'as jamais joué cartes sur table avec la brune, il y a toujours eu plus que ta retenue ordinaire, toujours plus qu'avec les autres. Sans doute pour l'impressionner un peu, sans doute pour te permettre de te tenir un peu plus droit, sans doute pour jouer au jeu des apparences et voir de quoi tout le monde parle et essayer de faire comme les autres. Sauf que tu n'es définitivement pas comme les autres, tu as toujours eu du mal quand il s'agissait de ranger ses émotions dans des cases parfaites, ou juste de ne pas les laisser prendre le pas sur tout et faire disparaitre tout le reste. C'est tout le contraire pour quelqu'un comme toi, tellement que parfois, tu te demandes vraiment ce qui fait battre ton coeur. Est-ce un profond désir de vivre ? L'envie de ne pas abandonner ? Ou la colère qui te saisit parfois ? Impossible de le dire mais autant continuer et ne pas se prendre la tête et juste avancer. Tu fais de la place à Yasmine sans même le réaliser, ton propre corps bougeant presque en synchronie avec celui de la brune, la voix de la jeune femme rassurante et familière après cette longue journée. Tu n'es pas vraiment convaincu par le propre récit qu'elle fait de sa journée à elle ou même de ses problèmes, quelque chose, l'expérience probablement, te dit qu'elle minimise la réalité de la chose, histoire de ne pas ajouter plus à tes propres soucis. C'est beau dans un sens, sauf que tu es responsable de tout ça, de ton arrivée à l'hôpital et de tout ce qui va suivre. Si tu n'es pas encore conscient de tout ce qui s'est passé cette nuit-là, cette réalité au moins ne t'échappe pas. Cependant, tu comprends que Yasmine ne veuille pas s'attarder sur le négatif, ce n'est pas vraiment le but, ce n'est pas ce que vous faites depuis que tu as été admis dans cette chambre. Tu n'en sais pas plus qu'elle, mais le chemin que vous empruntez cette fois-ci ne semble pas aussi compliqué ou lourd que le précédent, les enjeux ne sont pas aussi cosmiques et tout continuera toujours de marcher et ce même si vous ne vous parlez plus. Tu hoches la tête de manière positive pour confirmer ses suppositions à propos des enfants de Paul, seulement pour laisser échapper un léger rire la seconde d'après. "Je ne vois rien du tout, tu penses que je laisse qui que ce soit de ma famille prendre une photo avec son téléphone portable... ? Non." Tout le clan Price connait ton aversion pour la chose et ils savent également qu'il ne faut pas te lancer sur le sujet d'instagram avec toi, c'est un peu comme démarrer une conversation qui n'a pas vraiment de fin alors... Autant ne pas le faire. "Merci." Tu acceptes les compliments sur ta famille, te rendant compte dans le même temps que tu ne parles pas si souvent d'eux, ou montres des clichés à qui que ce soit. Tu as dû parler quelques fois de Tamara et Camille avec Ariel, pour lui expliquer tes absences loin de Brisbane parfois, et c'est tout, vous n'êtes jamais allés plus loin que ça, trop pré-occupés par vos problèmes respectifs. Et puis il faut le dire, elle n'a jamais posé la question alors à quoi bon ? C'est différent avec Yasmine encore une fois et lorsqu'elle prend la parole pour parler de sa propre famille, tu l'écoutes sans interrompre une seule fois, un léger sourire sur les lèvres, découvrant une autre facette de la jeune femme dans le même temps. Tu lui avais déjà fait remarquer que Khadji n'était pas un nom de famille commun, d'ailleurs, il n'y a absolument rien de commun chez Yasmine ou même chez Sohan d'ailleurs. Aucun d'eux ne se fond dans la masse, une très bonne chose selon toi. Tu te dis intérieurement que Tamara serait ravie de rencontrer les parents de l'infirmière, et qu'elle aurait très certainement des centaines de questions sur leurs habitudes, leur religion et toutes ces choses qui ne font pas d'eux des étrangers non, mais juste parties de leur culture. Tu es toujours pendu aux lèvres de Yasmine lorsqu'elle évoque Hassan, avec une certaine facilité et cette fois-ci, les pièces du puzzle sont plus faciles à connecter et ta rancoeur bien loin. Ce ne serait pas justifié dans ce cas précis et tu comprends surtout qu'il fait parti à part entière de sa vie, de sa famille et dans un sens elle, tout fait tout de suite beaucoup plus de sens à tes yeux et tu te sens bien idiot au final. Oui, tu n'as jamais posé la question, tu as un semblant de réponses à présent et c'est beaucoup plus que ce que tu pouvais espérer. Une part de toi a presque envie de la féliciter, pour avoir autant insité et ne pas être sortie de cette chambre d'hôpital au moment où tu lui as explicitement demandé de le faire. Tu ne le fais pas, ce serait un peu prématuré de le faire maintenant, tu le réalises bien, aussi, tu chasses la pensée aussi vite qu'elle est arrivée et préfères te concentrer sur Yasmine et toutes les informations que tu viens d'avoir à son sujet. "Toi, un garçon manqué ? J'ai vraiment du mal à y croire, il me faudra des preuves." Cette conversatio n'est définitivement pas terminée, et tu risque de ramener sur le tapis à plusieurs reprises, histoire de. Tout simplement parce que tu as bien du mal à l'imaginer, okay, tu peux l'imaginer si tu te concentres bien, mais cela ne vaut pas une photo, bien entendu. Tu rigoles, vraiment cette fois-là et sans aucune retenue quand Yasmine exige de voir une autre photo de toi, de ta famille, juste parce que et tu pourrais lui faire remarquer qu'elle est un brin exigeante mais tu te contentes de sourire et de faire une autre note à son sujet : Yasmine Khadji n'a absolument aucune patience. Ton sourire, sincère au possible, s'agrandit quand le sujet de ton prénom complet arrive sur le tapis. "Fais comme tu le sens hein, ma mère sera un brin jalouse mais qu'est-ce qu'on n'y peut..." Il s'agit d'une mauvaise blague bien évidemment, tu sais que Tamara sera ravie que quelqu'un d'autre utilise ton prénom complet, elle est la première à te dire que ton surnom est ridicule à souhait alors... Yasmine marquera définitivement des points auprès de ta génitrice de cette manière. "Et oui, pour répondre à ta question précédente, elle a un album photo de la honte et des tonnes de vidéos qui vont avec. C'est une mère célibataire, je suis fils unique, sans compter que c'est elle qui m'a transmis son amour de la photographie donc." D'aussi loin que tu t'en souviennes, Tamara a toujours eu un appareil photo à la main, histoire d'immortaliser les premiers sourires, les rentrées scolaires, l'achat d'une nouvelles paires de chaussures ou n'importe quel évenement bénin qui mérite d'être documenté. Et si c'est toi qui en fais de même avec tout ton entourage désormais, c'est tout simplement parce que tu as pris l'habitude de poser devant ta propre mère, et ce sans aucune gêne et avec une facilité déconcertante. Comme si tu savais déjà que ces moments-là étaient important pour elle. Tu décides donc de satisfaire la curiosité de Yasmine, qui est désormais allongée juste à côté de toi dans cet espace réduit et tu prends bien soin de ne pas remarquer une des jambes de la brune pressée contre la tienne tandis que tu t'empares de nouveau de ton téléphone portable, cherchant désormais des photos dignes de ce nom sur le profil de ta mère. Tu en trouves une parfaite, de toi dans les bras de ta mère, tu dois avoir quoi... Neuf ? Dix ans ? Et à en juger par la pose que vous avez tous les deux, tu viens juste de te jeter dans ses bras, quelques secondes avant que la photo ne soit prise. Tu as envie d'éclater de rire face à ton propre cartable à l’effigie d'un certain super héro très fan des araignées ou ta chemise impeccable repassée ou même tes cheveux, beaucoup plus nombreux et désordonné que maintenant. "C'est moi au cas où tu te poses la question. J'ai découvert assez tard que j'avais des cousins, des oncles et qu'on était pas seuls au monde, mais ouais... Ça a été juste ma mère et moi pendant une dizaine d'années, juste histoire qu'elle puisse réparer sa propre relation avec ses parents et leur faire comprendre que même si je suis plus ou moins un accident, c'est pas une raison pour me laisser sur la touche. Mais que veux-tu, ils sont vieux jeu, il y a beaucoup de choses qu'ils n'ont jamais digéré, l'absence de mon père, ma couleur de peau..." Tu laisses échapper un profond soupir à la fin de ta phrase, tu as déjà fait la paix avec ces démons-là, tu ne pourras jamais changer l'avis de tes grands-parents, et même maintenant, votre relation n'est des plus idéale. Ils te tolèrent et se contentent d'échanges polis, tu sais que Tamara a arrêté d'essayer il y a des années de cela, et à une époque, surtout pendant ton adolescence, tu t'es plus d'une fois excusé d'être comme ça. De ne pas te fondre dans la masse, de la forcer à répéter que oui, tu es bien son fils, et ce malgré la différence flagrante entre vos deux couleurs de peau. Un héritage laissé par un père que tu n'as jamais connu. "C'est en parti pour ça les voyages. Enfin je pense, ma mère voulait compenser et me faire comprendre que je ne manquais de rien et que le monde est grand mine de rien." Quand la plupart de tes camarades de classes se contentaient d'un simple aller retour à la plage ou d'une autre partie de l'Australie, toi tu avais autre chose, les heures passées dans les aéroports à essayer de lire les indications dans différentes langues, les moments sur la route l'été où ta mère et toi vous avez découvert le pays de l'oncle Sam ou encore toutes les fois où vous avez dormi dans une tente que ce soit en Afrique du Sud ou même en Indonésie. Il n'y a pas à dire, Tamara Price est une mère en or à tes yeux. "Je ne sais toujours pas d'où elle tire ce prénom ridicule à souhait donc... Tu peux t'en donner à coeur joie. Je tiens à dire que plus jeune j'avais du mal à prononcer mon propre prénom, d'où le surnom... Quoi que non, quand j'avais trois ans, c'était plus Edgy que Edge." Un autre rire t'échappe face à ton propre souvenir, tu ne sais pas quand tu as exigé qu'on raccourcisse ton prénom, assez tôt au final. "Tout ça pour me dire que tu m'appeles comme tu veux, Khadji. C'est toi alors je m'y ferais." Tu tournes la tête pour croiser son regard à la fin de ta phrase, une expression plus que sereine sur le visage, et tu laisses trainer le sous entendu, tu espères qu'elle restera dans ta vie un petit moment, assez pour que tu ne roules pas des yeux quand elle t'appelle Edgerton et pas Edge. "Et si tu veux absolument tout savoir, mon deuxième prénom c'est Samuel, personne ne m'appelle comme ça. Pour le moment. Je dis ça, je dis rien..." Une autre confession, Yasmine en fera ce qu'elle veut de celle-là également. "... Et je veux pas jouer les rabats-joie mais je meurs de faim, ils ont clairement pas l'habitude qu'un type de ma taille se fasse admettre pour un paquet de temps... Je propose qu'on aille au distributeur le plus proche, histoire de le vider dans son intégralité... Deal ?"
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| | | | (#)Mer 18 Déc 2019 - 11:59 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Yasmine avait été élevée avec des garçons, de véritables piles électriques qui jouissaient d’un peu plus de liberté qu’elle, seulement parce qu’ils étaient des garçons justement. Elle avait toujours trouvé ça injuste. C’était forcément pour cette raison qu’elle s’était échinée à suivre leur rythme, refusant de rester trop longtemps dans les jupes de sa mère pour leur prouver, à elle et à son père, qu’elle était aussi capable que Sohan, Hassan et Qasim. Elle avait beau avoir été surprotégée par son entourage direct, petit trésor aux yeux clairs qui faisait le bonheur de ses parents qui entendaient bien la marier rapidement à un homme répondant à leurs très stricts critères, elle s’était pourtant vite démarquée en choisissant de ne pas se laisser impressionner par le chemin qu’on tenait tant à tracer à sa place. Toujours dans le respect des règles et la douceur qu’elle démontrait déjà à cette époque-là, elle avait légèrement dévié sa trajectoire pour asseoir l’idée qu’elle valait mieux qu’un mariage arrangé et des grossesses à répétitions. Elle se souvenait de ses genoux croutés par ses expéditions dans le voisinage, perchée sur le vélo deux fois trop grand pour elle de son frère qu'elle suivait à la trace, à espionner par-delà les buissons les plus hauts du parc histoire de rester au fait de ce qui se passait dans les environs ; de ses velléités de cacher ses larmes après ses vol planés dans les fourrées, et de se soigner toute seule comme une grande pour que Fatima ne lui tombe pas dessus… mais aussi pour commencer à semer les graines de cette vocation qui ne la quitterait plus jamais, pas même lorsqu’elle prendrait conscience qu’elle n’était pas née du bon côté de la barrière et qu'il lui faudrait faire des choix, et vite. Immanquablement, sa mère déboulait tout de même sans la salle de bain. Elle finissait le travail tout en lui murmurant en arabe que ce ne serait pas en se comportant comme une souillon qu’elle réussirait à s’attirer les faveurs d’un amoureux potentiel. Elle séchait ses joues avec des baisers qui la faisait froncer le haut de son nez par pure démonstration de mauvaise volonté, puis elle l’asseyait sur le rebord de la baignoire, se plaignant pour de faux de combien elle était lourde maintenant. Là, elle rassemblait ses longs cheveux bruns pour mieux les tricoter du bout de ses doigts habiles, un savoir-faire que sa fille maîtrisait mieux qu’elle aujourd’hui ; s’attirer les faveurs d’un amoureux potentiel, tu parles d’une ambition, pensait la jeune fille, ses longs cils perlés de gouttes translucides, les yeux encore tout humides qu'elle levait au ciel, les bras croisés devant sa poitrine et l'air boudeur pour parfaire le tout. Elle, elle s’en fichait bien de tout ça, même si quelque part elle voulait faire plaisir à ses parents qui gardaient toujours un œil sur elle, mi-inquiets mi-fiers que leur benjamine aspire à plus que ceux à quoi ils avaient eu droit… et parce que sous sa grande réserve et sa gentillesse, Yasmine avait l’esprit de contradiction aussi marqué que les tous petits grains de beauté qui piquetaient ses joues et son nez, elle recommençait dès le lendemain, les genoux badigeonnées de mercurochrome, toute parée à mener sa petite aventure du jour sans se faire prendre cette fois-ci. Alors oui, elle avait eu sa période garçon manqué. C’était un peu une façon de se rebeller contre les principes de sa culture, contre les principes de sa religion encore plus. Elle en était fière, elle n'avait jamais eu honte de l'histoire derrière le nom qu'elle portait, et même si elle n'était pas très assidue à la prière, elle faisait de son mieux pour pratiquer les principes qu'elle se sentait capable de respecter – la question n'était pas là, absolument pas. Mais ce n'était pas toujours facile à envisager lorsqu’on devenait une jeune femme, une jeune femme plutôt jolie qui plus est… ce qu'on avait fini par très tôt lui faire remarquer, et bien plus souvent qu'à son tour.
