Ça fait des années que je n'aime plus fêter Noël. En vrai, ce qu'en faisant la connaissance de Sybbie et Ambroise il y a quatre ans de cela que j'ai repris goût à cette fête. Depuis 2004, Noël n'est plus synonyme de fêtes et bonheur mais est plutôt une source de stress, d'horreur et d'incertitude. Même si ça fait 15 ans que ma famille et moi-même avons survécu au tsunami de Thaïlande, il reste toutefois un certain traumatisme contre lequel aucun de nous ne peux faire face. Et c'est normal, naturel presque même. Depuis que je me suis rendu compte que jamais je ne pourrais effacé totalement totalement ce trauma, je me sens bien plus léger et j'arrive à y faire face avec bien plus de facilité. Cela fait donc au moins trois ans qu'Ambroise, Sybbie et moi fêtons Noël ensemble. Malheureusement l'année dernière une autre chose s'est greffé sur le traumatisme de la catastrophe naturelle : le burn out, pour ma part et la malade de mon meilleur ami pour lui. Un an après, je vais mieux -malgré la rupture du tendon d'achille qui m'a tenu loin de la scène (et qui me tiendra loins encore jusqu'à l'année prochaine) – et Ambroise semble avoir comprit qu'il ne pouvait définitivement pas rester seul en Ecosse. Alors ils nous a invité à l'y rejoindre pour les fêtes et ça, il ne fallait pas nous le dire deux fois à Sybbie et moi ! D'un commun accord nous avons décidé qu'une seule semaine ne serait pas assez longues pour le temps de trajets.
Ainsi nous avons décidé de prendre trois semaines. Une avant noël, une entre noël et nouvel an que nous passeront avec Ambroise et une troisième après Nouvel an. Le tout ponctuer d'un roadtrip afin d'atteindre Inverness -où Ambroise de trouve- et un autre pour retourner à Edinbourg où nous atterrissons et où nous décollerons.
C'est précisément là où nous nous trouvons, Sybille et moi, dans cette ville, face au château entrain de délibérer si oui ou non nous devrions payer pour faire une visite. Moi je n'en ai pas envie, mais Sybbie est persuadé qu'un peu de culture ne pourrait pas me faire de mal. En vrai, moi, tout ce qui m'intéresse c'est voir la pièce de théâtre ce soir et le billet avait déjà un prix assez conséquent. Aussi, ce n'est pas tant l'histoire financière qui me gêne, mais c'est surtout le fait que j'en ai quasiment rien à faire du côté médiéval de la ville. Sauf que Sybbie elle fait sortir son côté manipulateur à coup de 'j'ai accepté de venir avec toi au théâtre ce soir donc tu viens avec moi au Château'. Et au final, elle a le dernier mot car, avouons-le, je ne peux, malheureusement, rien lui refuser.
«franchement, ça a intêret à être bon parce que 20£ ça fait mal au cul quand même » marmonnais-je alors que je sais parfaitement que je ferais mieux de me taire étant donné que les billets pour la pièce de théâtre s'élevaient à plus de 40£. Enfin, chacun son truc, non ? Ce n'est que le deuxième jour que nous sommes ici, dans ce pays froid et pluvieux, je connais rien et ne comprends rien ni personne, alors autant ne pas me prendre la tête avec la seule personne qui connaît bien la vie dans ce pays, non ? Docile, je suis donc Sybbie, m'avançant avec elle dans les dédales des couloirs du château, bien décidé d'apprécier la visite.
Laisser derrière eux la chaleur australienne de cette fin d’année, pour passer à la fraîcheur européenne était l’une des idées les plus excitantes de toutes ces dernières années pour la jeune MacLeod. Passer d’une chaleur agréable, solaire à la fraîcheur humide d’un pays à l’autre bout de la planète, elle n’en voyait que des avantages. Les deux colocataires allaient surtout profiter d’un bain de fraîcheur, au sens propre comme au sens figuré. Cela faisait déjà une petite paire d’années déjà que ça ne lui était pas arrivé de passer les fêtes de fin d’années, dont la nouvelle année, en Écosse. Évidemment, c’était également prévisible : cette idée l’avait tellement ravie qu’elle n’avait pas su se contenir. Se retenir d’en parler pendant des semaines, prévoyant et planifiant des centaines de plans les plus loufoques les uns comme les autres, c’était beaucoup pour Sybbie.
La jeune australienne avait fait défiler les heures de vol à l’aide de quelques musiques, épuisant ses playlists favorites, mais aussi à l’aide de quelques épisodes de ses séries préférées, ne pouvant pas se retenir d’exploser de rire à certaines blagues d’une sitcom alors même que le vol était complet. Elle avait également agrémenté ce trajet en agaçant Clément de ses anecdotes sur son pays préféré qu’était l’Écosse, dont la plupart impliquait des anecdotes familiales, et donc évidemment les jumeaux MacLeod.
Sybbie renforce son bonnet afin de couvrir ses oreilles, prenant le soin de remettre soigneusement sa mèche de cheveux qui lui cachait ses yeux verts. Des semaines qu’elle n’avait pas sorti cette veste, elle en avait profité aussi pour mettre à nouveau ses Doc Martens. Tout ça lui donnait un véritable air de touriste qu’elle n'assume pas vraiment, mais dont elle ne pouvait se passer pour supporter cette journée glaciale. Une certaine fraîcheur dont elle avait oublié avec les années, mais qu’elle n’oserait jamais avouer à son meilleur ami sous peine de ‘j’te l’avais dis’. Autour de son cou pend son appareil photo, emmitouflé lui aussi dans une pochette aux couleurs écarlates, n’attendant que de prendre des clichés en mode rafale. La jeune australienne avait pris soin de s’acheter deux cartes mémoire pour toutes les photos qu’elle prendrait durant leur séjour, et elle savait à l’avance qu’elle les remplirait toutes les deux sans aucune honte. Toujours avec une certaine fierté de pouvoir mettre les pieds à nouveau dans son pays, elle ne s’était jamais montrée aussi excitée à l’idée d’un voyage. Plus excitée que jamais, et donc, plus agaçante que jamais.
Elle avance d’un pas décidé vers ce château, comme si aucune peur ne pouvait la traverser, comme si une immense aura de sûreté la gardait hors de toute catastrophe. Les pavés au sol ne la faisaient pas flancher, bien au contraire. Même le froid n'entache en rien son humeur, et elle s’en serait même vanté : le style médiéval lui sied même au teint. Son humeur ravie tenait aussi du fait qu’elle retrouverait son frère pendant ce séjour, et c’était surement la meilleure nouvelle qu’elle avait eu depuis le départ de ce dernier. Compter les semaines et les mois depuis cette date était devenu un toc, dont elle n’arrivait pas à se séparer. Même si elle se retenait de ne pas en parler à toutes les sauces à Clément, ça lui démangeait de le retrouver.
Clément était d’une humeur qui le caractérisait bien, suite à la capitulation du débat ‘château ou pas château’ qu’elle avait évidemment gagné haut la main, mais dont elle ne s’en vantait pas sous peine de le perdre et de devoir faire la visite seule, sans le Clément grognon à lequel elle lance un immense sourire. « Ce qui va te faire mal au cul, c’est pas le prix, c’est mon coup de pied. » Le deal était simple. Clément acceptait de faire cette visite si en contre-partie ils se rendaient au spectacle qui lui faisait de l’œil au soir. Pour une fois qu’elle n’avait pas besoin d’user plus de stratagèmes que prévu, elle avait accepté directement. L’idée de la pièce de théâtre l’excitait presque autant que lui, mais elle n’allait pas lui dire. De toute façon, passer autant de temps avec Clément, en dehors de toute collocation, pendant trois semaines, loin de Brisbane, la rendait toute heureuse. C’était surement leur meilleure idée de s’être planifié ce séjour. « J’en suis certaine, tu diras plus ça quand tu verras la vue qu’on a de là haut. » Persuadée de son argument, elle montre du doigt une partie surélevée du château, dont elle languit déjà de faire des photos. Sybille en profite pour s’arrêter en plein chemin, voyant qu’aucun touriste n’entache la vue, faisant que Clément lui rentre dedans. Elle en profite pour prendre une photo (voir trois) de son appareil, mais aussi de son smartphone, pour l’envoyer plus tard à Ambroise. Pour finir, elle se tourne vers Clément, se dépêchant d'ajouter quelques mots pour qu'il ne râle pas parce qu'elle n'avance pas assez rapidement, mais surtout qu'elle s'arrête toutes les trentes secondes. « Alleeeer, profite, Clem' ! », avant de lui pincer les joues et de lui élargir un sourire. Sybille se retourne aussi rapidement, et avance d'un pas décidé vers l'une des entrées du chateau, se retenant de prendre en photo les détails fortifiés. Fort heureusement, les quelques touristes qui avaient eu la même idée prenaient des chemins différents. Elle craignait qu'ils se fassent embarquer dans un groupe, mais ils pourraient apparemment profiter entre eux de cette escapade.
