christmas beer pong secret santa party

La fin d'année avait été rude, certains en avaient bavé sur le volet personnel de leur vie, d'autres avaient essuyé déceptions, contrariétés et disputes sur le plan professionnel. Les moins chanceux avaient connu des maux sous tous les angles de leur existence, des chapitres noircis qui procuraient l'impression que le destin relevait savamment le challenge de rendre la vie plus complexe chaque jour. L'année 2019 paraissait drainée de tous les jours de bonheur qu'elle possédait en banque et beaucoup n'avaient qu'une hâte : alléger leur tête et cœur trop lourds en célébrant les fêtes de fin d'année et rayer ce packaging de 365 jours une bonne fois pour toutes.

Alors, entre collègues, on avait négocié avec Matt pour occuper son café/bar dans le cadre d'une soirée semi-privée : l'établissement demeurait ouvert au public - plus on est de fous, plus on rit - mais un groupe déterminé s'en viendrait avec des projets dès que le soleil serait couché et jusqu'à ce que le gérant nous mette dehors. Dans les dites ambitions : un tournoi de beer pong et un secret santa. Rien de bien spectaculaire : les présents ne devaient pas excéder les 10 dollars australiens au niveau de leur montant, l'intention étant que chacun puisse participer aisément et qu'il y ait le plus d'échanges possibles sans se prendre la tête. Au vu des cadeaux emballés déjà stockés dans ma voiture, il risquait d'y avoir d'ailleurs d'originales surprises, dont un balai à cuvette de WC vu la forme du paquet. Quant au tournoi de beer pong, on avait investi dans des cups rouges et verts - tant pis pour les écologistes - et un prix surprise concocté par des soignants était à remporter pour le duo victorieux du titre. On avait aussi ajouté des décorations aux lieux avec l'accord de Matt et nos esprits fatigués grouillaient d'inventivité pour générer des petits jeux tout au long de la soirée dans l'ultime but d'évacuer notre folie et pression et n'assurément pas songer aux tracas durant cette nuit festive.

J'étais arrivé tôt avec des collègues pour installer la salle - avec l'aide généreuse de certains employés du Death before Decaf quand les clients étaient servis malgré le fait qu'on leur avait certifié qu'on ne voulait pas les déranger -. Une partie des cadeaux - surtout de ceux qui viendraient après leur service de jour et nous les avaient confiés pour gagner du temps - avaient été disposés sous un sapin. Deux tables avaient été investies avec l'accord du gérant pour disposer les verres de l'imminent beer pong. Jennifer demeurait aux manettes des listings, la majorité des invités avaient décidé d'apporter de quoi grignoter en plus, et certains avaient lancé leur grand jeu vestimentaire festif avec des habits aux couleurs de Noël, dont des ugly Christmas sweaters, si bien qu'on hésitait à lancer le concours de la meilleure des pires tenues.

La salle prête à accueillir les convives comme les clients que le destin mènerait vers les portes du populaire café/bar, j'abandonnais les collègues organisateurs quelques minutes afin d'aller chercher Ginny qui avait accepté de participer à la soirée à mon plus grand bonheur. « Ça va ? T'es prête pour ta première soirée spécial hôpital hors hôpital ? » Je questionnais, large sourire aussi enthousiaste que fier d'inclure celle que j'aimais dans une nouvelle partie - bien plus agréable - de ma vie professionnelle. Je déposais un baiser tendre et amoureux sur la joue de la belle avant de lui ouvrir la portière du véhicule atypique en direction du bar. Une fois à l'intérieur du bar, l'ambiance s'était déjà rapidement installée, des petits groupes discutant avec animation et dansant un peu au rythme de la radio noël sollicitée. « Heyyy ! Vous êtes là ! C'est toi Ginny ? C'est ta copine ? » salua derechef une Melanie armée de deux cocktails aux dégradés de Noël décorés de cannes en bonbons. Elle hésita quelques instants puis en donna un à Ginny avant d'ajouter : « J'suis contente que tu sois venue ! Isy arrête pas de parler de toi. Tu participeras aux jeux ?! » priait presque la blonde avant de poser amicalement sa main sur mon épaule et me signifier : « Je continue ma tournée. On se revoit après ! » Je ris doucement, avant de glisser délicatement ma main dans celle de Ginny et de la convier à me suivre. « Viens. » Je lâchais sa main une fois que nous étions prêts du bar et après avoir échangé un coup d’œil avec Jennifer, je grimpais momentanément sur une des chaises en assurant d'un coup d’œil à Deklan que c'était juste pour l'histoire d'une minute. « Oyé! oyé! » J'attirais l'attention, quelques échos de « Ayeeee. » me faisant rire. « Merci à tous d'être venu ! Si vous voulez vous inscrire au tournoi de beer pong, les inscriptions sont toujours ouvertes, vous avez qu'à voir avec Jennifer avec son bonnet de Noël aux bois clignotants. » Je désignais la brune d'un mouvement de main. « Le secret santa devrait commencer d'ici une heure, si vous avez des questions c'est toujours Jen'. Mais l'essentiel reste que vous vous éclatez - tout en respectant les lieux bien sûr. Et il y aura sûrement quelques surprises au cours de la soirée ! » Un sourire en coin malicieux. « Merci au DbD pour nous permettre de fêter ici et bonne soirée à tous ! Ha et y'a à manger là-bas, servez-vous ! Que le Christmas beer pong secret santa party commence ! » Je sautais du siège sur le sol, revenant auprès de Ginny. « J'suis content que tu sois venue, » je lui confiais pour la énième fois.

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« Ça va ? T'es prête pour ta première soirée spécial hôpital hors hôpital ? » Isy apparaît dans l'embrasure de ma porte tout sourire. Les derniers jours et leur lot de drames sont derrière nous ou du moins on fait tout comme. Il arrive enfin à avoir une soirée relativement à lui pour relaxer un peu - il a participé à l'organisation de la fête, donc logiquement il bosse encore un peu ce soir, but still. J'ai passé la journée avec Lily à profiter du soleil australien et à se demander, l'une l'autre, si nos taches de rousseur (on a aucunes tâches de rousseur) étaient bien voyantes ou si c'était juste ce qu'on voyait apparaître sur le bout de notre nez après avoir fixé chacune le soleil trop longtemps. « Promis, je te ferai pas honte. Je crois. » j'affiche un grand sourire, ne doutant pas particulièrement de ma capacité à bien me comporter en public ; de toute façon, j'avais toujours tendance à m'isoler avec une ou deux personnes à la fois plutôt que de rester en groupe. Mais ce sera la première fois où je l'accompagnerai à une soirée officielle organisée par son boulot, les apéros improvisés avec ses collègues ne comptant pas.

Il est débordant d'attentions Isy, probablement qu'il mise sur un surplus de galanterie pour que je ne le lâche pas du regard, que je ne laisse pas mes prunelles trop curieuses pour la ligue farfouiller à travers sa voiture à la recherche du moindre indice sur la suite de la soirée. Il a été très avare de détails, assurément soucieux que, comme la majorité des invités, je puisse profiter de tous les éléments de surprise que leur comité avait mis en place. Mais j'y peux rien, si durant tout le trajet, j'essaie de lui soutirer des informations de la plus fourbe des façons. Questions pointues posées à travers d'autres plus évasives qu'il esquive toutes avec facilité, perches que je lui tends sans qu'il ne bronche. He's good, he's really good. Et je grogne à un moment, gamine impolie, mon sourire en coin qui trahit mon faux mécontentement.

Le DBD s'est métamorphosé pour la soirée, et même si je reconnais des habitués du café-bar à travers le personnel infirmier, la grande majorité de l'équipe d'Isy est censée prendre le plancher et c'est l'impression que j'ai sur le moment. Je vois un plateau bien garni de cocktails festifs apparaître avant le visage auquel appartient la voix enjouée qui s'enthousiasme apparemment de me rencontrer. « Heyyy ! Vous êtes là ! C'est toi Ginny ? C'est ta copine ? » elle me tend un verre, sourit plus encore comme si c'était possible, reprenant le fil, survoltée. « J'suis contente que tu sois venue ! Isy arrête pas de parler de toi. Tu participeras aux jeux ?! » et moi, naïve, si naïve, qui tente de placer un mot un seul « Oui, je- » « Je continue ma tournée. On se revoit après ! » j'en tiens pas rigueur, au contraire, elle m'arrache un sourire à mon tour, un rire aussi. La pauvre est submergée de mains haussées qui veulent trinquer, de visages connus qu'elle doit aller saluer. « Okay. » qu'elle n'entendra probablement pas, déjà envolée ailleurs. Mes prunelles reflétant les lumières de Noël accrochées ça et là la suivent à travers le commerce, calculant son sillage, m'émerveillant de sa capacité à tenir son plateau en équilibre sans renverser une seule goutte comme par magie.

