Deux semaines que je suis revenu en Australie et je ne me suis toujours pas confronter à Loan. Ce qui, au début, était une simple envie de prendre mes distances pour réfléchir réellement à ce que nous avons fait lui et moi avant mon départ pour l'écosse, s'est, malheureusement, très vite transformé en malaise de mon côté. Si bien que j'ai même commencé à l'éviter au théâtre, partant quand il arrivait ou arrivant quand il partait...jusqu'à ne plus venir du tout lorsque je savais qu'il était là. Et plus le temps avançais, plus la peur de confrontation se faisait plus grande.
Pourtant je sais ce que je veux. J'ai eu de très longues discussions avec Sybbie en Ecosse, j'ai beaucoup parlé avec Elora, mon père et j'ai même évoqué Loan avec Léo et chacun m'a dit la même chose : va lui parler, dit lui ce que tu ressens. Oui mais si sa réponse n'est pas celle que je souhaite ? Si ce que nous avons fait dans les loges ne signifie rien ? Comme son premier baiser ? « Eh bien au moins tu pourras avancer et ne pas passer le reste de ta vie accrocher à quelqu'un qui ne veut pas de toi » qu'on me répondait. Et au final c'est Elora, la troisième à me dire de prendre mon courage à deux mains qui m'a pousser à aller parler à Loan.
C'est donc devant la maison de ce dernier que je me retrouve là, stressé et paniqué au possible. Le cœur battant à la chamade, j'ai réellement l'impression que je vais m'évanouir et je suis sur le point de me détourner pour partir quand je vois du mouvement derrière la porte. Un instant j'imagine naïvement que la silhouette ne m'a pas vu mais l'ombre s'est arrêté. Alors, soufflant doucement, je lève le doigt et l'écrase sur la sonnette.
Je n'ai, donc, pas besoin d'attendre bien longtemps avant que la porte ne s'ouvre sur un homme qui doit avoir l'âge de mon père, sinon plus âgé. Ayant reculé d'un pas, je pose mon regard sur l'inconnu qui m'accueille avec un large sourire «Clément ! » s'exclame-t-il et j'écarquille légèrement les yeux, fortement surpris que cet homme connaisse mon prénom « ça va ? » me passant une main sur les lèvres, je déglutis et me passe une main sur le coude « je ...hum...bonjour» commençais-je, déviant « est...est-ce que Loan est là … ?» demandais-je d'une petite voix qui trahis fortement mon malaise.
«Oui, oui bien sûr ! » dit-il en se reculant «Vient entre je t'en prit ! » reprend-t-il en se détournant pour se diriger vers un escalier «FOXY ! » crie-t-il « Y a ton copain qu'est là ! » je risque légèrement sur la dénomination 'copain' mais ne dis rien et lève simplement le regard vers le père Severide, les lèvres pincés en un sourire «Tu peux monter et entrer dans la porte au fond à droite » m'assure-t-il en désignant le premier étage. «merci monsieur » soufflais-je, montant les marches sans plus attendre.
Arriver devant ladite porte, je prend une profonde inspiration et lève le poing, m'apprêtant à toquer lorsque la clenche s'abaisse et que la porte ne s'ouvre, laissant apparaître Loan. Mon cœur rate un battement alors j'essaie, l'espace de quelques secondes, de déchiffrer son expression faciale, avant que je ne baisse le regard «Salut » dis-je alors que mon bras se retrouve le long de mon corps «je ...crois qu'il faut qu'on parle » lançais-je dans un murmure, n'ayant pas envie d'y aller par trente six chemins.
