| just wanted to protect you, will never get to ▲ mcgrath sisters |
| | (#)Mar 3 Déc 2019 - 19:28 | |
| « Jill? » j'ai pris pour acquis qu'elle était ici.
J'ai pris pour acquis pour une des premières fois de ma vie concernant Jill, qu'elle serait à un endroit précis, fixe, que je n'avais pas besoin d'une confirmation quelconque avant de m'y présenter.
Avec ma soeur, je savais jamais, j'anticipais toujours. J'ignorais en permanence où elle se trouvait par ses bons soins de me garder hors le plus possible de sa vie, je ne lui en tiendrais jamais rigueur. J'ignorais tout autant dans quel état elle était, si c'était une bonne journée, une mauvaise. J'avais appris à vivre avec le fait que la concernant, je ne serais jamais au courant de rien, que je serais toujours mise de côté, que c'était sa façon à elle d'évoluer à mes côtés, et que je ne pouvais que l'accepter.
Mais depuis que j'avais été mise au courant qu'elle et Bailey se donnaient une chance, j'avais cru bon commencer mes recherches, tenter de la trouver en venant cogner à la porte du Fitzgerald, requérant mon aînée plutôt que mon ex-mari. Le ridicule de la situation me dérangeait à peine, sachant à quel point ma relation avec Jill avait toujours été à prendre à tâtons, au jour le jour, avec un grain de sel. La seule récurrence restant qu'elle aime Bailey, et que selon mon raisonnement, elle sera chez lui et nulle part ailleurs à cette heure-ci.
« Si tu es là... » et je cogne, un coup, un autre. J'entends du bruit derrière la porte, je sais qu'il fait nuit, je sais que je dérange, j'arrivais pas à dormir. Je n'ai pas pensé à valider si Bailey était lui-même chez lui, me doutant que vu la présence de Noah à son studio il a dû en profiter pour étirer les heures de travail et rester dans les parages plutôt que de rentrer trop vite chez lui. Ma tête qui bourdonne de scénarios, mon coeur qui bat la chamade de n'avoir personne à qui les exprimer. Et Jill qui me semble être la seule qui puisse vraiment comprendre les sentiments incertains, le cocktail explosif, l'urgence qui menace de m'attirer un peu trop près du gouffre.
« C'est Ginny. » comme si ça justifiait quoi que ce soit, comme si ça allait l'encourager à m'ouvrir et non pas juste à me laisser sur le pallier. Mes doigts ont finit par gratter le bois vernis de la porte close. Mon front lui, il se pose sous le judas, le temps d'inspirer, le temps de fermer les yeux, le temps d'espérer que la planète cesse de tourner trop vite, trop fort, trop mal sous mes pieds. |
| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 19:56 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
Depuis la fugue de Noah, Jill essaie de rester au plus proche de Bailey. Même si elle ne le voit plus. Il passe son temps au studio, mais elle ne dit rien. Ça la rend folle mais elle garde tout pour elle. Elle n'a pas pu aller voir son neveu, et elle tourne en rond seule dans cette grande maison. Elle fait passer le temps en s'occupant de Logan, et en cherchant des décorations de Noël dans tous les recoins. Elle s'ennuie, elle s'inquiète. Un très mauvais mélange dans la tête de Jill. Mais, ces jours ci, elle n'a personne, alors elle gère seule, elle fait ce qu'elle peut et elle ne parle à personne.
Elle est assise sur le canapé, le regard dans le vide, à s'imaginer les pires scénarios possibles. Comme elle le fait habituellement quand elle laisse son cerveau fonctionner. Depuis son overdose, elle ne prend plus rien, elle n'a repris aucune drogue et ça commence à être compliqué à gérer. Elle tient la tête entre ses mains, en résistant pour ne pas sortir et se défoncer comme elle avait l'habitude de faire dans ces moments là. Mais une voix qui vient de la porte attire son attention. « Jill ? » Elle tourne brusquement la tête vers la porte d'entrée, et elle voit Logan qui s'agite devant la porte. « Ginny ? » elle dit ça dans un murmure. Qu'est ce qu'elle fait ici ? Elle doit sûrement savoir où est Bailey, elle doit savoir que ça fait très longtemps qu'il n'est pas rentré chez lui. Elle fait comme si elle n'était pas là, elle n'avait pas vraiment besoin de la voir après tout ça, elle avait ses propres démons à gérer.
Elle attend, elle ne fait pas de bruit et serre le verre d'alcool qu'elle tient encore entre ses mains. « Si tu es là... » Jill grogne, elle a l'air désespéré derrière cette porte, et Jill commence à hésiter. Logan fait des allers retours entre Jill et la porte d'entrée pour l'inciter à aller ouvrir. Elle se lève et pose son oreille contre la porte. « C'est Ginny. » Elle ouvre brusquement la porte. « Je sais bien que c'est toi, je le savais depuis que t'as commencé à parler. » Elle se cale dans l'embrasure de la porte et regarde Ginny qui n'a pas l'air au top de sa forme. « Si tu veux voir Bailey, il est pas là, mais je pense que tu dois certainement avoir plus d'informations que moi. » sa voix qui pique, la jalousie qui remonte. Elle ne pourra jamais s'empêcher de se méfier de la relation de Ginny et Bailey. Même si maintenant c'est avec elle qu'il est. « Qu'est ce que tu veux ? » |
| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 20:14 | |
| « Je sais bien que c'est toi, je le savais depuis que t'as commencé à parler. » alors pourquoi est-ce que tu n'as pas ouvert, qui reste pris en travers de ma gorge, qui fait mal de remords et d'accusations.
Je n'ai pas le droit de lui reprocher quoi que ce soit, je n'ai pas l'autorisation de dire à ma soeur quoi faire me concernant. Malgré la hargne qu'elle éprouve pour moi, jamais Jill ne m'a forcée à agir selon ses envies, selon ses lubies - contrairement à notre frère, à nos parents. Elle m'a insultée, elle m'a terrorisée, elle m'a menacée, mais jamais elle ne m'a volé ma liberté. Et ce ne sera pas aujourd'hui que je l'obligerai à faire quoi que ce soit pour moi si elle-même ne l'a jamais fait à mon égard.
Son regard est dur, sa voix aussi.