Elle réduisit ses yeux à deux petites fentes, les posant sur Edge par la même occasion tout en taisant sa rhétorique immédiate parce qu'elle le savait, elle ne pouvait décemment par lui refuser une vieille photo. Pas après que, de son côté, il s'était prêté au jeu. Ça méritait réflexion, et si c'était elle qui la choisissait, elle pouvait espérer que l'humiliation devienne plus aisée à gérer. Pour l'heure, elle rompit le contact visuel et but théâtralement une gorgée de thé, s'hydratant lentement à la suite de l'effort de paroles qu'elle venait de faire, elle aussi. Elle préféra l'asticoter sur son prénom plutôt que de continuer sur sa lancée. Pour le moment en tout cas, et pour la seconde fois en l'espace de quelques minutes, elle se laissa distraire pas l'écran illuminé du téléphone du jeune homme. Yasmine se pencha dessus "Je t'ai reconnu. Tes yeux, ils n'ont pas beaucoup changé." lui répondit-elle, l'air de rien. Elle cala son gobelet de thé entre ses cuisses, se pencha davantage pour observer la photo qu'elle avait vaguement observée de prime abord, mais qu'elle contemplait presque désormais. Elle avait eu tout le loisir d'observer le regard d'Edgerton au cours de leur relation, et même après. C'était la chose la plus cliché qu'elle avait jamais pensé de sa vie, néanmoins c'était une vérité qu'elle pouvait s'accorder à elle-même, même dans l'intimité de ses pensées ; chaque fois qu'elle s'obstinait à ne pas croiser son regard, elle y revenait, y puisant des choses qu'elle n'avait su déceler chez personne d'autre… comme cette chaleur qui lui faisait du bien, faisant enfler l'intérêt qu'elle leur portait – à lui, à son histoire et aux failles qu'il dissimulait sous des airs de grand costaud à l'épreuve de tout. Elle devait aussi l'avouer, son regard, il avait tendance à la rendre nerveuse. Surtout quand il s'acharnait à la fixer sans ciller, lui donnant l'impression que lui aussi se raccrochait à quelque chose qui passait dans ses propres yeux. C'était étrange, l'état de vulnérabilité dans laquelle il la mettait sans le savoir, sans que ce ne soit désagréable non plus, juste en plongeant son regard dans le sien une fois de temps en temps. "T'as conscience que je vais plus jamais pouvoir te regarder de la même manière maintenant ? Je veux dire, qu'est-ce qui est arrivé à cette tignasse ?" reprit-elle après un instant à fixer l'écran. Elle leva les yeux vers lui en prenant une mine qu'on emprunte qu'une fois penchés au-dessus du berceau d'un nouveau-né ; quand il a encore la peau toute fripée et le nez écrasé. Encore un peu, et elle lui pincerait les joues. Elle ne le fit pas, et préféra retenir l'envie soudaine qu'elle avait de venir lui shampooiner les quelques cheveux qu'il avait laissé pousser depuis son admission au St-Vincent, et ajouta "T'es le petit garçon le plus mignon que j'aie eu l'occasion de voir de ma vie et j'en ai vu des tas. J'exagère même pas." Ou juste un peu. Mais personne n'avait besoin de le savoir, et puisqu'il reprenait la parole, se lançant dans des confidences qu'elle accueillit la tête de nouveau posée sur son oreiller, il lui fût facile de ne pas y revenir.
Elle était profondément touchée, assez pour ne pas interrompre Edge pendant tout le temps où il confirma ce qu'elle pensait avoir compris à son sujet depuis que sa mère était dans les parages. Elle tressaillit ouvertement en l'entendant parler d'accident à propos de sa venue au monde, et trouva tout ça tellement dur qu'elle eut besoin de se concentrer pour ne pas fustiger à voix haute l'attitude qu'avait eu, qu'avait toujours, ses grands-parents à son égard. Elle ferma brièvement les yeux en secouant la tête tout aussi vite, retenant un sourire sans joie face au manque de considération de ces gens pour un enfant qui n'avait rien demandé. Ça faisait partie des choses qu'elle ne comprenait pas, qu'elle n'avait pas envie de comprendre en vérité, tant elle trouvait ça cruel qu'on puisse faire porter le poids de quelque chose d'aussi lourd sur les épaules, encore frêles à l'époque, d'un enfant – sans compter les relents de racisme ordinaire qu'elle décelait dans tout ça, et qui trouvait davantage racine chez elle juste parce que ça, elle savait ce que ça faisait. D'une certaine manière, plutôt précise d'ailleurs, ça expliquait son physique aujourd'hui. Cette envie farouche qu'il avait de d'accentuer sa carrure, de la rendre si imposante qu'elle-même avait cru qu'il était assez fort pour tout supporter… rien n'était jamais là par hasard, elle en avait de nouveau la confirmation, et même si foncièrement, savoir tout ça ne changerait pas l'image qu'elle avait du jeune homme – elle doutait sincèrement qu'il apprécierait le regard rempli de peine qu'elle aurait pu poser sur lui à ce moment-là, aussi justifiée qu'elle était, et c'est pourquoi elle s'intima d'être moins transparente, lui pressant tout juste le bras en le poussant tout doucement avec son épaule, dans une démonstration maladroite, mais sincère de soutien et d'affection – ça lui permettait cependant de tout décortiquer pour le comprendre un peu mieux qu'il y a plus de deux ans
Après un silence, elle lui dit "Ta mère t'a bien élevé, et j'ai l'impression que tu lui rends bien. C'est touchant de te voir avec elle… mais quoi, c'est vrai." Encore plus en sachant tout ça, sauf qu'elle ne poussa pas sa phrase plus loin, répondant au rire du jeune homme par un sourire tout en fossettes. Après avoir récupéré sa main et posé pour de bon son gobelet de thé sur la table de chevet, elle tacha de retrouver une bonne composition, confrontée au regard fixe qu'il lui accorda et qui la laissa interdite… le temps qu'elle l'affronte une seconde de trop, sans se démonter toutefois, arquant même un sourcil dans un signe de défi… quand tout à coup, elle battit des cils pour baisser la tête. Yasmine se râcla la gorge pour faire bonne mesure. Après avoir glissé une mèche de cheveux derrière son oreille, elle rétorqua, secouant la tête en levant les mains devant elle comme si elle se défendait par anticipation d'une gentille attaque menée droit dans sa direction "OK, tu tends le bâton pour te faire battre. Si je commence à t'appeler Samuel, tu viendras pas geindre que je pousse l'avantage trop loin. Et essaie même pas de savoir quel est le mien, j'en ai pas." De nouveau, elle lui adressa un regard aux paupières plissées, prenant soin de ne pas le perdre trop longtemps dans le sien, et qu'elle accompagna d'un léger épanchement de sa tête qu'elle inclina sur sa propre épaule pendant que sa voix s'élevait une dernière fois, avec plus de douceur encore "En attendant, j'aime beaucoup Edgerton, Edgerton." Elle s'extirpa du lit d'hôpital du jeune homme avec une lourdeur surjouée "Quoi, tu veux pas de mes donuts ?" fit-elle en pointant le sac en papier un peu graisseux qu'elle avait posé en arrivant, sachant dans le fond qu'il n'était pas aussi porté sur le sucre qu'elle ne l'était. Tandis qu'elle acceptait son deal en hochant la tête, elle s'agita sur ses pieds "Oh attends une seconde, j'ai un truc pour toi." Et alors qu'elle était déjà en train de relever ses cheveux, puis de trifouiller le fermoir de l'une des chaînes en or qu'elle portait autour du cou, et qu'elle mit un petit instant à défaire, elle poursuivit "C'est pas religieux, c'est plus une amulette qu'autre chose." Elle rassembla les deux bouts libérés du collier qu'elle mit dans le creux de sa propre main pour qu'il puisse mieux voir le pendentif qui y était accroché quand elle s'approcha de nouveau de son lit : une khamsa que son père lui avait offerte avant son départ pour le Niger avec une solennité qui ne lui ressemblait pas, mais qui démontrait à quel point il était inquiet de la voir partir si loin, si longtemps. Elle ne l'avait pas quittée depuis, pas par superstition, car c'était bien de ça dont il s'agissait dans le fond, les légendes autour de ce symbole étant aussi romanesques et diverses que ces histoires qu'il aimait lui racontait lorsqu'elle était enfant ; plus par réconfort, se rengorgeant de l'idée qu'elle avait emporté quelque chose de son père pendant son voyage. Elle était rentrée, ça faisait plus d'un an aujourd'hui. Yasmine reprit à l'attention d'Edgerton "T'es pas obligé de la porter, c'est plutôt féminin comme modèle. Mais tu peux, je sais pas, la garder sur toi ? Dans une poche, sous ton oreiller…" Elle laissa échapper un petit rire gêné, mais on ne peut plus charmant. Elle n'avait pas préparé ce qu'elle dirait au jeune homme quand elle lui ferait ce cadeau improvisé dont la signification était certaine, mais qu'elle tût par pudeur. Parce qu'admettre qu'elle se sentirait plus tranquille s'il traînait avec lui une main protectrice comme celle-ci, c'était creuser trop loin dans le dédale des émotions qu'elle accumulait secrètement à propos de son admission à l'hôpital. Une nouvelle fois, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, et pour ne pas avoir l'impression de paraître cruche, bien qu'elle doutait du contraire à ce moment-là, plantée tout près de lui, la main tendue sous ses yeux, en ne sachant pas quoi faire d'elle-même – respirait-elle toujours aussi fort, ou son imagination lui jouait des tours ? –, elle remporta brusquement le bijou avec elle pour le poser à côté du gobelet de thé qu'elle avait abandonné. Se décalant d'un pas qui fit couiner le sol sous ses semelles, elle prit une courte inspiration avant de se retourner en indiquant la porte avec ses deux index qu'elle pointa comme des pistolets, et un ton plus enjoué que nécessaire "Le distributeur, le patient est roi. On y va !" |
| | | | (#)Mer 25 Déc 2019 - 22:34 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Pas de doute à se faire, vous avez changé. Que ce soit toi ou Yasmine, vous n'êtes plus les mêmes personnes qu'il y a deux ans, et il est certain que tu ne te serais jamais vu lui faire de telles confidences à cette époque-là. Ou même tout simplement la présenter à ta mère, tes cousins, ou le reste de ta famille. Tu n'as pas gagné en maturité, qu'on se le dise, cependant, depuis votre dernier échange à vif, à savoir lors de ton admission catastrophique à l'hôpital, il semble que vous avez passé un cap. Certes, tu es toujours aussi toi et elle reste elle mais certaines barrières semblent avoir été franchies ou tout simplement baissées. Et cela ne semble pas si terrible que ça de lui parler de ton enfance ou des choses qui te tiennent vraiment à coeur, de lui parler de tout ce qui est concret et réel en fait. Ironique de penser qu'à l'époque où vous sortiez ensemble vous étiez passer maitre dans l'art d'éviter ce genre de sujets... Plus maintenant, ou du moins, vous faites tous les deux des efforts considérables afin de rester dans la vie l'un de l'autre. Tu ne te vois plus vraiment faire sortir la brune de ta vie ou lui donner des raisons de partir, du moins, pas intentionnellement, qu'on se le dise, tu n'as plus l'énergie pour ce genre de bêtises et... est-ce si mal que cela d'apprécier la compagnie de Yasmine sans te poser plus de questions que cela ? Te battre avec cette partie de toi ou essayer de la faire taire est éreintant, il n'y a pas d'autre mot pour cela et si tu sais accorder du temps aux gens et leur accorder leur espace, quand il s'agit d'éviter sciemment quelqu'un, les choses sont plus compliquées. Et tu n'as jamais été en mesure d'éviter complètement Yasmine, et ce malgré toute votre histoire ancienne ou même encore présente. Mais elle est là, à te faire sourire en évoquant ta coupe de cheveux visible sur la photo ou la façon dont tu gravites naturellement autour de ta mère. Tu ne sais pas pourquoi tu as remis le sujet de ton prénom ou deuxième prénom sur le tapis, en temps normal, il faut payer cher pour avoir ce genre d'informations de ta part et pourtant cela se fait presque naturellement avec la brune. Tu ne te trouves pas trop stupide en disant autant et tu te dis que sa curiosité est peut-être justifié, les mots ne te viennent pas facilement certes, sauf que tu sais reconnaitre tes propres efforts -pour une fois- et que coincé dans cette chambre d'hôpital, tu as été forcé de remettre beaucoup de choses en perspective. Car oui, tous les livres ou tous les films du monde n'empêchent pas ton cerveau de tourner à plein régime, et parfois, ton esprit dérive vers cette fameuse nuit et tout ce qui t'a conduit ici, trop de choses ont été dites de ta part ou alors pas assez. L'alcool n'a certainement pas aidé et tu sais déjà que cela sera ta première résolution en sortant d'ici, de te débarrasser de toutes les bouteilles que tu as chez toi et raccrocher pendant un moment. La deuxième chose qu'il t'a fallu réaliser, c'est que tu le veuilles ou non, négative ou pas, tout ce que Yasmine à dire sur toi compte et tu es incapable de passer à autre chose. Que cela soit rationnel ou pas, que vous soyez de simples amis ou non, Yasmine compte à tes yeux et même si tu ne peux rien faire pour la garder dans ta vie ou au contraire la faire fuir, tu peux au moins faire en sorte qu'elle ait un véritable aperçu de qui tu es et de ce que tu vaux. Sans les blagues, sans le superflu... et le reste ? Eh bien ça tu ne peux pas le contrôler alors, autant ne pas y penser... C'est bien pour cela que tu ne quittes pas la brune du regard lorsqu'elle se moque encore une fois ou qu'elle te pousse légèrement histoire, ne te faisant pas bouger