Une semaine que j’ai complètement abandonner l’idée de pouvoir avoir une conversation avec Clément. Je crois que je n’aurais tout simplement pas de réponse à mes questions. Il m’avait assuré qu’il voulait ce qui est arriver entre nous dans ma loge. Il ne m’a pas repoussé et de mon point de vue il était bien plus que consentant sur la chose. On a vécu un moment extraordinaire. Ce que j’ai pu ressentir ce soir-là… Cela ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Rien n’avait été calculé, on avait vécu l’instant pleinement sans se poser de questions. Aujourd’hui, je dois dire que je commence à regretter. J’aurais dû me douter que ce n’était pas une bonne idée. Pourtant on avait fini la nuit avec le reste de la troupe coller l’un à l’autre, ivre des émotions du moment. Puis Clément a disparu. Littéralement… Trois représentations plus tard, il a fui la ville. Je me suis d’abord dit que c’était simplement un voyage prévu depuis longtemps, que je me faisais des films et qu’il n’avait aucun comptes à me rendre. J’ai envoyé un message, un peu comme ça, un peu pour savoir. Je n’ai jamais eu de réponses. Jamais. Et quand les répétitions ont repris, il m’a évité comme la peste. Je me souviendrais toujours de ce moment, je ne me suis jamais senti aussi humilié. Il avait rejoint le studio pour que l’on puisse répéter tous ensemble. Je me suis approché de lui pour lui parler, juste pour entendre un mot sortir de sa bouche et quand il m’a vu, il est parti dans la direction opposé. Comme si on ne se connaissait pas, comme si je n’étais personne. J’ai laissé couler une fois, puis deux, puis trois. Et Clément a commencé à être de moins en moins présent. Il venait pour faire part sa part sur scène et il partait. Depuis son retour, je n’ai pas croisé son regard, pas une fois… Même lorsque l’on partage la scène ensemble, même lorsque je le rattrape, il regarde ailleurs. J’ai tenté de lui parler. Je lui ai envoyé des messages lui assurant que s’il ne voulait pas me parler en face-à-face, si c’est quelque chose qui le bloquait, on pouvait se parler via message. Aucune réponse. J’ai tenté de le coincer dans le théâtre, mais il trouve toujours un moyen de s’échapper, un moyen de m’éviter. Si j’étais prêt à me battre au début, aujourd’hui je me sens juste humilié et triste. Vraiment triste… Alors hier, j’ai prétexté devoir accompagner mon père a des examens pour échapper aux répétitions et je ne suis pas retourné au théâtre depuis. Je déteste ce genre de comportement, je sais que le danseur est bien plus jeune que moi, mais il agit tel un gamin de dix ans et je sais que je vais finir par perdre patience.
Pour ne pas m’énerver contre la mauvaise personne, je passe le plus clair de mon temps enfermer chez moi, à regarder des comédies musicales et à envoyer des messages à Ginny pour un peu de conseils. Alors, lorsque mon père hurle dans les escaliers que mon copain est là, je soupire quelque peu, persuadé qu’il est en train de parler de Martin. Je me dis que j’ai quelques minutes avant que mon meilleur ami débarque en haut probablement happé par mon paternel, mais lorsque j’entends des pas dans l’escalier, je finis par me lever de mon canapé pour aller ouvrir. Et me retrouver nez à nez avec Clément… En quelques secondes, je sens toute la colère accumuler ces derniers jours montés en moi et quand il finit par parler un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres. « Oh, mais c’est qu’il parle ! » Je lève les yeux au ciel et finis par remarquer mon père en bas des escaliers, ne voulant pas qu’il soit témoin de tout cela, je me décale laissant Clément entrer chez moi. « Si t’es venu pour me dire que c’était une connerie, tu peux repartir. Le message est déjà bien enregistré. » Habituellement, je laisse toujours une chance aux gens, mais avec le temps Clément à jouer avec mes nerfs et je n’ai pas envie de lui accorder ma gentillesse. Il m’a blessé avec son comportement et je compte bien lui faire comprendre.
Les premiers mots qui sortent de la bouche de mon partenaire de scène ont l'effet d'une douche froide. Pire encore : celui d'un coup de poignard dans le ventre, celui qui e tord douloureusement les entrailles avant de te les arracher. Et le pire dans tout cela c'est que Loan a toutes les raisons du monde d'être ainsi ignoble, froid et distant : j'aurais du aller le voir plus tôt, j'aurais du lui parler et chercher la confrontation dès mon retour. Je n'aurais surtout pas dû partir en silence totale et ne répondre à aucuns de ses messages. Je suis persuadé qu'il va me demander de quitter sa maison sur le champ, mais au lieu de cela il m'invite à entrer. Un coup d’œil rapide et discret au dessus de mon épaule au moment de passer le pas de la porte me fait comprendre qu'il ne m'invite pas de gaietés de cœur mais plus pour ne pas avoir à me gueuler dessus face à son père qui nous observe.