Elle me détaille des yeux quand je perds les siens, quand je baisse la tête, quand Logan vient faufiler le bout du nez entre les mollets de mon aînée le temps de renifler mon jeans, de valider que Jill est hors de danger. « Si tu veux voir Bailey, il est pas là, mais je pense que tu dois certainement avoir plus d'informations que moi. » elle pique, elle fait mal, elle a toujours détesté le lien qu'il y avait entre Bailey et moi alors qu'elle n'avait rien, mais alors strictement rien à craindre. Il ne m'a jamais regardée comme il la regarde, il ne m'a jamais aimée comme il l'aime elle, depuis toujours. Ça me semble suffisant comme raisonnement. « Qu'est ce que tu veux ? »
« C'est pour te voir toi que je suis ici, pas pour voir Bailey. » les mots qui n'ont étrangement pas de mal à sortir de ma gorge, alors que jadis j'aurais tout réfléchi pendant des heures, j'aurais tourné mes phrases des dizaines de fois dans ma tête avant de les articuler à son attention. « Je peux? » du menton, je pointe le verre qu'elle a toujours entre les mains. Je ne bois pas, peu, je ne me raccroche pas à ça, et pourtant ce soir, c'est la seule issue qui me semble assez rapide pour calmer mes nerfs. Je ne prévois pas prendre plus qu'une gorgée, j'ai pas envie de finir dans un état second où je ne ressentirai rien, rien du tout ; là, de suite, le bourbon qu'elle délaisse me semble être un bon compromis pour taire les démons qui font écho dans ma tête. |
| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 20:40 | |
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Jill ouvre la porte, elle sent que c'est nécessaire. Et, dans le cas où sa sœur ne voudrait pas la voir elle, elle pourra toujours se défouler sur elle. Il n'y a pas de témoins dans cette maison, elle pourrait lui hurler dessus sans aucun remord. Elle ouvre la porte et la toise du regard, essayant de savoir ce qu'elle pouvait bien vouloir. Pourquoi elle était venue déranger le flot de ses pensées. Je la pique, j'essaie de la faire fuir, comme elle le fait à chaque fois, mais là elle reste. Elle ne bouge pas, mais elle évite mon regard. J'ai toujours l'impression de faire face à la gamine que je m'amusais à terroriser quand j'étais plus jeune. Elle n'a jamais vraiment changé, même après un mariage foireux et un enfant.
« C'est pour te voir toi que je suis ici, pas pour voir Bailey. » Jill fronce les sourcils. Depuis quand sa sœur veut la voir ? De son plein grès ? Elle continue de la regarder, soucieuse. Elles ont toujours été proches à leur manière. Jill n'a jamais été tendre, elle a toujours voulu être le plus loin de sa sœur que possible, mais pas aujourd'hui. Elle avait besoin de parler, même si c'était pour hurler, elle ne pouvait plus rester plus longtemps seule dans cette grande maison. « Donc t'es venue me voir moi ? » Elle ouvre la porte et entre, la laissant faire de même derrière elle. « Tu dois vraiment avoir de gros problèmes ! » Jill hoche la tête avec un semblant de sourire, essayant de chercher pourquoi Ginny était là.
Jill garde toujours son verre rempli dans la main, elle essaie de lutter pour ne pas vider le mini bar de Bailey. « Je peux ? » Sa sœur qui demande de l'alcool, Ginny a apparemment décidé de la surprendre ce soir. « Si t'as besoin de boire au moins je peux t'aider ! » Elle lui tend son verre avant d'aller s'en servir un autre. Elle se pose une seconde, dos à Ginny, en continuant de réfléchir. Elle retourne en face d'elle, en continuant de l'observer pour essayer de savoir ce qu'elle veut, et comment elle va. « Qu'est ce qui a Gin ? Tu vas réussir à m'inquiéter si tu continues comme ça ! » Elle dit ça sur le ton le plus distant possible, n'ayant toujours pas assez confiance en sa sœur pour la laisser croire qu'elle s'intéresse vraiment à elle. |
| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 14:39 | |
| Jill qui semble si étonnée que je sois là pour elle que la boule dans mon ventre ne fait que s'amplifier à nouveau. Elle n'a pas envie que je sois plantée sous ses yeux, elle préfèrerait bien des choses que celle de m'avoir sur son pallier à quémander sa charité. Pas de surprise ici. « Donc t'es venue me voir moi ? » j'hoche lentement la tête de la positive, je n'ai rien à ajouter de plus pour la convaincre autre que la plus pure vérité. De toute façon, si elle en doute encore, elle me chassera d'ici dans la seconde et on n'en parlera plus jamais. J'ose quand même faire un pas à l'intérieur, juste un. « Tu dois vraiment avoir de gros problèmes ! » Noah qui s'est envolé, les parents qui me gardent sur le qui-vive, les vestiges du malaise de Levi et de celui de ma soeur qui restent stigmates gravés, la Terre entière qui semble à nouveau avoir posé son poids sur mes épaules ; les gros problèmes sont variés. Mais il n'y en a qu'un seul sur lequel je veux travailler ce soir ; et elle m'est indispensable.
Son verre que je cible, Jill qui s'en amuse. « Si t'as besoin de boire au moins je peux t'aider ! » elle me tend l'alcool et file au bar se préparer un nouveau cocktail à son goût. Aucun commentaire ne passera de mes lèvres à ses oreilles au sujet de son overdose, de la drogue qu'elle garde loin mais de l'alcool qu'elle conserve dans ses bonnes grâces. Ma soeur avait toujours vécu selon ses règles, ça ne serait pas aujourd'hui qu'elle changerait malgré l'illogique de la chose.
« Qu'est ce qui a Gin ? Tu vas réussir à m'inquiéter si tu continues comme ça ! » ma soeur qui vit selon ses règles, donc. Je secoue la tête, sors de mes pensées, me redresse après avoir gratté instinctivement l'arrière des oreilles d'un Logan qui finira par retourner s'installer sur le canapé en bon roi de la maison. « J'ai une question à te poser. Une seule, et après je pars si tu veux. » elle s'est retournée Jill, elle me toise du regard, je sais qu'elle déteste quand j'étire, quand j'ajoute de longues secondes d'attente inutiles à mes discours. J'abrège donc, je nous fais ce cadeau. « Comment tu fais? »
Mes sourcils se froncent doucement, ma tête roule à 100 à l'heure à dresser le portrait de toutes les fois où Jill m'avait impressonnée, fascinée. Où elle avait prouvé sa force et son courage, où elle n'avait eu peur de rien, alors que j'avais peur de la peur elle-même. « T'as toujours écouté que toi. Même quand les parents te forçaient, même quand ils te laissaient pas le choix. » même quand ils tentaient de la mouler d'urgence au modèle qu'ils avaient en tête pour elle. Matt avait cédé à quelques reprises à leur jeu de marionnettes, j'avais cédé à toutes les fois jusqu'à maintenant. « Comment tu fais pour être toi, et pour ne pas laisser personne te dire comment tu devrais être à la place? » |
| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 19:19 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
Les deux sœurs se retrouvent dans la même pièce. Et elles n'ont pas encore l'air de vouloir hurler ou s'entre tuer, ce qui est déjà un assez bon début. Jill essaie d'éviter se sœur, elle ne la regarde pas vraiment, elle attend juste de savoir ce qu'elle peut bien lui vouloir. Elle continue de se poser des questions, et, comme à son habitude, Ginny n'ose pas, Ginny est fuyante. Et Jill soupire en la regardant faire, comme l'enfant prostrée qu'elle a toujours été. « J'ai une question à te poser. Une seule, et après je pars si tu veux. » Jill hoche la tête, elle sait très bien que sa petite sœur n'est pas du genre à s'imposer. Elle ne le sera probablement jamais. Jill est à peu près certaine que Ginny sera une petite fille dans un corps de femme pour toujours. « Comment tu fais ? » Jill fronce les sourcils ne comprenant pas vraiment ce qu'elle voulait lui dire. « Comment je fais quoi ? C'est un peu vague ! » Jill voit que Ginny réfléchie, elle est perdue dans sa tête et elle ne sait pas comment s'y prendre. Alors Jill boit une longue gorgée de son verre en attendant que sa sœur trouve les comprenne, comprenne ce qu'elle venait chercher ici.
