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 santa monica dream - (jessian&grace)

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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyDim 8 Déc 2019 - 13:53

On s’rappelle de ce qu’on a dit ? On se met en place, on privilégie les prises simples parce que les clubs préfèrent ça, on s’adapte à eux même si c’est chiant, et surtout on reste pros sur l’attitude. Donc Magnus, j’veux pas te voir demander des autographes à des joueurs, ils ont mieux à foutre ce soir.

Les deux stagiaires opinent du chef en balançant nerveusement leurs jambes en-dessous de leurs chaises de jardin. Le stress monte parmi la petite équipe, contaminant irrémédiablement la cheffe du trio - elle espère n’en laisser rien paraître. Surtout pas ce soir, encore moins maintenant. Sous ses yeux, Magnus triture sa barbe naissante avec l’anxiété qu’elle lui reconnaît bien, tandis que Julia s’efforce de maîtriser sa respiration un peu nasillarde. Pas de quoi en faire un foin, pense la jeune femme ; des stars, ils en ont déjà vues plus d’une fois dans leur courte carrière. Peut-être pas des stars de deux mètres soixante à la masse graisseuse négative et aux bras qui faisaient trois fois leurs cuisses, mais le manque d’équivalence ne devrait plus autant les impressionner. Pourtant, face à ses stagiaires tremblants, Grace n’en mène pas plus large qu’eux.

Le focus sur l’extérieur ne lui sert à rien non plus - les journalistes appointés pour l’événement réseautent bruyamment, échangeant ragots et bouteilles d’eau neuves sans discontinuer. Les organisateurs, eux, effectuent le tour du périmètre de rigueur : pas le choix, quand le centre et coeur de l’événement est aussi celui du terrain de football australien. Les équipes de professionnels, entre reporters, sponsors et bénévoles à la mise en place, sont parqués dans un coin du grand rectangle de jeu, en attendant les vedettes du soir. Brisbane s’est opposée à Sydney, relançant une nouvelle saison du sport favoris des nationaux. Un événement dont l’art photographique se serait bien passé mais dont Grace avait besoin pour ne pas se retrouver à la rue d’ici quelques mois. La brune s’extrait de sa contemplation, retourne à sa mini-cellule de crise : Julia vient de découvrir que sa chaise de jardin avait un pied cassé et autour d’elle, le monde s’écroule. “Ca va le faire, hein ? Vous vomissez pas sur la mannequin ? Ni sur l’appareil ?” les tance-t-elle, sardonique. Elle imagine que la remarque peut s’appliquer à elle-même - sous son coeur trop vigoureux, elle n’a même pas remarqué avoir haussé la voix si fort.

La fin de leur supplice sonne l’arrivée au compte-goutte des joueurs par les portes des vestiaires. Le contrat stipulait une séance photos à l’intérieur des locaux, Grace a réussi à négocier pour l’extérieur avec l’appui des joueurs : la climatisation cassée n’enchantait personne pour une séance aussi longue. Les trois professionnels quittent leurs chaises moitié cassées, se lèvent à la rencontre des joueurs de ce soir. Grace leur tend la main, armée de son sourire ferme, présentant ses deux acolytes à tour de rôle. A force de devoir se justifier, elle a fini par abandonner et tendre la main gauche - ça ne plaît pas forcément, mais c’est le moins inconfortable pour elle comme pour son interlocuteur. Les joueurs s’y retrouvent, lui répondent d’une poignée franche, prennent place comme de vieux habitués du collège qui prendraient la quarantième photo de classe de l’année. Les secondes s’égrainent comme des heures et la jeune femme sent son myocarde se contracter davantage à chaque joueur qui la salue. Elle est absolument consciente de la main qu’elle serrera en dernier. Et ça fait bien longtemps que son coeur n’a pas été malmené à ce point.

On oublie pas de virer les logos derrière hors du cadre, la Commonwealth nous sponso pas, ni la groupie des Sydney Swants”, commande-t-elle à ses stagiaires qui se mettent en place, prenant son mal en patience.

La tension grimpe et l’oppresse au point qu’elle commence elle-même à piétiner pour tromper l’angoisse. Elle prend rapidement la manie d’essuyer ses mains sur son pantalon toutes les deux secondes. Elle a peur qu’un détail gâche la soirée ; qu’un ennemi infime qu’elle n’aurait pas encore remarqué se glisse et gâche les retrouvailles qu’elle leur a maintes fois imaginées jadis.

Elle a l’impression que trois secondes seulement se sont passées depuis la dernière fois qu’elles se sont vues. Que les multitudes de vies qui les ont séparées n’ont été qu’une parenthèse - son sourire, le sourire de Jess, il n’a pas bougé, empreint des mêmes fossettes qu’alors, et autour de ce sourire, tout ce qui a pu changer en dix ans ne lui semble que détail. Elle n’ose pas bouger, trop familière avec ses limitations. Au lieu de quoi, elle laisse la jeune femme venir à elle, lui tend la main à sa manière d’habituée, la salue d’un hochement de tête “Grace Coughlin, je suis la photographe pour ce soir.” La brune se retourne promptement, intime à ses stagiaires de la rejoindre d’un coup de menton. “Et voici Julia et Magnus, mes collaborateurs.” Elle lui serre la main de façon professionnelle, ne laisse paraître de son trouble qu’un sourire pétillant qui contamine ses yeux. “On vous attendait, on commence quand vous voulez.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 14 Déc 2019 - 11:17

Les apparitions publiques, ce n’est pas vraiment ton truc. Certes, il t’arrive régulièrement d’assister à des soirées publiques, à représenter l’agence mais les photos de ces évènements qui se retrouvaient dans les magazines étaient surtout des célébrités plus médiatisées que toi. Parce qu’au final, tu n’étais qu’une mannequin qui réalisait des publicités et même si tu jouissais d’une bonne image auprès du grand public, ta vie n’était pas ce qui les intéressait. Mais ce soir, c’était différent. Ce soir, l’agence t’avait demandé si tu voulais bien être celle qui donnerait le coup d’envoi du match de football où l’équipe de Brisbane affrontait Sydney, un match avec un enjeu important pour tous les fans. Tu n’avais pas eu l’idée de refuser et tu avais accepté bien entendu de participer aux photos qui seraient prises ensuite. Tu connaissais quelques joueurs pour les avoir croisés à quelques soirées et tu te souvenais qu’un avait été avec toi au lycée mais c’était toujours de bons moments. Tu dégottais des places pour tes parents et ta fille qui se fera un plaisir de venir s’imprégner de l’ambiance du stade qui régnait. Tu n’étais pas une grande connaisseuse du sport de ton côté mais tu avais les basiques, ton père y avait veillé. Tu avais décidé de profiter de l’expérience à fond. Tu étais arrivée bien en avance et avait conclu avec les organisateurs de garder ta tenue qui consistait à un short en jean, des baskets et un t-shirt moulant aux couleurs de l’équipe de la ville. Le soleil brillait dans le ciel et tu n’avais pas hésité à sortir les lunettes de soleil. Tu avais rencontré les petites amies des joueurs et leurs familles pendant qu’ils se préparaient pour le match avant de les rejoindre pour le discours du coach. C’était une toute nouvelle expérience pour toi que de vivre cela de l’intérieur et tu en profitais à fond. Tu savais grâce aux photos de ta mère que ta famille se trouvait dans le stade et que Morgane semblait heureuse d’être là. Tu allais les rejoindre rapidement de toute manière. Donner le coup d’envoi ne fut pas difficile, ce fut presque naturel. Et puis tu laissais le terrain aux professionnels pour aller retrouver ta fille qui mangeait une barbe à papa. Elle ne semblait pas passionnée par ce qui se déroulait sur le terrain mais était intriguée des réactions qui se déroulaient autour d’elle à chaque nouvelle action.

Alors que le match venait de se terminer, on vint te chercher pour t’emmener vers l’endroit où les joueurs devaient se retrouver pour une séance photo avant la fête qui célèbrerait leur victoire, première de la saison. Tu dis au revoir à ta fille que tu devais retrouver par la suite avant de suivre les organisateurs. Tu ne fus pas surprise que l’on te donne tout un tas de consignes, que l’on te rappelle tout un tas de règles qui te donnaient envie de lever les yeux au ciel. Finalement, tu réussis à fausser compagnie à tes gardes du corps pour te réfugier dans les vestiaires des joueurs. Le vigile à l’entrée leva un sourcil mais il ne dit rien. Les joueurs que tu retrouvais à l’intérieur te taquinèrent sur ta présence mais tu leur renvoyais très bien la balle, peu impressionnée par leurs muscles ou leurs célébrité. C’était amusant de voir à quel point les filles tombaient sur leur passage mais tu ne manquais pas de noter que la plupart du temps, cela ne leur faisait pas que plaisir … Finalement, ils semblèrent prêts et vous quittiez les vestiaires. Tu discutais avec le joueur que tu connaissais du lycée, toi en le félicitant, lui en prenant des nouvelles de ta fille et bientôt, vous étiez arrivés à destination. Tu laissais les joueurs saluer l’équipe qui allait s’occuper des photos, baissant les yeux pour ne pas recevoir les regards réprobateurs de tes précédents accompagnateurs et tu levais la tête au dernier moment pour te retrouver devant un visage que tu ne connaissais que trop bien même si tu ne l’avais pas vu depuis des années. « Grace ? » Murmuras-tu comme éberluée avant que la belle brune en question te tende la main et te dise : « Grace Coughlin, je suis la photographe pour ce soir. Et voici Julia et Magnus, mes collaborateurs. » Incapable de dire un mot, tu lui serres la main et tu salues ses deux collaborateurs d’un signe de tête. Ton coeur bat soudain à une vitesse hallucinante et tu ouvres la bouche pour parler mais tu ne sais pas quoi dire. Tu ne savais pas que Grace était à Brisbane, tu ne savais d’ailleurs rien de Grace depuis que vos chemins s’étaient séparés quand tu avais décidé de t’installer à Londres. « n vous attendait, on commence quand vous voulez. » Commencer … Oui, il faut commencer. Le photoshoot, c’est pour ça que vous êtes tous là. Tu hoches la tête avant de tourner la tête vers l’équipe qui discute déjà presque en place. « Je pense que nous sommes prêts. » Tu secoues légèrement tête comme pour revenir dans le présent plutôt que de laisser les souvenirs s’imposer. Ils sont pourtant nombreux ceux que tu as avec Grace, tu lui dois tellement de choses et elle doit l’ignorer parce que tu n’as jamais eu l’occasion de le lui dire … « Je ne me suis pas présentée. Jessian mais tout le monde m’appelle Jess alors je vous invite à faire de même. » Dis-tu particulièrement en direction des collaborateurs de Grace. « Je vous laisse nous dire ce que vous avez en tête. » Après tout, ton métier c’était d’improviser mais toujours à partir d’une base. Et connaissant Grace, elle avait certainement une idée derrière la tête. Avant de rejoindre les joueurs, tu t’approchais un peu de la jeune brune, faisant certainement croire de l’extérieur que tu lui posais une question existentielle sur le photoshoot mais cela ne t’intéressait pas, plus maintenant. « Je ne savais pas que tu étais à Brisbane. Tu … Quand on aura pris les photos, tu as deux minutes ? » Tu n’as pas envie de voir la jeune femme disparaître dans la nature une nouvelle fois alors tu tentes ta chance.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyDim 15 Déc 2019 - 8:08

Enfin. Enfin leurs regards se croisent et elle sent Jessian perdre pied, interdite devant elle, probablement aussi bouleversée que l’aînée. Elle lit dans ses yeux la même stupeur qu’elle avait ressenti en lisant le contrat pour la séance photos, en découvrant son nom écrit et apposé sur les papiers. Grace, elle, est gênée, embarrassée de se trouver là, sans savoir quoi faire de son corps devenu trop encombrant pour tous les endroits où elle aimerait se cacher. Elle pensait s’être préparée, pourtant. Elle avait mille fois imaginé le déroulement de la soirée, se donnant le beau rôle dans chacune, incarnant l’aisance qu’elle avait autrefois ressenti aux côtés de la jeune femme. Elle avait oublié de se préparer au coeur qui bat à tout rompre, à l’envie de l’étreindre qui se battait avec celle de fuir, à ses joues qui s’empourprent à mesure qu’elle sort son laïus de photographe professionnelle dans lequel elle met toute émotion à distance.

« Je pense que nous sommes prêts. »

Face à elle, Jessian semble distraite. Elle, elle remarque tout juste combien sa gorge est sèche, son ton essoufflé après avoir parlé autant et avec autant de pression. Elle doit se répéter son credo du jour avec force avant de réussir à déballer un sourire pas trop gênée à son ancienne amante. Garder un visage neutre, une attitude ferme, pour ses stagiaires sûrement aussi déphasés qu’elle… « Je ne me suis pas présentée. Jessian mais tout le monde m’appelle Jess alors je vous invite à faire de même. » Dans son dos, Julia et Magnus échangent un regard surexcité qu’ils se gardent bien de trop afficher. Ils en parleront à Grace, plus tard, de combien Jessian Reed a l’air gentille, et cool, et comme elle est belle de près. Pour l’heure, ils temporisent ; leur supérieure en fait de même, gérant son embarras avec tout le charisme qu’elle peut puiser en elle. Autant dire que ce n’est pas forcément réussi.

Génial. Julia, tu les mets en place ? Tout comme on a dit. Tu m’appelles si t’as besoin.

D’un geste du menton elle congédie ses stagiaires, chargés de préparer les joueurs. Elle fait le tour du périmètre qu’ils ont choisi, met les lumières en place, reprend sur sa chaise le dossier pour aujourd’hui. Elle l’a tellement feuilleté qu’elle est prête à parier qu’elle le connaît déjà par coeur, mais tant pis - ça lui évite de se retrouver penaude, à triturer ses mains soudain trop vides, à écouter son coeur soudain trop empli. Elle laisse Jessian franchir le pas, venir la voir, aborder le sujet qui les démange : « Je ne savais pas que tu étais à Brisbane. Tu … Quand on aura pris les photos, tu as deux minutes ? » Elle pince ses lèvres entre elles. Si elle voulait être honnête avec elle-même, elle savait que Jessian était revenue à Brisbane, et ce depuis un moment. En témoignaient ses apparitions dans les journaux gossip ou d’informations, ou encore les publicités locales qui la brandissaient désormais comme la chouchoute de la ville, une égérie de Brisbane à elle-même. Si elle n’avait pas cherché à la recontacter, c’était par frousse. Elle était terrifiée à l’idée que son ancienne amante la voit comme ça, plus abîmée que durant les trois ans qu’elles avaient passé ensemble, sans retour en arrière possible. Alors elle avait temporisé, prétextant pour elle-même un trop plein de boulot, des rééducations trop fatigantes, des sorties qui lui faisaient oublier jusqu’à ses parents. De toute façon, comment l’aurait-elle contactée ? Jessian avait-elle même envie de l’être ? La Grace de l’époque n’aurait pas pris tant de considérations - elle l’aurait contactée, se serait laissée porter par les éléments, comme toujours. Et rien que cette différence, ce clivage entre ce qu’elle avait été et ce qu’elle était contrainte de devenir l’effrayait au point de la dissuader totalement.