La première chose que j'ai fait lorsque nous avons débarqué en Ecosse, a été d'acheter un bonnet bien chaud ainsi qu'une écharpe. Sybbie m'avait certes prévenu qu'il risquerait de faire froid en ce moment à Edinburgh et j'ai, mine de rien, encore gardé des affaires chaudes de mon temps Néo Zélandais. Mais j'avais beau fouillé partout, j'avais retourner l'appartement sans dessus dessous, je n'ai pas pu remettre la main sur ce foutu bonnet. Si j'avais eu encore ma masse capillaire d'il y a quelques semaines, je n'aurais peut-être pas été aussi frileux, mais avec les cheveux rasés par les bons soins de Léo, je sens que je risque d'avoir très vite très froid.
Arrêté aux côtés d'une Sybbie aux allures de touriste, j'ai l'impression de faire tâche. Une tâche absolument pas préparée. Alors que ma meilleure ami est là avec son sac à dos plein de snacks et une bouteille d'eau ainsi que son appareil photo et de bonnes chaussures de marche, j'ai à peine glisser mon portable -qui, au final, ne me sert pas à grand chose car je n'ai pas de réseau ici- et mon porte feuille dans mes poches avec l'excuse que « ça suffira déjà ». Sauf que je suis bien content que Sybbie soit si bien organisé. Je ne l'avouerais jamais, mais j'apprécie beaucoup les quelques gâteaux et l'eau quelle me fournie en cas de besoin.
Je suis aussi persuadé que je vais apprécié la visite du château en bonne et due forme, mais, encore une fois, j'ai pas forcément envie de l'avouer. C'est totalement con et cent pour cent idiot, mais c'est comme ça. Je roule théâtralement des yeux lorsque la jeune femme me dit que ce qui me fera le plus mal au cul ce ne sera pas le prix mais bel et bien son coup de pied, et secoue la tête, en pouvant, toutefois, pas empêcher un sourire amusé venir se greffer sur mon visage. « Ou peut-être le comédien que je rencontrerais ce soir » dis-je avec un sacré sous entendu en observant Sybbie avec un haussement de sourcil malicieux et significatif.
Nous finissons par entrer dans l'enceinte du château où ma partenaire de route vient se planter devant moi, me fixe, puis attrape mes joues entre ses doigts et m'obliger à élargir mon sourire « Mais arrête !» grognais-je en repoussant ses mains. Grimaçant, je me masse les joues puis secoue la tête « ça va, ça va j'ai compris» dis-je en enfonçant mes mains dans les poches de ma veste «Allez vas-y, passe devant, je te suis »
Nous nous mettons ensuite en route vers le sens de la visite. Au final, c'est intéressant, mais pas assez. Ainsi donc, je décide de remettre au goût du jour le jeu que Sybbie et moi faisions régulièrement il y a quelques temps. « Syb'» l'interpellais-je en la rattrapant «Je crois que le sol c'est de la lave » soufflais-je à son oreille. Mais. Quel. Jeu. De merde, que celui de devoir trouver un perchoir dans les prochaines secondes. En vrai c'est Sybbie elle-même qui m'a initié à ce jeu idiot et je dois avouer qu'elle m'a sorti cette phrase dans des endroits pas possible. Alors autant lui rendre la pareille cette fois-ci ! Une lueur de défis dans le regard, je l'observe, bien intéressé par comment elle va réussir à s'en sortir aujourd'hui.
Quand bien même la plaisanterie de Clément sur un possible comédien qu’il rencontrerait ce soir a l’exploit de lui arracher un certain rictus, Sybille n’avait pas pu s’empêcher de lui sortir un « Merci pour les détails, je vais vomir. », agrémenté d’un visage désespéré lui étant destiné. Mais au final, l’idée était plutôt séduisante, du moins, celle de le voir aller de l’avant, assez rassurant.
C’est alors qu’elle commençait à apprécier les détails des murs anciens, ne sachant plus sur quoi s’arrêter, que son meilleur ami ne peut s’empêcher de lui lancer ce défi. Elle se retourne vers lui, prête à entendre qu’il déconnait et qu’ils pouvaient continuer la visite. A son habitude, tout peut se lire sur le visage de la jeune australienne, qui d’un air ahuri hausse les épaules. «C’est une blague ? » plongeant son regard dans le sien, cette fois ci avec une mine intriguée. « Tu déconnes, c’est pas légal, on est même pas en - » Australie ? La lave n’était brûlante qu’à Brisbane ? Espérant que ce jeu s'achève dès qu'une frontière est traversée. S’activant en moins de deux secondes, baissant les bras devant le sourcils arqué de Clément qui attestait qu’en effet : ce n’était pas une blague. Le côté compétitif de la jeune australienne était à tout épreuve et lui avait donné ce (coup de fouet?) dont elle avait besoin pour s’activer. Ni une ni deux, ses yeux se tournent désormais vers les endroits improbables, perdant de vue les recoins décorés. Alors qu’elle cherchait auparavant du regard les moulures du plafond, s’attardant sur une architecture étrangère et pourtant familière, elle se tournait désormais vers les marches et endroits surélevés. « C'est vraiment pas cool … » Elle tourne sur elle même, cherchant du regard un pauvre petit coin surélevé pour se sauver de cette lave fictive. Faisant plusieurs tours sur elle même, ses cheveux volent tellement elle s’active. La jeune brune, des idées pleins la tête, court vers cette armure à quelques mètres d’eux, s’arrêtant net devant celle ci « Bordel ! » Mauvaise pioche, mauvaise idée. Celle de se suspendre à celle ci, même si elle était plutôt séduisante, leur vaudrait un aller simple en garde à vue. Et comment expliquer à la sécurité de ce lieu protégé qu’une lave l’avait obligée à se suspendre à cette armure sans défense. Il fallait qu’elle se dépêche, qu’elle soit rapide. « Vite, vite, vite ! », se parlant à elle même (ce qui n’est pas rare), voyant les secondes s’écouler, cette dernière voyait bien que Clément était prêt à lui dire qu’elle avait perdu. Et c’était tout bonnement inacceptable.
