| no hesitation, no delay (sky&cam) |
| | (#)Mer 25 Déc 2019 - 23:02 | |
| Ses vacances en famille avaient été de courte durée, mais Camil ne regrettait pas d’être retourné aux Etats-Unis. Il avait passé quelques jours au Texas, à Houston. Comme à chaque fois qu’il rentrait dans sa ville natale, l’Américain avait un emploi du temps très serré. Il en profitait toujours pour revoir quelques amis, quelques vieilles connaissances, et quelques potentiels alliés politiques. Même en vacances, Camil ne perdait pas de vue qu’il avait de fortes ambitions et que chaque alliance nouée pouvait être, tôt ou tard, utile. Tirer les ficelles faisait partie de son quotidien, et les habitudes avaient la vie dure. Il avait passé les fêtes avec ses parents, son frère et sa sœur. Il avait gâté ses proches : un nouvel iPad pour ses parents, des chaussures à la semelle rouge et un foulard en soie pour sa sœur, et une bouteille de vin pour son frère. Malgré la froideur entre les deux frères, Camil avait fait un effort – Carlo pouvait remercier Sixtine, qui s’était montrée convaincante et suppliante. Ne pouvaient-ils pas mettre leur animosité de côté, pour une fois ? Non, avait simplement répondu le politicien. Elle ne pouvait pas savoir. Elle ne devait pas savoir. En famille, Carlo et Camil avaient, pour une fois, décidé d’être polis et respectueux l’un envers l’autre. Autrement dit, les deux s’étaient installés à l’opposé de la table qui avait été dressée pour l’occasion, et ils avaient habilement évité de s’adresser le moindre mot. Même pour demander le sel, Camil avait préféré demander à sa mère – qui avait préféré faire comme si de rien était. Elle semblait résignée, prête à accepter l’éternelle mésentente qui régnait depuis quelques années entre ses deux fils. Malheureusement pour elle, elle savait aussi que c’était le poids de leur mensonge qui pesait sur la relation des deux Smith. Et jusqu’à ce jour, au grand désespoir de Camil, personne n’avait cédé à l’appel de la vérité. Les Smith faisaient front, et lui n’avait qu’à suivre le mouvement. Il avait regardé Sixtine avec une douceur inégalée, qui lui avait répondu d’un petit sourire malicieux. L’aîné, rassuré, avait continué de manger sans prononcer le moindre mot. Le repas à peine achevé, Camil avait rassemblé l’ensemble de ses affaires. Le lendemain, il avait un vol pour Aspen. Il avait réservé quelques jours dans la station de ski de luxe du Colorado, comme il le faisait régulièrement depuis quelques années. Là-bas, il croiserait sans doute quelques têtes familières – encore une fois, ce serait l’occasion de nouer quelques liens, et d’en fortifier d’autres. Et puis, sans grande surprise, ce serait aussi l’occasion de s’amuser. Il avait déjà hâte d’y être.
Il pianotait sur son téléphone portable, et relevait la tête de temps à autre pour vérifier que son rendez-vous n’était pas dans les parages. Il eut un petit sourire en constatant qu’elle était en retard – et connaissant le personnage, ceci était un calcul de sa part. Elle se faisait désirer, alors qu’elle était celle qui avait provoqué cet entretien. Et ça, ce fort tempérament, ça plaisait à l’Australien. Il trouvait cela prometteur et intéressant. Il allait se plonger dans la lecture d’un mail qui avait l’air particulièrement soporifique, mais il aperçut une femme s’avancer vers le restaurant – son rendez-vous de ce midi. « Skylar. » Il déposa son téléphone portable sur la table, et se leva pour l’accueillir. « Tu es très en beauté. » Complimenta l’Australien, après avoir attentivement observé la tenue que portait son interlocutrice. Bénis soient les étés australiens, songea-t-il intérieurement, alors qu’elle arborait un décolleté prometteur. Il fit signe au serveur, qui se matérialisa quelques instants plus tard auprès d’eux. Il posa deux coupes de champagne face à eux, qu’il s’empressa de remplir. « J’ai pris la liberté de commander pour l’apéritif. » Pour le reste, il la laisserait choisir. Mais commencer la nouvelle année sans champagne était inenvisageable, à son avis. L’Australien prit sa coupe, et la leva en direction de Skylar. « Qu’est-ce que je te souhaite, pour cette nouvelle année ? » Demanda-t-il avec un regard malicieux. De travailler avec lui, peut-être ? D’être en mesure de faire ses preuves à ses côtés ? Ou complètement autre chose, d’ailleurs : il n’était pas à l’abri d’être surpris.
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| | | | (#)Jeu 26 Déc 2019 - 18:12 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 Les fêtes se sont terminées, et elles m’ont laissé un goût amer dans la bouche, c’est indéniable. Nolan est arrivé sur la fin du diner que j’avais organisé avec Carlisle, son horrible père et cette garce de Carmina Farrell, donnant l’occasion à cette dernière de noter l’absence de mon conjoint. Elle s’en est frotté les mains, j’en suis certaine, et je me suis sentie aussi délaissée que trahie. Je lui avais demandé pourtant de ne pas s’absenter, argumentant en lui rappelant qu’aucun partenaire professionnel ne lui en voudrait de décaler un voyage pour le reporter à la nouvelle année et rester chez lui, près de son épouse pendant les fêtes, mais il avait prétexté une affaire de la plus haute importance un échange qui ne pouvait pas être repoussé, un rendez-vous important. Je ne suis pas idiote, je sais ce qu’il en est et je sais qu’il s’est probablement proposé sans que l’on ait à le lui demander pour s’éloigner de moi, pour prendre un peu de temps pour digérer ce qu’il considère comme une trahison et ce que ne voit que comme une fantastique opportunité professionnelle. Il me connait mal s’il pense que son refus de me voir collaborer avec son ami aura un autre résultat que celui de me pousser à redoubler d’efforts pour décrocher ce contrat. J’aurais préféré le lui annoncer moi-même, et qu’il ne l’apprenne pas par la secrétaire de Camil, mais c’est trop tard à présent, et je ne suis pas du genre à m’écraser pour gagner son pardon. Je provoque, je fais l’inverse de ce que l’on attend de moi pour ne pas me sentir étouffée et enfermée. Il s’agit de ma pire crainte, celle que de m’effacer et m’oublier moi dans cette relation, alors que Nolan ne me l’a jamais demandé, a chéri mon indépendance jusqu’à ce qu’elle ne commence à prendre trop de place.
Mais tant pis, j’ai campé sur mes positions, lui expliquant que je rencontrerais Camil pour lui proposer une collaboration quoi qu’il en pense. Je l’ai également tenu au courant de la date, me gardant bien de lui préciser qu’il s’agissait d’un déjeuner et non d’un rendez-vous plus formel, me convaincant que je n’avais encore une fois rien à me reprocher. Pourtant quand j’ai choisi mes vêtements ce matin, n’ai-je pas volontairement choisi un magnifique tailleur blanc et une chemise mettant en valeur mon généreux décolleté ? N’ai-je pas passé de longue minutes à travailler mes cheveux pour les lisser ? Je n’ai pas non plus hésité avant de rajouter un rouge à lèvre carmin à mon maquillage déjà étudié, ni à me jucher sur une haute paire de talons aiguilles mettant mes jambes moulés dans mon pantalon de tailleur en valeur. Je suis toujours apprêtée, mais aujourd’hui particulièrement et si j’en crois le sourire de l’américain lorsque j’entre dans le restaurant et que nos regards se croisent, j’ai visé juste aujourd’hui. Il se lève, poli(tique) et bien élevé, alors que j’arrive au niveau de la table. « Skylar. » « Camil, bonjour. » Il m’observe, me détaille discrètement mais sans s’en cacher non plus. « Tu es très en beauté. » Un sourire radieux vient s’installer sur mes lèvres, je suis une femme qui aime les compliments. Autant que j’aime les endroits chics et le luxe, encore une fois il a tout juste, l’esquire et un restaurant particulièrement bien choisi. Le genre d’établissement qui ne peut que faire mouche. « Je te remercie. » Je dépose mes lèvres sur sa joue, avant de m’installer face à lui, en laissant mon téléphone dans mon sac à main que je dépose sur le dossier de ma chaise. Mes yeux se posent sur les coupes de champagne au moment où Camil reprends la parole. « J’ai pris la liberté de commander pour l’apéritif. » Il voit les choses en grand, et si c’est moi qui suis là pour le courtiser professionnellement, j’aime toutes ces attentions. Et je suis persuadée qu’il le sait. « C’est parfait. » Mes yeux ne se portent pas tout de suite sur la carte. Joindre l’utile à l’agréable en déjeunant ensemble est un plus, mais je ne perds pas de vue que mon objectif n’est pas de me remplir l’estomac. « Qu’est-ce que je te souhaite, pour cette nouvelle année ? » Je ne suis pas du genre à faire mille détours. Si bien que je choisis d’être directe. « De faire de toi le candidat idéal à la chambre de représentant je suppose, non ? » Il n’a jamais exprimé publiquement ses ambitions politiques, mais ne s’est pas déclaré non plus pour les municipales, si bien que je lui prête de plus grandes ambitions. « De mon côté j’ai du mal à voir ce que je pourrais te souhaiter, puisqu’il semblerait que tu as déjà obtenu de pouvoir passer un peu plus de temps avec moi. » Je m’imagine déjà embauchée, je n’ai pas l’habitude d’échouer. Et je ne suis pas naïve quant au regard que Camil pose sur moi, et j’ai bon espoir qu’il joue en ma faveur, même si je n’ai pas besoin de ça pour avoir un discours convaincant. « Comment se porte le nouveau monde ? » L’américain a choisi de parcourir des milliers de kilomètres pour les fêtes, je ne l’ai pas oublié. Je n’oublie jamais rien à vrai dire, les informations sont précieuses pour alimenter une conversation. « Ta secrétaire n’a pas mis longtemps à vendre la mèche au fait. Elle ne m’a même pas laissé l’occasion de dire moi-même à Nolan que tu envisageais de collaborer avec nous. » Je me cache derrière un nous représentant mon entreprise, plutôt qu’un moi. « Tu es derrière cette gaffe ? » Je l’en imagine capable à vrai dire, je l’imagine capable de beaucoup de choses pour l’amour de la provocation. Je lui pose la question dans un sourire, en portant ma coupe de champagne à mes lèvres.
Dernière édition par Skylar Whitaker le Dim 29 Déc 2019 - 19:06, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 27 Déc 2019 - 17:45 | |
| Il n’était pas rentré depuis longtemps en Australie, mais ses vacances lui paraissaient déjà bien lointaines. Contrairement à Houston, ici, à Brisbane, il n’était pas un inconnu. Il croisait régulièrement des têtes connues, et les gens n’hésitaient pas à l’aborder. Ça avait commencé par l’un des conseillers municipaux de la ville, qui était poliment venu lui adresser ses vœux pour la nouvelle année alors qu’ils s’étaient par hasard croisés au supermarché. Puis le maire lui-même l’avait sollicité, et Camil n’avait eu d’autre choix que d’accepter. Il avait eu aussi quelques nouvelles de son collaborateur et ami Nolan – mais les sollicitations de ce dernier le gênaient moins que celles des autres. Ce lundi matin, c’était donc avec la sensation d’être déjà retourné au travail que Camil s’était habillé, le matin-là. Il n’était pas franchement ravi de devoir enfiler un costume, alors que les chaleurs de l’été commençaient à se faire ressentir.