« T'as toujours écouté que toi. Même quand les parents te forçaient, même quand ils te laissaient pas le choix. » Jill se perd aussi quelques minutes dans ses pensées. Elles sont vraiment l'opposé l'une de l'autre, et Jill a toujours pensé que Ginny vivait bien comme ça. Jill est étonnée de voir que sa sœur peut l'admirer, ou l'envier. Alors elle la dévisage quelques instants. « C'est mon caractère, on est bien différente ! » Elle ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, elles le savent qu'elles sont différentes. C'est d'ailleurs à cause de ça que Jill a toujours tout fait pour s'éloigner d'elle. « Comment tu fais pour être toi, et pour ne pas laisser personne te dire comment tu devrais être à la place ? » Jill sourit, elle est surprise, et elle ne sait pas vraiment quoi répondre à tout ça, c'était plutôt inattendu. « Parce que c'est moi qui décide où est ma place. Personne ne peut décider de ce qui est bon pour moi à part moi. T'as toujours laissé tout le monde faire de toi ce qu'ils voulaient. Et regarde où ça te mène ! Est ce que t'as l'impression de vivre ta vie comme tu le sens ? J'ai jamais supporter les parents, mais toi, tu les as toujours suivi et ils t'ont façonné comme ils l'entendaient. » Elle avait toujours détesté ça chez elle, et, c'est apparemment ce que Ginny voulait arrêter d'être. « T'en as marre d'être la marionnette de la famille McGrath ? » |
| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 20:04 | |
| Comment elle fait? Comment elle reste si détachée, comment elle sait exactement ce qui est bon pour elle, comment elle ose faire des erreurs sans broncher, comment elle arrive à survivre avec l'incertitude de sauter dans le vide, l'inconnu qui ne la terrifie pas, qui ne l'a jamais terrorisée? « C'est mon caractère, on est bien différente ! » bien sûr qu'on est différentes, Jill le sait autant que moi, le déclare comme l'évidence. Le ciel est bleu, le soleil brûle, les soeurs McGrath sont et seront toujours deux pôles opposés.
J'avale difficilement ma salive, l'alcool que je porte enfin à mes lèvres pour tester une lampée, le bourbon qui goutte le caramel, le bois, corsé, fort. Je retiens une toux de sursaut, un peu parce que le liquide est brûlant contre ma langue, surtout parce que ma soeur parle à nouveau, qu'elle explique, et que je suis entièrement pendue à ses mots. « Parce que c'est moi qui décide où est ma place. Personne ne peut décider de ce qui est bon pour moi à part moi. T'as toujours laissé tout le monde faire de toi ce qu'ils voulaient. Et regarde où ça te mène ! Est ce que t'as l'impression de vivre ta vie comme tu le sens ? J'ai jamais supporter les parents, mais toi, tu les as toujours suivi et ils t'ont façonné comme ils l'entendaient. » elle fait mal. Elle l'ignore probablement, à quel point ses paroles me blessent, tant parce qu'elles sont vraies, parce qu'elles sont la plus pure et dure vérité, et parce qu'après des années à me les répéter à toutes les occasions possibles, je suis enfin prête à les entendre, à les accepter.
« T'en as marre d'être la marionnette de la famille McGrath ? » « J'en peux plus Jillian. » que je souffle, dans une expiration qui me serre la gorge, me retourne le coeur. « J'en peux plus et je n'y arrive plus. » le flot de paroles remonte, je n'ai plus envie de rien retenir, plus rien du tout. « J'en peux plus de me réveiller chaque matin pour quitter la maison en sachant que toujours il y aura la voix de maman dans ma tête à répéter, à s'assurer que j'ai tout dans mon sac, que j'ai validé quinze fois avant de partir que je n'ai rien oublié, "parce que tu as la tête ailleurs Virginia, tu oublies toujours tout, tu ne portes attention à rien". » mes lèvres se serrent, mes paumes pareil contre le verre duquel j'ai dérobé une seule gorgée. « J'en peux plus de sentir le regard de papa par-dessus mon épaule à chaque nouvelle toile que je peins, d'être assurée qu'il est déçu, qu'il n'y croit pas, que ma carrière ne sert à rien, que je sers à rien, que j'aurais dû suivre ses pas et devenir architecte parce qu'autrement, ce que je veux faire de ma vie est pas valide. » j'ai la cage thoracique en compote, la bouche sèche, mais j'arrête pas, jamais. « J'en peux plus de douter de moi à chaque décision parce que j'ai presque jamais rien pu décider par moi-même, vraiment. » la première et vraie décision que j'ai prise pour moi était de quitter Londres pour revenir ici, et j'avais été longtemps bourrée de remords de les avoir abandonnés derrière pour la peine, parents abandonnés qui s'étaient vite avérés marionnettistes aguerris. « J'en peux plus et depuis que Noah est parti je- la seule réussite que j'aurais pu avoir, moi-même, sans personne d'autre, j'ai échoué là aussi. J'ai prouvé que j'étais incapable de faire quelque chose toute seule, de l'élever toute seule. J'ai prouvé ce qu'ils m'ont dit toute ma vie. » et j'en peux plus. Et je n'y arrive plus.
« Montre-moi, s'il-te-plaît. » ma tête qui finit par se relever un peu plus, et mes iris que je plante de force dans les siens, m'assurant qu'elle ne détourne pas la tête. « À être moi. » |
| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 21:50 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
« J'en peux plus Jillian. » Et Ginny qui pique la curiosité de Jill. Elle la regarde en penchant légèrement la tête. Elle ne sait pas encore si elle peut totalement la croire, si elle peut avoir confiance. Elle a toujours accepté tout ça, elle a toujours tout subit et ça n'avait pas vraiment l'air de lui déplaire. « J'en peux plus et je n'y arrive plus. » Elle n'arrive plus à être la marionnette des parents et cette nouvelle me réjouit un peu, il était temps qu'elle se réveille et qu'elle arrête de s'obliger à vivre un truc pareil, de tous nous obliger à vivre ça. « Il était temps... » Elle ne la regarde pas et ses yeux sont posés sur son verre. Cette conversation fait remonter bien trop de souvenirs, des choses dont Jill ne veut pas se souvenir. Certes, elle a toujours tenu tête à ses parents, mais elle sait très bien qu'elle n'est pas un modèle non plus. Elle a toujours refusé l'autorité, et c'est peut-être ce qui finira par causer sa perte.