Sybbie se retourne et c’est dans une humeur presque désespérée qu’elle trouve cette rampe d’escalier moderne destinée aux visiteurs devant ses yeux, et n’hésite pas une seule seconde afin de s’y ruer dessus. Dans la course, elle décide de se séparer de son appareil photo, qu’elle laisse derrière elle, l’accrochant au cou de Clément presque brutalement dans cette course, et se rue ensuite vers cette rampe presque créée pour elle et l’occasion. Elle arrive à monter non sans peine sur cette dernière, essayant de se tenir de sa petite poigne, mais comptant sur les jambes pour ne pas tomber de celle-ci. Voyant Clément, de son côté, aussi joueur qu’elle, elle ne peut s'empêcher d’éclater de rire devant cette situation grotesque dans laquelle il l’avait mise et dont il avait l’air assez fier. Sybille relève la tête, se tenant de toutes ses forces pour ne pas tomber. Fort heureusement, il y avait trois points positifs. Le premier, c’est que personne n’allait utiliser cette rampe car ils étaient seuls pour le moment. Deuxième fois positif, c’était que justement, seuls, elle n’aurait pas honte devant qui que ce soit. Elle en était rassurée, sachant qu’ils se seraient fait jugé par les autres touristes, jugeant leurs acrobaties comme puériles. (et ils n’auraient pas eu tort). Troisième point, c’était qu’elle avait réussi à s’en sortir. (tant bien que mal). «J’respire … plus. », a bout de souffle, le visage virant trop rapidement au rouge pour pouvoir tenir quelques secondes supplémentaires, elle sentait ses mains glisser. « Si tu m’avais dis que nos séances de sport, c’était pour ça, je pense que j’aurai pu être plus attentive … », terminant par une petite chute amortie, ne sachant pas tenir plus longtemps au dessus de la ‘lave’. Un immense soupir, presque rassurée de s’en être sortie, elle relève la tête vers le comédien bien fier de lui.
Une des passions dans ma vie c’est d’embêter Sybbie. Autant en lui disant des choses crues comme l’histoire de l’éventuel comédien que je pourrais rencontrer –la réponse de ma meilleure amie m’arrache un ricanement idiot- qu’en lui lançant un défi à la con. Non, ce jeu que nous avons instauré et auquel nous jouons lorsque l’un de nous s’emmerde de trop, il ne s’arrête pas à la frontière comme le ferait le nuage toxique de Tchernobyl. Au contraire, il nous accompagne partout où nous allons, et donc aussi dans le château d’Edinburgh. Bien sûr, lorsque je mets Sybille au défi ça sort de nulle part, mais c’est bien ça qui est marrant, non ? De la surprendre au point qu’elle panique afin de perdre de précieuses secondes.
Je l’observe tourner sur elle-même, le regard allant partout afin de trouver le perchoir adéquat. Et, histoire de l’embrouiller encore plus et appuyer d’avantage sur sa panique, je commence tout doucement à compter de 0 à 5. Elle sait que si j’atteins les 5 avant qu’elle n’ait pu se percher quelque part où ses pieds ne touchent pas le sol, elle devra me payer une bière (ou autre chose de gouteux). Je la suis donc alors qu’elle court dans la salle, cherchant le meilleur endroit en hauteur avant de finalement jeter son dévolu sur une rambarde non authentique.
J’avoue être un peu déçu sur le coup, mais voir mon amie galérer à rester percher là-dessus me fait bien rapidement oublier la déception qui laisse place au grand amusement. J’éclate de rire, me moquant sincèrement de Sybbie et sa façon maladroite pour se tenir en équilibre sur la rambarde, avant de lever les mains au ciel « J’ai bien cru que tu avais perdu de ta vivacité !» m’exclamais-je avant de pouffer de rire et la rejoindre alors qu’elle se plaint de ne plus pouvoir respirer «Eh quand j’te dis que mes entraînements à la salle de sport peuvent porter ses fruits c’est justement pour ça, pour t’éviter de perdre ton souffle quand tu essaie de faire des acrobaties » j’hausse les épaules «Si tu m’avais accompagné plus régulièrement t’aurais pas eu tant de mal hein » je me rigole doucement et lui redonne son appareil photo « Note-toi bien pour la nouvelle année : suivre les séances de sport de Clément avec plus d’assiduité» je me penche vers Sybbie et pose une main sur son épaule « Comme ça, quand on ira en Thaïlande l’année prochaine et que je te fait le coup dans un Temple, t’auras pas de mal à aller escalader le grand buddha» rayais-je avec amusement.
Après une bonne dose de rire qui nous fait beaucoup de bien au moral, nous continuons notre visite et je parviens à sortir du château sans que Sybbie ne me lance un quelconque autre défi de merde. Toutefois, je la connais, elle va sans doute trouver le pire moment du monde pour prendre sa revanche. Mais elle fait ce qu’elle veut, je sais que je suis près !
Immédiatement séduite par l’architecture et la beauté glacée de ces lieux, la jeune Sybille ne pouvait en ressortir que satisfaite, et à son habitude : avec le sourire aux lèvres. Dans sa tête se baladent les photos qu’elle a prise, et dont elle a déjà hâte de trier ou même de retoucher. Elle referme sa veste à nouveau, zippée jusqu’à ne plus apercevoir un seul centimètre de sa peau, qui pourrait faire apercevoir son cou. Cou bien caché derrière plusieurs couches, et qui ne devrait craindre rien du tout. Une précaution qu’elle avait pris dès les premières minutes après avoir mis un seul et unique pas dans ce pays, au risque de devoir s’ingurgiter des litres de sirops contre la toux, ce qu’elle n’arrive jamais à éviter en général. Pourtant peu frileuse en règle générale, c’était différent cette fois-ci. Emmitouflée, elle remet en place son appareil photo qui commençait déjà à vouloir danser autour de son coup. Elle jette un regard vers Clément.
« Ok, partante. Alors, première résolution pour 2020 : plus de sport ! 'Fin. Plus de sport avec Clément. Noté. » Elle fait semblant de croiser les doigts derrière son dos avant d'en rigoler. « Et juste après, une séance Ben & Jerry's devant Netflix. Vital. » La jeune brunette en rigole à nouveau, tout de même séduite par l'idée de la Thaïlande. Les séances avec Clément était d'ailleurs tellement agréables qu'elle en avait prit goût, ce qui était quasiment impensable. « Mais sinon, ça t’a plu ? » lance-t-elle vers Clément, d’un ton plus que joyeux, et d’un signe de tête pour l'interpeller. Un sourire en coin et se souvenant d’une certaine péripétie, elle lui aurait bien balancé que le fait de se retrouver sur la rampe n’avait pas été une nouvelle qui avait entaché sur sa visite. Elle pensait déjà à sa vengeance, qui serait bien évidemment planifiée. « Moi en tout cas : oui, grave ! C’était … -pff ! », le coupant avant même qu’il puisse répondre, et sans même que ce dernier lui pose la question, appuyant ses propos par des gestes de la main, que l’on pourrait juger ceux-ci sur une imitation d’une explosion. Une explosion de bonheur, bien sur, et elle enchaînait encore. « J’me doutais bien que t’aurais adoré ! T’as été séduit. » Elle se passe une main dans les cheveux mais termine par le pointer de l’index. « Non ! Ne me dit pas le contraire ! », avant de lâcher un petit rire. Il n’avait pas le choix, après tout. « Je sais déjà qu’une certaine personne va se tâter sur les photos à poster sur insta’ … », levant les yeux d’un air malicieux. Le taquiner était très certainement l’une de ses plus grandes passions. Non peu fière des tirages qu’elle avait elle-même effectué, ses préférées étaient certainement celles de son ami, pris sur le fait, ou de dos, quand il n’a pas de temps de faire ses grimaces.
Sybille le rejoint, et se frotte les mains, comme pour les réchauffer. Elle a pleins d’idées en tête mais elle sait que son colocataire ne voudrait pas la suivre dans toutes ses folies. Ils en avaient déjà discuté, et même établi le programme. Mais Sybille était du genre à ne jamais suivre le plan. Ils n’étaient pourtant pas du genre à créer des programmes, c’était surement Bonnie qui les avait contaminé. Mais pour le coup, ils avaient pu glisser dans leur séjour tout ce qu’ils voulaient faire, et même avoir des temps libres où cette fois-ci la folie était autorisée.
Elle sort son smartphone de l’une de ses poches arrières, afin d’y poser ses yeux et d’envoyer l’une des photos qu’elle avait prise avec ce dernier à son frère. Le fait d’être plus proche de lui géographiquement était quelque chose de rassurant et même de plaisant. Même si Clément n’en parlait pas, elle se disait qu’il devait être tout aussi excité qu’elle. Plus, c’était impossible, après tout.