Attablé et pianotant sur son téléphone, il se releva que lorsque l’Australienne s’avança vers lui, toute de blanc vêtue. Un compliment bien placé – qu’il pensait, en plus d’être flatteur – et déjà, il constatait le sourire radieux que Skylar lui adressait. Il ne la connaissait pas encore très bien, mais il semblait avoir décelé une certaine part de sa personnalité sur laquelle il surferait sans aucun problème : son attrait pour les belles choses. On pourrait l’accuser d’être un manipulateur, d’un petit malin qui usait et abusait des faiblesses pour se mettre son interlocutrice dans la poche ; c’était en partie vrai. Cependant, Camil ne pouvait nier une chose : lui-même adorait le luxe et la volupté. L’abondance et les choix du politicien étaient donc partiellement dictés par ses goûts, qui se trouvaient être identiques à ceux de Skylar. Il lui souhaita donc, en bonne et due forme, une excellente nouvelle année. Il éclata de rire lorsqu’elle évoqua ses ambitions politiques, et secoua la tête. « Tu t’avances peut-être un peu. » Ses ambitions n’étaient pas encore rendues publiques, et les prochaines élections pour la chambre des représentants se dérouleraient dans deux ans. Il avait donc le temps de préparer son attaque. « Mais le fait que tu me vois aller si loin me touche sincèrement. » Il en faisait des tonnes, amusé par la situation. Ce déjeuner d’affaires semblait prometteur, et il avait hâte de voir comment Skylar se débrouillerait. La tester était un jeu pour lui, et il ne comptait pas s’en priver. « C’est vrai. » Admit-il en souriant. « Tu fais de moi un homme comblé. » Il se moquait gentiment, mais appréciait cette assurance dont elle faisait preuve. Nolan n’apprécierait sans doute pas apprendre que sa femme avait approché et éveillé l’intérêt de son patron, mais qu’importe : pour le moment, il ignorait tout ce qui se tramait. « Bien, très bien même. » Répondit Camil. « Par chance, le temps à Houston a été clément. Quant à Aspen… » Camil eut un sourire amusé en repensant à ses vacances. Beaucoup de débauche, peu de sérieux, mais quelques rencontres inédites et particulièrement intéressantes pour l’avenir. La station de ski de luxe du Colorado était un véritable point de rendez-vous. « Eh ben, ça a été beaucoup de ski, beaucoup d’alcool, et beaucoup de jacuzzi. » Comme chaque hiver, à vrai dire. Les vacances de Camil à Aspen n’étaient jamais de tout repos, mais toujours très utiles. Là-bas, il profitait de son temps pour associer plaisir et travail – un cocktail détonnant, qui lui avait plutôt réussi, jusqu’à aujourd’hui. « As-tu déjà eu l’occasion de le découvrir, ce nouveau monde ? » Demanda-t-il par pure curiosité. « Parce que si ce n’est pas le cas, tu devrais y songer. » Il lui donnerait volontiers quelques bonnes adresses. « Non. » Répondit-il en secouant la tête, choisissant de se montrer honnête. « Mais je trouve cela particulièrement cocasse, si tu veux tout savoir. » Il fit la moue, et prit quelques instants pour réfléchir à la situation. Quelque chose déconnait, et il se demanda naturellement si le couple Whitaker était complètement honnête avec lui. Loin de se laisser démonter par cet éventuel revers, l’Américain poursuivit : « Parce que Nolan ne m’a rien dit. » Pourtant, il avait eu de nombreuses occasions de lui toucher deux mots de ce déjeuner d’affaires officieux. Ils s’étaient parlés à de nombreuses reprises, y compris pendant les congés de Camil. Ils s’étaient recroisés à quelques reprises depuis les fêtes de fin d’année, et jamais Nolan n’avait admis être au courant de ce qui se tramait entre son patron et Skylar. Pour quelle raison ? « Tu l’expliques comment ? » Demanda le politicien en croisant les bras sur la table, devant son assiette encore vide. Il n’avait, pour le moment, pas touché à sa coupe de champagne ; trinquer avec l’ennemi était, pour lui, inenvisageable. « Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, les Whitaker, mais je ne suis pas sûr qu’il me plaise. » Admit-il en faisant la moue. En attendant que l’Australienne prenne la parole et explique ce qu’il en était, Camil s’empara de sa flûte et sirota son champagne avec délice. Après tout, un revers ne devait aucunement l’empêcher de savourer ce qui était une réussite, n’est-ce pas ?
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| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 15:01 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 J’ai toujours vu loin. Seule enfant d’un père riche et à la tête de sa propre entreprise florissante j’aurais pu me contenter de vivre dans le luxe, de profiter de la richesse familiale sans jamais rien faire de ma propre vie mais j’ai toujours nourri de dévorantes ambitions. Bien sûre que je travaille pour Bradford PR, et qu’à partir de là beaucoup pensent que tout ce que j’ai, tout ce que j’ai accompli n’est que piston, mais je m’en moque. Mon nom m’a aidé, et l’affiche sur ma carte de visite m’a ouvert bien plus de portes que si je n’avais été qu’une anonyme, mais j’ai travaillé pour en arriver là, j’ai sacrifié week-end et vacances pour avancer dans l’entreprise, décrocher un poste à Brisbane et aujourd’hui être passée senior. J’ai des vues sur la direction de l’antenne locale de Brisbane depuis que j’y ai posé le pied, et si mon père m’a toujours refusé le moindre passe-droit je veux tout faire pour prouver qu’en plus d’être née Bradford c’est une position que je mérite.
Travailler avec une personne comme Camil Smith, une figure importante de la ville est le genre d’affaires qui peuvent me donner de la visibilité, me faire marquer des points, et rien de tout ça n’est désintéressé. Si le blond me flatte de ses avances et attentions, ce que j’ai dit à Nolan n’en reste pas moins vrai : je veux travailler avec lui pour l’opportunité professionnelle qu’il représente pour moi. Pas pour n’être qu’une cruche à ses côtés. Décrocher un contrat comme celui-ci, c’est le genre de chose qui me permettrait de faire mes preuves. « Tu t’avances peut-être un peu. Mais le fait que tu me vois aller si loin me touche sincèrement. » Je laisse échapper un sourire. « C’est si toi tu ne te vois pas si loin que tu vas me faire peur. » Parce que je déteste le manque d’ambition plus que tout, et je ne pense pas que cela soit l’un de ses défauts. Je serais profondément déçue si c’était le cas. « C’est vrai. Tu fais de moi un homme comblé. » Je souris, secoue la tête, et joue sans m’en rendre compte. Parce que même mariée j’aime plaire, j’aime séduire, et j’aime laisser planer le doute. Les choses ont toujours été ainsi, mais depuis quelques semaines c’est différent. Je me sens différente. Comme si les tourments qui agitent mon mariage m’avaient rendu plus à l’écoute, plus réceptive aux hommes comme Camil, ceux qui se fichent bien de voir une alliance à mon doigt. « Bien, très bien même. Par chance, le temps à Houston a été clément. Quant à Aspen… Eh ben, ça a été beaucoup de ski, beaucoup d’alcool, et beaucoup de jacuzzi. » Rien de bien surprenant, et si je me fie à sa sulfureuse réputation, il doit y avoir eu beaucoup de femmes en plus de tout ça. C’est là l’un des principaux obstacles à ses ambitions politiques à mon sens. Il a peut-être l’impression que cela ne revêt d’aucune importance, mais pour la ménagère moyenne ça en a, qu’il le veuille ou non. « As-tu déjà eu l’occasion de le découvrir, ce nouveau monde ? Parce que si ce n’est pas le cas, tu devrais y songer. » Ma famille est australienne pure souche, mais l’argent que nous avons m’a toujours permis de voyage, et ce dès le plus jeune âge. « Mon père possède un ranch au fin fond du Montana, acheté pour quand il ressent l’envie de s’évader et se ressourcer. Se ressourcer avec du personnel à ses petits soins et un SPA à domicile cela va de soi, mais j’y ai passé pas mal de vacances. » J’y ai appris à monter à cheval aussi. « Je suis allée plusieurs fois à New York, et Nolan et moi sommes partis à Miami l’an dernier en vacances, même si, tu le connais, il n’a pas pu s’empêcher de regarder son téléphone trois à quatre fois par jour. » Moi aussi cela dit, mon mari et moi nous sommes bien trouvés.
En parlant de Nolan je ne peux m’empêcher d’être directe avec Camil. Nolan a appris rapidement que Camil envisageait de faire affaire avec mon entreprise, avec moi, et je cherche à savoir s’il s’agit là d’un calcul de l’homme politique, d’une sombre manœuvre destinée à semer la discorde. « Non. » Je reste impassible, sans trop savoir pour l’instant quoi en penser et que croire. « Mais je trouve cela particulièrement cocasse, si tu veux tout savoir. » Je n’arrive pas à conserver mon visage fermé et laisse à nouveau échapper un sourire, mes yeux bleus rieurs. Camil ne changera pas, jamais, tout ce que je peux espérer c’est d’arriver à bien dissimuler ses travers et penchants trop marqués pour la gente féminine. « Parce que Nolan ne m’a rien dit. » Évidement. C’est tellement plus facile de me demander des comptes à moi, de remettre ma loyauté à moi en question. « Tu l’expliques comment ? » Est-ce moi qui suis testée ? Mise à l’épreuve à présent ? « Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, les Whitaker, mais je ne suis pas sûr qu’il me plaise. » Il attrape sa flute de champagne et j’en fait du même, en l’observant quelques secondes. « C’est un test ? » Je marque une pause, un sourire amusé sur les lèvres. « Nolan ne t’en a probablement pas parlé parce qu’il a préféré passer ses nerfs sur moi, et remettre mes intentions à moi question. » Alors qu’elles sont encore claires, quel que soit le plaisir que je retire des compliments de l’américain. « Je ne vais pas te mentir, il n’aime pas l’idée que nous travaillions ensemble. Mais il a compris qu’il n’avait pas le choix. Me concernant en tout cas. » Je fronce les sourcils, défie l’homme autant que le politique du regard. « Tu ne vas tout de même pas laisser sa jalousie mal placée interférer dans notre potentielle collaboration ? » Le serveur s’approche de notre table, mais je ne quitte pas le blond du regard, mes yeux accrochés aux siens, une lueur provocatrice dans les yeux.
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| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 23:57 | |
| « Je me vois très loin, ne t’en fais pas pour ça. » Répliqua Camil, avec un clin d’œil appuyé. A ce sujet, elle pouvait être rassurée : ses ambitions étaient débordantes, et il avait parfois du mal à les canaliser. Combien de fois Nolan avait-il dû le raisonner, au cours des douze derniers mois ? Trop pour qu’il puisse les compter sur les doigts d’une main. « Seulement, je n’ai encore rien rendu publique. Chaque chose en son temps. » Admit-il en souriant. Seule sa petite sœur était au courant de tout, dans les moindres détails. Et dans son ascension fulgurante, il avait réservé une place de choix à la dernière des Smith. « Le Montana ? » Répéta-t-il en arquant un sourcil, surpris. Ce n’était pas l’état le plus touristique, ni même le plus attractif. Mais les gens qui avaient de l’argent pouvaient se permettre toutes les extravagances, n’est-ce pas ? « Ça sent les flirts discrets, cette affaire. » Déclara Camil en souriant. La richissime fille de la famille, seule héritière, qui s’ennuyait dans ce grand ranch une fois sa séance de massage terminée… Et le fils un peu emprunté de l’employé de ferme, qui traînait là et s’occupait discrètement des chevaux. Le cliché faisait bien rire l’Américain. « Miami ? Ton choix, ou le sien ? » Demanda Camil en souriant. A part pour la fête et les filles, le politicien ne saisissait pas très bien les raisons qui faisaient de cet état un eldorado. La population était vieillissante et particulièrement raciste. Seules les apparences et les paillettes comptaient – et le chic et la classe ne faisaient aucunement partis de l’équation. Alors bien sûr, les températures étaient clémentes et se baigner y était agréable en toute saison.