« Viens. » la voix d'Isy qui sert de point d'ancrage, et je le laisse me guider un peu plus à l'écart, sa main qui me quitte lorsqu'il joue les cascadeurs en grimpant sur l'un des bancs au comptoir. Je vois Matt qui allonge le cou prêt à le rattraper si par un hasard que je ne m'explique pas je l'aurais contaminé de ma maladresse légendaire, Deklan restant dans les parages aussi à lui tendre une pinte un peu avant qu'il ne se lance dans son discours de bienvenue. « Merci à tous d'être venu ! Si vous voulez vous inscrire au tournoi de beer pong, les inscriptions sont toujours ouvertes, vous avez qu'à voir avec Jennifer avec son bonnet de Noël aux bois clignotants. » instinctivement, mon attention qui se détourne à la recherche du fameux bonnet clignotant, les autres détails que je n'écoute pas du tout, mauvaise élève, copine ingrate. J'ai déjà commencé à analyser la mise en place des verres, la distance entre chaque équipe, mon cerveau qui passe en mode calculs mathématiques dont seul mon frère serait véritablement fier. C'était une affaire de famille ce jeu, et même si on m'autorisait seulement des parties avec des gobelets remplis de jus de fruits lorsque j'étais enfant, n'en reste que j'ai développé un visou mcgrathien particulièrement efficace pour ce genre de choses.

Jensen finit par revenir à mes côtés, juste au moment où j'ai repéré le buffet à portée. « J'suis content que tu sois venue, » je m'hisse à son oreille, le volume de la musique des Fêtes qui vient d'être augmenté maintenant que la soirée est bel et bien lancée, pour y murmurer un « Avoue, c'est juste parce que j'ai préparé le shopping de ton secret santa à ta place que t'es content. » malicieux. Le pauvre qui avait déjà dû se coltiner une séance complète avec Joy, j'avais pris la liberté de lui faire un cahier complet de recommandations, lui simplifiant la tâche de filtrer à travers tous les choix pour en sélectionner un parmi la liste - et donc s'éviter de retourner faire les magasins sans idée précise en pleine période aussi achalandée que maintenant. « On s'inscrit? » du menton, je pointe l'installation du beer pong, sans surprise aucune ma mémoire sélective n'a pas laissé passer cette info à travers les autres. Et dans l'attente de sa réponse, je bois à nouveau une gorgée de mon verre, lèvres sucrées et paupières battant la mesure. « Ça goûte comme du gâteau ce truc-là. » et dans mon langage à moi, c'était là une incroyable qualité.

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Elle est forcément la plus belle, mèches rebelles et traces de peintures forgeant son charme, lorsqu'elle apparaît sur le pas de sa porte. Un sourire enthousiaste est figé sur mes lèvres, mon regard pétille d'anticipation à passer ce que j'augure férocement être une excellente soirée en compagnie de ma petite amie et de ceux avec qui je travaille durant des dizaines d'heures chaque semaine. « Promis, je te ferai pas honte. Je crois. » Mes doigts caressent le dos de sa main affectueusement, appuyant les paroles naturelles, spontanées, qui franchissent la barrière de mes lèvres sans crier garde. Il est loin, le temps où le moindre des mots était pesé, justifié, hésité, rangé. Bien sûr, je cherche toujours à communiquer de la manière la plus juste et adéquate avec la McGrath, mais cette terreur d'être mal interprété comme cette méfiance de tout ébranler entre nous des suites d'un éventuel et malencontreux quiproquo se sont progressivement atténuées, si bien que les filtres ont su s'évanouir en vue d'autoriser l'épanouissement d'une assurance de ma personne dans notre couple. « Je suis bien trop fier d'être avec toi pour que tu puisses me faire honte. » Rictus malicieux doublé d'une teinte de défi sur le minois, je lui ouvre la portière de mon véhicule.

La cuisine du trajet, l'impatience de la presque trentenaire qui rugit dans l'habitacle tandis qu'elle cherche à obtenir des renseignements sur les surprises planifiées et élaborées par les soignants organisateurs depuis des jours et des jours entre deux patients. J'esquive, je joue, jusqu'à ce qu'elle capitule dans un grognement dont j'adoucis les états d'âmes en lançant le lecteur cassette d'où émanent quelques morceaux d'Angus et Julia Stone ; vestiges d'une soirée régie par l'inattendu.

Une avenante et énergique Melanie endosse le rôle du comité d'accueil, salue avec entrain Ginny tout en lui offrant un cocktail que je soupçonne lui plaira. J'émets quelques rires aussi joyeux qu'amusés à l'écoute de l'échange et une fois l'infirmière repartant aussi promptement qu'elle était arrivée à notre hauteur, j'indique : « C'est Melanie. » Comme si cela pouvait tout justifier, que la simple articulation de ce prénom expliquerait, calererait un portrait sur les anecdotes que j'avais pu raconter à l'artiste incluant ma collègue comme protagoniste.

Mes doigts enlacent tendrement les siens, je l'entraîne vers le bar où j'ambitionne produire une annonce sur le déroulement des festivités afin que la soirée débute officiellement - même si l'ambiance s'est déjà bien installée. Les éléments placés, je redescends au niveau des autres, pinte coulée par Deklan - et remercie d'un mouvement de tête au barman sollicité d'un bord et de l'autre - à la main. « J'suis content que tu sois venue, » j'adresse, pour une énième fois, le sentiment à une Ginny concentrée sur le buffet après avoir étudié comme il se doit les tables où ont été disposés les cups du tournoi de beer pong imminent. « Avoue, c'est juste parce que j'ai préparé le shopping de ton secret santa à ta place que t'es content. » Je pose discrètement un baiser sa joue, soufflant à son oreille, plaisantin : « J'pensais que fallait pas révéler les sources de la magie de Noël ? » Ce qui n'empêchait pas que j'étais extrêmement reconnaissant envers la jeune femme de s'y être collée. Vraiment, entre mon désaveu pour le magasinage et mon emploi du temps chargé, j'étais persuadé que je n'aurais jamais réussi à trouver un cadeau digne de ce nom pour mettre sous le sapin du Death before Decaf. Mon plan de rescousse avait été d'aller acheter une bouteille de vin au dépanneur du coin - et ma volonté se serait arrêtée là. « On s'inscrit? » Elle désigne du menton la zone d'une des futures compétitions. Mon regard passe des gobelets rouges et verts à une Jennifer prenant déjà les premières inscriptions. « Ça goûte comme du gâteau ce truc-là. » La satisfaction du triomphe se loge sur mes traits. « N'est-ce pas ?! Je me doutais que ça allait te plaire. On a concocté ça dans le service, puis les gars du bar l'ont amélioré. » Et alcoolisé, mais ça, Ginny le devinerait sans nul doute. « Santé, » je fait tinter ma pinte contre son cocktail, traditionnel et enjoué. « Ça marche pour l'inscription, » j'accepte volontiers, m'orientant en compagnie de la photographe vers l'infirmière-renne. Me stoppant devant le petit groupuscule motivé de la même ambition et attendant leur tour pour figurer sur la liste des joueurs, je confie à mon interlocutrice : « J'ai un cadeau pour toi. Hors Secret Santa. Tu me diras quand je peux te le donner ? » Mon intonation tente de me faire passer pour un assuré filou, bien que je ne serai pas étonné que Ginny décèle une pointe d'appréhension au cœur de mes pupilles.

