« like a shadow »    jordan fisher & adèle shephard

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Il y a des instants qui demeurent compliqués dans une vie, des moments douloureux que personne – pas même la vie nous épargne, mais qu’on doit affronter coûte que coûte. Elle reproche aux voitures de lui avoir volé ses années auprès de ses parents. De sa mère confidente, et de son père bien trop protecteur avec sa seule fille. Un amour démesuré qu’elle n’a jamais pu trouver ailleurs, dans d’autres bras qu’ailleurs. Si, son aîné a toujours tout fait pour elle, pour eux, il n’en demeure pas moins qu’il n’était pas son père, et n’a jamais eu la prétention de vouloir l’être. Elle se rapproche de la tombe, elle est figée dans un silence, maintenant qu’elle en a trop dit. Et pas assez, aussi paradoxale que cela puisse paraître. Elle n’est pas si forte qu’elle veut le montrer. Elle a aussi ses faiblesses Adèle. Elle est trop entière, elle donne tout et parfois ça joue contre elle. Parfois ça la met dans des situations compliquées. « Quelle merde… » Qu’il lâche, suivant les traces de la jeune femme, s’arrêtant quand celle-ci se stop net, et automatiquement, il regarde autour d’eux. Elle est là cette tombe, à quelques mètres. C’est étrange comme à présent c’est plus facile de l’affronter… A deux… Elle n’est pas toute seule Adèle, il l’écoute, et saurait la conseillée si elle dérive. « J’aurai cru qu’un drame pareil rapprocherait les gens… » Elle hausse les épaules. Elle aussi, sans doute. C’est ce qu’elle espérait du moins. Que ça n’enfonce pas les siens, que ça n’enfonce pas ceux qui lui sont chers. Mais, elle est bien trop naïve Adèle. Elle ne cesse d’y croire, à tort parfois. Sans songer que la vie est parfois différente de ses espoirs. « C’est pas toujours le cas, visiblement… » Un murmure, doux et qui sonne si parfaitement au creux de ses lèvres. Est-ce le choix de la facilité que de plonger la tête dans le sable, attendant le début de la fin ? Est-ce réellement ça qu’elle souhaite, Adèle ? Fuir… Fuir à tout jamais ses responsabilités dans cette famille qui a perdu leur place, dans ce monde, loin de ceux qui les ont jusqu’ici, transportés. « Comment tu te sens ? » Comment devrait-elle se sentir ? Elle tourne légèrement ce visage vers lui, et cherche une réponse dans son regard. Elle demeure comme une enfant paumé, à cet instant. Une enfant à qui on tend une main mais qui hésite. Elle ne compte pas les secondes à présent qu'elle est à côté de cette tombe. Ca pourrait la faire flancher. « Je sais pas… Parce que c’est la vérité, elle reprend alors, plus hésitante, j’ai l’impression que c’est plus facile avec… Toi… » Elle ne le regarde pas vraiment, ni lui, ni la tombe. C’est déjà un pas en avant qu’elle ne tourne pas le talon, qu’elle ne cherche pas à fuir cet endroit. Fallait pas lui en demander plus. « Tu crois qu’un jour on pourra gérer tout ça ? » Alors même qu’il ne connaît pas ses frères, ni elle vraiment. Mais ça semble être une question qu’elle ne parvient pas à répondre. C’est nouveau pour elle, elle n’a jamais affronté ça auparavant. Elle n’a jamais eu personne pour la pousser sur le lieu même. Elle a toujours évité de venir ici, et quand bien même, elle a toujours évité de croiser les gens. De s’y attarder. Elle est touchée Adèle, mais elle fait bonne figure. C’est un pas en avant. « Moi c’est Adèle » Qu’elle lâche alors, sans vraiment comprendre pourquoi elle précise son prénom, ce sera peut-être plus simple. Plus facile pour échanger, comme si elle avait besoin de ça à présent Addie pour continuer. Pour ne pas prendre ses jambes à son cou et partir.

« C’est pas toujours le cas, visiblement… » Ouais… Tu dis rien, mais ça te laisse pensif. Ton père a essayé de sauver les apparences pendant longtemps. Mais ta situation n’est pas la même. C’est un gros bordel. Tu chasses ces pensées de ta tête et te focalises de nouveau sur elle. Est-ce qu’elle se sent bien ? « Je sais pas… Tu commentes pas. Tu es sûr qu’elle a encore des choses à dire. j’ai l’impression que c’est plus facile avec… Toi… » Oh. Voilà. T’as servi à quelque chose. Même infime. C’était plus qu’infime. Parce que t’as été à sa place il y a quelques années. Tu sais ce que c’est d’avoir un étranger qui entre dans ta vie le temps de quelques minutes et qui change tout. Absolument tout. Tu captes bien qu’elle est pas à l’aise non plus avec tout ça. Tu cherches pas à la mettre mal à l’aise ou quoi.

« Ravi de pouvoir t’aider. »

T’es tellement sincère. Tu te vois en elle et c’est important pour toi de l’aider à y voir un peu plus clair si tu en es capable avec le bout de chemin que tu as déjà fait de ton côté. Tu sais que son histoire est différentes mais y’a des choses qui se rejoignent. Des expériences, des histoires qui aident à avancer. On est pas seul.  « Tu crois qu’un jour on pourra gérer tout ça ? » Hmmm. Tu te dis que tu gères… Je gère. Mais tu continues de te tourmenter quand tu penses à ton père. Le chapitre est inachevé, voilà pourquoi. Tu le sais et quand bien même tu cherches pas à clôturer le chapitre en question.

« L’important c’est de faire du mieux qu’on peut. »

T’as pas meilleur conseil. Les gens vont plus ou moins loin dans leur introspection pour être en paix avec eux même. Ils vivent plus ou moins bien en fonction de ça.  « Moi c’est Adèle » Un léger sourire se forme sur tes lèvres.

« Jordan. »

T’aurais bien rajouté un ‘à ton service’ mais tu sens le moment trop important, trop intense pour elle. Tu veux pas mettre une couche d’humour pas drôle par dessus tout ça. C’est pas rien ce qui est en train de se passer pour elle et tu veux pas qu’elle pense que tout ceci n’est qu’une blague. C’en est pas une du tout. Tu comptes pas bouger d’ici tant qu’elle ne veut pas le faire elle même. Tu veux pas lui couper son moment en plein élan.