« Pas de test. » Répondit l’Américain en secouant la tête. Il cherchait seulement à comprendre les raisons qui avaient fait que Nolan avait préféré le silence à la confrontation. Son meilleur atout était-il en train de se ramollir ? Ou est-ce le fait que ce soit sa femme qui soit impliquée qui venait changer son attitude ? Si tel était le cas, était-ce une bonne idée d’intégrer Skylar dans l’équation ? Il avait besoin d’une équipe sérieuse, dévouée, qui ne se laisserait pas envahir par leur ressentiment. La question de compter la femme de son collaborateur parmi les siens se posait donc. « Seulement, j’ai besoin de savoir avec qui je travaille. » Avec les ambitions qu’il avait, il était hors de question qu’il s’embarrasse de personnalités discordantes. Il fallait avancer vite, et il fallait avancer bien. Camil n’avait aucune seconde à accorder aux querelles et aux mésententes – surtout si elles pouvaient être directement réglées à domicile. « A quoi bon ? Il te connaît, non ? » Demanda l’Australien en arquant un sourcil. Si le directeur du cabinet du maire de Brisbane avait connaissance de l’ambition dévorante de Skylar, nul doute que son mari n’était pas sans le savoir, lui aussi. « Et il sait. Il sait qu’entre toi et moi, c’est moi le grand méchant loup. » Parce qu’il ne reculait jamais devant rien, même si cela s’annonçait compliquer. Parce qu’il était capable de foncer, tête baissée et ignorant les ravages qu’il pourrait faire sur son passage, pour obtenir ce qu’il désirait. Il ne dissimula pas le sourire qui naissait sur ses lèvres, alors qu’elle reconnaissait finalement que Nolan n’aimait pas l’idée d’une potentielle collaboration. « Quelle surprise… » La remarque n’attendait aucune réponse. Elle ponctuait juste une conversation, et faisait état d’une vérité que Nolan aurait aimé gommer – Camil aimait séduire. « Voilà une querelle qui promet quelques réconciliations torrides. Si ta vie sexuelle s’en retrouve améliorée, tu sauras qui remercier. » Déclara le politicien, avant de goûter aux bulles qui dansaient dans sa flûte. Ce champagne était délicieux, et il ne regretta pas son choix. « Mal placée ? » Répéta-t-il avec un petit sourire qui en disait long. A son sens, la jalousie de Nolan était tout, sauf mal placée. Comme toujours, son fidèle collaborateur avait eu le nez fin. Il connaissait Camil depuis tellement longtemps, en même temps. S’il ne doutait pas un seul instant de ses intentions professionnelles et politiques, Nolan savait aussi que son patron avait l’habitude de joindre l’utile à l’agréable. Pourquoi s’en priver ? La vie était tellement courte. « Il me connaît si bien. Et tu sais quoi ? Il a de quoi être inquiet. » Même si inquiet lui semblait un peu fort. Le serveur s’approcha, et les interrompit un moment pour prendre leur commande. Le politicien, qui mangeait toujours sainement, opta pour une salade saisonnière : salade, tomate, melon, dés de feta, olives, poivrons, avocat, billes de mozzarella. Frais et léger, parfait pour une journée où il avait une croix sur son entraînement de boxe pour se rendre à son déjeuner d’affaires. « Ou, à défaut d’être inquiet, il a de quoi être agacé. » Pour un peu, il aurait presque eu de la peine pour son collaborateur et ami. Mais son épouse était un vrai challenge, et Camil aimait la compétition. C’était aussi pour cela que Nolan l’avait rejoint, et soutenu. « Parce que tu sais tout le rentre-dedans que je vais te faire. Je vais continuer à essayer de te glisser dans mes draps. Je vais continuer mes petites remarques, faussement anodines. Et je vais continuer de jeter des regards appuyés sur toi. » Ce petit-jeu, ils l’avaient tous deux initiés lors de la soirée organisée par le couple Whitaker. Skylar n’y avait pas été insensible – un élément qui encourageait clairement Camil à poursuivre son œuvre. « Et toi, tu t’obstines à vouloir travailler avec moi ? Tu es ou trop ambitieuse, ou trop audacieuse. » Fit-il remarquer en ricanant. A moins que le petit chaperon rouge ait grandi.
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| | | | (#)Mar 31 Déc 2019 - 11:43 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 « Je me vois très loin, ne t’en fais pas pour ça. Seulement, je n’ai encore rien rendu publique. Chaque chose en son temps. » Je brûle d’envie d’en savoir plus mais comprends qu’il ne fait pas le brusquer. Lui est là pour me tester, pour savoir ce que je vaux, je ne suis pas dans les chaussures de celle qui pose trop de questions aujourd’hui. Je dois le convaincre, avant de mériter qu’à son tour il se livre un peu plus sur ses ambitions, et je le comprends, si bien que je ne réponds pas et me contente de porter ma flute de champagne à mes lèvres. « Le Montana ? Ça sent les flirts discrets, cette affaire. » Ce coup-ci un sourire malicieux étire mes lèvres. Il n’a donc qu’une seule passion, qu’une seule idée en tête ? Il n’a pas tort cependant, le ranch a été lieu de certain de mes premiers flirts et premiers émois, parce qu’en vacances il est bien connu que l’on s’autorise plus, et surtout parce que là-bas je n’avais pas forcément ma génitrice surprotectrice et étouffante sur le dos. Lorsqu’elle partait en randonnée avec mon père, lorsqu’ils prenaient la voiture pour aller visiter des vignobles j’étais livrée à moi-même dans un ranch bien trop grand, et l’adolescente puis la très jeune femme que j’étais avait découvert la gente masculine américaine. Je ne réponds rien encore une fois, mais mon sourire ne peut que lui confirmer qu’il a raison. « Miami ? Ton choix, ou le sien ? » Je fronce les sourcils, et me décide pour une réponse qui ne lui en dira pas plus sur Nolan ou sur moi. « Le nôtre. » Mais je ne m’agace pas de sa curiosité, au contraire elle est grisante, autant que l’est le fait qu’il cherche à me découvrir, plus que lors des échanges que nous avions eu jusqu’ici, qui s’était presque tous déroulés sous le regard attentif de Nolan.
Et c’est dangereux mais j’aime ce que je vois. J’aime ce que je découvre de l’américain lorsqu’il n’a plus mon époux pour surveiller ses faits et gestes. Mais j’ai encore l’absence de Nolan pour les fêtes en tête, et elle ne m’aide pas à me refermer à Camil. « Pas de test. Seulement, j’ai besoin de savoir avec qui je travaille. » Il connait Nolan, et dans une certaine mesure il me connait. « Tu peux me poser les questions que tu veux. » Parce qu’encore une fois au-delà de comprendre, je suis habituée. Pour une raison qui m’a toujours échappée chaque potentiel client veut cerner son interlocuteur et ne se satisfait jamais seulement de l’excellente réputation de mon cabinet. « A quoi bon ? Il te connaît, non ? » Je hausse les épaules, pour signifier que j’ai arrêté de chercher un sens aux différents caprices de mon époux, qu’au fond je sais pourtant justifiés. D’un œil extérieur bien sûr que cela semble excessif, mais mon passé amoureux ne joue pas pour moi, j’étais libre et frivole avant de rencontrer Nolan et j’aurais aimé qu’il soit capable de se rendre compte que j’avais changé, mais d’un tempérament jaloux et possessif je suis obligée de reconnaitre que j’aurais eu les mêmes appréhensions que lui. « Et il sait. Il sait qu’entre toi et moi, c’est moi le grand méchant loup. » Je me recule dans ma chaise, cherchant la réponse à lui formuler. « Il faut croire que même après cinq ans de vie commune il a encore mes frasques passées dans un coin de la tête. » J’opte pour l’honnêteté, parce que je sais que face à un homme comme Camil la vérité de me dessert pas, au contraire même. Je sais qu’elle va piquer sa curiosité et éveiller son intérêt. « Quelle surprise… » Je souris, parce que je sais que ce n’en est pas une pour lui. « Voilà une querelle qui promet quelques réconciliations torrides. Si ta vie sexuelle s’en retrouve améliorée, tu sauras qui remercier. » Il n’a pas besoin de savoir que nous avons depuis longtemps dépassé ce stade-là. Nolan et moi partageons encore des moments tendres de complices, tout comme des étreintes qui me font oublier les tourments qui secouent notre couple, mais nos querelles elles sont bien trop ancrées et insolubles pour être résolues sur l’oreiller. « Mal placée ? » Je ne réponds pas, curieuse de voir jusqu’où Camil s’aventurera sur cette pente glissante. « Il me connaît si bien. Et tu sais quoi ? Il a de quoi être inquiet. »
Je lève un sourcil et m’apprête à lui demande d’expliciter le fond de sa pensée quand le serveur nous interrompt. Je commande la spécialité de la maison, les gnocchis frais accompagnés de salade verte, et Camil en bon gentlemen choisi le vin qui accompagnera nos plats. Je regarde le serveur s’éloigner avant de vriller mes pupilles dans celle de l’homme politique. « Ou, à défaut d’être inquiet, il a de quoi être agacé. » Je ne le coupe pas, curieuse de la suite. « Parce que tu sais tout le rentre-dedans que je vais te faire. Je vais continuer à essayer de te glisser dans mes draps. Je vais continuer mes petites remarques, faussement anodines. Et je vais continuer de jeter des regards appuyés sur toi. » Il est direct et je ne m’y attendais pas. Je vois ses regards et je joue de son rentre dedans, mais je ne le pensais pas assez audacieux pour formuler à haute voix son envie de passer du bon temps avec moi, aussi directement en tout cas. « Et toi, tu t’obstines à vouloir travailler avec moi ? Tu es ou trop ambitieuse, ou trop audacieuse. » Les deux probablement, mais en cet instant c’est mon ambition qui me pousse vers lui. Ses attentions sont un bonus que j’apprécie, et je me déteste pour ça. « Parce que tu crois être le premier ? » Une lueur s’allume dans mon regard et je lui réponds dans un sourire amusé. « J’ai travaillé avec des magnats du pétrole, des dirigeants d’entreprises qui acheminent l’électricité à travers tout le pays ou des gourous des nouvelles technologies. Tu veux savoir ce que tous les hommes de pouvoir ont en commun ? » Je porte ma coupe de champagne à mes lèvres, et me ravie de l’y voir accroché, attentif et silencieux. « Vous voulez tous ce que vous ne pouvez pas avoir. Et vous êtes pourtant persuadés que cela vous revient de plein droit. » Je marque une pause, avant de reprendre. « Je suis consciente que la nature m’a donné un certain nombre d’atouts, tant pis si cela te semble présomptueux. Je ne vais pas rougir ni me plaindre qu’ils suscitent de l’intérêt. » Tant mieux même s’ils aveuglent certains types comme Camil ou d’autres clients. J’ai connu des avances appuyées, lourdes parfois, je pense être de taille à composer avec celle de Camil, qui elles n’ont rien de désagréable. Mais je me mens à moi-même lorsque je me dis certaine à 100% d’être capable d’y résister. Je pensais cependant que Nolan et lui étaient amis, et le comportement de Camil à l’égard de son épouse en dit long sur son honnêteté et sa loyauté, et je note qu’il va me falloir être prudente, et qu’il va falloir que j’apprenne à le cerner pour travailler avec lui. « Je suis ambitieuse, ça non plus je ne m’en excuserai pas. Mais je pense que tu as toi aussi tout à gagner d’une collaboration. Professionnelle, cela va de soi. » Je rajoute dans un sourire, sans trop savoir si à mon tour, je ne serais pas en train de le provoquer…