J'entre toutefois derrière le jeune danseur et reste au niveau de la porte lorsque celle-ci se ferme. Mon regard est baissé et devient fuyant lorsque Loan me dit de repartir si je suis venu pour lui dire que ce que nous avons fait était une connerie. Il a tort. Il n'a jamais eu autant tort de sa vie. «c'était tout sauf une connerie » dis-je dans un souffle entre deux mini crise de panique. Je fini par prendre une profonde inspiration puis déglutis et relève enfin le regard sur Loan.
« Ce que nous avons fait ce...C'était ...indescriptible» assurais-je « J'ai adoré. La seule chose que je regrette c'est ...» je ferme un instant les yeux «d'avoir attendu tellement longtemps avant de chercher des explications » je rouvre les yeux «Je n'ai pas fuis la ville, c'est juste que mon voyage en Ecosse était prévu depuis tellement de temps et il aurait pas pu tomber plus mal » je pince les lèvres «Je voulais venir te voir, je te le promet. Mais je ...j'ai manqué de courage parce que ...je sais pas. La dernière fois quand tu m'as embrassé tu m'as dit que ça ne signifiais rien, que je devais oublié. Alors je pensais que ... » je me tais, baisse à nouveau mon regard vers mes chaussure «... que ça non plus ça ne signifiait rien pour toi. C'est con, c'est idiot et tu peux pas savoir combien je suis écœuré par mes propres agissements » je me tais finalement dans un soupire «voilà. Ne crois pas que je trouve que ce que nous avons fait était une connerie car ce n'est pas du tout le cas » et mon ton est tout à coup bien plus assuré.
Jamais je n’aurais pu imaginer trouver Clément sur le pas de ma porte. Je suis tellement surpris que mon premier instinct est de passer sur la défensive. C’est plus fort que moi et pourtant si loin de ma véritable personnalité. Je ne suis pas du genre à bouder, je cherche toujours le positif dans une situation. Je suis le premier à laisser une seconde chance et à pardonner. Et pourtant… Je sais qu’avec Clément les choses vont être différente. Il a frappé là où ça fait le plus mal. Il a disparu sans jamais me donner d’explication, il a fait comme si je n’existais tout simplement plus et c’est ce qui m’a le plus blessé dans son comportement. J’aurais pu comprendre le voyage, mais son comportement depuis son retour… Je ne peux pas l’accepter aussi facilement. Depuis des jours, j’ai la sensation de n’avoir été qu’un objet pour satisfaire son plaisir. Rien de plus. Et le romantique que je suis à réellement du mal à l’accepter. J’ai déjà eu des coups d’un soir comme ça dans les toilettes d’un bar, dans un appartement qui n'est pas le mien ou même dans une voiture, mais les règles étaient fixées depuis le départ. C’était pour le plaisir, juste pour sentir cette plénitude, cette excitation. Un plaisir simplement charnel, rien de plus. Avec Clément, je pensais que tout allait être différent, que ce n’était pas juste un coup comme ça dans ma loge sous le coup des hormones après une représentation réussie. Je pensais que cela avait compté pour lui et aujourd’hui j’ai la sensation de me tromper.