Bien sûr, Jess”, lui répond-elle avec un sourire, hochement de tête à la clé.

Peut-être pourra-t-elle envisager une conversation normale, une fois le stress passé, une fois le choc d’avoir Jessian en face d’elle atténué. Même ça, ça ne semble pas gagné.

La séance photos se termine sous un applaudissement général des convives, managers des joueurs s’attachant maintenant à faire rentrer leur équipe chez eux sans accrocs. De leur côté, les photographes plient le matériel, Magnus s’essuyant le front comme pour chasser l’accumulation de stress. Julia et lui semblent éreintés par une journée de travail trop longue et une anxiété trop accablante, et l’aînée les congédie avec une partie du matériel, préférant finir de ramasser seule, pensées trop occupées par la présence de Jessian pour se soucier d’un quelconque côté pratique. “Un message quand vous arrivez chez vous”, intime-t-elle à ses disciples, mère poule peu réaliste avec ses airs de petite frappe. Elle claudique jusqu’aux projecteurs pour les éteindre, rassemble le reste de matériel près des sièges désormais pliés. Magnus et Julia lui répondent tour à tour d’un vague hochement de menton, intrigués quant à la proximité des deux femmes qui, à mesure que le stade se vide, sont les seules à ne pas bouger.

Beau coup d'envoi, t'as appris ça où ? Ca fait partie de la formation de mannequin ?” lance-t-elle enfin à la jeune femme, finissant de ramasser son matériel.

C’est débile, pense-t-elle immédiatement. Ce n'est pas ce que Jessian veut entendre, pas après tout ce temps, certainement pas d'elle. Toutes ces considérations superflues n'ont pas leur place ici. Pourtant, c’est certainement ce qu’elle aurait dit, si autant de temps ne les avait pas séparées. La jeune femme pose ses mains sur sa taille, passe une main dans ses cheveux, comme pour se donner une contenance. Difficilement, elle passe son sac lourd sur son épaule et rejoint Jessian. Le silence se brise après une longue inspiration : “Désolée, de pas t’avoir contactée. J’ai pas vraiment eu le temps.” Grace ravale le reste, les et je voulais pas te déranger, j’avais peur que tu me voies avec mon bras qui déconne et mon allure de pirate alcoolique, que tu penses moins de moi, que les souvenirs empiètent sur le présent, ou que le présent te fasse oublier tout ce qu’il y a eu de beau, j’sais pas trop.

J'ai été surprise, aussi, quand j'ai vu ton nom sur le contrat. C’est pas le genre de photoshoots que tu faisais à l’époque, si j’me souviens bien.

Elle lui délivre son fameux sourire narquois, tente de repousser l’appréhension avec sa dose habituelle d’aisance un peu déplacée. Elle imagine que ça suffit à emballer son ressenti : la surprise, la peur envahissante, le tu m’as manqué indicible qui va avec. “J’étais censée me charger de la séance seule mais quand j’ai dit à mes stagiaires que la grande Jessian Reed serait présente, ils ont plus voulu lâcher. C’est à quel moment que t’es devenue une superstar ?” Une plaisanterie : la première chose qui sort, pour que Grace, égale à elle-même, retrouve un semblant d’apaisement. Elle mord sa lèvre inférieure, rehaussant son sac sur son épaule. C’est la première fois qu’elle s’autorise à vraiment regarder Jessian, ose prendre le temps de contempler ses traits pour y déceler le changement, pour s’autoriser à réaliser qu’elle est vraiment là. “Comment tu vas ?” Sa voix se fait caresse, comme par peur de briser une illusion, de trahir la joie qu'elle ressent de voir Jessian, ici, face à elle. Comme si une simple question pouvaient combler et rattraper sept ans, et naïvement, elle espère qu’elles le peuvent - elle a envie de tout savoir.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyVen 27 Déc 2019 - 4:01

Oh Grace … Tu aimerais dire que tu l’as oubliée depuis le temps mais ce n’est pas vraiment ce qui s’est produit. Malgré le fait que vous n’aviez jamais mis de nom sur le lien qui vous unissait, ton emménagement à Londres s’était transformé en une sorte de séparation. Tu avais perdu Grace ce jour-là, privilégiant ta carrière avant toute autre chose. Et puis la vie s’était chargée du reste. Tu avais rencontré Abel et puis Morgane était arrivée dans votre vie et tu avais eu à gérer le divorce, ta fille et ta carrière qu’il fallait relancer. Au final, ce n’est qu’à Brisbane que tu avais repensé à Grace de manière régulière. Tu lui devais tellement et tu n’avais jamais pu le lui dire … Tu te demandais de temps en temps où elle se trouvait dans ce monde si grand qui lui tendait les bras. Avec sa fougue et son talent, elle pouvait réussir n’importe où du moment qu’elle décidait de s’en donner les moyens. La retrouver dans ce photoshoot c’était comme replonger des années en arrière quand tu commençais ta carrière et qu’elle s’occupait d’aider votre photographe attitré. Aujourd’hui par contre, il était évident que c’était elle qui menait la danse vu que les deux personnes l’accompagnant restaient derrière elle alors mêmes qu’elles auraient aimé s’avancer. Tu n’avais pas envie que ces retrouvailles se fassent dans une atmosphère étrange alors tu te présentais à ses collègues, la jouant cool et relaxée alors que tu étais tout le contraire. Revoir Grace faisait parti des choses que tu espérais voir arriver dans ta vie sans jamais réellement penser que cela pouvait se produire. « Génial. Julia, tu les mets en place ? Tout comme on a dit. Tu m’appelles si t’as besoin. » Tu laissais les deux assistants se mettre à la tâche un sourire sur les lèvres en les voyant timidement demander aux joueurs de s’installer à leur place et leur donnant les consignes pour les photos qui les attendaient. Toi, tu restais là où tu te trouvais regardant Grace se préparer. Elle était forcément à Brisbane depuis quelques temps, ce n’était pas possible qu’elle soit aussi à l’aise avec son équipe si ce n’était pas le cas. Est-ce que Grace savait que tu te trouvais à Brisbane ? Tu n’en savais rien et tu t’en fichais. Tout ce que tu voulais c’était pouvoir passer du temps avec la jeune femme, pouvoir de nouveau discuter avec elle et te perdre dans cette sensation de lâcher prise et de bien être qui t’avait toujours habité quand tu étais avec Grace. Tu lui demandais, presque timidement, si elle serait disponible après le photoshoot. « Bien sûr, Jess”. » Un petit sourire timide mais que tu espérais comme heureux et soulagé s’afficha sur ton visage. Il fut de courte durée toutefois car Julia ne tarda pas à venir te chercher pour t’installer. Tu la suivis tout en écoutant ses instructions. Ton regard avait du mal à lâcher Grace mais tu enregistrais malgré tout ce que te disais la jeune femme et quand vint le temps de prendre les différentes pauses, tu étais préparée.

Le photoshoot ne dura pas aussi longtemps que tu l’avais imaginé vu le nombre de participants mais il tardait à tout le monde de rentrer pour se reposer et retrouver leurs familles et amis pour fêter ça. De ton côté, tu savais que Morgane t’attendait avec tes parents alors tu pris ton téléphone pour leur dire que tu allais être un peu retenue et que tu les rejoignais directement chez eux. Tu laissais ensuite Grace ranger le matériel avec ses collègues et tu en profitais pour dire au revoir à tous les joueurs, les félicitant une nouvelle fois. Tu seras certainement de retour dans le stade bien assez tôt, l’invitation au prochain match te permettra de les revoir si tu ne les croises pas avant lors d’une soirée mondaine. Alors que la salle se vidait, tu vis les collègues de Grace prendre congés et tu t’approchais de la belle brune qui te dit : « Beau coup d'envoi, t'as appris ça où ? Ca fait partie de la formation de mannequin ? » Tu laissas échapper un petit rire. Tu n’avais jamais été très douée en sports d’équipe même si tu adorais faire du sport et particulièrement de la course à pied. Mais pour le coup, c’était ton père qui n’aurait pas supporté que tu ne fasses pas un coup d’envoi potable. « Plutôt celle de mon père. C’est un vrai fan et il ne voulait pas que je déshonore la famille alors on s’est un peu entraîné. » Dis-tu tout simplement. Ton père et son perfectionnisme … C’était un trait que tu avais récupéré mais tu espérais ne pas l’appliquer aussi strictement que lui, en particulier avec ta fille. Tu laisses Grace ranger son matériel et récupérer tout ce dont elle a besoin. Elle semble nerveuse, plus que toi en tout cas pourtant, elle devrait savoir que tu es juste heureuse de la voir non ? « Désolée, de pas t’avoir contactée. J’ai pas vraiment eu le temps. J'ai été surprise, aussi, quand j'ai vu ton nom sur le contrat. C’est pas le genre de photoshoots que tu faisais à l’époque, si j’me souviens bien. » Elle avait raison et en même temps, cela faisait longtemps que tu faisais des entorses à ta spécialité. Mais cela était surtout arrivé après la naissance de Morgane, quand tu avais relancé ta carrière en Australie. « J’étais censée me charger de la séance seule mais quand j’ai dit à mes stagiaires que la grande Jessian Reed serait présente, ils ont plus voulu lâcher. C’est à quel moment que t’es devenue une superstar ? » Le rouge te monte légèrement aux joues parce que ce n’est pas comme cela que tu te vois. Tu as la chance de pouvoir passer à peu près inaperçue dans la rue et donc de pouvoir vivre une vie normale. Mais il arrive régulièrement que ton nom apparaisse dans les journaux, tu n’y prêtes pas beaucoup attention c’est tout. « J’espère que j’aurai été à la hauteur de leurs attentes. » Dis-tu à Grace pour plaisanter avant d’ajouter : « Je suis toujours spécialisée dans les maillots de bain et la lingerie mais je fais des entorses de temps en temps quand on me propose des opportunités que je ne peux pas louper. » Et celle-ci en était une. Pour l’agence mais aussi pour toi, la petite fille qui avait suivi tous les matchs depuis qu’elle était gamine à cause de son père. C’était toujours le cas aujourd’hui quand les matchs tombaient lors de repas chez tes parents. « Toi tu es toujours derrière la caméra, tu as même tes propres assistants maintenant, félicitations ! » Lui dis-tu pour la taquiner un peu. Prendre les ordres des autres n’avait jamais été le point fort de Grace alors qu’elle soit celle qui les donne aujourd’hui ne t’étonnait pas. Alors que vous aviez quitté les lieux du photoshoot, la jolie brune te demanda : « Comment tu vas ? » Question banale mais souvent le meilleur moyen de lancer une conversation après des années de séparation. Tu te rends soudain compte que tu ne sais rien de Grace, du moins rien de ce qu’elle est devenue aujourd’hui et cela te brise le coeur car tu veux tout savoir. « Je vais bien, très bien même. Je suis de retour à Brisbane depuis plus de quatre ans, j’ai de nouveau une carrière épanouissante et j’ai enfin réussi à trouver un bon équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle ce qui n’a pas été facile. » Dis-tu en soupirant et passant une main dans tes cheveux. Pourquoi ne pas clairement dire à Grace que tu étais maman ? Tu n’en savais rien mais tu préférais garder cette information pour toi pour l’instant. « Et toi ? Comment tu vas ? Tu te plais à Brisbane ? » Parce que Grace n’était pas d’ici. Pour toi revenir en ville signifiait revenir au bercail mais pour Grace, c’était une nouvelle aventure.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 28 Déc 2019 - 10:37

Elle se réconcilie avec le souvenir de Jessian ; ses traits, son sourire aux fossettes multiples. Légers, de loin, presque timides, ses yeux s’attardent sur elle, de ses yeux surpris à ses lèvres pleines, jusqu’à ses courbes ; ils étudient les changements et se réconfortent dans sa beauté. Elle n’a pas tellement changé, malgré les années, outre le charisme et la prestance qu’amènent la maturité - Grace voit toujours en elle la jeune femme qu’elle avait alors rencontrée, perdue dans un monde lointain, un monde d’adultes pour les deux grandes enfants qu’elles avaient été. Contre toute image de malfaitrice avérée et établie que Grace avait pu se forger à l’époque, Jessian avait partagé la plupart de ses premières conneries (ce serait même mentir que de prétendre qu’elle ne les avait pas instiguées simplement pour la charmer). Elles avaient grandi ensemble, à cette époque si formatrice et charnière et l’aînée l’avait toujours portée près de son coeur et haut dans son estime. Suffisamment pour que l’appréhension des retrouvailles tue toute sa prétendue détente dans l’oeuf.

Le shoot lui paraît trop court, trop rapide et elle s’inquiète à peine du résultat que Julia et Magnus obtiendront, se contentant d’approuver leurs choix d’angles et en les dirigeant à l’occasion. De temps en temps, elle surprend le regard de Jessian croiser le sien, et elle tente tant bien que mal de garder un cap professionnel et irréprochable. Il en va de sa réputation, et même si, sur l’instant, elle compte si peu, se mettre à dos les plus gros sponsors de l’équipe fétiche de Brisbane lui semble très peu judicieux. Le stade désert les laisse seules en tête à tête pour la première fois depuis sept ans et Grace, fidèle à elle-même, ouvre la discussion sans vraiment savoir par où commencer, parce qu’il y a trop à dire et pas assez de temps.

« J’espère que j’aurai été à la hauteur de leurs attentes. »

La conversation se lance sur des banalités et Grace a trop à dire, trop à apprendre, mais prend son mal en patience. Cette crainte de ne pas avoir le temps escompté pour faire tout ce qu’elle voulait, elle l’avait toujours animée ; c’était une pressée, Grace, et le temps lui avait toujours manqué pour tout. Particulièrement maintenant. Jessian pourrait partir, d’un moment à l’autre, sans lui laisser l’espoir de la recroiser un jour ; elle pourrait rentrer chez elle ce soir et s’effondrer d’un second AVC. Trop de choses qui échappent à cette maniaque du contrôle et qui la laissent souffle court en permanence. Ce soir, elle veut s’autoriser à ralentir. Ne rien brusquer, ne rien vivre comme si c’était la dernière fois - elles avaient trop à rattraper pour que Grace ne le gâche avec son éternelle bougeotte.