d'un seul millimètre mais au contraire vous rapprochant. "Qu'on se le dise, Samuel ça reste mieux que Edgerton, et non, tu ne pourras pas me faire changer d'avis sur le sujet, Khadji." Que tu réponds tout simplement, bien décidé à ne pas te laisser destabiliser par son affection particulière pour ton prénom complet. Tu roules légèrement des yeux à la place avant de faire un signe négatif de la tête alors qu'elle te propose une des pâtisseries qu'elle a ramené. "Je préfère le sucre en petite dose, les donuts c'est trop pour moi, et le but c'est pas que je prenne douze kilos ici et que je reparte avec le sourire hein... J'ai pas un métabolisme aussi efficace que le tient malheureusement." Tu fais un geste de la main plus qu'évocateur vers Yasmine et sa taille de guêpe, te retenant d'ajouter que toi tu dois faire des efforts considérables si tu ne veux pas que tes abdos disparaissent. Juste quelques sacrifices pour la bonne cause bien entendu. (Et aussi parce que tu es légèrement superficiel sur les bords ? Probablement.) Tu t'apprêtes à te lever, bien content de pouvoir quitter ce lit pour quelques minutes, seulement pour t'interrompre dans ton mouvement aux prochaines paroles de l'infirmière. "Hmm ...?" La presque-question est suivie d'un haussement de sourcils et tu te redresses légèrement, les deux pieds posés sur le sol et plus droit, les yeux rivés sur Yasmine qui s'agite... encore plus que d'ordinaire, ce qui veut dire beaucoup quand on sait à quel point la brune à tendance à jouer avec ses propres mains ou cheveux pour masquer chacune de ses émotions. Tu doutes qu'une personne lambda sache ce que cela veut vraiment dire, toi tu as pris le temps de l'observer. Ton regard dérive vers la paume de la brune lorsqu'elle te montre enfin ce qui est pour toi et il te faut plusieurs secondes pour identifier ce qu'elle te tend. Le pendentif est familier et élégant et le collier pas plus long que la normale et... est-ce qu'elle vient bien de dire que c'est pour toi ? Tu relèves la tête, l'interrogation est visible sur ton visage et les prochains mots, rapides et teintés d'une certaine émotion de l'infirmière confirme tes soupçons. C'est bien pour toi. Une amulette, quelque chose qu'elle veut que tu gardes sur toi. De manière semi-permanente. Pour que rien ne t'arrive. "Tu sais que t'étais pas obligée de ..." La phrase est presque automatique et pourtant une partie de tes mots ne passent la barrière de tes lèvres car tu ne sais pas quoi dire. Dix milles choses te traversent l'esprit: tu voudrais lui dire qu'elle n'a pas à s'inquiéter pour toi car ce n'est pas de sa faute si tu es un idiot fini, tu as envie d'ajouter que tu vas tout faire pour aller mieux sur tous les points, une partie de toi voudrait même avoir l'audace d'hausser les épaules et lui dire que tu vas bien. Mais surtout, surtout, tu résistes à l'envie naissante et grandissante de te lever et de la serrer tout contre toi. Car elle s'inquiète de ton sort, c'est plus qu'évident désormais et tu te dis naïvement que tu devrais la croire quand elle te dit que tu n'as jamais été une roue de secours ou juste son dernier choix. Et comment ne pas aller mieux quand tu sais que oui, Yasmine se soucie de ce qui t'arrive ou de qui pourrait dériver. La pensée est assez intense et inattendue, si bien que tu restes silencieux pendant quelques minutes, assez pour que le doute s'installe, et assez pour que Yasmine essaye de changer de sujet. "Évidemment que je vais le porter." Les mots arrivent avec un enthousiasme certain et de ta main valide tu attrapes le collier qu'elle vient de reposer et le lui tends, ton regard croisant le sien. Et, il faut l'avouer, il a une certaine lueur de défi dans tes yeux sombres, comme si tu lui demandais explicitement de reprendre son cadeau pour voir ta réaction. Comme si. "Je vais avoir besoin d'aide par contre." Une requête plus qu'évidente et un léger sourire se dessine sur ton visage tandis que Yasmine te passe le bijou autour du cou, tu te dis intérieurement que tu ne vas jamais l'enlever, vos regards se croisent de nouveau tandis que Yasmine fait un mouvement de recul et tu choisis ce moment pour te redresser, avec une certaine lenteur il faut bien le dire. Tu te remets petit à petit, car oui, tu n'es pas invincible et que si tu veux guérir, et proprement, cela risque de prendre un certain temps. Face à Yasmine à présent, tu voudrais trouver les bons mots, la remercier pour l'attention et lui dire que tu comprends bien l'importance du geste et que tu ne le prends pas à la légère, bien au contraire. Comment dire tout ça cependant ? Oui, vous avez franchi un certain cap, mais certaines choses sont plus faciles à dire que d'autres. Tu décides de faire la chose la plus logique et la plus naturelle et au lieu de laisser l'infirmière te guider vers le distributeur le plus proche, tu préfères tout simplement la gratifier d'un autre sourire et faire un pas dans sa direction pour finir par la prendre dans tes bras. Et ce n'est pas bizarre ou déplacé, ton corps connait la danse et c'est avec une facilité déconcertante que tes genoux se plient pour ne pas que tu sois aussi grand, ou que tes avant-bras trouvent sa taille ou que ton menton se pose sur une de ses épaules. C'est simple. Elle est là et le fait que tu sois là également, que ce toi et pas un autre, a son importance. Et cela n'était pas arrivé depuis tellement longtemps... "Merci." Tu murmures le mot, bien conscient qu'il ne reflète pas un quart de ce que tu ressens, mais c'est mieux que rien et ce silence-là n'est pas gênant, il est réconfortant, un peu comme revenir chez-soi après une journée un peu trop longue... Et tu relâches la brune après ce qui parait comme une éternité, assez pour que lorsque vos regards se croisent, tu te sentes obligé de faire un trait d'humour pour dissiper l'atmosphère et dissiper la légère tension dans la pièce. "De quoi j'ai l'air ? Tss nan, c'était une question piège, pas besoin de répondre à cette question, on connait tous les deux la réponse." Tu as un léger sourire, jugeant ta propre bêtise plus qu'autre chose, avant de faire un signe vers la porte. "Allons-y avant que je change d'avis et que je décide de manger un donut, là ça serait vraiment un drame." Et les couloirs de l'hôpital ne sont pas vides, tu te demandes s'ils le sont à un moment, le bruit est suffisant pour te distraire et oublier l'instant d'avant. Même si maintenant tu peux sentir le pendentif du collier, pressé contre ta peau, un doux rappel qui ne va pas t'aider à moins penser à Yasmine. "Du coup, je sais que pour des raisons évidentes tu ne fêtes pas Noël, mais moi si. Pas pour des raisons religieuses hein, simplement pour profiter de la nourriture et des cadeaux. Et ma mère m'a expressément demandé de t'inviter si tu veux te joindre à nous dans quelques semaines." Tu n'es que le messager dans cette histoire mais tu te rappelles très bien de l'expression de Tamara et des questions qui ont suivi concernant les habitudes des Khajdi pour cette période de l'année. Ce à quoi tu as répondu que tu n'étais pas la personne la mieux placée pour répondre ou dire à ta mère si Yasmine aime la dinde ou non... Chose qui n'a pas du tout freiné l'enthousiasme de ta mère, bien entendu. "Sohan peut venir également ainsi que tes parents, on fait toujours trop de nourriture de toute façon donc..." Tu hausses les épaules, te demandant intérieurement si rencontrer les parents de Yasmine dans la cohue d’une réunion des Price n'est pas la pire idée du monde. Certainement. "Et puis histoire que je te donne ton cadeau également... Enfin plutôt un souvenir de mes vacances, je l'ai vu j'ai pensé direct à toi." Vos regards se croisent et tu laisses trainer l'aveu dans l'air car oui, même perdu à des milliers de kilomètres et même en froid avec la brune, tu n'as pas pu empêcher cet achat débile qui traîne chez toi depuis ton retour. Tu avais l'intention de le donner à Sohan, de manière tout à fait innocente et désintérésée mais maintenant, ça te parait idiot. "On se partage un Mars ?”
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| | | | (#)Ven 27 Déc 2019 - 22:28 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Yasmine eut soudainement l'impression d'en faire trop. C'était souvent le cas dans ce genre de situation. Si elle avait été contrainte à la réserve à propos de certaine chose, ses parents veillant à ce qu'elle reste dans les clous autant que possible, ils avaient néanmoins fait en sorte de cultiver le côté emphatique de leurs enfants. Sohan réussissait à gérer ses émotions assez aisément, son stoïcisme faisant partie intégrante de son tempérament, mais du côté de Yasmine, les choses n'étaient pas aussi évidentes que ça. Tout chez elle était influencé par ses émotions, par son ressenti immédiat, et par cette compassion qui faisait d'elle une si bonne infirmière. Dans le passé, elle avait toujours su user de cet avantage à bon escient. Seulement, son hypersensibilité s'était nettement amplifiée depuis son voyage au Niger, au point de trouver à cette qualité qui lui était pourtant propre, ayant toujours apportée quelque chose en plus à la jeune femme qu'elle était devenue au fil des années, des allures de handicap émotionnel qu'elle ne supportait pas. D'un point de vue extérieur, il était tentant de trouver qu'il s'agissait là d'une bonne chose, de ressentir tout puissance mille, mais elle, elle avait de plus en plus l'impression de les subir, ses émotions ; et d'avoir perdu la capacité de les compartimenter assez pour ne pas les laisser la submerger dans les moments les moins opportuns. Il suffisait de revenir sur l'admission d'Edgerton pour réaliser que quelque chose n'allait pas à ce sujet et qu'elle perdait doucement la notion de ce qui valait mieux retenir ou exprimer, ainsi que la meilleure façon de le faire pour ne pas brusquer qui que ce soit ; un peu comme si quelqu'un s'était, à son insu, amusé à si bien battre les cartes qu'elle ne savait plus comment s'y prendre pour se réinsérer dans la partie, prise d'un doute qui ne faisait que gonfler à mesure qu'elle s'apercevait qu'elle était complètement larguée, la forçant ainsi, et pas de gaieté de cœur, à s'avouer vaincue.
Pendant une fraction de seconde, ce fût exactement ce sentiment qui s'empara d'elle. L'idée qu'elle avait pu se laisser dicter son geste par une vulgaire impulsion, submergée par l'amas de confidences faites par le jeune homme à qui elle avait fini par faire un cadeau. Et pourquoi en définitive ? Pour le remercier de partager ses souvenirs avec elle, et de respecter le pacte tacite qu'ils avaient passé après son admission dans cette chambre ? Pour lui montrer qu'elle appréciait qu'il accepte d'enfin dévoiler une partie de lui qu'elle avait toujours voulu connaître à l'époque ? En d'autres termes, et cette pensée la fit serrer les dents aussi discrètement que possible, pour le récompenser d'essayer aussi fort de contenter la requête qu'elle lui avait faite, ayant exprimé son envie prégnante de le connaître pour de vrai ? Définitivement, Edgerton (Samuel) Price méritait plus que des gestes effectués sous un coup de tête ; c'était son avis sur le sujet, et il était tranché. Puisqu'elle était toujours tentée d'être plus dure avec elle-même qu'avec les autres, elle s'en voulu un peu de se prêter des intentions aussi mesquines, et de peut-être lui avoir cédé son pendentif de manière irréfléchie… exactement comme elle avait laissé sa colère s'exprimer ce soir-là, à la station-service. Yasmine opéra un demi-tour, s'apprêtant à se diriger droit vers la porte de la chambre du jeune homme tout en s'octroyant un court moment de réflexion – et par la même occasion, et c'était inespéré, un certain répit à propos de ses intentions immédiates qu'elle considérait comme étant faussées, pas aussi pures qu'il n'y paraissait. Elle avait beau se trouver tous les défauts du monde, elle était prête à se concéder une chose, cependant : elle n'était pas capable d'agir de cette façon, elle n'était pas mesquine, elle était sincère. Elle le savait très bien dans le fond, cet échange d'amulette avait un sens, un vrai, et c'était la pudeur qui l'empêchait de sauter la dernière barrière dressée entre elle et ce qu'elle ressentait véritablement pour le jeune homme. Tout ce que signifiait les choses qu'elle ne disait pas à propos de cadeau qui lui était venu aussi naturellement que tout le reste, elle le pensait cent fois plus que ce qu'elle lui avait craché au visage dans l'espoir de ressortir moins cabossée de la dispute qui s'était jouée là-bas, il y avait maintenant quelques semaines. Non, ce n'était pas son instinct qui l'avait poussé à lui offrir cette chaîne, ce n'était pas non plus l'obligation de lui rendre toutes ces choses qu'il lui avait donnée ces derniers temps pour respecter une certaine égalité en tachant, par la même, de se déculpabiliser de presque le forcer à faire quelque chose qu'il n'aimait pas : c'était l'affection sincère et croissante qu'elle lui portait, et c'était aussi simple que ça. Au fur et à mesure qu'elle en prenait conscience, Yasmine se rasséréna. Pas assez toutefois pour définitivement lisser les plis soucieux qu'avait creusé le court silence du jeune homme tandis qu'elle essayait déjà de faire comme si de rien n'était, résolue à prendre d'assaut le premier distributeur qui se dresserait sur leur chemin.
