“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Sa réflexion me fait bien évidemment sourire. Donc quand je lui fais des compliments, ça l’excite ? Intéressant. Elle doit souvent être excitée alors parce que des compliments je lui en fais souvent, peut-être même un peu trop d’ailleurs. Mais je garde cette information dans un coin de ma tête, parce que c’est amusant et que je suis presque sûr qu’elle m’a dit ça parce qu’elle est bourrée. J’espère que je m’en souviendrai demain. « Et toi, tu sais ce qui me plaît chez toi ? Outre le fait que tu sois un très bon coup au lit bien sûr ? » Cette fois elle me fait doucement rire et je me rends compte que non je ne sais pas ce qui lui plait chez moi. Parce qu’Alex n’est pas quelqu’un qui fait beaucoup de compliments, du moins pas à moi. Et je ne m’en plains pas spécialement parce qu’entendre quelqu’un faire mon éloge m’a toujours beaucoup gêné. Ça me met mal-à-l’aise. Mais je n’ai pas le temps de lui répondre, elle reprend trop vite la parole. « Tu es attentif aux autres, tu es attentionné, tu vois toujours le meilleur chez les gens, tu prends soin de tes proches, tu es tendre et viril quand il faut, tu es déterminé et exigeant mais tu n’écrases personne pour réussir. Tu sais rendre les gens meilleurs, et tu as cette façon de me regarder qui me fait me sentir digne. Tu es vraiment quelqu’un de bien Caleb. Et je sais que mon avis est pas ce qu'il a de plus objectif mais je t’assure que tout ce que je te dis là je le pense sincèrement.» Je ne pense pas rendre les gens meilleurs. Pas du tout même et je ne comprends même pas pourquoi elle dit ça. Mais bizarrement j’aime entendre tous ces mots sortir de sa bouche et je ne suis même pas mal à l’aise en l’entendant me dire tout ça. Je la regarde une poignée de secondes sans rien dire, repensant un peu à tout ce qu’elle vient de me dire et je finis par lui répondre. « Tu sais que quand tu me parles comme ça, ça m’excite. » Mot pour mot je reprends la même phrase qu’elle m’a sortie il y a quelques minutes. Je lui dis ça dans le ton de l’humour mais en soit, c’est presque vrai. L’entendre me dire pourquoi elle m’aime, au final, c’est quelque chose que j’aime plutôt bien et j’aimerais peut-être même qu’elle le fasse un peu plus souvent. Mais on ne continu pas dans la lignée des compliments – dommage pour moi – et on part dans ce délire de fausses fiançailles. Ça aussi c’est cool, beaucoup moins boostant pour mon égo qu’une flopée de compliments comme elle vient de le faire mais des fiançailles c’est toujours plaisant. Même quand elles sont fausses apparemment. Ou bien ça c’est parce que j’ai du mal à me dire que cette demande en mariage n’était pas vraie. Est-ce que ça veut dire que je viens de me rendre compte que je voulais me fiancer avec elle ? J’en sais rien. Tout ce que je sais c’est qu’il y a encore une heure je ne pensais pas à de potentielles fiançailles entre nous et maintenant je me mets à imaginer comment je lui demanderai pour de vrai en mariage. C’est aussi peut-être l’alcool qui me monte à la tête. C’est possible, oui. « Je sais aussi comment combler les hommes Anderson. » Et je sais plutôt bien placer pour le savoir et pour confirmer ses propos. Elle sait comment combler les hommes, elle sait comment me combler moi, on se connait très bien à ce sujet-là. Sûrement l’un des meilleurs avantages de ressortir avec son ex, on est déjà passé par la phase découverte du corps et des faiblesses de l’autre. Je la regarde avec un petit sourire en coin alors que je me mords la lèvre, sans jamais la quitter des yeux. « Ça je le sais. Et je confirme. » Est-ce qu’on est capable de passer un peu de temps ensemble sans faire des allusions de ce genre ? S’il y a d’autres personnes avec nous oui bien évidemment, mais pour les moments comme aujourd’hui et comme le reste de la semaine c’est toujours simplement nous deux, juste elle et moi et il n’y a jamais eu aucune censure entre nous. « Moi non plus rassure toi le public c’est pas mon délire. Et puis de toute façon tu me laisserais pas me déshabiller devant tout ce monde alors la question est réglée. » Il y avait question de le faire en public, sérieux ? J’ai dû louper un épisode. Ou bien je suis complètement à côté de la plaque. Ah oui, effectivement c’est moi qui ai dit que je ne pourrais jamais rien faire si des gens nous regardent et je me demande encore pourquoi je lui ai dit ça c’est ridicule. Mais je suis bourré c’est sûrement pour ça. « Enfin en même temps j’ai jamais essayé en public. » J’hausse les épaules. Quoi ?! Mais pourquoi je lui dis ça ? Quand je suis bourré je dis vraiment n’importe quoi. « Mais je veux pas essayer de toute façon ! Et t’as raison jamaaaaais je te laisserai te déshabiller en public ! » Je suis beaucoup trop possessif pour ça. Déjà que je n’aime pas vraiment quand d’autres hommes la regardent alors qu’elle est entièrement habillée, alors imaginez nue… Non je préfère vraiment pas imaginer ce genre de chose. C’est vraiment n’importe quoi et je pense que je devrais arrêter de boire parce que je commence à dire beaucoup trop de conneries. « Les toilettes pour la nuit de noces c’est si sexy et romantique, comment tu as deviné que c’était ce dont je rêvais ? » C’est vrai que franchement niveau classe et romantisme j’ai déjà fait mieux. Mais avec Alex je peux être très romantique tout comme je peux être beaucoup plus instinctif. Je ris doucement mais je suis totalement sérieux. Là maintenant tout de suite j’ai vraiment envie d’elle et je ne serais pas contre l’idée de faire une petite parenthèse avec elle dans les toilettes. Je la regarde avec un sourire très expressif de mes pensées peu catholiques du moment. « Allez, je serai plus romantique tout à l’heure à l’hôtel. Promis. » Un clin d’œil vient appuyer mes propos et on enchaîne avec un jeu. Je sais pas ce que j’ai mais j’ai l’esprit qui déborde d’imagination et je suis en feu ce soir alors je lui propose de jouer à je n’ai jamais. C’est ça le nom, non ? Un truc dans le genre. Elle commence en trichant, oui oui je le maintiens, elle triche. Je bois une gorgée de champagne pendant qu’elle me traite de stalkeur. Tout de suite les grands mots. Une seule fois j’ai cherché son compte instagram mais c’était aussi parce que je lui avais demandé de me laisser de l’espace et je voulais m’assurer qu’elle allait bien ! Et peut-être qu’elle me manquait un peu, aussi. C’est possible. Le serveur nous interrompt pour nous donner nos plats et tant mieux parce que j’ai super faim. On commence à manger tout en continuant ce petit jeu, et franchement je trouve ça plutôt amusant. À la base boire pour boire, je n’aime vraiment pas ça, mais là au point où j’en suis… « Après cette soirée fais gaffe que ça ne t’arrive pas à toi aussi. » Je grimace doucement tout en attaquant cette fois mon assiette et je secoue la tête. « J’espère pas, j’ai envie de me souvenir de toute cette soirée moi. » Parce qu’elle est déjà géniale et je suis sûr qu’elle sera épique à la fin. Je me sers un verre d’eau et je fais de même pour Alex, la laissant trouver une idée puisque c’est à son tour. « Je n’ai jamais été surprise par mes parents en plein moment intime seul ou à plusieurs. » Je relève les yeux vers elle et pose ma fourchette dans mon assiette et hausse les épaules avant de boire à mon tour un peu de champagne. Je sais qu’elle va rire, elle va se foutre de ma gueule et elle aura raison pour le coup. « J’avais dix-huit ans c’était à la fin du lycée. » Je m’arrête un instant et ferme les yeux une poignée de secondes pour me remémorer ce moment de gênance ultime. « Un après-midi j’avais séché le sport avec ma copine de l’époque. Bref, on était dans ma chambre on s’apprêtait à passer à l’acte et ma mère est rentrée. C’était la première fois que je ramenais une fille dans ma chambre et ma mère était pas censée être à la maison. Moment le plus gênant de ma vie. » Elle a toutes les cartes en main pour se foutre ouvertement de ma gueule maintenant et même moi à sa place je ne me gênerais pas. Je bois mon verre d’eau presque d’une traite – boire autant d’alcool me donne toujours très soif – et je mange un peu avant de poser à mon tour une question. « Je n’ai jamais embrassé une personne du même sexe. » Pas une seule fois dans ma vie je n’ai été attiré par un homme, je suis sûr à cent pour cent d’être complètement hétéro. De ce que je sais, Alex n’a toujours été attirée que par des hommes mais elle peut peut-être encore me surprendre.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
Je lui fais des compliments, je lui dis ce qui me plaît chez lui et je suis persuadée qu'il le sait même si je ne suis pas du genre très généreuse en compliments. Ce soir je me lâche, ce soir rien semble me faire peur, ou m'arrêter, tout est si enthousiasmant, tout est si parfait que j'en viens à être presque romantique, presque l'image typique des femmes aimantes et douces. Pas que je ne sois pas aimante ou que je ne puisse pas être douce, mais ce n'est pas réellement mon habitude d'être aussi sentimentale. « Tu sais que quand tu me parles comme ça, ça m’excite. » Et ça c'est bien plus des paroles qui me plaisent et avec lesquelles je suis familière, normale finalement puisque ce sont les miennes qu'il vient de s'accaparer pour les réutiliser. « Peut-être que tu auras droit à plus de compliments à l'avenir alors. » J'aime jouer avec cet homme, j'aime le tester, tester mes pouvoirs de séduction sur lui alors si lui dire pourquoi je l'aime l'excite, peut-être que je serais un peu moins avare en compliments. « Même si on sait tout les deux que mon meilleur atout c'est mon corps. » Qu'il ose prétendre le contraire et je saurais qu'il est devenu un bon menteur. Je pourrais continuer de le couvrir de compliments, de lui parler de ses innombrables qualités mais j'ai été traversée d'une folie, ce genre de folie dont tu sais que c'est une folie mais qui te tient tellement à cœur, que tu sais qu'en dépit de tout, rien ne te fera renoncer. Ce genre de folie qui te fait faire les pires conneries mais aussi peut-être parfois les meilleurs choses parce que c'est fait en dépit de la logique, en dépit de la réflexion ou du sens moral. Mais c'est fait avec enthousiasme et cœur. Et ce soir, je veux me fiancer – pour de faux – avec cet homme que j'aime – pour de vrai – et je sais qu'il y a de quoi s'y perdre entre le vrai et le faux, et le premier perdu c'est le serveur qui tombe dans le piège. Le second à se perdre, c'est peut-être moi ? Ou peut-être Caleb ? Ou peut-être nous deux ? Mais au final, j'ai ma bague au doigt, cette bague minable et ça ne semble pas nous distraire plus que ça. Puisque la soirée continue, aussi parfaite, aussi alcoolisée qu'avant. Comme si ce que nous venions de faire était finalement logique pour nous. Des fausses fiançailles seraient logique pour tout le monde non ? Et après les fiançailles, nous retrouvons rapidement des sujets de conversations digne de nous, du moins de nous dans l'intimité, et encore plus alors que nous sommes tout les deux visiblement bien trop alcoolisés. Et je lui dis que je sais comment combler les hommes, chose qu'il confirme, heureusement pour lui d'ailleurs. Pas que je sache combler les hommes, enfin si ça aussi tant mieux pour lui. Mais heureusement qu'il confirme mes dires parce que sinon il aurait du apprendre à se combler tout seul pour la fausse nuit de noce à venir. Et là sans même que je comprenne réellement sa logique, il me sort qu'il ne ferait jamais l'amour en public, juste parce que je lui ai dis qu'il pouvait enlever sa veste mais qu'il devait garder le reste. Je sais qu'il a trop bu et qu'il dit des choses sans se rendre compte du sens, ça me fait rire. Et il continue. « Enfin en même temps j’ai jamais essayé en public. » Je lâche un petit rire en l'écoutant parler. Techniquement en public non, mais avec du public autour qui pouvait nous surprendre, oui. Mais je ne dis rien, je le laisse s'exprimer. Il parle tellement plus qu'habituellement et surtout avec tellement moins de filtres que c'en ait réellement marrant. Je ne suis pas la seule à dire des conneries pour une fois. « Mais je veux pas essayer de toute façon ! Et t’as raison jamaaaaais je te laisserai te déshabiller en public ! » Jamaaaaaais, d'accord Caleb ! Mais qu'il se rassure, je n'avais pas vraiment l'intention un jour de me déshabiller en public et encore moins de faire l'amour en public, du moins pas au milieu d'une salle de restaurant bondée. « Ce n'était pas dans mes plans rassure toi. » Je crois que j'ai dévoilé mon corps et mon intimité à beaucoup trop de monde déjà, alors désormais, ma résolution c'est que ce sera le seul à pouvoir me voir nue. « Pour 2020, tu seras le seul à me voir sans vêtement. » Oui voilà une super résolution pour une année 2020 parfaite non ? Lui et lui seul. Et je sais que je n'aurais de toute façon pas envie de montrer mon corps à un autre, c'est une résolution facile et sûre, il est celui que j'aime, celui qui me comble, celui que je veux. Est-ce que je viens finalement de me projeter à ses côtés pour une année avec cette résolution sans même flipper, je pense oui. Et alors que l'on continue nos échanges plus sexuels que romantiques, il semble sérieusement en train d'envisager l'option toilettes, là, maintenant, tout de suite ? « Allez, je serai plus romantique tout à l’heure à l’hôtel. Promis. » Mais c'est qu'il insiste en plus, je ne rêve pas ? Le sourire qui ne laisse aucun doute sur ses intentions, et désormais un clin d’œil pour appuyer sa proposition. « Caleb Anderson vous n'avez pas honte de me tester comme ça ? » Et je peux faire semblant d'être outrée, il sait très bien qu'il en faut plus, bien plus pour me choquer. Mais il est tellement bourré qu'il ne se rends pas compte que nous éclipser tout les deux en même temps aux toilettes, niveau discrétion on fait mieux quand même. « Si tu es sage, à la fin du repas, je pourrais reconsidérer la question. » Être sage, c'est exactement ce que l'on ne veut pas être, ce que l'on est pas déjà. Nos discussions, notre comportement, notre alcoolémie, rien ne corresponds vraiment avec le cadre du lieu, mais franchement je m'en moque tellement à ce moment. Et lui aussi visiblement puisqu'il lance un jeu d'alcool entre nous, un jeu d'alcool avec un champagne de luxe, offert par le restaurant suite à nos fausses fiançailles, on a atteint un niveau de non-respect tellement haut là non ? Le jeu est lancé, et alors que l'on commence, le serveur nous amène nos plats et à peine reparti, nous continuons notre soirée comme nous avons décidé de la vivre, avec excès et sans retenue (ou presque). « J’espère pas, j’ai envie de me souvenir de toute cette soirée moi. » Oh oui moi aussi je veux me souvenir de tout ça. De nos discussions, de nos moments à deux, de notre folie, de ce jeu débile mais dont on arrive à rire. De toute cette complicité entre nous, de cette facilité avec laquelle on se parle, de son regard rempli d'amour, de cette fausse bague qui symbolise des fausses fiançailles mais entre deux personnes vraiment amoureuses. Je veux me rappeler de tout ça, et si je sais qu'il en faut beaucoup, extrêmement beaucoup pour m’entraîner dans un back-out total, c'est sûrement pas son cas. « Eh bien arrête de boire si tu veux te rappeler de tout. » C'est peut-être la phrase la plus censée et la plus responsable que j'ai dis depuis quelques temps, mais pourtant c'est moi qui relance le jeu. Le jeu dont il est l'investigateur, mais auquel je prends plaisir à jouer. Je relance le jeu et je le vois boire à ma question. Ok, il s'est déjà fait prendre en flag par ses parents, ça devient tout de suite très croustillant. Je le regarde un grand sourire sur les lèvres avide d'explications. Et il sent bien que je ne passerai pas à autre chose avant d'avoir des explications, alors sans même que je n'ai à le bombarder de questions, il se lance dans un récit court mais clair de ce moment de gêne ultime. « J’avais dix-huit ans c’était à la fin du lycée. Un après-midi j’avais séché le sport avec ma copine de l’époque. Bref, on était dans ma chambre on s’apprêtait à passer à l’acte et ma mère est rentrée. C’était la première fois que je ramenais une fille dans ma chambre et ma mère était pas censée être à la maison. Moment le plus gênant de ma vie. » Ok, je crois que je viens de rire un peu trop bruyamment au point d'attirer l'attention de certains couples, mais vu le regard ça se voit qu'ils n'ont pas entendu les propos de Caleb. Je suis obligée de rire, imaginer sa mère le surprendre avec une fille, c'est définitivement bien trop drôle et comme je suis bourrée, j'en oublie de me retenir par respect pour les lieux et les autres gens. « Tu veux dire que la première fois que tu as ramené une fille, ta mère est venue te couper dans ton élan ? Oh mon pauvre chou, je comprends maintenant pourquoi tu n'aimes pas être frustré. » Je ne devrais pas tant me moquer de lui, mais franchement, je ne peux pas m'en empêcher. Je sais pourtant qu'il était loin d'être confiant à l'époque ou je l'ai rencontré alors j'imagine à 18 ans, avec la première fille qu'il ramenait chez lui, il devait être paniqué et sa mère est venue ternir ce souvenir. « Je suis désolé Caleb, tu as du être traumatisé, c'est pour ça qu'à l'époque tu m'as jamais emmené dans ta chambre d'ado ? » Je lui dis avec un sourire beaucoup trop prononcé montrant comme je continue à me moquer de lui et de ce moment mémorable dont il ne doit pas avoir parlé à beaucoup de monde. « J'arrête de me moquer, et pour me faire pardonner, je te promets un jour de laver l'affront et de te donner d'autres souvenirs mémorables dans cette chambre. » D'autres souvenirs que sa mère pointant sa tête au pire moment possible. Je rigole encore un peu en pensant que comme moyen de contraception, le débarquement précoce de la maman, c'était pas mal mais je garde mes remarques pour moi, parce que je ne voudrais pas en faire trop au risque de le