Je le laisse malgré tout entré chez moi afin de garder notre conversation privée. Je sais que mon père n’est pas du genre à fouiner, mais il me voit broyer du noir depuis plusieurs jours et son côté papa poule ressort comme toujours. Une fois seul avec Clément, je déverse ma colère. Je ne cherche pas à lui faire du mal, ce n’est pas mon genre de prendre ma revanche de manière aussi gratuite. Pourtant, je veux qu’il comprenne que son comportement m’a réellement blessé. Je vois qu’il n’est pas bien. Son visage est plus pâle que jamais et on dirait qu’il tremble. Ne voulant pas l’attaquer de front, je m’appuie contre le mur derrière moi et croise les bras sur mon torse pour l’écouter. Ses mots me touchent, je sens la sincérité dans ses paroles, mais ce n’est pas aussi simple que cela. J’aimerais le prendre dans mes bras, lui dire que pour moi aussi ça a compté, que je lui pardonne et qu’on ferait mieux de discuter tranquillement. Mais je sens cette colère au fond de mon bide qui ne veux pas partir. Je lui en veux. Beaucoup. « Je pouvais comprendre le voyage, mais le fait que tu me fuis comme ça au théâtre. Je ne m’étais pas senti aussi humilié depuis bien longtemps… » Cette sensation qu’il s’est servie de moi, qu’il a fait tout cela pour me faire payer de lui avoir pris son rôle. Tout se bouscule dans ma tête et je n’arrive plus vraiment à démêler le vrai du faux. « Je t’ai même offert la possibilité de parler par messages si tu voulais pas m’affronter et tu m’as ignoré comme si j’étais la dernière des merdes Clément. » Je soupire et passe une main nerveuse sur mon visage pour tenter de me calmer, pour paraître moins froid face à lui. « J’ai dit que le baiser comptait pas, parce que t’as paniqué comme jamais et je voulais rien gâcher. Ça ne veut pas dire que je le pensais. » Mon regard se perd sur mes chaussettes. Je sais pas vraiment quoi lui dire de plus, je sais pas vraiment quoi penser non plus. Je me sens un peu perdu d’un coup. Je relève la tête et plonge mon regard dans le sien. « Pour moi, ce n'était pas une connerie… Pas du tout. »
Loan ne met que quelques secondes avant de me répondre, mais ces quelques secondes me semblent tellement interminables qu'elles en deviennent insupportable. Je suis pris d'une folle envie de me détourner et partir, tout simplement. Laisser Loan derrière moi et fuir, encore une fois et comme d'habitude mes problèmes. Je rongerais mon frein pendant quelques semaines ou mois encore et je finirai bien par oublié Loan et m'habituer à sa présence en tant qu'ami et simple partenaire de scène. On se fera tous les deux une raison et ce sera bon.
Mais ce n'est pas si simple que ça. Le ton de Loan n'a pas changé et est toujours aussi froid lorsqu'il s'adresse à nouveau à moi, me disant qu'il a sans problème compris le côté voyage, mais il ne comprenait pas pourquoi je le fuyais, le faisant se sentir comme la pire des merdes humiliées. Je déglutis et pince les lèvres, me mordant l'intérieur de la joue et me maudissant silencieusement. Si j'avais su combien je lui ferais mal, j'aurais réagis bien plus rapidement et je n'aurais pas laissé le malaise s'installer entre nous.
Je le laisse continuer sur sa lancé, sa voix, bien que calme, reste froide et distante. Oui, il m'a offert la possibilité de parler par messages et en vrai ce ne sont pas les invitations aux dialogues qui manquaient. De même que les occasions se présentaient bien régulièrement. Je n'ai donc, en vrai, que l'excuse de la peur de la confrontation telle que je la ressens bien trop souvent.
Mais au final quelque chose change brusquement, autant dans son ton que dans son être. Le regard fuyant, ses mots sortent avec plus d'hésitations et de douceur lorsqu'il me dit que s'il considérait le baiser comme insignifiant c'était seulement du au fait que j'ai paniqué et qu'il ne voulait rien gâcher. Malheureusement, si j'ai été aussi abrupte c'est justement parce qu'il a dit que ce baiser ne voulait rien dire. S'il m'avait avoué que c'était par pulsion et par envie, ça aurait sans doute totalement changé ma réaction.
Et lorsqu'il relève enfin son visage, posant son regard sur moi, c'est pour me dire que ce qui s'est passé signifiait beaucoup pour lui et que ce n'était pas rien. Je pince les lèvres et hoche doucement la tête en soupirant légèrement « Je ne suis pas doué pour déchiffrer les signes et encore moins pour en donner donc je ne vais pas paraphraser et...» je prends une profonde inspiration « Je ne sais pas si c'est de l'amour et je ne sais quoi, je sais juste que ...ce que je ressens pour toi c'est fort. Du genre ...vraiment» je plonge mon regard dans celui du jeune homme « J'ai jamais ressenti ça. Que ce soit avec mon ex ou mon meilleur ami, tu ...ne me laisse pas indifférent, clairement» je sers le poing «Je ne sais pas si c'est comme ça que se fait mais je ...j'ai vraiment envie de tenter quelque chose avec toi. Couple, amitié forte appel ça comme tu veux mais je ne veux pas qu'on arrête tout. Je veux pas te perdre... » voilà c'était dit. Enfin. A Loan de voir ce qu'il veut en faire.
