| you can't just stare right through me (seth) |
| | (#)Sam 11 Jan 2020 - 17:16 | |
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Un dernier tango sous la lune. Affiche éphémère. En scène deux acteurs inconnus, virtuoses de l’improvisation. Il y a de l’implication dans ses déplacements, parfois, et aussi une savante dose d’exagération, souvent. En lui pas la moindre intention d’être dans la démonstration, ce comme depuis les prémices de leur périple. Ca n’était pas le sujet, ça n’était pas comme ça qu’ils fonctionnaient. Au pluriel. Puisque cette danse n’était qu’un prétexte de plus. Leur façon à eux d’apprendre à se connaître, quand bien même ce moment reste le premier, et le dernier qu’ils s’offrent. D’ordinaire la majorité s’apprivoise autour d’un verre, commence par questionner le prénom, se présente sous un jour flatteur, s’apprête, relate les réussites et les tracas. Se raconte pour se séduire. Eux, pas trop. Seth connaît d’elle ses rêves d’Ecosse, son amour pour le vin, et sa faculté à courir vite. Il trouvait ça amplement suffisant. Réunis pour parader sous les étoiles. Sa main s’aventure. Malicieusement elle découvre la taille de la complice, parcourt l’échine, envieuse et sous l’emprise des sens grisés par ce huit clos, à l’air libre. Danse qui n’a que de vagues similitudes avec le tango. Eux, ils improvisent, se réinventent. Ils n’ont que faire des codes et du paraître.
Son portable vibre. Chuter par inadvertance, alors qu’il gardera à coup sûr pour lui sa non volonté de la laisser les pieds sur terre. Se laisser tomber. Finir au sol, la garder pour lui, juste cette nuit. Ne plus se dissimuler, caresser ses lèvres et s’enivrer de son odeur, goûter sa peau. Ne pas s’expliquer, juste s’écouter. On pouvait emprunter ça à une piètre technique, une bassesse de plus. Seth s’en moque, pire, n’y pense pas une seule seconde. Dragueur catastrophique plus à l’aise avec le sarcasme qu’avec les belles paroles. Son rire, à elle, déclenche le sien. Irrémédiablement. C'est donc comme ça que tu séduis tes conquêtes? » Seulement avec les proies faciles, qu’il aurait pu rétorquer. Trop facile « C'est mon arme principale, en effet. Ca, et les lasagnes. » Qu’il préfère répondre, mimant le désespoir. Au final, on était pas très loin de la vérité (Pour les lasagnes, ‘course). Sourire mutin. Dans ses yeux, il s’y déploie. Il lui trouvait un charme naturel, qui se bonifiait à chaque fois qu’ils échangeaient, à chaque tirade, à chaque fois qu’elle parvenait à le surprendre. Parce qu’ils n’étaient pas du genre à se laisser submerger par le silence, les instants suspendus. « Mon pauvre pyjama est presque en pire état que ton t-shirt. » Son coude replié sur la terre, paille, lui la surplombant, mais sans l’emprisonner. Ses yeux sondent l’accoutrement du soir, et il ne peut qu’approuver d’un léger coup de tête, un brin moqueur. « Tu sais que ce pyjama est une arme de séduction massive ? Oui, tu le sais. » Il avait trouvé que ça en disait déjà pas mal sur elle. Sur sa vraisemblable capacité à se foutre de sortir, en pyjama, au milieu d’une foule de gens sur leur 31.