« Alors la suite … » Sybbie observe la check-list qu’elle a créé sur son smartphone, se montrant plus organisée que jamais. Elle l’utilise en général pour ses listes de courses, mais aussi pour tout ce qu’elle doit caser en une journée. Cette fois-ci : leur organisation pour leur grand séjour. Elle l’avait supplié d’organiser cette liste, et ça avait fonctionné pour y caser tout ce qu’ils voulaient faire. Situation de donnant-donnant qu’ils expérimentent avec talent. « Ah, je vois … Prochain arrêt, musée royal d'Écosse ! Parfait ! C’est parti, let’s go. C’est pas très loin, en plus. » Elle ne lève pas les yeux de son smartphone pour ne pas croiser le regard noir de Clément, et surtout pour ne pas se trahir en explosant de rire. Elle n’arrivait jamais à tenir une blague aussi longtemps sans se trahir. Finalement elle relève la tête vers Clément, lui échangeant un regard des plus sérieux au monde. ça ne dure qu’un instant. Instant parmi lequel il n’y a aucun échange, elle sait qu’il est en train de la traiter dans sa tête. La jeune brunette explose de rire quelques secondes plus tard, ne sachant pas le regarder dans les yeux et faire durer cette blague plus longtemps. « Oh, hey, t’as perdu ton humour avec tes cheveux ? » Elle hausse les épaules, trop fière d’elle. Le tacle collatéral était réfléchi depuis quelques jours déjà, même si elle le trouve toujours aussi mignon, elle se gênerait pas pour le taquiner. Ce n’était pas la première ni la dernière fois. « Amène ta Poufsouffle de colocataire au lieu sacré. » Elle lui échange un sourire. Le prochain plan, le prochain arrêt, c’était le pèlerinage de tout Potterhead qui se respecte. Soumis par Clément, elle n’avait pas rechigné longtemps pour accepter, tout aussi excitée que lui. Surtout après autant de marche, une boissons chaude n’était pas de refus. La boisson sucrée, c’était la récompense.
Quelques pas plus tard, entrelacés de blagues et de quelques confidences, saupoudré de quelques photos, les deux amis arrivaient rapidement au lieu-dit. Les lettres ‘Elephant House’ dorées se distinguent du fond rouge, et la jeune australienne ne peut que s’en réjouir. Premièrement parce qu’ils avaient fait un sans faute sur leur parcours, ensuite parce que son estomac était prêt à accueillir n’importe quelle pâtisserie, et dernièrement parce qu’elle savait son ami heureux d’y être arrivé.
Après un petit défi à la con, nous sortons enfin du château où l'air glacial de l'hiver Ecossais nous accueil à nouveau. Je remet promptement mon bonnet sur mes oreilles, referme ma veste, réajuste mon écharpe et enfonce mes mains dans mes poches. Du coin de l'oeil je vois que Sybbie fait pareil avec ses vêtements avant de réagir au fait que je lui ai dit de faire plus de sport. Elle semble partante dans un premier temps, mais tout espoir de pouvoir emmener ma meilleure amie à la salle de sport est mis à mal lorsqu'elle me parle de Netflix et Ben'n'jerrys, aka la glace la plus grasse et sucré du marché. Je roule des yeux et soupire lourdement et théâtralement avant de secouer doucement la tête, demi sourire affiché sur mon visage «Ah c'est donc pour ça que t'as de nouveau autant de joue» m'exclamais-je avec un large sourire moqueur. Sybbie est bien loin d'être grosse mais elle a toujours eu de bonnes joues, sans doute accentué par la forme ronde de son visage. Bon après, elle sait parfaitement que je ne dis cela que pour l’embêter et que je n'en pense pas un traître mot.
Elle me demande ensuite ce que j'ai pensé de la visite mais ne me laisse pas le temps de répondre qu'elle annonce qu'elle a adoré, elle et que du coup je suis obligé d'avoir, moi aussi, adoré. «oui, c'était teeellement bien » répondais-je, las, avec un ton gorgé d'ironie avant de rigoler doucement «Non en vrai c'était pas mal. Je le referais pas une deuxième fois, mais c'était intéressant. » pas aussi intéressant que la pièce que nous allons voir ce soir. Je ne relève pas la remarque de Sybbie concernant les photos que je poste régulièrement sur Instagram et ralentie légèrement le pas lorsqu'elle sort son smartphone afin de consulter le plan que nous avons établie. J'avoue avoir déjà oublié ce que je voulais visiter, mais lorsqu'elle m'annonce que notre prochaine étape c'est le musée royal d'écosse, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un soupire qui ressemble plus à un gémissement de souffrance. Je tourne mon visage vers Sybbie et soupire doucement ...avant qu'elle n'éclate de rire, me demandant si j'ai perdu mon humour en perdant mes cheveux. Je fronce les sourcils avant de rouler des yeux et poser un regard en mode « tu te fous de ma gueule ? » sur ma meilleure amie avant qu'il ne s'éclaircisse brusquement lorsqu'elle me dit de l'emmener, elle, la poufsouffle, au 'lieu sacré' qui n'est d'autre que le café dans lequel J.K. Rowling a écrit ma bible ! « Préférez-vous y aller en poudre de cheminette, Nimbus 2001 ? Non allez, nous allons apparaître ! » Solennellement, je lui tends mon coude avant d'éclater de rire lorsqu'elle s'y accroche et qu'ensemble nous nous rendons au Elephant's house
Une fois sur place, je commande un chocolat chaud et des scones avec des la confiture ainsi que des short bread, avant de trouver une place près des fenêtres. Je suis bien rapidement rejoint par Sybbie et nous commençons la dégustation de nos commandes respectives «J'ai couché avec Loan » annonçais-je finalement de but en blanc et sans préavis. «Après notre dernier spectacle auquel tu n'as même pas assisté » je précise avec une pointe d'amertume totalement jouée « n s'est retrouvé dans sa loge parce que j'avais un peu mal au poignet donc il m'a filé une crème à l'arnica et ...bref, ça s'est fini sur son canapé» je soupire doucement « Et maintenant je sais pas quoi faire ou quoi pensée» et là je ne rigole pas car depuis mon départ en Ecosse je suis on ne peut plus perdu concernant mes sentiments vis à vis du jeune homme.
Sybille était expressive, c’était indéniable. C’était le visage rayonnant aux bras de Clément qu’elle vivait sa meilleure des vies. Ce séjour était très certainement la meilleure idée qu’ils avaient eu. Elle en avait eu hâte, et tout était comme elle l’avait espéré. L’attente à l’aéroport était affreuse mais tout valait le coup. Après la période compliquée du départ de son frère jumeau, et de tout ce qui a suivi pour son meilleur ami, se retrouver était la meilleure des choses. Même s’ils avaient compensés en soirées et moments entre eux, c’était bien différent cette fois-ci.
Ils choisissent cette place près des fenêtres, celles qui remplissent la salle d’un soleil chaleureux. Les quelques plantes sur le bord de ces fenêtres rendent le lieu accueillant. La jeune australienne en admire la décoration soignée alors qu’elle pose sa veste sur le portant près des deux jeunes voyageurs. Fort heureusement, l’Elephant House ne se montre pas trop fréquenté. Elle craignait que la popularité du lieu n’entache leur pause, mais finalement ils étaient bien tombé. La chance leur collait à la peau.