Je ne cherche pas à être méchant avec Clément. Ce n’est pas mon but. Tout ce que je veux, c’est qu’il comprenne que sa façon, d’agir m’a réellement blessé. J’ai tenté de le confronter plus d’une fois au théâtre, mais il s’échappait à chaque fois et je ne suis pas du genre à étaler mon linge sale en public. Je ne voulais pas lui hurler dessus devant toute la troupe. C’est une discussion que nous devions avoir en privé, mais il ne m’en a jamais donné l’occasion. J’avais abandonné… Je ne suis pas du genre désespéré à courir après quelqu’un pendant des jours et des jours. Il ne voulait pas me parler, il fallait que je l’accepte. J’étais déjà en train d’envisager de quitter la troupe une fois Clément complètement guérie. En réalité, je déteste cette situation et je suis plutôt content de voir le jeune homme chez moi. Je l’écoute avec attention, mais ne peux m’empêcher de lui répondre froidement. Je ne peux pas juste lui dire que tout ira bien et que ce n’était rien d’important. Bien au contraire… C’est important. Au fur et à mesure de ses paroles, je finis par comprendre que c’est important pour lui aussi. Cela ne justifie pas complètement son silence radio, mais je commence à comprendre.
Petit à petit, la tension commence à s’apaiser entre nous. Je ne suis pas du genre à rester en colère pendant des jours sans raisons. Je voulais des explications et Clément est doucement en train de me les offrir. Je vois dans son comportement qu’il ne sait plus vraiment comment s’excuser, qu’il est mal à l’aise. Il n’agirait pas de manière aussi timide si tout cela n’était qu’un mensonge. Clément est un excellent comédien, mais il ne fait pas semblant. Il a l’air véritablement perdu. Alors je tente d’apaiser les choses. Cela ne sert à rien de s’énerver éternellement. Et soudainement, Clément me parle de l’avenir. Il me parle de sentiments, qu’il n’avait jamais ressentis tout cela auparavant et qu’il est juste complètement perdu. « Clément… » Je vois bien que tout va trop vite dans sa tête et qu’il est en train de se perdre. « Y a pas de mode d’emploi parfait, tu sais. » Je lui souris un peu et me rapproche de lui. « Et tu me laisses pas indifférent non plus. » Clairement. Je n’embrasse pas un homme comme ça sur un coup de tête, sans ressentir de l’attirance pour lui. Et surtout, je ne couche pas avec un homme juste pour le plaisir charnel de la chose, ce n’est pas mon genre. « Je ne vais pas te le cacher, ma dernière relation ne s’est pas forcément bien terminée et il… On était dans la même troupe. » Je suis forcé de penser à Aidan dans tout cela. Comme si l’histoire se répétait en quelque sorte et c’est quelque chose qui me fait légèrement paniquer. « Alors, je sais pas… Je sais pas où ça pourrait nous mener, je… Je sais pas vraiment ce que je veux non plus. Je voulais des réponses de ta part avant de m’autoriser à penser au reste, parce que je suis toujours le romantique qui aime trop vite et qui finis par se faire avoir à la fin. » Je hausse les épaules en soupirant un peu. Il a ses propres expériences passées et j’ai les miennes. Ça ne va pas forcément être simple, mais j’ose imaginer que l’on pourrait essayer. « Mais je ne veux pas que ça se termine non plus… Ce moment dans ma loge Clément, je n’avais pas fait un truc aussi spontané depuis bien longtemps et pour être complètement honnête, j’avais qu’une envie… Qu’on recommence. »
Tu ne me laisses pas indifférent non plus. Cette seule phrase fait accélérer mon cœur. Je crois que Loan ne se rend pas compte combien j'avais envie et surtout besoin d'entendre ces sept mots qui ont une telle signification importante. Décroisant les bras, mon regard se relève à nouveau sur Loan qui continu en me parlant de sa dernière relation qui s'est mal finie et qu'ils étaient dans la même troupe.