La voix d'Edge lui fit tout de même changer de trajectoire, puis se retourner pour s'apercevoir qu'il avait récupéré le bijou qu'il disait vouloir porter. Elle ravala un sourire, préférant s'approcher tout près de lui pour répondre à sa demande avec un simple hochement de tête, et lui passer autour du cou. Et cette proximité soudaine lui fit quelque chose qu'elle ne s'interdit pas de ressentir, la tête légèrement penchée pour avoir un meilleur angle de vue sur le fermoir qu'elle boucla rapidement, habituée à faire ce geste. Elle arrangea le pendentif qu'elle eut à peine le temps de redresser correctement du bout de ses doigts qui suivirent le col du t-shirt du jeune homme, puisque ce dernier se leva doucement, l'air de chercher ses mots. Yasmine lui renvoya le sourire qu'elle avait retenu jusque-là "Hey, un merci suffira. On a épuisé notre stock de mots pour ce soir." lui dit-elle pour l'exempter d'en dire davantage, mais aussi pour qu'ils évitent de tomber dans le cliché pendant que leurs regards restèrent verrouillés l'un à l'autre. Elle finit par baisser le sien pour s'attarder sur sa propre main qu'elle avait laissé poser sur l'épaule d'Edgerton et qu'elle n'eut pas l'intention de récupérer tout de suite ; ses doigts s'agitèrent tout doucement pour venir discrètement frôler la limite entre le tissu et la peau du jeune homme, un vieux réflexe que cinq mois de relation, et plus de deux ans de séparation, n'avait pas rendu moins naturel. Elle en eut encore moins l'intention quand elle sentit ses bras enserrer prudemment sa taille et son menton se poser sur son épaule. Elle n'eut aucun mouvement de recul. Au contraire. Son corps agit de lui-même, se rapprochant de lui sans délai "Fais attention à tes côtes." murmura-t-elle à son oreille pendant qu'il la remerciait enfin, pensant sans doute, et plutôt naïvement, que dire quelque chose lui permettrait de dissimuler l'embardée que venait faire son cœur qui se mit à battre trop fort dans sa poitrine. Elle ne suivit pas son propre conseil, elle le serra un peu plus fort contre elle. Faisant glisser sa main, toujours posée sur son épaule, vers sa nuque, elle ferma les yeux en réalisant que ce genre de choses étaient typiquement ce pourquoi elle avait tant apprécié être avec lui à l'époque. Ce sentiment de sécurité qu'elle éprouvait quand il la prenait dans ses bras, ça lui avait manqué plus qu'elle n'oserait jamais le lui dire, bien que l'espace d'un instant, elle s'encouragea intérieurement à l'exprimer à voix haute. Elle enfonça le bout de son nez dans le creux de son épaule et pinça les lèvres de sorte à ce qu'elles ne frôlent pas la peau du jeune homme. Yasmine inspira un peu pour faire bonne mesure. Cette bouffée de parfum familier ne calma pas son cœur qui palpita plus fort encore… avant de se raviser en même temps que le jeune homme rompit leur étreinte ; un peu trop courte à son goût, mais qui fût assez longue en vérité pour rehausser son teint d'une nuance de rose subtilement étendue sur ses pommettes que le trait d'humour d'Edgerton fit remonter doucement. Ils battirent en retraite, non sans échanger un dernier regard accompagné du silence soudain de Yasmine qui, un pas en arrière après, et dans un geste lent et mesuré, vint glisser ses cheveux à deux mains derrière ses oreilles.
"Pas par là. Si Vergara nous voit, elle va se sentir obligée de venir nous donner l'heure. J'ai un couvre-feu ce soir." lui intima-t-elle en sortant de sa chambre. Elle le redirigea doucement vers la gauche pour ne pas passer devant le bureau de l'infirmière en chef de ce service. Yasmine passa derrière lui pour le faire pivoter doucement sur ses hanches et emprunter un autre chemin, puis elle se glissa à ses côtés, jetant un regard distrait au cadran de sa montre avant de commencer à marcher. Elle constata que l'heure des au revoir approchait dangereusement, et elle n'avait pas envie de partir. Sans doute que c'était dans l'optique de s'attarder encore un peu qu'elle allongea leur chemin jusqu'au distributeur, tachant de garder bonne contenance après la longue étreinte silencieuse et réconfortante, mais pas gênante, qu'ils venaient d'échanger. Après un instant de distraction mentale, ses yeux suivant ses propres pas avec un petit sourire flottant sur son visage, elle tourna la tête vers Edge "Oh." laissa-t-elle échapper tandis que, dans son esprit, elle faisait défiler les entrées de son planning du mois de décembre. Elle ne fêtait pas Noël, mais cette période de l'année restait chargée. Alors qu'elle préférait donner de son temps aux bonnes œuvres pour le réveillon, le lendemain était souvent réservé à Qasim, Olivia et leurs enfants qui faisaient parfois le déplacement de Sydney pour rassembler la famille recomposée que formait les clans Jaafari, Davis et Khadji. Rien de religieux là-dedans non plus, les Khadji s'en tenant à leurs croyances, c'était juste une occasion de rattraper un peu le temps perdu et de chahuter avec les enfants. Inutile de dire que, plus encore que d'ordinaire, Yasmine tentait de contenter tout le monde à cette occasion. Que Tamara Price vienne s'y ajouter, ce n'était pas aussi pesant que ça en avait l'air, probablement parce que le courant était tout de suite bien passé entre elles. En fait, elle ressentit même une certaine flatterie à l'idée que la mère de son ex-petit ami puisse avoir pensé à elle pour cette occasion "C'est interdit de refuser les invitations faites par les mamans, c'est dans le règlement officiel des gens bien élevés." Qu'elle était, indéniablement. Elle pencha la tête en arrière pour poser son regard sur Edgerton, mais elle retrouva vite une posture normale. Balançant ses bras d'avant en arrière, et tapant dans ses mains par intermittence, elle continua "On fête pas Noël, mais les Davis si, et c'est important pour les enfants. On les voit pas très souvent, du coup..." Elle haussa les épaules pour faire bonne mesure "La veille, je travaille, ou je fais du bénévolat en général. Mais je crois pouvoir faire une exception cette année." finit-elle par dire. Puis elle reprit avec un léger sourire "Mes parents resteront campés sur leurs habitudes, ils sont de la vieille école." Sans compter qu'expliquer l'invitation d'une famille dont ils n'avaient jamais entendu parler était un terrain sur laquelle Yasmine n'était pas encore tout fait prête à se lancer "J'en parlerai à Sohan. C'est gentil de l'inclure, il a tendance à se satisfaire de lui-même. Ça lui ferait du bien de sortir le nez de chez lui pour aller ailleurs qu'au bureau." Elle opina du chef, s'arrêtant graduellement en entendant la suite de la phrase du jeune homme qu'elle pointa dangereusement d'un index faussement menaçant "Ça, c'est de la torture psychologique pure et dure." annonça-t-elle, puis elle enchaîna pour mieux masquer sa surprise à propos du cadeau dont il lui parlait et qui, si ses calculs étaient bons – et ils l'étaient –, avait été chiné après leur grosse dispute. Etonnamment, elle se sentit moins idiote d'avoir pensé à lui pendant tout ce temps parce qu'apparemment, il avait pensé à elle, lui aussi "Tu vas oser me faire attendre jusqu'à Noël ? J'ai même pas droit à un indice sur ce que c'est ? Edgerton, je te croyais plus fair-play." Et la mine théâtrale qu'elle emprunta pour se détourner de lui vint parfaire la fausse vexation dont elle usa à ce moment-là. Dans la foulée, pendant qu'elle se tournait vers le distributeur qu'ils avaient rejoint et dont elle examina le contenu avec expertise, elle laissa un léger rire lui échapper, avouant sans tout à fait le vouloir "J'ai trop hâte que tu sortes d'ici." Parce qu'elle était curieuse de voir comment se passerait les choses après, même si elle le redoutait un peu aussi, craignant que les moments où ils se verraient finiraient par fatalement s'espacer ; qu'ils reprendraient leurs habitudes en considérant que tout ce qu'ils s'étaient dit au cours des dernières semaines n'était valable qu'entre les murs de cet hôpital – tout ce qui se passe au St-Vincent, reste au St-Vincent, ou quelque chose comme ça. Se repassant rapidement, et mentalement, les paroles qu'elle venait de dire, elle eut le sentiment que ses mots avaient dépassé sa pensée. Tout de suite, Yasmine se jeta sur la perche qu'Edge lui tendait "T'as vraiment envie de rien d'autre ?" fit-elle d'une petite voix, se tournant pour soutenir son regard quelques secondes… avant d'ajouter dans un mouvement d'épaule où transparaissait la capitulation forcée "Petit joueur, va pour une moitié de Mars." |
| | | | (#)Dim 5 Jan 2020 - 14:06 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Tu laisses Yasmine te guider dans les couloirs de l’établissement hospitalier sans te poser plus de questions et en te disant que quelque part, vous êtes plus sur son territoire que le tient. Alors, non, tu ne poses pas vraiment de questions, te contentes simplement d’hocher la tête quand elle mentionne une de ses collègues, et tu fais exprès, totalement exprès, de ne pas porter ton regard vers une des horloges qui trainent sur les murs pour ne pas regarder l’heure et qu’on te rappelle dans quelques minutes, la brune va devoir s’éclipser pour la nuit. C’est ridicule et probablement cliché à souhait cependant avec Yasmine dans les parages, il est facile d’oublier la notion du temps. Facile d’oublier que tu as des responsabilités ou même pourquoi tu es là ou les mots durs que tu as eus pour la brune à ton réveil. Est-ce que tu les regrettes ? Oui et non, quelque part tu sais que tu as poussé la jeune femme dans ses retranchements, encore plus qu’à l’époque où vous étiez un couple. Tu n’aurais jamais été aussi franc ou tranchant avec elle et c’est probablement cela qui a manqué il y a deux ans de cela, que quelqu’un soit honnête, que quelqu’un ose dire les choses telles qu’elles sont et sans essayer de déguiser la vérité ou essayer de toujours paraitre bien et ce sur tous rapports. Les choses auraient été bien différentes, et qui sait, peut-être que tu ne te serais pas réfugié dans les bras d’Ariel, peut-être que vous seriez toujours un couple à l’heure actuelle, et que tu ne serais pas ici avec un bras cassé et d’autres blessures que tu ne peux plus vraiment ignorer. Il serait bien hypocrite de dire que tu n’y penses pas, tu y penses, c’est souvent en arrière-plan, un peu comme une chanson que tu n’arriverais pas à te sortir de la tête et c’est le même refrain qui semble revenir à chaque fois que tes yeux se posent sur Yasmine. Et dans le même temps, tu aurais voulu te taire ce jour-là, ne pas pousser la brune à s’inquiéter plus que nécessaire, simplement car cela est dans ta nature et que tu aimes bien t’effacer et essayer de prendre le moins de place possible. Un raisonnement complètement contradictoire avec le reste de ton attitude ou même de ta vie ? Cela ne fait aucun doute là-dessus. Cependant, qu’on se le dise, l’incident est clos, cela ne servirait à rien de revenir sur cette discussion ou même essayer de t’excuser, tu as explicitement demandé à Yasmine d’arrêter le faire alors … Alors tu te contentes d’un sourire en relayant la demande faite par ta mère, lâchant plus d’informations que ce que tu comptais faire. C’est souvent le cas avec Yasmine ces derniers jours, mais tant pis, ce soir en particulier l’air semble plus léger que d’habitude, tu te demandes si le fait que tu puisses sentir le pendentif du collier qu’elle t’a offert, juste là, à quelques centimètres de ton cœur y est pour quelque chose ou c’est juste Yasmine qui semble étonnée de savoir que tu aies pensé à elle. No surprise there, penses-tu automatiquement, et tu pourrais lui dire, être brutalement honnête et lui dire qu’elle occupe facilement la plupart de tes pensées mais le sous-entendu est là, et assez évident pour toi. "Moi … Fair-play ? Do you even know me ?" Les mots quittent tes lèvres facilement, de même que le sourire qui est là depuis le début de la soirée. Tu serais qu’il serait très facile de demander à Tamara d’aller chercher le cadeau, qui a été emballé avec soins et rangé dans un de tes placards de ta chambre à coucher et de simplement le donner à Yasmine cependant tu ne peux pas vraiment t’y résoudre. Si les couloirs et tout le St Vincent semblent vous avoir accordés une pause, tu es bien conscient qu’il ne s’agit pas vraiment de la réalité. Tu ne sais pas du tout comment seront vos rapports une fois que tu ne seras plus un patient ici, car il est facile pour elle de passer la porte de ta chambre, vous êtes sur son lieu de travail après tout, tu ne sais pas si les choses seront aussi simples et aussi sans conséquences quand tu auras retrouvé un semblant de liberté et des habitudes. Tu t’efforces de ne pas y songer, de garder cela le plus loin possible, et oui ; tu as envie de reprendre le contrôle de ta vie et être aux commandes ; sauf que plus jamais, tu ne sais pas où tu vas, et si cela n’était pas un problème fondamental il y a quelques semaines…. Tes cicatrices elles, elles racontent une toute autre histoire. Mais tu te laisses porter, encore une fois, cela commence presque à devenir une habitude, par la présence et la voix de Yasmine, comme s’il y avait quelque chose de plus à tout ça, comme s’il y avait quelque chose qu’elle, elle voyait et pas toi. "Et oui tu vas devoir attendre, parce qu’en plus du cadeau, il y a l’anecdote qui va avec. Ou comment Paul et moi on s’est perdus dans un marché sans aucun moyen de se contacter vu que mon téléphone venait de me lâcher et sans pouvoir rentrer à mon hôtel vu que je ne parle pas la langue locale. Donc oui, tu vas devoir attendre Khadji." L’histoire n’est sans doute pas si drôle que ça mais ce simple fait te permet de gagner quelques précieuses secondes et repousser tes problèmes encore plus loin, tandis que tu prends appui contre le distributeur avec ton bras valide, le regard légèrement perdu dans le vide. Tu ne sais même pas pourquoi vous parlez de tout ça maintenant, tu ne sais pas non plus pourquoi ta gorge semble légèrement se serrer par la même occasion. Est-ce que ce sont les souvenirs qui finissent par remonter peu à peu ? Tu ne mens pas quand tu dis que tu n’as que de très vagues échos de cette nuit-là, tu peux remercier ton cerveau d’essayer de te protéger dans un sens et t’épargner le choc. Ou alors que tu mérites le choc, histoire d’être vraiment secouer et d’avoir un déclic. Pour vraiment avancer et ne plus foncer droit dans un mur, car il est peut-être temps d’arrêter de courir. "Hmm… Je suppose que ça me fera du bien de voir un peu du dehors." Tu ne sais pas pour qui sont ces mots-là, pour toi ? Pour Yasmine ? Un peu des deux semble-t-il, car si tu as été le premier à te plaindre, et assez bruyamment il faut le dire, de ton admission, quelque part, tu en avais bien besoin. De cette pause avec toi-même, de ce semblant de paix pendant ta sempiternel bataille avec toi-même. Tu te redresses enfin, les yeux rivés sur Yasmine, décidant que tu auras ta crise existentielle à un autre moment, et tu réponds à sa dernière question. "Laisse-moi voir avant de tirer tes propres conclusions." Tu agis comme si tu avais beaucoup d'option ou que tu ne connaissais pas par cœur les choix du distributeur ; tu finis par donner à la machine quelques dollars froissés avant de choisir le fameux Mars et d’autres snacks sucrés. "Je ne sors pas avant la mi-décembre au moins, ce qui est une bonne chose crois-moi ; ma mère était déjà prête à transférer toute sa cuisine ici et célébrer les fêtes de fin d’années avec tout l’hôpital… Et non je n’exagère pas. Mais oui… j’ai hâte également." La fin de ta phrase est un léger mensonge, mais ça, elle n’a pas besoin de le savoir, tu en es persuadé. Tu préfères déchirer l’emballage du Mars et le couper en deux, lui tendant une moitié en lui lançant un clin d’œil qui n’est réservé qu’a elle désormais. Ton regard dérive enfin, sur l’heure et tu es surpris quelque part de constater l’heure avancée. "Il se fait tard, tu ne devrais pas déjà être chez toi d’ailleurs ? Non pas que je n’apprécie pas ta compagnie et non, je ne veux pas savoir qui tu as dû soudoyer pour pouvoir transgresser la règle concernant les heures de visite …" Et tu n’aimes pas te dire qu’elle pourrait s’attirer plus de problèmes à cause de toi. "Tu devrais rentrer, on sait tous que de nous deux, je suis celui qui a le plus besoin de sommeil et en plus je ne bosse pas demain, moi… Mais on se voit demain ?" La fin de ta phrase sonne comme une question et dans un sens, tu détestes cela, tu voulais être sûr de toi et c’est loin d’être le cas.