Tim est en suède avec sa connasse (apparemment les gens normaux appellent ça une petite amie), Kane est en Angleterre pour une durée indéterminée qui n’aura pas de fin, Léo fait tout un tas de truc parce qu’il a bien raison de s’occuper, Cian a encore trouvé une nouvelle raison de tirer la tronche pour la journée. Tous les hommes de sa vie sont bien trop occupés pour venir au Death Before Decaf’ avec elle ce soir mais le pire dans tout ça c’est qu’elle n’arrive pas à leur en vouloir, à aucun d’entre eux. Elle a de toute façon été occupée toute la sainte journée à aménager les lieux et préparer le bar à son niveau (elle a mis du sucre coloré sur le bord du verre et des paillettes sur les décorations de papier, voilà ce qu’elle a fait). C’est toujours mieux que de tourner en rond chez elle et ça évite d’inquiéter qui que ce soit parce qu’ils ont tous peur que le bébé ne pointe le bout de son nez - encore deux mois à les supporter.

Le bar s’est rapidement rempli de personnes en tout genre et la blonde est heureuse d’y trouver de nouvelles têtes. Ses oreilles absorbent tout un tas d’anecdotes d’hôpital, de quoi la faire rire ou sourire pour la décennie à venir. Un infirmier qu’elle ne reconnaît pas s’improvise maître de cérémonie et elle admire la faculté qu’il a à rester sur une chaise sans en tomber - bien plus facile à dire qu’à faire. Il parle beer pong, il parle secret santa, et Charlie se dit qu’elle ne peut pas accepter de laisser passer l’occasion sans Léo à ses côtés. Ses yeux bleus cherchent le bonnet lumineux à travers la foule et elle ne met pas longtemps avant de décrocher son téléphone et persuader son meilleur ami de la rejoindre pour un beer pong enflammé dans lequel il aura à boire tous les verres de la partie, vu que ce ne sont que des équipes de deux. Autant dire qu’il n’a pas hésité longtemps avant d’accepter et la voilà déjà qui affiche sur plus gros et large sourire. ”Matt j’te parie que mon meilleur ami et moi on va te dé - fon - cer au beer pong.” Voilà comment gagner un nouveau participant, étape 1/1. Il se clame maître incontesté dans le domaine, il ne pourra pas refuser l’invitation à peine voilée.

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Sa main a retrouvé sa place contre la mienne, j'ai dédié l'autre libre au cocktail aux couleurs de Noël que je sirote sans me méfier de son contenu, beaucoup trop charmée par le contenant. « J'pensais que fallait pas révéler les sources de la magie de Noël ? » qu'Isy chuchote à mon oreille, ce à quoi je réponds en détournant la tête vers lui un grand, un immense sourire qui se dessine sur mes lèvres à la clé. « C'est encore super magique, je sais pas du tout ce que tu as choisi. » rien ne me disait qu'il avait pigé dans ma pré-sélection ou pas, rien ne dévoilait que la surprise était gâchée. J'ai gardé pour moi le stratagème de quiconque ici présent également, le secret qu'on partage Jensen et moi, d'un coup d'oeil complice à travers tous les autres. « N'est-ce pas ?! Je me doutais que ça allait te plaire. On a concocté ça dans le service, puis les gars du bar l'ont amélioré. » ses yeux dérivent vers la paille que je garde bien contre mes lèvres, le verre qui diminue au fil de notre conversation. « Ah ouais? Alors vous buvez durant votre service? » un fin sourire vient se nicher au creux de mes joues alorsque je taquine le coeur léger, avant que je dévie la moquerie vers la liste des participants au beer pong, liste que je veux joindre d'office.

« Santé, » « Cheers. » nos verres teintent, y'a une lueur dans mes prunelles qui fait écho aux siennes. Même si on avance lentement, même si on prend notre temps, chaque moment avec lui me semble si naturel, si doux. Chaque fois où Isy est là, qu'on soit mêlés à ses collègues ou à ma famille, à mes amis ou aux siens, qu'on soit à deux ou avec Noah et Joy, tout est toujours facile, simple. Et ça m'avait manqué, tellement, probablement même toute ma vie. De pouvoir m'arrêter, de pouvoir être avec quelqu'un avec qui tout venait aussi normalement. « Ça marche pour l'inscription, » si mon sourire n'était pas déjà grand, il doublera l'instant d'après. Nos pas qui nous mènent à la mince file d'attente avant de pouvoir inscrire nos noms sur la feuille, de faire équipe pour un match prochain. « J'ai un cadeau pour toi. Hors Secret Santa. Tu me diras quand je peux te le donner ? » Isy qui se confie amusé, un voile qui passe pourtant sur ses prunelles alors que je ne doute pas une seule seconde qu'il ait encore une fois déniché le cadeau parfait. Son calendrier de l'Avent qui m'avait charmée depuis le début du mois, il avait fait fort à chaque jour avec ses pensées bien ficelées, bien sûr que je suis curieuse de découvrir ce qu'il me réserve ce soir. « Ça peut être après la partie, si on gagne, comme récompense. » que je propose, confiante, sachant parfaitement qu'on a toutes les chances jusqu'à ce que mon coup d'oeil croise celui de mon frère, évidemment, qui vient d'apposer son nom à la liste des participants. Et là, je ne suis plus du tout aussi sûre. « Ou avant, Matt a décidé de participer apparemment... »

J'en arrive presque à la fin de mon verre lorsqu'on se dégage de la file d'attente pour errer à travers le bar décoré. Les guirlandes de lumières sont accrochées un peu partout, j'y reconnais la touche de Charlie sur certaines des décorations, Matt qui lui s'est pas cassé la tête en s'assurant juste que ses talents limités en DIY comblent le reste. Somme toute, le DBD a fière et festive allure, faut leur donner. Mon regard finit de dériver autour de nous, revient s'ancrer au profil d'Isy à mes côtés, et je profite d'un moment d'accalmie avant que d'autres de ses collègues ne viennent se greffer à nous dans l'attente de la première partie de beer pong de la soirée. « J'ai quelque chose pour toi aussi. Ça m'étonne que j'ai été capable de garder la surprise jusqu'à aujourd'hui. » que je pouffe, dans la manche de mon pull, prête à dégainer ma propre offrande dès que j'aurai son signal.

Lily, c’est un peu la pièce rapportée de la soirée. Elle est l’amie d’une amie, celle qui connaît les infirmiers de loin, le bar d’encore un peu plus loin. Pourtant on l’a emmené dans cette aventure sans qu’elle ne s’en rende compte, on lui a promis à boire et à manger et une soirée fun et avec ces simples arguments là elle n’a tout simplement pas su dire non. Son stage à l’hôpital a débuté il y a de ça quelques semaines à peine et elle est loin de s’être liée à beaucoup de monde - elle confond encore la plupart des prénoms qui ont une lettre en commun et vous n’imaginez pas à quel point ce pourcentage est élevé. Heureusement, elle sait se faire pardonner avec ses pâtisseries (sans œufs, lait ni gluten pour tenter de correspondre au mieux au régime alimentaire de chacun) et son sourire toujours présent malgré les heures de sommeil se faisant de plus en plus rares. Elle réalise enfin le rêve d’une gamine qui avait toujours eu trop peur de mal faire pour oser se lancer, mais maintenant il faut croire qu’elle est devenue une femme qui a déjà bien assez vécu dans sa vie pour oser se lancer dans de nouvelles aventures sans aucun plan de secours. De nouvelles opportunités s’offrent à elle et la brune en apprend tous les jours, pour son plus grand plaisir.