Merci.” Lorsque la jeune femme la congratule, la brune met en scène une courbette, taquine. “En fait, pour nous aussi c’est une entorse. D'habitude, on fait plus les plateaux de films, tout ce qui est photos destinées à la promotion du film et aux designs officiels…

L’ancienne assistante photographe, reconvertie photographe de nature, n’a jamais vraiment changé d’ambitions au cours de sa vie, l’une des rares choses assez stables en elle pour mériter une telle longévité. “Mais c’est surtout eux qui tiennent l'appareil. J'suis plus très agile avec un bras, mes photos font plus autant rêver qu’avant.” Elle adresse enfin l'éléphant dans le placard et lève son bras droit pour le désigner rapidement. Les doigts, à l’exception de l'index, sont tous repliés sur eux-mêmes, poignet collé au corps comme une protection. Le genre de trucs qui, de loin, passent pour un tic. Elle en a souvent joué. C’est là qu’elle s’en rappelle : en huit ans, presque tout a changé.
Elles remontent l’intérieur du stade jusqu’aux vestiaires, et Grace remarque qu’elle a le pas lent - elle n’a pas envie de dire au revoir. Pas encore.

« Je vais bien, très bien même. Je suis de retour à Brisbane depuis plus de quatre ans, j’ai de nouveau une carrière épanouissante et j’ai enfin réussi à trouver un bon équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle ce qui n’a pas été facile. »

Dans le résumé de Jessian, Grace devine des trous que son imagination ne suffira pas à combler. Après tout, elle n’a rien su d’elle entre son départ pour Londres et son arrivée à elle sur Brisbane, où elle a appris de manière indirecte la présence de Jessian en ville. Aucune indication, entre les deux - même les contacts qu’elles se sont promis de garder et de chérir en se quittant se sont estompés trop vite et trop brusquement pour qu’elle ait pu imaginer ce qu’elle faisait en Angleterre. “Retour aux sources, donc. C’est dingue, je pensais pas que tu aurais quitté Londres pour revenir à Brisbane si tôt.” L’une comme l’autre avaient toujours eu l’esprit voyageur, après tout. “C'était aussi bien que tu l’imaginais ?” Elle en avait toujours plaisanté, à l’époque où Jessian lui avait annoncé son départ - il fait moche, tu vas choper un accent bizarre, mate, tu vas cuisiner encore plus mal que maintenant... Elle ne l’avait pas retenue, bien sûr, pas plus qu’à l’époque elle ne s’était imaginée venir avec elle. Grace n’avait pas d’affection particulière pour la ville, que l’équipe et elles avaient visité juste après Séville. Une rupture qui n’en était pas vraiment une, bien qu’elle ait gardé cette saveur un peu amère d’une séparation anticipée qui l’amputait d’une partie grandissante de sa vie.

« Et toi ? Comment tu vas ? Tu te plais à Brisbane ? »

La jeune femme réfléchit à par où commencer, que mentionner, comment finir, et atteint la conclusion qu’il y a définitivement trop à lui dire. Une vie entière, presque ; du moins, c’est ce qu’il lui semble, maintenant qu’elle doit trier une quasi-décennie par ordre de pertinence. “Ca va. Ca manque un peu de plages, de crimes, de prostitution et de drogue, mais finalement ça va, on a pas tant que ça à vous envier.” Elle sourit. Pour elle, Brisbane, c’est surtout une nouvelle indépendance : rien de comparable à la ville qui l’a vue grandir, mais un certain attrait qui, couplé avec l’excitation d’une vie nouvelle et d’un cadre de vie tout neuf, valait presque autant. “Je suis arrivée y a à peine plus de six mois, pour le boulot. Avant ça, j’étais rentrée à Gold Coast, et encore avant, j’ai un peu voyagé… Tu m’as inspirée en partant à Londres. J’avais pas envie de rester figée non plus.” C’était aussi la peur de s’engrainer dans la tristesse qui l’avait déracinée. Rentrer en Australie et y rester après trois ans passés à parcourir le monde avec Jessian, ça lui semblait impensable.
Malgré leur allure lente, leurs pas les ont portées jusqu’à l’entrée du stade, fermé à l’extérieur et ne laissant plus filtrer que quelques joueurs en pleine discussion ou quelques clients mécontents attendant au guichet.

Tu… Je peux te proposer d’aller prendre un verre ? Je connais un bar pas loin. Tu as peut-être quelqu’un à rejoindre ?
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 28 Déc 2019 - 13:06

Comment se retrouver après tant d’années sans faire de faux pas ? Tu connaissais Grace comme ton ombre à l’époque, elle était celle qui te complétait et plus la distance était grande entre l’Australie et vous, plus tu pouvais l’aimer en paix. Tu ne te souviens pas si tu lui avais dit ses mots que certains chérissent mais tu lui avais montré par des gestes quotidiens, par des regards que vous échangiez quotidiennement. Personne autour de vous n’était dupe mais votre travail n’a jamais été affecté de la complicité qui existait entre vous alors on vous avait laissé vous découvrir, timidement au début et passionnément par la suite. Tu te souviens d’avoir comparé Abel à Grace au début, quand la passion dévorante de votre relation t’avait habitée. Mais ce que tu avais vécu avec Abel était bien différent, bien plus tragique également. Les banalités se succèdent dans votre conversation alors que vous essayez d’éviter que les personnes vous entourant se posent trop de questions. C’est facile de dompter les apparences, tu ne sais que trop en jouer depuis le temps mais ça l’est beaucoup moins quand on est bouleversé, quand ce n’est pas le calme qui vous habite. « Merci. En fait, pour nous aussi c’est une entorse. D'habitude, on fait plus les plateaux de films, tout ce qui est photos destinées à la promotion du film et aux designs officiels… » Tu comprends mieux pourquoi ton chemin n’a pas croisé celui de Grace depuis son retour à Brisbane ou du mois depuis son retour en Australie. Toi, tu étais toujours spécialisée dans le même types de publicités et Grace s’était diversifiée, allait exercer son art dans d’autres domaines. Tu es sûre et certaine que tu ne regarderas plus les promotions des films de la même manière désormais te demandant à chaque fois si c’est ton ancienne amante qui les a photographiées. « Mais c’est surtout eux qui tiennent l'appareil. J'suis plus très agile avec un bras, mes photos font plus autant rêver qu’avant. » Tes yeux suivent les mouvements de Grace et particulièrement ce poignet et ses doigts que tu n’as pas vu bouger pendant le photoshoot. Tu ne peux nier avoir remarquer que la jeune femme ne tenait plus vraiment l’appareil photo comme avant mais tu ne t’es pas posée trop de questions, occupée à gérer tes émotions quant à ses retrouvailles. Malgré toi, tes sourcils se froncent car il a dû se passer quelque chose, un accident peut-être qui fait qu’aujourd’hui Grace ne peut plus bouger ses doigts. Tu as envie de t’approcher, tu as envie de poser délicatement tes doigts contre ce poignet dont Grace semble avoir honte pour la rassurer et lui dire qu’elle est toujours aussi belle à tes yeux qu’elle l’était dans tes souvenirs, sinon plus car tes souvenirs commençaient à s’estomper un peu. « Qu’est-ce qui t’es arrivé Gracie ? » Te trouvas-tu à lui demander presque dans un murmure en utilisant le surnom que tu aimais lui donner à l’époque. C’est comme si pendant quelques secondes le temps s’était arrêté et vous aviez remonté le temps pourtant, le bruit d’une porte se fermant dans le stade te ramena à la réalité et tu lui dis : « Je suis certaine que tu fais toujours de merveilleuses photos, il faudra me laisser en juger. » Dis-tu à la belle brune un timide sourire sur les lèvres. Tu espérais que Grace répondrait à ta question mais tu n’allais pas la forcer à te donner des explications, elle ne t’en devait pas après tout. Alors que vous marchiez vers la sortie, Grace te demanda comment tu allais. Ta réponse fut directe mais en même temps évasive, ne donnant pas à la jeune femme les réponses qu’elle attendait. Et pourquoi ? Pourquoi ne pouvais-tu pas avouer à Grace que tu étais maman d’une petite princesse de quatre ans née d’un mariage éclair qui n’avait eu aucune chance ? « Retour aux sources, donc. C’est dingue, je pensais pas que tu aurais quitté Londres pour revenir à Brisbane si tôt. C'était aussi bien que tu l’imaginais ? » La vérité c’était que tu n’avais pas du tout envisagé de revenir à Brisbane. Pour toi, ta vie, ton avenir étaient tous les deux ailleurs, loin de tes parents et de leurs idées arrêtées. Mais la vie t’avait montré que les plans peuvent changer et c’est finalement pour l’aide de tes parents que tu étais revenue en ville peu après la naissance de Morgane. « Je n’avais pas non plus prévu de quitter Londres aussi rapidement mais je n’avais pas vraiment le choix. » Dis-tu en haussant les épaules avant d’ajouter : « Mes années passées à Londres ont été … inégales. Les premières ont été fabuleuses mais la dernière a été bien plus compliquée. » Dis-tu en sentant ta gorge se serrer. Tu n’aimais pas parler de l’année de ta grossesse, c’était des souvenirs qui n’étaient pas les meilleurs pour toi. « Tu as continué à voyager après mon départ ? » Demandas-tu à Grace curieuse en espérant pouvoir changer de sujet. Tu retournais ensuite la question à la jeune brune voulant savoir comment elle allait et comment se passait son installation à Brisbane. « Ca va. Ca manque un peu de plages, de crimes, de prostitution et de drogue, mais finalement ça va, on a pas tant que ça à vous envier. Je suis arrivée y a à peine plus de six mois, pour le boulot. Avant ça, j’étais rentrée à Gold Coast, et encore avant, j’ai un peu voyagé… Tu m’as inspirée en partant à Londres. J’avais pas envie de rester figée non plus. » Tu laissais échapper un petit rire à la remarque de Grace sur Brisbane en secouant la tête. C’était une ville tranquille globalement. Oh il devait exister pas mal de trafics mais tu en restais éloignée et tu espérais ne jamais avoir à avoir à en être témoin. Vous étiez arrivées à l’extérieur, une fois sorties du stade, c’était le parking qui vous tendait les bras. « Tu… Je peux te proposer d’aller prendre un verre ? Je connais un bar pas loin. Tu as peut-être quelqu’un à rejoindre ? » Tu regardais nerveusement ton téléphone pour voir que depuis quelques minutes ta mère s’impatientait en te rappelant qu’ils avaient un repas avec des amis de l’église et qu’ils ne pouvaient pas garder Morgane ce soir. Ta fille qui d’ailleurs ne cessait de te réclamer. Tu regardais Grace et tu voyais ce qu’elle essayait de te demander. « Je ne peux pas j’ai quelqu’un qui m’attend. » Dis-tu avant d’ajouter : « C’est pas ce que tu crois c’est … Laisse-moi deux minutes. » Tu passais une main dans tes cheveux avant de faire quelques pas et d’appeler ta mère. Tu lui assurais que tu étais en chemin et que tu serais bientôt à la maison. Te retournant vers Grace, tu lui dis : « Je ne peux pas te suivre dans un bar mais si tu veux, tu peux me suivre chez mes parents. Ils ne seront pas là c’est juste que … » Tu voyais la confusion envahir les jolis traits de Grace, tu voyais qu’elle ne suivait pas et qu’elle t’échappait, petit à petit alors tu pris une grande inspiration et tu lui dis : « La personne qui m’attend est en train de faire une crise à mes parents. Elle s’appelle Morgane et elle a quatre ans, c’est … C’est ma fille. » Dis-tu sans oser regarder Grace dans les yeux. Cette situation était ridicule. Tu aimais montrer ta fille à qui voulait bien prendre le temps de la voir, tu en parlais dans toutes tes conversations et pourtant, en parler à Grace, c’était différent.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyDim 29 Déc 2019 - 10:21

Les banalités s’enchaînent avec une aisance grandissante, contournant habilement les sujets les plus délicats du côté de chacune. Grace ne pensait pas en arriver à son accident aussi vite - c’est jamais quelque chose qui l’enchante, ni un côté qu’elle souhaite mettre en avant. Pour autant, pour quelqu’un qui l’a connue aussi agile avec un appareil, aussi maîtresse de ses mouvements et à l’aise avec son corps, la différence était prégnante : rarement la voyait-on se placer volontairement à l’arrière-scène, ou même tout simplement déléguer sa passion à des mains moins expertes. « Qu’est-ce qui t’es arrivé Gracie ? » Gracie. Un bref instant leurs regards se retrouvent, et Grace retrouve sa vulnérabilité de l’époque, laissant tomber l’espace d’un bref instant le masque détendu, un peu racoleur, qu’elle aime parader. Jessian laisse descendre son regard jusqu’à son bras, pudiquement, avant d’enchaîner, sûrement pour lui laisser une porte de sortie : « Je suis certaine que tu fais toujours de merveilleuses photos, il faudra me laisser en juger. » Un couple de clients laissent fermer la porte derrière eux et juste comme ça, l’instant se brise.

Deal, si tu me laisses te prendre pour modèle. Comme à l’époque.

La brune retrouve son sourire, agrémenté d’audace et pourtant, la réassurance la touche, surtout venant de Jessian. Sa proposition n’a rien d’anodin : elle n’avait jamais été très douée ou particulièrement passionnée par les portraits. Jessian, c’était autre chose, un résultat né de leur complicité, de leur connaissance mutuelle - perfectionniste, Grace tenait aux rendus fidèles, à ce qu’une caractéristique reliée à l’âme ressorte de ses photos. Moins simple à faire avec un seul humain à la psyché complexe qu’avec un gnou, une steppe yakoute ou une séquence de cinéma, qu’elle préférait par leur pureté simple. “C’était un accident, y a deux ans et demi. Ça va beaucoup mieux mais c’est toujours un peu galère.” Voilà ce qu’elle lui offre, comme témoin de sa confiance. Pas la peine de brandir les grands mots tout de suite.

La conversation parvient sur leurs divagations des dernières années, entre Londres, Brisbane, et leurs derniers moments ensemble. « Je n’avais pas non plus prévu de quitter Londres aussi rapidement mais je n’avais pas vraiment le choix... Mes années passées à Londres ont été … inégales. Les premières ont été fabuleuses mais la dernière a été bien plus compliquée. » Elle le connaît trop bien, ce ton un peu réticent de Jessian, de ceux qui cachent beaucoup mais n’invitent pas aux questions. Quand elles se sont connues, Grace était trop instigatrice pour son bien – au fur et à mesure, elle a appris à ne pas trop demander à la jeune femme et à la laisser venir seule. Aujourd'hui, elle la laisse opter pour le silence. Ne bronche pas lorsque celle-ci change ostensiblement de sujet, et fait mine de ne même pas tiquer. “Ouais, j’ai pas mal bougé. Je suis retournée à Rome, j’ai fait la Laponie finlandaise, le Honduras… J’ai fait le Tibet, aussi !” A ces derniers mots, elle n’avait pu s’empêcher de presser légèrement le bras de Jessian de sa main gauche : le Tibet, son but ultime, son rêve de gamine, qu’elle avait tant de fois partagé avec elle. Un lieu dénué d’intérêt pour des shoots en maillot de bain, mais riche de tout ce qu’elle cherchait à capturer. “J’ai trop de choses à te raconter. C’était dingue.” Ce n’est plus Grace qui parle ; elle renoue avec la gamine qu’elle était, yeux pétillants et ambitions débordantes. Au point que lorsqu’elle raconte son arrivée à Brisbane, elle est toujours un peu transportée par ses voyages. L’atterrissage n’en est que plus brutal lorsque ses yeux se retrouvent confrontés au parking quasi-désert ; d’autant plus lorsqu’elle se heurte au refus de Jessian.