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| | | | (#)Lun 6 Jan 2020 - 20:04 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Yasmine se rendait compte que malgré les nombreuses conversations qu'ils avaient eu depuis l'admission du jeune homme à l'hôpital, ils n'avaient pas jugé nécessaire de s'attarder sur les vacances qu'il avait passé loin de Brisbane. Un peu comme s'ils savaient tous les deux que dans le fond, cette prise de distance d'Edgerton avec sa ville d'adoption était un dommage collatéral de leur dispute à la station-service. S'ils avaient fait des progrès significatifs sur le plan de la communication, il n'en restait pas moins certain qu'il y avait des sujets qui demandaient de rester sur la réserve… et puisque Yasmine était une professionnelle dans ce domaine, l'effort n'était pas bien difficile à abattre. Elle rit doucement à l'anecdote qu'il laissa filer néanmoins, oubliant en même temps de lui en vouloir de la faire mariner à propos du cadeau qu'il disait avoir pour elle. Tout aussi doucement que son rire qui finit par s'éteindre, elle marqua une pause pour mieux hocher la tête sans lui en demander davantage. C'était idiot, mais dans un même temps, elle s'aperçut qu'elle n'avait jamais osé lui demander s'il avait écouté le message qu'elle avait laissé sur son répondeur le soir de son accident. Elle avait préféré le laisser se remettre tranquillement, ne tenant pas particulièrement à ce qu'il la questionne sur les raisons pour lesquelles elle avait mis autant de temps à revenir vers lui. Ça rejoignait toutes ces petites choses que chacun d'eux n'avaient jamais relevé depuis, comme l'aveu qu'ils s'étaient faits, se disant mutuellement qu'ils s'étaient manqués. Ça non plus, Yasmine n'avait jamais osé revenir dessus, consciente que l'agitation autour d'Edge dans la salle de trauma ayant été ce qu'elle était, et que son propre état reflétant la panique qu'elle avait ressenti en le voyant aussi amoché, méritait qu'on prenne avec des pincettes tout ce qui avait été dit à l'instant-t. Pourtant, tout comme le cadeau qu'elle venait de lui faire, c'était sincère ; c'était sorti presque naturellement, sans qu'elle ne puisse l'anticiper. Chaque chose en son temps. Et pourquoi se sentait-elle obligée de penser à tout ça maintenant ? Fronçant brièvement les sourcils, elle détourna le regard un moment pour s'intéresser au maigre contenu du distributeur devant lequel ils s'étaient arrêtés. Et puis graduellement, les lèvres mordues par mauvaise manie, elle accorda au jeune homme une œillade en biais tandis que de son côté, il lui semblait soudain perdu dans ses pensées. Ça lui arrivait parfois, elle l'avait remarqué. Ça faisait partie des petites choses qu'elle avait observées ces derniers temps ; les pauses abstraites qu'il laissait peser sur leurs conversations étaient plus lourdes de sens que le reste. Elle avait encore des progrès à faire pour en déchiffrer toutes les subtilités, mais elle s'estimait déjà bien heureuse d'avoir saisi que quand il ne finissait pas une phrase, ce n'était pas uniquement pour ménager son effet. Comme pour les regards qu'il lui lançait, il y avait tout un glossaire à étudier avant de prétendre pouvoir totalement réussir à résoudre l'énigme qu'il représentait toujours un peu à ses yeux. Ce serait long, mais elle était motivée.
Aussi, elle avait beau accorder de l'importance à l'introspection, elle avait compris que dans le cas d'Edge, le laisser ruminer n'était pas un cadeau adéquat à lui faire. Alors, sans se laisser le temps de retenir son geste, elle posa une main dans son dos, le gratifiant d'une caresse rapide entre ses omoplates lorsqu'elle lui demanda, se tenant à côté de lui, la tête penchée sur le côté pour mieux capter son regard qu'elle sonda brièvement "Hey, ça va ?" Qu'il lui réponde ou pas, elle jugea qu'il n'était pas utile de lui rappeler que s'il en avait besoin à ce moment-là, il pouvait lui parler sans craindre quoi que ce soit. Elle osait espérer qu'il l'ait enfin compris après toutes ces choses qu'ils avaient échangés au cours de ces semaines passées ici. Mais si pour Edgerton, les regards et les silences étaient un langage à décoder, chez Yasmine, c'étaient davantage les gestes qu'il fallait traduire pour mieux saisir les messages muets qu'elle tentait de faire passer avec toute la discrétion qu'on lui connaissait. Là, elle laissa quelques secondes sa main sur le dos du jeune homme, tachant de lui insuffler un peu de réconfort du bout de ses doigts qu'elle glissa le long de sa colonne vertébrale, récupérant enfin sa main et reportant l'air de rien ses yeux sur le distributeur pour mieux donner l'impression qu'elle contrôlait parfaitement la situation. Sauf que ce n'était pas le cas, en témoignait la manière dont elle partagea avec lui son enthousiasme à l'idée qu'il puisse enfin sortir de l'hôpital. Elle repoussa une mèche de cheveux par-dessus sa tête. Yasmine en tritura la pointe, pour finalement la caler derrière une oreille "Dommage qu'il soit si tard, je t'aurais emmené faire une escapade sur le toit. C'est le meilleur spot de tout Brisbane, si seulement t'avais eu ton appareil sur toi…" fit-elle pour donner le change et reprendre bonne contenance dans la foulée. Elle n'y était pas montée depuis des lustres, cet endroit étant devenu le fief des internes désormais ; ils s'appropriaient tout ici sous le prétexte qu'ils étaient les médecins de demain, elle espérait ne pas devenir si condescendante en intégrant l'école de médecine – si elle l'intégrait. Toutefois, elle admettait que ça lui faisait encore quelque chose de leur rappeler qu'à une époque, le toit du St-Vincent était l'endroit investi par les élèves infirmiers pour soulager leurs pensées et admirer la vue de la ville le temps d'une pause méritée. Elle, elle avait soulagé pas mal de ses chagrins professionnels là-haut, évitant Sloan et Molly qui la rejoignaient plusieurs minutes après, respectant son mutisme jusqu'à ce le moment vienne de reprendre leur service ; quand tout devenait plus facile à supporter. Elle aussi, elle se laissa happer par ses pensées, et elle le réalisa avec quelques secondes de retard. Alors dans une profonde inspiration, elle se détourna de la vitre du distributeur sur laquelle elle finit par s'adosser pour pouvoir regarder le jeune homme. Elle le laissa prendre en mains leur dernier petit-encas de la soirée "T'as hâte de pouvoir rentrer chez toi et de retourner travailler, ou t'as juste hâte de ne plus avoir toute une équipe d'infirmières sur le dos ? Fais attention à ce que tu vas répondre." conclut-elle, laissant donc sous-entendre qu'elle se comptait dans l'équipe d'infirmières qu'elle venait de mentionner ; elle en était même la leader auto-désignée "OOOOK-OK, je crois que je viens d'avoir la réponse à ma question en vrai. Tu me chasses, ou je rêve ?" Et dans un petit rire, elle se décolla de la vitre du distributeur. S'emparant doucement de la moitié de barre chocolatée que lui tendait Edge, elle l'engouffra sans se faire prier, reprenant en même temps le chemin jusqu'à sa chambre "Hum, vaut mieux que tu ne le saches pas, je confirme. Je serais obligée d'admettre que j'ai vendu une partie de mon âme pour avoir le privilège d'être ta dernière visiteuse tous les soirs de la semaine, et comme j'ai une réputation à tenir…" Elle fit mine de sceller sa bouche avec une clef invisible qu'elle jeta par-dessus son épaule, ce qui lui laissa le temps d'avaler son chocolat par la même occasion, et de s'insuffler une petite dose de panique impromptue en songeant à sa réputation, justement ; celle qui était peu à peu en train de se détériorer auprès de ses collègues. Plutôt commodément, c'est à ce moment-là que l'infirmière Vergara fit son apparition. Déhanchée à l'angle du couloir, la tête penchée sur le côté, elle tapota sur le cadran de sa montre en remarquant Edgerton et Yasmine. Tentant de paraître sévère – Edge, lui, eut droit à un sourire trop large pour que ça ne fasse pas ouvertement rouler des yeux à la brunette –, elle fit à cette dernière "Je te laisse dire au revoir. Cinq minutes, pas une de plus… et je ne plaisante pas." Yasmine se retint très fort de ne pas lui répondre oui, maman, et donna un coup de hanche à la porte de la chambre dans laquelle elle entra. Mais elle s'arrêta avant de s'y enfoncer davantage, fronçant les sourcils à la question d'Edge vers qui elle se tourna en toupillant sur la semelle de ses tennis, un sourire en demi-teinte accroché sur le visage. Ses yeux scannèrent l'expression sur celui du jeune homme, valsant d'un point à un autre, de son front à son menton, avec une urgence mal réfrénée "Tu me poses vraiment la question ?" Depuis qu'il lui avait dit que, si elle restait dans cette chambre, c'était pour de bon, Yasmine n'avait pas dérogé à la décision qu'elle avait prise sans la regretter. De ce fait, le doute qu'elle lut furtivement sur son visage la rendit étonnamment… perplexe, elle aussi ? Pas plus d'une seconde cependant, le temps qu'elle recentralise tout son bon caractère, repoussant par la même la susceptibilité qui ne faisait définitivement pas partie de son tempérament. Elle affronta résolument son regard, et ce pendant une longue minute ; avant de cligner, et de lui répondre, récupérant ses petites affaires tout à la fois – son sac qu'elle passa en bandoulière, sa veste qu'elle noua autour de sa taille. Elle rassembla tous ses cheveux sur un côté de son épaule et enfin, elle s'approcha de lui une toute dernière fois "J'essaierai d'arriver à l'heure cette fois. Et t'inquiète pas, le message est passé à propos du thé." Elle regarda en l'air en secouant la tête de droite à gauche, faisant mine de ne pas s'être remise de cette révélation dont il entendrait parler encore longtemps. Bien obligée d'abandonner sa tentative de retarder un peu son départ en se répandant en paroles inutiles, Yasmine finit par lui demander, secrètement agacée d'être ainsi soumise à l'autorité de l'infirmière Vergara qui ne manquerait sans doute pas l'occasion de venir la chercher par la main si elle dépassait son couvre-feu "Du coup… une requête particulière à me faire avant que je m'en aille, ou je peux te souhaiter bonne nuit ?" |