Ses yeux se baladent déjà sur la carte alors que Clément se laisse aller en déclarations. Elle l’écoute en cherchant des yeux son choix du jour, un choix important, et ne fait donc pas forcément attention à ce que Clément lui dit, sur le moment. Hot chocolate, Mallow Delight … Loan, thés traditionnels ... Roulés au bacon et tomates, croissants au jambon ... Elle n’écoute pas, elle entend seulement. La carte est trop passionnante. Son estomac est déjà ravis à l’avance. Quelques secondes plus tard elle relève la tête, ses yeux verts grands ouverts, les paroles lui ayant enfin monté en tête, elle réalise. « Attend, quoi ? » Les sourcils froncés elle doute d’avoir bien compris. « Qu’est ce que tu viens de dire ? » Elle ne relève même pas la remarque sur son absence au dernier spectacle, il y a plus intéressant ensuite. Clément continue sur sa lancée, elle a bien entendu et compris. Un sourire en coin se dessine sur son visage, malicieux. Son côté commère lui colle à la peau, elle ne peut s'empêcher d’écouter d’une oreille attentive désormais. La bouche quasiment entrouverte atteste de son petit choc, mais son sourire qui vient apaiser ça montre qu’elle adore déjà ce qu’elle entend.
Reprenant son sérieux, elle se pose dos contre dossier, les bras croisés tout comme ses jambes, toujours accompagnée de son sourire en coin, qui voulait encore une fois tout dire. « Oooooooooh … Je vois. » Ses joues rougissent, très certainement grâce à la chaleur qui de nouveau fait effet. Elle a déjà oublié la fraîcheur de la ville. Leur commande arrive entre-deux, Sybille se montre la plus discrète possible devant le serveur. Elle avait finalement opté pour un toast banane - peanut butter - miel, et un thé bien chaud. Les deux meilleurs amis s’étaient fait plaisir. « Loan. » Elle approuve d’un signe de tête, les lèvres pincées, même pas étonnée. « Loan, Loan, Loan … » Sa voix se mêle à celle de Clément, qui décide de tout avouer d’un coup. Elle ne peut s’empêcher de surenchérir. « Ah bah bien sûr. » On ne pouvait plus ironique ni moqueuse dans sa voix, mais sa déclaration la faisait rire. « T’as de bons goûts. » se remémorant le doux visage de Loan, qu’elle avait toujours trouvé mignon. « Mais .... » Elle joue avec sa cuillère, touille à nouveau le liquide déjà bien mélangé. « Et, tu sais … » Elle hausse les épaules et le regarde à nouveau dans les yeux, ce qu’elle faisait toujours quand elle se montrait sincère. « Et Leo ? » termine-t-elle avant de boire une gorgée beaucoup trop chaude. Elle s’énervait elle-même sur le coup d’en arriver à parler de lui, mais c’était Clément qui en était venu à parler de ses relations. « J’suis un peu perdue, désolée. » Pas autant que lui, surement. Elle savait bien qu’ils avaient mis un terme à cette relation, mais ce que lui avait dit Clément il y a encore quelques temps lui avait fait comprendre qu’il était encore fraîchement amoureux. « T’essaies juste de l’oublier, ou il te plait vraiment ? » Elle n’approuvait pas ce genre méthode pour oublier quelqu’un, mais après tout, elle était la plus mal placée pour penser ça. On ne peut pas vraiment se mettre à la place de quelqu’un sans y avoir été soit-même avant. Elle boit de nouveau une gorgée et tente une blague pour de nouveau détendre l'atmosphère. « L’excuse de la crème pour la blessure, ah j’te jure … » Elle croque dans son toast bien trop délicieux. « Vu et revu. » termine-t-elle, avant d’en rire.
Je ne sais pas ce qui est le pire dans toute cette histoire : que j'ai couché avec Loan ou que Sybille ne m'écoute pas. Trop absorbée par le menu, elle est bien trop distraite et j'ai l'impression qu'elle m'ignore totalement. Déviant le regard et pinçant les lèvres, je dois avouer que je me sens un peu con sur le coup. Peut-être que je n'aurais pas du dire quoique ce soit ? Que j'aurais du me taire ? Mais Sybbie est ma meilleure amie, si je ne peux pas me confier à elle au sujet de Loan, a qui puis-je bien en parler ? Mon père, peut-être, mais ce n'est pas la même chose ! Et Léo ? Ce serait bien trop bizarre.
Mais au final je me rends compte que je sur analyse bien trop la présente situation, car, après s'être rendu compte de mon aveux, Sybbie relève le regard et s'adosse contre le dossier de sa chaise, me lançant un regard et un sourire malicieux, se montrant presque jugeante avant de me dire la chose la plus incroyable qu'elle m'ait dite depuis longtemps. 'j'ai de bon goût'. « Ben ouais» dis-je « J'ai bien couché avec Ambroise, c'est la preuve de mes bons goûts, non ?» ajoutais-je de la façon la plus naturelle qui soit en un haussement de sourcil. Bon, certes, j'aurais pu éviter cette précision mais hey, c'est la faute à Sybbie. C'est elle qui a commencé à me parler de mes bons goûts ! Et me connaissant, elle devait sûrement se douter que je sortirais ce genre de conneries à un moment donné. Même si son frère est tout sauf une connerie.
Je grimace toutefois lorsqu'elle évoque Léo, voulant savoir si j'essaie juste de l'oublier ou si Loan me plait réellement « J'en sais rien Syb'» soufflais-je en attrapant ma tasse de thé «Je veux dire il … Léo je l'ai oublié. Enfin, oublié ...je sais pas trop, il est et restera un très bon ami. Ce qui s'est passé entre nous n'était rien de très concret, rien de bien 'officiel', on était ensemble seulement un mois et en si peu de temps il a réussi à me tromper plusieurs fois avec le même mec et ...bref » je fais une signe de la main comme pour dire que tout cela est bien insignifiant (alors qu'en vrai ça me peine quand même un peu) «Mais Loan il ...il me laisse clairement pas indifférent. Je vais pas te raconter les détail de notre soirée, mais c'était...plus que seulement agréable » ajoutais-je en hochant la tête, soufflant sur mon thé «Mais je sais pas, tu crois que je ...que je devrais tenter quelque chose avec lui ? Il est...beau, talentueux, adorable, pas forcément toujours sûr de lui, il se remet constamment en question » je me mordille la lèvre inférieure puis soupire « Je sais vraiment pas quoi faire, parce que d'un côté il me plaît genre vraiment beaucoup, mais de l'autre côté il ...je ...on est collègues de scène quoi ! Imagine on se sépare en s'engueulant et on fini par être en mauvais termes, ce sera plus vivable dans la compagnie !»
Loan et moi ne sommes même pas encore ensemble et déjà je pense à une éventuelle séparation ? Je prend une profonde inspiration ainsi qu'une gorgé de mon thé puis me gratte la tête et repose mon regard sur Sybbie qui se moque de mon « excuse de la blessure » pour visiter la loge de Loan « Eh !» m'exclamais-je « Je me suis vraiment fait un peu mal au poignet !» je secoue doucement la tête «C'était la faute à Loan en plus, il était trop violent quand il m'a rattraper »
Après lui avoir fait compliment sur ses goûts, ce dernier ne peut s’empêcher de lui parler d’Ambroise, elle lui répond en levant les yeux au ciel exagérément, et d’un triste soupir. « Pitié, épargne moi ça, pas ce genre de détails … » Elle n’y avait pas pensé mais lui avait bien sûr sauté à pied joints sur cette occasion. Bien qu’elle aurait vanté son frère, et donc par extension elle même, elle ne voulait pas surenchérir sur sa plaisanterie (pas cette fois-ci).
Le côté sincère et quelque terre-à-terre de Clément amuse la jeune Sybille, qui ne peut s’empêcher d’avoir l’oreille attentive désormais. Les bras croisés contre le dossier lui font une expression intéressée mais un peu moqueuse. Lorsqu’il entre dans les détails elle ne peut s’empêcher de se rapprocher à nouveau, les coudes sur la table, la tête posée sur ses mains, sourire toujours présent.