Et Ginny s'explique, elle parle de tout, comme si elle retenait tous ces mots depuis bien trop longtemps. Et Jill a l'impression de voir apparaître une nouvelle personne devant ses yeux, elle n'avait jamais vu sa sœur dans cet état et elle est toujours aussi étonnée. Elle attend de voir le moment où elle lui annonce que tout ça n'est qu'une blague, qu'en réalité elle cherchait encore et toujours Bailey pour lui parler de tout et n'importe quoi. Mais elle a l'air sérieuse, elle a l'air au fond du gouffre. Elle parle de leur mère, et de leur père. « T'as toujours voulu être parfaite Gin... Et c'est certainement ce qui fait que t'es aussi mal aujourd'hui. Parce que personne avait à juger ta peinture, ou à gérer ton sac ! Parce que t'as été surprotégé et que t'as jamais profité de rien. » Elle est peut-être dure, mais elle est elle. Et c'est certainement pour ça que Ginny est venue la voir, pour que quelqu'un lui parle sincèrement. « Tout le monde t'a toujours traité comme une petite chose fragile et c'est ce que t'as fini par devenir. » Jill hoche la tête en essayant de croiser le regard de sa petite sœur qui semble sombrer juste devant elle.
« J'en peux plus de douter de moi à chaque décision parce que j'ai presque jamais rien pu décider par moi-même, vraiment. » Jill soupire, elle le sait très bien, elle vivait avec elle pendant de nombreuses années. « T'as jamais dit non, et c'est la première chose que tu dois faire si tu veux vivre ta vie comme tu l'entends. » Elle boit une partie de son verre avant de de faire un signe à Ginny pour qu'elle la suive sur la canapé. « J'en peux plus et depuis que Noah est parti je- la seule réussite que j'aurais pu avoir, moi-même, sans personne d'autre, j'ai échoué là aussi. J'ai prouvé que j'étais incapable de faire quelque chose toute seule, de l'élever toute seule. J'ai prouvé ce qu'ils m'ont dit toute ma vie. » Jill secoue la tête, elle a aussi mal vécu la fugue de Noah et tout ce que ça a engendré. « Qui t'a dit que t'avais loupé son éducation ? Qui, à part toi, a le droit d'avoir un avis sur comment tu éduques Noah ? C'est bientôt un pré ado et il doit se passer beaucoup de chose dans sa tête, j'ai dû fuguer des centaines de fois. C'est plus un bébé Gin, et il a été prudent, tu l'as retrouvé, il n'y a rien de mal à tout ça. » Jill la regarde, elle a toujours trouvé que Noah était un enfant merveilleux, c'est une des seules personnes sur cette terre à qui elle ne trouve aucun défaut, jamais, et elle remuerait ciel et terre pour lui.
« Montre-moi, s'il-te-plaît. À être moi. » Jill hausse un sourcil. Et elle esquisse un nouveau sourire. « Comment tu veux que je t'apprennes ça ? C'est toi qui dois savoir ce que tu veux pour ta vie, pour toi. Et même pas pour Noah. Tant que tu te seras pas trouvée toi même tu pourras pas avoir inculquer tout ce que tu veux à ton fils. Tu dois te trouver Gin. ». |
| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 23:31 | |
| « Tout le monde t'a toujours traité comme une petite chose fragile et c'est ce que t'as fini par devenir. » Tout le monde t'a toujours traité comme une petite chose fragile et c'est ce que t'as fini par devenir. Tout le monde m'a toujours traitée comme une petite chose fragile. Et c'est ce que j'ai fini par devenir.
J'encaisse, j'acquiesce. C'est la plus simple vérité, l'évidence. Je suis essoufflée, Jill le voit. Épuisée, défaite, je me suis perdue à travers, et je ne le réalise que trop tard. Tous mes choix, tous mes gestes, toutes mes paroles ont tellement longtemps étaient dédiées à ce que mes parents voulaient voir, entendre et espérer de moi que je suis devenue une ombre, que je les ai laissé faire, que j'ai joué au pantin pour eux, que je m'y suis probablement suffisamment plu pour répéter la blague encore et encore. C'est tellement clair, limpide, c'est d'une transparence qui me ferait perdre l'équilibre si je n'avais pas suivi ma soeur sur le canapé où elle m'a invitée à m'installer. « T'as jamais dit non, et c'est la première chose que tu dois faire si tu veux vivre ta vie comme tu l'entends. » l'ironie voudrait que j'hoche de la tête de l'affirmative pour lui montrer que je l'ai entendue, ne reste que je suis scotchée, immobile, attentive. Je relate le passé, je relate toutes les fois où j'aurais dû dire non, où j'aurais voulu dire non. Les petits instants comme les moments charnières, l'infinité de décisions déjà coulées à l'avance sans que je n'ai autre chose à faire que de suivre le chemin tout tracé qu'on m'avait dressé, chemin qui me rassurait d'emprunter parce que je savais que quelqu'un avait tapé la terre devant moi, avait sciemment listé les étapes à accomplir sans me laisser le bénéfice du doute.
Et vient Noah. Noah qui devait être ma libération, Noah qui devait être mon émancipation. Noah qui m'avait ramenée ici, Noah à qui je m'ancrais beaucoup trop pour un gamin de son âge. « Qui t'a dit que t'avais loupé son éducation ? Qui, à part toi, a le droit d'avoir un avis sur comment tu éduques Noah ? C'est bientôt un pré ado et il doit se passer beaucoup de chose dans sa tête, j'ai dû fuguer des centaines de fois. C'est plus un bébé Gin, et il a été prudent, tu l'as retrouvé, il n'y a rien de mal à tout ça. » « C'est vrai. Il est en sécurité maintenant. » que je confirme, plus pour moi que pour elle, me le rappelant des dizaines de centaines de fois chaque jour pour arriver à tenir bon malgré le fait que je savais que Bailey veillerait sur lui, que je pourrais le voir lorsqu'il serait fin prêt.