Tenir en haleine, niché dans un instant d’éternité, son cœur bat assez fort, peut-être qu’elle le sent cogner contre sa propre poitrine. Vouloir franchir le cap, et la page d’après reculer pour mieux apprécier le moment. Le faire durer, surtout. Alors, elle joue, encore et toujours. Lui en investigateur, en client parfait, tant il adorait cette partie. A l’instar d’un tango, se rapprocher puis s’éloigner, pour faire monter le désir. Un murmure glisse dans le creux de son oreille, il déniche des vestiges d’un parfum inconnu, dans ses cheveux, dans son cou. « Et je crois qu'un de nos nemesis nous a suivis … Le buisson, celui du fond, à droite. » Seth arque les sourcils, un regard qui se projette vers la supposée cachette, d’un supposé voyeur. Le vendeur de pop-corn aurait-il trouvé une séance à son goût ?« C’est ton plan pour partir en courant ? Tu sais, pas besoin d’en faire autant. » Il ne voulait pas l’embrasser. Rectifions. Si, il en crevait d’envie. Mais, il état préférable pour son orgueil de ne pas se laisser entièrement distraire par le chant des sirènes. Des lèvres qui frôlent les siennes, un baiser qui ne que fait le maintenir en apesanteur. Elle joue, la terrible. Il aimait foutrement ça. « Pour la dose de courage ; ça remplacera le vin. » Enième sourire en guise de répartie. « Le vin peut aller se rhabiller. » Qu’il concède, sans trop en faire. Jamais dans la séduction, toujours dans la fausse indifférence.
Son portable vibre. Alors il rentre dans son jeu. Sans conviction il délaisse la voleuse au sol, et emprunte le costume du date protecteur, qui sort les muscles pour impressionner sa rencontre Tinder. Ca ressemblait à du vécu, mais non. Il s’exile, s’approche de la masse verdoyante, mais qui paraissait noire, dans le contexte. (Petit rappel Seth n’avait pas la moindre idée de l’heure actuelle.). Ce qu’il voit le fait écarquiller grand les yeux. Il n’y avait rien, absolument rien. Mais hors de question de devenir le crédule. Autant faire l’imbécile, ça, il maîtrisait bien. « Oh, god … » Troublé. Il se retourne précipitamment pour revenir à grand pas vers la jeune brune. « Il faut pas rester là ! » Il ne lui demande pas son avis. Pour sa protection, avant tout. Briggs attrape l’inconnu au pyjama, sans excès de délicatesse, avouons-le, et la place sur son épaule. Ses bras enlacent sa taille, ses fesses, le haut de ses jambes. Il déguerpit pour l’éloigner du danger, délire dénué de tangible, mais il jugeait qu’elle le méritait quand même un peu. Dix ans d’âge mental, qui ferait sans doute fuir une bonne majorité de la gente féminine. Son ex-femme lui aurait déjà collé un pain, exemple concret.
L’air est toujours fendu par son rire, il la relâche un peu plus loin, fait glisser son corps contre le sien. Pour lui, il ne reste plus que des pulsations cardiaques, une respiration saccadée, des cheveux en pagaille, des vêtements retroussés, alors que son visage considère le sien. Quelques centimètres séparent la raison du cœur. Son portable vibre, inlassablement. Très cruellement, un crachat de modernité dans cette évidence sans artifice. Il déglutit. Il se fait violence pour se sortir de là, ne pas prendre son visage entre ses mains, éteindre ses plus primaires instincts. L’écran lumineux crée une césure terrifiante, illumine son visage d’un halo bleu. "Seth, ramène-toi au plus vite. Le mec est trop strange. Je suis enfermée dans la salle de bain. Mia." Retour sur terre incroyablement difficile, et injuste.
L’atterrissage est brutal, et il peine à ré-ouvrir les yeux. La sensation du rêve dans lequel on ne souhaite pas sortir. « J’ai une urgence, une vraie urgence. Je vais partir. »
L’amertume, oui. Mais rien, rien du tout entre eux n’avait incité à la promesse, à une prochaine fois. Ils avaient vécu la parenthèse sans perdre une seule miette, en se délectant de chaque minute, de chaque méfait. Il lui propose un taxi, lui propose de la monnaie. Elle était grande, autonome, bien entendu. Mais il voulait la savoir en sécurité, de toute évidence. « Je ne veux pas partir. » Qu’il confesse sur le chemin du retour. Mais il le faut. Un gosse, qui délaisse la cour de récréation, se morfond à l’idée d’un été qui s’achève, à un au revoir qui ressemblait à un adieu. Un gosse pas prêt à passer à l’âge adulte.