Elle est arrivée sur le lieu dudit bar en prenant la voiture d’amis - parce que oui, elle a prévu de trouver le stock de vin et de le descendre copieusement à elle seule si jamais personne ne se dévoue pour l’aider - et par conséquent il lui est impossible de repartir sans eux. Elle aurait bien aimé le faire, pourtant, quand, une fois arrivée dans la bonne rue, elle a reconnue la devanture du DBD. Le DBD. Elle s’en est voulue un moment, a grogné contre elle même et sa fâcheuse manie de ne jamais écouter les détails des soirées, notamment ceux stipulant le nom du bar dans lequel ils sont supposés se rendre. Alors elle n’a d’autre choix que de ravaler sa fierté et ses appréhensions et prier pour qu’on ne la voit pas, pour qu’elle ne soit qu’une figure parmi beaucoup dans le bar bondé. "LILYYYYY !" C’était donc sans compter sur la discrétion de Charlie, de la blonde qui arrive vers elle pour lui expliquer tout le discours d’Isaac qu’elle vient de manquer, pour lui proposer de boire tous les verres d’alcools auxquels elle n’a pas le droit, de lui parler du secret santa à venir, de la bataille ardue de beer pong qui s’annonce. Alors la brune capitule face à la blonde, trop déboussolée pour être capable de répondre quoi que ce soit. ”Ok, le beer pong … Ok, inscris moi.” La bière, ce n’est pas aussi bien que le vin, mais ça ne semble pas être une si mauvaise idée que ça au final. Elle se rapproche de ladite femme au bonnet aux bois clignotants pour lui confirmer son inscription en même temps que sa folle envie de lui voler son bonnet, assurément bien trop attirant pour les yeux d’enfant de Lily. Le visage de Ginny lui apparaît au loin, flou, mais elle le reconnaît grâce à son sourire espiègle. Son amie étant avec Isaac elle décide de ne pas l’embêter pour le moment et de la laisser profiter de ce moment, ce que même la tornade brune sait respecter. Et aucune trace de Matt pour le moment, donc R.A.S.

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Même si ça fait plus d'un an que nous nous fréquentions et qu'elle m'a fait ce coup à d'innombrables reprises, quand elle se détourne armée de son large sourire, ses yeux pétillants d’espièglerie comme d'entrain, mon cœur manque un battement pour se gonfler irrémédiablement tout entier d'amour pour elle. Quand elle me regarde avec ses yeux brillants de bonheur et d'enthousiasme, que tout sur son visage de porcelaine n'est que sublime doublé de radieux, quand elle dispose naturellement les mots les plus justes pour ne pas contrarier tout en continuant de jouer, je me convaincs un peu plus que l'aimer autant n'est pas un danger, que cette affection est uniquement merveilleuse et que tout dans la vie n'est pas à double tranchant. Je me persuade une nouvelle fois que notre duo fonctionne, qu'il s'épaule, qu'il s'équilibre, qu'il y a assez d'amour pour le faire franchir toutes les épreuves dont la vie serait gré de nous accablés. Qu'elle est mon élixir du bonheur, ma félicité voluptueuse.

Mon pouce caresse distraitement, tendrement, le dos de sa main. Mon sourire teinté de rêve, épris d'idylle, lui répond, avant que je ne me réjouisse du fait que le cocktail innovant qu'elle sirote lui plaise. « Ah ouais? Alors vous buvez durant votre service? » Je ris doucement, répliquant : « L'amélioration des garçons, c'est l'alcool. » Parce qu'il est vrai que je n'ai pas toujours été modèle sur mon lieu de travail, que j'ai enchaîné des gardes et des services alors que je n'étais pas en forme. Je n'en suis pas spécialement fier, de ces heures à assurer et prendre soin de malades quand moi-même, je l'étais. Je me réconforte en me remémorant que je n'avais jamais vraiment le choix, dans tous les cas, et qu'il valait mieux un soignant pas au top de ses capacités qu'aucun soignant. Il m'était aussi arrivé d'exercer avec une gueule de bois, surtout au cours de l'année 2017, mais jamais n'avais-je arboré une blouse blanche avec une once d'alcool dans le sang.

Je fais tinter mon verre contre le sien, explicitement à ma santé, implicitement qu'à elle et son bonheur qui m'est inestimable. J'accepte de prendre part au tournoi de beer pong, tente de graver dans ma mémoire l'image de son somptueux sourire qui s'élargit davantage. Dans la file d'inscription, je ne peux retenir davantage l'information du présent que je lui ai réservé, celui qui titille mes nerfs en les enrobant indéniablement de stress, parce que je redoute toujours de commettre un impair avec elle qui m'est précieuse, quand mon seul objectif est d'améliorer son quotidien et de demeurer à ses côtés pour tout ce dont elle désire, ce dont elle nécessite. « Ça peut être après la partie, si on gagne, comme récompense. » Un rire amusé file entre mes lèvres. « J'serai ton trophée ? » « Ou avant, Matt a décidé de participer apparemment... » « J'peux être ton lot de consolation aussi. » Je dépose discrètement un baiser sur sa tempe, avant de souffler : « J'ai confiance. Puis on va faire notre possible pour gagner. » Parce que même si jamais je ne serai aussi compétiteur que la belle, j'ai bien compris depuis notre première sortie Geocaching que je remportais à la voir illuminée par le triomphe.

Nos noms inscrits, l'on se distance un peu plus de la file. Je remarque des visages inconnus et méconnus à mon plus grand bonheur : plus on est, plus la soirée sera palpitante. De plus, ceci permettra sans doute de belles rencontres. « J'ai quelque chose pour toi aussi. Ça m'étonne que j'ai été capable de garder la surprise jusqu'à aujourd'hui. » La surprise se lit sur mes traits. « Ha oui ? C'est quoi ? » Je ne tarde pas à questionner, curieux. « C'est qu'on s'est fait un surprise santa. » Je constate, sourire aussi fier que malicieux. « T'en veux un autre ? » Je suggère ensuite, constatant le verre tristement vide entre les paumes de l'artiste.

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« L'amélioration des garçons, c'est l'alcool. » « Tu m'étonnes. » que je nargue, maintenant bien plus mon frère et Deklan qu'Isy, lorsque mon regard glisse vers eux alors qu'ils s'égosillent à servir des shots à quiconque porte du vert ou du rouge, cri d'encouragement à la clé pour ceux qui exhibent la combinaison des deux couleurs en un look.

La file avance d'un pas et de deux, les confidences remontent, et je tente de cacher ma curiosité derrière un stratagème censé récompenser notre potentielle victoire. « J'serai ton trophée ? » je pouffe, l'air fier qu'il se donne lui creusant une fossette adorable au coin des lèvres sur laquelle mes prunelles amusées dérivent une seconde de plus. « Et tes chevilles, comment elles se portent? » du mouvement de l'autre côté de la table, Matt se penche à l'oreille de celle en charge des bois illuminés et de la liste des participants : si mon frère participe au jeu, mes chances sont beaucoup plus minces pour que mes bribes d'orgueil de compétition ne s'en remettent rapidement. « J'peux être ton lot de consolation aussi. » « Qu'est-ce qu'il faut pas entendre. » ça par contre, ça tique, quand j'ai l'impression au quotidien que jamais, jamais il ne serait un lot de consolation, que jamais il ne serait un deuxième choix. Je sais qu'il ne le dit pas ainsi, je me doute qu'il n'en pense pas un traître mot, et je ne le souligne pas plus, profitant tout de même de ma main dans la sienne pour enserrer ses doigts un peu plus des miens, ma tête s'appuyant sur le revers de son bras l'espace d'un instant, alors que les gens nous précédant dans l'attente restent immobiles. Le contact est anodin pour certains, inestimable et important pour moi.

« J'ai confiance. Puis on va faire notre possible pour gagner. » qu'il tente de me convaincre, maintenant que nos noms sont eux aussi inscrits sur la fameuse liste de participants. Mon aîné titube un brin, boit encore une suite de shooters, il se met dans l'ambiance le petit, je note tout à mon avantage. « Je peux toujours supplier Deklan ou Charlie de distraire Matt au bon moment, sinon. » les stratagèmes sont nombreux, la ruse et la tricherie seront peut-être mes options finales, mais j'oserai tout de même chasser la victoire le plus honnêtement du monde le plus longtemps possible - ou jusqu'à ce que Matt lance sa première vanne bien piquante, vanne qui motivera mon attitude de rebelle de bac à sable.

Mais Isy jette bien vite son dévolu sur autre chose que le beer pong, mon cadeau pour lui amené innocemment qui vole la vedette. « Ha oui ? C'est quoi ? » « C'est pas juste! Tu sais que si tu demandes j'arriverai pas à retenir le secret. » que je râle, que je soupire, que j'exagère aussi et surtout, éclatant de rire la seconde d'après. « C'est qu'on s'est fait un surprise santa. » ma tête que j'hoche de l'affirmative, pensant maintenant à lui soutirer l'information sur sa propre surprise, sur son propre cadeau pour moi. La distraction l'éloignerait de me poser trop de questions, et je céderais bien moins vite à tout lui balancer si je le bombarde à mon tour d'interrogations bien ficelées. « Je te donne un indice sur ton cadeau si tu m'en donnes un sur le mien. » le marchandage me semble équitable.