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| | | | (#)Lun 6 Jan 2020 - 0:05 | |
| « Pourquoi vouloir impérativement travailler avec moi ? Quels sont tes objectifs, tes vrais objectifs ? » Demanda-t-il en fronçant légèrement les sourcils. Il ne doutait pas un seul instant de la sincérité de sa démarche. Après tout, c’était elle qui était venue à sa rencontre. Elle qui était venue le trouver, pour lui proposer de combiner leurs forces. « Pourquoi t’attaquer à la politique, alors que ton entreprise se porte bien avec son actuel porte-feuille ? » Bradford PR était une entreprise de renom, qui n’avait plus rien à prouver à quiconque. Seulement, l’Australienne en avait vraisemblablement décidé autrement. Son ambition était-elle dévorante, ou avait-elle d’autres besoins ou d’autres envies qu’elle n’était pas en mesure d’admettre ? « Et pourquoi devrais-je te faire confiance, alors que tu n’as aucune expérience dans notre monde ? » D’autres personnes s’étaient déjà manifestées pour s’occuper de lui, mais Camil Smith avait toujours décliné. D’abord parce que ses ambitions n’étaient, jadis, pas clairement définies. Ensuite, parce qu’il n’avait pas accroché avec ses interlocuteurs. Pour le politicien, il était essentiel de se sentir en confiance. Bien sûr, on pourrait le berner. On pourrait se jouer de lui, et lui faire ensuite publiquement payer. Être fourbe était comme une seconde nature, dans le monde dans lequel il évoluait. Alors, qu’en était-il exactement de son interlocutrice ? « Qui es-tu exactement, Skylar Whitaker ? » Demanda Camil en plongeant son regard clair dans le sien, pas intimidé une seule seconde par l’assurance qu’elle dégageait. Il comprenait aussi pourquoi Nolan, son mari, avait succombé. Elle était belle, intelligente, et respirait la confiance en elle. Elle irradiait presque, et n’importe qui aurait pu s’en apercevoir. Il fit la moue lorsqu’elle évoqua ses frasques datant d’un autre temps, en admettant à demi-mot que son mari ne lui faisait pas pleinement confiance. « Ce ne doit pas être facile, pour lui. » Fit simplement remarquer l’Américain en haussant les épaules. Mais, quoiqu’elle en dise, l’Australien l’avait choisie en toute connaissance de cause. Skylar ne s’était sans doute pas révélée post-mariage. Il l’avait épousée, en connaissance de cause. Par conséquent, il trouvait cette excuse peu recevable. « A quoi ressemblait Skylar, avant de se faire passer la bague au doigt ? » C’était une question tout à fait anodine, qui n’avait pas pour but de la déstabiliser. Elle avait éveillé sa curiosité, et il aimait l’idée de pouvoir mieux cerner le personnage.
« Joli pedigree. » Fit remarquer le directeur du cabinet du maire de Brisbane. Le fait qu’elle ait déjà travaillé avec des pointures et autres personnalités richissimes étaient clairement un avantage pour elle. Cela la crédibilisait d’autant plus aux yeux de Camil. « Je ne pourrai donc jamais t’avoir ? » Demanda-t-il en faisant la moue, avant de vider sa flûte de champagne. Il n’avait aucun scrupule à draguer outrageusement celle qui serait peut-être sa future collaboratrice, quand bien même cette dernière était mariée à l’un de ses plus fidèles collaborateurs. L’idée que son attitude puisse semer la zizanie dans le couple ne l’effleurait même pas. « Même le temps d’une nuit ? » S’il y avait bien un moment où il savait que Skylar ne se donnerait pas à lui, c’était bien au cours d’une nuit. Sinon, comment aurait-elle pu justifier son absence dans le lit conjugal, auprès d’un mari déjà suspicieux ? « Tu aurais tort de ne pas t’en servir. » Acquiesça-t-il en souriant, amusé par les propos de son interlocutrice. Il n’était aucunement choqué ou offusqué de l’entendre reconnaître qu’elle possédait un certain nombre d’atouts naturels ; à l’inverse, il trouvait cela plutôt franc de sa part. Et prétendre le contraire aurait été tout bonnement ridicule. « Surtout dans le monde dans lequel nous évoluons. » Que ce soit las sphère politique, ou le monde actuel en général. Le serveur les interrompit à nouveau, et déposa leurs plats sur la table. Il proposa ensuite de leur faire goûter le vin, et Camil désigna d’un geste de la main Skylar. En bon gentleman qu’il était, il préférait qu’elle fasse le choix pour eux. Un bref temps de répit, alors qu’ils avaient un échange particulièrement intéressant. « J’entends. » Déclara l’Américain en hochant légèrement la tête. « Je suis curieux de connaître tes tarifs. » Parce qu’il savait que travailler avec Skylar, et plus généralement avec Bradford PR, avait un prix. Dans son monde, tout se monnayait. Personne ne balançait le moindre conseil avisé sans aucune contre-partie – et il ne trouvait pas cela malsain. « Bon appétit. » Dit-il en plantant sa fourchette dans une olive. |
| | | | (#)Lun 6 Jan 2020 - 14:27 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 « Pourquoi vouloir impérativement travailler avec moi ? Quels sont tes objectifs, tes vrais objectifs ? » Il devrait comprendre pourtant, ses dents rayent le parquet autant que les mienne, et il n’a jamais tenté de le cacher. Est-ce parce que jusqu’ici j’ai été relativement discrète, plus fine concernant mes ambitions que lui qu’il remet mes intentions en doute ? N’est-il pas capable de comprendre l’envie de se démarquer, d’être remarquée par mes pairs et par mon père ? Rajouter un énième homme d’affaire à mon portefeuille n’impressionnerait pas Taylor Bradford. Aller sur un terrain jusqu’ici jamais exploité si. « Pourquoi t’attaquer à la politique, alors que ton entreprise se porte bien avec son actuel portefeuille ? » « L’entreprise de mon père. » Je rectifie, comme si ça expliquait tout. « Ça répond à ta question ? » J’ai toujours été une fille à papa, cherchant à l’impressionner par tous les moyens. Aujourd’hui c’est lui et le conseil de direction de Bradford PR que je cherche à convaincre que d’ici quelques années, je serai la candidate parfaite à la direction de l’agence de Brisbane. « J’ai 29 ans, pour beaucoup être senior à cet âge-là c’est honorable en soi. Mais de mon côté j’espère bien être associée avant de passer le cap de la trentaine, et de ne le devoir qu’à moi-même. » Et pas à un quelconque piston. Je porte ma flute de champagne à mes lèvres, attendant sa prochaine question. Je me suis préparée à cette entrevue, je ne pensais pas m’en tirer en battant des cils. « Et pourquoi devrais-je te faire confiance, alors que tu n’as aucune expérience dans notre monde ? » Je laisse échapper un sourire. « Parce qu’en fin de compte il ne s’agit pas de politique. Il s’agit de perception, d’image, je te l’ai dit, une grande majorité d’électeurs ne jetteront pas un œil à ton programme de vote. C’est l’homme qui les intéresse, pas le politicien. » Et c’est donc lui auquel il faudra que je m’intéresse moi aussi. Si je ne lui ai pas demandé ses grandes lignes politiques c’est parce qu’à mes yeux elles ne viennent que dans un second temps. C’est Camil que le grand public doit aimer en premier lieu, il adopteront ses idées par extension. « Et l’image, c’est mon domaine. » Satisfaite de moi, je lui renvoi un large sourire. « Qui es-tu exactement, Skylar Whitaker ? » A mon tour de répondre par des questions. « Tu parles de la femme, ou de la professionnelle ? » Même si la seconde a depuis longtemps déteint sur la première. Je soutiens son regard, les deux coudes posé sur la table et mon menton posé sur le dos de ma main.
« Ce ne doit pas être facile, pour lui. » Je lève un sourcil, un peu surprise. Je n’ai jamais donné à Nolan la moindre raison de douter de moi, pourquoi les choses seraient-elles compliquées pour lui ? « A quoi ressemblait Skylar, avant de se faire passer la bague au doigt ? » Je réfléchis un instant à ce que je dois dire, ce que je peux dire que ne fera pas qu’alimenter un peu plus son alimentation, ce que je peux dire pour sortir de ce jeu dangereux, aussi. « A la plupart des jeunes femmes de 25 ans je suppose. De 23 même, lorsque je l’ai rencontré. » J’élude, peu désireuse d’étaler mes quelques frasques et débordements de jeunesses, tous enterrés par papa Bradford fort heureusement. Nous ne sommes pas là pour parler de moi, mais bel et bien de lui, et de ce que notre collaboration peut lui apporter.
« Joli pedigree. » Qu’il commente devant la liste non exhaustive des quelques exemples qui constituent mon habituelle clientèle. « Je ne pourrai donc jamais t’avoir ? Même le temps d’une nuit ? » Je ne me décompose pas, je conserve mon sourire. Il est direct, on ne peut lui enlever ça. Je pourrais lui dire qu’il ne faut jamais dire jamais, c’est le genre de la maison, mais je suis consciente qu’il faut que j’arrête de jouer avec le feu. « Tu n’auras qu’à utiliser ton imagination. » Est-ce que me refuser fermement à lui lui ferait perdre tout intérêt, même professionnel pour moi ? Je ne suis pas prête à courir ce risque. Mais je ne veux pas avoir l’air d’une allumeuse, parce que ce n’est pas ce que je suis, parce que je ne veux pas qu’il envisage de travailler avec moi simplement dans l’espoir de pouvoir un jour me déshabiller. Nolan le tuerait sur place s’il entendant son ami, et j’ai du mal à comprendre comment Camil peut se considérer comme tel et me faire de telles avances. Parce que je sais qu’il ne joue qu’à moitié, que si je lui disais oui, maintenant et tout de suite nous monterions à l’étage pour prendre une chambre. Je connais sa réputation. Deux ans, cela ne va pas être du luxe pour renverser l’opinion publique à son sujet. « Tu aurais tort de ne pas t’en servir. Surtout dans le monde dans lequel nous évoluons. » Je laisse échapper un sourire. « Surtout considérant que ce sont des hommes comme toi qui le dirigent. » Le genre qui acceptent un repas d’affaire pour mieux pouvoir me demander s’il toute incartade est exclue, où s’ils ont une chance. Mais je joue leur jeu, je le joue depuis longtemps sans qu’aucun reproche ne puisse m’être fait, me contentant de sourire, de montrer ma répartie et de porter des tenues qui me mettent en valeur.