Les sourcils de Jill n'en finissent plus de se hausser. À la demande que je lui fait, aux supplications qui suivent dans chacun de mes soupirs, de mes coups d'oeil. « Comment tu veux que je t'apprennes ça ? C'est toi qui dois savoir ce que tu veux pour ta vie, pour toi. Et même pas pour Noah. Tant que tu te seras pas trouvée toi même tu pourras pas avoir inculquer tout ce que tu veux à ton fils. Tu dois te trouver Gin. »
« J'aime l'art. » que je commence, à tâtons, tente de me raccrocher aux éléments de moi que je connais, que je maîtrise, l'effort qui fronce mes sourcils de concentration. « Je préfère le vin. » le verre de bourbon qui tourne entre de mes paumes sans que je ne le porte à mes lèvres de nouveau, une nouvelle information à mon sujet qui semble véridique peu importe ce qu'on m'a dit de dire ou de faire jusqu'à maintenant. « Je détestais le manoir à Londres. » il était trop grand, trop luxueux, trop parfait, trop classique, trop associé à des salves de mauvais souvenirs aussi. « Et je déteste avoir attendu aussi longtemps avant qu'on ait cette conversation toutes les deux. » mes iris passent de Logan niché entre nous deux au visage de ma soeur, fatiguée, rongée par le stress des derniers jours elle aussi, bien sûr. |
| | | | (#)Jeu 5 Déc 2019 - 0:47 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
Jill parle avec sa sœur. Elles parlent comme elles n'avaient jamais parlé. Et Jill se surprend à apprécier ce moment. Ça doit être la première que Ginny se confie à elle, et que Jill la laisse faire. Jill continue de parler sincèrement, même si ça fait mal, même si ça la blesse. Elle sent qu'elle en a besoin, qu'elle a besoin que quelqu'un la traite comme une adulte responsable, comme la personne qu'elle voudrait être. Jill joue pour la première fois à la grande sœur et elle essaie réellement de l'aider. Comme quoi, tout le monde peut évoluer. Elle prend sur elle, et elle cherche tout ce qui pourrait l'aider, tout ce qu'elle pourrait dire pour créer un déclic, le déclic dont Ginny a besoin pour enfin commencer à vivre sa vie.
« C'est vrai. Il est en sécurité maintenant. » Oui, il va bien. Et il est certainement avec Bailey. Bailey qui n'est pas là depuis des jours, et qu'elle attend en réfléchissant beaucoup trop. En ayant pour seul partenaire ses bouteilles et Logan qui la suit partout. Il est encore allongé, entre Jill et Ginny. Il n'y a pas de tension entre les deux filles, elles sont posés sur ce canapé, ayant une conversation importante. Comme n'importe quelles sœurs pourraient le faire. « Laisse lui du temps, tout à changer rapidement pour lui et tout va encore bien trop changer. Notre famille n'est pas vraiment un exemple de normalité et de stabilité. Mais il s'en sortira. La seule chose que je peux te dire, c'est laisse le faire ses propres expériences, ne le surprotège pas. Il a besoin de vivre et d'apprendre les choses par lui même. Autant qu'il a besoin que tu le guides. Mais fais toi confiance, tu sais ce qu'il faut faire, ton instinct le sait. » Elle parle comme si elle avait déjà eu à élever un enfant. Mais elle sait au fond d'elle qu'elle n'en serait absolument pas capable. Alors elle conseille, elle fait ce qu'elle peut, mais aucune de ces informations n'a été vérifié par qui que ce soit. Elle suit son instinct, et c'est apparemment ce que Ginny souhaite faire elle aussi.
Jill encourage Ginny à se trouver, à comprendre qui elle est. Et elle sait que ça peut être assez compliqué à gérer. « J'aime l'art. » Jill aime aussi beaucoup dessiner, et la musique. Mais est ce que c'est réellement le moment d'en parler ? Jill la laisse faire, elle la laisse parler et elle ne la coupe pas. « Je préfère le vin. » Jill sourit, sur ça aussi elle sont donc différentes. Jill a toujours préféré les alcools forts. « Il doit y avoir une bouteille dans la cuisine ! On peut toujours la partager ! » Jill se lève pour en sortir une de la cuisine et ramener deux nouveaux verres. « Je détestais le manoir à Londres. » Jill se rembrunit en entendant parlé de Londres. « Quelle personne censée pouvait aimer cet endroit ? » C'était affreux, et Jill secoue la tête pour ne plus penser à tout ça. « Pourquoi t'as accepté ? D'être arraché à ta vie aussi facilement ? » Elle soupire, elle ne veut pas s'engueuler avec elle, pas ce soir, pas en étant si fatiguée. « Et je déteste avoir attendu aussi longtemps avant qu'on ait cette conversation toutes les deux. » Jill la regarde dans les yeux longuement. Elles étaient toutes les deux dans un sale état et elles avaient apparemment besoin de parler. « Tu n'as jamais osé rien dire, rien me dire en fait, et je suis contente que tu décides enfin par toi même de cette coquille. Et si je peux t'aider, je t'aiderais... » Jill attend un peu, se laissant le temps de réfléchir avant de rajouter quelque chose. "J'aime l'art aussi..." Un petit point commun, certainement le premier qu'elles s'étaient trouvé. |
| | | | (#)Jeu 5 Déc 2019 - 21:10 | |
| Jill se lève, un geste brusque, presque rassurant tellement il me représente ma sœur de la plus naturelle des façons quand elle annonce fièrement qu’ « Il doit y avoir une bouteille dans la cuisine ! On peut toujours la partager ! » je la regarde évoluer dans la villa de Bailey comme si elle avait toujours habité ici, un sourire qui remonte un peu plus sur mes lèvres de la voir connaître tous les endroits où tout est caché, des coupes à l’ouvre-bouteille, en passant par le rouge qu’elle sert avant de venir à nouveau me rejoindre. « Quelle personne censée pouvait aimer cet endroit ? » « Noah disait que les placards étaient hantés. » le manoir qui a chassé son air léger, je tente de le remettre en place en lui rappelant toutes les fois où mon fils s’était faufilé dans une pièce à tâtons, les yeux fermés, effrayé d’ouvrir les garde-robes et autres armoires de peur de tomber avec un des fantômes que la demeure semblait abriter. « Pourquoi t'as accepté ? D'être arraché à ta vie aussi facilement ? » pourtant, le pire fantôme qui vivait là, c’était moi.
« Je savais pas quoi faire d’autre Jill. » je l'ignorais encore il n'y a que quelques minutes. Doucement, je pose le verre de bourbon sur la table basse, me contente du vin que Jill m’a dédié, qui sent bon les fruits rouges, le bois corsé. « Ezra voulait pas-, Matt m’avait dit qu’Ezra voulait pas que je garde le bébé. Les parents s’assuraient que je sois jamais seule pour me faire comprendre de toutes les façons possibles que j’allais échouer s’ils ne passaient pas les 9 mois qui allaient suivre avec moi. » les tissus de mensonges qui ont fini par remonter, Matt qui avait tout inventé sous la demande des parents, Ezra qui avait été tenu à l’écart, menacé de ne pas suivre. Ezra à qui on avait raconté que de mon côté, j’avais décidé par moi-même de m’exiler, de le laisser derrière. On avait tous été des pantins, moi la première, et même deux ans après avoir su la vérité j’en restais marquée au point de toujours remettre en doute une fraction de seconde tout ce qu’on me disait. « J’ai paniqué. J’étais jeune et j’ai paniqué. Tellement que je les ai laissé vous embarquer avec nous. Vous auriez pas dû suivre, vous aviez pas à tout abandonner à cause de moi. Mais si vous aviez pas été à Londres, je… c’est égoïste, mais si vous n’aviez pas été avec moi, je serais probablement plus là. » et ça, ça c’était le plus grand des drames. Pas celui d’avoir été arrachée à la seule vie, au seul pays que je connaissais. Mais d’avoir remercié tout ce à quoi j’ai pu dire merci qu’ils aient été là, Matt et elle, qu’ils ne m’aient pas laissée sombrer à leur façon, même après que j’ai cédé, même après que j’ai volé tous les cachets de Jill pour les mélanger au bourbon de Bailey.