Je grimace légèrement et pince les lèvres en hochant doucement la tête. Je ne comprends donc que trop bien son inquiétude et son incertitude. Sauf que je ne suis pas son ex. Alors même si nous sommes aussi dans la même troupe, les chances que l'histoire se répète sont quand même pas mal minimes. Mon partenaire de scène m'explique être perdu, comme moi, à ne pas savoir ce qu'il veut ou où tout cela nous mènera, mais il voulait juste des réponses de ma part. « Eh bien, tu l'as, ta réponse maintenant» déclarai-je dans un souffle, un doux sourire étirant mes lèvres. Il me parle ensuite à nouveau de ce que nous avons fait dans la loge et ses mots me frissonner, réveillant en moi un désir de recommencer dans les plus brefs délais. Mais ce n'est pas l'endroit ni le moment. Quoique …
Sans trop réfléchir, je réduis l'espace qui nous séparait et vient coller mes lèvres sur les siennes. Un simple baiser, doux et sincère, qui est accentué par la main que je viens poser sur sa nuque. Je laisse durer ce moment de bonheur pendant quelques instants avant de me reculer pour reprendre mon souffle « Je veux qu'on écrive une histoire ensemble» assurais-je en me reculant «Qu'on soit un duo non seulement sur scène mais aussi en dehors, dans la vraie vie. Je... je veux qu'on... » qu'on essaie ? Non. Non je ne veux pas que nous essayons car c'est comme ça qu'à commencé mon histoire avec Léo, par un simple 'essaie juste pour voir' et nous savons tous comme ça s'est fini. «Je ne veux plus être un simple ami pour toi » concluais-je en plantant mon regard dans celui de Loan, une expression convaincue sur le visage.
On n’est jamais réellement à l’aise durant ce genre de conversation. Qui aime réellement mettre ses sentiments sur la table ? Qui aime se mettre à nu devant quelqu’un ? En particulier, lorsque l’on ne connaît pas cette personne depuis très longtemps, mais qu’elle compte déjà tellement. C’est un exercice particulier, une gymnastique à laquelle on ne s’habitue jamais vraiment. J’ai toujours été le plus romantique dans mes relations, toujours celui prêt à donner une petite intention désintéressée, à dire, je t’aime le premier. Je suis celui qui aime trop vite et trop fort. Je me perds dans la passion. C’est ce qui me fait vibrer, ce qui me fait vivre. Et pourtant, j’ai soudainement la sensation d’être le plus frileux entre Clément et moi. Je vois dans son regard qu’il n’a pas envie d’abandonner, qu’il pense chacune de ses paroles et comme il le dit si bien lui-même, je l’ai eu ma réponse. Je sais désormais que tout ce qui se passe entre nous n’es pas qu’un simple jeu pour lui, que cela va au-delà de l’amusement. Au moins, on se retrouve sur la même longueur d’onde, même si on se l’avoue timidement, même si on semble si incertains. Je vide mon sac, je ne vais pas lui mentir. Bien sûr que je pense à lui depuis notre petite aventure dans ma loge. Bien sûr que je l’ai déshabillé du regard la première fois où je l’ai revu au théâtre après ses semaines d’absences. Et je reste méfiant malgré tout, parce que je n’oublie pas sa fuite, parce que j’ai envie de me protéger encore un peu.