vexer. Il boit un peu d'eau et c'est une idée raisonnable, une idée que bien entendu je n'imite pas. Par contre, je l'imite quand il mange un peu, essayant de ne pas m'étouffer entre deux rires que j'essaye de calmer. « J'adore ce jeu ! » En apprendre des choses comme ça sur lui, ça vaut le coup. On se connaît pourtant très bien, mais cette histoire là, je n'avais jamais eu l'occasion d'en entendre parler et il a fallu se retrouver dans un autre Pays, alcoolisés pour découvrir des choses aussi croustillantes sur lui. « Je n’ai jamais embrassé une personne du même sexe. » J'avale de travers et je tousse quelques secondes surprise par sa phrase. J'ai toujours été entourée de filles complètement déjantées dans ma vie, certaines de bonnes influences et d'autres dont le rôle a été un peu plus douteux, mais j'en ai embrassé plus d'une finalement. Mais alors qu'il me pose cette question, je repense aux derniers baisers échangés avec une femme. Depuis que je suis à Brisbane, j'ai déjà embrassé trois filles. Et alors qu'il me demande si j'ai déjà embrassé une personne du même sexe, je repense à sa sœur. Et merde ! Je l'avais oublié celle là. Je rougis un peu. Et ensuite, je repense à cette soirée ou j'en ai embrassé deux. Les souvenirs de la nuit sont flous mais j'en ai assez pour me souvenir, que les baisers ont été nombreux et qu'il n'y a pas que leurs bouches que j'ai embrassé. Je sens que je rougis beaucoup cette fois, c'est à mon tour d'avoir chaud mais je n'ai pas de veste à enlever, et je doute qu'il apprécie si je venais à enlever ma robe. Je bois une gorgée de champagne, parce que c'est le jeu. « Je dirais que j'ai du en embrasser quatre ou cinq, allez peut-être six ou sept. Dont deux le même soir. » Et j'aurais sans doute pas du lui donner de détails, mais je parle trop tout le temps, même quand je devrais me taire. « Mais aucune ne t'égale mon chou, pourtant elles étaient douées. » Je ne sais même pas pourquoi je lui donne ce surnom d'un coup, et surtout, je ne sais pas pourquoi j'apporte cette précision. Je lâche un petit rire gêné, enfaîte je n'aime pas ce jeu. J'ai déjà en temps normal une capacité à faire des gaffes assez hallucinantes, alors alcoolisée, ça devient une cata pour moi d'éviter de me foutre la honte toute seule. Je me tais, je rebois une gorgée de champagne, évitant son visage pour ne pas partir dans un fou-rire. J'hésite entre l'envie de vraiment éclater de rire et l'envie de me cacher, alors je me cache derrière mon verre (super cachette!) et je souris toute seule. « Je n'ai jamais reçu de photos de nude de mon partenaire. » Il va encore dire que je triche juste pour le faire boire. Mais plus vite je pose une autre question, mieux ce sera pour moi. Et puis je sais qu'à celle là il va être obligé de boire, je le sais puisque je suis celle qui lui a déjà envoyé ce genre de photo alors que lui n'est pas le genre à en envoyer. C'est pas très loyal comme question, peut-être mais le but c'est de boire non, pas d'être fair-play.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Je ne suis clairement pas une personne qui déborde de confiance en soi, au contraire. J’ai toujours manqué cruellement de confiance en moi et d’assurance c’est un secret pour personne. Mais par contre, recevoir des compliments je n’aime habituellement pas vraiment ça. Ça me met mal à l’aise et je suis capable de trouver un argument pour contredire le compliment qu’on me fait presque à tous les coups. Surtout quand on parle de mon physique. Sauf que ce soir quand Alex se met à me faire des compliments, ça ne me dérange pas et je me mets presque à apprécier. Peut-être parce qu’avec elle, c’est rare. Autant de compliments comme ça sans aucune raison apparente, ça n’arrive jamais. Alors j’en profite et j’essaie de caser chacune de ses paroles dans un coin de ma tête. « Peut-être que tu auras droit à plus de compliments à l'avenir alors. » Un petit sourire s’étire sur mes lèvres. En vrai, je ne suis pas sûr qu’en étant totalement sobre je puisse vraiment apprécier ses compliments sans me sentir complètement gêné ou pas digne de ce qu’elle me dit. « Vas-y, tu peux continuer à me dire pourquoi tu m’aimes, je t’écoute. » Parce que je suis un bon cuisinier ? Oui enfin, je ne sais pas, je sais que je ne suis pas mauvais mais je suis loin d’être très bon. Il y a des cuisiniers bien meilleurs que moi quand même. Parce que je ne suis pas trop dégueulasse à regarder ? J’en sais rien. Je ne me considère pas franchement comme étant très beau, pas moche, mais clairement pas hyper beau non plus. « Même si on sait tout les deux que mon meilleur atout c'est mon corps. » Elle par contre elle n’a aucun problème de confiance en elle, enfin, pas sur son physique du moins parce que pour tout le reste je sais qu’Alex a une image beaucoup trop négative d’elle-même. « C’est pas faux. Mais y a pas que ton corps qui compte. » C’est pas pour son que je suis avec elle. Bien sûr que ça joue et que ça aide, mais son corps n’est pas son seul atout à mes yeux. Et en me disant ce genre de phrase elle se rabaisse à une femme objet et elle est tellement plus que ça. Alex c’est pas seulement de belles courbes et des formes parfaites, je ne la vois pas comme ça. J’aimerais qu’elle s’en rende compte et qu’elle arrête de toujours vouloir mettre son physique en avant comme s’il s’agissait de son seul atout. En attendant je la suis dans sa folie je lui demande en mariage – pour de faux – et j’en viens presque à me dire qu’au final si ces fiançailles étaient vraies je ne serais pas contre. Je sais que demain cette histoire sera derrière nous et qu’on passera du couple nouvellement fiancé au simple jeune couple, amoureux et heureux. C’est déjà bien, moi tant que je ne la perds pas ça me va. Alors j’accepte de jouer au couple fiancé pour elle, parce qu’elle me l’a demandé même si j’ai un peu de mal à comprendre son délire je la suis les yeux fermés. Ça c’est parce que je suis bourré, clairement il n’y a aucun doute là-dessus. Sans que je ne sache comment ni pourquoi, mais je me mets à lui dire que jamais de la vie je ne ferai l’amour en public. Déjà parce que c’est bizarre et aussi parce que je suis peut-être un peu pudique et trop discret pour ça. Je n’aime pas que l’attention soit posée sur moi et que les regards soient tournés dans ma direction. « Ce n'était pas dans mes plans rassure toi. » Bah j’espère bien ! Je lève mon pouce en l’air, simple geste pour répondre à sa phrase. Elle reprend de toute façon la parole. « Pour 2020, tu seras le seul à me voir sans vêtement. » Je ne peux pas m’empêcher de sourire en l’entendant me dire ça. C’est con – sûrement – mais derrière cette phrase je vois bien plus qu’une simple allusion sexuelle. Peut-être parce que je suis trop alcoolisé, ou bien parce que j’ai tendance à toujours tout analyser inutilement. « Bah on a plutôt intérêt à rester ensemble tout le long de cette nouvelle année du coup. » Je préfère utiliser l’humour, et si j’avais été sobre je lui aurais sûrement fait une remarque comme quoi je suis étonné de la voir s’engager dans une promesse pareille parce qu’au fond, ça veut dire que dans un an elle nous voit toujours en couple. Moi ça ne me fait pas peur, je ne doute pas de nous et l’engagement ne me fait pas peur mais je sais que pour elle c’est une tout autre histoire. Notre sujet de conversation ne change pas vraiment, je lui propose un petit moment intime dans les toilettes là, maintenant tout de suite. Et oui, je suis complètement sérieux. « Caleb Anderson vous n'avez pas honte de me tester comme ça ? » J’hausse les épaules d’un air innocent. « Non. » Sérieusement dans les toilettes d’un restaurant ça va, on a déjà bien fait pire et je suis même vraiment très étonné qu’elle n’ait pas déjà accepté ma proposition. Elle n’en a pas envie ? Ou bien elle a changé et elle n’a plus envie de faire l’amour dans des lieux publics ? Si c’est le cas je dois bien avouer que je serais assez déçu. « Si tu es sage, à la fin du repas, je pourrais reconsidérer la question. » Une nouvelle fois, je souris parce que je sais très bien ce que ça veut dire. J’ai gagné, elle cède. Très bien, je peux lui assurer qu’elle ne le regrettera pas. « Tu peux compter sur moi. » Oh oui elle peut compter sur moi parce que je nous imagine déjà tous les deux, dans les toilettes et j’aimerais pouvoir faire plus que nous imaginer. Sauf qu’au final on décide tous les deux de ne pas être si sages que ça puisqu’on commence un jeu d’alcool – qui était mon idée. Oui oui je sais étonnant mais pourtant ! – Et j’ai envie de sauter de joie quand le serveur arrive avec nos plats, j’ai super faim et je n’attends pas très longtemps pour attaquer mon assiette. Un black-out total d’une soirée alcoolisée ça ne m’est jamais arrivé, je n’ai pas encore franchi cette limite. En même temps vous allez me dire que je ne sors pas et ne bois pas beaucoup, à part quelques verres d’un bon vin pour accompagner un plat de temps en temps. « Eh bien arrête de boire si tu veux te rappeler de tout. » Les sourcils froncés je lève les yeux vers elle tout en secouant la tête. « Si j’arrête de boire on doit arrêter le jeu, chérie. » Parce que l’alcool c’est un peu la base de cette activité. Mais au final c’est pas pour autant qu’on arrête de boire et inconsciemment elle me force à boire en lui avouant que ma mère m’a déjà surpris en pleine action – ou presque – avec une fille. Elle se met à rire, beaucoup trop bruyamment à mon goût et je sens le regard des personnes autour de nous se tourner en notre direction. En riant comme ça elle me fait presque passer pour un mec drôle aux yeux de tout le monde, sauf que ce que je viens de lui raconter c’est pas si marrant que ça. « Tu veux dire que la première fois que tu as ramené une fille, ta mère est venue te couper dans ton élan ? Oh mon pauvre chou, je comprends maintenant pourquoi tu n'aimes pas être frustré. » Je râle parce qu’elle se fout de ma gueule, et puis d’abord qui aime être frustré ? Personne, non ? Enfin je crois. Je prends une nouvelle bouchée de mon plat tout en l’écoutant parler. « Je suis désolé Caleb, tu as du être traumatisé, c'est pour ça qu'à l'époque tu m'as jamais emmené dans ta chambre d'ado ? » Je lève les yeux vers elle, elle sourit un peu trop. C’est pas cool de sa part. « Bah attends mets-toi à ma place aussi. C’était super gênant pour nous trois. Et après ça j’ai pas réussi à regarder ma mère pendant au moins deux semaines. » J’étais tellement gêné et je repensais toujours à ce moment où j’ai entendu la porte de ma chambre s’ouvrir, le regard de ma mère, ma panique, ma gêne. Enfin bref. C’était horrible. Et alors que je pensais qu’elle allait elle aussi passer à autre chose, elle en rajoute une couche. « J'arrête de me moquer, et pour me faire pardonner, je te promets un jour de laver l'affront et de te donner d'autres souvenirs mémorables dans cette chambre. » Est-ce qu’elle est en train de me proposer qu’on couche ensemble chez mes parents, dans mon ancienne chambre ? Je grimace légèrement. « Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée. J’ai pas trop envie qu’ils puissent nous entendre. » Oui je suis traumatisé, et alors ? Bon, traumatisé c’est peut-être un grand mot. Ou peut-être pas finalement. Elle me dit qu’elle adore ce jeu, oui et bien moi à l’instant précis, je le déteste. J’ai envie de passer à autre chose très vite, c’est à mon tour, je la vois rougir et elle semble presque gênée et puis…elle boit. « Je dirais que j'ai du en embrasser quatre ou cinq, allez peut-être six ou sept. Dont deux le même soir. » Et là à ce moment précis je me mets à sourire comme un idiot. Alex a déjà embrassé des filles, sérieusement ? Bizarrement cette révélation ne me déplait pas plus que ça. « Six ou sept ? » Je répète. Ça fait quand même beaucoup. « Mais aucune ne t'égale mon chou, pourtant elles étaient douées. » Je la regarde toujours avec ce même sourire aux lèvres. Enfin moi je la regarde mais elle semble complètement éviter mon regard et j’ai même l’impression qu’elle est à deux doigts d’exploser de rire. Je ne comprends pas trop la réaction qu’elle a mais soit. « J’adore ce jeu. » Je dis tout simplement en apportant mon verre d’eau jusqu’à mes lèvres. C’est à son tour et je patiente silencieusement tout en dégustant mon plat. Mais je n’attends pas bien longtemps. « Je n'ai jamais reçu de photos de nude de mon partenaire. » Mais elle le fait exprès ? Je la regarde d’un air blasé. « Mais tu triches encore ! » À croire qu’elle n’a pas envie de réfléchir et d’apprendre des choses sur moi qu’elle pourrait encore ignorer. Mais je joue le jeu – même si elle triche complètement – et je bois un peu. Elle savait que je n’aurais pas d’autre choix que de boire parce que des nudes, elle m’en a jamais envoyé, elle. Aucune explication à lui donner, elle sait déjà tout à ce sujet. Et je décide de faire comme elle et de ne pas aller chercher très loin. « Bah dans ce cas, je n’ai jamais envoyé de nude à mon copain. » J’ai même été chercher encore moins loin qu’elle puisque je me suis contenté de reprendre son idée et de la tourner contre elle. Mais bon c’est tant pis pour elle.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
« Qui a dit que je t’aimais d’abord ? » Moi ? Peut-être, sûrement je ne sais plus trop ce que je dis mais que je lui ai dis ou pas ne change que peu de choses finalement. Parce que je le pense. Je l’aime. Lui et tout ce qui fait de lui cet homme incroyable dont je suis tombée amoureuse il y a presque dix ans. Et dans mon état actuel, je deviens presque une pro des compliments. Une pro des relations humaines, du moins une pro avec lui. Ou alors je m’enflamme ? Mais il redemande des compliments c’est qu’il doit plutôt bien apprécier cette nouveauté chez moi non ? Alors si ça lui plaît et si ça l’excite je suis prête à continuer encore longtemps, à lui donner ce qu’il désire. Et c’est assez simple finalement, il a tellement de qualité, tellement de choses que j’aime chez lui. « Mais juste pour t’exciter encore un peu, je vais te dire ce que j’aime chez toi. Ce qui me rends dingue de toi. » Oui, oui juste pour l'exciter, juste parce que ce soir tout est possible. Ce soir, je suis à son image. J'ai envie d'être à sa hauteur et même si je sais que c'est une pensée utopique, l'idée qu'il puisse à son tour savoir comme les compliments peuvent faire un bien au moral. Il me dit souvent tout le bien qu'il pense de moi, en taisant le mal, alors que je ne suis pas faite comme ça moi. J'essaye vraiment, mais exprimer mes sentiments, mes émotions par des paroles, ça n'a jamais été mon modèle familial. C'est pas le plus expressif non plus, mais pour ce qui est de faire des compliments, il est quand même doué. Il est sentimental, ça fait parti de lui et s'il sait bien garder pour lui ses problèmes, il n'hésite pas à se dévoiler quand il s'agit de me parler de ses sentiments pour moi. Peut-être que c'est à mon tour aussi de me montrer un peu sentimentale. Un peu comme lui, pour le bien de notre couple. Je l'observe, cherchant encore à savoir si je peux être crédible dans cet exercice ou si je dois utiliser une autre méthode, genre l'humour. Et finalement, mes yeux dans les siens, j'arrête de réfléchir et je me lance dans l'inconnu, encore rien que pour lui. « J’aime ton sourire, j’aime ton regard, j’aime ta douceur. J’aime tes cheveux, si tu savais comme depuis le premier soir je suis subjuguée par tes cheveux, et cette barbe nouvelle mais qui te donne un air encore plus sexy. J'aime tellement ça et j’aime aussi cette nouveauté que ça amène dans nos moments à nous. J’aime cette complicité entre nous, j’aime que tu m’acceptes comme je suis, il y a dix ans et aujourd’hui encore. Malgré mes défauts, malgré mes erreurs. J’aime aussi ton corps, même si je te déteste toujours autant de garder la forme aussi facilement sans rien faire. J’aime ta patience avec moi, ton calme et le fait que tu te préoccupes de ce que je ressente bien souvent au détriment de ce que tu ressens. J'aime ça et je déteste aussi parce que tu mérites tellement mieux que quelqu'un dont tu dois t'inquiéter constamment. Mais, moi, j ’aime savoir que tu es jamais loin, j’aime la sérénité que je ressens quand je suis avec toi et crois moi quand je te dis que je me suis jamais sentie aussi bien que dans tes bras. Caleb je pourrais continuer encore comme ça longtemps tu sais mais j’ai peur que tu prennes un peu la grosse tête après. » Et je sais pourtant qu'il n'a aucune chance de prendre la grosse tête, il n'est pas du tout comme ça Caleb, c'est aussi ça qui m'a plu chez lui. Cette authenticité, cette simplicité presque naïve au tout début et son malaise face à moi et à ce que je lui faisais ressentir qu'il n'arrivait pas à cacher. Il n'est pas du genre à mentir, pas du genre à trahir ou à jouer un jeu. Il a ses failles lui aussi, mais je sais qu'il a bien trop peu confiance en lui pour un jour prendre la grosse tête. Et si lui arrive à me faire croire que je vaux quelque chose, je peux bien tenter de lui apporter un peu de confiance moi aussi ? Parce qu'on est ensemble maintenant, on est un couple et même si je sais que je lui ai fais du mal, je lui ai aussi donné un peu d'assurance pour tester de nouvelles choses à l'époque, alors peut-être que je peux le refaire encore ? Et c'est exactement ce que je fais avec cette envie folle d'une demande en mariage fictive. Une folie passagère, une envie délirante, un jeu irréfléchi dans lequel nous nous lançons, sans doute bien aidé par l'alcool dans notre organisme. Et tout ce que nous faisons dès lors semble totalement dicté par cette ambiance si légère entre nous. Par cette inhibition que provoque l'alcool. Comme cette discussion qui l'amène à me confier qu'il ne ferait jamais l'amour en public, du moins pas sans un minimum de discrétion et au milieu d'une salle de restaurant c'est clairement impensable et ça tombe bien puisque je lui confirme aussi que ce n'est pas dans