Nos plats arrivent et Camil reste muet un instant, et de mon côté je ne brise pas le silence, remerciant le serveur et goutant le vin, avant de valider le choix de l’Américain dans un hochement de tête. « Je suis curieux de connaître tes tarifs. » Qu’il dit finalement lorsque le jeune homme s’éloigne de la table. « Cela veut dire que tu es intéressé ? » J’espère. Je lui renvoie l’ascenseur lorsqu’il me souhaite un bon appétit, avant de planter à mon tour ma fourchette dans un gnocchi. « Je ferais déposer une proposition commerciale à ton bureau. » Et je ne passerai pas par Nolan, les relations et synergies entre tous les trois doivent rester bien distinctes si nous voulons que ça marche. « Mais à mon tour de te donner mes règle. » Je souris, et bois une gorgée de vin. « Ma règle en fait. » Je deviens finalement un peu plus sérieuse. « Je ne veux pas que tu te serves de notre collaboration pour narguer Nolan. Pour le provoquer ou le blesser. » Parce que j’ai jamais voulu ça. Je suis ambitieuse mais amoureuse de lui, j’ai du caractère et lui tiens tête mais n’aime pas le voir souffrir. Camil peut me provoquer autant qu’il veut, me faire un rentre dedans éhonté lorsque nous sommes seuls : j’ai les épaules pour encaisser. Je doute que ce soit le cas de mon époux.
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| | | | (#)Jeu 9 Jan 2020 - 20:40 | |
| « Complètement. » Confirma le politicien en souriant. L’ambition était un trait de caractère qu’il affectionnait tout particulièrement. Il aimait les personnalités fortes, qui allaient de l’avant, et qui faisaient preuve de caractère. L’équipe qu’il s’était constitué, à la mairie, comptait de nombreux tempéraments. Cependant, et contre toute attente, il avait aussi parfois orienté ses choix vers des personnalités plus souples, plus calmes, plus raisonnables. Sa sœur, par exemple, savait le canaliser mieux que quiconque. Elle était la douceur incarnée, à ses yeux. Pourtant, elle ne manquait pas d’autorité ou d’ambition. « Je te souhaite d’y parvenir. » Déclara-t-il simplement, tout en sachant que si la tâche était peut-être moins difficile pour Skylar que pour le commun des mortels au vu de son lien de parenté, elle n’était pas pour autant acquise. Convaincre un parent était une chose ; convaincre un conseil d’administration en était une autre. Si elle y parvenait, c’était un boulevard de réussite qui se déroulait devant elle.
« Il n’y a pourtant rien de bien intéressant à apprendre sur mon compte. » Fit remarquer l’Australien en haussant les épaules. Sa vie n’avait rien d’extraordinaire : il n’avait pas fait de découverte majeure qui aurait changé la face du monde, et il avait tout de l’anti-héros. Contrairement à sa vie privée, sa vie professionnelle n’était pas accidentée, et il n’avait pas à rougir de ce qu’il avait accompli jusqu’à maintenant. « Pour être honnête avec toi, je ne comprends pas cette fascination qu’ont les gens pour les personnages publics. » Avoua-t-il en faisant la moue. Il détestait l’idée qu’on fouille dans sa vie privée qui, comme son qualificatif l’indiquait si bien, était privée. En tant que politicien, il aurait aimé être jugé sur ses décisions, ses actes, ses bilans. Mais il savait que cela relevait de l’utopie – et il en était navré. Il se plierait bien évidemment aux règles du jeu, mais ne les appréciaient pas pour autant. « Et il y a des choses sur lesquelles je ne transigerai pas. » Confia-t-il, une lueur de défi dans le regard. A commencer par sa sœur, Sixtine : il était hors de question qu’elle subisse les ambitions dévorantes de son aîné. Il ferait tout son possible pour l’en préserver, au maximum. Il avait aussi promis à Deborah d’être le plus vigilant possible, quant au traitement que lui réserverait la presse – qui, il le savait, n’était jamais tendre à l’égard des femmes.
« J’aurais au moins tenté ma chance ! » S’exclama le politicien en soupirant, avant de laisser un sourire glisser sur ses lèvres. Et ça relevait de l’euphémisme : il ne l’avait pas lâchée, espérant la voir renoncer à sa fidélité. Mais elle avait tenu bon, et il s’inclinait volontiers. « La différence entre moi et les autres, c’est que moi, je suis en mesure de voir au-delà d’une paire de jambes. » Répondit aussitôt le politicien en souriant. Il savait que nombre de ses collègues, collaborateurs et adversaires masculins n’étaient pas si large d’esprit. Pour sa part, il envisageait vraiment de lui donner sa chance – là où d’autre aurait convenu d’un rendez-vous, seulement dans l’espoir d’arriver à leurs fins. Alors bien sûr, Camil ne niait pas l’évidence : si Skylar lui avait cédé, il n’aurait pas laissé passer sa chance. Mais puisqu’elle s’obstinait à vouloir être fidèle, soit : c’était son choix, et il était respectable. L’Américain en resterait donc là. « Crois-le si tu veux ou non, mais c’est plutôt rare dans mon milieu. Il semblerait donc que ce soit ton jour de chance. »
« Ça dépendra de ton offre. » Confirma le politicien en hochant légèrement la tête. Il pourrait se montrer intéressé, mais il n’était pas fou non plus : toute proposition était bonne à étudier. Skylar avait une excellente connaissance du paysage médiatique, et c’était un véritable atout. Sa sœur pouvait s’en sortir seule pour le moment, mais lorsque les choses s’accéléreraient, un peu d’aide ne serait pas de trop. En lui demandant ses tarifs, il savait pertinemment qu’il n’obtiendrait aucun chiffre ce midi. Il ne lui en voulait pas – il comprenait qu’elle ait besoin de temps pour se poser, réfléchir, et lui faire la meilleure offre possible. La plus adéquate, aussi. « Je la veux pour la fin de semaine, dernier délai. » Répondit simplement Camil, alors que Skylar lui proposait de faire déposer une offre sur son bureau. « Tes règles ? » Répéta-t-il en arquant un sourcil, déjà prêt à réagir à ce sujet. Après tout, c’était lui le client, non ? A elle de se plier à ses exigences. Mais lorsqu’il entendit son interlocutrice évoquer son époux, il s’inclina et entreprit de la rassurer. « Je sais que les circonstances ne plaident pas en ma faveur. » Commença-t-il en s’emparant de son verre de vin. C’était le moins que l’on puisse dire ; depuis que Skylar lui avait fait part de son intérêt professionnel, il n’avait cessé de tenter sa chance avec elle. « Mais j’apprécie Nolan. Vraiment. » Confia le politicien d’une voix calme et posée. Sa franchise n’était pas à remettre en doute à ce sujet ; Camil ne mentait pas. « C’est un collaborateur de qualité. Et un ami, en qui j’ai confiance. Même si, comme tu as pu le remarquer, nous avons des divergences de point de vue sur certains sujets. » Il esquissa un léger sourire ; Skylar avait dégusté, lors de leurs deux dernières entrevues. Nolan aurait détesté, et plus encore, entendre chacun de ses mots. Mais malgré les regards noirs que Nolan avait pu lui lancer, Camil n’avait pas pu s’empêcher d’aller titiller la femme de son collaborateur. Tenter sa chance était une évidence ; la tester était aussi nécessaire. Il n’avait pas été déçu, et avait trouvé en elle une partenaire de jeu particulièrement efficace, vraisemblablement redoutable. « Tu peux dormir sur tes deux oreilles. Ton mari et toi avez encore de beaux jours devant vous. » Assura-t-il en souriant. Et puis maintenant qu’il s’était engagé dans cette mascarade folle avec Deborah, mieux valait faire profil bas pendant quelques temps. |
| | | | (#)Ven 10 Jan 2020 - 10:17 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 « Complètement. Je te souhaite d’y parvenir. » Enfin nous parlons la même langue. Je n’en ai pas douté à vrai dire, Camil et moi venons du même milieu, et nous sommes en plus de ça taillés dans ce qui me semble être le même bois. Mes lèvres s’étirent en un sourire et je ne rajoute rien, pas plus qu’il ne continue à douter de ma capacité à travailler sur un sujet touchant au domaine de la politique. Bien, je l’ai convaincu il semblerait, pour l’instant en tout cas. « Il n’y a pourtant rien de bien intéressant à apprendre sur mon compte. » La plupart des hommes comme lui font ce type de remarque. Parce qu’eux ne comprennent pas l’obsession des foules pour les hommes plutôt que les idées politiques, ils estiment qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Mais ça n’est pas le cas, pas s’il espère un jour remporter la moindre élection. « Pour être honnête avec toi, je ne comprends pas cette fascination qu’ont les gens pour les personnages publics. » Je lui renvoi une sourire, ma coupe de champagne levée dans ma main. « Alors à mon tour d’être honnête avec toi, mais le fait que tu ne comprennes pas ne change rien. Dans mon boulot et lorsqu’il est question d’image, ce ne sont pas les riches hommes blancs qui contrôlent notre monde, comment ils le pensent. La plupart du temps il s’agit de la ménagère entre 30 et 50 ans, puisque c’est pour elle que tous les tabloïds écrivent. » Nous n’avons signé aucun contrat, mais si je veux faire mes preuves je ne peux être avare en conseils gratuits. « Et te concernant, c’est bien elle qui pose problème. » Parce que si ses frasques amusent et fascinent, je le lui accorde, lorsqu’il s’agira de mettre un prénom dans une urne, dans un pays aussi conservateur que l’Australie, ça le desservira, c’est une certitude. « C’est elle qui faut mettre dans notre poche. Dans ta poche, excuse-moi, je m’avance. » Le sourire qui étire mes lèvres ne trompe personne : je ne m’excuse que pour la forme. Je me projette déjà à ses côté, professionnellement parlant, et je ne m’en cache pas. « Tu n’es pas un Australien pure souche, ça te desservira mais ça on ne peut rien y changer. Il faut que tu t’emploies à le faire oublier pendant les deux prochaines années, et à devenir le parfait citoyen. Trouve toi une potiche, une actrice, une de façade, je me fiche bien de ce que tu fais en privé. Prends en une Australienne, qui a grandi à Brisbane ou dans le Queensland de préférence, qui vient d’une bonne famille, jolie, polie et discrète. Et joue au couple quand les regards sont braqués sur toi. » Il a le potentiel pour que les Australiennes l’adorent, il faut juste le polir un peu.
« Et il y a des choses sur lesquelles je ne transigerai pas. » Nous avons commencé à parler affaire, et ça me plait. Il me projette à ses côté, ça crève les yeux. Je pose ma flute de champagne, puis mes deux coudes sur la table pour me pencher un peu plus dans sa direction. « Je t’écoute. » S’il s’agit de limites cohérentes je les prendrais en compte. Sinon je m’emploierai à le faire changer d’avis. S’il m’embauche je ne laisserais rien se mettre en travers de sa route, pas même ses propres principes.
« J’aurais au moins tenté ma chance ! » Il baisse les bras et je lève un sourcil. Mes coudes quittent la table, et je me redresse, pour m’appuyer sur le dossier de ma chaise. Les plats arrivent alors que je reste de mon côté pensive. Je suis soulagée bien sûr, qu’il semble abandonner la chasse avant que je ne devienne mal à l’aise, ou que du mal soit fait à mon époux. Mais je ressens une sorte de pincement aussi, de déception, que je n’avoue pas et qui me trouble. J’ai toujours été comme ça, j’aime être courtisée. « La différence entre moi et les autres, c’est que moi, je suis en mesure de voir au-delà d’une paire de jambes. Crois-le si tu veux ou non, mais c’est plutôt rare dans mon milieu. Il semblerait donc que ce soit ton jour de chance. » J’esquisse un sourire, en entamant mon plat. « Ça dépendra de ton offre. » Il est intéressé, je le sais, et je me trompe rarement dans ce genre de cas de figure. « Je la veux pour la fin de semaine, dernier délai. » « Tu l’auras après-demain. » Je suis efficace, je veux qu’on s’en rende compte et me prenne au sérieux.