| | | | (#)Lun 6 Jan 2020 - 23:32 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji Tu es, dans un sens, agacé par ta propre indécision. Ce sentiment d’insatisfaction car tu n’as pas les bonnes réponses, car tu ne peux même pas faire semblant comme d’habitude. Sans doute devant quelqu’un d’autre mais pas devant Yasmine, il te parait soudainement très important d’être honnête, tu ne sais pas pourquoi, tu sais que tu ne lui dois absolument rien et qu’elle acceptera tes silences et ce même s’ils sont longs, courts, ou même totalement inutiles. Il est certain qu’on est loin de l’image du type décontracté et en contrôle que tu renvoies la plupart du temps, c’est tout simplement épuisant de conserver cette image en permanence et ce n’est pas vraiment … toiau final. Ou juste une toute partie, une petite illusion faite pour te rassurer et juste te dire que tu peux y arriver. Te dire que si tu fais suffisamment semblant, si tu joues assez bien la comédie, tu finiras par devenir cet homme-là. Ce n’est pas vraiment le cas, ton admission est juste un mauvais retour à la case départ, et tu pourrais presque rire, faire remarquer que d’habitude, la seule personne présente pour ce genre d’écart c’est Ariel, mais pas cette fois-ci. Tu es quasiment certain que même elle ne pourra pas t’aider dans ce cas précis et il est assez déroutant de te dire que tu as perdu tous tes repères. C’est à ce moment précis que tu sens la main de Yasmine dans ton dos et que vos regards se croisent, ce n’est pas bizarre ou déplacé et tu prends une légère inspiration, inspiration qui ne semble pas venir tant tu es désarçonné par sa question. "Je…" A quand remonte la dernière fois que quelqu’un t’a posé cette question, et pas juste pour s’enquérir de ta santé physique, mais bien pour savoir ce qui se passe vraiment. Tu as envie de lui demander combien de temps l’infirmière a devant elle, il te faudrait toute une viepour tout expliquer, le courage d’une dizaine de personnes pour tout avouer et probablement verser quelques larmes pour montrer chacune des marques qui ne se retrouvent pas sur ta peau mais bien ailleurs. Tu ne finis pas ta phrase, ni la suivante d’ailleurs et tu laisses Yasmine faire la conversation pour vous deux, avec un certain talent il faut l’avouer, preuve qu’elle a l’habitude et qu’elle sait rebondir et ce même quand son interlocuteur n’est pas des plus généreux. Tu ne fais pas exprès, tout comme ce n’est pas ton intention de congédier la brune prématurément, il serait juste tellement égoïste de profiter de sa présence et de ne pas partager avec qui que ce soi, pas vrai ? Et tu n’es pas égoïste, Yasmine a bien une vie en dehors de cet hôpital, en dehors de tes problèmes et de tout ce que tu ne dis pas. Plus que tout, tu ne veux pas devenir un poids et l’entrainer vers le bas, ou dans ta chute. Ça ne serait pas juste, ni pour elle, ni pour toi. Yasmine reprend la parole, tellement naturellement que tu pourrais la féliciter, la prendre de nouveau dans tes bras et l’implorer de ne pas te lâcher. Tu n’as pas le temps de prendre une décision, vous êtes déjà interrompus et tu lances un autre sourire, très automatique et faux à la collègue de la brune, ne lui accorant que quelques secondes avant de reporter ton attention sur Yasmine et personne d’autre. C’est bien pour ça que tu n’enregistres pas du tout le moment où vous faites le chemin en sens inverse vers ta chambre, et tu n’as toujours pas répondu à la brune, toujours aussi silencieux, toujours à te demander ce qu’elle fabrique ici. Oui, c’est pour cela que tu poses la question, car il serait tellement facile de s’attacher de nouveau à Yasmine, tellement agréable de la laisser t’ancrer dans la réalité et d’être une bonne raison d’essayer. Mais la dernière fois que tu as essayé, tu t’es brûlé les ailes alors… Tu hausses un sourcil, car elle semble sur le départ et tu finis par t’éclaircir la gorge, un peu sèche et dérouté par ton propre silence. "Alors déjà pour te répondre … Le toit vraiment ? Tu sais que c’est cliché à souhait a souhait, même moi j’aurais pas osé la faire Khadji, même moi." Bien évidemment que tu vas commenter ses propres tentatives de distraction à elle, bien entendu. Si on te tend une perche tu vas la saisir. Tu finis par hausser les épaules et les prochains mots qui quittent tes lèvres sont plus que sincères. "Je ne voulais pas être aussi maladroit, c’était juste ma façon foireuse de m’inquiéter pour tes heures de sommeil ou de te demander si tu n’as pas mieux à faire que de me tenir compagnie, t’es pas obligée de le faire hein… Et oui je sais, on a déjà eu cette conversation, je sais." Tu manques de tourner la tête, de ne pas la regarder mais pourquoi pas ? Elle est là, fidèle à ses mots, à sa promesse silencieuse dans un sens et tu ne peux pas lui enlever cela. Tu n’es plus en colère comme il y a quelques jours de cela, tu n’as aucune raison de l’être, et pourtant, il y a cette agitation qui te rend nerveux et … Tu ouvres et fermes la bouche à plusieurs reprises pendant quelques secondes, débattant avec toi-même et pas sûr que ces mots là doivent être dits à voix haute. Tu finis par abandonner, vraiment, et c’est en asseyant sur le lit que tu reprends enfin la parole. "Mais je crois que tu es l’un des seules personnes qui peut un minimum comprendre ce qui se passe et non, je ne suis pas certain d’aller bien. Et je veux aller bien, je veux retrouver ma maison, les soirées avec Paul, la station de police, la salle de boxe... tout quoi… et pourtant plus j’y pense et plus je me dis que ça sera complètement impossible. C’est comme si …" Plus tu y penses et tu es terrifié, paralysé par la notion que tu pourrais tout recommencer et te retrouver de nouveau ici, dans un pire état cette fois-ci. "C’est comme s’il n’y avait pas que mon bras ou mes côtes qui s’étaient brisés ce soir-là." Et non, tu n’en as parlé à personne, beaucoup trop honteux et dans un sens fier pour faire ce genre de confessions devant qui que ce soit, pas même devant ta mère. "Donc non, je n’ai aucune hâte de partir d’ici, si tu veux tout savoir, je n’ai pas hâte de revenir à la réalité." Tu ne fixes plus Yasmine, pas depuis le début de cette tirade, mais un point quelconque au-dessus de la brune et tu te retrouves à agripper les draps pour te rappeler que tu es bien là. "Désolé… c’est pour ça que je ne parle pas d’ordinaire, je ne voulais pas plomber l’ambiance, j’apprécie que tu sois là Yasmine, vraiment, je ne m’attends pas à ce que tu me donnes de solutions magiques hein…" Car ce n’est pas sa responsabilité et que tu viens de révéler plus que tu n’en as jamais fait." You’re here, that’s what matters to me." Et prononcer cette phase-là fait du sens, c’est ça ta constante et la pensée rassurante que tu as toujours et c’est même suffisant pour faire apparaitre le début d’un sourire sur ton visage. Pour quelques secondes avant que tu finisses par avoir un éclat de rire, lui aussi tout authentique en ajoutant. "Pour que ça vaut, je crois que je suis dans le bon état d’esprit pour voir le toit."
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| | | | (#)Mar 7 Jan 2020 - 12:10 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Un sourire se dessinant au coin de ses lèvres, Yasmine pris une mine un peu mystérieuse "Tu dis ça parce que t'es jamais allé sur le toit." argua-t-elle se défendant de tomber dans le cliché… enfin de son avis à lui. Elle, elle connaissait l'effet qu'une escapade là-haut pouvait avoir sur le moral, et ça n'avait rien à avoir avec une tentative malhonnête de rendre les choses romantiques. Ils étaient dans un hôpital, l'endroit le moins approprié du monde pour ce genre de choses, il fallait bien l'avouer. Laissant sa présence s'éterniser malgré l'horloge qui continuait à tourner, et l'ombre invisible de l'infirmière Vergara qui planait au-dessus d'eux, elle retint un soupir en sentant la fin de cette soirée arriver, et tandis qu'elle couvait l'envie égoïste de rester pour empiéter sur les précieuses heures de sommeil d'Edgerton, elle se laissa surprendre par le changement de ton qu'il laissa poindre de son côté. Doucement, elle se redressa pour incliner la tête, l'expression de son visage empruntant un léger soupçon de mécontentement lorsqu'il commença à s'exprimer "Je me sens pas obligée, on a déjà eu cette…" Il termina sa phrase à sa place, la laissant simplement acquiescer pendant qu'elle continuait à le regarder, non sans ressentir un peu de culpabilité à l'idée qu'elle avait pu le froisser en s'amusant de la manière avec laquelle il l'avait congédiée. Et puis soudain, un revirement total d'atmosphère. La vague de nervosité qu'elle sentit émaner du jeune homme confirma sans qu'il n'eût besoin de continuer à parler que quelque chose n'allait pas. Son cerveau se mit à tourner vite, et le pli soucieux qui se creusa entre ses sourcils bien dessinés lui donna un air trop sévère qu'elle tenta d'adoucir aussi rapidement. S'asseyant à côté d'Edge, Yasmine le regarda plus fixement encore, prête à boire ses paroles sans l'interrompre. Il n'était pas certain d'aller bien. Il y avait tout un monde entre le supposer et l'entendre enfin le lui dire – sans détour, sans chercher à édulcorer ce qui se jouait sous sa toute nouvelle tignasse, et quelque part, elle lui était reconnaissante de ne pas lui épargner les détails de ce qu'il s'obstinait toujours à dissimuler, même après être passé si près du drame. C'était étrange, parce que même si elle était présente lors de son arrivée aux urgences, si elle l'avait vu étendu sur un brancard, le visage en sang et le corps contusionné, bien loin de l'image de roc qu'il reflétait autant par son physique que par cette façon particulière qu'il avait de s'échiner à tout relativiser, l'entendre s'épancher de cette manière, c'est ce qui l'ébranla le plus. Qu'il puisse ressentir le besoin immédiat de partager sa détresse, qu'il ne réussissait plus à la supporter, c'était très dur à envisager pour elle, mais c'était tellement nécessaire pour lui. Respectant sa promesse silencieuse de ne pas l'interrompre, Yasmine songea à une manière de l'encourager davantage, et c'est en saisissant sa main qu'elle le fit, s'agrippant à ses doigts qu'elle sentit raides sous la chaleur des siens et que très doucement, elle serra. Il ne s'en apercevait sans doute pas, pris dans l'engrenage de la dépression qui lui était tombée dessus sans s'annoncer – c'est ce que c'était, elle n'avait pas besoin d'être une experte pour poser un diagnostic comme celui-ci –, le fait qu'il verbalise les contradictions qui se jouaient dans esprit, pris entre ce que lui dictait sa mauvaise et sa bonne conscience, c'était un progrès significatif pourtant. Dans un sens, c'était tant mieux qu'il soit ici à ce moment-là ; qui sait comment il aurait été tenté de soulager tout ça s'il avait été dehors, à vouloir s'en dépêtrer par tous les moyens. Immanquablement, ça n'aurait pas été les bons, et il s'en serait voulu encore plus en n'éradiquant pas ses problèmes pour autant, les repoussant simplement ; ils viendraient le frapper encore plus fort la prochaine fois. Brièvement, le regard de la jeune femme se posa sur son bras plâtré, puis elle baissa la tête pour rassembler ses esprits, et chercher un moyen de synthétiser tout ce qu'elle aurait aimé lui dire pour le motiver à aller mieux… c'était ce qu'il souhaitait, et elle ne savait pas pourquoi exactement, peut-être était-ce la façon brute qu'il avait de partager son ressenti à ce moment-là, mais elle le croyait.