mes plans, ajoutant même qu'il sera le seul cette année à me voir nue. « Bah on a plutôt intérêt à rester ensemble tout le long de cette nouvelle année du coup. » C'est avec sa réponse que je réalise le caractère un peu trop solennel de mes propos, mais très honnêtement à ce moment précis, je me moque bien du message que je lui fais passer ou ce qu'il se cache derrière mes mots. Parce que je le pense sincèrement. Je le veux et quoiqu'il arrive, je ne veux plus être cette fille que j'ai été, plus jamais. « J’ai plutôt intérêt à faire ne sorte de te garder parce que je ne suis pas trop fan de la notion d’abstinence. » Je rie doucement préférant utiliser un peu l'humour plutôt que de réagir avec trop de sérieux. Je ne suis pas sérieuse ce soir, du moins, je ne veux pas l'être parce que tout semble beaucoup trop agréable pour que ça soit gâcher par mes craintes, mes incertitudes ou un autre truc qui me gâche la vie depuis des années. Je suis beaucoup trop bien pour laisser mes pensées sombres s'exprimer ce soir. Alors j'en profite, j'en profite tellement parce qu'il me rappelle celle que j'ai pu être, joyeuse, souriante, gaffeuse, maladroite mais qui aimait rire et qui rougissait de ses bêtises. Il me rappel que je peux encore vivre les choses avec légèreté et j'aime tellement cette sensation. Autant que j'aime ses propositions folles, qui me rappellent elles aussi, notre passé, facile, agréable, et un peu fou. Notre passé de jeune couple à qui tout souriait. Nos moments intimes simples ou fougueux, torrides ou doux, ordinaires ou extra-ordinaires. Et, il sait qu'il va gagner, qu'il va me faire craquer, qu'il a déjà finalement réussi, parce que j'en ai autant envie que lui, je suis juste un tout petit peu plus lucide que lui pour me rendre compte que nous ne pouvons pas juste disparaître tout les deux avant même que le plat ne soit servis. « Tu peux compter sur moi. » Ma jambe glisse le long de sa cuisse sous la table, juste par pur provocation. « Oh, je sais que je peux compter sur toi. » Je le sais, parce que je le connais, parce qu'il me connaît, parce qu'au final si beaucoup de choses ont changé en huit ans, notre alchimie, elle, n'a pas changé et il a vite retrouvé comment me faire frémir. Et alors, que je garde en tête ce moment qu'il vient de me promettre, c'est avec surprise que je le vois me proposer un jeu d'alcool. C'est certainement la première fois qu'il semble aussi enjoué à l'idée de boire autant, et moi ça m'amuse bien trop pour calmer le jeu. Même s'il le faudrait, même si je lui fais la remarque, mais je ne veux pas arrêter le jeu. Alors tant pis s'il ne se souvient plus de rien au réveil, je tâcherais de tenter de garder le plus de souvenirs pour nous deux. Et j'ai bien fais de ne pas arrêter le jeu, parce que je serai passer à côté de cette révélation qui vaut franchement le détour. Lui, une fille et sa mère qui débarque dans sa chambre. Et je sais que la prochaine fois que je croiserai madame Anderson, je ne pourrais pas m'empêcher d'imaginer sa tête ce jour là. Mais en attendant, c'est moi qui rigole du gros malaise de Caleb. Je rigole beaucoup trop, mais c'est légitime non ? « Bah attends mets-toi à ma place aussi. C’était super gênant pour nous trois. Et après ça j’ai pas réussi à regarder ma mère pendant au moins deux semaines. » Deux semaines ? Ça va encore je trouve. Il aurait pu prendre son sac et s'enfuir pour ne plus jamais avoir à assumer le regard de sa mère. Ça n'aurait pas été choquant. Et non je me mettrais pas à sa place, je lui laisse son moment de gloire honteuse et qu'il ne compte pas sur moi pour me retrouver un jour dans une situation pareille, même si en y repensant par le passé, lui et moi, avons eu quelques petits moments ou ça n'est pas passé si loin, mais pas avec ses parents. Et si je ne compte pas me faire surprendre en pleine action incessamment sous peu, voir même jamais, je lui propose en revanche de l'aider à effacer ce souvenir en le remplaçant par d'autres dans sa chambre d'ado. « Oh petit joueur, et tu sais que l'on peut être discret. » Après tout, il vient de me convaincre de se laisser tenter par les toilettes de ce restaurant non ? Alors oui, on peut être discret. Mais je n'en rajoute pas plus, et finalement qu'il n'accepte pas apporte un peu de positif, ça veut dire qu'il n'a pas l'intention de m'emmener plus d'une journée chez ses parents et pour le moment, c'est bien assez. Le jeu continu et ce qui semblait être un jeu marrant pour moi, devient gênant, un peu. Beaucoup. Trop. Et alors que je suis gênée en constatant rapidement le nombre de femmes que j'ai déjà embrassé, lui semble sourire. Oui, il sourit. « Six ou sept ? » J'acquiesce sans lui préciser le chiffre exact, parce que je crois que je ne pourrais même pas être certaine de ce chiffre, pas à 100%, la faute aux soirées dont mes souvenirs ne sont plus tout clairs. Je me sens vraiment gênée et lui il sourit encore comme si ça lui faisait plaisir d'apprendre ça. « J’adore ce jeu.» Il vient d'apprendre que j'avais embrassé des filles et il adore ce jeu. Il est bizarre ou alors c'est moi ? Ne cherchant pas à m'attarder sur le sujet, n'ayant pas réellement envie qu'il creuse ce détail de ma vie, je lui pose une question. Facile et pour le coup, il a raison je triche peut être un peu. Je lève les épaules, un signe qui lui montre que j'accepte de tricher, mais que je m'en fous, qu'il doit boire quand même. Et il le fait. Beau joueur. « Bah dans ce cas, je n’ai jamais envoyé de nude à mon copain. » Quoique je retire le beau joueur. « Eh mais tu triches aussi. » Juste pour me moquer de lui, je reprends ses mots. Et je bois à mon tour. Il n'y a pas besoin de raison pour boire ce champagne de toute façon, alors il peut bien me faire boire à chaque question, ça ne me dérangerait pas. Je pose mon verre et je prends une fourchette dans son assiette, me donnant quelques secondes pour trouver une idée de question à lui poser, qui ne lui fera pas dire que je triche. « Je n’ai jamais eu un plan cul régulier avec la même personne. » Est-ce que la question est réellement adaptée à la situation ? Il n’arrête pas de dire que je triche alors je dois innover et au fond de moi cette question m’interpelle finalement. Parce qu’on a tout les deux, à des degrés différents et à des moments différents, user de cette technique pour des raisons qui nous sont propres. Les plans culs, loin d’être une fierté dans ma vie et pourtant c’est moi qui évoque le sujet. Parce que je ne sais pas grand chose de cette partie de sa vie, et pas que j'ai vraiment envie de tout savoir, mais ce jeu semble parfait pour en apprendre un peu davantage sur un élément qui ne lui ressemble pas du tout. Et puis, vu mon état actuel, c'est clairement le moment, parce que rien semble pouvoir réussir à venir ébranler ma bonne humeur, rien du tout. Même pas la pensée de le savoir avec d'autres filles, enfin je crois.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
« Qui a dit que je t’aimais d’abord ? » Ouch. Ça, ça fait mal. C’est elle qui me l’a dit, non ? Plusieurs fois même. S’il y a bien une chose qui ne me fait pas douter c’est bien la nature de ses sentiments pour moi, elle m’aime je le sais. Mais au fond je ne sais pas pourquoi. Enfin je ne sais pas vraiment. Peut-être que c’est un peu bête mais j’aimerais comprendre pourquoi c’est de moi qu’elle est tombée amoureuse parce qu’elle me l’a déjà dit, elle a connu beaucoup d’hommes durant ces années pendant lesquelles nous étions séparés. Alors pourquoi moi ? Qu’est-ce qui fait que je sorte du lot ? Parce qu’en plus, je suis persuadé que la plupart des hommes avec qui elle a pu coucher étaient bien mieux gaulés que moi. Donc je lui demande. Elle commence par me dire qu’elle aime mon sourire et ce qui est assez drôle c’est que le premier truc dont elle me parle c’est également l’une des choses que j’aime le moins chez moi. J’ai toujours détesté mon sourire parce que je n’aime pas du tout mes dents. Oui je sais je suis peut-être un peu bizarre et je fais peut-être des fixations étranges sur des petits points sans intérêt. Elle parle ensuite de mes cheveux et à ce moment précis je ne peux pas m’empêcher de rire doucement. Oui ça je le sais, mes cheveux elle les aime elle m’en parle tout le temps alors j’ai fini par le comprendre. Une de mes mains vient instinctivement se poser sur ma barbe quand elle parle de celle-ci et je la laisse continuer incapable de la quitter du regard. Elle ne s’arrête pas à ça, elle continue, elle me fait un monologue rempli de compliments et je suis gêné par tout ce qu’elle me dit mais aussi un peu touché parce que tout ce qu’elle m'a dit, c’est beau et je crois qu’au fond j’avais besoin de l’entendre. Elle me parle de mon corps et je me demande comment est-ce qu’elle peut l’aimer parce qu’il n’a vraiment, mais alors vraiment rien de particulier. Mais apparemment, elle aime vraiment mon corps. C’est une information que je garde dans un coin de ma tête même si je ne la comprends pas vraiment. Et quand elle finit, je ne dis rien, je ne sais pas quoi lui dire en fait. Mais je la regarde toujours sans qu’un mot ne sorte de ma bouche. Au lieu de ça je me penche au-dessus de la table pour l’embrasser tendrement une main remontant vers sa joue pour se glisser juste après sur sa nuque et je finis par me détacher d’elle, me remettant bien dans le fond de mon siège. « J’en demandais pas tant. » Je lui assure, en faisant référence aux bien trop nombreux compliments qu’elle vient de me faire et puis je passe une main dans mes cheveux – souvent un signe montrant de malaise chez moi. – Heureusement pour moi la partie compliments est terminée et sans que je puisse vous expliquer pourquoi on parle de coucher ensemble devant un public et puis elle me dit que pour cette nouvelle année je serai le seul à pouvoir la voir nue. Confession que j’apprécie beaucoup même si après réflexion elle est quand même assez étrange. « J’ai plutôt intérêt à faire ne sorte de te garder parce que je ne suis pas trop fan de la notion d’abstinence. » Je ris en entendant sa réponse. Alex a le don pour réussir à me faire rire avec une telle facilité. Et pas seulement ce soir parce que je suis complètement bourré, mais dans la vie de tous les jours aussi sans avoir bu une goutte d’alcool. « Je suis pas non plus un amateur d’abstinence. » Pourtant l’abstinence je l’ai pratiquée pendant un peu trop longtemps, si elle savait. Mais parfois on n’a pas vraiment le choix, enfin même si dans mon cas si, j’avais le choix mais c’est bien plus compliqué que ça. Par la suite je lui fais une proposition qu’elle ne semble pas tout de suite prendre au sérieux. Ça me rappel notre passé tous les deux, on se s’ennuyait jamais, on écoutait toujours notre instinct, nos désirs, nos envies ce qui nous a quelque fois poussé à quelques petites folies. Et j’ai envie de nous prouver que là-dessus on n’a pas vraiment changé, et pour la rassurer je peux lui promettre un moment bien plus romantique que celui que l’on va passer dans les toilettes de ce restaurant. « Oh, je sais que je peux compter sur toi. » Je ne la quitte pas des yeux quand je sens son pied remonter le long de ma cuisse, je souris doucement. C’est exactement à ce moment-là que je peux l’affirmer : j’ai gagné et à la fin du repas on se retrouvera dans les toilettes. C’est con, mais ça me fait penser à notre ancien « nous » alors ça me fait sourire comme un con. Mais je souris beaucoup moins juste après quand je lui raconte la fois où ma mère m’a surpris avec une fille dans ma chambre. C’est le moment le plus gênant de ma vie et je donnerai tout pour pouvoir l’oublier. C’était horrible et quelques jours après quand j’ai été chez cette fille pour que l’on puisse – enfin – finir ce qu’on avait commencé je peux vous assurer qu’on était tous les deux à l’affût du moindre bruit qu’on pouvait entendre chez elle. Mais ça c’est un détail que je ne lui donne pas ça la fera beaucoup trop rire. Déjà que de base, la première fois n’est jamais incroyable mais pour moi je pense que c’était encore pire. « Oh petit joueur, et tu sais que l'on peut être discret. » Oui je le sais, elle a raison. Peut-être. Je ne sais pas. « Je suis pas un petit joueur, déjà. » Je me sens obligé de le préciser. C’est quand même moi qui a dû insister pour qu’elle accepte mon invitation aux toilettes tout à l’heure. « Et tu sais quoi ? Pour te le prouver on fait ça quand tu veux. » Je risque de regretter ces paroles presque immédiatement. Je viens de lui dire que j’acceptais de coucher avec elle dans mon ancienne chambre, chez mes parents, avec une chance sur deux pour qu’ils puissent nous entendre. Y’a plutôt intérêt à ce que ça soit vraiment génial pour que ça vaille réellement le coup. Ce qui vaut le coup en tout cas c’est ce jeu parce que j’apprends des choses intéressantes sur Alex. Elle a apparemment déjà embrassé plusieurs femmes ce qui, bien évidemment, me fait sourire tout en ayant des images assez plaisantes en tête. Mais je ne la trouve pas très bonne joueuse parce qu’elle fait exprès de me faire boire sans même essayer d’en apprendre un peu plus sur moi. Elle se base que sur des faits dont elle a connaissance et c’est vraiment dommage, mais pour mon tour je fais la même chose qu’elle et elle me dit que je triche. Je me ressers un verre d’eau et j’en bois quelques gorgées avant de jeter un coup d’œil à son verre encore plein. « Bois un peu d’eau. » Je ne lui demande pas de le faire mais c’est presque un ordre. Il faut qu’elle s’hydrate un peu avec autre chose que de l’alcool c’est important. « Je n’ai jamais eu un plan cul régulier avec la même personne. » Un plan cul régulier avec la même personne ? Je me pince les lèvres en fronçant les sourcils et attrape mon verre de champagne pour le finir. J’ai souvent tendance à oublier comment mon amitié avec Lizzie a démarrée. Un coup d’un soir, et puis une deuxième fois jusqu’à ce que ça se transforme en une amitié améliorée, et puis en une simple amitié sans sexe. Et maintenant à l’heure d’aujourd’hui l’idée de recoucher un jour avec elle me semble complètement improbable. C’était il y a longtemps et maintenant je la considère simplement comme une amie qui a su m’écouter, être là pour moi et me conseiller quand j’en ai eu besoin. Je mange un peu, pas franchement sûr qu’elle ait envie que je ne m’étale dans des explications à ce sujet-là. Si elle a des questions, elle peut, mais je préfère ne rien ajouter de plus. « Je n’ai jamais rêvé/fantasmé sur le ou la partenaire d’une amie. » Bien sûr que j’ai déjà trouvé que la copine d’un ami était plutôt jolie mais ça s’est toujours arrêté là. Et je suis de bonne foi, je ne triche pas non plus cette fois parce que je ne sais absolument pas si elle va boire, ou pas.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
C'est fou comme la présence d'une seule personne peut changer autant de chose en moi. C'est à la fois assez incroyable et aussi un peu flippant de voir à quel point sa seule présence peut me changer et m'apaiser autant. L'alcool aide aussi, faut pas se mentir, mais Caleb a été un peu mon phare, mon point d'ancrage et le jour ou je l'ai sorti de ma vie, j'ai perdu tellement de chose. Et je me suis perdue aussi. Il est différent de moi, tellement différent mais j'aime penser que nos tempéraments s'équilibrent quand nous sommes ensembles. J'aime croire que je peux être un peu plus comme lui, parce qu'il me montre l'exemple à suivre, parce qu'il est là face à moi et que j'ai envie de lui plaire, et j'ai aussi envie qu'il soit fier. J'aimerai pouvoir vivre dans cet état d'esprit pour le restant de mes jours. Pouvoir me sentir libre de l'aimer, pouvoir me sentir légitime d'être à ses côtés. Ne pas avoir à me justifier, plus jamais. Ne plus me sentir coupable pour mon passé. J'aimerai juste être cette fille capable de le regarder dans les yeux et devenir dégoulinante de romantisme en lui déclarant sa flamme à coup de compliments à la chaîne. Je ne suis pas vraiment cette fille, mais j'aimerai croire que je peux l'être, parce que je vois que ça lui plaît. Ça le gêne aussi mais j'aime le voir gêner, j'aime son petit air quand il est un peu mal à l'aise et surtout j'aime son baiser quand je finis enfin par me taire. Parce qu'il me donne de l'amour comme personne ne m'en a jamais donné. Il me prouve à chaque instant que je compte pour lui, et j'en ai besoin, tellement. Peut-être un peu trop et c'est aussi ce qui me fait peur par moment. Mais pas aujourd'hui, parce que je n'ai pas peur de l'aimer et de son amour. Je n'ai pas peur de nous, puisque je sais que ça ne peut m'apporter que du bien, puisque je me sens vraiment heureuse, alors je n'ai pas à avoir peur. Je suis heureuse, oui je peux le dire et c'est rare. Je suis heureuse, amoureuse et libre. Bourrée aussi, mais c'est un léger détail. Un détail qui nous conduit quand même à faire des choses folles et à avoir des discussions qui pourraient sans doute perturber des oreilles indiscrètes. Mais c'est entre nous deux, alcoolisés ou non, ça fait partie de notre passé, et de notre présent et sans aucune doute de notre futur. Parce que comme il le dit, il n'est pas un amateur d'abstinence et j'ai sans aucun mal avouer n'être pas trop fan de cette notion là, alors quand nous sommes ensembles, c'est peine perdu pour nous de prétendre pouvoir prétendre que nous ne succombons pas à nos envies. Et en même temps, rien ne nous en empêche de succomber alors pourquoi se retenir ? Nous sommes jeunes, fous et fougueusement amoureux l'un de l'autre, alors nous en profitons, comme nous le faisions déjà à vingt ans. Et c'est sans grande surprise qu'au final, j'accepte, sans réellement le lui dire, sa proposition tellement peu romantique mais tellement tentante pourtant. Et je me sens légèrement excitée alors que c'est pourtant moi qui le provoque avec mon pied. Je suis faible face à lui, et lui est faible face à moi, alors pour ça, on est à égalité.