Il semble surpris lorsqu’à mon tour je lui parle de règle. Mais il s’agit d’une collaboration et j’ai besoin de pouvoir lui faire confiance. J’ai besoin d’être sûre qu’il n’accepte pas uniquement pour blesser mon époux. « Je sais que les circonstances ne plaident pas en ma faveur. » Non, pas vraiment. « Mais j’apprécie Nolan. Vraiment. » Je le sais aussi, mais j’ai du mal à comprendre comment peuvent cohabiter son respect pour mon mari et les vues qu’il a sur moi. « C’est un collaborateur de qualité. Et un ami, en qui j’ai confiance. Même si, comme tu as pu le remarquer, nous avons des divergences de point de vue sur certains sujets. » Je hoche la tête, et j’apprécie le discours de Camil. Peut-être ne fait-il que jouer avec moi, n’imaginant pas qu’il puisse y avoir de répercussions, comptant sur ma fidélité comme garde-fou. « Tu peux dormir sur tes deux oreilles. Ton mari et toi avez encore de beaux jours devant vous. » Je garde mon sourire accroché, résolument, mais plus triste aussi sans que je n’arrive à le contrôler. Je ne suis pas certaine que ce soit le cas, je sens au contraire mon mariage m’échapper, mais notre vie privée et tous nos différends ne regardent pas Camil. Et malgré le pincement au cœur que je ressens à l’idée qu’il ne vienne plus me courir après, je n’ai pas envie de lui donner de raison de penser qu’il y a une brèche dans mon mariage, une dans laquelle il peut s’infiltrer. « Parfait. » Je chasse mes idées noires, avant de reprendre, sur un ton plus léger, mais on ne peut plus sérieux tout de même. « Il y a autre chose. Pas de mensonges. Je n’ai jamais jugé un client, mais je dois savoir ce que les tabloïds peuvent déterrer. Je ne peux pas faire mon boulot si quand je te pose une question tu ne me dis pas toute la vérité. » J’ai besoin d’une transparence absolue pour enterrer les potentiels cadavres qu’il garde dans ses placards.
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| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 0:00 | |
| « Et c’est quoi, ce qui fait rêver la ménagère entre 30 et 50 ans ? » Demanda le politicien en levant les yeux au ciel. Il s’attendait à tout - et surtout au pire. Camil n’aimait pas agir en fonction des autres, et se laisser dicter sa conduite lui était tout simplement insupportable. Il avait traversé trop d’épreuves pour n’être qu’un pantin, un simple spectateur de sa propre vie. « Ma poche ne sera pas suffisamment grande pour y glisser toutes mes futures électrices. » Commenta l’Américain en souriant. Derrière cette plaisanterie se cachait en fait une réalité : on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Il savait qu’une élection n’était jamais une partie de plaisir, et que l’unanimité n’existait pas. Il acceptait de faire des compromis (c’était le lot de tout bon politicien), mais refusait de nier une partie de sa vie. « Je ne renoncerai pas à ma nationalité Américaine. » Répliqua aussitôt Camil, refusant de sacrifier une partie de lui-même pour être élu. Qu’on le veuille ou non, il possédait cette double culture, qu’il considérait être une véritable chance. Il avait ce drôle d’accent, qui n’était ni tout à fait Américain, ni tout à fait Australien. Par chance, Skylar ne semblait pas être aussi extrémiste qu’il ne l’avait d’abord cru. Elle lui suggéra de se faire oublier, et de se trouver une compagne douce et aimante, qui ne lui ferait pas d’ombre tout en le valorisant aux yeux du public. Camil eut une pensée pour Deborah, et décida de clarifier sa situation auprès de sa (peut-être) future collaboratrice. « Tu ne lis pas la presse ? Je suis déçu. » Fit remarquer Camil en faisant la moue. Jusqu’à maintenant, Skylar n’avait fait aucune fausse note, répondant avec brio à chacune des questions qui avaient été posées. Mais là, vu son discours, elle n’était pas au fait de ses dernières frasques. Il avait profité d’un événement organisé au Nouvel An pour mettre en place, avec Deborah, une stratégie de couple sérieux et solide. Un premier chapitre de leur mascarade, qui avait été écrit sans fausse note.« Je pensais que tu savais déjà que j’avais trouvé la perle rare. » Déclara-t-il, avant de s’emparer de son téléphone et de rechercher quelques articles qui avaient été publiés dans la presse. Il en trouva un qui résumait la soirée, faisait état des personnes présentes, et relatait les faits marquants. On apprenait ainsi qu’une aide d’urgence avait été débloquée pour aider les soldats du feu, que les prochaines élections allaient être tendues, que la soirée avait vu certaines alliances se former. En soi, l’article était anodin ; mais ce qui l’était moins, c’était les photos qui l’illustrait. Dont une où l’on voyait très clairement Camil, main dans la main avec une parfaite inconnue. « Tu vas être contente… Elle répond à presque tous tes critères. » Commenta l’Australien en souriant, en lui donnant son téléphone pour qu’elle puisse elle-même constater les faits. Deborah était presque tout ce qu’elle n’avait pas cité - la discrétion mise à part. Mais l’idée d’être un couple parfait ne l’intéressait pas, Camil ; lui, il voulait quelque chose d’authentique. Il voulait que les gens puissent s’identifier, pas être l’incarnation d’un rêve quelconque. « Elle s’est installée en Australie il y a quelques années. C’est une Irlandaise. Et elle fera parfaitement l’affaire. » N’en déplaise à Skylar, qui semblait perplexe. Sans doute ne s’était-elle pas attendue à cela, après l’outrageux rentre dedans qu’il lui avait fait. Et puis, surtout, Camil n’en avait parlé à personne - Nolan lui-même n’avait rien su de ses plans. « Si nous travaillons ensemble, je te la présenterai. »
Et si Camil se projetait volontiers dans cet improbable binôme qu’ils pourraient former, il comprit bien vite que Skylar n’avait, elle non plus, aucune difficulté à s’imaginer travailler pour lui. « Ma soeur. On n’y touche pas, on la laisse tranquille, et on la préserve au maximum. » Il était évident qu’il l’entraînerait dans ses succès. Mais à l’inverse, il refusait strictement de l’entraîner dans d’éventuels échecs. L’amour qu’il vouait à sa soeur était sans limite - disproportionné, comme le disait parfois sa mère. Un commentaire que Camil acceptait mal, et qui lui donnait une furieuse envie de lui dire d’aller se faire foutre. Il ne se l’était jamais réellement permis, mesurant chacun de ses mots. Mais à quel prix ? Le mensonge grignotait sa conscience. Il chassa ses pensées de son esprit, et se concentra sur la question initialement posée par Skylar. « Et Deborah n’aura qu’un rôle de figurante. » Être à ses côtés dans les moments importants, sourire en toute circonstance, et faire preuve de self-control lorsque cela serait nécessaire : voilà quels étaient, en gros, les termes de leur contrat tacite. « C’est l’essentiel, pour le moment. » La protection de ses proches, ni plus, ni moins. Ses parents et son frère vivant aux États-Unis, Camil savait qu’ils ne risquaient pas grand-chose. Les enjeux n’étaient pas suffisamment grands pour qu’on aille les déranger.
Il rassura Skylar quant à ses intentions vis-à-vis de Nolan, qu’il tenait en haute estime. « Il n’y a rien à déterrer. » Répondit Camil en haussant les épaules. Bien évidemment, il passa sur la vérité concernant Sixtine : seule la famille Smith était au courant, et il en était le seul représentant en Australie. Et puis, à quoi bon révéler la vérité à ce sujet ? Ça n’apporterait rien, à personne, et ça blesserait énormément sa soeur - qui était en réalité sa nièce. « Si ce n’est que ma relation avec Deborah n’est pas sérieuse. » Il passa sous silence leur contrat - il comptait sur la discrétion de sa fausse petite-amie. Il avait de toute façon été clair à ce sujet : si leur jeu venait à être démasqué, elle ne toucherait pas un centime et n’obtiendrait aucune aide de sa part pour son avenir professionnel. « Il y a donc d’autres filles, qui ne sont que de passage. » Admit le politicien en haussant les épaules. « Pour le reste, je suis tout à fait normal. Je fais du sport, je mange sainement, et je suis un travailleur acharné. Je vis avec ma petite soeur depuis qu’elle est arrivée à Brisbane. Bref, j’ai tout du mec chiant. » Conclue-t-il en souriant.
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| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 10:45 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 « Et c’est quoi, ce qui fait rêver la ménagère entre 30 et 50 ans ? » Il lève les yeux au ciel, comme un adolescent que cela ennuie déjà de devoir écouter, de devoir être présent. Mais j’ai besoin de lui dire les choses, parce que je ne peux pas travailler avec quelqu’un qui n’est pas disposé à m’écouter, quelqu’un qui n’est pas disposé à aller dans ma direction, à mettre en pratique les conseils que je prodigue. Je ne peux pas faire un homme ou construire un business seule, si mon rôle reste un rôle de conseil, au bout du compte si j’ai à faire à quelqu’un de réfractaire cela ne risque pas de fonctionner. J’ignore son geste donc, et ne me laisse pas déstabiliser. « Elle apprécie une touche de glamour, et sur ce point je ne me fais pas le moindre soucis. Mais ce dont elle a absolument besoin c’est de stabilité, d’hommes qui ont fait leurs preuves aussi bien politiquement que dans leur vie de tous les jours, désolée de te l’apprendre. » Je hausse les épaules, avec un sourire sur les lèvres. « Nous ne sommes pas en Amérique. » L’Australie est conservatrice, loin d’être prête à élire un Donald Trump ou un Schwarzenegger. « Ma poche ne sera pas suffisamment grande pour y glisser toutes mes futures électrices. » Sa remarque me vole un nouveau sourire. « Tu as tout à fait raison. Mais tu dois apprendre à en accueillir quelques une de plus si tu veux avoir la moindre chance. » Je suis directe, pas du genre à materner mes clients et j’espère que c’est quelque chose qu’il saura respecter, puisqu’à mes yeux c’est la seule façon de faire valable. S’il m’embauche, ça ne sera pas pour lui passer de la pommade. « Je ne renoncerai pas à ma nationalité Américaine. » Je lève la main pour l’arrêter, parce qu’il fait fausse route, ça n’est pas là ce que je lui demande. Je lui explique en quelques phrase ma vision des choses, les actions qu’ils doit mettre en place dès à présent. « Tu ne lis pas la presse ? Je suis déçu. » Je fronce les sourcils, alors qu’il fouille son téléphone à la recherche d’un article. Je n’y jette qu’un œil lorsqu’il le fait glisser jusqu’à moi. J’ai l’article en question, j’ai suffisamment préparé cet entretien pour ne pas passer à côté de ça. Mais un baiser du nouvel an rapporté par les tabloïds est loin, très loin de faire l’affaire. « Je pensais que tu savais déjà que j’avais trouvé la perle rare. » Je reste perplexe, mais bois chacune de ses paroles. « Tu vas être contente… Elle répond à presque tous tes critères. Elle s’est installée en Australie il y a quelques années. C’est une Irlandaise. Et elle fera parfaitement l’affaire. » Elle ne fera donc pas l’affaire, s’il a écouté mon premier point. « Si nous travaillons ensemble, je te la présenterai. » Je reste silencieuse quelques secondes, avant de repousser le téléphone dans sa direction, sans accorder un regard supplémentaire à l’article qu’il me tend. « Je te parle d’une relation sérieuse et suivie. Pas d’un baiser de nouvel an avec la première allumeuse venue. » Je porte ma coupe de champagne à mes lèvres. « Je lis la presse. » Ne serait-ce que physiquement, nous sommes loin de la jeune femme délicate et distinguée à laquelle je pensais. Cela complique les choses, et je vais devoir chercher à comprendre si son affection pour la brune en photo est réelle ou orchestrée – il connait les règles du milieu et peut avoir eu l’idée avant moi. Si elle est réelle cela risque de compliquer les choses, parce qu’un homme dont la tête tourne pour une femme est difficile à raisonner, il me faudra prendre des gants.