Reparler de Leo l’agace un peu mais c’est juste passager. Elle a encore du mal à accepter ce que ce dernier avait pu lui faire. Sybille s’était toujours montrée très protectrice envers ses proches, ce n’était pas nouveau. Elle détestait l’injustice et la méchanceté, envers n’importe qui, mais lorsque ça concernait ses amis et ses proches, elle devenait moins raisonnable et perdait vite son sang froid. A en devenir ce qu’elle n’était pas : énervée et même amer. Pour Léo, ça resterait, elle le savait. Ils ne s’étaient pas expliqués, et peu importe le mois ou l’année où elle le croiserait, elle aurait toujours cette rancune en elle. Elle était du genre à pardonner facilement, pourtant. Mais cette fois-là, c’était différent. Elle savait que Clément n’était pas facile non plus, mais ce n’était pas une raison. Elle en devenait parfois aveugle à défendre ses proches, et surtout dans le cas de Bonnie ou Clément.
Le danseur continue sur sa lancée, parlant de Loan, elle arrive à l’écouter sans l’interrompre, mais il y a bien une centaine de questions qui lui arrive en tête pendant que Clément détaille absolument tout. « Je l’aime bien, lui. » Comme si son avis allait entrer en compte. Finalement, quelques secondes après, il lui demande s’il devait tenter quelque chose avec lui. C’est qu’il prenait en compte ce qu’elle pouvait bien lui dire. Se sachant dans la confidence, elle se sentait un peu privilégiée. A vrai dire : comme d’habitude, avec lui. Elle même pouvait aborder n’importe quel sujet avec lui sans même avoir une once de honte, même pour les sujets les plus difficiles. Et intimement elle adorait que Clément se livre autant lui aussi. Cette dernière phrase, ce n’était pas une attaque envers Leo, mais c’était maladroit. Le sous entendu est trop brutal, elle essaye de se reprendre. « Enfin, je veux dire … » Elle hausse les épaules, respire quelque temps pour réfléchir à comment se reprendre sur ça.. « J’dis pas ça pour Leo. Juste Loan. Il est différent. Il est vraiment cool. » Sybbie termine par un sourire rassurant, avant d’écouter la suite de ses explications. Elle prend quelques gorgées entre deux, se régalant. Elle comprend pourtant l'Écrivaine adorait ce lieu si singulier.
Elle approuve ses paroles de signes de têtes, lui montrant qu’elle l’écoute mais également qu’elle le comprend à 100%. Finalement, il lui avoue ses craintes. Mais le fait est qu’il avoue qu’il lui plait vraiment beaucoup, et ça, ça ne tomberait pas dans l’oreille d’un sourd. « Arf, t’es devenu tellement raisonnable, Clem', regarde moi-ça. » Penser au boulot, au fait que c’était une relation entre collègues, c’était le genre de conseil qu’elle lui aurait donné, et il avait déjà mis tout ça sur la table. Mais elle lui aurait aussi dit de profiter de la vie, et de ne pas se prendre la tête. Les deux meilleurs amis les moins raisonnables au monde, ne sachant pas sur quel pied danser. « C’est vrai que vu comme ça … Ça craint. » Ça ne craignait pas, mais elle le comprend complètement. Cogiter sur ce genre de problématique ceci dit, c’était vraiment mature de sa part. « Mais vous êtes adultes, non ? Si jamais ça va pas plus loin, eh bien … Vous resterez en bons termes. Faudra savoir faire la différence entre vie privée et vie pro. » La Sybille qui donne des conseils comme une professionnelle alors qu’elle n’a jamais eu de relation sérieuse, c’était à mourir de rire. « Et puis … Vu que t’arrives à être en bon terme avec quelqu’un qui t’a trompé plusieurs fois … Fait du mal … Foutu de toi … Tu devrais savoir faire ça, non ? » Termine-elle en levant les yeux au ciel, terminant l’un de ses casse-croutes. Sa réflexion est un peu amère mais il fallait qu’elle lui réponde à l’une de ses déclarations sur Leo. Il avait remis sur le tapis son infidélité et elle ne pouvait pas passer au dessus de ça. « Et lui ? » se dépêche-t-elle d'enchaîner, trop honteuse de la remarque précédente. « Il t’a dit clairement qu’il aimerait tenter quelque chose ? » Sous-entendu : est ce qu’il t’a dit qu’il t’aimait bien lui aussi ? Peut-être ils se prenaient trop la tête, surtout pour une Sybille convaincu du “go with the flow” dans tout type de relation.
Je laisse échapper un rire amusé lorsque Sybbie, levant les yeux au ciel et soupirant théâtralement, me demande d'avoir de la pitié et de lui épargné les détails qui concernent ma relation avec son frère. En vrai on en a jamais réellement parlé et je ne connais pas réellement son avis sur le sujet. Aurait-elle accepté que ma relation avec Ambroise évolue vers le 'couple' ? Ou se serait-elle mit entre nous ? Y aurait-il eu de la jalousie ? Sans doute. Au point de nous séparer ? Je n'en ai aucune idée. Et en vrai, dans le fond, je suis content que Bonnie n'ait jamais accepté que ça aille plus loin et qu'il me l'ait réellement fait comprendre.
Ne réagissant pas d'avantage -même si la tentation d'ajouter des détails un peu trop croustillant pour les oreilles de mon amie est fort tentante- je reviens sur le sujet initial : Loan et explique un peu plus en détail le fond de ma pensée, essayant, comme je peux, d'y mettre les mots. Mais c'est tellement le bordel dans ma tête que je suis assez étonné que Sybbie comprenne facilement où je veux en venir.
Toutefois, je ne peux empêcher qu'une grimace indéfinissable étire mes lèvres alors qu'elle sous entend clairement qu'elle préfère Loan à Léo, que le premier est différent et vraiment cool. En vrai, je crois bien que je suis le seul de mon entourage à ne pas en vouloir à mon ex. Je ne sais pas trop pourquoi, car, comme Sybbie me le fait si bien comprendre, il s'est réellement foutu de ma gueule, m'a trompé et s'est joué de moi. «Arrête » soufflais-je, irrité, ne pouvant m'empêcher de prendre la défense de Léo « On n'est pas tous fait pour être en couple » expliquais-je « je veux dire, il … il n'as juste pas la même vision et … il était peut-être pas encore prêt. On voulait faire un test, il n'était pas concluant mais il m'a permit de savoir qu'en vrai j'aimerais beaucoup avoir une relation sérieuse donc ….si déjà moi je ne peux pas lui en vouloir, je te demanderais d'en faire de même. Pas besoin d'aller le voir et être sa BFF directement, mais si tu pouvais éviter de mal parlé de lui surtout devant moi, ce serait génial» mon ton et mes mots sont sans doute un peu plus dur que ce que je voulais, mais au final ça ne change pas le fond de mes pensées. Et Sybbie me connaît, à force, elle ne devrait pas le prendre mal. Non ?
Dans tous les cas, j'hausse les épaules pour répondre à sa question suivante. « Aucun de nous n'a formulé quoique ce soit» dis-je en mordant dans mon scone sur lequel j'ai mit une bonne couche de beurre de marmelade à l'orange «Il n'a pas eu le temps parce qu'après avoir couché ensemble on a passé la soirée avec les autres comédiens et on a donc pas parlé de ce que nous avons fait. Et après j'étais trop occupé à faire ma valise et est parti deux jours après. » je soupire doucement et secoue la tête «Il va sans doute penser que je lui en veux ou que je le fuis ou je ne sais quoi » je secoue la tête et reprend une gorgé de mon thé «Qu'est-ce que tu ferais, toi, à ma place ? » demandais-je finalement en relevant le regard sur ma meilleure amie. Le cliché de l'éternelle célibataire qui donne des conseils de couples à ses amis en détresse amoureuse s'avère, finalement, être réel.