Et en attendant ce moment ou nous pourrons nous retrouver, à la fin du repas, il lance un jeu. Un jeu d'alcool qui nous permet d'en apprendre encore davantage l'un sur l'autre. Que ce soit lui qui ait proposé l'idée, c'est déjà fou mais qu'il joue le jeu à fond, en se dégonflant pas même face aux questions intimes, c'est encore plus fou. Cette soirée est définitivement incroyable. Lui qui boit, qui propose des jeux d'alcools, moi qui lui fait des déclarations d'amour et qui insiste pour des fausses fiançailles. Tout est trop fou, mais tout est trop bon. « Et tu sais quoi ? Pour te le prouver on fait ça quand tu veux. » Je confirme. Cette soirée est folle mais il en sort des choses intéressantes ! « Interdit de faire semblant d’avoir oublié demain. Ta chambre d’ado sera le théâtre d’un moment incroyable et sans ta mère tu as ma parole. » J'en profite pour me moquer de lui une dernière fois sur le sujet, enfin une dernière fois, pour aujourd'hui. J'espère tellement ne pas oublier ça, jamais. Et, même si tout ça m'oblige à passer un week-end chez les Anderson, j'aurais de quoi m'occuper l'esprit si la journée est vraiment trop longue. Je souris bêtement, en me disant qu'on est quand même en train de programmer nos prochains moments intimes, irrécupérables nous sommes ! Et la suite est un peu moins drôle pour moi, et le devient pour lui. Quand il me questionne sur les femmes que j'ai déjà embrassé. Petit moment de malaise mais je m'en sors pas trop mal et j'évite d'avoir à donner des explications. Le jeu continue entre nous, et il m'ordonne de boire de l'eau. Oui, oui, c'est bien un ordre qu'il me donne. « Oui, chef. » Je bois une gorgée d’eau, pour le satisfaire et une autre pour montrer ma bonne foi. Mais pas plus parce que j’ai déjà bu beaucoup et que je n’ai pas vraiment soif. Et même si l’eau n’est pas réellement là pour calmer la soif mais plutôt pour tenter de minimiser les effets de l’alcool, je préfère clairement me contenter de mon verre de champagne. Et entre quelques bouchées de ce repas, nous découvrons certaines choses l'un sur l'autre, grisée par le jeu et l'alcool, je m’ose à une question que je n’aurais sans doute jamais posée en étant sobre. Parce que les plans culs c’est pas mon sujet favori. Ni mes plans culs, ni les siens. Encore moins les siens, finalement. Mais pourtant, par curiosité ou par jalousie, ou un peu des deux, j’ai envie de savoir. Mais je ne devrais peut être pas. Je me mords la lèvre au moment où je le vois boire à ma phrase. Alors comme ça, il a eu le même plan cul plusieurs fois. Je sais pas si c’est plutôt positif, ou totalement négatif ? Est-ce que je suis jalouse à cet instant précis ? Totalement. Parce que s’il a été voir plusieurs fois la même personne c’est qu’il devait se sentir bien avec elle. Oui je suis jalouse, tellement jalouse. Mais je reste cool, souriante parce que c’est moi qui suis avec lui dans ce restaurant. Moi et personne d’autre. C’est avec moi qu’il vient de se fiancer pour de faux, avec moi qu’il est en vacances, et avec moi qu’il joue à ce jeu totalement improbable quand on le connaît un peu. C'est avec moi qu'il fait tout ça et je ne doute pas de ses sentiments pour moi, je ne doute pas de lui. Mais pourtant, pour la première fois depuis que l'on a débarqué ici, je ressens un sentiment négatif, la jalousie. Je suis jalouse et j'essaye de le cacher vraiment, et je dois y arriver puisqu'il relance le jeu, ne me laissant pas plus de temps pour questionner ce que je viens de découvrir. Je me concentre sur sa question, essayant d'évacuer l'idée de le voir coucher avec une même femme. « Rêvé, fantasmé ? » Je répète me laissant le temps de réfléchir, en essayant de me concentrer sur cette question et rien d'autre. Est-ce que je peux dire fantasmé ? « Je ne dirais pas fantasmé ou rêvé non. Mais trouvé attirant oui. Et comme je suis bonne joueuse je vais boire. » Peut-être que dans des circonstances différentes, j’aurais pu fantasmer sur l’un des mecs d’une amie, même sur le mec de deux amies finalement. Mais sinon non, et j’ai beau réfléchir, j’ai pas eu non plus beaucoup d’amies en couple avec un homme sur lequel j’aurais pu fantasmer. Faut dire que durant toute ma période londonienne je n’ai fréquenté que des gens comme moi, pas du genre relations, pas du genre à se présenter ses mecs. Et c’est difficile de fantasmer sur des plans culs surtout quand ils sont l’exact opposé de ce que normalement j’apprécie. Ils m’ont aidé à oublier un peu Caleb, un peu ma vie d’avant. Un différent à chaque fois, un totalement différent de Caleb, un que je ne revoyais jamais après. Et que celui qui s’aventurait à tenter le coup du petit déjeuner, se retrouvais avec le contenu entier du plateau balancé en vrac et un lit vide avant même qu’il ait finit de poser la question 'pourquoi'. Et alors que je pense à ma période Londonienne, je repense à ce qu’il a avoué en buvant sans avoir à répondre à une seule question. Et je constate que malgré l’alcool, malgré le fait que je sois parfaitement bien avec lui, je ne peux m’empêcher de ressentir encore cette jalousie. Je suis jalouse et j’ai besoin d’en savoir plus. Parce que c’est quelque chose que je ne comprends pas. Déjà Caleb couchant avec des filles différentes c’était un concept étrange vraiment. Mais ça ne comptait pas. Comme moi avec ces mecs. Mais Caleb couchant avec la même fille sans développer des sentiments, j’ai beaucoup trop de mal à y croire. Et je crois que si je ne pose pas la question, je vais encore y penser longtemps. Du moins jusqu’à ce que je sois plus du tout en état de penser, mais pour le moment j’y pense. Et on joue à un jeu auquel il doit répondre, c’est quand même le moment idéal non ? « Je n’ai plus de contact avec mes plans culs. » Je change un peu le jeu mais je m’en fous, j’utilise le jeu dans mon intérêt et les vraies règles il ne les connaissait même pas avant que je lui rappel. Mais je vais sur un terrain glissant et du jeu on peut vite tomber sur un interrogatoire. Il faut juste qu’il me rassure, parce que j’ai besoin de savoir qu’il ne risque pas de recoucher avec son plan cul, jamais. Ni avec elle, ni avec aucune autre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai ça en tête, mais j'ai besoin de l'entendre, de savoir qu'il a tourné la page et qu'il n'y a plus que moi. Et je pense qu’il peut le comprendre, quoique vu son état pas sûr qu’il soit en mesure de comprendre quoique ce soit. Mais s’il venait à apprendre que je côtoie un ancien plan cul, je suis pas sûr qu’il serait très à l’aise. 'Alors rassures moi Caleb.' C’est tout ce que je veux. Parce que tout est si parfait que je ne veux surtout pas gâché ce moment.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Parce qu’on ne change pas les bonnes vieilles habitudes, on est bien tous les deux on a toujours été comme ça. On se cherche, on se provoque et me rendre compte que malgré ces huit années qui nous ont séparées, nous sommes toujours les mêmes, c’est vraiment plaisant. Je la regarde toujours avec ce regard rempli d’amour et sûrement aussi un peu d’admiration. J’ai toujours ce petit sourire au coin des lèvres quand je suis avec elle et je me perds toujours dans ses yeux à chaque fois que je plonge mon regard dans le sien. Elle a constamment cette facilité à me faire rire et à me faire perdre pied. Je suis faible face à elle mais en même temps elle me rend tellement fort. Quelque fois j’en viens même à me demander si je la mérite, si je mérite d’avoir retrouvé un amour comme ça. Et pourtant elle est bien là devant moi, ce soir je peux l’appeler ma fiancée. Ou plutôt ma fausse fiancée même si je réalise peu à peu que ça n’aurait pas été une catastrophe si cette demande avait été réelle. Parce que mon amour pour elle est sincère, il est beau et il est fort. Je l’aime malgré tout, je l’aime malgré ses défauts ses erreurs et j’arrive de nouveau à imaginer un avenir. Avec elle. Grâce à elle. Ça ne fait que deux mois que l’on s’est réellement remis ensemble et c’est la raison pour laquelle je me tais et je ne lui dis rien. Je préfère qu’elle ne sache pas tout ça parce que je sais très bien que cette déclaration sera beaucoup trop effrayante pour elle. Alors je garde tout ça pour moi et j’attends pour le lui dire. Autrement que sous la forme d’une fausse demande en mariage, parce que tout ce que je lui ai dit était vrai. Pas un mensonge pour cette mise en scène. Pas un seul. Je n’ai fait que lui dire ce que je ressens, j’ai laissé mon cœur parler. On ne reste pas longtemps dans cette ambiance touchante et romantique puisque je suis obligé de lui raconter la fois où ma mère m’a surpris avec une fille. Alex n’avait jamais entendu cette histoire, en même temps je peux vous assurer que très peu de personne en ont déjà entendu parler. Et elle en rit. En même temps, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Moi aussi à sa place je ne me gênerais pas. « Interdit de faire semblant d’avoir oublié demain. Ta chambre d’ado sera le théâtre d’un moment incroyable et sans ta mère tu as ma parole. » Sans ma mère ? Est-ce qu’elle vient vraiment de faire comme une métaphore sexuelle tout en incluant ma mère dans sa phrase ? Je grimace. « Par contre, arrête de me parler de ma mère quand tu me dis ce genre de chose. » Parce que du coup comme ça, c’est moyennement excitant. Voire même pas du tout. Mais en tout cas j’espère que c’est elle qui aura oublié ça demain. Ou bien qu’on ait tous les deux oubliés aussi tant qu’à faire. Mais le jeu continue et elle affirme de jamais avoir couché plusieurs fois avec un de ses plans cul. Je n’aime pas du tout cette expression « un plan cul » je trouve ça dégradant limite irrespectueux pour la personne. On la réduit au sexe en disant ça, et je n’aime pas ça. Après le départ d’Alex j’ai peut-être eu une petite période pendant laquelle je me suis un peu perdu en couchant avec des filles sans les revoir après, mais je me suis toujours montré respectueux envers chacune de ces femmes. Je suis honnête et je bois finissant même mon verre de champagne. Je m’en sers un nouveau sans m’étaler sur des explications inutiles. Lizzie est bien la seule de ses filles que j’ai revu plusieurs fois après et ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai pas la moindre idée. Mais elle est très vite devenue plus qu’une simple fille avec qui j’ai couché, on s’entendait bien, le feeling passait bien aussi. Je passe à autre chose en lui demandant si elle a déjà fantasmé sur le compagnon d’une de ses amies. « Rêvé, fantasmé ? » J’acquiesce tout en continuant de manger et en buvant quelques gorgées d’eau de temps en temps. Je meurs de chaud et je ne sais pas si c’est à cause de l’alcool ou si c’est dû à la température extérieure. « Je ne dirais pas fantasmé ou rêvé non. Mais trouvé attirant oui. Et comme je suis bonne joueuse je vais boire. » Mouais. Normalement elle ne devrait pas boire parce que trouver quelqu’un attirant ce n’est clairement pas la même chose que fantasmer sur lui mais bon, soit. Je ne lui pose pas plus de questions parce qu’honnêtement je ne suis pas sûr de vouloir savoir qui est cet homme qu’elle a déjà pu trouver attirant. Je continue à manger tranquillement puisque c’est maintenant à son tour. « Je n’ai plus de contact avec mes plans culs. » Oh merde. Je suis sûr que c’est ce qu’elle peut voir sur ma tête en ce moment-même. Si je lui dis que je vois encore régulièrement Lizzie j’ai peur qu’elle me fasse une crise de jalousie voire même qu’elle me demande de ne plus la voir. Donc est-ce que je devrais lui mentir ? Ne pas boire pour lui faire croire que je n’ai plus aucun contact avec elle ? Non, tout finit toujours par se savoir et je n’ai pas envie de lui mentir. Pas du tout. Je reste immobile une dizaine de secondes sans trop savoir quoi faire. Je lui dis la vérité ? Je lui mens ? Ma décision est prise, je prends une grande inspiration et attrape mon verre pour boire une gorgée. « C’est juste une amie. » Je commence par lui dire, pour la rassurer. « Ça fait des années qu’il ne se passe plus rien entre nous et c’est pas prêt de changer. » Je ne sais pas ce qu’il faut que je dise ou que je fasse là, maintenant tout de suite et je ne suis même pas sûr d’avoir pris la bonne décision en lui disant la vérité. Enfin si parce qu’on sait tous que mentir n’est jamais la bonne solution. « C’est la seule avec qui j’ai gardé contact, parce que je sais pas…on parlait, on s’entendait bien. Elle m’a beaucoup aidée et elle était présente quand j’en avais besoin. » Elle m’a aidée à oublier Alex, même si au fond ça n’a pas vraiment marché puisque je n’ai réussi à la sortir de mon esprit que quand j’ai rencontré LV. « Et non, j’ai pas envie de recoucher avec elle. » Je suis presque sûr qu’elle se pose la question alors j’y réponds. « Et elle non plus elle n’en a pas envie, on est plus du tout dans cet état d’esprit-là. » Depuis deux ans que je suis de nouveau célibataire il ne s’est rien passé entre Lizzie et moi alors je ne vois pas pourquoi les choses déraperaient maintenant que je suis de nouveau en couple. « Fais-moi confiance s’il te plaît. » J’espère sincèrement qu’elle me fait confiance sur ce coup-là. Alex, c’est de loin la seule avec qui j’ai envie de partager ce genre de moment maintenant et pour rien au monde je n’irais voir ailleurs. Jamais je n’ai trompé une de mes copines, ni même pensé à le faire alors je ne vais clairement pas commencer aujourd’hui ça serait complètement ridicule de ma part. Je ne sais pas ce que je peux dire de plus pour la rassurer ou pour éviter la crise de jalousie alors je décide de me taire avant de dire quelque chose qui pourra ne pas lui plaire. Je ne relance pas le jeu parce que je ne sais vraiment pas comment elle va réagir alors je me contente de recommencer à manger dans le silence, priant intérieurement de ne pas avoir fait une gaffe ou de ne pas avoir gâché cette soirée incroyable qui est en train de se dérouler. Je m’en voudrais beaucoup trop. Je bois, mais pas de l’alcool, simplement un peu d'eau. Je meurs toujours de chaud et je pense que c’est certainement parce que j’ai vraiment, vraiment trop bu. Je n’ai pas ingurgité autant d’alcool en une journée depuis beaucoup trop longtemps. « Tu m’en veux ? » Je lui demande en levant les yeux vers elle-même si en soit, elle n’a pas le droit de m’en vouloir, on était plus ensemble à ce moment-là et c’est même précisément la raison pour laquelle j’ai rencontré Lizzie. Sans son départ nos chemins ne se seraient sûrement jamais croisés. « Tu sais qu’en 2020 t’es la seule que j’ai envie de voir sans vêtements. » Je lui dis, un petit sourire en coin reprenant volontairement ses mots de tout à l’heure. Elle me disait que je serai le seul à la voir sans vêtements, et bien moi je lui dis qu’elle est la seule dont j’ai envie de voir le corps. Que ce soit en 2020 ou même pour les prochaines années de ma vie d’ailleurs.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
Nous nous sommes fiancés, pour de faux. Nous partageons un repas de qualité, que je ne suis même pas réellement en mesure d'apprécier puisque mon esprit est bien plus intéressé par les discussions que nous avons – et les projets à venir dans un futur plus ou moins proches – que par le plat en lui même. Le chef aurait honte de voir que je ne fais pas honneur à son plat, enfin je le mange c'est déjà pas mal non ? Par contre, le champagne -offert- j'y fais honneur, buvant même quand je n'y suis pas réellement obligée. Et alors que le jeu nous amène peu à peu à nous dévoiler sur des aspects pas forcément très glorieux, je le questionne sur ses « plans culs ». Ou du moins sur cette -ces- fille avec laquelle il a entretenu une espèce de relation régulière. Sur cette fille qui a été la partenaire sexuelle régulière de Caleb. Je ne sais même pas pourquoi j'en fais toute une histoire, finalement apprendre qu'il a couché plusieurs fois avec la même femme, réduis le nombre des femmes qu'il a pu se taper. Je devrais être soulagée, plutôt qu'en colère non ? Mais d'ailleurs je ne suis pas en colère, ou du moins je n'ai pas le droit de l'être. Parce qu'il ne m'a jamais reproché mon comportement, alors je ne peux pas de mon côté être hypocrite et lui reprocher ça non ? Mais alors, pourquoi je me sens mal à l'aise avec cette information ? Pourquoi j'ai ce besoin de le questionner, pourquoi cette jalousie ? Mais il ne pouvait pas juste se taper des inconnues et qu'elle le reste par la suite ? Je me sens horrible de penser ça, et si la plupart des mecs que je me suis tapée, je suis incapable de me souvenir de leurs visages, Caleb n'est pas ce genre de personnes. Et je devrais être heureuse de voir que même quand il déroge un peu à ses principes, il reste une bonne personne lui au moins. Ou pas, enfaîte j'en sais rien. La seule chose que je sais, c'est qu'il a eu une partenaire régulière, au moins une, et que je n'aime pas cette pensée. Alors quand c'est de nouveau à moi de jouer, je le questionne. Directe sans même prendre la peine de respecter totalement le format du jeu. Mais, je veux savoir si cette fille -ces filles- est encore dans sa vie, je veux savoir si elle est une menace. Et je me sens menacer par un plan cul, n'est-ce pas minable ? Et au moment ou je lui pose la question, je vois à son visage qu'il a comprit. Qu'il sait que je n'aime pas cette information. Il réfléchit, et j'aime pas ça non plus. J'aime pas du tout. Parce qu'on ne réfléchissait plus ces dernières heures, on vivait et on profitait. Et là, il réfléchit face à moi, parce que je suis incapable de faire taire mes doutes et cette putain de jalousie. Je le vois attraper son verre et boire. Je tente de cacher mes émotions, mais je sais que c'est peine perdue. Je n'aime pas ça. Pas du tout. Caleb qui a encore des contacts avec ses plans culs, désolé mais je pense avoir le droit de ne pas apprécier cette information non ? Surtout que je ne sais rien de tout ça, et que je commence à l’imaginer faire appel à elle quand il est en manque d'affection. Je n'ose même pas le questionner, réalisant juste qu'il a pu se retrouver seule avec