« T'en veux un autre ? » j'avais même pas remarqué, que mon verre était terminé. Sa pinte semble l'être également. Mon sourire de gamine et le bras que j'étends pour lui donner le réceptacle vide en guise de oui enfantin jure avec l'alcool que je n'ai pas goûté mais qui était apparemment bien présent. Pourtant, si une newbie comme moi n'a pas goûté une once différente, le cocktail ne doit pas être si fort que ça, n'est-ce pas?« Y'a encore de l'espoir, ils vont peut-être le mettre avec... » que je commence, confiante, lorsqu'Isy revient à mes côtés avec de nouvelles consommations et que je scrute Matt à qui on a signalé que son tour pour jouer venait d'arriver. « ... hum. » mais c'était bien sûr avant qu'on nous pointe Isy et moi, qu'on nous fasse comprendre que c'était notre équipe qui affronterait celle du propriétaire du DBD - et donc, de ma chair et mon sang. Oula. « Okay, maintenant sois attentif. C'est parce que je t'aime de tout mon coeur que je te partage ceci, c'est un secret de famille depuis des générations. » aux grands maux les grands remèdes, et je me hisse de suite à l'oreille du Jensen, lui chuchotant en un temps record tous les éléments qu'il doit savoir pour que la partie se joue. selon mes tactiques. Tout ce qui à mes yeux est essentiel de poser comme gestes pour gagner ou s'en rapprocher le plus possible.

Ça me fait chier ça, de devoir être en équipe.

Parce que je suis persuadé que seul j'arriverais facilement à gérer la victoire. Surtout contre une bande d'infirmiers qui apparemment aiment beaucoup les ajouts qu'on a faits à leur cocktail signature du soir ; les rations qui baissent à vue d'oeil et rendront fort probablement leur visou bien moins précis que s'ils buvaient de l'eau infusée aux p'tits fruits.

Et Charlie qui se pavane, qui hurle avec sa voix de cristal qu'elle va gagner, que son meilleur ami et elle vont tout rafler. Ouais ouais c'est ça, parle et gaspille ton énergie et jacasse le temps que j'inscrive moi-même mon nom sur la liste des participants en gras et en majuscules, comme si ça allait me donner du pouvoir, qu'on allait me prendre plus au sérieux ainsi. Je signifie à la fille aux bois illuminés qu'elle peut bien me jumeler avec qui elle veut, que je vais tout faire de toute façon, que peu importe le niveau de mon ou ma comparse, c'est 99,9% moi qui vais gérer. Mais promis, je le/la laisserai ramasser la balle quand elle tombera par terre même si y'a aucune chance vu comment le seul endroit où elle va tomber seront les gobelets de l'équipe en face de nous. Point.

« Matt McGrath, beer pong king premier du nom? C'est à toi! » qu'on l'annonce, mon entrée en grand, quand je finis de descendre les shots avec Dek pour passer sous le comptoir et me poster à ma place. La place du vainqueur. Le torse bombé, le sourire de prince, l'oeil brillant, tout allait parfaitement selon mon absence de plan tellement je suis sûr et certain que -

Et là y'a Lily. Et c'est son nom qui a été jumelé au mien, et c'est à elle qu'on file l'autre raquette de ping pong. Ma soeur et Isaac de l'autre côté de la table que je vois dans l'angle, et le silence d'une lourdeur sans mots - lol, justement - qui suit l'arrivée de la brune à mes côtés. Je. tousse, je sais pas pourquoi, ça me semble être la seule chose à faire sur l'instant. Ça et parler, apparemment. « Si on perd, je boude. » oh, Matt.

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L'honneur de mes collègues assuré, un sourire en coin enjoué s'affiche sur mon portrait alors que Ginny appelle mon attention sur les barmen s'en donnant à cœur joie pour faire couler l'alcool à flot, tous les prétextes festifs étant judicieux à cette fin. C'était exactement l'un des meilleurs ingrédients pour que cette soirée soit réussie, à mon sens, et que chacun puisse se détendre et évacuer toute la pression accumulée suite aux stress, au travail, au soucis personnels et tant d'autres.

L'inscription au tournoi de beer pong est actée, la facette compétitrice de la McGrath est exposée. J'enchéris en me qualifiant de trophée lorsqu'elle suggère que le présent que je lui ai concocté lui soit offert à notre victoire de la compétition, ce à quoi elle ne se prive pas de pouffer en rétorquant : « Et tes chevilles, comment elles se portent? » « Très bien, étonnement. Mais eh, si ma tête prend des proportions de melon, ça risque de déstabiliser l'adversaire, non ? C'est une bonne chose. » J'envisage en acquiesçant, malicieux, joueur. Le sourire de la McGrath s'évanouit cependant au constat que son aîné participera au tournoi, ses chances de remporter le titre de meilleure joueuse de beer pong à cette soirée semblant se réduire considérablement sous son couperet. « J'peux être ton lot de consolation aussi. » J'enchaîne, positif. « Qu'est-ce qu'il faut pas entendre. » Je hoche les épaules, conciliant, rictus béa. Ses doigts s'enlacent un peu plus au mien, sa tête s'appuie délicatement contre mon bras. « Et si j'te dis que je t'aime, tu peux l'entendre ici ? » Je souffle, bon enfant, à son oreille, audible uniquement pour elle, amour plus que sincère.

Je demeure confiant, rejette toutes nuances de pessimisme pour l'issue du jeu, malgré la présence de Matt. « Je peux toujours supplier Deklan ou Charlie de distraire Matt au bon moment, sinon. » « Mais oui, y'a masse de possibilités, et tous les coups sont permis, paraît-il. » Je réponds, moqueur, quand on sait tous que je suis bien trop fair-play pour nuire à quiconque - sauf si provocation il y a.

Manifestement, nous avions tous les deux réservé une surprise à l'autre, si bien que j'observe à voix haute, ravi, que nous nous sommes organisés un secret santa bien à nous. « Ha oui ? C'est quoi ? » « C'est pas juste! Tu sais que si tu demandes j'arriverai pas à retenir le secret. » Je hoche les épaules, faussement innocent. « Je te donne un indice sur ton cadeau si tu m'en donnes un sur le mien. » « Mhhh... » Je réfléchis, alors que nous quittions la file d'attente, nos noms inscrits sur la liste de Jennifer. Je gratte les minutes de réflexion pour former un indice judicieux en lui suggérant d'aller lui chercher un autre rafraîchissement, son verre tristement vide entre ses mains - tout comme ma pinte. Quand je reviens à sa hauteur, rapidement servi, Ginny n'a pas démordu du beer pong. « Y'a encore de l'espoir, ils vont peut-être le mettre avec...hum. » Mon regard suit le sien, je comprends que nous initions le bal contre son frère. « Link, » je livre tout de même l'indice, avant que férocement sérieuse, ma petite amie me transmets ses secrets à l'oreille pendant qu'un Matt fanfaronnant s'installe à notre opposé, aux côtés d'une brune. Je les salue d'un geste de la tête.  

« Okay, vous êtes pile, vous êtes face. » Y'a pas le temps pour l'indécision, chez les soignants. Jennifer faire virevolter sa pièce en l'air puis la plaque contre le dos de sa main. « Face ! » Elle pose son regard sur l'équipe que je forme avec Ginny et, ayant bien compris qu'il soit plus judicieux que je commence car de la sorte, j'ai plus de chances de mettre ma munition dans un des verres plus nombreux, je saisis la balle de ping pong que je fais rebondir sur la table. Cette dernière ricoche, puis rebondit entre deux verres, avant d'éclabousser un peu la surface en plongeant dans un gobelet. « J'voulais juste faire une feinte... Un peu de suspens ? » Je commente, ayant senti Ginny se crisper à mes côtés quand la balle avait  rebondit avant de finir dans le verre. « Okay, j'recommencerai plus. » Je promets, large sourire pourtant fier et satisfait aux lippes. J'avais marqué, après tout, et l'un des adversaires buvait le verre pendant que l'autre s'armait d'une balle.