« Ma soeur. On n’y touche pas, on la laisse tranquille, et on la préserve au maximum. » Je hoche la tête lentement. Sixtine Smith, un petit bijou de douceur et d’innocence. Un atout pour l’homme politique. « Ta sœur est parfaite. Délicate, douce, raffinée, poursuit des études supérieures, travaille déjà au cabinet du maire. Et l’angle frère aimant qui s’occupe de sa cadette, c’est intéressant. » Je marque une pause, je réfléchis. C’est elle que je dois atteindre, elle que je dois mettre dans ma poche. « Je la rencontrerais avec plaisir si tu m’y autorises. Simplement pour échanger avec elle, sans journalistes, sans photographes, tu as ma parole. » Chose que je n’ai pas dite au sujet de sa passade, lorsqu’il me l’a proposé. Et puisqu’il est question d’elle. « Et Deborah n’aura qu’un rôle de figurante. C’est l’essentiel, pour le moment. » Je lève un sourcil. Il ne m’a pas l’air d’un homme épris et fou amoureux, tout le contraire même. A partir de là je me pose silencieusement la question de savoir s’il n’a pas eu la même idée que moi. « Il n’y a rien à déterrer. Si ce n’est que ma relation avec Deborah n’est pas sérieuse. » Nous y voilà. Amourette, relation pour les caméras ? Je comprends que j’aurais plus de chance d’avoir une réponse à cette question si je la cherche, plutôt que si je la pose directement. « Il y a donc d’autres filles, qui ne sont que de passage. Pour le reste, je suis tout à fait normal. Je fais du sport, je mange sainement, et je suis un travailleur acharné. Je vis avec ma petite soeur depuis qu’elle est arrivée à Brisbane. Bref, j’ai tout du mec chiant. » Je l’écoute en dégustant mon plat, et je fais la moue en entendant ses paroles. « Ces femmes de passage, aucune qui ne pourrait poser problème ? Voir ta campagne comme un moyen d’attirer les projecteurs sur elle, ou de gagner un peu d’argent ? » Je dois peut-être lui sembler cynique ou désabuser, mais il sait aussi bien que moi comment marchent les choses, et ce que certaines sont prête à faire pour un peu de lumière et d’attention. « Je ne pense pas que tu sois un mec chiant. » Que je rajoute, dans un sourire.
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| | | | (#)Mer 15 Jan 2020 - 21:35 | |
| « Merci, c’est trop d’honneur. » Répondit Camil en souriant, amusé d’entendre Skylar reconnaître qu’il possédait une certaine touche de glamour. La grande part de cette réussite revenait à Sixtine, qui le traînait dans les boutiques de temps à autre. Il ne s’y rendait jamais de bonne grâce, considérant ceci comme une perte de temps - mais le simple fait de passer un moment en compagnie de sa soeur suffisait à lui redonner le sourire, et à lui faire accepter une situation qu’il trouvait particulièrement chiante. « Oups. » Commenta-t-il simplement, le sourire aux lèvres, alors que Skylar lui faisait part des attentes des ménagères Australiennes. Malheureusement, Camil ne correspondait pas exactement à l’image du gendre idéal que les électrices affectionnaient tout particulièrement. Lui était franc, fier, indépendant. Il n’avait pas de femme, pas d’enfant, et profitait de la vie autant que possible. Il était passé proche d’une fin prématurée il y a presque vingt ans, et dès lors, il s’était employé à vivre l’instant présent. Il n’avait pas renoncé à l’idée de se stabiliser et d’avoir une vraie relation - stable, suivie, sincère. Mais l’occasion ne s’était jamais présentée - ou, plus exactement, Camil n’avait jamais su saisir ladite occasion. « Ce qui me convient, je peux t’en assurer. » Confia le politicien en faisant la moue. Trump était au pouvoir depuis quatre ans maintenant, et Camil n’espérait qu’une chose : que cette nouvelle décennie soit fêtée dignement aux États-Unis, par un changement de président. Il n’était pas un fervent défenseur des républicains, et l’accession au pouvoir d’un tel personnage ne l’avait clairement pas réconcilié avec le parti conservateur Américain. Il était vraiment curieux de voir à quoi ressembleraient les élections - mais il craignait réellement que les politiciens s’enlisent, et que l’affreux qui s’était établi à la Maison Blanche ne rempile pour quatre ans. « Je peux déjà te compter parmi elles, j’espère ? » Demanda-t-il en souriant, comptant sur le vote de Skylar lors des prochaines élections. Même si, pour être honnête, il s’en fichait : ce qu’il voulait, c’était qu’elle fasse du bon travail. Peu lui importait qu’elle partage ses idées ou non. « Quelle stratégie et quelle action de communication conseilles-tu en ce moment, alors que l’Australie est en feu ? » Pour lui, il était évident qu’il y avait des actions à mener. Le maire de Brisbane avait bien évidemment exprimé publiquement son soutien aux pompiers et aux autres personnes s’impliquant dans ce combat mortifère. Camil lui avait conseillé d’aller plus loin dans ses démarches, d’avoir une attitude plus volontariste. Pour le moment, il n’avait rien décidé de particulier ; mais il savait que, vu les échéances politiques proches, il n’aurait d’autre choix que d’agir, d’une manière ou d’une autre. « Tu juges bien vite. » Commenta simplement le politicien, surpris par les propos que venaient de tenir Skylar. Elle qui avait toujours eu un discours très poli, très lissé, se laissait aller à quelques réflexions qui amusèrent Camil. Deborah, une allumeuse ? Certainement, oui. Il l’avait fréquentée suffisamment longtemps pour savoir que la brune avait des idées particulièrement ingénieuses, quant il s’agissait de lui faire tourner la tête et d’attirer son regard sur ses courbes généreuses. Mais elle n’avait jamais dépassé les limites, et lui avait patiemment joué - jusqu’à cette fameuse soirée du Nouvel An, qui avait marqué un tournant très officiel dans leur relation. « Je t’en dirai davantage, si jamais on travaille ensemble. » Concéda le politicien. Pour le moment, sans l’assurance d’être lié par un contrat avec Bradford PR, il n’allait pas se laisser aller à des confidences qui pourraient mettre sa stratégie de couple en péril.
« Je refuse de la jeter en pâture pour grimper les échelons plus rapidement. » Le politicien préférait clarifier tout de suite sa position quant à sa petite soeur. « Tu pourras la rencontrer si tu le souhaites, mais il n’est pas question que tu te serves d’elle ou de ses déclarations pour réfléchir à une quelconque stratégie de communication. » Il souhaitait qu’elle lui confirme ses bonnes intentions à l’égard de Sixtine. Il réfléchit quelques instants lorsqu’elle lui parla des femmes de passage qu’il pouvait avoir dans sa vie, avant de penser à une en particulier - une qu’il n’avait d’ailleurs pas pris le temps de rappeler, pour lui présenter ses meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Il se promit mentalement de rectifier le tir, très prochainement. « Raelyn, peut-être. Mais elle n’est pas vraiment intéressée par la vie publique. » Commenta le politicien en haussant les épaules. Il décida cependant d’être totalement franc avec sa peut-être future collaboratrice, conscient que cela pourrait peut-être peser dans la balance : « Elle fait partie du Club. » Ce nom n’était étranger à personne, à Brisbane. Les habitants savaient qu’il s’agissait d’un petit microcosme, qui rassemblait tout un tas de métiers peu recommandables : dealers, proxénètes, cambrioleurs… Raelyn n’échappait sans doute pas à la règle, même si Camil ne connaissait pas quelle était la nature de son poste. Il la soupçonnait d’avoir un rôle assez important dans la hiérarchie, mais n’en avait jamais eu la confirmation. « Ce n’est pas la notoriété ou l’argent qui sont ses motivations ; ce sont les informations. » Et c’était aussi ça qui avait motivé Camil, jusqu’à maintenant. Il n’avait jamais rien obtenu d’elle, et l’inverse était réciproque. Désormais, ils avaient tous deux simplement accepté l’idée qu’ils ne se voyaient que pour mieux se vautrer dans des draps de soie - mais ceci ne plairait sans doute pas à Skylar. Camil ne serait pas un client facile. « C’est parce que tu ne me connais pas encore assez. » Confia l’Australien en souriant. « Non, ce que je veux dire par là, c’est qu’il ne se passe rien d’extraordinaire dans ma vie. » Il termina sa salade, et commanda une bouteille d’eau pétillante au serveur. « Tu vois ? Chiant, je te dis. » Camil avait une alimentation très saine, et ne buvait quasiment pas d’alcool. Même si, ce midi, il avait fait une exception à la règle. |
| | | | (#)Lun 20 Jan 2020 - 18:19 | |
| No hesitation, no delay Skylar Whitaker & @Camil Smith #2 « Oups. » Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’avoue être loin du tableau que je dresse du candidat idéal et me promette de faire des efforts. Mais je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il soit si peu loquace sur un sujet aussi important que son image, parce qu’elle est à mes yeux indissociable de ses chances de rencontrer la moindre élection. Il est loin d’être une cause perdue, mais pour l’instant il a du travail à faire avant de devenir une évidence pour les concitoyens modèles, ceux qui se rendent aux urnes et choisissent donc les dirigeants du pays. « Ce qui me convient, je peux t’en assurer. » C’est déjà ça, c’est déjà un peu mieux en tout cas. J’ai beau être douée dans mon travail, je ne sais pas faire de miracles, et apprendre à compter à un singe ne m’intéresse pas. « Je peux déjà te compter parmi elles, j’espère ? » Il me fait sourire, alors qu’il s’intéresse à mes opinions politiques. Parce qu’il n’est pas le premier client à se soucier de ce que je pense de lui, ou de son produit, comme si cela revêtait de la moindre importance. Ça n’en a pas, parce que dans ma vie tout est parfaitement segmenté. Je suis capable de défendre bec et ongles des idées en lesquelles je ne crois pas, parce que convaincre c’est ce pour quoi je suis douée, et je n’ai pas le moindre scrupule à le faire. Quand j’enfile le costume de la chargée de communication, mes opinions et convictions à moi n’ont plus la moindre importance, je ne leur accorde même pas le moindre droit d’exister. Ce que je pense lorsque je quitte le costume ne regarde que moi, pour l’instant en tout cas. « C’est ce que je dirais à qui voudra l’entendre si tu m’embauches en tout cas. Et je serai convaincante, je me lancerai dans des débats passionnés en ta faveur. » Quel que soit son programme électoral. « Mais si tu veux que je le fasse réellement, il faudra m’en convaincre. » Je serai même un parfait entrainement pour lui, tant les valeurs de l’Australie sont ancrées en moi comme en ma famille. « Quelle stratégie et quelle action de communication conseilles-tu en ce moment, alors que l’Australie est en feu ? » Il n’est pas le premier à me poser la question, chaque client sensible à son image (bien plus qu’au sort des koalas) s’est évertué à tirer son épingle du jeu suite à cette tragédie. « Je dirais que tu ne peux pas faire l’impasse sur une large donation. Ça n’a plus rien de novateur, mais tu es trop outrageusement riche pour que l’on te pardonne de n’avoir fait aucun geste. Et au risque de te sembler clichée – mais les Australiens le sont, et ils sont bien trop attachés aux apparences – une photo ou deux de toi en train de d’aider les bénévoles du Lone Pine à s’occuper des animaux rescapés des incendies ne peut pas faire de mal. » Mais tout ça il le sait certainement déjà. « Mais si ce que tu veux réellement savoir c’est ce que tu dois répondre aux journalistes qui te demandent si tu penses que tout ça est lié au réchauffement climatique, je suppose que cela dépend de la politique en terme de préoccupations écologiques. Il n’y a pas de mauvaise réponse, il s’agit juste de la façon dont tu présentes les choses. » C’est bien là la clé en communication.