Elle hausse les épaules à nouveau, ayant une centaines de répliques qu’elle pourrait lui sortir, mais finalement elle se ravise. Si c’est le genre de conclusion qui lui allait, elle n’allait rien dire. N’empêche qu’elle ne le comprenait pas et elle ne partageait pas son avis non plus. Au moins, maintenant, il le savait. Il savait ce qu’elle pensait de lui, même si ça ne lui plaisait pas. « Désolée, je voulais pas te blesser. Ni t’énerver. » se ravise-t-elle, le visage fermé. Regrettant déjà s’être laissée aller avec sa langue trop pendue. Comme d’habitude elle parle sans vraiment réfléchir avant. « Tu peux juste comprendre que j’aime pas qu’on se foute de toi comme ça. Ça m’a pas fait rire cette histoire. Le reste … Le reste ça me regarde pas, ça regarde que vous. » Elle pose un coin de sa tête contre sa main, peut être la seule fois où Sybille paraît fatiguée de sa vie. « Jamais de ma vie j’irai parler en mal de lui à n’importe qui, c’est juste entre nous. Comment tu peux penser ça de moi ? Désolée Clem. » Elle termine par lui sourire, essayant de se montrer le plus sincère possible, et ne pas montrer qu’elle culpabilise déjà de lui avoir dit ça, mais ce qu’elle avait sur le cœur devait être dit.
Sur une note plus joyeuse ils enchainent sur Loan. Clément lui demande son avis, sur ce qu’il devrait faire. Elle hésite quelque instant, après qu’il lui ait raconté comment s’était déroulé leur soirée. « Ce que je ferai ? » Elle se pose à nouveau contre son dossier, les idées se cogitent. Tout parait pourtant clair pour elle. « Se voir en dehors, non ? En dehors de tout spectacle ou repet’. » En dehors de toute vie professionnelle, car c’est apparemment ce qui bloque Clément. « Ok. Idée. Invite le, à l’appart, dehors, peu importe, quelque part où vous pouvez discuter tranquillement. » Elle s’avance à nouveau vers lui, terminant son thé avant de continuer, parlant avec ses gestes habituels. « Déjà pour apprendre à se connaître. » Parce que se connaitre en dehors du boulot, c’est toujours différent. « Histoire de pas seulement commencer … cette histoire à l’envers. » La jeune brunette termine par un rire discret, il faut dire qu’ils venaient de commencer par quelque chose qu’elle aurait mis en dernier, mais soit. Cette fois ça avait mené à une possible relation, donc ce n’était pas grave. « Pour le reste, te prend pas la tête. C’est que le début, j’vois pas pourquoi il t’en voudrait. » De son côté, en effet, elle se prendrait la tête à coup de ‘pourquoi j’ai pas de nouvelles ?’ mais elle n’allait pas lui dire pour ne pas l'angoisser sur ça. Le rassurer était le plus important. « Pourquoi il penserait ça ? Il va peut être juste penser que t’as besoin de temps, ou que t’es occupé. Pas forcément que t’aies quelque chose contre lui, t’en fais pas pour ça. » Il fallait avouer que leur séjour n’était pas le plus court qui soit, et que ça pourrait faire ‘fuite en avant’ s’il n’est au courant de rien. « Au pire, sms ? Pas un texto trop enflammé, reste cool. Mais juste pour le prévenir que t’as envie de le voir plus tard ? Que t’es en voyage trop cool en ce moment avec ta BFF qui elle aussi est trop cool, mais que si ça le tente, de se voir plus tard ? » Sybbie prend une petite pause après toutes ces grandes paroles, observe quelque temps Clément, voir s’il approuve ces paroles ou pas. « Et là, moment à deux. On apprend à se connaitre. Tu fuis s'il aime pas les mêmes comédies musicales que toi. Et comme ça, tout est clair. Et termine le sms par une note fun, genre, ‘PS mon poignet va mieux’. » Elle rigole elle aussi de sa bêtise, mais elle était certaine qu’au moins ça ne ferait pas un sms trop sérieux, et plus détendu, moins cérémonial. « Voilà. Moi, c’est ce que je ferai. » Elle le laissait avec ce conseil, le plus honnête possible. Terminant son dernier toast, presque proches de la perfection, elle espérait qu’il prenne ses conseils en considérations, ou au moins, qu’il en soit rassuré de son coté.
Bon ok, Sybbie est quand même adorable en vrai. Jamais je ne lui en voudrais de vouloir prendre ma défense mais il faut qu'elle comprenne que je n'en veux pas à Léo. Mais, à voir ma meilleure amie, je vois bien que cette histoire l'a bien plus affecté que moi, le principal concerné. Elle ne porte clairement pas Léo dans son cœur sans le connaître et je trouve ça sincèrement dommage qu'elle ai laissé passer la chance d'apprendre à le connaître. Je suis et je resterais à jamais persuadé qu'ils se seraient bien entendu tous les deux. Peut-être qu'un jour arrivera-t-elle a mettre son animosité de côté et ira-t-elle, d'elle même, vers Léo ? Peut-être que si je continue de parlé en bien de lui et de lui montrer que notre histoire est du passé et totalement acceptée de mon côté, elle réussira à voir outre ses ressentiments ? J'ai espoir que le futur se déroule comme ça. « merci» pour tout. Pour te montrer aussi compréhensive et pour sortir tes croc quand ça ne va pas, pour quitter ta forme de Golden Retriever et te transformer en pit bull quand il y a besoin et pour tout simplement croire en moi.
Et, comme pour lui prouver que je suis réellement passé à autre chose, je lui parle de Loan et de ce que je ressens pour ce dernier. Ou plutôt ce que je pense ressentir. J'ai absolument aucune idée de comment qualifier mes sentiments et je demande sincèrement conseil à ma meilleure amie, la personnification du célibat. Et elle est aussi la preuve ultime que cesdits célibataires ont les meilleurs conseils du monde ! Sérieusement, pourquoi je n'y avais pas pensé, moi ? Inviter Loan quelque part où nous pouvons parler tranquillement pour apprendre à se connaître est une idée tellement normale, presque banale qu'elle ne m'avait même effleuré l'esprit.
Croisant les bras et m'adossant contre le dossier de mon siège, je l'écoute avec attention et hoche doucement la tête. Je l'adore Sybbie, sincèrement. Elle sait trouver les mots parfaits pour me rassurer et me faire comprendre que je ne dois aucunement me prendre la tête avec toutes ces questions, que ce n'est que le début et que Loan ne m'en voudra sans doute pas. Elle me propose ensuite une idée que je peux facilement mettre en œuvre : envoyer un sms. Un truc cool, tranquille, qui montre que je pense à lui sans pour autant me montrer trop intrusif.
«Le 28 décembre c'est son anniversaire. Tu ...je pourrais lui envoyer un sms pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, non ? Tu crois pas ? » toujours demander confirmation à Sybbie. Toujours. «Faudra que je réfléchisse à un truc. Genre ...je sais pas, un truc en rapport avec le théâtre peut-être » je pince les lèvres en une moue de réflexion et fronce légèrement les sourcils «Je trouverais bien un truc en temps et en heure » concluais-je finalement, n'ayant, en réalité, pas envie de trop me prendre la tête sur le sujet. «De toute manière, même si Loan me plait sincèrement, je peu rien faire en étant ici, en Ecosse » haussais-je les épaules, finissant ma boisson « Bon allez. C'est quoi la suite du programme ?» changeais-je finalement totalement de sujet, afin de me concentrer sur quelque chose de plus léger et tranquille.
Le jeune artiste lui évoque l’anniversaire de Loan, ce qui pour le coup allait tomber pendant leur séjour. « Ouais, carrément. N’oublie pas. » Elle affirme ses paroles d’un hochement de tête, avant de continuer. « Un anniversaire, ça se fête ! » Dit-elle, alors qu’elle déteste son propre anniversaire. Détestant le fêter, y penser, et les gens qui lui souhaitent. Mais par contre, fêter ceux des autres, elle était toujours la première, ultra motivée et pleins d’idées. « T’auras tout le temps de paniquer à savoir quoi lui dire quand tu le verras, dès qu’on rentre. », termine-t-elle, accompagné de son sourire malicieux dont elle a l’habitude. Et elle ne voulait vraiment pas rentrer. Elle adorait l'Australie, vraiment. Mais changer d'air lui faisait tellement du bien.