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C'est notre bulle rien qu'à nous. Quand je pose ma tête sur son bras, quand il vient chuchoter à mon oreille. « Et si j'te dis que je t'aime, tu peux l'entendre ici ? » « Je sais pas, je suis pas certaine, réessaie pour voir? » on s'aime et on est ridicules et on coche à la perfection tous les clichés de couples que je n'ai jamais compris du haut de mes grands yeux naïfs, de ma quasi inexpérience amoureuse et c'est tellement naturel et facile que je ne pourrais pas plus l'oublier à la seconde où il pose ses lèvres sur ma tempe, à la seconde où il est là, juste là.

J'ai droit à un indice, mais avant de céder il s'assure de faire durer le suspens beaucoup trop longtemps pour que je ne vrille pas mes iris à sa silhouette à la seconde où il revient à ma hauteur, armé d'un deuxième tour de verres. « Link, » son air satisfait, l'expression joueuse qui tatoue son visage, tout ça, c'est trop et pas assez à la fois. « T'es fourbe. » que je grogne, nez froncé dans ce qui doit ressembler à la mimique la plus enfantine, la plus risible ever vu de l'extérieur. Quand dans ma tête à moi je suis persuadée d'avoir l'air le moindrement outrée. « Tu fais exprès. » et je poursuis les accusations, mon index tapant avec une pseudo-agressivité sur son torse, l'impact beaucoup trop faible pour lui causer le moindre mal au final. « Et t'adores ça en plus. » son sourire qui n'en finit plus de grandir à chacun de mes mots, à toutes mes frasques de fillette, lui qui ne cède pas, parce qu'il est meilleur que moi au jeu de la patience, et qu'il en tire profit sans la moindre honte. « Galaxie. » à mon tour alors de jouer, l'indice qui a mes yeux est si clair, si évident, qu'il brûlera de suite la réponse. Par chance, on nous poste à la table, et par chance, je lâche le coup d'oeil du Jensen avant de tout dévoiler de la plus faible et pathétique des façons.  

« Isaa... » il ose, il ose sortir du plan originel, il ose et je perds le fil, mon corps en entier qui se stoppe, j'oublie de respirer tellement ça passe direct au second, que dis-je, au millième rang des priorités. « J'voulais juste faire une feinte... Un peu de suspens ? » « Hum. » il tente de se rattraper, mais il a fait un point, et je peux pas lui en vouloir, surtout pas quand il me regarde comme ça, surtout pas quand il se repend de la sorte. « Okay, j'recommencerai plus. » j'inspire, calme les relents de compétition qui font de moi une bien moins gentille personne, une jeune femme beaucoup plus rustre et tellement moins douce que ce à quoi j'ai habitué mon entourage d'aussi loin que je puisse me souvenir. « La partie où tu marques, ça, ça me va amplement. Tu peux recommencer. » j'hausse les épaules, forçant la conciliance, reprenant la partie de plus belle.

Une balle qui rebondit pour atterrir par mes soins dans l'un des gobelets de mon frère, et une autre. « Je sais pas ce qu'il a ce soir, mais je prévois abuser sans merci. » il est distrait, il parle avec Lily, je savais pas qu'ils se connaissaient, je prévois aller l'excuser à mon amie à la seconde où elle arrivera à se débarrasser de lui, c'est assuré. « Un autre indice, si je l'ai? » parce que tant qu'à être assurée à ce point, autant en profiter là aussi. Sans surprise aucune ma nouvelle balle file directement dans un quatrième gobelet, rendant mon aîné en minorité numérique lorsqu'il - s'il s'y rend - reprendra la partie à son tour. « Pay up. » ma paume que je tends vers Isy avec un sourire en coin bien calqué sur mes lèvres, le figuré qui me fait rire dans l'attente du 2e indice de la soirée, de sa part. Une gorgée du cocktail plus tard (ok, trois autres) et j'écoute, attentive, ce qu'il a à dévoiler maintenant.

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Son parfum m'envahit de sérénité, sa douceur m'insuffle de bien-être. J'ai cessé de tenter d'élucider par quel merveilleux ensorcellement la McGrath parvient à soulager mon âme, à étreindre mon être d'un bonheur si indéfectible qu'il en rend derechef supportables les battements de mon cœur qui tâche, chaque jour, de se rénover pour la chérir à sa valeur inestimable. J'ai appris à accepter la béatitude à ses côtés, à m'autoriser à l'accompagner dans sa vie et œuvrer pour la rendre légère de félicités. J'ai conscience que les idylles comme les utopies appartiennent à un registre qui n'est manifestement pas réservé aux Hommes, néanmoins, lorsque sa présence m'est palpable, les plus belles des histoires me paraissent pâles comparées à celle qu'elle me peint du somptueux camaïeux de ses lubies, de ses mésaventures, de ses gracieusetés et de ses euphories.

« Je sais pas, je suis pas certaine, réessaie pour voir? » « Je t'aime, » je me prends au jeu, répète avec autant de plaisir que de sincérité. C'est des ailes vers l'allégresse qui se déploient à chacune trinité réitérée, un souffle qui s'intensifie, alimenté des effluves de la vitalité. Mes lèvres se déposent délicatement sur sa tempe, un baiser s'y logeant, et nous nous distançons de la table où se tiennent les inscriptions au tournoi de beer pong.

Les boissons sont renouvelées, l'indice est confié. La satisfaction étire mes traits, mêlée d'une part de malice, d'appréhensions sous-jacentes, péniblement dissimulées, qui occasionne de temps à autres quelques fausses notes au tambour de mon palpitant. « T'es fourbe. » Mon rictus s'élargit. « Sournois, aussi. » « Tu fais exprès. » Son doigt tapote mon torse, faussement menaçant. « Si vil personnage que je suis. » Et mon sourire a atteint son paroxysme d'engouement. « Et t'adores ça en plus. » « J'suis le pire de tous. » « Galaxie. » Mon portrait se fige, l'incrédulité comme l'interrogation s'installe contre mes traits. Je fronce doucement les sourcils, plisse les yeux, l'examine comme si davantage de traces susceptibles de révéler le mystère se reposaient sur le visage de Ginny, au creux de ses avenantes noisettes. « Mh. » J'émets, songeur, attirant mon attention sur la table, feintant d'avoir découvert le pot-aux-roses, des idées germant déjà dans mon esprit. « Galaxie. » Et il y est malgré moi, le nouveau sourire en coin synonyme de ravissement.

La partie débute et enthousiasmé par l'euphorie d'être avec elle et l'ambiance d'heures d'organisation de travail résultant une soirée qui prévoit d'être réussie, je m'oeuvre à une feinte. Manifestement, on ne joue ni avec la nourriture, ni lors d'une compétition : c'est noté. « La partie où tu marques, ça, ça me va amplement. Tu peux recommencer. » Je retiens un léger rire, rattrape au vol une balle envoyée par Matt qui n'a pas atterri dans un des gobelets. « Je sais pas ce qu'il a ce soir, mais je prévois abuser sans merci. » J'ai une moue compréhensive, peu soucieux cependant de résoudre cette énigme-là. « Un autre indice, si je l'ai? » « Gourmande. » Parce qu'elle va l'avoir, j'en suis convaincu. Elle n'a manqué aucun tir jusqu'ici et vu tous les stratagèmes qu'elle m'a soufflés à l'oreille précédemment, je soupçonne qu'elle n'a pas l'habitude de louper sa cible. La quatrième balle rebondit sur la table puis s'enfonce dans un des verres, sans surprise aucune. « Pay up. » Elle est beaucoup trop invitante, sa paume tendue. J'hésite l'espace d'une petite seconde, le mot sur les lèvres mais le geste irrésistible. « Trinité. Si t'arrives à pas bouger, tu seras récompensée. » Je lance ma propre balle dans un gobelet, la manche se conclue, je pose une enveloppe sur la paume encore ouverte de Ginny.

Abritée dans l'enveloppe, une lettre. Dans ma poche, le reste du présent. Décliné en trois partie.