« Tu n'as jamais osé rien dire, rien me dire en fait, et je suis contente que tu décides enfin par toi même de cette coquille. Et si je peux t'aider, je t'aiderais... » « J’étais pas prête à t’entendre dire la vérité. » qui me semble être la seule évidence dans toute cette histoire. Je savais qu’un jour je serais assez forte pour entendre ce qu’elle pensait de tout ça, pour l’entendre me dire ce que je devais maintenant comprendre et accepter. Assumer. « Mais je le suis maintenant. »
Y’a un silence qui s’installe, suffisamment pour que je réalise à nouveau la présence de Logan, pour que je laisse mon regard couler le long de son museau posé sur les cuisses de Jill, mes iris qui se perdent au loin vers le piano de Bailey. « Tu as joué, pour lui? » que je demande, distraite, me souvenant d’une unique fois à Londres où j’avais entendu ma sœur s’essayer au piano, beaucoup plus talentueuse qu’elle n’aurait voulu qu’on sache. Ma tête finit par se tourner à nouveau vers elle, une inspiration plus tard. « C’est probablement le dernier de tes soucis mais comme je tente d’être vraiment moi... » j’attends d’être certaine, assurée qu’elle entende les prochains mots à son intention. « J’aime ce que vous êtes devenus, Bailey et toi. » une gorgée de vin de plus, et je fais mine de me lever, j'ai juste besoin d'aller ouvrir une fenêtre, juste besoin de respirer un peu plus, à nouveau. « Je reviens. »
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| | | | (#)Jeu 5 Déc 2019 - 23:37 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
Elles parlent de Londres pendant quelques secondes. Elles savent que c'est un sujet sensible. Qu'elles ont toutes les deux du mal à accepter cette partie de leur histoire. « Noah disait que les placards étaient hantés. » Jill hoche la tête en souriant. Noah étaient une des seules choses positive qu'il y avait à Londres. « Si y'avait eu que les placards... Cette maison pouvait faire flipper n'importe qui... » Jill en a des frissons rien que d'y penser. Elle ne retournera jamais dans cette maison. Jamais.
Et Jill pose la question qui l'avait hanté pendant toutes ces années. Pourquoi elle avait laissé faire ça ? Comment elle avait accepté de subir ça ? D'être éloignée de son amour de jeunesse, de changer de villes, d'abandonner ses amis, et d'obliger sa famille à la suivre. Ces questions avaient toujours été sans réponses, et c'était en partie à cause de tout ça que Jill détestait autant ça sœur. « Je savais pas quoi faire d'autre Jill. » Et Jill qui est prête à s'énerver, prête à avoir cette conversation une énième fois sans avoir aucune autre explication. Mais Gin continue de parler. Et, pour une fois, Jill l'écoute. Elle explique tout, les vannes sont ouvertes et Ginny ne s'arrête plus de parler, c'est comme si tout ça sommeillait au fond d'elle depuis des années. Jill n'avait jamais eu le droit de réellement connaître les détails de cette histoire, elle ne l'avait jamais vraiment voulu non plus. Elle savait que Matt avait été impliqué, et elle lui en avait voulu pour ça. Elle avoue avoir été égoïste et Jill reste bouche bée. Elle ne s'attendait pas à apprendre tout ça en une seule soirée. « Tu aurais dû parler avant... T'aurais pu te rebeller, t'enfuir avec Ezra... » Jill énonce des choses qu'elle aurait pu faire elle-même. « Mais c'est du passé... » Quand elle parle de ce qu'elle aurait pu faire, Jill baisse les yeux sur ses mains, ça lui fait penser à tout ce qui lui est arrivé quand tout le monde a décidé de quitter Londres, et de la laisser seule avec les parents McGrath. Elle aussi a faillit y passer. « Londres a été dur pour tout le monde au final je crois. ». Elle hoche la tête en buvant une partie de son verre. « J'étais pas prête à t'entendre dire la vérité. » Jill la regarde de nouveau dans les yeux, elle sait qu'elle ne lui aurait jamais menti. « Mais je le suis maintenant. » Elle sourit, ça la rassure en quelque sorte. « Peut-être que t'es enfin plus une gamine. » C'était encore dur, mais c'est tout ce que Jill pensait, la vérité à l'état brut.