Elle observe sa montre d’un regard dubitatif, jouant avec le bracelet qui l’accompagne. Elle jette un œil à la fenêtre qui est à sa droite. Le temps dehors est clément, il faut avouer que malgré le vent glacial, le soleil arrive à se démarquer. les quelques rayons de soleil sont appréciables, et embellissent la vue déjà splendide de la ville. Le temps n’était de toute manière pas un frein à leurs visites. Trop motivés, rien ne pouvait les arrêter. Et pour le coup, elle en était heureuse de faire ce voyage avec Clément, car comme elle, il était toujours plein d’énergie. Au final, même s’ils avaient des goûts différents parfois, ils avaient le même goût pour l’aventure. « En vrai … On a rien de prévu d’ici le spectacle de ce soir. » Elle en a presque autant hâte que Clément. Peut-être pas autant, mais elle est vraiment curieuse d’y assister. L’idée qu’il lui avait soumise l’avait immédiatement séduite. Jamais de la vie elle l’aurait laissé y aller seul. Y aller seul, c’était le plan B quand ils arrivaient pas à se mettre d’accord sur leurs sorties. « On a déjà nos places réservées, donc pas besoin d’y aller trois heures à l’avance … » continue-t-elle, observant les passants devant la fenêtre, tous aussi pressés les un comme les autres.
« J’te propose un truc. Est ce que - si ça te tente - d’aller fouiner vers le disquaire à deux pas d’ici ? On peut s’balader un peu après, j’aimerai bien visiter le parc près de la boutique de bonbons. Et ensuite : repas et go au théâtre. » L’histoire était de rentabiliser toutes les heures qui leur restait. « 'Fin, si ça te tente, bien sûr. », les yeux ronds, trahissant presque le fait qu’elle avait cette idée en tête depuis un moment déjà. « Et t’façon … Si c’est nul, tu te souviens du deal ? » La jeune australienne en rigole déjà d’avance. « Le deal c’est que si c’est nul, tu me dois des scones au miel. » Elle ne pouvait inévitablement pas arrêter de le taquiner.
* * *
La route s’était déroulée tranquillement, mais non pas dans le calme : entre musiques et karaoké, ou encore jeux entre les deux meilleurs amis, ils avaient toujours su s’occuper comme ils le pouvaient. De toute manière, il était rare qu’un trajet avec la jeune MacLeod soit calme. Ne pouvant pas s'empêcher de parler et de combler même les blancs de trente secondes. Finalement, c’était le jeu des devinettes qui avait réussi à faire passer le temps. Clément avait eu du mal à deviner qu’il était Liza Minnelli, alors qu’elle lui avait mis expressément ce nom pour qu’il le trouve rapidement. Raté.
C’est Sybille qui est au volant. Les deux amis s’étaient mis d’accord pour voir un peu de paysage, et le mieux était de prendre la route au lieu de s’entasser dans un bus déjà trop blindé. Et surtout, ils pouvaient passer par des routes peu fréquentées, mais des plus magnifiques. Louer cette voiture avait été une idée de Clément, et elle avait été partante pour conduire. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’était ce temps. Les essuie-glaces vont bons trains, et au fur et à mesure qu’ils essayent de rejoindre Glascow, la neige s’intensifie, ce qui, elle le sait, va agacer Clément s’ils restent coincés. Sybille baisse la musique, ce que fait tout le monde dès qu’il y a réflexion : un réflexe stupide. Cette dernière roule au pas, la visibilité n’est vraiment plus au rendez vous. Au moins, ils n’étaient pas perdu. C’était surement le seul point positif de ce jour. « C’est vraiment la merde, ce temps. » Sybille n’est pas du genre à sortir énormément de jurons, sauf quand elle est très énervée ou, comme ici, qu’elle commence à paniquer. Elle observe Clément à ses côtés, essayant d’observer une moindre réaction. Malheureusement elle est déjà prête à se garer sur le côté. C'était pourtant vraiment difficile d'énerver Sybille MacLeod. Difficile de se la mettre à dos également. Elle savait prendre toute situation avec le sourire. Mais elle essayait déjà de se contenir à ne pas craquer devant cette situation affreuse qui se pointait.
Ce qui est bien avec Sybbie c’est qu’au final, peu importe le temps, peu importe l’endroit et peu importe le mood dans lequel on se trouve, nous finissons toujours par trouver le chemin vers une discussion sincère et sérieuse. J’évoque Loan et surtout le fait d’être totalement perdu par rapport au rapport sexuel que nous avons eu lors de sa première et demande des conseils à ma meilleure amie sur comment je peux me comporter maintenant. D’un côté je suis bien content d’être parti en écosse là, tout de suite, d’un autre côté j’ai réellement peur que la crainte de la confrontation risque de grandir encore et encore et d’un autre côté, encore, j’ai absolument aucune idée de comment agir. Sybbie, ayant toujours plus d’une bonne parole dans sa poche, me donne un bon nombre de précieux conseil et fini par hocher la tête en disant qu’effectivement je ne devrais pas oublier l’anniversaire de Loan. Ni une ni deux, je sors mon portable et me met un rappel pour le jour J, même si je suis plus ou moins persuadé que je m’en rappellerais sans problème.
Nous décidons ensuite qu’il est grand temps de parler d’autre chose et Sybille évoque, donc, la suite du programme qui me paraît tout à fait croustillante et faisable. «Très excellente idée ! » approuvais-je lorsqu’elle me dis que nous pourrions faire un tour dans le magasin de disque « Je pourrais peut-être enfin trouver le cadeau de noël pour Ambroise !» moi, avoir oublier d’acheter un cadeau de noël pour mon meilleur ami ? Jaaaamais de la viiiie.
*
ça fait quoi … 2h que nous avons quitté la ville et dépassés le panneau « welcome to the Highland » ? Autant au début c’était all fun and game à base de karaoké, jeux divers et varié et de nombreux éclats de rire, autant ça fait maintenant plus de quinze minutes que je ne parle plus, sentant bien que Sybbie à besoin de se concentrer à cent pour cent sur la route. La neige nous a suivie à notre sorti d’Edinburgh mais à subitement redoublée d’intensité il y a une dizaine de minutes de cela. Je sens que les mains de ma meilleure amie son fermement crispé sur le volant et les yeux plissés, elle essaye d’y voir plus claire ce qui n’est vraiment pas évident à travers cette tempête de neige. « ça va aller t’inquiète ...»
Ne jamais parlé trop tôt. NE. JAMAIS. PARLER. TROP. TOT. Car au moment même où je dis cela, la voiture se met à glisser. Sybbie panique et fait ce qu’il ne faut surtout pas faire dans ces moments là : elle appuie sur le frein. Les roues se bloques, l’arrière de la voiture s’échappe et nous nous retrouvons à faire deux ou trois têtes à queues. Je tente de hurler quelques conseils, mais ma meilleure amie hurle encore plus que je dois fermer ma gueule avant qu’elle ne réussisse à contre braquer et planter la voiture, littéralement, dans un tas de neige en dehors de la chaussée.
Nous restons tous les deux silencieux, assit là, sans bouger, les yeux rivé sur l’extérieur et le coeur battant à la chamade avant que nous n’éclations de rire. Je ne pense pas que ce soit un rire réellement sincère, plus du genre nerveux, mais cela nous permet toutefois de nous détendre un peu « Ah ben voilà pourquoi faut jamais laisser le volant aux femmes hein !» que je m’exclame avant de trésaillir lorsque le poing de Sybbie vient de ficher dans mon épaule. Grimaçant, je grogne quelques insultes et me masse mon articulation, regardant autour de moi « ça va, t’as quand même encore bien gérer et tu nous as pas foutu dans la rivière de l’autre côté» reprenais-je essayant d’alléger l’atmosphère et relativiser comme je peux. «Bon, du coup … tu peux essayer de faire marche arrière ? » dès fois que ça fonctionnerait, hein, ne sait-on jamais.