La lettre:

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« Gourmande. » la partie qu'on gère, Matt qui perd complètement toute mon estime de l'autre côté de la table, quand il manque aussi un coup, et en oublie quatre ensuite. Et c'est même pas un truc que je voudrais célébrer, de gagner contre lui, s'il est pas au top de sa force comme il devrait l'être. J'ai accès à la pâle version de lui-même, à l'adversaire distrait et diffus qui laisse aller la victoire d'un poignet molasse, d'un lancer sloppy. Ma dernière balle envoyée en plein dans ma cible, je fais volte-face pour exhiber le plus grand, le plus traître sourire que j'ai en banque, rien que pour arriver à gratter un second indice. Le mouvement brusque me fait tourner la tête, rien de bien différent des autres vertiges qui ponctuent mes journées depuis quelques semaines déjà, sauf que celui-là je l'approprie parfaitement à l'alcool et à lui seul, mes lèvres déjà tartinées des bonbons que Deklan a utilisés pour décorer l'encolure de mon verre. « Trinité. Si t'arrives à pas bouger, tu seras récompensée. » ma paume tendue qu'Isy snobbe pour prendre le relais, pour jouer son tour sans plus de cérémonie. « Et si t'arrives à marquer tu seras épargné. » que je chantonne, que je menace sur le même ton que lui, immobile au mieux de mes capacités, sachant que l'ironie fera sûrement que j'arriverai bien plus à me blesser en ne bougeant pas qu'en étant mobile.

Sa balle qui tombe directement dans le gobelet qu'il avait prédit. Mon regard pétille, j'en ai oublié le pari d'immobilité, j'allais tout bousiller en effectuant une pitoyable mais endiablée danse de la victoire quand il m'arrête dans mon élan. Il a une lettre Isy, il la pose dans ma main, mes yeux se plongent automatiquement dans les siens. Comme si j'allais y trouver un aperçu de ce que l'enveloppe contient, comme s'il allait me dire ce que je vais y lire, comme si j'avais besoin d'un avertissement quand rien, absolument rien provenant de lui ne devrait m'inquiéter, jamais.

Je m'étais alors engagé à me rattraper, parce que le cadeau que je t'offrais ce jour-là pour ton anniversaire me semblait bien léger face à l'immensité d'admiration, de reconnaissance et d'affection que je te voue depuis des années et qui ne sait toujours que croître au fil des secondes que la chance m'accorde à tes côtés, à mesure du rythme que mon cœur bat quand il chérit celui du tien.

J'ai oublié où on est, j'ai oublié le bruit de la balle ennemie qui rebondit sur la table, j'entends même pas si elle file dans l'un de nos verres ou si elle tombe à côté.

Étoile filante à travers les méandres des déferlantes de tes proches, tu t'es montrée aimantée pour les ramener vers toi et rétablir la sérénité, autoriser à chacun de se forger leur lieu ou partir en quête de ce dernier pour s'épanouir comme il leur était du.

Il rappelle les épisodes précédents, il rappelle les disputes avec les miens, les bagarres. Il rappelle les allers et les retours vers l'hôpital, il rappelle les semaines complètes à avoir l'impression de tourner d'un sens comme de l'autre, à m'étourdir sans en voir la finalité, l'utilité. À ne plus en dormir la nuit, à laisser mon esprit se triturer de lui-même. Il les rappelle parce qu'il rattache leur boucle, parce qu'il met des mots sur l'essentiel, parce qu'il le dit de lui-même. Tous ceux, toutes celles autour de moi qui tombaient, qui avaient mal, qui s'étaient perdus ; j'ai tout fait pour les retrouver, pour les ramener.  

Je sais que tu fais fleurir le bonheur, ton contentement, à travers ces fissures et ça me rend d'autant plus fier de partager les minutes de ton quotidien, aussi colorées d'émotions soient-elles, car je contemple la merveilleuse majestueuse femme que tu composes et ne cesse de sublimer.

Et je me suis perdue, à travers eux. Je me suis perdue et je me suis cherchée. J'ai eu mal bien plus que je ne l'ai montré, que je ne l'ai assumé. À chaque fois il était là, à chaque fois il tentait de me remonter à la surface, à chaque fois il tentait un peu plus fort, se sacrifiait à travers. Si je suis là aujourd'hui, si je suis un peu plus forte et droite ici, c'est en partie grâce à lui.

Je t'aime, Ginny, et mon seul regret demeure que l'infini sera toujours beaucoup trop court pour être ivre de toi.
L'infini, il a écrit "l'infini".

Je t'aime et je te promets que je serai toujours là pour toi. Que tes drames seront mes combats. Que tes victoires seront mes cadeaux.
Il a dit "tes drames", Ginny. Il a dit "tes victoires", aussi.

Tu m'as appris qu'on n'est pas condamné à rester brisé, défectueux, abîmé ; qu'on peut toujours, indéniablement, se redresser, se relever, s'ériger vers la meilleure version de nous.

Les séquelles qui brûlent, les craintes que je pensais avoir été en mesure de mettre de côté ce soir, de toutes mes forces, pour Isy. Les démons qui recommencent à tourner dans ma tête et à piquer fort, en mon coeur. Ses mots qui insistent et mes prunelles qui restent scotchées aux lignes manuscrites, les dernières, celles qui s'ancrent, qui s'encrent au plus profond de moi.

T'es mon nouveau cœur, la plus belle histoire de ma nouvelle vie.

« Je crois que je suis enceinte. »

Les vertiges qui se multipliaient quand je portais Noah. L'insomnie qui me tenaillait à la seconde où j'ai su que j'allais être sa maman. Le sucre que je consommais en quantité tellement grande que même moi, j'avais peur de mes propres goûts douteux. Tout ça, c'était revenu y'a un peu moins d'un mois.

« J'ai un test de grossesse dans mon sac. » et je suis certaine de rien, rien du tout. Elle est là, la boîte de carton, elle me nargue avec ses dessins et ses écritures et sa facture qu'on m'a donnée à l'achat, que j'ai chiffonnée d'un geste coupable comme si je venais de commettre l'irréparable, comme si vouloir garder le tout secret encore un peu était illogique, et surtout sans coeur. Parce que « Ça me terrifie. »

Je suis terrifiée de retourner sur cette pente-là.
Je suis clouée sur place, de revivre tout ça, comme la dernière fois.
Je sais, je sais que ça n'a rien à voir, que l'histoire avec Ezra ne se répétera pas. Que mes parents que j'ai coupés de ma vie de peur que le test soit positif ne seront plus dans les parages pour tout bousiller.
Et pourtant, et pourtant.

J'inspire, le monde recommence à tourner, les bruits reviennent à mes oreilles. L'ironie, c'est que j'ai gagné le pari finalement. J'ai pas bougé. « C'est pas ça, c'est pas pour ça, l'indice de la galaxie. » il n'en a rien à faire de l'indice, je parie. Mais c'est la seule chose que j'ai trouvée, pour adoucir tout ceci.

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La compétition à laquelle je me voue en m'appliquant seulement désormais à des gestes sérieux, assurés, éloignant sans vergogne toute esquisse de feinte qui, de toute évidence, n'est pas judicieuse en une telle situation aux yeux de Ginny. Un sourire aussi enchanté que fier transparaît doucement sur mes lippes, tandis que les balles de ping pong s'enchaînent et atterrissent, sans faute aucune, dans les gobelets adverses, invitant Matt et sa coéquipière à absorber des doses complémentaires d'alcool. A chaque contenant qui nous oppose colonisé par l'une de nos munitions, nous nous rapprochons de la victoire, et je me réjouis de participer à l'édifice de ce triomphe que ma petite amie convoite puisqu'il a pour faculté d'illuminer davantage sa soirée. Je ne contrôle malheureusement pas les maux, cependant, je guette sans relâche la moindre occasion à lui apporter douceur et heur pour m'investir tout entier à leur concrétisation.
En parallèle, nos taquineries privées se répondent, au nom d'un Secret Santa que l'on s'est programmé l'un l'autre sans se concerter, à mon plus grand ravissement de constater, comme toujours, que naturellement, sans l'essayer ni l'ambitionner, nous nous rejoignions. Ces clins d’œil du destin qui soulignaient à mes yeux avec allégresse à quel point j'étais fortuné de l'avoir rencontrée, que j'étais chanceux de compter l'incroyable femme qu'elle composait à mes côtés, d'être capable de l'épauler dans son cheminement quel qu'il soit, de pouvoir évoluer auprès d'elle et grâce à elle. « Et si t'arrives à marquer tu seras épargné. » Je lui adresse un regard furtif amusé, me retiens de commenter sur ma curiosité naissante quant à découvrir de quelle manière Ginny pourrait me condamner en cas d'échec.