Elles ne parlent pas pendant quelques minutes. Essayant certainement d'assimiler toutes ces informations. Et d'essayer de comprendre ce qui pouvait bien se passer entre elles. « Tu as joué pour lui ? » Jill la regarde, étonnée. Elle ne l'a jamais dit à personne. Alors elle utilise la carte du mensonge. « J'ai jamais su jouer, ce serait de la torture de l'obliger à m'écouter. » Elle hoche la tête en fuyant son regard. « C'est probablement le dernier de tes soucis mais comme je tente d'être vraiment moi... » Elle aurait pu attraper sa main, si elle avait été la vraie grande sœur parfaite. Mais Jill n'oserait même pas la toucher, avoir un contact avec sa sœur. Elle ne saurait même pas comment s'y prendre après l'avoir pratiquement ignoré toute sa vie. « Mieux vaut tard que jamais ! » Elle sourit de nouveau. « Si ça te permet d'aller mieux, c'est le principal... » Aller bien, vivre leurs vies comme ils l'entendaient. Ils avaient terriblement besoin de ça dans cette famille. « J'aime ce que vous êtes devenus Bailey et toi. »Elle sourit quand elle entend le nom de Bailey. « J'aime aussi, même si c'est compliqué de temps en temps. » Comme en ce moment même. Quand elle est au bord de l'implosion parce que rien ne va et qu'il n'est pas là. Et qu'au fond, elle sait qu'elle n'a pas le droit de lui en vouloir. Elle n'a pas le droit de dire quoi que ce soit. « Je reviens » Jill la regarde se lever et la voit se diriger vers une fenêtre pour l'ouvrir. La fenêtre qui est à côté du bureau. Du bureau sur lequel Jill dessine depuis plusieurs jours. Elle est seule, personne ne la voit, et elle en profite. Elle laisse passer toutes ses émotions sur ses nombreux dessins. Et Gin s'en approche dangereusement. « Attends... » Elle n'a pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit que Ginny a atteint la fenêtre. Et Jill reste muette, attendant le moment inévitable où Gin va poser ses yeux sur les feuilles qui se trouvent juste devant elle. |
| | | | (#)Mar 10 Déc 2019 - 3:05 | |
| « Tu aurais dû parler avant... T'aurais pu te rebeller, t'enfuir avec Ezra... Mais c'est du passé... » « J'ai attendu qu'il vienne me chercher tu sais. J'ai attendu tellement longtemps. » j'aurais dû faire bien des choses. J'aurais dû refuser de partir, j'aurais dû m'assurer de parler au Beauregard avant de docilement faire mes valises. J'aurais dû les empêcher de forcer Matt et Jill à nous suivre, j'aurais dû revenir à la seconde où Auden était venu à Londres avec pour seul et unique but de nous ramener ici Noah et moi, un an après que j'ai arrêté d'attendre Ezra, le coeur brisé. Mais j'étais amoureuse, mais j'étais démolie. J'étais cassée, j'étais effrayée, j'y croyais plus à ma valeur, à celle que j'aurais pu devenir. Je n'entendais que toujours le même discours, celui qui pointait le fait que je n'étais rien seule, que je ne serais jamais rien seule. J'y avais cru, trop longtemps. « Londres a été dur pour tout le monde au final je crois. » je n'ai jamais osé lui demander à quel point ça l'avait été pour elle. Pourtant ce soir, mes yeux s'accrochent aux siens, partagent sa douleur du mieux que je le peux. « Je suis désolée que ça ait été dur pour toi aussi Jill. Tu méritais rien de ça. »
Elle semble aussi étonnée que moi de la tournure de la conversation, pourtant tout ce qui sort de ma bouche est la plus pure vérité, tout ce que je lui dis, tout ce que j'arrive enfin à lui dire. « Peut-être que t'es enfin plus une gamine. » son sourire en coin fait écho au mien, j'inspire un peu mieux à travers. « Peut-être, oui. » et parce qu'un McGrath tente toujours de désamorcer même les plus pires des drames d'une touche d'humour totalement déplacée et tout sauf nécessaire, j'essaie à mon tour, presque moqueuse, un peu plus à l'aise. « C'est la crise d'adolescence qui m'attend maintenant, c'est ça? »
Bailey n'est pas là, et pourtant son piano me le rappelle doucement. « J'ai jamais su jouer, ce serait de la torture de l'obliger à m'écouter. » mes sourcils se froncent, je sais très bien ce qu'elle fait, je serais prête à parier qu'elle affiche la mine la plus fermée dont elle est capable simplement pour me chasser de ce terrain-là. J'aurais pu m'en brusquer, que Jill me ferme la porte de son intimité quand je viens d'enfoncer violemment la mienne devant elle, pourtant j'acquiesce, hausse doucement les épaules, bois une nouvelle gorgée de vin. « J'ai dû confondre avec Matt, alors. » je ne confonds pas, elle le sait aussi bien que moi, que je la dédouane, que je lui offre une porte de sortie. Loin de moi l'idée de la forcer à entrer en mode confessions parce que c'est ce que j'ai moi-même décidé de faire ce soir ; elle n'a pas besoin si elle n'en a pas envie. Alors je balaie, alors je reviens sur un terrain qui lui appartient, alors je lui donne ma bénédiction même si elle pourrait, devrait très bien faire sans, même si je ne serai jamais égoïste et imbue de croire qu'elle la voudrait. « J'aime aussi, même si c'est compliqué de temps en temps. » c'est compliqué oui, mais « Vous vous aimez ; ça, c'est simple. Et c'est tout ce qui compte en bout de ligne. » ou du moins, à mes yeux, c'est la seule chose importante du lot. L'amour qu'ils se vouent depuis des années l'un à l'autre.
La fenêtre vers laquelle je me dirige, le coup de vent du moment où je l'ouvre qui emporte avec lui divers papiers, différentes feuilles - et des dessins, des dessins par dizaine. Jill tente de m'empêcher de regarder, mais bien sûr que sa voix m'encourage à le faire, que je ne suis que curiosité déplacée lorsque je laisse mes prunelles glisser sur tous les croquis qu'elle a laissés là, confiante, assumée. « Ça te ressemble. » que je finis par avouer, comme une conclusion logique, comme si c'était une évidence. « Le trait est dur, mais les couleurs sont douces. » mon index refait le trajet de ses nombreuses lignes, retrace les dessins à travers ses yeux, à travers ses techniques. « C'est de toi? » ma tête que je relève finalement vers ma soeur, toujours à l'autre bout de la pièce, muette, le visage rivé vers moi. « Ou j'ai confondu avec Matt encore? » |
| | | | (#)Mer 11 Déc 2019 - 0:10 | |
| Just wanted to protect you, will never get to
Elles se retrouve toutes les deux, toujours assise sur ce canapé. L'une en face de l'autre et Logan toujours allongé entre les deux. Jill lui caresse régulièrement la tête. « J'ai attendu qu'il vienne me chercher tu sais. J'ai attendu tellement longtemps. » Jill hoche la tête. Peut-être qu'elle lui en voulait depuis tant d'années pour des choses qui n'étaient pas uniquement de sa faute. Les relations entre les deux sœurs ne seraient très certainement jamais aux beaux fixes. Mais Jill arrivait peut-être à un peu mieux la comprendre maintenant qu'elles avaient décidé de discuter. Certainement pour la première fois depuis toujours. « Cette famille nous aura tous pourri la vie. » Leurs parents, dans ce cas là, Matt, avait détruit la vie de Ginny. Et les parents McGrath les avaient tous détruit, les uns après les autres. « Je suis désolée que ça ait été dur pour toi aussi Jill. Tu méritais rien de ça. » Elle hoche la tête. Elle ne peut rien ajouter et Jill n'est pas du genre à se plaindre. Alors elle ne dit rien, mais elle sait que sa sœur comprendra que c'est parce qu'elle aura vécu les pires années de sa vie dans cette ville.