Plus encore qu'avant, poussée par leur rapprochement de ces dernières semaines, elle comprit qu'elle avait envie de l'aider ; parce qu'il avait raison, et qu'elle comprenait que trop bien cette sensation d'être prisonnier de ses émotions, et de combien il était difficile d'admettre tout ce qu'il avait su étonnamment si bien exprimer – elle, elle n'en était pas encore capable, ça viendrait ; aussi parce que c'était ce que faisaient les amis. Pour la première fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, Yasmine avait le sentiment que c'était ce qu'ils étaient en passe de devenir. "Edge, regarde-moi." lui intima-t-elle en ayant une impression de déjà-vu incommodante qui ne l'empêcha cependant pas de serrer davantage ses doigts entre les siens. Elle se tourna de trois quarts pour qu'ils soient presque en face l'un de l'autre, puis laissant reposer leurs mains dans le vague triangle que formait la jambe qu'elle avait légèrement repliée sur le matelas, se débattant elle-même avec la sensation de picotement qu'elle ressentit au fond de sa gorge lorsqu'elle pensa à ce qu'elle allait lui dire, elle finit par se lancer avec une étonnante maîtrise d'elle-même "Ce qu'il y a de bien avec les trucs brisés, c'est qu'on peut les réparer. Et m'accuse pas de tomber dans le cliché, certains sont plutôt justes, et celui-ci en particulier." Un demi-sourire flotta sur son visage en même temps qu'elle chercha son regard, inclinant le menton pour l'obliger à redresser le sien "Tu vas y arriver." affirma-t-elle sans démontrer le moindre doute, si bien qu'elle hocha la tête en même temps, ne lâchant pas la main du jeune homme ni son regard qu'elle affronta sans craindre que le sien ne se mette à briller trop fort. C'était le cas pourtant, elle ne s'en soucia pas "Ce sera pas simple, ça l'est jamais. Mais t'es un homme, pas une machine. T'as le droit d'avoir besoin qu'on t'aide, et qu'importe vers qui tu te tourneras à la fin, tant que tu te donnes les moyens d'atteindre l'objectif que tu t'es fixé, tout ira bien. C'est toi qui compte." Elle marqua une courte pause avant de reprendre, presque tout bas "Penser à toi, ça fait pas de toi quelqu'un d'égoïste, Edge. Et admettre que tu vas pas bien, ça fait pas de toi quelqu'un de faible, au contraire." C'était tellement ironique, cette façon qu'elle avait de le rassurer sur ses doutes, alors qu'elle partageait exactement les mêmes. Mais on est toujours plus tolérants avec les autres qu'avec soi-même, non ? Ça ne faisait pas d'elle une sale hypocrite, juste quelqu'un d'exigeant avec elle-même, et tant pis si elle en paierait le prix à un moment donné. Ici, la question n'était pas celle-là, et après une inspiration pour éclaircir son regard, voilé par les larmes qu'elle avait su contenir assez courageusement compte tenu de sa capacité à ressentir tout plus fort que les autres, elle reprit "Tu seras pas tout seul pour l'affronter, cette réalité. Je sais pas si t'es conscient de l'importance que t'as pour tes proches… tu crois vraiment qu'on va te laisser tomber une fois que tu seras sorti ? Fais-nous confiance." Encore une fois, elle venait de s'inclure dans le nous sans donner l'impression d'hésiter. Et elle n'hésita pas pour de vrai, continuant sur sa lancée avec ce ton qui faisait d'elle une si bonne conteuse, ménageant ses pauses avec talent, et reprenant ses respirations avec discrétion "Qu'est-ce qui te fait peur dans le fait de sortir d'ici ? Je prétends pas avoir la science infuse, mais je sais que la moitié du temps, on craint des trucs qu'on devrait pas parce qu'on pense trop. Arrête de penser, respire." Encore une fois, elle mesura l'ironie de ses paroles, mais décida de ne pas s'y appesantir, et de ne pas se juger trop fort pour lui prodiguer des conseils qu'elle-même n'appliquait plus depuis des années. À la place, elle lâcha sa main pour la poser sur la poitrine du jeune homme, à l'endroit où ses poumons se rencontraient pour l'insister à joindre le geste à la parole et à se laisser porter. Et elle aussi, elle prit une profonde inspiration, le temps de sentir la poitrine d'Edgerton gonfler sous sa paume et de confirmer, sans se démonter, ses yeux retrouvant rapidement les siens "Ouais, et j'ai pas l'intention d'aller où que ce soit. Je veux être là, tu vas devoir t'y habituer" Elle récupéra sa main pour la laisser retomber sur sa propre cuisse. La tête penchée, les paupières légèrement plissées, elle s'apprêta à se joindre à son hilarité, quand plusieurs coups contre le battant de la porte vinrent lui faire tourner la tête. Elle exprima son mécontentement par quelques jurons en arabe qu'elle ravala vite, reportant plutôt son attention sur Edge qu'elle observa un instant en silence avant de lui proposer "On... pourrait se rejoindre aux urgences, et y monter ?" Et flirter avec l'irresponsabilité au passage, au lieu de faire ça dans les règles ; de passer chez lui demain matin pour récupérer son appareil photo histoire de lui permettre de s'évader une heure ou deux devant le panorama, de s'échapper de cette chambre pour mieux se reconnecter avec cette réalité qu'il craignait tant "T'es libre de tes mouvements après tout, et si je laisse croire à Maria que je m'en vais pour de vraaaai…." L'infirmière Vergara enverrait sûrement les chiens de l'enfer à ses trousses si elle finissait par l'apprendre, mais elle s'en souciait assez peu à vrai dire. Yasmine laissa traîner la fin de sa phrase, empruntant une mine d'innocence surfaite, non moins parfaite – ce qui reflétait une expertise acquise tout au long de sa vie –, lorsqu'elle se leva enfin du lit du jeune homme. Elle replaça son sac convenablement sur son épaule en avouant dans la foulée, un petit rire pour mieux faire passer ses paroles s'échappant de ses lèvres tout en même temps "J'ai pas envie de rentrer." Parce que malgré ce qu'Edgerton pensait, sa vie en dehors des murs de cet hôpital ne méritait vraiment pas qu'elle se précipite pour la retrouver. |
| | | | (#)Dim 12 Jan 2020 - 15:19 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (fairytalesoflie) ✰ w/ @Yasmine Khadji C'est plus que certain désormais, tu n'as pas envie que Yasmine parte. Et tu n'as pas envie de la faire fuir pour autant. Tu ne sais pas vraiment où tu as trouvé le courage de soudainement être honnête, de jouer cartes sur table et dire ce qui te passe véritablement par le cœur. Car au royaume des secrets, Yasmine est sans doute une experte, mais tu joues depuis plus longtemps qu'elle, tu caches tes propres erreurs sous des couches de déni depuis des années... À jouer les idiots, à prétendre que tu ne vois, que rien ne peut t'atteindre alors que la réalité est toute autre. La réalité est tellement différente, un peu plus faussée, plus brouillonne que tout ce que tu pourrais jamais décrire et repartir de zéro serait tellement ridicule. Impossible à ton âge et pourtant... Parfois, lorsque tu fermes les yeux, tu pourrais presque t'y voir, recommencer depuis le début, être tout nouveau, ne plus avoir les souvenirs ou les cicatrices. Une technique de lâche ? Ça l'est sûrement et tu briserais beaucoup de promesses si tu décidais de fuir, ça n'est pas toi cependant, ce n'est pas dans ta nature, car perdu ou pas, tu sais ce qui fait Edge ou non, tu sais que te débattre est ta spécialité, ce que tu fais de mieux en cas de danger. Mais aujourd'hui il semble que non, là tout de suite, tu as un genou à terre, prêt à admettre que tu as essuyé une défaite, prêt à accepter la perte qui survient souvent avec. La sensation est plus que désagréable et tu sais que si Yasmine n'était pas là, physiquement là dans cette pièce avec toi, tu ne pourrais pas tenir aussi bien la mesure. L'exercice reste difficile dans tous les cas, mais elle est là, tes mots précédents sont toujours dans l'air et même dans ta bouche, ils ont un goût amer. Tu as presque envie de les reprendre, de dire à l'infirmière de ne pas te prendre au sérieux, d'oublier tout ce qu'elle vient d'entendre et juste revenir à la normale. Mais qu'est-ce que la normale pour toi ? N'est-ce pas la normale l'ennemi dans le fond ? "Hmm...?" Yasmine te demande de la regarder et les mots sont familiers, assez familiers pour que tu t'y raccroches avec tout ce qui te reste, assez familiers pour que tu écoutes la brune parler, décrire une vie qui pourrait être la tienne. Oui, son discours est un peu cliché, la métapore est un peu bancale, sauf que le plus important ce ne sont pas ses mots à elle, mais bien ses gestes. Elle est là, à te saisir à la main, à essayer de te réconforter, à essayer de te relever, à te montrer comment faire un bout du chemin pour que tu fasses l'autre partie. La question la plus logique serait: pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi avec deux ans de retard, sauf que tu connais déjà la réponse à tes propres interrogations silencieuses. Tu n'essayes plus de l’impressionner ou d'être son prince charmant, tu es toi tout simplement, avec les erreurs, les angles un peu rugueux et sans les excuses ou le sourire au bout des lèvres, et si elle choisit de rester dans ton sillage maintenant... C'est que tout n'est pas perdu. "How can you be so sure ?" Tu ne remets pas en cause sa vision, ses mots ou son jugement, tu veux simplement savoir comment elle peut parler avec autant d'affirmation, ne voir que le positif alors que toi, tu ne vois plus rien, plus rien depuis déjà des semaines. Trop perdu dans un chemin sombre que tu pensais connaitre par coeur. Ce n'est pas le cas, et le réveil plus que brutal n'est pas vraiment apprécié en fait. Plus moyen de le cacher, tout le monde peut voir que quelque chose ne tourne pas rond chez toi, ta mère, Paul, Camille, le reste de la famille... Yasmine. Plus aucun moyen de le cacher ou de le déguiser. Ton regard sombre tombe sur la main de Yasmine posée sur ta poitrine de son propre accord, tu ne sais pas quand est-ce que ton corps a décidé qu'il était important, crucial et même vital d'avoir la jeune femme aussi près de toi. Tu ne sais pas, tu t'en fiches, c'est rassurant, et tu te retrouves encore une fois à faire ce qu'elle te dicte en prenant une profonde inspiration, regardant la main de Yasmine se soulever et s'affaisser en écho parfait avec l'air que tu fais rentrer dans tes poumons. Tu en profites pour considérer sa nouvelle question, tout à fait légitime et de tout simplement hausser les épaules. "Je ne sais pas ... Tout et rien à la fois. Retomber dans les mêmes schémas, ne pas te parler tous les jours, me retrouver de nouveau ici... La liste est longue Khadji et je crois pas que j'ai plus de temps pour m'étendre. Surtout pas quand tout le monde est là pour nous rappeler l'heure qu'il est." Oui, tu as choisi ce moment précis pour exprimer tes doutes au sujet de votre relation, juste là, perdu au milieu d'une phrase, ton regard dérivant sur l'heure puis sur la brune qui s'est déjà relevée. Tu ne sais pas où vous en êtes et très sincèrement ? Ne pas savoir te convient bien, vous parlez, il n'y a pas vraiment de filtres, pas vraiment de grandes tragédies si tu lui dis quelque chose qui risque de la vexer ou qu'elle en fait de même. C'est réel, concret, honnête et exactement ce dont tu as besoin dans l'immédiat. Tu ne sais pas vraiment ce que l'infirmière en retire, mais une part de toi, la plus fière et la plus stupide il faut l'avouer, te dit qu'elle doit également y trouver son compte. Sinon comment expliquer que tout dans sa posture indique qu'elle est exactement où elle souhaite se trouver... Ou qu'elle te mette en garde. Oh tu es déjà habitué à la présence de Yasmine Khadji, la brune est bien naïve si elle pense que se passer d'elle est quelque chose de facile à faire, non, la côtoyer est quelque chose de doux et léger, un peu comme une après-midi passée au soleil à écouter le bruit des vagues. Se passer d'elle implique de retourner à l'ombre, de ne plus sentir la chaleur rassurante sur sa peau, de ne plus entendre le trémolo régulier et quasiment rythmique de l'eau... Tu as déjà dû le faire par le passé et tu n'as pas tenu, alors oui, tu sais très bien à quoi équivaut son absence et tu ne veux pas répéter l'expérience, pas du tout. "Je peux être lourd parfois. Et puis j'aime pas parler de moi, il parait que je suis bruyant et que je prends de la place, un peu comme ma voiture que personne ne semble aimer. Donc c'est toi qui va devoir t'habituer pas l'inverse." Ta façon à toi de lui dire qu'il n'est pas trop tard pour reculer ? Et que tu ne lui en voudras pas du tout si c'était le cas. Sans doute, tu te retrouves à copier les mouvements de Yasmine l'instant d'après, prêt à te rendre à votre prochaine destination. "J'ai pas envie que tu rentres." Ta réponse est automatique, te surprend quelques peu, sauf que tu ne reviens pas sur tes mots, te contentes de sourire et de plonger ton regard dans celui de la brune. "On devrait vraiment être raisonnables..." La raison arrive enfin, cela ne dure que quelques secondes, assez pour que tu remarques une mèche de cheveux qui n'est pas à sa place et que tu te penches vers Yasmine pour la replacer derrière son oreille. Un léger détail mais l'image est mieux ainsi, elle ressemble plus à... Elle. Si tu avais ton appareil photo sous la main, tu immortaliserais le moment, la mine légèrement ennuyée de la brune, le sourire qui va bientôt faire son apparition au coin de sa bouche, les quelques larmes qu'elle a au coin des yeux. Yasmine a toujours été un de tes sujets préférés, que ce soit pendant votre relation ou même après, il y a quelque chose de beau et d'énigmatique dans la façon dont tout ce qu'elle ressent peut se lire dans son expression, dans sa pose et pourtant, peu prenne vraiment le temps de la lire et de la déchiffrer. Toi ? Oh tu as toujours eu du temps à perdre alors... "Screw it, I wanna see the roof, if it doesn't cheer me up you owe me, big time." Que tu finis par déclarer, arrêtant ton propre train de pensées, car tu n'as pas ton appareil photo et songer à tous les clichés que tu pourrais prendre d'elle n'est définitivement pas saint. Tu as un geste de la main vers la porte de ta chambre, prêt à braver le réglement du St Vincent concernant les heures de visite, tu n'as jamais été un grand fan de l'autorité dans tous les cas. Cependant, vous ne semblez pas très chanceux, car à peine quelques mètres faits en dehors de ta chambre, que déjà vous croisez l'infirmière de garde, précédemment aperçue près du distributeur. "Yasmine est-ce que tu sais l'heu..." Le ton n'annonce rien de bon et tu décides de prendre les devant, littéralement, t'interposant physiquement entre Yasmine et sa collègue, cachant dans le même temps la fine silhouette de Yasmine avec la tienne beaucoup plus imposante. "Maria c'est ça ...?" Tu poses la question sur un ton léger, ton plus beau sourire de charmeur sur le visage. Il n'en faut pas plus pour qu'elle reporte toute ton attention sur toi et ton sourire s'agrandit d'autant plus. "Je crois que vous pouvez m'aider." Et oui, flirter est quelque chose d'aussi simple que de respirer pour toi, cela t'a déjà aidé à te sortir de situations encore plus délicates que celle-ci et tandis qu'elle te demande de quoi tu as besoin et comment elle peut te venir en aide, tu fais un signe, qui se veut discret, pour que Yasmine ne reste pas dans les parages. "Go. I'll meet you up there." Car il est hors de question que la brune s'attire plus d'ennuis à cause de toi; tu reportes ton attention sur sa collègue tandis qu'elle s'éloigne et tu inventes une excuse bidon pour retrouver ton chemin vers le téléphone le plus proche, vu que le tient n'a plus de batterie et il faut absolument que tu appeles ta mère avant de tomber dans les bras de Morphée. Cela t'attire quelques points de sympathie, un gloussement déguisé sous un rire et oui, il est vrai que tu es vraiment charmant et c'est assez pour l'employée oublie ce qu'elle faisait il y a quelques minutes de cela. Tu la raccompagnes même jusqu'à son bureau avant de faire le chemin vers le toit, suivant les panneaux qui indiquent le chemin. Tu retrouves Yasmine l'instant d'après, à qui tu lances un clin d'oeil et une expression qui indique clairement qu'elle ne serait pas capable de s'en sortir sans toi. "Je commence à perdre la main, ça m'a pris dix minutes au lieu de cinq pour la distraire. Pfff... je crois que c'est le plâtre, niveau glamour on repassera." Tu pousses un soupir dramatique au possible avant d'éclater de rire, te retrouvant de nouveau proche de Yasmine. "Alors quoi, je ferme les yeux et je compte jusqu'à trois ?"