« Tu juges bien vite. » « Peut-être, mais j’ai rarement tort. » Et dans ce cas de figure, quelque chose me dit que ce n’est pas le cas. « Je t’en dirai davantage, si jamais on travaille ensemble. » « Tu emploies encore le conditionnel ? » Un sourire espiègle se dessine sur mes lèvres alors que j’étale ma confiance en moi, parce que je sais que l’assurance, c’est quelque chose qui plait aux types dans son genre. « Je refuse de la jeter en pâture pour grimper les échelons plus rapidement. Tu pourras la rencontrer si tu le souhaites, mais il n’est pas question que tu te serves d’elle ou de ses déclarations pour réfléchir à une quelconque stratégie de communication. » Plus sérieuse je hoche la tête. « Tu as ma parole. » Qui vaut ce qu’elle vaut, qu’on se le dise, mais me mettre un client à dos n’est pas dans mon intérêt, je ne le fais que lorsque je m’estime capable de lui ouvrir les yeux sur le fait que c’est dans le sien, et pour l’instant je souhaite juste apprendre à mieux connaître Camil, le vrai, pas celui qu’il montre au monde, et la douce Sixtine me semble être une bonne porte d’entrée. Une part de moi n’a pas envie de l’entendre étaler ses conquêtes, et pas uniquement parce que cela mettra en évidence la montagne de travail que j’ai à abattre avec lui avant d’en faire le genre idéal. Et je déteste la jalousie que je ressens à l’idée de ne pas être l’unique destinataire de ses attentions, quand bien même j’en étais parfaitement consciente. « Raelyn, peut-être. Mais elle n’est pas vraiment intéressée par la vie publique. » Je fronce les sourcils et note l’information. je m’apprête à lui demander plus de détails, mais il les livre de lui-même. « Elle fait partie du Club. Ce n’est pas la notoriété ou l’argent qui sont ses motivations ; ce sont les informations. » Le Club. N’importe qui avec un peu d’influence et de relation a au moins entendu parle de l’organisation criminelle, ne serait-ce que parce que leur prétendu leader a été condamnée puis relâché il y a quelques années. Je ne sais d’eux guère plus que ce que les quelques échos de couloir que j’ai intercepté m’en ont appris : qu’ils baignent dans tout un tas d’affaires illégales à commencer par le trafic de drogue, pour lequel ils sont l’un des plus gros acteurs de la ville. « Tu connais son nom ? » Parce que c’est typiquement le genre de liaison dont je parlais, le genre qui ruinerait sa carrière politique avant qu’elle n’ait réellement commencé si cela venait à se savoir. Je ne juge pas, je ne juge pas ouvertement, mais me demande ce qui a motivé qu’il se compromette avec ce genre de femme.
« C’est parce que tu ne me connais pas encore assez. Non, ce que je veux dire par là, c’est qu’il ne se passe rien d’extraordinaire dans ma vie. » Il vient pourtant d’avouer se vautrer dans les bras d’une criminelle, alors je ne dirais pas qu’il mène une vie ennuyeuse. Mais c’est un bon angle pour le présenter : le boy next door. Avec un polo griffé et son grand sourire, le rôle semble taillé pour lui, le serait s’il était capable de garder son pénis rangé dans son pantalon. « Tu vois ? Chiant, je te dis. » Qu’il dit en terminant sa salade et en commandant une bouteille d’eau, alors que j’arrive moi aussi presque à la fin de mon plat. « C’est un tableau convaincant. » Mais c’est un tableau, je ne suis pas dupe. « Tu as déjà des bases en communication et en image, c’est indéniable. » Que je rajoute en lui adressant un clin d’œil, pour qu’il comprenne que je lui laisse peut-être le dernier mot, mais que je ne suis pas convaincue.
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| | | | (#)Mar 28 Jan 2020 - 0:35 | |
| En se lançant dans une carrière politique, l’aîné des Smith savait qu’il allait parfois devoir mettre de l’eau dans son vin. Que sa vie privée soit observée, voire carrément scrutée, et présentée à tout le monde lui donnait des sueurs froides. Non pas qu’il en ait particulièrement honte ; il avait toujours assumé être un épicurien, qui aimait profiter des meilleures choses que la vie avait à offrir. Malheureusement, cet aspect de sa personnalité risquait d’être utilisé contre lui. Ses détracteurs s’en donneraient à coeur joie, et Camil ne voulait pas trop leur faciliter la tâche. C’était là que Skylar interviendrait, majoritairement. Ce qu’il attendait d’elle, ce n’était pas qu’elle régule sa vie et ses envies ; c’était qu’elle lui donne les astuces pour le faire le plus discrètement possible. Qu’elle soit en mesure de s’entendre avec les bonnes personnes, et qu’elle le préserve des attaques les plus virulentes. « J’espère bien. » Plaisanta-t-il en souriant. C’était ce qu’il voulait, Camil : avoir une équipe de campagne digne de confiance, qui lui serait entièrement dévouée. Tous se battraient pour un seul et même but : voir l’Américain triompher ici, en Australie, que beaucoup considéraient comme étant son pays d’accueil. « Chaque chose en son temps. » Commenta-t-il en haussant les épaules. En vérité, il s’en fichait royalement que Skylar adhère à son programme et à ses idées politiques. Sa voix électorale serait effectivement un plus, mais elle ne serait pas essentielle pour gagner le coeur des électeurs. L’important, pour lui, était qu’elle fasse son travail convenablement. Il lui demanda donc conseil concernant la situation dramatique que vivait actuellement l’Australie. Les feux étaient indomptables, les pompiers épuisés, la faune et la flore ravagés par les flammes. Il avait été sérieusement peinés de découvrir son pays aussi meurtri, et avait vivement encouragé le maire de Brisbane à prendre position à ce sujet. Mais ce dernier était ridiculement frileux, et ne savait pas aborder ce sujet sans se montrer maladroit. Ça avait profondément agacé le futur politicien, qui déplorait ce manque d’audace et de réactivité. « Je prends note. » Acquiesça-t-il, sans épiloguer sur ce sujet. Pourtant, intérieurement, il élaborait déjà une stratégie. Il attendrait le retour de sa soeur sur le territoire Australien pour discuter avec elle de cette donation, qu’elle saurait, une fois de plus, mettre en avant. Faire passer son frère aîné pour un bon samaritain ? C’était sa première qualité. Quant à cette visite à Lone Pine, il envisageait très sérieusement de s’y rendre avec Deborah. Ce serait l’occasion d’une sortie, à deux, dont la presse pourrait se féliciter. Et puis, quoi de plus mignon qu’un (faux) couple prenant soin de petits animaux rescapés ? L’opinion se rangerait forcément derrière eux. Et quand il enfoncerait le clou avec une déclaration politique judicieusement placée, il serait évident qu’il ferait les gros titres. « La réponse est toute trouvée. Nous sommes dans un pays qui cherche à tout prix à préserver la barrière de corail, qui clame à qui veut l’entendre la richesse de sa faune et de sa flore, et nous sommes le deuxième exportateur mondial de charbon et avons mis au pouvoir un climato-sceptique ? Par pitié, c’est la chose la plus absurde que je n’ai jamais entendue. » S’emporta-t-il en levant les yeux au ciel. Le paysage politique de ses deux pays, à savoir les États-Unis et l’Australie, était bien triste.
« Méfie-toi quand même. » Suggéra l’Australien en faisant la moue. Les jugements hâtifs n’étaient jamais bon ; les politiciens se révélaient souvent être roublards et malhonnêtes. « Dans le monde politique, ça pourrait te porter préjudice. » Les apparences étaient souvent trompeuses - et s’ils travaillaient ensemble, Camil veillerait à le lui prouver. Nolan pourrait d’ailleurs, lui aussi, faire état de quelques cas particulièrement malins et significatifs. Même si l’ambition qu’elle manifestait clairement, et la confiance inébranlable qu’elle affichait sans sourciller, étaient deux qualités que le politicien louait, il n’oubliait pas qu’ils n’étaient liés par aucun contrat. À date, ils partageaient un simple déjeuner d’affaires — même s’ils n’étaient engagés sur rien. Ils évoquaient quelques perspectives d’avenir, tout au plus. « Je ne vais pas te dérouler un tapis rouge non plus. » Répondit-il aussitôt, alors qu’elle faisait remarquer qu’il employait le conditionnel. Même si le profil de Skylar l’intéressait, il n’était pas encore sûr de travailler avec elle. Et pour cause : entre les aspects financiers qui étaient à négocier, et le fait qu’elle soit la femme de Nolan, cela faisait deux obstacles majeurs qu’il fallait encore franchir.
En évoquant sa relation vaguement suivie avec Raelyn, l’Américain savait que sa peut-être future collaboratrice n’approuverait pas. Une femme avec des relations douteuses, membre officielle du Club ? Non, clairement, ça ne faisait pas bon genre. Et ce type de relation serait sans doute à proscrire. « Non. » Dit-il en secouant la tête. Il avait l’impression qu’il était en possession de cette information, mais qu’il s’en était juste complètement foutu jusqu’à ce jour. « Je t’avoue que quand je la fréquente, ce n’est pas pour lui demander ses papiers d’identité. » Précisa l’Australien en souriant légèrement. « Mais, quelle importance ? » Demanda-t-il en haussant les épaules. « C’est une relation sans futur, et je sais déjà que je vais devoir y mettre prochainement fin. » Il regretterait les rendez-vous mensuels avec Raelyn, et les draps de soie dans lesquels ils avaient l’habitude de batifoler. Mais sa carrière était primordiale, et il était prêt à tout pour atteindre les sommets.
Camil savait qu’il avait un profil de gendre (presque) idéal. Grand, élancé, sportif, avec une situation professionnelle stable : sur le papier, il pouvait presque passer pour l’homme idéal. Mais il ne l’était pas, et surtout, il ne s’en cachait pas. « Merci. » Dit-il en souriant. « C’est trop d’honneur. » Plaisanta-t-il. Par chance pour Skylar, la communication n’était pas sa spécialité : sa présence à ses côtés pourrait donc être justifiée. « Dessert ? » Demanda le politicien, alors que le serveur se présentait devant eux pour débarrasser leurs assiettes.
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| | | | | | | | no hesitation, no delay (sky&cam) |
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