« Je ne peux pas j’ai quelqu’un qui m’attend. »

Elle ne pensait pas que le refus la heurterait de plein fouet - après tout, ça faisait huit ans. Elles avaient eu tout le temps de fonder une famille, de changer leurs priorités. Jessian ne lui devait rien. Grace ignore si c’est son expression dépitée ou l’envie de bien faire qui pousse la plus jeune à argumenter son refus : c’est pas ce que tu crois. “Tu me dois pas d’explications, Jess”, essaie-t-elle de la rassurer, à défaut d'en comprendre davantage. En quelques secondes, Jessian prend un appel et, sur le parking, Grace se retrouve confrontée à sa confusion. C’est pas ce que tu crois. Qu’était-elle censée croire ? Par réflexe, Grace attrape elle-même son cellulaire dans sa poche arrière, consulte d’un oeil rapide ses messages pour se donner contenance. Quand Jessian revient, enfin, Grace a eu le temps de se créer une bonne trentaine de scénarios probables. Incroyable ce que le cerveau peut faire de deux minutes de déphasement.

« Je ne peux pas te suivre dans un bar mais si tu veux, tu peux me suivre chez mes parents. Ils ne seront pas là c’est juste que … »

Grace peut voir l’hésitation s’installer sur les traits de Jessian. Elle est prête à répondre pour elle : quoi, t’as un harem de cinq personnes ? tu caches Snowden dans ta cave ? tes parents sont en fuite pour l’assassinat de Beyoncé ? C’est pas grave, tu sais. C’est chill. Moins qu’un bar, mais elle saura se taire et garder ses activités de contrebande secrètes, elle en est sûre. « La personne qui m’attend est en train de faire une crise à mes parents. Elle s’appelle Morgane et elle a quatre ans, c’est … C’est ma fille. » Et comme ça, pouf, envoyés, Wikileaks, stars américaines et polygamie suspecte. La réponse à toutes ces cachotteries se matérialise sous la forme conceptuelle d’une enfant de quatre ans, qui est sortie du corps de Jessian. Sa fille.

Oh”, laisse-t-elle échapper.

Elle imagine que c’est le plus sage, pour le moment. Le choc n’autorise pas encore sa bouche à coopérer, son cerveau accidenté visiblement encore ralenti par les émotions fortes. En premier, c’est la surprise. En second vient le soulagement : ce n’était pas le manque d’envie qui empêchait Jessian d’accepter son invitation, c’était une vraie contrainte. Ce qui n’était absolument pas le terme clé à retenir de cette discussion surréaliste, au demeurant. “C’est génial, Jess”, tente-t-elle de la rassurer, posant une main sur son bras. C’est difficile pour elle de savoir comment réagir, elle qui a plus de veufs et de divorcés que de parents dans son entourage. D’autant que la possibilité que Jessian soit mère ne lui avait même pas caressé l’esprit lors de leurs retrouvailles tantôt. “Morgane, alors. Elle vit chez tes parents ?” Elle tente toujours de réconcilier l’idée de Jessian et de “mère” dans la même phrase. “C’est pour elle, que tu es rentrée à Brisbane ?” La question appartient moins à une vraie interrogation qu’à une affirmation : elle n’aurait jamais vu la Jessian de l’époque rentrer, elle qui avait été si désireuse d’émancipation, de fuite…

Je te raccompagne chez tes parents, alors. Quelle direction ?

Elle précise néanmoins qu’elle n’a pas de voiture. Après deux ans de rééducation, Grace n’a toujours pas pu récupérer son permis. Tant mieux, se dit-elle souvent, alors que ses réflexes ne sont plus assez fins pour les choses du quotidien. Elle reprend sa route d’un pas raisonnable, un peu rassurée à la perspective de ne pas quitter Jessian tout de suite. “T’as fait la même tête que je faisais quand je t'ai montré la collection de peaux de serpents de mon frère.”, observe-t-elle, taquine. Son sourire s’est considérablement détendu, presque malgré elle. Une tête de pure terreur à l’idée que rien ne soit plus jamais comme avant à cause de ce secret un peu étrange. D’ailleurs, expliquer la présence de ces bocaux dans l’ancien appartement partagé avec son frangin aux visiteurs qu’elle ramenait avait plus d’une fois fait fuir ses prémices de vie sociale ou amoureuse. “Je pourrai voir sa tête ? En photo. J’imagine que t’as des photos. Sauf si c’est une criminelle en cavale.” Parfois, ses élucubrations reprennent le dessus sur la réalité.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyLun 30 Déc 2019 - 3:42

Les années ont passé … As-tu encore le droit de dire que tu connais Grace ? Sa main qui ne bouge pas, ses doigts resserrés sont la preuve que les années loin l’une de l’autre n’ont pas été remplies que de belles et tendres histoires. Tu veux savoir, tu as besoin de savoir ce qui est arrivé à la jolie brune, ce qui est venu se poser sur son chemin, brisant certainement plus de choses que tu ne pouvais l’imaginer. Son surnom s’échappe de tes lèvres sans réellement le faire exprès, comme un vieux réflexe que tu vois revenir. Cela aurait pu passer inaperçu mais le regard de la jeune femme, soudain vulnérable te fait comprendre qu’elle aussi se souvient de toutes les fois où ce surnom s’échappait de tes lèvres autrefois. Synonyme d’intimité, de moments volés que tu chérissais encore aujourd’hui. « Deal, si tu me laisses te prendre pour modèle. Comme à l’époque. » Un grand sourire vient se dessiner sur tes lèvres. S’il y avait une chose à laquelle tu ne disais jamais non c’était quand on te proposait de te prendre en photo. Tu aimais bien trop ça pour penser refuser une telle proposition, encore plus quand elle venait de Grace. « Comme s’il me viendrait à l’idée de refuser pareille proposition. » Tu avais envie de retrouver cette complicité avec Grace, de faire ‘comme à l’époque’. Cette époque n’était pas si lointaine et pourtant, tu avais l’impression qu’elle appartenait à une autre vie que tu avais parfois du mal à raccrocher à la tienne. Mais redevenant plus sérieuse, elle finit par répondre à ta première question : « C’était un accident, y a deux ans et demi. Ça va beaucoup mieux mais c’est toujours un peu galère. » Un accident … Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Tu n’en sais rien mais tu ne poses pas de questions. Tu hoches la tête en espérant un jour en apprendre plus sur cet accident qui empêche Grace de déplier ses doigts. Tu sens les tiens te démanger, tu as terriblement envie de toucher la jeune femme, de la rassurer car tu peux voir que ce léger handicap semble lui peser, comme s’il allait changer quelque chose. Mais tu te retiens parce que tu ne sais pas vraiment si ce geste serait le bienvenue. Tu décides de ne rien lui répondre et à la place, tu lui racontes ton expérience à Londres. Enfin raconter est un bien grand mot, tu restes vague parce que tu ne sais pas comment aborder le sujet, comment confier à Grace que tu es maman d’une petite fille de quatre ans, toi qui passais ton temps à fuir les responsabilités à l’époque. Tu profitais de l’occasion pour demander à Grace ce qu’elle avait fait après ton départ également et tu ne fus pas déçue de la réponse : « Ouais, j’ai pas mal bougé. Je suis retournée à Rome, j’ai fait la Laponie finlandaise, le Honduras… J’ai fait le Tibet, aussi ! J’ai trop de choses à te raconter. C’était dingue. » Quand la main de Grace se pose sur ton bras, tu frissonnes malgré toi. Tu espères qu’elle ne le remarque pas car un sourire se dessine automatiquement sur ton visage. C’est comme si, l’espace d’un instant, ce ne sont pas sept années qui vous séparent de votre dernière rencontre mais quelques jours seulement. Grace a été au Tibet … Tu te souviens des nombreuses fois où elle t’en avait parlé avec des étoiles dans les yeux. C’est toujours le cas aujourd’hui mais ces étoiles sont désormais des souvenirs dont elle semble vouloir te raconter les détails. « C’était aussi parfait que tu l’avais imaginé ? Depuis le temps que tu en parlais, j’espère que tu n’as pas été déçue. » Lui dis-tu pour l’encourager à t’en dire un peu plus. Tu voulais qu’elle te raconte tout ce qu’elle avait à te raconter. Depuis votre première rencontre, tu avais toujours été attirée et intriguée par la belle brune et ce besoin d’en savoir plus sur elle réapparaissait aujourd’hui sans grande surprise. Et puis vous étiez arrivées à l’entrée du parking, le moment était arrivé de vous séparer mais tu n’en avais pas envie et Grace venait de te faire une proposition que tu ne pouvais pas refuser, que tu n’aurais jamais refusé en temps normal mais depuis quatre ans, ce n’était pas à toi que tu pensais en premier, c’était à Morgane. Ton refus blessa ton interlocutrice et tu essayais de lui expliquer que ce n’était pas ce qu’elle pensait mais tu t’embrouillais plus qu’autre chose. « Tu me dois pas d’explications, Jess » Elle avait raison, tu ne lui devais pas d’explication pourtant, tu avais terriblement besoin de lui en donner. Tu ne voulais pas quitter Grace ce soir la laissant s’imaginer que tu avais quelqu’un dans ta vie qui t’attendait prêt à déposer un baiser sur tes lèvres lorsque tu rentrerais. Tu ne peux pas continuer à ignorer les coups de téléphone de ta mère alors tu lui réponds en t’éloignant un peu. Tu peux voir sur le visage de Grace qu’elle se pose beaucoup de questions, tu te doutes que les hypothèses doivent être nombreuses mais elle doit être bien loin de s’imaginer ce que tu es en train de lui cacher. Et d’ailleurs, pourquoi lui cacher ? Tu es fière de ta fille, elle est parfaite et tu l’aimes plus que tout. Mais tu avais autrefois dit à Grace que tu n’avais aucune envie d’être maman avant le plus tard possible ce qui t’aurait arrangé si le petit plus n’était pas apparu sur le bâtonnet du test sans que tu ne t’y attendes. Alors finalement, après avoir tourné autour du pot, tu lâches la bombe. Et la surprise est totale chez Grace qui a du mal à enregistrer cette information. Elle ne s’y attendait pas et peux-tu vraiment la blâmer pour cela ? « C’est génial, Jess. » Tu lèves les yeux pour poser ton regard dans celui de Grace, voir si elle se force à te répondre cela ou si elle est sincère. Et elle semble l’être ce qui te rassure légèrement. Tu prends une petite inspiration, sentant la panique te quitter peu à peu. « Morgane, alors. Elle vit chez tes parents ? C’est pour elle, que tu es rentrée à Brisbane ? » Cela ne te surprend pas que Grace fasse le lien. Tu lui avais toujours assuré que tu ne reviendrais en Australie que si tu n’avais aucun autre choix. Construire ta vie à l’étranger avait été ton plan au départ mais Morgane avait tout changé, toi en premier. « Je suis rentrée pour elle en effet. J’avais besoin d’être enrouée, d’être aidée. Devenir maman n’était pas un rêve à ce moment-là. Mes parents la gardent souvent pour me dépanner mais Morgane vit avec moi, j’ai acheté une maison à Bayside. » Dis-tu à Grace. Tu ignores si elle connaît ce quartier de Brisbane mais c’est le quartier dans lequel tu as grandi et dans lequel vous alliez vous rendre vu que tes parents y habitaient aussi. Tu avais proposé à Grace de te suivre mais devant une telle révélation, elle aurait certainement envie de prendre la fuite. Ou peut-être pas finalement … « Je te raccompagne chez tes parents, alors. Quelle direction ? » Un grand sourire se dessine sur ton visage et le soulagement que tu ressens à ces paroles doit se lire sur ton visage. Tu n’aurais pas supporté que Grace te tourne le dos parce que tu étais maman, cela aurait détruit quelque chose en toi. « Suis-moi, j’ai une voiture. » Impossible de ne pas en avoir avec ta fille et puis c’est bien plus simple que les transports en communs qui ne sont pas toujours très développés pour les endroits où t’amènent tes photoshoots. Vous ne tardez pas à arriver à la voiture et Grace te dit : « T’as fait la même tête que je faisais quand je t'ai montré la collection de peaux de serpents de mon frère. » Tu laissais échapper un rire à ce souvenir, disons que cette collection ne restait pas un très bon souvenir. Alors que Morgane était une princesse qui méritait toute l’attention du monde. Tu t’installais au volant et tu laissais Grace prendre place à côté de toi avant qu’elle ne te demande : « e pourrai voir sa tête ? En photo. J’imagine que t’as des photos. Sauf si c’est une criminelle en cavale. » Profitant d’être arrêtée à la sortie du parking, tu attrapais le téléphone posé devant toi que tu déverrouillais et tu ouvris la galerie avant de dire à Grace : « Fais-toi plaisir, une photo sur deux est de Morgane. » Lui dis-tu avant de te déconcentrer sur la route. Tu laissais Grace découvrir ta fille avant de lui dire : « On va s’arrêter récupérer Morgane et on filera chez moi. Ce n’est pas loin et ce sera mieux. Tu pourras la rencontrer comme ça. » Dis-tu un sourire timide sur le visage. En vérité, tu ne savais pas si cela intéressait Grace. « Enfin si tu veux, tu n’es pas obligée. » Tu ne voulais pas la forcer à quoi que ce soit. Après tout, peut-être n’avait-elle aucune envie de rentrer de nouveau dans ta vie de cette manière là.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyDim 5 Jan 2020 - 15:40

Très, très différent. Pas loin de la perfection, mais ça m’a pris du temps pour m’adapter. Si t’as l’occasion d’y aller un jour, va visiter Gyantse. C’est dément, je suis sûre que ça te plairait.