une fille avec laquelle il a déjà couché plusieurs fois depuis qu'on s'est remit ensemble officiellement ? « C’est juste une amie. » C'est ce qu'il dise tous non ? Et voilà que je commence à mettre Caleb au même niveau que tous ces autres hommes. Je divague, parce qu'il est pas comme eux, il est pas comme ça. Il sait être ami, et un super en plus. Mais là il couche avec son amie, ou couchait c'est du pareil au même non ? « Ça fait des années qu’il ne se passe plus rien entre nous et c’est pas prêt de changer. » Des années ? J'ai envie de le croire. J'ai vraiment envie de me fier à lui, mais je suis pas encore prête à lâcher encore, j'ai besoin d'en savoir plus pour savoir si je dois me méfier d'elle ou non. Parce qu'au fond ce n'est pas de lui sur lequel j'ai des doutes, mais bien elle et cette relation que je ne comprends pas. « C’est la seule avec qui j’ai gardé contact, parce que je sais pas…on parlait, on s’entendait bien. Elle m’a beaucoup aidée et elle était présente quand j’en avais besoin. » Donc ils baisaient et ils parlaient. Il a besoin que quelqu'un lui donne la définition de coups d'un soir, du moins ma définition. Et dedans, parler n'était pas une option, d'ailleurs pour moi le but c'était surtout de trouver celui qui parlerai le moins et qui partirai le plus vite. Mais pas Caleb. Même dans ce genre de truc, il arrive à rester propre et à se faire des amies. Mais, qui me dit qu'il ne courra pas vers cette fille avec qui il s’entend bien et qui l'a déjà aidé par le passé, s'il venait à avoir un soucis ? Qu'est-ce qui me dit que leurs habitudes du passé, ne pourraient pas revenir dans notre présent ? Et est-ce qu'il désire cette fille ? Alors qu'il me parle de cette ancienne conquête, est-ce qu'il pense à elle actuellement ? Est-ce qu'il lui arrive de penser à son corps nue quand il l'a voit ? Je prends mon verre que je termine d'une traite, je dois faire taire mes pensées. Parce que je veux pas tout gâcher, je ne veux pas que notre passé, qui est aussi un peu son présent finalement, ne vienne gâcher notre soirée. « Et non, j’ai pas envie de recoucher avec elle. » Je n'ai rien dis, je n'en ai pas eu besoin, il a comprit ma crainte. Il réponds à mes doutes avant même que je n'ai pu les exprimer, parce qu'il me connaît, et malgré le fait qu'il me connaisse, il est encore avec moi alors soit il aime se faire du mal, soit il m'aime vraiment. Je suis conne. Je le sais, mais apprendre que mon mec passe du temps seul avec une ancienne conquête avec laquelle il a couché plusieurs fois, au point de développer une relation amicale qui a résisté au temps, j'ai envie de me dire que pour une fois mes doutes sont légitimes ? Que j'ai le droit de ne pas aimer ? « Fais-moi confiance s’il te plaît. » Et le pire dans tout ça, c'est qu'au fond j'ai confiance en lui, c'est totalement bête de me montrer aussi méfiante alors que j'ai confiance en lui. Mais j'ai été -je suis- jalouse de son ex morte, alors une espèce d'ex encore vivante, il devait bien se douter non ? « Je te fais confiance. » Je ne sais pas si je suis totalement crédible, parce que ma réaction est illogique avec le fait que j'ai confiance en lui, mais c'est pourtant la vérité. J'ai confiance en lui, c'est en moi que je n'ai pas confiance, alors je reporte mes doutes sur lui, sur les autres et j'ai peur des autres femmes parce qu'elles risquent de montrer à Caleb qu'il peut avoir mieux que moi. J'ai peur de cette fille, parce qu'elle a déjà été là pour lui visiblement, et qu'elle est encore là. Et qu'il l'a vu nu cette fille, qu'il l'a embrassé sans doute et tout un tas de choses auxquelles je tente de m'empêcher de penser. « Tu m’en veux ? » Est-ce que je lui en veux ? Je réfléchis. Mais pourquoi je lui en voudrais d'abord ? Je peux pas lui en vouloir de m'avoir dis la vérité ? De ne pas m'avoir parlé de cette fille plus tôt ? Peut-être. Mais je n'ai pas le droit de lui en vouloir, j'ai le droit d'être jalouse mais pas de lui en vouloir à lui. Parce qu'il n'a rien fait de mal non ? Enfin, j'espère et je veux croire qu'il ne fera jamais une telle chose parce que c'est lui. Parce que c'est aussi pour ça que je suis tombée amoureuse de lui, parce que je savais qu'il était différent, que jamais il me blesserait. Parce que j'étais en confiance avec lui, en sécurité aussi. « Non, je t'en veux pas, je crois que je suis juste jalouse et peut-être un peu mal à l'aise à l'idée que tu fréquentes quelqu'un que tu as vu nue. Je comprends pas tout ça, mais ça va aller. » J'essaye de calmer mes pensées, en leur donnant un peu de sens et en expliquant à Caleb ce que je ressens. J'essaye de me convaincre que ça va aller, que je vais digérer l'information. Et, lui en parler c'est déjà un effort de ma part, j'essaye d'évacuer tout ça pour ne pas que ça tourne en boucle dans ma tête, pour ne pas que ça reste et que ça revienne encore et encore. Il doit comprendre que je n'aime pas cette idée, et pourquoi je ne l'aime pas. « Je te fais confiance Caleb vraiment et je te reproche rien. Mais je crois que j'aime pas cette fille. » Je lui fais un léger sourire, pour tenter de me détendre, je ne connais pas cette fille mais pour le moment, ce que je sais d'elle me pousse à ne pas l'aimer, mais j'ai réussi à ne pas la traiter de salope devant Caleb, ce qui montre que je suis quand même un peu mesurée. J'essaye vraiment de me retirer de la tête tout ce qui perturbe ma bonne humeur, dire qu'il y a quelques minutes, nous étions en train de nous fiancer pour de faux sous les applaudissements des autres couples présents ici. Et il n'a fallu qu'une question pour que je doute. Alors que tout allait bien, tout était parfait, la soirée parfaite en somme. Et j'ai tout gâché, une seule phrase, et je nous ai rendu la situation compliquée. « Tu sais qu’en 2020 t’es la seule que j’ai envie de voir sans vêtements. » Et alors que je ne m'y attendais pas, il me fait rire. Je sais que la situation ne doit pas être simple pour lui non plus, et qu'il a bien senti la tension, mais il réussi à me faire sourire en reprenant mes mots. Il réussit à me dire les choses que j'ai besoin d'entendre. Ce n'est pas grand chose, ce n'est même rien qu'une remarque idiote faisant référence à mes propres mots, mais j'en avais besoin. Je lui fais confiance, je sais que c'est quelqu'un de bien, d'honnête, et je sais aussi que ses sentiments pour moi sont sincères, alors pourquoi j'ai encore une fois eu besoin qu'il me rassure ? Il doit passer son temps à me rassurer et ça doit devenir fatiguant pour lui, je dois vraiment trouver un peu de sérénité, je lui dois bien ça. Je dois le faire pour lui, pour éviter d'avoir à tout gâcher tout le temps. Et avant de me pencher sur le comment retrouver un peu de sérénité dans le bordel qu'il y a dans ma tête, j'essaye déjà de rattraper un peu le court des choses que j'ai un peu fait dérailler. « Tu sais qu'en 2020, je vais tellement te fatiguer que tu n'auras même plus la force de penser à un autre corps que le mien ? » J'accompagne cette remarque d'un clin d’œil et d'un sourire. Première étape du sauvetage, essayer de faire de l'humour. J'attrape la bouteille et je vide le peu de contenu restant dans mon verre que je termine en deux gorgées. Deuxième étape du sauvetage. Je dois m'enlever cette fille de la tête, je dois m'enlever mes doutes de la tête, je dois m'enlever l'idée que Caleb ait pu fréquenter d'autres femmes. Je dois me rappeler que je suis la seule qu'il veut, et je dois lui rappeler aussi pourquoi je suis la seule. « Oh ! Il y a plus de champagne. » Je lève les épaules tout en lui montrant la bouteille vide. « Plus d'alcool ça veut dire que le repas est fini non ? » Je crois que j'ai besoin de ça, maintenant. Besoin de venir lui donner ce qu'il a demandé avant que le jeu ne commence. Je m'avance vers lui pour l'embrasser tout en passant mes mains dans ses cheveux. Que j'aime ses cheveux, que j'aime ses lèvres et son odeur. « Tu vas payer et moi je t'attends bien sagement aux toilettes ? » Sagement c'est clairement pas le mot. Et peut-être que je pourrais m'y prendre autrement pour calmer mes doutes ? Sûrement mais là, j'ai juste envie de lui et moi. D'un nous, sans aucun artifice, juste nous. Pas de romantisme, pas de flirt, pas de jeu, juste le désir intense entre nous. Juste un nous, rien que nos corps qui s'expriment, parce qu'au moins durant ce moment précis, je saurais qu'il est à moi et à moi seule.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Je ne pensais pas avoir à lui parler de tout ça maintenant. Pour être tout à fait honnête avec vous je ne comptais jamais lui en parler en fait. Surtout parce qu’il n’y a rien à dire. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de sentiments entre Lizzie et moi, du moins pas de sentiments amoureux. On est amis et rien de plus, il n’y a même absolument aucune ambiguïté entre nous et je sais bien que notre amitié a commencée d’une manière assez originale et peu courante. Se lier d’amitié avec la personne avec qui j’ai entretenu une amitié améliorée pendant un certain temps, on ne voit pas ça partout mais c’est peut-être ce qui rend notre complicité un peu atypique. Je vois bien que tout ce que je lui dis ne plaît pas à Alex et honnêtement je la comprends. Moi non plus je n’aurais pas vraiment aimé apprendre qu’elle était amie avec un homme avec qui elle a couché plusieurs fois – même une seule fois d’ailleurs. – J’essaie donc de la rassurer comme je peux, je lui dis qu’il ne s’est rien passé entre nous depuis plusieurs années – et c’est vrai – qu’elle et moi ne sommes rien d’autre qu’amis – vrai aussi – et surtout, j’ajoute qu’en aucun cas je n’ai envie de coucher une nouvelle fois avec elle. C’est avec Alex que je suis et elle est la seule femme que je désire. Je suis sûr qu’elle se posait cette question alors je lui apporte la réponse avant même qu’elle ne puisse la formuler. « Je te fais confiance. » Mouais. Sa réaction ne déborde pas la confiance mais comme je l’ai dit tout à l’heure, je peux le comprendre alors je ne lui reproche pas. Tout ce que j’espère c’est qu’elle ne m’en veut pas et qu’elle ne va pas me reprocher de ne pas lui avoir dit avant ? En tout cas elle ne peut pas m’en vouloir d’avoir couché plusieurs fois avec la même fille. C’était il y a longtemps. Vraiment longtemps et surtout, elle m’avait quittée à cette époque-là et c’est même la raison pour laquelle je me suis retrouvé dans cette situation. « Non, je t'en veux pas, je crois que je suis juste jalouse et peut-être un peu mal à l'aise à l'idée que tu fréquentes quelqu'un que tu as vu nue. Je comprends pas tout ça, mais ça va aller. » J’acquiesce. Je peux comprendre sa réaction, vraiment. « Alex, si ça peut te rassurer je pense jamais au fait que j’ai pu la voir nue. Je t’assure. » Je lui dis tout en lâchant un rire. Pas une seule fois en la regardant ou en passant un moment avec elle je me suis remémoré les moments passés ensemble. Et heureusement, ça serait assez bizarre sinon. « Je te fais confiance Caleb vraiment et je te reproche rien. Mais je crois que j'aime pas cette fille. » Encore une fois, je la comprends c’est pour ça que je ne dis rien de plus à ce sujet. Elle est jalouse, elle n’aime pas le fait que je sois ami avec une fille avec qui j’ai couché et je pense que sa réaction est tout à fait légitime. Mais elle me fait confiance, du moins j’espère. Et elle devrait vraiment savoir que je ne suis pas ce genre de mec qui se laisserait facilement tenter par une jolie fille. J’espère en avoir fini avec cette conversation et j’espère surtout que la soirée n’a pas été gâchée par cet aveu que j’ai décidé de lui faire. Reprenant plus ou moins ses mots je lui assure qu’en 2020 elle sera la seule femme que je verrai nue. Et elle rit, ce que me rassure et me fait sourire. Elle rit, c’est qu’elle ne m’en veut pas, non ? « Tu sais qu'en 2020, je vais tellement te fatiguer que tu n'auras même plus la force de penser à un autre corps que le mien ? » C’est à son tour de me faire rire. Mais de toute façon je n’ai vraiment pas envie de penser ou de voir un autre corps que le sien. « J’ai hâte. » Je lui avoue, un sourire aux lèvres. J’ai vraiment hâte même. Cette nouvelle année sera géniale, je le sens. Après avoir tous les deux galérés ces dernières années je pense qu’il est temps que la vie nous laisse un peu de répit, non ? Un peu de répit tous les deux. « Oh ! Il y a plus de champagne. Plus d'alcool ça veut dire que le repas est fini non ? » Plus de champagne ? Déjà ? Je fronce les sourcils et finis à mon tour mon verre. Voilà maintenant on peut dire qu’il n’y a plus de champagne. Et alors que je m’apprête à lui répondre, elle m’embrasse. Le repas est terminé, est-ce que ça veut dire que… « Tu vas payer et moi je t'attends bien sagement aux toilettes ? » Je souris et me penche vers elle pour lui murmurer à l’oreille. « Vas-y, je te rejoins bébé. » Et je la regarde s’éloigner vers les toilettes un petit sourire aux lèvres. Je paie juste après avoir demandé l’addition, le serveur me félicite une nouvelle fois. Il semble vraiment heureux pour nous, mon dieu s’il savait. Je le remercie mais n’ayant pas vraiment envie de la faire attendre longtemps je coupe court à la conversation pour vite rejoindre Alex dans les toilettes. C’est pas très classe, pas très romantique non plus. Se sauter dessus dans les toilettes d’un restaurant, c’est typiquement le nous d’il y a dix ans. Passionnés, instinctifs, on ne pensait à rien, juste à nous, notre amour et notre désir incontrôlable l’un pour l’autre. Et au final rien n’a changé, on a peut-être vieilli et grandi un peu, pris un peu de maturité de notre côté, mais on est toujours ce jeune couple – fiancé ce soir – se retrouvant pour un échange charnel et torride dans les toilettes d’un restaurant. Tous les deux complètement bourrés, mais se retrouver comme ça c’était beaucoup trop tentant et tellement agréable.
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Le soleil envahi déjà bien trop la chambre d’hôtel. Il ne doit pas être très tôt, en fait je ne sais absolument pas quelle heure il est mais je commence à ouvrir les yeux, doucement. Putain. La lumière me fait mal aux yeux. Beaucoup trop. J’ai l’impression d’avoir la tête dans un étau. D’accord, je crois que j’ai un peu trop bu hier soir. Non en fait je suis sûr d’avoir carrément abusé sur le champagne. Pas que le champagne d’ailleurs, tous ces cocktails enfilés les uns après les autres durant tout l’après-midi. J’arrive enfin à vraiment ouvrir les yeux, Alex semble beaucoup trop bien dormir. Elle a de la chance. Je soupire tout en me tournant dans le lit. Cette lumière va me tuer les yeux. Pourquoi est-ce que j’ai bu comme ça ? Ça ne me ressemble pas et je peux vous assurer que du coup, là, maintenant, tout de suite je le regrette amèrement. Peut-être qu’une douche bien froide me ferait du bien, non ? Je ne sais pas j’ai pas vraiment l’habitude de me retrouver dans un état pareil. Tout ce que je sais c’est que j’ai mal à la tête. Tellement mal à la tête. Et que j’ai envie de m’arracher les yeux tellement la lumière est désagréable. Doucement, je m’assieds sur le bord du lit. Je ferme les paupières un instant tout en passant une main dans mes cheveux. Et voilà, maintenant j’ai la tête qui tourne. Super. Notre chambre est dans un état lamentable, nos vêtements sont éparpillés partout dans la pièce, pas besoin de se demander comment la nuit s’est terminée pour nous je pense que c’est très clair. Je me retourne une nouvelle fois vers Alex. Elle dort toujours. Pourquoi je me suis réveillé moi ? Fait chier. Je continue d’inspecter la chambre sans bouger du lit. Le portable d’Alex est par terre juste en-dessous de la fenêtre. Je fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’il fout là son téléphone ? Et je peux voir le mien posé dans la salle de bain. Bizarre. Bon. Je me lève. Doucement. Et je regrette de ne pas être resté allongé. Je regrette de ne pas être comme Alex et de ne pas réussir à dormir encore un peu. J’avance vers son portable pour me baisser et le ramasser, j’en profite pour regarder l’heure. Il est midi passé. Bon… Avant de partir dans la salle de bain je dépose son portable sur la table de chevet à côté d’elle et je file sous la douche. De l’eau froide. Peut-être que ça m’aidera à décuver ? J’en sais rien. Mais en tout cas en ressortant de la salle de bain, non je ne me sens pas beaucoup mieux. Pas du tout même, mais Alex est réveillée. « Ma tête va me tuer. » Première phrase que je lui dis, pas de bonjour, pas de « t’as bien dormi ? » Juste une première plainte de ma part et je pense que c’est assez légitime, non ? Je m’assieds sur le bord du lit et me penche vers elle pour déposer un petit baiser sur ses lèvres. Elle n’a pas très bonne mine elle non plus, mais elle est clairement dans un meilleur état que moi. « Tu te souviens à quelle heure on est rentré hier ? » Je lui demande en fronçant les sourcils. Je meurs de faim, mais en même temps je n’ai absolument pas la force de sortir, affronter tout ce monde. Et au moins ici on est au calme. Mais il y a toujours cette putain de lumière qui me donne encore plus mal à la tête et qui me tue les yeux. Pour la je ne sais combientième de fois depuis que je me suis réveillé, je lâche un long soupir mais cette fois je me rallonge dans le lit les yeux fermés, une main posée sur mon front. « Je crois que je suis beaucoup trop vieux pour boire comme ça. » Une énième plainte de ma part, je risque de beaucoup trop me plaindre aujourd’hui. Mais je vous assure que je me sens vraiment pas bien. J’ouvre les yeux, les gardant plissés – parce que c’est moins douloureux comme ça – et je tourne la tête vers Alex, mon regard se pose sur sa main, sur cette bague. Oh merde. Ce détail de la soirée m’avait presque échappé. Enfin presque. « Putain, j’avais oublié que tu m’avais poussé à te faire une demande de fiançailles.» Mais de toute façon, c’était pour de faux, hein ? On est d’accord qu’on ne s’est pas vraiment fiancés ? S’il vous plaît, rassurez-moi et dites-moi que ces fiançailles n’étaient pas vraies ?