Pourtant, lorsque Clément vient m’embrasser, j’en oublie tous mes doutes. Je me perds un instant dans ce geste empli de tendresse et qui ne laisse pas de tout sur les intentions de Clément. Je frissonne presque en l’entendant me dire qu’il souhaite que l’on forme un duo sur scène et dans la vie. Et ma première réflexion paraît presque stupide. « Dire que j’ai longtemps pensé que tu me détestais. » Je me mets à rire en passant mes bras autour des hanches du plus jeune. Je vois qu’il a sincèrement envie de plus et j’en envie de le croire. J’ai envie de me dire que cette fois ça va fonctionner, que je ne vais pas me retrouver seul avec mes sentiments. Et je ne lui parlerais pas de tout ça, du fait que je tombe toujours trop vite et trop fort, pas pour le moment. « Je te fais confiance. » Et c’est probablement ce qu’il y a de plus important à cet instant. Je ne sais pas vraiment dans quoi, je m’engage avec lui, mais j’ai envie d’emprunter ce chemin-là. À mon tour, je viens doucement embrasser ses lèvres. « Je te préviens, je suis du genre romantique. » Je hausse un peu les épaules. « Et j’aime les câlins aussi. » Il va me prendre pour un nounours guimauve, mais je m’en fiche.
Je glisse ma main dans la sienne et l’entraîne jusqu’au salon. « Tu restes un peu du coup ? » Je crois que je vais pas lui laisser le choix. Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis bien trop longtemps et j’ai envie de le garder contre moi afin d’effacer tous ces moments où il cherchait à me fuir comme la peste. « Il va falloir que tu me racontes ce voyage, je suis pas allé en Europe depuis si longtemps ! » Je lui souris quelque peu et m’installe dans le canapé en l’entraînant avec moi. Je m’installe de manière à voir son profil et prêt à l’écouter.
Eh voilà, c'est fait, c'est dit et il n'y a plus de retour de possible. De toute manière, pour rien au monde je ne reprendrais mes paroles ni changerais mes gestes. Car je pense chacun d'eux. Je suis sincère dans mes propos et dans mes actions et lorsque je sens les mains de Loan entourer mes hanches, je me rends comptes que j'ai fait le bon choix et que je n'ai aucune raison de regretter ce que j'ai fais et dis. Pourtant, la première chose que Loan me dit c'est qu'il a longtemps pensé que je le détestais. Inclinant légèrement la tête sur le côtés, sourcils imperceptiblement froncés, je me demande s'il est sérieux mais décide de ne rien répondre. Au lieu de ça, je pince les lèvres en un sourire et hausse les épaules avant que les lèvres de Loan ne se posent à nouveau sur les miens.
Facilement et automatiquement, je m'approche d'avantage de lui, colle un peu plus mon bassin contre le sien avant qu'il ne rompt le baiser pour me prévenir être un grand romantique -ce que je ne suis pas- et adorer les câlins. « ça tombe bien, je gère pas mal les câlins» déclarais-je, passant mes bras autour de ses épaules pour le serrer contre moi dans une agréable étreinte.
Nous finissons par nous séparer à nouveau et Loan attrape ma main dans la sienne pour m’entraîner vers le salon, me demandant si je reste un peu « J'ai pas envie de partir donc même si tu ne m'avais pas demander je serais rester» dis-je en souriant, amusé avant de m'installer sur le canapé qui se présente à moi, me débarrassant enfin de mes chaussures alors que Loan se fait plus curieux et souhaite en savoir plus sur mon voyage en Ecosse.
«Ah c'était ma première fois hors de l'océanie » dis-je en pliant les jambes pour m'installer en tailleur sur le canapé « En fait l'année dernière, mon meilleur ami avec qui j'étais en coloc depuis plusieurs années, a décidé de quitter le pays pour partir s'installer en Ecosse, nous laissant, sa sœur jumelle et moi ici. On s'est plus ou moins habitué à son absence mais c'est toujours ...un vide, tu sais ? Quand la la personne avec qui on a habité pendant tant de temps quittes la colocation du jour au lendemain c'est assez ...Bizarre» je soupire doucement et prend la liberté de m'allonger, posant ma tête sur les genoux de Loan lorsque celui-ci me rejoint sur le canapé «Et du coup, quand il nous a invité chez lui pour les fêtes de fin d'années, Sybille et moi on a pas hésité. Mais au lieu de ne rester qu'une semaines, on s'est dit qu'on devait resté au moins 3 semaines pour bien profiter du pays. C'est donc ce qu'on a fait » j'hausse les épaules et ferme les yeux lorsque Loan commence à jouer avec mes cheveux « C'était génial, un truc de malade. Moi qui suis un fan inconditionnel de Harry Potter, j'ai prit mon pied à chaque lieu de tournage que nous avons passé et je me suis émerveillé de chaque montagnes dans le highland» je rigole doucement « On a passé de superbes fêtes tous les trois et ça m'a fait bien fou de revoir Ambroise» mon meilleur ami et mon premier amour. « mais j'ai quand même beaucoup pensé à toi. J'ai beaucoup discuter de ce que nous avons fait avec Sybille et même Ambroise et ...ils m'ont un peu aidé à voir plus claire sur la chose» assurais-je en rouvrant les yeux pour poser mon regard que Loan « Désolé, vraiment, de pas être venu plus tôt ...» je crois que je m'en voudrais encore longtemps.