Naturellement, son enthousiasme pour tout était revenu au pas de course - peu étaient les gens qui partageaient son amour pour la région chinoise, ou montraient un quelconque intérêt pour ses velléités de découvertes de grande voyageuse un peu inconsciente. Jessian avait été parmi les seuls à vraiment s’y intéresser, et surtout, à ne pas faire semblant. C’était aussi pour ça qu’elle l’avait tant aimée - pour l’épuré, l’absence de faux-semblants, l’honnêteté sans filtre qui rendait tout plus facile. Alors encore une fois, l’honnêteté était de mise. Elle l’avait toujours été : ça avait été une part intégrante de leur contrat tacite. Grace tâche de ne pas trop prendre à coeur son refus, et rate misérablement - elle n’a jamais vraiment été une habituée des refus. Elle ignore si c’est son air déconfit de chiot mal nourri ou quelque chose de plus profond qui pousse Jessian à avouer de quoi il s’agissait. Quoi qu’il en soit, la brune ne sait pas comment prendre la nouvelle : Jessian a un enfant. De quatre ans, qui plus est. Et pas pour un babysitting.
Elle ne force aucune réaction, préférant clairement montrer la confusion qui se dissipe lentement que de prétendre n’être absolument pas surprise. La jeune femme qu’elle avait connue n’avait parlé d’enfants que comme un futur très distant, encore irréalisable, presque une exoplanète dont on parlerait comme d’un distant fantasme. Retrouver Jessian et la voir en tant que mère, c’était la dernière des choses à laquelle elle s’attendait. Mais après tout, huit ans, ça faisait beaucoup.

Alors elle réagit comme elle aurait réagi dans n’importe quel cas : avec étonnement, bienveillance, et une bonne dose de maladresse entre deux réassurances. Ne lui appartenait ni de juger, ni de se montrer trop curieuse. « Je suis rentrée pour elle en effet. J’avais besoin d’être enrouée, d’être aidée. Devenir maman n’était pas un rêve à ce moment-là. Mes parents la gardent souvent pour me dépanner mais Morgane vit avec moi, j’ai acheté une maison à Bayside. » A la confirmation de la jeune femme, Grace opine du chef. Elle avait rapidement fait le calcul : Jessian avait eu sa fille à vingt-trois ans. Une grossesse à cet âge aurait fait pâlir n’importe qui. Grace accepte de la raccompagner, au moins jusqu’en bas de chez ses parents : ça ferait toujours ça en plus pour se retrouver. Le soulagement est palpable sur le visage de Jessian, et toute inquiétude semble s’être évaporée quand elle déclare avoir une voiture pour rentrer. Ca fait longtemps qu’elles n’ont pas été comme ça, à marcher sur des oeufs, en crainte d’une réaction l’une de l’autre. Elle n’aime pas ça. En bonne réparatrice forcenée, elle a besoin d’y remédier immédiatement, n’hésite pas à plaisanter pour faire passer la légère tension. Installée dans la voiture de Jessian, la jeune femme essaie de prendre au mieux ses aises, laissant son sac à ses pieds, d’apporter un semblant de normalité à ce tableau surréaliste.

« Fais-toi plaisir, une photo sur deux est de Morgane. »

Grace récupère le portable qui lui est tendu et s’exécute. Sur les photos qu’elle fait défiler, la petite fille sourit, lit un album, tient un crayon pastel ou est complètement inconsciente de l’objectif posé sur elle. La jeune femme regarde attentivement la petite fille, l’espace de quelques minutes, peu ouverte au reste. “Elle est adorable.” On entend le sourire dans sa voix alors qu’elle rend son portable à Jessian, le posant sous le tableau de bord. “Elle te ressemble beaucoup. J’imagine qu’on te le dit tout le temps, mais vous avez les mêmes yeux.” L’idée lui semble toujours étrange, trop nouvelle pour être tout à fait acceptée. Pourtant elle compose avec, s’y acclimate doucement. « On va s’arrêter récupérer Morgane et on filera chez moi. Ce n’est pas loin et ce sera mieux. Tu pourras la rencontrer comme ça. » Puis, petit coup de pression au coeur - des responsabilités, des possibilités de s’insérer à nouveau dans la vie de Jessian, de rencontrer la petite dont elle lui parlait. Bien sûr, elle avait le choix. Bien sûr, les joues de la plus jeune avaient rosi à la simple pensée d’un refus. “Avec plaisir.” Ca sort d’un coup, comme un automatisme d’entre les lèvres de la brune - visiblement seule constance du passé, elle ne sait toujours pas lui dire non.

Enfin, tu es sûre que…? Je veux dire, t’as pas quelqu’un ?

Puis resurgissent les doutes, les questions qu’elle aurait dû poser avant de parler. Jessian avait-elle quelqu’un, déjà ? Quelqu’un qui s’offusquerait de sa présence ? Qui voudrait garder jalousement, et peut-être à juste titre, sa femme et sa fille ? Morgane n’était pas sortie de nulle part. “Non que ça soit un problème. C’est juste pour Morgane, je veux pas foutre la merde.” Peut-être qu’elle ment un peu. Les yeux sur la route, détaillant une voiture roulant de l’autre côté, elle ajoute prestement : “Et peut-être que ça me ferait un peu chier.” Elle laisse filtrer à demi-mot qu’elle lui plaît toujours. Pour finir le chemin, Grace relance un sujet, lui demande quelles ont été ses dernières activités professionnelles et parle des siennes en filigrane, d’Ember qui malgré son statut d’immense réalisatrice à ses yeux est aussi une somptueuse épine dans son pied. Quand le trajet jusqu’à la résidence des parents de Jessian s’achève, elle finit par demander : “Y a des choses que je dois savoir avant de la rencontrer ?” Est-ce qu’elle est timide ? phobique des contacts physiques ? Est-ce qu’elle voit toute présence féminine en-dehors de sa mère comme une menace à éliminer sur-le-champ ? “Je vous attends là.” Ca vaut mieux.

Enfin, la jeune femme revient, un sac sur l’épaule et la main d’une petite fille dans la sienne. Cette dernière repère directement l’étrangère qui a ouvert la portière, et ladite étrangère ne sait pas trop comment Jessian l’a briefée à son compte, alors elle décide de tout refaire, par principe. Comme à chaque fois qu’elle est en contact avec un enfant, un large sourire se plaque sur son visage et elle se met comme elle peut à hauteur de Morgane, jambe peu coopératrice : “Salut Morgane, je m’appelle Grace. Je suis une amie de longue date de ta maman. Je vais rester un peu avec vous ce soir, si ça te va.” Incroyable, cette sensation d’avoir à impressionner un bambin sept fois plus jeune qu’elle.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 11 Jan 2020 - 6:01

Il est facile de détendre l’atmosphère avec des sujets simples, qui ne risquent pas de toucher un pan de votre vie plus difficile à conter. Les multiples voyages de Grace et la réalisation de son rêve, ça t’intéresse et surtout, cela te laisse la possibilité de ne pas encore aborder les sujets qui fâchent. « Très, très différent. Pas loin de la perfection, mais ça m’a pris du temps pour m’adapter. Si t’as l’occasion d’y aller un jour, va visiter Gyantse. C’est dément, je suis sûre que ça te plairait. » Tu souris à la jeune femme ne doutant pas une seconde que cela devait être magnifique. Il y avait tellement d’endroits que tu n’avais pas visités encore … « J’y penserai pour mes prochaines vacances. » Dis-tu avec un clin d’oeil. Les vacances scolaires approchaient d’ailleurs à grand pas et tu n’avais pas encore décidé de la destination où tu voulais amener Morgane pour une semaine ou deux. Mais tu avais encore le temps d’y penser et dès que tu avais une sélection, tu feras choisir ta fille. Tu ne doutais pas qu’Abel allait faire la tête mais vu son comportement ces derniers temps, il n’était pas en position de te reprocher quoi que ce soit. Tu observais Grace du coin de l’oeil et tu ne pus t’empêcher de remarquer que au premier abord, la vie de Grace semble similaire à celle qu’elle menait quand vous vous étiez quittées. Tu ne doutais pas une seconde que la jolie brune avait changé, avait grandi en traversant des épreuves comme cet accident. Mais elle n’avait pas beaucoup plus de responsabilités que quand tu l’avais quittée ou alors elle n’en avait pas parlé. De ton côté, c’était différent. Grace avait quitté une Jess libérée, une Jess qui avait des rêves immenses et aucune envie de se poser. Mais huit ans plus tard, les choses étaient bien différentes, trop différentes peut-être. Faire de Morgane un secret n’était pas une option pour tout un tas de raisons mais surtout parce que ta fille était devenue ta priorité et qu’elle passerait toujours avant tout, même des retrouvailles avec Grace que tu attendais depuis longtemps. La réaction de la jeune femme ne te surprit pas. Il était plus que normal qu’elle soit étonnée et qu’elle ne s’y attende pas. Néanmoins, il fallait accorder une chose à Grace, elle savait se remettre rapidement d’un choc pour réagir de la meilleure manière du monde. Tu ne savais pas à quoi t’attendre à vrai dire mais voir la jeune femme accepter cette information et ne pas te chasser était ce qu’il te fallait. Tu lui proposais de venir avec toi chercher Morgane et vous prîtes ta voiture vu qu’elle n’en avait pas. Une fois à l’intérieur, à la demande de Grace, tu déverrouillais ton téléphone pour lui permettre de mettre un visage sur ta fille qu’elle n’allait pas tarder à rencontrer. Démarrant, tu la laissais parcourir ta galerie photo alors que tu prenais la direction de Bayside et de la maison de tes parents. « Elle est adorable. Elle te ressemble beaucoup. J’imagine qu’on te le dit tout le temps, mais vous avez les mêmes yeux. » Un petit sourire se dessina sur ton visage à ces paroles. Oui, Morgane te ressemblait mais tu voyais tellement d’Abel en elle également … Cela te faisait toujours plaisir qu’on te le fasse remarquer. Ta fille était ta plus grande réussite et il était important pour toi que les personnes qui t’entouraient tombent eux aussi amoureux de cette petite partie de toi. Avec Grace, il allait falloir attendre qu’elle rencontre Morgane mais tu ne voyais pas pourquoi elles ne s’entendraient pas. « On me le fait souvent remarquer mais ça fait toujours du bien de l’entendre. » Soulignais-tu alors que tu t’approchais de la maison de tes parents. Ces derniers devaient être en train de s’impatienter, arriver en retard à un évènement paroissial était la hantise de tes parents mais tu faisais au plus vite. Tu invitais Grace à ne pas s’arrêter chez tes parents et à te suivre chez toi. Elle accepta sans hésiter avant de se reprendre : « Avec plaisir. Enfin, tu es sûre que…? Je veux dire, t’as pas quelqu’un ? » Il est vrai que tu as parlé de Morgane mais tu n’as pas parlé d’Abel, de ton mariage, de ton divorce et de cette situation de mère célibataire dans laquelle tu t’es installée depuis quatre ans. D’où le besoin de revenir dans ta ville natale pour bénéficier de l’aide de ta famille. Avant que tu n’aies pu ouvrir la bouche, Grace enchaîna : « Non que ça soit un problème. C’est juste pour Morgane, je veux pas foutre la merde. Et peut-être que ça me ferait un peu chier. » Tu tournes brusquement la tête à ces paroles parce que tu as du mal à croire que la jolie brune vient de les prononcer. Est-ce que Grace venait de te dire que cela l’embêterait que tu sois avec quelqu’un ? En la retrouvant aujourd’hui, tu n’avais pas encore eu le temps de penser à tout cela, trop focalisée sur les changements chez l’autre, trop focalisée sur les changements dans ta vie que tu ne savais comment lui annoncer. Décidant de retrouver un peu de ton intrépidité, tu poses ta main sur le genou de la jeune femme à tes côtés avant de lui dire : « Je n’ai personne qui m’attend à la maison, tu peux venir sans problème. » Tu reposais ta main sur le volant pour tourner dans la rue de tes parents avant d’ajouter : « Le père de Morgane et moi on a divorcé peu après la naissance de notre fille. Il est à Brisbane mais nous faisons notre vie de notre côté. » Abel sera toujours dans ta vie, que tu le veuilles ou non parce que c’est le père de ta fille. Mais même si une partie de vous aimera toujours l’autre, vous savez tous les deux que vous ne pourrez jamais être ce dont l’autre a besoin. Pour l’instant, tu ne savais pas ce que vous étiez, vous cherchiez un équilibre mais votre incompatibilité, vous l’aviez aujourd’hui acceptée. Tu te garais dans l’allée de la maison de tes parents alors que Grace te demandait : « Y a des choses que je dois savoir avant de la rencontrer ? » Tu secoues la tête, Morgane est une enfant qui n’a pas froid aux yeux et elle est habituée à rencontrer de nouvelles personnes. « Non. Fais-moi confiance, ça va bien se passer. » Lui dis-tu en posant de nouveau ta main sur son genou d’une manière que tu voulais être rassurante. « Je vous attends là. » Hochant la tête, tu prends la direction de la maison. Dans l’entrée, tu trouves tes parents en train de finir de se préparer alors que Morgane attend patiemment sur le canapé du salon en train de regarder un livre. Dès qu’elle te voit, ta fille vient se jeter dans tes bras et tu la serres très fort avant de remercier tes parents et de leur promettre votre présence au repas de dimanche midi. Une fois la porte fermée derrière vous, tu te tournais vers Morgane pour lui dire : « J’ai une vieille amie qui nous attend dans la voiture et qui va venir à la maison. » Ta fille hoche la tête, pas réellement perturbée par cette information. Alors que vous vous approchez de la voiture, Grace sort de cette dernière et Morgane la regarde curieusement. C’est Grace qui ouvre les hostilités : « Salut Morgane, je m’appelle Grace. Je suis une amie de longue date de ta maman. Je vais rester un peu avec vous ce soir, si ça te va. » Morgane la regarde sans rien dire pendant de longues secondes. Cela ne lui ressemble pas et tu commences à légèrement t’inquiéter. Et puis soudain, le visage de ta fille s’éclaire et elle tend sa petite main à la brunette en face d’elle pour lui demander : « Est-ce que c’est vrai que toi et maman vous avez nagé avec les dauphins ? » Tu regardes ta fille ne comprenant pas comment elle peut poser une question pareille jusqu’à ce que tu te souviennes de la photographie qui se trouve sur le panneau de photos dans votre salon. Morgane aime les regarder et te demande régulièrement les histoires derrière chacune d’entre elle. Alors que Grace est perdue elle aussi, Morgane te tourne vers toi et te demande : « Maman, c’est bien Grace de la photo pas vrai ? Celle avec qui t’a fait pleins de bêtises que papa il dit que j’ai pas le droit de faire quand je serai grande. » Demanda la petite fille avec une petite moue boudeuse. Te reprenant, tu laissais échapper un petit rire avant de répondre : « C’est bien cette Grace en effet. Elle aura plein d’autres histoires à te raconter mais pour ça il faut rentrer à la maison. » Morgane n’en avait pas besoin de plus, elle grimpa dans la voiture pour s’installer sur son siège auto où tu l’attachais avant de te tourner vers Grace : « Tu verras quand on arrivera mais tu es en photo dans notre salon. » Dis-tu avant de te remettre derrière le volant. Ce n’était pas une explication, pas réellement mais tu avais déjà parlé de Grace à Morgane, tu n’y avais juste pas pensé sur le moment.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyVen 17 Jan 2020 - 13:17

Son éternelle propension à s'exprimer sans réfléchir, à dire tout ce à quoi elle pensait sans filtre ou détours, ressort aujourd'hui sans une teinte de gêne et elle s'en retrouve plus handicapée que jamais. Grace sent que ses lèvres butent sur les mots, que son cerveau a du mal à trouver ses phrases. C'est un fait auquel elle s'est accoutumée – elle ne retrouverait jamais son débit rapide et fluide pré-accident. Pas lors de beuveries, ni sous le coup de la surprise, comme présentement ; pas même de manière générale, dans son état normal et dans une aise habituelle. Sa nouvelle obligation de chercher ses mots, elle l'avait plutôt bien vécue, comme une séquelle un peu embarrassante mais pas impossible à vivre, pas même pour une pipelette de son gabarit. Aujourd'hui, elle craint que sa lenteur ne passe pour un choc exagéré, une méfiance déplacée, face à celle qui avait un jour été le centre de son univers, son point de gravité dans des mondes inconnus. Lors de l'annonce de Jessian quant à sa maternité, Grace s'en était sortie avec une pirouette honorable pour la lenteur mal gérée de son cerveau quant à la digestion d'émotions. Son dernier sous-entendu vis-à-vis de Jessian était même sorti sans qu'elle ne bafouille, elle qui s'imaginer avoir même du mal à dire “bonjour” sans trébucher dans de pareilles circonstances. Pour ce qui était de rencontrer Morgane, cela dit, c'était le flou total et la jeune photographe avait peur de perdre ses moyens et de ne plus trouver ses mots, du tout.