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
La journée a été parfaite, la soirée a été parfaite et en quelques minutes, j'ai failli tout gâcher, par jalousie. Parce que je suis jalouse, c'est un fait, et je sais que je dois apprendre à gérer mes sentiments, mais je lui fais confiance même si je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine insécurité quand il parle d'autres femmes. Et en d'autres circonstances peut-être que j'aurais pu me montrer distante en apprenant qu'il voyait encore une femme avec laquelle il a couché à plusieurs reprises. Sans aucun doute même. J'aurais sûrement voulu en savoir plus, 'qui est cette fille ?', 'quand se sont-ils vu pour la dernière fois ?', 'se voient-ils dans mon dos ?', 'à quoi elle ressemble ?' mais pas ce soir. Parce qu'on est à des centaines de kilomètres de Brisbane, à des centaines de kilomètres de cette fille, et que Caleb est avec moi et moi seule. Et aussi, parce que j'ai beaucoup trop bu et que j'ai cette bague au doigt pour me rappeler que ce soir, c'est un soir différent. Il me rassure, il me dit ce que j'ai besoin d'entendre, et ce que j'ai envie d'entendre. Il me rappelle ce qui compte réellement, 'nous'. Et il me fait sourire, il me fait même rire et j'en oublie les doutes qui ont pu me traverser, j'en oublie cette jalousie et je me concentre sur ce moment que l'on a ensemble. Je suis la seule à laquelle il doit penser, habillée ou nue. Je suis la seule qu'il doit désirer, la seule qu'il doit vouloir et la seule qu'il doit aimer. C'est pas compliqué, et je sais comment faire cela. Ou du moins, comment faire en sorte qu'il ne pense qu'à moi. Pour le reste, je n'ai pas le contrôle sur ses sentiments ou sur ses pensées. Pas directement en tout cas, mais je peux m'atteler à lui construire d'autres souvenirs mémorables qu'il n'est pas prêt d'oublier. Et c'est justement la fin du repas, la fin de ce repas déjà mémorable mais qui risque de le devenir encore un peu plus avec ce moment auquel on va s'adonner ensemble. « Vas-y, je te rejoins bébé. » Je dépose un baiser au coin de ses lèvres, juste un léger avant de m'éloigner de la table un sourire beaucoup trop prononcé sur le visage. Je sais qu'il me regarde, et je sens l'excitation monter en moi, oubliant cette dernière conversation, oubliant tout le reste finalement. Je suis focalisée sur une chose, une unique chose, ce moment à deux que l'on s'apprête à vivre. Comme avant, avec l'excitation de nos corps qui se retrouvent et l'idée que l'on est dans un univers qui n'est pas habituel. Ce n'est pas la première fois pour nous, ce n'est même pas étonnant de nous voir succomber à nos pulsions, mais à quoi bon se priver ? On est ensemble, on est heureux, et on a juste envie de profiter. Et c'est ce que l'on fait, dans ces toilettes luxueuses de ce restaurant haut de gamme. Un moment torride vécu avec passion et sans retenu, à l'exception des cris qui restent étouffés se rappelant tout de même l'excentricité du lieu dans lequel nous sommes. En sortant du restaurant, je sais que je ne suis pas prête d'oublier ce lieu dans lequel je me suis faussement fiancée, et dans lequel j'ai vraiment fais l'amour. Main dans la main avec mon faux fiancé.
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Les yeux fermés, je n'ai pas besoin de les ouvrir pour deviner que la luminosité de la pièce est bien trop élevée pour moi. Alors, je bouge, je tâte le lit, avant de me rendre compte qu'il est vide. Je suis seule. Je me tourne légèrement et ce n'est qu'une fois le dos tourné vers la fenêtre - pour éviter au soleil de venir renforcer cette douleur qui m'oblige à froncer les sourcils et à masser mes tempes à plusieurs reprises- que j'ouvre les yeux. Le lit est bien vide, Caleb n'est pas là et j'entends l'eau de la douche me rassurant rapidement. Je remonte la couette pour couvrir mon visage et me protéger de ce soleil que je déteste à cet instant précis et si j'ai mal au crâne à ce point, je n'imagine pas l'état dans lequel doit être Caleb, lui qui ne boit jamais. J'ai chaud sous cette couette mais je ne bouge pas, gardant cette protection contre la torture que représente le soleil, mais aussi pour couvrir mon corps entièrement nue. Et je pourrais rester sous cette couette jusqu'au couché du soleil, parce que clairement l'idée de me lever pour aller fermer les volets me semble bien au dessus de mes forces. Me lever semble actuellement proscrit. Même l'idée de le rejoindre dans la douche ne suffit pas à réussir à me motiver à l'idée de songer à quitter ma position allongée. Et après quelques minutes, le bruit de l'eau s'arrête et doucement je sors la tête, non sans un léger grognement. Finalement la grisaille Londonienne était un sacré avantage pour les gueules de bois. Je mets quelques minutes pour m'habituer à la luminosité de la pièce, et une fois les yeux bien ouverts je remarque le bazar que nous avons laissé dans la chambre. Et je me concentre sur les derniers souvenirs que j'ai de cette soirée. Et je me remémore l'arrivée dans la chambre, je me souviens avoir refusé de passer la porte de la chambre s'il ne me portait pas jusqu'au lit. Je me rappelle aussi que nous avons fini tout les deux au sol, alors qu'il a raté le lit d'un bon mètre. Je me passe la main, sur le front à la recherche d'une quelconque bosse mais visiblement ce n'est pas sur la chute que je vais pouvoir mettre la cause de mes maux de têtes. Je n'ai pas le temps de remonter plus loin dans mes souvenirs que Caleb ressort de la salle de bain, et je vois rapidement à sa tête qu'il est dans un sale état. « Ma tête va me tuer. » Il me le confirme même juste au cas ou je ne sois pas en mesure de m'en rendre compte toute seule. J'ai envie de me moquer de lui, mais j'en ai même pas la force. « Tu te souviens à quelle heure on est rentré hier ? » Est-ce que je me souviens de l'heure ? J'arrive à peine à me souvenir de ce que nous avons fait après le restaurant, mais je sais que ça va me revenir quand mon cerveau commencera à se remettre en marche. « Non, la dernière chose que je me rappelle c'est toi et moi finissant au sol, avant que tu t'énerves sur la fermeture de ma robe. » Je souris en me rappelant ce moment. On était réellement bien trop alcoolisés tout les deux, vraiment trop mais même si je regrette à ce moment précis d'avoir autant bu, les souvenirs qui me reviennent semble plutôt amusants. Il se rallonge sur le lit, et je m'approche de lui posant ma tête contre son épaule. « Je crois que je suis beaucoup trop vieux pour boire comme ça. » Je lâche un petit rire à sa remarque, il est définitivement dans un état bien plus déplorable que moi, chose qui n'est finalement pas étonnant. Je pose ma main sur son torse laissant mes doigts se balader sur le haut de son corps nu, tout en fermant les yeux pour tenter de contrôler cette sensation de flottement que je ressens et dans l'espoir de retrouver toutes mes facultés qui semblent encore un peu noyées par l'alcool. « Putain, j’avais oublié que tu m’avais poussé à te faire une demande de fiançailles.» Hein ? Quoi ? J'ouvre les yeux, un peu trop rapidement sans doute, regardant tour à tour Caleb et la bague. La bague et Caleb. Et, je me rappelle de ce moment. Je me rappelle mais à l'aube d'une nouvelle journée, je me demande comment j'ai pu trouver cette idée amusante. Je retiens surtout qu'il n'a pas précisé le caractère faux de cette demande. Ce qui était pourtant l'élément primordial de cette histoire. C'était pour rire, et pourtant là tout de suite, aucun de nous semble en rire. Faites qu'il n'ait pas oublié le côté faux de cette demande. Et qu'il ne se souvienne pas uniquement de nos échanges pour rendre les choses crédibles aux yeux des autres, et à nos yeux aussi ? « On a vraiment trop bu. » Je commence par dire en essayant de ne pas dramatiser les choses. C'était une fausse demande, une blague entre nous, même la bague est une blague finalement. Alors, il n'y a pas de raison de paniquer, je ne paniquais pas hier soir quand je lui forçais la main à me demander la mienne. 'Reste calme Alex, rien de tout ça n'est vrai.' « Ça valait le coup non ? On a trompé tout le monde et on a eu le champagne gratuit. » En disant ça, j'espère juste qu'il se rappelle que c'était vraiment une blague, que cette bague ne représente rien d'autre que la crise que je lui ai faite pour l'avoir au distributeur de bijou en plastique. J'espère vraiment qu'il se rappelle que l'idée de base était de 'faire croire' aux autres, et j'espère surtout qu'il n'y a pas cru lui aussi. Mais pourquoi j'ai fais ça moi ? « Tu te souviens qu'elle s'est coincée dans tes cheveux hier soir ? » J'essaye de rire, de détendre l’atmosphère avec ce souvenir qui me revient. Je ne sais pas si c'est réellement un peu tendu ou si ce n'est que moi, mais je crains d'entendre sa version des choses. Je crains qu'il n'ait à l'esprit l'idée que tout ça, c'est finalement une bonne idée. Parce que ça n'en ait pas une, enfin je crois. J'en sais rien, me marier moi ? Sérieusement ? Non, c'est définitivement une farce qui doit en rester une. Enfin je crois. J'ai bien trop mal à la tête, encore un peu plus qu'avant. Dis-moi que c'était une blague Caleb. Dis-moi que tu as pas cru à cette mise en scène, qui pourtant paraissait si réaliste. Dis-moi que nos sentiments suffisent et qu'on n'a pas besoin de tout ça, pas maintenant en tout cas. Pas maintenant au lieu de jamais. Je suis encore bourrée moi. Je suis encore trop alcoolisée alors que j'en viens à songer qu'un jour peut-être cette idée sera possible. « Je dois avouer que tu as assuré hier soir. » Changement de sujet amorcé ! Mais avec zéro discrétion. Il a assuré, mais il assure tout le temps aussi. La preuve, même dans une fausse demande en mariage il assure. Et voilà que je repense à ça, alors que je voulais juste repenser à des choses plus primaires, le plaisir prit dans chacun de nos moments plus ou moins intimes. A croire que cette fausse demande m'a peut-être bouleversée plus que je ne le crois...
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Je n’ai pas pour habitude de boire. Pas beaucoup du moins. Pas autant. Et en me réveillant je me demande pourquoi j’ai autant forcé sur l’alcool la veille. Je me contente habituellement d’un ou deux verres de vin pour accompagner mon repas de temps en temps mais là je suis bien loin du simple verre de vin. J’ai beaucoup trop bu et je ne m’en rends compte que lorsque j’ouvre les yeux. J’ai l’impression que la lumière extérieure est en train de m’agresser et je me souviens pourquoi je ne bois jamais comme ça : la gueule de bois. J’ai mal à la tête, aux yeux, j’ai faim et même un peu soif. Enfin de l’eau. J’ai envie de boire de l’eau et qu’on ne me parle plus jamais d’alcool. Même rien qu’en pensant à une bonne coupe de champagne j’ai presque envie de vomir. Pourtant hier le champagne était bon. Vraiment très bon et il pouvait l’être quand on se souvient du prix affiché sur la carte. J’arrive tout de même à me lever pour prendre une douche espérant naïvement que l’eau froide m’aidera à me sentir mieux. Mais non pas du tout. J’ai toujours autant mal à la tête mais au moins en sortant de la salle de bain, Alex est réveillée. Elle a l’air de se sentir beaucoup mieux que moi, même si on peut clairement voir qu’elle n’est pas au top de sa forme. « Non, la dernière chose que je me rappelle c'est toi et moi finissant au sol, avant que tu t'énerves sur la fermeture de ma robe. » Quand elle commence à parler je grimace doucement. Elle parle super fort ou c’est moi qui suis ultra-sensible au bruit ce matin ? Mais je souris en l’entendant évoquer sa robe. Pour le coup ça, je m’en souviens parfaitement bien. « Cris pas s’il te plaît. » Je lui demande d’un air presque suppliant. Je me penche doucement pour attraper sa robe que je lui tends. « D’ailleurs je crois que j’ai un peu craqué ta robe en essayant de te l’enlever. » Je grimace doucement. En fait j’ai surtout arraché les petits boutons à l’arrière. « Désolé... Je crois que j’étais trop bourré pour te déshabiller. » Un petit rire s’échappe de mes lèvres. « Je t’en rachèterai une autre. » Parce que je lui ai quand même craqué une de ses robes. Je ne sais pas si Alex tenait particulièrement à cette robe et franchement, je n’espère pas. Je suis à deux doigts d’aller chercher mes lunettes de soleil tant la lumière me tue les yeux mais avant de m’allonger à nouveau je ferme à moitié les volets de la chambre, offrant un peu plus de sérénité à mes yeux qui souffrent le martyr.