« Peut-être, oui. C'est la crise d'adolescence qui m'attend maintenant c'est ça ? » Jill laisse échapper un petit rire de ses lèvres. « Fais gaffe, chez les McGrath, je suis pas sûre qu'on sorte un jour de la crise d'ado ! » Jill lève les yeux au ciel. Elle est un grande enfant, exactement comme Matt. C'était certainement un trait de famille. Mais au fond, elle espérait que Ginny ne finirait pas comme elle. Qu'elle resterait en partie la petite fille innocente qu'elle a toujours été. « Va falloir faire attention à ce que tu partes pas en live Gin ! » Et elle lui fait un clin d’œil amusé. Elle lui parle du piano, et Jill essaie d'éviter. Elle est pas censée être au courant. Personne à part Bailey n'est censé l'être. « J'ai dû confondre avec Matt, alors. » Gin n'a pas l'air convaincu. Et Jill essaie d'éviter son regard quelques instants. « Tu crois vraiment que Matt joue du piano ? » Et elle se met à rire légèrement. Elle se met à regarder le piano. Presque par réflexe. Avant de poser à nouveau ses yeux sur Ginny. « Vous vous aimez ; ça, c'est simple. Et c'est tout ce qui compte en bout de ligne. ». Et elle ne peut s'empêcher de sourire. Même si elle ne l'a pas vu depuis des jours et qu'elle l'attend. Elle l'aime, et elle ne peut rien faire contre ça. « Au moins un truc de simple dans ma vie alors... »
Ginny s'avance vers la fenêtre au dessus du bureau. Et les dessins de Jill s'envolent et se posent devant les yeux de Ginny. Le souffle de Jill se coupe. « ça te ressemble. » Merde. Jill s'enfonce un peu plus dans le canapé. « Le trait est dur, mais les couleurs sont douces. » Et merde. Elle est terrorisée à l'idée que sa sœur puisse autant la connaître. Elle ne sait pas quoi dire. « C'est de toi ? Ou j'ai confondu avec Matt encore ? » Jill la regarde, étonnée. Elle le sait, Gin connait les passions de Jill. Et elle soupire longuement en mettant sa tête dans ses mains. « Je... Je sais que j'ai pas vraiment de talent pour le dessin, j'ai pas un vrai talent pour la musique non plus... C'est juste mes trucs à moi, ça me déstresse... » Elle se justifie, pourquoi elle sent tout de suite qu'elle a besoin de se justifier ? Certainement parce que personne ne savait tout ça encore. Et qu'elle n'était pas vraiment préparée à ce que ce soit sa petite sœur la première au courant d'une grande partie de ses secrets. |
| | | | (#)Ven 20 Déc 2019 - 17:22 | |
| Les blagues qui remontent, on fait comme on peut il faut dire. « Fais gaffe, chez les McGrath, je suis pas sûre qu'on sorte un jour de la crise d'ado ! » « Pourquoi tu penses que les parents sont autant sur notre dos, sinon. » si elle se moque, j'y arrive un peu aussi. Je ne mets pas ça sur la faute du vin, j'en ai à peine bu quelques gorgées, pas suffisamment pour qu'il me monte à la tête. C'est plutôt la légèreté avec laquelle on arrive à parler des sujets qui font mal, la facilité avec laquelle on a réussi à les aborder une bonne fois pour toutes qui me donne confiance. « Va falloir faire attention à ce que tu partes pas en live Gin ! » fût un temps, je ne m'en serais pas inquiétée. Fût un temps, j'aurais balayé le tout du revers de la main, parce que j'étais la valeur sûre, celle qui ne parle pas plus fort que les autres, celle qui est sage parce qu'on lui a montré à être ainsi et rien d'autre. Aujourd'hui mes paumes se resserrent autour de mon verre et je reste silencieuse, la promesse qui ne remonte pas, les doutes à la place. Je ferais de mon mieux Jill, si je pouvais anticiper la suite. Ça je peux te le promettre, envers et contre le reste.
« Tu crois vraiment que Matt joue du piano ? » « Il doit connaître par coeur une ou deux chansons et juste s'en vanter dès qu'il en a l'occasion. » notre frère, oh Matt, le personnage qui avait su autant nous faire rire que nous faire mal. On l'aimait, je l'aimais, mais j'avançais encore à tâtons avec lui, j'étais encore tellement prudente que je ne pouvais pas concevoir qu'on redevienne ultimement comme avant lui et moi. Le temps nous avait occasionné tellement de cassures, seul le temps pourrait les réparer à mon sens. « Au moins un truc de simple dans ma vie alors... » et ce que le temps a offert à Jill, c'était l'homme de sa vie. Elle l'avait trouvé au même moment où j'avais perdu le mien, elle l'avait côtoyé tantôt à distance, tantôt fusionnelle, elle l'avait aimé bien plus tôt qu'elle ne le croyait, et maintenant, tout se simplifiait enfin pour eux. « Ça fait du bien hen, quand ça arrive? » parce qu'on avait chacune eux notre lot de drames, de complications. Parce qu'on y était habituées, probablement bien plus qu'à l'accalmie d'après. On fonctionnait mieux sous pression de toute façon. Les McGrath étaient toujours plus vrais quand ils étaient confrontés à leurs pires démons. « Il va revenir à la maison. Il est bien ici, avec toi. » que je dis pour elle, au sujet de Bailey. Que j'aimerais entendre pour moi, au sujet de Noah.
Sa tête bourdonne, sa tête qu'elle tourne vers moi à la seconde où je découvre un trait de crayon et un trait tout court, qu'elle souhaitait me cacher apparemment. Je ne lui en tiens pas rigueur. « Je... Je sais que j'ai pas vraiment de talent pour le dessin, j'ai pas un vrai talent pour la musique non plus... C'est juste mes trucs à moi, ça me déstresse... » mes sourcils se froncent doucement, je déteste quand elle fait ça, quand elle saute aux conclusions, quand elle se diminue alors qu'à mes yeux elle n'a jamais été autre chose que la plus forte de toutes. « Qui dit que tu n'as aucun vrai talent? » mis à part elle et elle-même, personne d'autre n'aurait pu en venir à ce constat là à voir comment elle cache ses croquis, et comment elle s'y est appliquée. « Tant que ça te fait du bien, tant que tu aimes ça, le talent, on s'en contrefiche. » le talent, ça s'apprenait. Ça venait avec les techniques, avec le temps dédié. Ça se construisait au fil des années. Si elle voulait vraiment s'y mettre, elle avait plus que de bonnes bases pour commencer. « Mais tu en as. » mes yeux se relèvent de ses dessins, attrapent ses prunelles à l'autre bout de la pièce alors que je réduis la distance entre nous deux. « Même si tu me croiras pas si je te le dis, que tu penseras que je dis ça juste pour être gentille. » un fin sourire se dessine sur mes lèvres, j'hausse l'épaule comme si ça ne me dérangeait pas tant que ça, que ma soeur se méfie encore de moi, que ma soeur ne m'ait jamais fait confiance, et que peu importe la douceur et la nécessité de la conversation d'aujourd'hui, elle risque de retourner dans ses mauvais plis un jour je prédis. « T'es douée Jill. » je reviens m'installer près d'elle, posant comme s'ils étaient les papiers les plus précieux du monde ses croquis sur la table basse devant nous. « Tu devrais venir à l'atelier. Je peux te dire quand j'enseigne pas pour que t'évites mes classes. » |
| | | | | | | | just wanted to protect you, will never get to ▲ mcgrath sisters |
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