Quelle idée, d'être intimidée par une enfant de quatre ans. Pas n'importe laquelle, cela allait sans dire, mais une enfant de quatre ans tout de même. Grace, à quatre ans, se réjouissait d’appuyer cinquante fois sur la même peluche pour entendre la même chanson basique en courant partout dans la maison – rien qui n’inspire vraiment la crainte ou l'envie de se prosterner.
Grace adore les enfants, pourtant. Elle s'en tire remarquablement avec les ados, qui érigent avec une rapidité fulgurante la jeune femme au rang de “leur pote qui les comprendra toujours”, pas comme les autres adultes chiants et maniaques de son âge (d'après les dires de Darren et Thomas, les deux enfants du nouveau compagnon de sa mère – Lena aurait sûrement raconté un tout autre récit). Les nourrissons s'arrêtent instantanément de pleurer dans ses bras, qui auraient semble-t-il le pouvoir de calmer les coliques et de faire ressortir les petits vomis gênants droit dans ses décolletés. Elle est même relativement appréciée des seniors, et Dieu seul sait combien cette catégorie d'âge était difficile à conquérir par rapport à des enfants de quatre ans. Mais voilà, avec les enfants de quatre ans, Grace n'a aucun point de comparaison. Elle avait bien eu Lena, des années auparavant, mais alors la conquérir consistait à cacher ses conneries de ses parents et à jouer aux PetShops avec elle. Les souvenirs remontent et Grace n’a aucune idée d’à quoi s'attendre ou de comment se comporter. D’autant plus qu'il s’agissait de la fille de Jessian – elle se sentait l'obligation de lui plaire. Et plaire à un enfant de cet âge, c’est toujours fifty-fifty. Si ce n'est plutôt 90-10.

« Non. Fais-moi confiance, ça va bien se passer. »

Alors Grace essaie d'éteindre la voix dans sa tête, de faire confiance à Jessian, et de se dire que ça allait bien se passer.
Dans l'attente, la jeune femme consulte rapidement son portable : un message de son employeuse qui lui demande pourquoi elle ne répond pas à l'interphone, un de Jordan qui prend de ses nouvelles, puis ceux de ses apprentis qui l'informent de leur arrivée chez eux. L'appréhension au cœur, les évènements trop rapides et incongrus, Grace temporise. Elle rejoue leurs conversations dans sa tête, l'affirmation de Jessian : elle avait divorcé du père de Morgane peu après la naissance de cette dernière. Ça faisait beaucoup d'informations aussi nouvelles qu’antithétiques à l'idée qu'elle s'était faite de Jessian voilà huit ans de ça. Des idées très loin de la Jess anti-mariage, anti-enfants, pro-liberté jusqu'à minimum le début trentaine qu'elle avait connue. Si bien que de son côté, elle avait l'impression d'avoir stagné : pas d'enfants, ou de famille élargie, ou de stabilité particulière ; juste une relation échec de quatre ans, une infirmité détestable, et un chat qui savait ouvrir les portes de placards. Ce qui, par ailleurs, était totalement fortuit et ne l'arrangeait pas pour cacher la nourriture, mais qui prouvait une intelligence relative à l'animal crétin comme une cruche en terre cuite. Elle est encore à se féliciter de ce dernier tour quand elle aperçoit Jessian revenir à la voiture, une petite fille agrippée à sa main, et elle s’extirpe péniblement du véhicule pour saluer la nouvelle venue comme il le fallait.
Celle-ci semble rester de marbre à ses salutations, le regard instigateur et, pour tout dire, un peu inquiétant. Coup d'oeil en coin à Jessian, qui ne semble pas plus rassurée qu'elle. Un ange passe. Bon.

« Est-ce que c’est vrai que toi et maman vous avez nagé avec les dauphins ? »

D'un coup, la question la sort de sa contemplation anxiogène et Grace se retrouve prise de court par cette interrogation qui lui semble complètement hors propos, tout droit d'un univers parallèle. “Euh…” Nouvel échange de regard entre les deux jeunes femmes : toujours la même expression perdue sur les traits de la mère, qui n'est pas plus avancée que l'invitée. “...Ouuuuui ?” répond-elle sans trop d’aplomb. Bien sûr que c'était elle – un voyage à Cozumel, au Mexique, rien que ça, qu’elle avait eu la bonne idée d’honorer en inscrivant leurs deux noms pour un cours improvisé. C'était l'époque où il ne s'était encore rien passé entre elles et où Grace avait essayé, sans vraiment s'en cacher, de l'impressionner avec les moyens du bord ainsi que l'appareil photo qu'elle emmenait partout. Le résultat de l'aventure avait été beaucoup de photos de Jessian, prises avec toute son application, et quelques photos plus ou moins floues d’elles deux, avec ou sans dauphin, prises par un employé du centre qui ne savait pas trop s'en sortir avec ce genre d'objets. Visiblement contaminée par la confusion des deux adultes, la petite fille se tourne vers sa mère : « Maman, c’est bien Grace de la photo pas vrai ? Celle avec qui t’a fait pleins de bêtises que papa il dit que j’ai pas le droit de faire quand je serai grande. » Grace de la photo. L’étau se resserre, et la concernée ne peut empêcher un petit sourire narquois de faire surface sur ses lèvres. Voilà qui mérite réflexion ; notamment de savoir dans quel genre de conversations son nom avait bien pu être prononcé. Il y en avait eu, des bêtises – la drogue, les intrusions dans les piscines privées des hôtels hors heures d'ouverture, les sorties un peu trop alcoolisées, les disparitions les jours de photoshoot jusqu'à cinq minutes avant le début des prises. Quoi qu'il en soit, c'était autant un joli palmarès que de raisons de passer pour un mauvais exemple.
« Tu verras quand on arrivera mais tu es en photo dans notre salon. »

Voilà ce que Jessian lui signale avant de s’installer derrière le volant, après une promesse faite à Morgane de lui raconter davantage d'histoires de leur passé. Grace sent ses joues s’empourprer légèrement, peu prompte à avouer combien l'idée lui faisait plaisir – après tout, elle aussi, avait gardé des photos d’elles deux, qui constituaient une époque si importante de sa vie, mais c'était aussi son métier et sa passion. Rien à voir avec une photo affichée chez soi. Elle reprend quand même, le ton un peu taquin : “Alors comme ça, t’as des photos de moi dans ton salon, hm ?” Qu'on ne s'y méprenne pas : elle est largement plus flattée que moqueuse, touchée par cette petite attention, même après tant de temps sans contacts. Cela dit, cette joie est à double tranchant, jouant avec l'idée selon laquelle Grace n'était peut-être pas l'exemple à montrer à des gamins de cet âge, qu'elle se soit partiellement ressaisie ou non. Bon gré mal gré, elle se tourne légèrement vers Morgane et décide de rentamer la discussion : “Alors, tu es en quelle classe, Morgane ?” S'ensuit une discussion passionnante autour des cours que la petite préfère, des maîtres et maîtresses qu’elle n’aime pas, et de la liste possible de ses amoureux, si amoureux il y avait. Grace répond à tout d'un air entendu, parfaite complice, navigue à vue dans une conversation qui lui semble très hors du champ de ses capacités. Dans celle-ci, elle repère des inflexions de Jessian dans le parler de l’enfant, des mimiques des sourcils, ces quelques empreintes minuscules, qui la rattachent tant à sa mère, et parfois elle s’y perd et lutte pour combler le blanc qu’elle laisse.

C’est chez toi ?

La voiture s’est arrêtée devant le portail d’une maison, où la voiture s’apprête à rentrer. “Sympa, la porte jaune. Vous devez pas souvent vous perdre.” Le trio s’extirpe de la voiture et Grace rehausse son sac sur son dos, la main un peu plus lâche autour de la bandoulière. Le perron passé, Morgane est déjà pressée de rentrer chez elle et de retrouver son univers, tandis que Grace referme poliment la porte après avoir laissé passer Jessian. “C’est grand”, fait-elle remarquer sitôt l’entrée dépassée. Loin de son quarante mètres carré, avec chiottes comprises dans la salle de bains, bien que celui-ci convienne totalement à Kim Possible, son chat, qui avait amplement l’espace de sauter et abîmer vigoureusement le papier peint - ce dont elle-même n’avait pas besoin. “Et bien décoré. J'en attendais pas moins de toi. Vous vivez là depuis longtemps ?” Depuis la séparation, imagine-t-elle, le retour à Brisbane, mais sa vision trop linéaire d’une chose qu’elle comprend si peu lui fait peut-être défaut. Elle pose son sac dans l’entrée, y pose son portable et frotte machinalement sa main droite pour la réactiver. Ses yeux se perdent sur l’entrée, le salon, examinent chaque partie visible de la maison depuis l’entrée en prenant leur temps. Enfin, ils se reposent sur Jessian, la couvent d’un sourire chaleureux, et un peu timide à la fois.

Alors, elle est où, la fameuse photo ? Je crois qu’on a une histoire à raconter.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyDim 19 Jan 2020 - 13:27