Et je m’allonge à nouveau parce que je ne suis pas sûr d’avoir envie de bouger aujourd’hui. Je vais avoir besoin d’encore plusieurs heures pour décuver. Elle s’allonge contre moi et instinctivement mes doigts se promènent le long de sa colonne vertébrale de haut en bas, continuant ce même chemin sans interruption jusqu’à ce que je voie cette bague qu’elle porte encore fièrement – ou pas – au doigt. Merde. Je lui ai demandé en mariage hier. Sauf que je ne veux pas me marier, moi. Enfin si, je veux toujours me marier mais pas maintenant. Je ne suis pas prêt à me fiancer une deuxième fois et à organiser un mariage. La dernière fois ça s’est beaucoup trop mal terminé pour que je sois prêt à envisager une chose pareille. « Ça valait le coup non ? On a trompé tout le monde et on a eu le champagne gratuit. » Oui, c’était pour de faux ça va elle s’en souvient. Elle n’a pas oublié le fait qu’elle m’a presque supplié de lui faire cette demande dans le simple et unique but de pouvoir obtenir un maximum de choses gratuites par la suite. J’hoche la tête doucement. « On est d’accord que c’était pour de faux ? » Je vais droit au but, je n’ai pas envie qu’elle se dise qu’au final cette idée de mariage n’est pas si mauvaise que ça parce que pour le coup, moi aussi je panique à l’idée de cet engagement. Je ne veux pas me fiancer. Pas tout de suite. Pas maintenant. « Ne le prends pas mal hein, c’était super et tout ce que je t’ai dit hier je le pensais vraiment. Mais c’est un peu tôt pour qu’on envisage ce genre de chose. » De toute façon c’était bien son idée et elle qui a insisté sur le caractère faux de cette demande en mariage sinon même bourré je n’aurais jamais accepté de le faire. Parce que le mariage c’est beau et je le répète, oui j’en ai toujours envie mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment pour nous. Depuis quand je me mets à paniquer en pensant à un possible engagement ? Ah oui, depuis que mon ex-fiancée est morte deux mois avant notre mariage. Je crois que ce genre de chose ça laisse des traces et il va me falloir encore un peu – beaucoup – de temps pour accepter le fait de demander sincèrement la main d’une autre femme. Je n’ai pas envie qu’on brûle les étapes elle et moi et je me suis promis que cette fois j’allais faire les choses bien. Ne pas aller trop vite pour éviter de l’effrayer. Mais pourtant c’est elle hier qui a dû tout mettre en œuvre pour me convaincre d’accepter de me fiancer, même si c’était pour de faux. Alors j’espère juste qu’elle ne le prendra pas mal. J’espère ne pas tout gâcher en lui disant ça. Pourtant je l’aime et peut-être que je devrais justement le lui dire ça, non ? Oui c’est sûrement une bonne idée. « Je t’aime quand même n’en doute pas. Et je te l’ai déjà dit mais tout ce que je t’ai dit hier, ça c’était sincère. » Quand je lui ai dit que je l’aimais comme je n’avais jamais aimé une autre femme et que je voulais passer le reste de ma vie à ses côtés. C’était vrai. Mais peut-être que lui dire ça ne suffira pas ? Peut-être que lui dire que je veux vraiment passer le reste de ma vie avec elle n’est pas la meilleure des idées, elle pourrait paniquer. Elle panique toujours, Alex. « Tu te souviens qu'elle s'est coincée dans tes cheveux hier soir ? » Est-ce que je me souviens de ça ? Je fronce les sourcils et instinctivement ma main libre vient se nicher dans mes cheveux encore mouillés. « Non ça je m’en souviens pas. Ta bague a voulu attaquer mes cheveux ? » Je lui demande d’un air presque offensé. J’essaie de faire bonne figure, faire comme si je vais parfaitement bien alors qu’au fond je me sens complètement au bout de ma vie et que j’ai clairement envie de mourir. « Je dois avouer que tu as assuré hier soir. » Un sourire se dessine sur mon visage. Un vrai sourire, sincère alors que je me remémore nos moments à nous de la soirée d’hier. « Quand ça ? Dans les toilettes du restaurant ? Ou bien ici ? » Je lui demande avant de poser mes lèvres contre les siennes. « T’étais pas mal non plus. » Bien plus que pas mal même, mais elle le sait elle n’a vraiment pas besoin que je lui dise. Un peu d’aspirine ne serait pas de refus parce que j’ai l’impression que plus les minutes passent, plus mon mal de tête ne fait que s’aggraver. Je la prends dans mes bras et dans un soupir je ferme les yeux, venant nicher ma tête dans son cou avant d’y déposer un doux baiser. « Même si on a failli se faire choper dans les toilettes. » À chaque fois que je prends la parole je parle si doucement qu’on pourrait presque croire que je suis prêt à mourir et en train de vivre mes derniers instants. Je reste comme ça pendant une bonne minute sans rien dire, la serrant juste dans mes bras pour profiter de sa présence. « J’ai faim. Tu veux que j’appelle le room service pour qu’ils nous montent quelque chose à manger ? » Parce qu’il est hors de question que je descende pour une quelconque raison aujourd’hui. J’ai beaucoup trop la tête dans le cul pour ça et je crois que je ne suis pas prêt de m’en remettre.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
Moi qui pensait bêtement avoir développé une capacité secrète pour éviter les lendemains difficiles, je réalise que finalement je n'ai pas ce super pouvoir. Et c'est peut-être bon signe non ? Si je ressens encore les effets de l'alcool au levé, c'est que mon organisme n'est pas totalement submergé ? Je me sens si mal, mais je ne regrette rien. Parce que même si j'ai réellement beaucoup, beaucoup trop bu, c'était pas pour oublier un quelconque problème ou à cause de mon alcoolisme. Enfin peut-être un peu, enfin non. Enfin j'en sais rien, la seule chose dont je suis sûre c'est que j'ai réellement passé une super journée, une super soirée et une super nuit. Et la douleur qui me serre le crâne semble finalement valoir le coup. Du moins pour moi, parce que quand j'aperçois Caleb, je n'ai pas besoin de lui demander pour savoir qu'il regrette d'avoir autant bu. « Cris pas s’il te plaît. » Je fronce les sourcils quand je l'entends me supplier de ne pas crier, parce que je ne cris pas. Le pauvre, j'ai presque honte de l'avoir entraîné dans mon rythme. Je le regarde attraper ma robe et je constate par moi même les dégâts d'un Caleb alcoolisé et bien trop excité pour laisser une chance à ma robe. Je retiens un petit rire entre mes lèvres, quand il m'annonce qu'il était trop bourré pour me déshabiller. Trop bourré pour me déshabiller calmement, ça c'est sur, mais il a réussi tout de même. RIP la robe. « Je t’en rachèterai une autre. » D'un geste de la main, je lui fais signe de laisser tomber et sans m'attarder plus longtemps, je lance la robe à travers la pièce, ratant le bureau posé face à moi. Un vêtement de plus éparpillé au sol, et il faudra bien ranger tout ça, mais c'est clairement une option qui attendra quelques heures, parce que je m'imagine mal me traîner dans la chambre et me pencher pour attraper tout le bordel que l'on a fait, sans risquer de me retrouver la tête la première dans la sol. Déjà que le plafond semble un peu trop bouger alors que nous sommes dans une chambre d'hôtel fixe, je pense que le mieux à faire c'est de laisser notre corps se débarrasser de tout l'alcool que l'on a ingurgité, et de le faire en étant allongé dans le noir. Et si la lumière continue à envahir l'espace, je commence à me sentir un peu mieux une fois qu'il s'est dévoué à fermer un peu les volets de la chambre. Il finit par me rejoindre dans le lit et consent à s'allonger et à arrêter de bouger, ce que j'apprécie réellement. Je m'installe contre lui et je sens ses doigts qui me caressent le dos avec tendresse. Je me détends, oubliant presque cette sensation désagréable de flottement consécutive à la gueule de bois. Mais ce petit moment de calme, ne dure que très peu de temps, alors qu'il ose évoquer un élément important de notre soirée. Un élément que j'avais presque oublié, ou du moins auquel je n'avais pas pensé en me réveillant. Cherchant à ne pas me laisser perturber, je tente de remettre le contexte de cette demande, en espérant que le caractère comique -qui ne l'est plus tant que ça- lui revienne en mémoire. « On est d’accord que c’était pour de faux ? » Je pousse un léger soupir de soulagement tout en faisant un oui de la tête. C'est pour de faux oui bien sur. Il s'en souvient, je m'en souviens, on va pouvoir en rire et oublier ça c'est mieux pour nous non ? « Ne le prends pas mal hein, c’était super et tout ce que je t’ai dit hier je le pensais vraiment. Mais c’est un peu tôt pour qu’on envisage ce genre de chose. » « Je ne le prends pas mal au contraire, c'était une blague. » Et c'est bien mieux ainsi. Le mariage, genre comme si j'étais du genre à me marier moi ? 'C'est un peu tôt pour qu'on envisage ce genre de chose.' Attends, minutes. Est-ce qu'il est en train de dire que, un jour, plus tard, il voudra l'envisager ? Merde, le mariage, pourquoi j'ai fais ça moi d'abord ? Je réfléchis au fond de moi, en essayant de comprendre comment j'en suis arrivée à trouver cette idée drôle à la base. Comment, j'en suis arrivée à le pousser à me faire cette demande, parce que je me souviens parfaitement de l'énergie déployée pour le convaincre mais je n'arrive plus à savoir pourquoi j'y tenais tant. Et si j'ai pu lui proposer ça, je me mets à craindre ce que j'ai pu lui proposer d'autres. La soirée a été longue, et les souvenirs ne sont pas tous totalement clairs, qu'est-ce que j'ai pu dire ou faire de pire que ça ? Faites que je ne lui ai pas proposé de faire un bébé aussi dans l'élan de folie qui m'habitait … Faut que j'arrête de boire. Faut que j'arrête de boire autant. Dans mes doutes, je ne fais même pas attention à ce que lui ressent, la seule chose qui m'intéresse c'est de savoir qu'il ne veut pas de mariage, oubliant le trop tôt, pour me concentrer sur l'idée que cette blague nous a finalement tout deux plu jusqu'au moment ou on a réalisé ce que l'on avait fait donnait à la blague un caractère beaucoup moins drôle. Certains parleraient d'arroseurs – arrosés, on s'est joué du serveur et des clients, et maintenant c'est à nous d'assumer. Mais finalement, je constate qu'on est d'accord sur l'idée du mariage, à quelques détails prêt. La bague c'était cool, les déclarations d'amour c'était cool, mais le mariage c'est pas cool voilà la conclusion que je tire de tout ça. « Je t’aime quand même n’en doute pas. Et je te l’ai déjà dit mais tout ce que je t’ai dit hier, ça c’était sincère. » Je me souviens de ses mots plus que des miens d'ailleurs, je me souviens de sa prise de parole si sincère qu'il a convaincu tout le monde. Moi y compris. C'est d'ailleurs parce qu'il était trop sincère et convaincant que tout ça semble si étrange. Il a rendu le tout si vrai alors que tout était faux. Et voilà que je repense à ce moment avec émotion. Il est chiant à être si romantique et si touchant. « Mais moi aussi je t'aime. Je t'aime d'autant plus que tu ne veux pas te marier. » Je souris et je dépose un baiser au coin de ses lèvres, me sentant presque mieux en prononçant cette phrase avec un air ironique mais qui reflète ma façon de penser. Laissant derrière moi les questionnements que j'ai eu en revoyant cette bague. C'était une blague, une simple blague qui ne voulait rien dire et qui ne voudra rien dire. J'étais bourrée, et si j'ai voulu de ces fiançailles c'était uniquement à cause de l'alcool. Pour rien d'autres. Et je m'en convaincs, je m'en assure, je me rassure. Et je fonce comme je peux sur un autre sujet, faire transition pour oublier que cette bague est liée à cette demande en mariage, essayant de la ramener dans un autre contexte, plus drôle et moins engageant que le mariage. Et je souris en me rappelant le moment ou dans l'action, la bague c'était bloquée dans ses boucles. Grand moment, qu'il semble avoir oublié. Eh merde, la bague reste donc liée à cette demande. Je finis par la retirer et la déposer sur la table de chevet. Plus question de porter de bague pour les mois à venir, comme ça, si un jour je suis de nouveau bourrée, et que me viens encore l'idée de fausses fiançailles, je n'aurais pas de bague sur la main pour jouer à ce jeu débile. C'est une idée qui me semble pleine de sens. « Je crois que c'est le message pour signifier que tes cheveux sont trop longs. » Ou que la bague n'est pas conçue pour se balader dans les cheveux bouclés d'un homme durant les câlins torrides. Et alors que je repense à ce moment, je repense aussi à nos autres moments, parce que la soirée a été particulièrement longue, et agitée. Nous avons été agités, et à part le moment ou il nous a envoyé au sol en ratant le lit, le reste du temps c'était plutôt top de sa part. Il a assuré et je lui fais part de cette remarque, espérant pouvoir nous replonger dans des souvenirs de la soirée beaucoup moins dérangeants que le mariage. « J'ai le droit de dire les deux ? » Parce qu'il n'a pas menti au restaurant, il m'avait promit un moment torride au restaurant, et il a été à la hauteur. La-bas, ici, je n'ai pas boudé mon plaisir. Il m'embrasse, un baiser que je lui rends avant qu'il me dise que j'étais pas mal non plus. Genre juste pas mal ?« J'étais incroyable tu veux dire. » Je souris, tout en le laissant me prendre dans ses bras. Je sens sa tête se poser contre moi, je sens son souffle contre mon cou, et je ressens son baiser, me rappelant les souvenirs de la veille bien qu'il ait bien plus de tendresse maintenant qu'il n'en avait la veille. « Même si on a failli se faire choper dans les toilettes. » Je rigole d'abord fort à sa remarque en réalisant que oui effectivement on a vraiment failli se faire choper. Et puis je m'excuse, mettant une main devant ma bouche parce que je réalise que mon rire doit être désagréable pour lui alors que sa tête est toute proche de moi. Mais c'est de sa faute aussi. « La prochaine fois que tu veux m'enfoncer une poignée de porte dans le dos préviens moi ou fais le quand il n'y a personne pour m'entendre me cogner. » C'était à la fois amusant mais aussi ultra gênant d'entendre cette dame derrière la porte s'inquiéter sincèrement pour moi en croyant que je me sentais mal. Alors que c'était bien tout le contraire, puisqu'à l'exception de cette rencontre inopportune avec la poignée de porte, j'étais plutôt bien traitée. Ma main sur la bouche de Caleb pour qu'il ne se fasse pas entendre, j'avais du rassurer la pauvre femme pour qu'elle accepte l'idée que j'allais très bien, tout en justifiant le fait que je restais un peu trop longtemps dans ces toilettes. Un grand moment de rire que j'avais du gérer, quand elle avait proposé d'aller chercher de l'aide d'un employé. Et le tout avec Caleb qui ne me facilitait pas la tâche, forcément. Mais finalement, elle avait accepté l'idée que je pouvais rester 'seule' aux toilettes et que je ne risquais rien, ce qui était vrai, à condition que Caleb n'oublie pas le côté exiguë du lieu. « Tu avais raison sur une chose hier, on est pas discret, j'espère que tes parents ont le sommeil lourd. » Je rigole encore mais plus doucement. On peut être discret, on sait l'être mais visiblement pas quand on est bourré, il faudra s'en rappeler à l'avenir. Et je n'oublie pas qu'il n'a pas été d'une grande aide alors que je tentais de nous préserver d'une ouverture de porte de la part d'un employé, une chose dont je vais devoir me venger à l'avenir. Il le sait sans doute. Et après ce petit moment de rire, parce que clairement on ne peut qu'en rire maintenant, il me parle de manger. Je n'ai pas très faim, je n'ai jamais très faim quand je bois. « Je veux rien moi. Alors, prends ce que tu veux, et je grignoterai dans ton assiette. Ah si attends, demande leur un médicament pour les maux de tête. » Oui c'est bien la seule chose dont j'ai réellement besoin dans l'immédiat. Ça et sa présence dans ce lit avec moi, en tant que couple non marié. « Ce soir on remet ça ? » Je le taquine, je connais déjà sa réponse mais même si on est tout les deux (surtout lui) dans un sale état, la soirée a été grandiose et j'espère maintenant que le reste de nos vacances va continuer ainsi. Peut-être juste un peu moins d'alcool et sans demande en mariage, mais avec des folies et des découvertes rien que nous deux.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
J’ai l’impression que ma tête va exploser et c’est encore pire dès qu’Alex ouvre la bouche. Je ne sais pas si c’est elle qui parle excessivement fort aujourd’hui ou si c’est moi qui suis très sensible mais dans le doute je lui fais la remarque et je prie intérieurement pour qu’elle prenne en compte ma demande et qu’elle baisse le volume sonore. Notre conversation passe de sa robe – et elle a beau me dire le contraire, si je lui en rachèterai une autre – à cette fameuse fausse demande qu’elle a presque supplié de lui faire. Sobre j’aurais clairement refusé de faire une chose pareille elle aurait pu mettre en place tous les moyens possibles et imaginables pour essayer de me convaincre, ça n’aurait pas marché. Se fiancer, pour de faux, juste pour pouvoir bénéficier des avantages derrière c’est une idée complètement folle et même si j’ai fini par céder ce matin en la voyant la bague au doigt je peux vous assurer que je le regrette. Certes on s’est bien amusés, on a bien ri mais j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi j’ai accepté. Pour lui faire plaisir sans doute. Non c’est même sûr, je voulais juste lui faire plaisir, la voir sourire et la laisser profiter de la soirée comme elle l’imaginait même si ce n’était pas forcément de cette manière que j’aurais aimé que les choses se déroulent. Mais elle voulait des fausses fiançailles pour s’amuser un peu alors je lui ai donné des fausses fiançailles. Elle se souvient et semble d’accord avec moi sur le caractère faux de cet engagement que nous avons pris hier. « Je ne le prends pas mal au contraire, c'était une blague. » C’est à mon tour d’hocher la tête. Une assez mauvaise blague même si elle veut mon avis. Je prends tout ça au sérieux moi, le mariage pour moi c’est sacré et on ne rigole pas avec ça. Est-ce que je regrette d’avoir été faussement fiancé pendant une soirée entière ? Je ne sais pas. Oui et non. Oui parce que ça nous pousse à avoir une conversation quelque peu gênante et non parce qu’on a passé une très bonne soirée – même si mes souvenirs sont un peu flous à certain moment. – « Mais moi aussi je t'aime. Je t'aime d'autant plus que tu ne veux pas te marier. » Quoi ? Je fronce les sourcils alors qu’elle semble réellement contente, elle sourit, elle m’embrasse. Mais je n’ai jamais dit que je ne voulais pas me marier. Pourquoi est-ce qu’elle dit ça ? C’est faux. Je veux me marier moi. Est-ce qu’elle me connait ne serait-ce qu’un tout petit peu ? Avec cette phrase elle vient de me prouver que non et moi je me retrouve fixé sur une question qui me trottait dans la tête. Elle ne veut pas se marier. Certainement jamais, puisqu’elle m’aime encore plus maintenant qu’elle sait – pense savoir – que je ne veux pas me marier. Et merde. Mais dans ce cas où est-ce qu’on va elle et moi ? On ne veut clairement pas les mêmes choses, on a pas les mêmes attentes pour le futur. Moi je vois un futur avec elle, j’ai envie d’y croire mais si j’interprète toute cette situation ce n’est pas son cas. Elle ne voit pas nécessairement un potentiel futur pour nous deux. Pourquoi est-ce que je suis en train de m’emballer ? Je crois que je réfléchis trop. Mais en même temps c’est de sa faute, hier soir elle me demande de lui demander en mariage et aujourd’hui elle me dit qu’elle ne veut pas s'engager. Il y a de quoi être perdu quand même. Tout ce que je retiens c’est qu’on est pas sur la même longueur d’onde parce que même si je ne suis pas prêt à me fiancer à nouveau ça ne veut pas dire que je ne veux plus jamais le faire. Il me faut juste un peu de temps pour ça. Enfin bref. Je la suis du regard lorsqu’elle enlève cette bague pour la poser sur la table de chevet. Et je décide de ne pas lui répondre. Je pourrais lui dire que si, le mariage est et sera toujours dans un coin de ma tête mais je préfère essayer de me remémorer ce moment où la bague se serait apparemment retrouvée coincé dans mes cheveux. « Je crois que c'est le message pour signifier que tes cheveux sont trop longs. » Quoi ? Mais non, mes cheveux ne sont pas longs elle abuse de me dire ça. Enfin du moins moi je les aime plutôt bien comme ça et je pensais pourtant me souvenir qu’hier elle m’a également dit qu’elle les aimait comme ça. Mes souvenirs doivent être biaisés par l’alcool. « Pourquoi tu les trouves trop longs ? » Je veux toujours lui plaire alors si elle me préfère les cheveux plus courts tant pis, je les couperai dès que les vacances seront terminées même si honnêtement je me passerais bien d’un moment chez le coiffeur mais si c’est pour lui faire plaisir je le ferai. Après ça j’ai le droit à un compliment sur mes performances de la veille apparemment et ce genre de remarque toujours agréable à avoir, je souris doucement et la laisse me complimenter. Selon ses dires j’ai assuré, au restaurant et ici je lui retourne le compliment en lui disant qu’elle avait été plutôt pas mal même si je vous assure que c’était bien plus que « pas mal. » « J'étais incroyable tu veux dire. » Je lève les yeux au ciel, amusé tout un gardant un petit sourire collé aux lèvres. « T’es beaucoup trop prétentieuse ma chérie. » Elle ne manque clairement pas de confiance en elle quand on parle de son physique ou ses aptitudes sexuelles. Elle est belle – très très belle même – et elle est vraiment très douée au lit et tout ça, elle le sait. Mais pour le reste je sais que c’est une autre histoire et qu’elle manque cruellement de confiance en elle. Je la prends contre moi dans mes bras tout en lui rappelant tout de même que nous ne sommes pas passés bien loin de nous faire surprendre en pleine action dans les toilettes de ce fameux restaurant dont je ne connais même pas le nom d’ailleurs. Elle rit. Beaucoup. Beaucoup trop fort. Je grimace et presque instantanément je râle. Parce que j’ai un mal de tête pas possible et elle vient de me percer les tympans. Je crois que je suis sourd. « La prochaine fois que tu veux m'enfoncer une poignée de porte dans le dos préviens moi ou fais le quand il n'y a personne pour m'entendre me cogner. » Dans un premier temps je laisse un léger rire s’échapper mais juste après ma main glisse vers le bas de son dos à l’endroit même où elle s’est pris la poignée de porte par ma faute. « Je suis désolé… Je recule mon visage pour la regarder un instant avant de déposer un léger baiser sur son front. « Je t’ai pas fait trop mal ? Désolé il faut que je fasse plus attention quand je suis bourré apparemment. » Mais elle ne doit pas vraiment m’en tenir rigueur puisqu’apparemment j’ai assuré. D’ailleurs je commence à me demander comment j’ai pu assurer alors qu’elle se retrouve avec une robe un peu déchirée et certainement – enfin je n’espère pas – un bleu. « Tu avais raison sur une chose hier, on est pas discret, j'espère que tes parents ont le sommeil lourd. » Avant on savait être discrets pourtant mais apparemment on a perdu ce talent qu’on avait il y a dix ans. C’est dommage. Mais par contre pourquoi elle me parle encore de mes parents ? Ah oui, parce que j’ai accepté de coucher avec elle dans mon ancienne chambre d’adolescent. Mais pourquoi est-ce que j’ai fait ça moi ? C’est officiel : plus jamais je ne bois. J’accepte tout et n’importe quoi quand je suis bourré. « Non mais d’ailleurs à propos de ça. Je t’assure que c’est pas une bonne idée cette histoire. Ma mère a le sommeil léger en plus. » Et c’est pas comme si la ferme est immense et qu’il y a un espace conséquent entre leur chambre et celle que je partageais avec Prim. « Ça risque d’être très gênant, je suis moyennement motivé. » Histoire de dire par du tout parce que c’est le cas, j’ai envie de revenir sur ce que j’ai dit hier. On peut faire tout ce qu’elle veut où elle veut mais pas ça. « Je veux rien moi. Alors, prends ce que tu veux, et je grignoterai dans ton assiette. Ah si attends, demande leur un médicament pour les maux de tête. » Elle n’a absolument rien mangé hier soir et elle ne compte rien manger ce matin ? Je retiens une réflexion à ce sujet parce qu’on va finir par me dire que je suis toujours en train de l’engueuler mais en même temps… Déjà, rendre une assiette quasiment pleine dans un restaurant c’est assez malpoli – certainement une déformation professionnelle de ma part – parce qu’elle gâche de la nourriture – et c’est précieux la nourriture – mais elle lance aussi de l’argent par les fenêtres. Je me redresse pour attraper le téléphone tout en soupirant. J’ai tellement la tête qui tourne. « Ce soir on remet ça ? » Je lui lance un regard qui parle pour moi. Non, on ne remet rien du tout ce soir. Enfin le sexe oui, mais pas l’alcool. « Je ne bois pas d’alcool pour les dix ans à venir. » J’y crois vraiment en lui disant ça, et j’appelle l’accueil pour leur commander à manger des médicaments comme elle me l’a demandé. Notre chambre est un vrai bazar et je profite d’être assis pour la regarder avec désespoir. Nos vêtements partout, c’est une vraie catastrophe alors je me lève et je le regrette immédiatement mais voir un bazar pareil me stresse encore plus. Je ramasse tous nos vêtements pour les poser sur le fauteuil dans le coin de la pièce. J’en profite pour enfiler un jeans propre – je ne me vois pas vraiment ouvrir en caleçon – « Tu devrais aller prendre une douche, tu pues. » Je lui lance comme ça, l’air de rien. Je me moque d’elle, je la taquine parce qu’elle ne fait bien trop souvent avec moi et je ne le fais pas assez régulièrement à mon goût. Surtout que ce n’est même pas vrai.