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| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 20:35 | |
| ≈ ≈ ≈ {even the nights are better} crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price Yasmine pouvait se targuer d'avoir de l'intuition, et même de savoir un minimum lire entre les lignes pour caler son pas sur celui du Destin. Cependant, il n'était pas moins sûr que depuis quelques mois, elle avançait sous l'influence de la surprise. N'ayant aucune idée de comment les choses se passeraient pour elle, elle était devenue tout bonnement incapable d'anticiper quoi que ce soit. Alors d'où lui sortait cette soudaine positivité, si ce n'était de l'époque où elle était encore elle-même ? Ça la rassurait presque de se dire que, sous cet amas d'anxiété et de crises mal refoulées, la jeune femme qu'elle avait longtemps été dans le passé était encore bien présente quelque part, prête à répandre sa joie de vivre sans laisser le choix à personne, et surtout pas aux grognons de service ; elle attendait juste de pouvoir reprendre les choses en mains. De façon inattendue, ça lui fit un bien fou de retrouver celle qu'elle avait progressivement perdue depuis son agression. Elle se souvenait de son thérapeute qui l'avait accusée de se complaire dans ses troubles, la pointant du doigt pour mieux l'enfoncer, et profondément, là où ça faisait mal. Il l'avait jugé sans vergognes, la fustigeant au travers d'un diagnostic qu'elle avait refusé d'admettre. Le verdict avait été sans appel, et elle avait cessé de le voir, persuadée de pouvoir lui donner tort en gérant sa guérison toute seule comme une grande. Ça avait été désastreux et finalement, elle avait tout juste confirmé ce dont il l'avait très justement inculpée, devenant l'ombre d'elle-même, et se rendant prisonnière d'un schéma qui ne lui plaisait guère, mais qui faisait entièrement partie de son mécanisme de défense désormais. Depuis qu'elle était rentrée du Niger, Yasmine ne laissait personne s'approcher de trop près, couvant ses soucis sous une épaisse couche de déni qui lui avait déjà éclaté plusieurs fois au visage. Et ce soir encore un peu plus, car maintenant qu'elle prenait conscience, confrontée à la détresse d'Edgerton, que tout ça n'était pas un jeu, et qu'elle serait la seule à souffrir si elle s'obstinait à vouloir remporter la partie en solo, elle comprit qu'il était peut-être temps pour elle aussi de reconnaître qu'elle n'allait pas bien. Mais pas ce soir, loin d'elle l'idée de tourner la conversation de sorte à devenir le centre d'attention. Edge avait exprimé l'envie de se sentir mieux et de guérir, se montrant plus honnête qu'il ne l'avait jamais été depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Peut-être était-ce parce qu'elle se trouvait dans une situation similaire dans le fond, mais ça la touchait à un point qu'elle n'aurait pas su exprimer. Elle se retrouva avec ses certitudes ébranlées par la position de vulnérabilité dans laquelle il s'était volontairement placé, sans qu'elle n'insiste pour qu'il l'aide enfin à démêler toutes les questions qui n'avaient cessé de tourner dans son esprit depuis qu'il avait été admis ici. Yasmine le regarda sous la barrière de ses longs cils, suivant le moindre de ses mouvements avec une certaine vigilance, toute prête à le retenir s'il vacillait encore un peu. Il se croyait sans doute faible à ce moment-là, mais elle ne l'avait jamais trouvé aussi digne de la carrure qui faisait de lui l'homme impressionnant qui avait su la séduire, et bien qu'elle avait toujours eu beaucoup d'affection pour lui, elle sentit s'ajouter une sorte d'admiration à laquelle elle n'essaierait pas d'échapper, sous aucun prétexte.
Yasmine n'était, en fait, sûre de rien. Elle aurait dû le lui avouer, mais elle choisit de rester silencieuse néanmoins, haussant un peu les épaules en laissant un vague sourire flotter sur son visage. La vérité c'était qu'elle redoutait tellement l'idée de le revoir encore une fois aussi mal en point qu'elle parvenait à nourrir la toute nouvelle certitude qu'avec de l'aide, tout irait bien, et que ce serait irrémédiable. Elle avait besoin d'y croire, et elle y croyait chaque seconde un peu plus. Il avait beau lui avoir reproché ses incessantes promesses, elle se connaissait assez bien pour deviner que, même si elle ne se la faisait qu'à elle-même cette fois, elle ne bougerait pas jusqu'à ce qu'il lui dise textuellement qu'il est plus heureux que le soir où il avait dépassé le sas des urgences sur un brancard. Quelque part, ça la réconfortait de conclure en elle-même que le pire était passé. Et bientôt, ça deviendrait sa constante à elle ; d'être présente pour attester de ses progrès, de lui tenir la main en cas de moins bien… en plus, ça confirmerait définitivement son intention de ne plus jamais le laisser gérer tout ça tout seul. "Tu vois, tu penses trop. Je t'ai dit que je restais. Ma parole ne s'autodétruira pas quand tu sortiras de cet hôpital et non, c'est pas une promesse." tint-elle à préciser avec une pointe de mauvaise foi, les sourcils haussés, avant qu'il ne soit tenté de secrètement lui reprocher de renouer avec ses anciennes mauvaises habitudes. Si elle ne pouvait pas le rassurer complètement sur le reste, elle pouvait au moins partager avec lui ce sur quoi elle avait mentalement potassé en pensant à sa sortie imminente de l'hôpital. Le tout en lui faisant croire qu'elle ne le redoutait pas un peu non plus, alors qu'elle avait passé la nuit dernière à se poser des questions à propos de tout ça. Mais bizarrement, en faisant lui aussi comme s'il ne s'agissait que d'une entrée de plus sur la liste de ses craintes, il venait de la rassurer pour de bon sur la manière dont ils mèneraient la suite "Je dors peu, Edge. Et je sais pas si t'es au courant mais, même si on se verra sans doute pas aussi souvent, ils ont sorti un tout nouveau truc qui s'appelle le téléphone. Tu devrais te renseigner, ça pourrait nous être utile." Et elle se croyait maline en plus de ça. Rien qu'une seconde cela dit, car tout de suite après, le rappel de son couvre-feu la fit gentiment fulminer. Elle se leva en frottant ses mains l'une contre l'autre, soucieuse de chasser le picotement ressenti au creux de celle qu'elle avait posé sur la poitrine du jeune homme, et qu'elle finit par se passer dans les cheveux. Evidemment, elle grimaça à la mention de sa voiture "Je suis sûre que si tu me laissais la conduire au moins une fois, je la détesterais moins…" laissa-t-elle traîner, arquant un sourcil en prenant sens de la fin de sa phrase, et affrontant son regard en espérant paraître assez déterminée pour qu'il ne remarque pas les larmes qu'elle avait retenu durant sa confession "On verra qui flanchera le premier. Je suis super motivée, tu diras pas que je t'ai pas prévenu." Et un rire s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle caressait l'idée de vraiment l'emmener sur le toit, et que dans la foulée, elle lui avoua ne pas avoir envie de rentrer chez elle. Qu'il lui réponde aussi automatiquement la fit marquer un temps qui lui permit de concentrer son regard sur plusieurs parcelles de son visage à la fois, alors qu'elle s'accrochait à la bandoulière de son sac comme si elle redoutait que ses mains ne s'activent d'elles-mêmes encore une fois. N'était-ce pas toujours le cas quand elle se trouvait dans cette chambre ? Elle ne se laissa pas le temps de répondre mentalement à cette question, puisque c'est la main d'Edge qui s'aventura près de son visage. L'espace d'un instant, elle perdit le fil de la conversation, et ses doigts se raffermirent autour de la bandoulière de son sac… avant qu'elle ne se mette à cligner des paupières pour s'ancrer à nouveau dans l'instant présent, et qu'elle lui dise, presque dans un murmure, un sourire naissant timidement au coin de sa bouche "J'ai été raisonnable toute ma vie, Edge." A un point qu'il n'imaginait sans doute pas d'ailleurs, inutile de lui dérouler les chapitres du livre de la petite vie tranquille de Yasmine Khadji. Elle rentra la tête dans ses épaules, fermant un œil en ajoutant sur le même ton "Et entre nous, j'ai passé l'âge de me faire chaperonner. On risque pas grand-choooose…" Encore une fois, elle laissa traîner… puis elle bondit tout doucement sur ses pieds quand il accepta enfin, poussant le cliché de la victoire en serrant les poings tout en sautillant jusqu'à la porte qu'elle ouvrit rapidement, un peu comme si elle craignait qu'il change d'avis. Elle retrouva vite son sérieux pour lui dire, un pied à l'extérieur de la chambre "Oh, prends un pull, ça souffle là-haut."
*** Pas tant que ça, finalement. Yasmine avait laissé Edge gérer l'infirmière Vergara sans émettre le moindre commentaire, soudainement trop extatique pour appréhender la bonne femme qui s'était fait avoir comme une débutante. Elle ne la blâmait pas, elle avait été à sa place autrefois. Il arrivait même que parfois, elle se laisse encore avoir… à croire qu'on ne s'y faisait jamais vraiment à Edgerton (Samuel) Price. Pour l'heure, elle avait rejoint le toit de l'hôpital à une vitesse ahurissante, portée par le moment, et par l'envie prégnante d'emmener le jeune homme dans cet endroit qu'elle lui avait vendu comme le bol d'air dont il avait besoin. Définitivement non, elle ne blâmerait pas Maria. A cet instant-là, elle aussi avait l'impression de ne rien être d'autre qu'une débutante. Un sentiment étrange, mais loin d'être désagréable, avait remplacé les nœuds qui remplissaient son ventre d'ordinaire. Se contraignant à réguler sa respiration après avoir monté la dernière volée de marches deux-par-deux, elle alla vérifier qu'aucun interne ne s'était réfugié là-bas, tachant de garder bonne contenance en ne donnant pas trop l'air de se réjouir de cette sortie improvisée. Elle fût rassurée de constater qu'il n'y avait rien à signaler en faisant le tour, et décida d'anticiper la fraîcheur toute relative de l'air du soir en enfonçant le bas de son t-shirt dans son pantalon. C'était incroyable l'évolution notoire de son humeur depuis la fin de son service ; la fatigue qui l'avait terrassée un peu plus tôt semblait avoir disparu. Dans un même temps, elle pouvait espérer que le contre-coup de toutes ces émotions contradictoires lui donnerait droit à un sommeil instantané et sans rêve… du moins, une fois qu'elle consentirait à rentrer chez elle. Mais encore une fois, c'était loin de faire partie de ses projets immédiats. Elle s'apprêtait à coincer résolument ses cheveux derrière ses oreilles lorsque le jeune homme fit son apparition. Un sourire vint remonter ses pommettes, mais elle se somma de vite reprendre son sérieux, le pointant du doigt en lui répondant sans avoir besoin de préparer sa rhétorique "C'est pas le plâtre, c'est le t-shirt." Et l'expression pleine de fausse conviction, elle n'attendit pas qu'il s'approche plus près. Yasmine le guida par le poignet jusqu'à la porte qu'elle ouvrit doucement en lui disant, se positionnant en face-à-face pour pouvoir marcher à reculons "Ça, ce sera pour notre prochain rendez-vous. T'as le droit de regarder." Et d'apprécier la vue d'une Brisbane plongée dans une obscurité sommaire.
La nuit, elle semblait plus éveillée encore que le jour, jouissant de couleur plus criardes, tout en contraste avec le ciel d'encre. La lumière des buildings redessinait les étages qu'ils connaissaient pourtant, mais qui semblaient si différents sous cet éclairage, tant est si bien que ça faisait disparaître les rares étoiles qui parsemaient la toile qui s'étendait au-dessus de leurs têtes. Le Story Bridge était visible d'ici, serpentant dans la nuit pendant que les bruits de la ville leur parvenaient comme étouffés à cette toute petite altitude. Une bulle à ciel ouvert, c'était rare et précieux, et encore une fois, elle pensa à toutes ces fois où elle avait pleuré ici, protégée de tout. A l'exception des membres du personnel, elle doutait qu'aucun patient ne soit déjà monté ici, ce qui faisait d'Edge un privilégié… sur plusieurs points d'ailleurs, mais sans doute qu'il ne s'en rendait pas tout à fait compte, et elle décida de ne pas le lui faire savoir. Pas encore, en tout cas. Il faisait peut-être lourd dehors, l'atmosphère souffrant des mois de sécheresse dans la région, mais aussi des résidus de fumée qui faisaient malheureusement partie du décor désormais, l'air tiède qui frôla ses bras lui fit du bien. Progressivement, comme si elle savourait cette sortie au grand air, elle inspira ; bien mieux que ces derniers mois, même si c'était toujours un peu douloureux de le faire trop profondément. Elle lâcha le poignet du jeune homme, s'enfonçant davantage sur le toit. Elle traversa, presque en gambadant, l'héliport du St-Vincent pour aller s'asseoir en tailleur sur le bord d'une cheminée condamnée. Après avoir resserré sa veste autour de ses hanches, et posé son sac au sol, elle prit la responsabilité de rompre le silence environnant en lui demandant avec un tout petit sourire "Tu m'en parleras encore si tu continues à douter d'aller bien ?" Comme s'ils ne s'étaient pas interrompus dans leur conversation, elle exprima ce à quoi elle avait pensé en montant jusqu'ici. L'invitant à venir s'asseoir par une petite tape sur la place restée vide à côté d'elle, elle suivit béatement son avancée jusqu'à elle, la tête levée dans sa direction "Je suis pas obligée de connaître tous les détails, je te forcerai jamais à quoi que ce soit. Mais comme je suis pas toujours certaine de réussir à te déchiffrer comme il faut…" Elle se mordit brièvement la lèvre pour retenir un nouveau sourire. Elle était moins gênée qu'elle ne l'avait pensé d'avouer à voix haute qu'il avait pris des airs de grands mystères à ses yeux. Mais même si elle était plutôt à l'aise, elle détourna la tête pour fixer le panorama au lieu de le fixer lui. Juste le temps de rassembler ses pensées, et elle tourna la tête de l'autre côté pour le regarder de nouveau, et ajouter tout doucement "J'aimerais juste savoir quand t'as besoin de penser à autre chose, ou quand t'as besoin de parler sans être interrompu. Vraiment." Elle opina pour appuyer ses paroles, le regardant toujours, et se faisant peu à peu à cette toute nouvelle habitude qu'elle avait prise de ne pas uniquement s'arrêter sur ses prunelles ; peut-être qu'elle se risqua à accorder une furtive œillade à sa bouche, mais elle n'en fût pas certaine, toute occupée à reprendre la parole "C'est valable maintenant, et ce sera toujours valable quand tu sortiras d'ici... je donne rarement de date limite à ce genre de choses, tu sais. Tu peux considérer que je t'offre mon amitié pour une durée indéterminée, fais-en bon usage." C'était la soirée des cadeaux, visiblement. Et pendant une courte minute, elle verrouilla son regard au sien, suffisamment longtemps toutefois pour qu'au-delà de ses paroles, il puisse enregistrer qu'elle était – et qu'elle serait – là, point. Un petit rire se faufila au travers de cet échange de regards, et elle s'obligea à lever les yeux pour s'intéresser au ciel dégagé "Et juste pour que tu saches, je t'ai jamais trouvé trop bruyant. Au contraire, j'aime plutôt ça… t'écouter parler, je veux dire." termina-t-elle avant de baisser le menton pour mieux le pousser très légèrement avec son épaule. Yasmine marqua une pause inutile et enfin, elle demanda une dernière fois, désignant la vue d'un signe de tête, sans pour autant quitter Edgerton des yeux "Alors, verdict ?" |
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