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| | | | (#)Dim 12 Jan 2020 - 18:49 | |
| C'était à se demander d'où ils avaient commencé, d'où ils avaient fini. S'ils croyaient finir un jour, seulement. La nuit avait des proportions d'infini et si l'air frais ne lui avait pas donné une piste sur l'heure, si la lune et les étoiles n'étaient pas des données claires et précises auxquelles elle pouvait se rattacher pour les situer dans le monde, elle en aurait perdu ses points de repère Chloe, le plus volontairement possible. « Le vin peut aller se rhabiller. » il sourit, son visage se fend maintenant en une expression qu'elle a enregistrée, qu'elle a mémorisée en sachant très bien que demain elle n'aura que cette variable là en tête comme souvenir. Ça lui plaît, bien sûr. « On lui donnera l'adresse de notre styliste. » celui qui a choisi le pyjama assorti à la boîte de nuit, celui qui a troué le t-shirt par sens du style.
La porte de sortie enfantine qui semble l'intéresser, le blond, quand il joue les chevaliers servants, et qu'elle se redresse sur ses coudes pour l'observer livrer une chasse aux lucioles. « Oh, god … » et puis quoi encore. Elle roule des yeux, essuie ses paumes salies par la terre fraîche sur son pantalon en flanelle, se relève quand déjà il surjoue la scène. « Il faut pas rester là ! » « Tu me fais penser à la blonde dans le film, là. » Chloe qui se moque, rattrape une mèche volage pour la glisser derrière son oreille, lui fait dos le temps de laisser la vue sur la ville être le meilleur des arguments ; mais c'était avant qu'il prenne ses aises, le sauveur de la veuve et de l'orphelin. Il la soulève de terre à nouveau, elle laisse échapper un cri à la limite du rire et du grognement, elle pouffe Chloe, il n'en mérite pas autant. Si son cardio n'était pas sa plus grande force à la montée il semble en pleine connaissance de cause lorsqu'ils dévalent la côte par contre, elle qui s'accroche aux pans de ses vêtements de toutes ses forces, consciente que si elle tombe y'aura une fracture et une autre à la clé. Elle est rabat-joie dans sa tête parfois Cohen, c'est pour ça qu'elle y enferme son bon sens dans des moments comme ceux-là, qu'elle l'y verrouille à clé. Parce que l'aventure est bien meilleure. If only for the story.
« J’ai une urgence, une vraie urgence. Je vais partir. » il avait son portable dans les mains, elle n'a pas réalisé tout de suite, instinctivement à chercher leur prochaine destination, s'en voulant immédiatement de l'avoir fait. Parce qu'elle a bafoué une de ses règles Chloe, et parce que pour une des premières fois elle n'en a rien à faire. Elle ne voyait pas un avenir, juste une heure de plus. Elle ne voulait pas un futur, juste une poignée de moments encore. « Je ne veux pas partir. » « Va, cours, vole. » alors elle l'encourage, parce qu'il est déjà trop tard. Parce qu'il veut rester, parce qu'elle veut qu'il reste, et parce que ça ne devait pas se passer comme ça. Il est un peu tôt, pour de telles aspirations, disait-elle. « Les demoiselles en détresse de ce monde te remercient de tes bons et loyaux services. » la révérence qu'elle répète, le salut de la tête qu'elle ajoute. C'est fun, c'est tout, n'est-ce pas?
« Chuck. » bien sûr que ce n'est pas tout, et bien sûr qu'elle le sait. Quand elle se hisse à son oreille pour lui dire son nom, son surnom, la distance qu'elle met au dernier moment. Et ses pas qui filent de son côté, quand lui elle l'imagine déjà partir du sien.
@seth briggs |
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