Everything I need. Is standing in front of me. I know that we will be alright, alright, yeah
Le réveil est délicat, et je me rends compte que la soirée a été largement plus agitée qu'à l'accoutumée, même pour moi. Et alors que je commence à m'habituer à cette douleur qui me tape le crane, la discussion que nous avons semble accentuer légèrement cette douleur. Les souvenirs qui reviennent, cette bague, cette demande en mariage, ces mots échangés, le champagne offert, les applaudissements des autres clients, et si tout a semblé excitant sur le moment, au réveil, la situation est quelque peu différente. Mal à l'aise avec ce souvenir, on partage au moins ce sentiment, celui d'avoir peut-être fait une connerie. Et c'est avec un soupir de soulagement que j'ai constaté qu'il ne veut pas de cette demande non plus. Que nous sommes d'accord sur une chose, cette blague a été drôle sur le moment, le champagne a été extrêmement bon, mais ça s'arrête là. Parce qu'on ne peut pas faire une telle chose en étant aussi bourré non ? On ne peut pas se fiancer sans en avoir jamais parlé, et moi je ne veux pas en parler. Et visiblement lui non plus, tout est parfait donc non ? Alors, presque dans l'espoir de laisser ça derrière nous, j'ai conclus avec l'idée que je l'aime ainsi. Sans fiançailles, sans mariage, parce qu'on a pas besoin de tout ça non ? Je n'en ai pas besoin, et je n'ai pas envie de perturber nos vacances avec une telle pensée. Pourquoi évoquer l'idée d'un engagement alors qu'on est là si bien dans un lieu parfait, tout les deux. Heureux et amoureux, il n'y a que ça qui compte finalement. Et je crois que je perçois un léger malaise chez lui, une tension que je ressens mais que je préfère volontairement ignorer, parce que je ne veux plus de cette discussion et je veux rester sur l'idée que le mariage c'est pas pour moi. Alors je souris, je l'embrasse et j'essaye de me concentrer sur d'autre chose, plus agréable. Retirant la bague, que j'avais pourtant dis que je garderai juste pour l'embêter, je veux passer à autre chose parce que ce sujet ne me plaît pas trop et je sens que ça lui plaît pas non plus, encore une chose sur laquelle nous semblons d'accord. C'est du moins comme ça que je me rassure, tout en me promettant de ne plus jamais me laisser déborder par mes idées folles. Et je me concentre sur autre chose, je dois me sortir tout ça de la tête, pour toujours. Et la première chose à laquelle je songe en me débarrassant de cette bague, c'est le moment ou j'ai failli lui arracher une poignée de cheveux avec ce bijou en plastique. Anecdote amusante dont il ne se souvient plus. Tant pis au moins la discussion n'est plus sur le mariage, mais sur ses cheveux. Ses cheveux, encore et toujours. « Non, non, c'était pour rire, je les aimes comme ça. » Passant une main dans ses boucles, mes doigts glissent sans rencontrer de résistance et mes mains descendent le long de sa nuque, qu'est-ce que j'aime les cheveux de cet homme et cet homme aussi par la même occasion. Et vu notre nuit, je pense pouvoir dire sans trop m'avancer qu'il m'aime aussi, un peu du moins parce qu'il me l'a prouvé. Et je repense à tout ça, aux souvenirs de cette nuit avec lui. Vantant ses mérites et un peu les miens aussi. « T’es beaucoup trop prétentieuse ma chérie. » Je souris à sa remarque. Il me dit que je suis prétentieuse, peut-être un peu sur ce sujet du moins, mais il remet pas en question le fait que j'ai été incroyable et ça me convient. Posée contre lui, on refait le fil de la soirée, et forcément on parle de ce moment dans les toilettes de ce restaurant. Étonnant, nous sommes bien plus à l'aise avec ça, qu'avec le sujet du mariage. Je ris, beaucoup trop fort, quand il évoque ce moment et je vois à son visage que mon rire n'a pas le même effet que d'habitude et que je dois me contenir un peu. Avec quelques décibels de moins, je ris en me rappelant des détails, détails que je partage avec lui parce que c'est tout de même un sacré moment. Sa main s'aventure sur mon dos jusqu'à se retrouver à l'endroit même ou mon corps s'est écrasé sur la poignée. Il s'excuse me demandant si je n'ai pas trop mal et tout mon corps est encore endormi par l'alcool alors non je n'ai pas mal, peut-être que j'ai un bleu de la forme de la poignée mais je n'ai pas mal et c'est tout ce qui compte. « Non non t'inquiète, si tu dois t'excuser d'une chose c'est de ne pas m'avoir rendu la tâche facile quand j'essayais de convaincre la vieille que je n'avais pas besoin d'aide. » Pour le reste, ça fait partie des risques et étonnamment c'est pas l'endroit le moins confortable dans lequel nous avons expérimenté la chose. Et puis le bleu va vite disparaître, et il ne restera que le souvenir de cette soirée, de cette envie à laquelle nous avons succombé comme avant. Avec peut-être un peu plus d'alcool par contre. Ce qui explique peut-être que notre discrétion n'était clairement pas au rendez-vous. Et en parlant de discrétion, je lui rappel qu'il devra l'être s'il ne veut pas alerter ses parents. Parce que je n'ai pas oublié cette partie de la discussion, je n'ai pas oublié non plus qu'il s'est fait surprendre par sa mère, et voilà que j'ai encore envie de rire. Mais je me moque pas de lui, enfin pas à nouveau, pas plus que je ne l'ai déjà fais la veille. Je me contente de l'écouter se dégonfler. « Au pire ta mère t'a déjà surpris c'est pas grave. » Mon sourire en coin qui me trahis alors que je lutte pour ne pas rire réellement, il veut se dégonfler pas de soucis, mais je me donne le droit de le provoquer un peu et de me moquer aussi. « Mais si tu penses pouvoir me résister, pas de soucis on ne fera rien dans ton ancienne chambre. » J'accepte qu'il renonce à honorer sa parole, mais qu'il ne compte pas sur moi pour être sage et lui rendre la tâche facile, c'est devenu bien trop tentant d'un coup de voir jusqu’à quel point il va pouvoir résister. Je garde ça en tête pour notre prochain séjour à la ferme des Anderson, bien qu'au fond de moi, je ne sois pas non plus ultra pressée d'y retourner. Mais c'est un autre sujet.
Il finit par quitter sa position allongé, alors que j'étais bien moi, là contre lui, mes yeux habitués à la lumière et la chambre enfin stable. Mais non il a faim, il bouge et veut se commander à manger. S'il veut manger c'est qu'il doit aller mieux non ? C'est pas ce que son visage me dit pourtant, et quand je lui demande si on remet ça ce soir, son regard semble absolument contre cette idée. « Je ne bois pas d’alcool pour les dix ans à venir. » Dix ans c'est long, mais à part un sourire esquissé, je ne dis rien de plus, le laissant croire qu'il pourra rester totalement sobre dix ans. Il raccroche le téléphone après avoir passé sa commande, et alors que je m'attendais à ce qu'il revienne à mes côtés, il se lève. Je me redresse un peu, m'asseyant dans le lit tout en le regardant s'agiter dans la chambre. Il est vraiment en train de ranger le bordel là maintenant ? « Sérieux Caleb, tu veux pas te rallonger ? » Je désespère de le voir ramasser nos vêtements un à un, même avec une gueule de bois, il ne peut pas s'empêcher de faire les choses correctement. Il s'habille et je sens de plus en plus s'éloigner la journée au lit à laquelle j'avais envie. « Tu devrais aller prendre une douche, tu pues. » J'attrape mon oreiller que je lui balance dessus en réponse à sa remarque. Je sais qu'il rigole, quoique, vu l'agitation de la nuit, une douche n'est clairement pas de trop. « Je t'aurais bien proposé de partager la douche qui est grande mais vu que je pue et que tu t'es déjà douché, je vais me laver seule. » Je me lève, attrapant son haut qu'il vient de déposer sur le fauteuil pour me couvrir un peu, très très légèrement laissant quand même beaucoup trop de parcelles de mon corps totalement nues, et je m'approche de lui, passant mes bras autour de son cou pour l'embrasser, avant de me diriger vers la salle de bain tout en lui faisant un clin d’œil. « Tu manges pas ton dessert sans moi. » Parce que le dessert c'est sacré. Je ferme derrière moi, à clef juste pour le frustrer au cas ou il venait à se sentir d'humeur d'une nouvelle douche, tant pis pour lui, il réfléchira la prochaine fois qu'il me dit que je pues.
“EVERYTHING I NEED. IS STANDING IN FRONT OF ME. I KNOW THAT WE WILL BE ALRIGHT, ALRIGHT, YEAH"
Ces fausses fiançailles étaient drôles hier mais elles le sont beaucoup moins aujourd’hui sobre après le réveil. En voyant Alex la bague au doigt je commence à paniquer en me rendant officiellement compte que je ne suis clairement pas prêt à m’engager comme ça à nouveau. Je sais que je l’aime ça je n’ai aucun doute là-dessus. Je lui fais donc part de mon ressenti et elle semble bien trop heureuse d’apprendre tout ça, ajoutant même le fait qu’elle m’aime encore plus en sachant que je ne veux pas me marier. Ce qui est faux et je pensais qu’elle le savait, tout le monde sait que je veux me marier. Tout le monde sauf elle, apparemment mais j’essaie de ne pas trop me prendre la tête à ce sujet et je préfère rebondir sur sa réflexion sur mes cheveux. « Non, non, c'était pour rire, je les aimes comme ça. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres alors que je sens ses mains se balader dans mes cheveux. Je me demande comment elle réagirait si un soir je rentre les cheveux complètement rasés. Ne me demandez pas pourquoi je pense à ça là maintenant, tout de suite mais je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose qu’elle apprécie beaucoup. Je me contente de l’embrasser doucement sur la joue tout en l’écoutant me parler de ce fameux moment dans les toilettes qui aurait pu être très gênant quand la vieille dame insistait pour aller chercher de l’aide pensant qu’Alex ne se sentait pas bien. C’était assez drôle pour moi du moins peut-être que pour elle ça l’était un peu moins sur le coup. « Non non t'inquiète, si tu dois t'excuser d'une chose c'est de ne pas m'avoir rendu la tâche facile quand j'essayais de convaincre la vieille que je n'avais pas besoin d'aide. » Cette fois un sourire bien plus franc prend place sur mon visage. Est-ce que je suis fier de moi pour lui avoir rendu la tâche difficile ? Oh que oui. Est-ce que si c’était à refaire je le referai ? Bien sûr que oui. Je l’embrasse une nouvelle fois dans le cou tout en lâchant un petit rire. « Ose me dire qu’à ma place t’aurais pas fait la même chose. » Si elle le nie elle sera clairement de mauvaise foi parce qu’on sait tous les deux très bien que oui, elle ne m’aurait pas non plus rendu la tâche plus facile elle aurait même peut-être été encore pire que moi. « Et puis ça va c’était drôle. » Bon ça elle le niera peut-être mais pour moi ça l’était. Bien plus que l’idée de me faire surprendre une seconde fois par ma mère, ou mon père. Oui, je me dégonfle parce que oui j’ai peut-être, vraiment très peur de me faire choper à nouveau et ça serait beaucoup trop gênant. Une fois ça m’a suffi et le pire c’est qu’Alex remet ça sur le tapis. « Au pire ta mère t'a déjà surpris c'est pas grave. » Ça c’est pas cool, si elle continue je vais presque regretter de lui avoir raconté cette anecdote ultra gênante de mon adolescence. En guise de réponse je la pousse doucement. « Mais si tu penses pouvoir me résister, pas de soucis on ne fera rien dans ton ancienne chambre. » Oh non. Encore une fois, ça c’est pas cool. Pourquoi est-ce qu’elle doit toujours vouloir soit se foutre de ma gueule ou bien me mettre au défi ? « Chérie, on peut le faire où tu veux et quand tu veux je t’assure mais chez mes parents… » Je grimace légèrement et puis merde, je n’ai juste pas envie de risquer de me faire surprendre par mes parents une deuxième fois, ou bien qu’ils nous entendent tout simplement. « …abandonne l’idée. » Elle ne le fera sûrement pas mais au moins j’aurais essayé. Je doute qu’elle lâche l’affaire aussi facilement.
J’ai faim, j’ai envie de manger même si je ne sais pas si c’est la meilleure des choses à faire quand on a la gueule de bois comme moi aujourd’hui. Je suis tellement rarement dans ce genre d’état que je ne sais pas quoi faire pour me sentir mieux. J’appelle la réception et tout de suite après je me lève – même si je le regrette très vite parce que j’ai l’impression que la chambre est en train de bouger. – Et je ne peux pas m’empêcher de ranger le bazar que nous avons fait hier soir en rentrant. « Sérieux Caleb, tu veux pas te rallonger ? » Je secoue négativement la tête alors que continue mon petit ménage. « Ça me stresse ce bordel. » Moi un peu maniaque ? Oui et je l’assume totalement. Je n’aime pas rester dans une pièce en bordel. « Ça te fait rien toi ? » Je lui demande en me retournant vers elle. Mais je ne sais pas pourquoi je lui pose cette question parce que je connais déjà la réponse. Pas qu’elle soit extrêmement bordélique mais je sais qu’elle aurait pu rester dans la chambre toute la journée sans qu’elle ne soit un minimum plus rangée. Mais moi ça me stresse, ça me perturbe même quand j’ai la gueule de bois apparemment. Et c’est en riant – sans trop faire de bruit parce que le mal de tête est toujours présent – que je réceptionne le coussin qu’elle vient de me lancer. Je l’ai cherché, je viens quand même de lui dire qu’elle puait même si c’est faux et elle le sait. Elle passe son temps à se moquer de moi alors moi aussi je m’autorise à le faire de temps en temps. « Je t'aurais bien proposé de partager la douche qui est grande mais vu que je pue et que tu t'es déjà douché, je vais me laver seule. » Elle me dit ça en se levant se couvrant qu’à moitié, j’ai peux encore apercevoir de nombreuses parties de son corps toujours nu. Je la regarde s’approcher de moi et cette fois je ne ramasse plus aucun vêtement préférant largement profiter de la vision qu’elle m’offre. Je lui rends son baiser et maintenant je n’ai plus vraiment envie de ranger ni même de manger. Toujours sans rien dire je l’observe aller vers la salle de bain et c’est sa voix qui me fait redescendre sur terre. « Tu manges pas ton dessert sans moi. » Alors que je m’apprête à la rejoindre dans la salle de bain j’entends le verrou. Elle a vraiment fait ça ? « Tu viens sérieusement de t’enfermer à clef ? » Je lui demande assez fort pour qu’elle puisse m’entendre. Mais encore une fois ma question reste assez inutile puisque je connais déjà la réponse. Elle fait chier. Elle est forte. Mais elle fait chier. Je me retrouve tout seul comme un con dans une chambre qui est maintenant plus ou moins rangée et j’entends l’eau de la douche couler. Je soupire tout en me laissant tomber sur le lit, je n’ai rien à faire alors je me mets à réfléchir et je repense à ce qu’elle m’a dit tout à l’heure. Elle ne veut pas se marier. Je pense que le fait qu’elle ait insisté sur pour ces fausses fiançailles hier m’a certainement donné un peu d’espoir sur ses pensées sur le mariage. J’espérais que ça voulait dire qu’elle en avait envie. Pas maintenant, parce que moi non plus je ne veux pas m’engager dans les jours les semaines voire les mois à venir. Mais elle, non. Elle n’en a pas envie et elle n’en aura certainement jamais envie. Du moins c’est ce que je comprends. Toujours avec ces pensées en tête je réceptionne ma commande et sans plus attendre je prends mon médicament laissant celui d’Alex sur le côté. Je mange, ça me fait du bien parce que j’avais la sensation d’avoir le ventre vide mais je me sens toujours aussi mal. Quand elle ressort de la salle de bain je lève les yeux vers elle et lui tends son médicament. « T’es sûre que tu veux pas manger un peu ? » Il reste à peu près la moitié de mon assiette et même si j’ai largement assez faim pour la terminer je suis prêt à lui laisser le reste. « J’en peux plus j’ai vraiment l’impression que ma tête va exploser. Me laisse plus jamais boire comme ça. » Je me plains encore mais je regrette vraiment d’avoir autant forcer sur l’alcool hier, même si on a passé une bonne soirée.