La balle rebondit sur la table, puis s'abat dans le dernier gobelet aux couleurs festives. La jeune mère a conservé sa main immobile et je ne me fais pas prier pour y déposer, cœur battant, âme à nue, l'enveloppe où y repose une lettre que je lui ai adressée. Nos regards se lovent, je couve ses prunelles avec une affection qui lui est exclusivement réservée quand une part de moi persiste à appréhender la réaction de celle que j'aime face aux présents que je lui ai concoctés. Ma main vient effleurer ses doigts libres, persuadé néanmoins que sa compréhension de mes mots sincères saura expliciter les sentiments que je lui dédie avec tant d'authenticité et que je peine souvent à lui communiquer. Ginny déplie la missive et patient, n'ayant plus d'yeux que pour elle, oubliant le monde qui nous entoure, j'analyse les expressions de son visage, je suis la danse de ses pupilles sur le papier, intégrant les lettres érigées d'émotions.

La soirée n'existe plus, je répète en ma tête ces termes que j'ai couchés sur papier, ces paragraphes lui dévoilant à quel point je l'admire et que je m'estime choyé de partager la moindre seconde de son quotidien. Ces évocations aux moments forts vécus au court de ses neuf derniers mois, l'infini de mon dévouement, de mon amour à son égard. Le lancement de la plus belle histoire de ma vie, muni du cœur dont je suis le plus fier puisqu'il bat au rythme du sien.

« Je crois que je suis enceinte. » Je cille, demeure en suspens, peinant à rattacher la sémantique de ses paroles à la situation, au contexte. Mes pupilles ne quittent pas ma prunelle et ce n'est que lorsqu'elle développe, précisant qu'elle a un test de grossesse dans son sac, que la vérité me transperce. Spontanément, discrètement, ma main libre vient repousser le cocktail alcoolisé. Instinctivement, mes souvenirs, mes sensations, mes déboires et mes démons sont tus parce qu'il n'y a qu'elle qui compte, elle et son aveu déchirant qui suit : « Ça me terrifie. » Sa voix brisée, ses yeux éclatant d'émotions s'apparentant à celles que je n'avais pas rencontrées depuis des années me heurtent de plein fouet. Mon unique et ultime volonté est de l'attirer tendrement vers moi dans une douce étreinte n'ambitionnant qu'à la réconforter, à lui assurer que je suis là, quoi qu'il advienne. Ses drames sont mes combats, ses victoires mes cadeaux, ses peurs mes ennemis à repousser. Ma gorge se serre de la connaître effarée, mon cœur bat la chamade de savoir qu'elle porte cette épouvante-là sur ses épaules, en plus de tous ses autres poids. « C'est pas ça, c'est pas pour ça, l'indice de la galaxie. » Je souffle doucement alors que je remarque que sa main n'a pas bougé du moindre centimètre, pari tenu envers et contre tout. « Je ne saisissais pas trop le rapport avec une galaxie, je t'avoue, » je lui susurre affectueusement, la rejoignant dans sa tentative d'alléger l'atmosphère. « Je suis là pour toi, Ginny. Pour tout, toujours. Je serai toujours là pour toi, je te le promets, je t'aimerais toujours plus chaque jour. » Je me distance légèrement, mes yeux ne la quittant pas, lui hurlant à quel point je bousculerai les cieux et déplacerai les montagnes pour alléger ses maux et taire ses terreurs, dans quelle intarissable mesure jamais je ne quitterai ses côtés si elle y autorisait ma présence. Je l'accompagnerais dans toutes les épreuves de sa vie, quelles qu'elles soient. Pour elle, il n'y avait aucune limite, même l'infini que je jugeais bien risible quant à mes désirs de l'aimer à perpétuité et de manière exponentielle. « Qu'est-ce que tu souhaites faire ? Tu veux prendre le test ? » J'interroge calmement, soucieux de ne rien bousculer, de n'inciter à quoi que ce soit et de suivre son rythme et seulement le sien dans cet événement, soupçonnant que la présence du test de grossesse dans son sac ne soit toutefois pas sans raison.

Ils toussent en echo tellement la situation est gênante, tellement elle voudrait être ailleurs mais surtout pas ici parce que ça n’a rien de normal. La compétition n’est pas de savoir qui va gagner le tournoi de ping pong mais de savoir lequel des deux mourra en premier à cause de son ego de merde. Il n’a même pas la combinaison de cerf, alors que c’était le moment rêver pour se parrer de ses plus beaux bois. Il y avait mille noms sur cette liste, pourtant. Mille et un. Et ils se sont retrouvés ensemble, avec lui qu’elle connaît à la fois trop et pas assez pour finalement juger meilleur de seulement poser ses yeux sur la table.

Elle le dévisage, pourtant, le Matt. Parce qu’avant d’énoncer tous ses titres de pro du beer pong, la fille a dit McGrath et que ça, c’était une nouvelle partie de l’équation qu’elle n’avait encore jamais pris en compte. Ses yeux virent vers Ginny qui ne voit qu’Isaac puis se posent à nouveau sur Matt (sur ses chaussures, come on, step by step). Merde. « Si on perd, je boude. » Il a cette voix d’enfant perdue dans un corps d’adulte et bien sûr qu’elle sourit aussitôt, Lily. ”C’est le moment où je te dis que je me suis inscrite seulement pour boire le plus de verres possible sans être jugée ? Juste parce qu’on perd et qu’on est vraiment nuls ?” Dans une autre vie, elle savait se défendre au jeu. Dans celle-ci, elle a un malaise à noyer dans des verres de bière à défaut d’avoir réussit à demander du vin. Elle fait glisse la balle dans la main de Matt, un sourire en coin, prête à se jeter dans la bataille malgré tous les imprévus.

Oh qu’elle est nulle à ce jeu. En plus de ça elle entraîne le brun dans sa chute, murmure des inepties à son oreille, lui raconte la même blague trois fois de suite en espérant qu’elle devienne trop, tousse au moment de son lancer, lui propose le quatrième verre de vodka parce que “regarde la bouteille est bientôt finie, ça serait dommage”. Les balles rebondissent et atteignent leur cible … parfois, bien moins souvent que leur adversaire. Lily boit, elle boit tout, elle a sa file d’attente de verres rouge sang, elle claque la main du gérant du bout des doigts quand il tente de boire les verres qui devraient être les siens.

Quand ils sont déclarés perdant, le seul but de Lily devient d’occuper le brun, de le faire se concentrer sur tout sauf sur Ginny (qui est sa soeur, c’est sûr, parce qu’elle ne parle jamais de son frère mais des fois son nom sort ; et c’est Matt, toujours Matt, comme Matthusan). L’artiste est assez complice avec son petite amie pour que son amie comprenne que le monde entier n’a plus d’importance à ses yeux, maintenant, et que ce moment leur appartient à eux et à eux seuls, encore plus quand une lettre vient se poser dans la paume ouverte de la jeune femme. Lily sait mieux que personne toute l’influence que peut avoir un grand frère et parfois, souvent, les petites sœurs voudraient pouvoir l’éloigner pendant un temps. ”Y’a vraiment des Passiflores ? Ça s’est agrandi, ici, tu fais quoi de nouveau ? Une remise spéciale fromage ? T’as du vin ? Je te l’échange contre les verres n°5 et 6 et parce que t’es poli tu vas faire semblant que ça se vaut, hm ?” Postée face à lui, elle le mitraille de questions, le force à tourner dos à la table et, par conséquent, à Ginny. ”Matthusan McGrath, alors ?” J’ai vraiment bien entendu le nom de famille ? "On peut passer la partie où tu boudes, s'il te plaît ? Je ne l'aime pas tellement. Elle ne le connait que par ses frasques et ses blagues et c'est bien mieux ainsi.