Ton ancienne vie et ta nouvelle vie n’avaient pas pour habitude de se chevaucher. En effet, quand tu avais quitté Brisbane, tu avais gardé contact avec peu de personnes à qui tu n’avais jamais réellement eu besoin de justifier tes choix de vie vu qu’ils étaient à des dizaines de milliers de kilomètres de toi. Puis tu étais rentrée à Brisbane avec ta fille dans les bras et un divorce fraîchement signé et une fois la situation expliquée aux quelques personnes que tu retrouvais, tu avais rencontré de nouvelles têtes qui avaient simplement considéré cela normal que tu sois maman. Mais des fois, il y avait des gens que tu avais rencontrés lors de tes années en vadrouille ou à Londres qui revenaient aujourd’hui dans ta vie et c’était en général eux qui avaient du mal à comprendre ta vie d’aujourd’hui. Tu comprends très bien pourquoi parce qu’à l’époque, tu fuyais toute responsabilité, tu fuyais tout ce qui pouvait te retenir quelque part, tu passais tes soirées à courir d’une boîte à une autre, tes nuits à courir d’un lit à l’autre et tout cela avec un taux d’alcoolémie important souvent accompagné de substances illicites. Alors quand ces personnes réapparaissaient dans ta vie, c’était plus difficile pour toi car tu avais peur qu’elles ne comprennent pas ce que tu étais devenu. C’était aujourd’hui le cas avec Grace mais en même temps, vos échanges jusqu’ici te laissaient penser qu’elle aussi avait vécu des épreuves pas toujours simples ces dernières années et qu’elle n’était pas exactement la Grace à qui tu avais dit au revoir. Et cela te rassurait. Un peu du moins. Parce que même si vous n’aviez pas encore abordé le sujet, ta bisexualité était encore en grande majorité un secret pour ton entourage. Tu ne te privais pas de compagnie féminine mais tu en parlais peu tout simplement parce qu’aucune personne du même sexe que toi n’était entrée dans ta vie assez longtemps pour que cela vaille la peine d’en parler. Tu n’avais pas caché à ton ancienne amante l’ambiance dans laquelle tu avais grandie et malheureusement pour toi, en vieillissant tes parents ne gagnaient pas en ouverture d’esprit. Mais tu doutais que Grace te lance sur ce sujet, pas tout de suite et peut-être pas du tout en vérité. Pour l’instant, tu t’apprêtais à lui présenter Morgane et c’était déjà bien suffisant comme ascenseur émotionnel. Peut-être que tu aurais dû attendre, peut-être que tu aurais dû laisser Grace rentrer chez elle et la revoir à une autre occasion et lui présenter ta fille plus tard mais tu n’avais pas envie d’attendre. Tu comptais ne pas laisser la belle brune ressortir de ta vie maintenant qu’elle y était rentrée, elle avait eu un rôle trop important pour toi pour que tu la laisses s’échapper cette fois. Alors que tu laissais Grace dans la voiture, tu ne pouvais t’empêcher de remarquer qu’elle était anxieuse. Elle ne devrait pas pourtant, Morgane était vraiment adorable et pas timide lorsqu’elle rencontrait de nouvelles personnes. Tu la rassurais comme tu le pouvais avant d’aller récupérer ta fille à qui tu annonçais qu’elle allait rencontrer quelqu’un de ton passé. Morgane adorait rencontrer des personnes qui t’avaient connue plus jeune, quand tu n’étais pas sa maman. Ce à quoi tu ne t’attendais pas par contre c’était qu’elle reconnaisse Grace grâce à la photo qui se trouvait dans votre salon. « Euh ...Ouuuuui ? » Tu vis la surprise et la stupéfaction sur le visage de ton amie qui se demandait bien comment cette petite fille pouvait lui demander si elle avait déjà nagé avec des dauphins. C’était peut-être ça que tu aurais dû dire à Grace, que Morgane connaissait déjà son existence même si ce n’était que lors de cette excursion que vous aviez faite au Mexique. Ta fille ne semble pas convaincue de sa réponse mais tu n’en veux pas à Grace d’être prise au dépourvu. Avant que tu ne prennes la parole à ton tour, c’est Morgane qui se tourne vers toi pour te demander confirmation que la personne devant elle est bien la même Grace que sur la photo dans le salon. Tu lui réponds par l’affirmative et encore une fois, votre invitée semble complètement prise au dépourvu. Tu sens le rouge te monter aux joues parce que tu imagines ce que Grace doit penser de tout cela mais tu préfères ne rien dire pour l’instant et installer Morgane dans la voiture avant de reprendre la route direction votre maison. « Alors comme ça, t’as des photos de moi dans ton salon, hm ? » Le ton taquin de ton interlocutrice te fit échapper un petit rire alors que tu secouais la tête. Est-ce que c’était si difficile que cela de croire que la jeune femme avait joué un rôle important dans ta vie et que tu avais voulu garder des souvenirs de cette période ? Pendant les deux ans que tu avais passés sur les plages du monde, Grace avait été avec toi presque à chaque moment. « J’aime avoir des souvenirs de toutes mes aventures. » Dis-tu sans ajouter qu’elle n’était pas la seule en photo dans ton salon mais elle le verrait bien assez tôt. C’était important pour toi de partager tes souvenirs et tes aventures avec ta fille et ces photos aidaient beaucoup. Tu avais la chance d’avoir toujours été bien entourée, cela le montrait. Mais l’attention de Grace se tourne de nouveau vers Morgane à qui elle demande : « Alors, tu es en quelle classe, Morgane ? » Tu laisses ta fille répondre avec enthousiasme à ses questions alors que tu te concentres sur la route. Un petit sourire amusé se dessine sur ton visage alors que tu écoutes leurs échanges. Morgane est une vraie pipelette alors cela ne te surprend pas qu’elle réponde avec enthousiasme à toutes les questions de Grace. Tes parents n’habitant vraiment pas loin de chez toi, vous arrivez assez rapidement à la maison et votre invitée sembla légèrement surprise : « C’est chez toi ? Sympa, la porte jaune. Vous devez pas souvent vous perdre. » La porte jaune canari était quelque chose qui marquait la plupart de vos visiteurs lors de leur première visite. Tu garais la voiture avant d’aider Morgane à descendre. Grace vous suivait, observant tout avec un regard curieux. « J’y tenais et puis comme ça on n’a pas de mal à nous trouver. » Tu mis les clés dans la serrure et tu ouvris la porte en disant : « Bienvenue chez nous ! » Morgane elle était déjà partie pour rejoindre sa chambre où elle pourrait déposer son sac à dos et certainement jouer un peu avec les jouets qui lui avaient manqué aujourd’hui. Mais vu l’excitation du match et tout le reste, tu doutais qu’elle reste debout très longtemps. Tu fis signe à Grace de te suivre et tu la laissais découvrir l’intérieur de cette maison que tu avais personnalisée depuis ton installation trois ans plus tôt. « C’est grand. Et bien décoré. J'en attendais pas moins de toi. Vous vivez là depuis longtemps ? » Tu déposais tes affaires sur la table de la cuisine avant d’aller sortir trois verres du placard parce que c’était ce que Grace t’avait proposé, d’aller boire un verre à la base. « Depuis trois ans seulement. J’ai acheté la maison quand Morgane avait un an, on est plutôt bien installées c’est vrai. » Dis-tu en sortant du frigo diverses boissons que tu avais en stock. Entre Morgane et toi, vous buviez pas mal de jus alors il y avait largement le choix. « Tu vis où à Brisbane ? » Demandas-tu curieuse à la jeune femme. Il y avait diverses quartiers en ville et même si tu n’avais habité qu’à Bayside, tu les connaissais bien depuis le temps. « Alors, elle est où, la fameuse photo ? Je crois qu’on a une histoire à raconter. » Secouant la tête, tu attrapais le plateau sur lequel tu avais posé les jus et les verres et tu lui dis : « Suis-moi. » Tu allais déposer le plateau sur la table basse de la cuisine avant de te diriger vers le mur gauche de la pièce sur lequel tu avais accroché un grand tableau contenant du grillage bien désigné et qui te permettait d’accrocher des photos. Dessus, tu avais choisi des photos de plusieurs périodes de ta vie et de celle de Morgane. Toutes les photos contenaient des personnes qui comptaient beaucoup pour toi. « Tu es juste là ! » Dis-tu en pointant du doigt votre photo. Quelques secondes plus tard, Morgane fit une réapparition dans la pièce où elle avait ramené des feutres et des feuilles pour dessiner. Tu laissais Grace regarder ce panel de photos qui contenaient surtout des visages qu’elle ne pourrait pas identifier. Montant sur une chaise près du mur, Morgane ne tarda pas à lui venir en aide en pointant différentes photos et en disant : « Là c’est moi et tata Sky, là c’est moi quand je suis née avec papa et maman. Et là c’est maman, Cora et Izzie. » Se tournant vers Grace, ta fille prit un air très sérieux pour lui dire : « Maman elle est très belle et papa il dit que je serai encore plus belle quand je serai grande ! » Elle semblait très fière d’elle et tu levais les yeux au ciel avant de la faire descendre de la chaise. « Mais oui ma puce, tu seras la plus belle princesse du monde, c’est sûr ! » Cela sembla faire plaisir à Morgane à qui tu servis du jus d’orange et qui se mit à dessiner. « Tu veux boire quelque chose ? » Demandas-tu à Grace en l’invitant à s’installer dans le canapé.


Dernière édition par Jessian Reed le Sam 1 Fév 2020 - 5:48, édité 1 fois
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptyJeu 23 Jan 2020 - 12:11

« Bienvenue chez nous ! » Avec une certaine appréhension, Grace pénètre dans la maison après la jeune femme et sa fille, comme une inconnue rentrerait dans un endroit où elle n’est pas spécialement censée être. L’idée lui fait toujours tout drôle, et son cerveau met le temps à se réconcilier avec tant de nouveaux éléments. Elle prend le temps qu’il lui faut pour observer la décoration, les peintures et photos accrochées aux murs, le soin apporté au choix des meubles. A ses questions, Jessian répond qu’elles sont installées depuis trois ans. La comparaison entre Bayside et son quartier est claire et nette et la banlieue familiale n’a rien à envier au repaire des jeunes pochtrons brisbaniens. Ainsi, lorsque la question d’après vient, Grace ne peut s’empêcher de laisser transparaître un peu de gêne : “Fortitude Valley, au-dessus d’un coffee shop. C’est un petit 40m2, mais ça suffit pour Kim Possible et moi.” C’était pas loin de la moitié de ce dont elle bénéficiait dans sa colocation avec son frère aîné, mais ce dernier faisait traîner tellement de bricoles qu’elle se sentait presque plus libre de ses mouvements. “C’est mon chat”, précise-t-elle en faisant référence à Kim Possible, le remplacement officieux (et très peu flatteur) dudit frère aîné, en beaucoup moins bordélique mais en beaucoup plus bruyant.

Elle fait revirer le sujet en direction de la fameuse photo que Morgane avait mentionné en la rencontrant : elle se fait mener par Jessian jusqu’à un pan de mur recouvert d’un grillage où sont affichées plusieurs photos. Les yeux curieux, elle commence à les détailler, tombant bien vite sur celle qu’elle cherchait. Un sourire étire ses lèvres alors que les souvenirs refont surface. “C’est dingue, on était vraiment des enfants”, s’amuse-t-elle en examinant leurs visages. La physionomie restait essentiellement la même, mais les dernières joues rondes de l’adolescence avaient aujourd’hui complètement disparu. Du reste, Grace n’était pas si différente du cliché : toujours le même éclat de malice, l’ambition qui y trônait en moins. “Il faudra absolument que je te montre celles que j’ai gardé. J’en ai de Bali, de Khao Phing Kan, d’As Catedrais…” Et tout autant de souvenirs gardés dans un coin de son esprit, bien rangés et intouchés depuis longtemps. “Ca m’avait manqué de voir tout ça… De te voir, toi.” Elle offre à Jessian un sourire, ses yeux s’attardant sur elle avant de retourner à la photo. “Je pensais pas te recroiser un jour, mais je suis contente que ce soit le cas.” Ses épaules se haussent légèrement, malgré elle, sourire toujours en place.

Morgane choisit de débouler dans la pièce à temps pour l’interrompre, mains remplies de feutres et de feuilles où dessiner puis, ravie de voir que l’heure était à la contemplation, décide d’offrir son aide dans l’inspection des photos. « Là c’est moi et tata Sky, là c’est moi quand je suis née avec papa et maman. Et là c’est maman, Cora et Izzie. » Les noms ne disent pas grand-chose à Grace : elles n’avaient jamais beaucoup parlé de famille, suffisamment pour que le prénom de Sky lui dise quelque chose. Du reste, les autres visages lui sont parfaitement inconnus. Par curiosité, les orbes brunes s’arrêtent sur le visage du père de Morgane, cherchant la ressemblance avec l’enfant, pour en trouver plus qu’elle ne le pensait. La concernée la sort assez rapidement de sa contemplation, lui tirant un nouveau sourire au passage, et part retrouver ses feutres pour se mettre à l’oeuvre.

« Tu veux boire quelque chose ? »

Grace rejoint la jeune femme sur le canapé, s’appuyant sur le dossier pour s’étirer légèrement. La journée a été longue, et elle a encore du mal à s’adapter à des charges de travail parfois intenses. “Avec plaisir, tu proposes quoi ?” Pas très loin, Morgane sirote son jus d’orange tout en continuant de recouvrir sa feuille de feutre bleu, en parfaite reine du multitâche. “En fait, un jus d’orange ça m’ira très bien aussi. Je bois plus trop.” Mensonge qui n’en est pas tout à fait un - Grace a considérablement réduit sa consommation en liqueurs et en autres substances, depuis l’époque, mais elle ne l’a pas complètement arrêtée non plus. Encore moins depuis qu’elle a emménagé à Brisbane, ou ses écarts répétés deviennent trop fréquents. Elle ignore si cette reprise après deux ans de sobriété quasi-totale vient d’une pulsion autodestructrice, d’un ça ne peut pas être pire, de toute façon inconscient, ou si elle considère quelque part avoir suffisamment récupéré et ne plus être aussi paranoïaque vis-à-vis d’une potentielle rechute. Dans les deux cas, ce n’est rien de bon, et elle veut montrer l’exemple ce soir. Peut-être aussi craint-elle ce débit de parole un peu moins fluide, cette confusion mentale manifeste qui vient souvent avec la consommation d’alcool.

Ca me parait incroyable, la dernière fois qu’on s’est vues tu débutais dans l’industrie du mannequinat, et maintenant t’as ta carrière établie, ta famille…

Quasi huit ans, quoi. Ca lui parait toujours impossible, d’avoir grandi autant, séparément, et de se revoir aujourd’hui, avec autant de changements. “C’est aussi bien que tu l’imaginais ?” A l’époque, toute ombre d’ambition tenait davantage du rêve, et les rêves sont des plus instables durant la petite vingtaine. Du moins les étaient-ils pour Grace, qui avait changé deux fois de métier depuis, tout en restant dans la même veine. “T’arrives à t’en sortir, avec Morgane ?” A continuer de sortir, de voir des amis, de faire des rencontres, de gérer sa carrière sans compromis ? Sa propre gêne lui semble déplacée, de trop, dans une conversation avec une si vieille connaissance. Grace n'aime pas ça, et repousse la sensation avec un rire léger : “Puis merde, raconte-moi tout. Sur ton boulot, tes amours, tes amitiés... Je veux savoir ce que j'ai loupé en huit ans.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 1 Fév 2020 - 6:42

C’est étrange de voir Grace dans ta maison. S’il y avait bien une personne que tu n’avais jamais imaginé mettre les pieds chez toi c’était bien elle. Plus parce que tu n’avais pas pensé que vos chemins pourraient se recroiser par hasard qu’autre chose parce qu’inviter la jolie brune chez toi t’avait semblé être naturel. Et maintenant vous étiez là, chez toi. Dans un chez toi qui ne ressemblait nullement aux chambres d’hôtels magnifiques que vous habitiez et les quelques appartements temporaires que l’on vous mettait à disposition à l’époque. Cette maison respirait la stabilité, respirait l’installation à long terme, quelque chose que tu avais refusé d’envisager à l’époque. Mais en huit années, ta vie avait drastiquement changée. Tu aurais aimé être toujours celle que Grace avait quittée, sans engagement, qui pense à elle et sa carrière avant toute chose. Et surtout qui ne pense qu’à s’amuser. Ce n’est plus celle que tu es aujourd’hui et Abel ne cesse de te le faire remarquer. Intriguée quant à la remarque de Grace sur ta maison, tu ne peux t’empêcher de lui demander où elle a emménagé en ville vu qu’elle semble s’y installer. « Fortitude Valley, au-dessus d’un coffee shop. C’est un petit 40m2, mais ça suffit pour Kim Possible et moi. » Tu fronçais légèrement les sourcils à la mention de Kim Possible que tu savais être un dessin animé et devant ta confusion, Grace vint te sauver : « C’est mon chat » Un petit sourire se dessina sur ton visage. Imaginer la jeune femme vivre dans un appartement avec son chat, c’était comme entrer dans une nouvelle dimension. Tu n’avais jamais pensé voir un jour la jeune femme fougueuse et sans limite s’installer dans un appartement tranquille au dessus d’un coffee shop avec un animal de compagnie. Comme quoi, tu n’étais pas la seule à avoir changé. Tu remarquais également la gêne de ton amie quand elle te parla de son logement. Elle ne devrait pas l’être, tu n’avais pas toujours vécu dans ces grands espaces non plus. Tes appartements londoniens étaient bien petits et la maison de tes parents avait fini par être étouffante cette première année après ton retour en ville. « Fortitude Valley est un quartier sympa. J’espère que Kim Possible s’est bien adaptée à son nouvel environnement. » Lui dis-tu un sourire amusé sur les lèvres. « J’avoue que tu es la dernière personne que j’imaginais prendre un chat aussi jeune. » Lui dis-tu pour la taquiner plus qu’autre chose. Toi tu n’avais aucunement envie d’un animal de compagnie mais tu savais que Morgane arrivait à un âge où elle allait te supplier d’en avoir un. Le problème était plus dans ton emploi du temps compliqué à gérer qu’autre chose mais avec un peu de chance elle arrivera à convaincre Abel de prendre un chien ou un chat et c’est lui qui s’en occupera. Tu montrais à Grace les photos que tu avais affichées dans ton salon et une vague de nostalgie sembla s’emparer d’elle aussi. « C’est dingue, on était vraiment des enfants » Tu ne peux le nier. Vous étiez très jeunes, presque des enfants encore maintenant que tu y pensais. Mais tu gardais de ces années, de ces moments des souvenirs tellement bons qu’il t’arrivait de regretter d’avoir dû grandir trop vite. « Il faudra absolument que je te montre celles que j’ai gardé. J’en ai de Bali, de Khao Phing Kan, d’As Catedrais… » Tu regardais Grace étonnée qu’elle ait gardé des photos de vos moments ensemble, surtout en grand nombre comme elle semblait l’indiquer. « Tu les as toutes gardées ? » Tu te souviens des nombreuses fois où vous aviez joué avec son appareil. Tu ne résistais jamais quand on te proposait de poser et vous aviez improvisé un certain nombre de photoshoots dans de nombreux endroits mais il y avait aussi eu les photos plus ou moins cadrées que vous preniez toutes les deux et qui étaient toujours tes préférées. « Ca m’avait manqué de voir tout ça… De te voir, toi. Je pensais pas te recroiser un jour, mais je suis contente que ce soit le cas. » Cet aveu de Grace te surprend et pourtant il n’aurait pas dû. Parce que la jolie brune avait toujours su te prendre au dépourvu, n’avait jamais semblé hésiter à dire ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait contrairement à toi. Tu ne lâchais pas son regard toutefois quand tu lui dis : « Moi aussi ça m’avait manqué. Je compte bien veiller à ce que l’on ne se manque plus à l’avenir. » Tu ignorais de quoi était fait demain mais si Grace était à Brisbane, tu refusais d’imaginer perdre contact de nouveau. Non, tu voulais que Grace prenne une nouvelle place dans ta vie et lui faire rencontrer Morgane était un premier pas dans cette direction. Pour le reste, vous auriez le temps de décider. En parlant de ta fille, elle déboula de nouveau dans le salon et ne tarda pas à accaparer l’attention de notre invitée pour lui pointer du doigt un certain nombre de personnes sur les différentes photos exposées. Tu voyais que Grace l’écoutait avec attention mais en même temps elle semblait un peu perdue, toutes ces personnes appartenant à une vie qu’elle ne te connaissait pas. Finalement, Grace vint s’asseoir sur le canapé quand Morgane revint s’installer sur la table basse pour dessiner et tu lui proposais de boire quelque chose. « Avec plaisir, tu proposes quoi ? » Mais avant que tu n’eus le temps de répondre, elle te dit : « En fait, un jus d’orange ça m’ira très bien aussi. Je bois plus trop. » Cette fois, tu ne pus empêcher tes sourcils de se lever alors qu’elle prononçait ses mots. Grace ne buvait plus ? « Vraiment ? » T’entendus-tu prononcer avant de sentir le rouge te monter aux joues et de lui dire : « Pardon, c’était déplacé de ma part. Un jus d’orange alors. » Dis-tu en te dirigeant vers la cuisine ouverte à quelques mètres de l’espace salon. Tu préparais donc deux verres de jus d’orange supplémentaires vu que ta fille avait déjà le sien. Peu à peu, tu commençais à voir se dessiner une nouvelle Grace et il allait falloir que tu arrêtes de la comparer avec celle de tes souvenirs. Mais c’était plus fort que toi. Revenant dans le salon, tu déposais les verres sur la table avant de prendre place à côté de la jolie brune. « Ca me parait incroyable, la dernière fois qu’on s’est vues tu débutais dans l’industrie du mannequinat, et maintenant t’as ta carrière établie, ta famille… C’est aussi bien que tu l’imaginais ? » C’était une excellente question … En quelque sorte, ta carrière était telle que tu l’avais imaginée parce que tu n’avais jamais manqué de travail mais en même temps, il y a dix ans, ce n’était pas vraiment là que tu te voyais. « T’arrives à t’en sortir, avec Morgane ? Puis merde, raconte-moi tout. Sur ton boulot, tes amours, tes amitiés... Je veux savoir ce que j'ai loupé en huit ans. » Tu laissais échapper un petit rire alors que la jeune femme sembla laisser sa gêne de côté, redevenant pendant quelques secondes la Grace qui n’avait jamais eu peur de repousser les limites. « Attention aux gros mots. » Ne pus-tu t’empêcher de lui dire un sourire en coin sur les lèvres. Avec Abel et toi comme parents, Morgane devait déjà tous les connaître mais tu essayais tout de même de limiter ce genre de langage quand ta fille pouvait vous entendre. « La vie que je mène aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que j’imaginais. Mais je ne regrette rien. Je réussis à avoir une belle carrière dans un milieu difficile tout en élevant Morgane et même si ce n’était pas ce dont je rêvais, j’en suis plutôt fière. » Dis-tu avec un petit sourire sur les lèvre. Tu pris une gorgée de jus d’organe avant de dire à Grace : « J’essaie d’être là pour Morgane au maximum et mon agence est plutôt compréhensive. Mais je n’en serais pas là si mes parents, mes soeurs et mon entourage ne pouvaient pas me dépanner pour la récupérer à l’école ou la garder de temps en temps. » Cela ne te faisait pas plaisir de laisser Morgane à d’autres alors que tu aurais dû être celle qui t’occupait de ta fille mais tu ne pouvais pas tout faire. « Je suis toujours à la recherche d’un bon équilibre, c’est plus difficile que je ne le pensais. » Dis-tu en haussant les épaules. « Et toi alors ? Tu as continué à voyager ? Qu’est-ce qui t’a décidé à te sédentariser ? » Lui demandas-tu curieuse alors que Morgane continuait à dessiner tout en vous écoutant.
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Message(#)santa monica dream - (jessian&grace) EmptySam 1 Fév 2020 - 8:43

« J’avoue que tu es la dernière personne que j’imaginais prendre un chat aussi jeune. » Autrefois, Grace aurait elle aussi souri à l’incongruité de la chose. Son amour des chiens n’était plus à prouver, mais sa répulsion à s’occuper d’un autre être vivant complètement dépendant d’elle l’avait toujours freinée dans l’adoption de tout animal de compagnie - même d’un poisson rouge. Elle ne s’était jamais vue en colocation avec un animal avant d’être épuisée, d’avoir tout testé et de de dire c’est le moment. Rien de sédentaire jusqu’à ressentir qu’elle avait fait tout ce qu’elle avait à faire et qu’elle pouvait sereinement choisir l’endroit sur terre qui lui avait le plus plu, choisir le lieu de vie qui lui ressemblait le plus, et ne jamais s’en lasser. Un projet audacieux, très long-terme, et surtout irréalisable après son accident. “Pour tout te dire, le chat c’était pas trop prévu”, rit-elle en retour à la taquinerie de la plus jeune. “J’avais demandé un chien assistant à la base. Au final, les démarches étaient trop longues niveau sécu et je n’étais pas prioritaire dans les gens éligibles. Du coup, je me suis dit que c’est moi qui allais aider un animal, et j’ai pris Kim Possible dans un refuge.” Autant prétendre le beau geste que d’avouer la vérité honteuse et indicible : c’est elle, qui a besoin d’aide. C’est elle qui s’était retrouvée collée à une peur panique d’éteindre les lumières le soir et de ne plus les rallumer le lendemain, ou d’être immobilisée à nouveau et de ne pouvoir joindre personne, ni même être remarquée. Elle ne se faisait pas d’illusions, ce n’était pas Kim Possible qui appellerait les secours en cas de nouvel accident, mais sa présence la réconfortait un tout petit peu quand même. Il y avait un témoin à sa vie. Il y aurait quelqu’un qui l’avait vue vivre et mourir. Et, dans son dramatisme parfois à la limite de la paranoïa, la présence de ce chat sénile qui ne différencie pas litière et paillasson était parfois ce qui la préservait de l’amok.

Ca, et ses photos. Elle s’accrochait aux souvenirs comme à des totems, peut-être par peur de ne pas en avoir d’autres à créer, ou par peur de devoir en créer d’autres. Depuis qu’elle avait quitté Gold Coast, Grace avait trouvé refuge dans les vieux clichés qu’elle avait pu prendre tout au long de sa vie. Des photos ratées d’une petite Lena avec ses dents du bonheur, de ses parents regardant des menus dans un restaurant qu’elle avait complètement oublié. Des clichés de ses voyages, de son travail, de ses rencontres. Puis, toutes celles avec Jessian. “Bien sûr que j’ai tout gardé”, qu’elle avoue un peu plus bas, comme pour elle-même. “Tu sais ce que tu étais pour moi, à l’époque ?” Elle se mord l’intérieur de la joue, parce que c’est pas Grace, d’être ouverte comme ça. Elle tente de s’interrompre : “Puis c’était mes plus beaux clichés, on va pas se mentir. Jamais flous, jamais hors cadre… J’allais pas jeter de telles oeuvres.” Mais le moment de silence qui suit la replonge dans les souvenirs. Elle a besoin de lui dire que ça représente beaucoup pour elle, sa présence ici ce soir, leurs retrouvailles, parce que ça fait beaucoup d’émotions d’un coup et ça commence à déborder, malgré la peur d’être ridicule, d’en dire trop, d’en faire tout un plat. Alors la promesse de se revoir de Jessian lui colle un sourire rassuré sur la tronche et elle a peur qu’il ne reste indélébile.

« Vraiment ? »

La question suivante de Jessian plane au-dessus d’elles comme une énième brêche dans leurs souvenirs en commun, témoin si petit mais si lourd des nouvelles différences qu’elles doivent apprendre à conjuguer. Des excuses suivent, toujours embarrassées, et Grace hausse les épaules, un petit sourire non moins confus aux lèvres. “Nan, t’excuse pas. Je dois aussi être la dernière personne de qui tu t’attendais entendre ça un jour.” Après tout, ç’avait été elle, l’instigatrice, la première à chercher les conneries et à y tirer Jessian, la plus sage des deux. Les abus de substances, elle en avait fait, et elle aurait sans doute pu compter les soirées où elle était restée sobre à cette époque. La voir avec du jus d’orange, aujourd’hui, c’est incongru. Hors caractère. Même pour elle, et peut-être surtout pour elle. Elle prend le parti d’en rire pour dissiper le malaise : “T’imagine pas que je suis toute sage et casée non plus, hein ! Mais je suis plus aussi pochtrone qu’avant. Même que j’arrive à courir plus de deux minutes à 5km/h. Tu serais impressionnée.” Elle bombe un peu le torse, fière de ce progrès qui ferait sûrement pâlir tous les résidents de l’hospice de Bayside. Dans un silence encore un peu lourd, Jessian lui offre son verre de jus d’orange, et Grace lui retourne un sourire de remerciement. Vite, un autre sujet. Vite, rattraper le temps perdu. « Attention aux gros mots. » Bonne élève, Grace joue le jeu, se plie à la règle, place une main sur sa bouche et écarquille les yeux, jette un oeil en direction de Morgane : “Ca se reproduira plus.” Son oeil pétille encore lorsqu’elle reprend son verre de jus d’orange et en boit une gorgée.

La jeune femme laisse Jessian lui parler d’elle depuis la dernière fois qu’elles se sont vues. Elle rayonne, quand elle parle de sa fille, de ses exploits, et ça fait plaisir à Grace. Peut-être qu’elles deux se sont éloignées de leurs objectifs, mais Jessian en a l’air heureuse. Elle semble soutenue, entourée, rassurée dans ses choix ; apaisée, par rapport à celle qu’elle avait connue. Elle couve sa fille du regard comme elle le ferait avec sa plus belle réussite, et ça semble assez. “Je suis sûre que t’y arriveras. T’as toujours réussi à créer ton équilibre au milieu du chaos.” Le visage posé sur sa main, accoudée au haut du canapé, Grace lui offre un large sourire. Jessian avait toujours composé avec tout. Résiliente, c’était un des mots qu’elle avait toujours utilisé pour la décrire, parce que quoi qu’on lui lance à la gueule, elle en ressortait grandie. A ses yeux, ç’avait toujours été un peu miraculeux. “Et jusque-là j’ai l’impression qu’équilibre ou pas, tu t’en sors à merveille.” Il n’y a qu’à regarder le sourire épanoui de la petite fille, l’admiration dans ses yeux quand elle pointe les photos du doigt, et la grande maison où trônent un peu partout de ses dessins pour voir que l’amour prime partout.

Moi, bah...comme je t’ai dit, après que tu sois partie à Londres j’ai continué à bouger aussi. C’est toi qui m’a décidée à repousser mes limites à mon tour.

Jessian le savait, elle avait toujours été assoiffée de voyage, de découvertes. Les belles plages touristiques ne lui suffisaient plus, à l’époque, et elle avait juste eu besoin d’une pichenette, et c’est le départ de Jessian pour Londres qui avait fini de la pousser. “J’ai enfin pu faire de la photographie de paysages.” Ce qui, au fond, l’avait toujours passionnée le plus. “On a fait un documentaire, aussi, avec une équipe que j’ai rencontré à Rome, on a direct accroché. Ils partaient en Finlande et je leur ai proposé d’aller à la rencontre des Sami. On est restés trois mois.” Elle mentionne qu’elle est revenue en Australie en 2017 seulement, pour revoir sa famille, avoir un pied-à-terre jusqu’à sa prochaine aventure. “Après tout ça je suis devenue photographe de plateau, et je le suis restée. Je crois que c’est un peu le documentaire qui m’a décidée, l’idée de capturer les gens dans leur essence, sans que ce soit mis en scène ou dirigé…” L’essence, ç’avait toujours été son but, sa recherche dans les photos. Forcément, la tâche était moins facile sur des modèles pour maillots de bains que sur des animaux ou des personnes suivant leur quotidien. Pour les films, c’était un peu différent, à mi-chemin entre deux mondes, et pourtant il y avait une espèce de sincérité que le mannequinat n’arrivait pas à atteindre. “Puis, ben, j’ai un peu été obligée de rester, après l’accident. Je pouvais plus trop me déplacer, et si j’avais essayé de repartir, ma mère m’aurait sûrement tuée avant. Tu sais comment elle est.” Maman Coughlin, Jessian en avait beaucoup entendu parler, de cette femme maladroite et mal à l’aise dans son rôle de mère, toujours un instant en retard, toujours un mot déplacé. L’AVC avait été une espèce de révélation pour elle : elle voulait sa fille en Australie. L’idée de la perdre sans rien pouvoir y faire avait parachevé sa formation de mère et depuis, elle avait toujours essayé d’être présente - plus que dans toute l’adolescence de Grace. Un mal pour un bien, en somme.

J’ai eu un AVC”, finit-elle par éclaircir, en hochant légèrement la tête, comme si ça pouvait aider à faire passer la nouvelle. “J’avais tout le côté droit du corps paralysé pendant presque un an. Je fais de la rééducation, ça fait un peu plus de deux ans et demi et ça va beaucoup mieux, mais je suis toujours un peu clouée au sol. Enfin je marche, et tout, mais... Enfin, t'as compris.” Pensive, elle gratte sa joue de sa main gauche. Un long soupir lui échappe, un peu secoué et tremblant. Si Jessian n’a montré aucun signe de recul en la voyant boiter, parler d’AVC est autre chose de plus direct, de plus concret. Du genre qui vous enferme directement dans la case handicapés, ou pauvre personne faible et c’est tout ce qu’elle veut éviter. “Et à la sobriété. Et à beaucoup de choses, en fait”, ajoute-t-elle en désignant son verre de jus d’orange. Elle réalise que finalement, c’est peut être ça, leur plus gros point commun aujourd’hui : toutes les deux ont été forcées de se poser, d’abandonner leurs rêves et devoir en créer d’autres. “Je suppose que j’ai pas encore atteint l’équilibre que je cherche, moi non plus.
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