Quelques baisers finissent de complètement apaiser l’atmosphère entre nous. Il n’y a plus aucune tension désormais. On sait ce que l’autre pense, ce que l’autre ressent. C’est encore un peu brouillon, je lui en veux encore un tout petit peu d’avoir disparu pendant si longtemps, mais je sais que l’on va pouvoir passer au-dessus de tout cela. Je profite un instant de l’étreinte qu’il m’offre avant de l’embarquer dans le salon avec moi. Je compte bien le garder dans la maison encore un petit moment et il semble assez d’accord avec tout cela. « J’ai pas vraiment envie de te laisser partir pour le moment. » Sous-entendu, tu m’as bien trop manqué et je veux profiter du fait que tu sois. Je me connais et je sais que je vais flipper un peu lorsqu’il va partir. Je vais me demander s’il va encore disparaître ou non, mais pour le moment, je préfère ne pas penser à tout cela. Il est encore tôt, on va pouvoir profiter de la soirée ensemble. Je rêvais d’un moment rien qu’à deux depuis bien trop longtemps, alors autant en profiter pleinement.
Une fois installer dans le canapé, je laisse Clément prendre ses aises et l’écoute me raconter son voyage en Écosse. Il s’allonge et il ne me faudra pas longtemps pour que ma main vienne glisser sur son bras. J’ai toujours aimé faire ça. Cela peut paraître idiot, mais c’est un geste qui me détend réellement. Alors, je continue à glisser ma main dans sa chevelure tandis que Clément m’explique que son meilleur ami est parti en Écosse et qu’ils sont allés le voir pour les fêtes. Je l’écoute s’émerveiller sur le pays et sur tout ce qu’il a pu faire là-bas et cela me fait sourire. J’apprends qu’il est fan des films Harry Potter et visiblement qu’il aime beaucoup la nature. « On va bien s’entendre sur le point Harry Potter, je crois. » Vu le ton passionné qu’il emploie pour parler de tout cela, je pense qu’il est un plus grand fan que moi, mais au moins je sais déjà quoi mettre comme film pour lui faire plaisir. Il finit par m’avouer qu’il a beaucoup pensé à moi et qu’il en a même parlé avec ses meilleurs amis afin d’y voir un peu plus clair. Je ne peux pas lui en vouloir alors que j’en ai parlé à Martin également. Je soupire un peu tout en continuant à caresser lentement son bras. « Je t’en veux pas. » Enfin beaucoup moins que ce matin dirons-nous. « J’aurais juste aimé que tu me répondes, mais c’est passer maintenant. » Et on ne va pas revenir là-dessus éternellement. « Donc on va pas en parler pendant dix ans. C’est arrivé, ça m’a fait du mal, on s’est expliqué et ça va aller. » Je lui souris et me penche un peu pour embrasser son front. « Mais disparaît plus jamais comme ça, okay ? » Je suis toujours du genre à pardonner, mais si on me fait le même coup plusieurs fois, je suis aussi le premier à laisser tomber. « Surtout quand on bosse au même endroit. » Je souris un peu ne voulant pas rendre cela dramatique. « Tu ferais un bon ninja, tu sais. »
« Et moi j'ai pas envie de partir» que je répond à sa déclaration. En vrai, s'il m'y autorisait, je resterais ici pour la soirée et pourquoi pas même la nuit ? Quitte à réveiller des soupçons auprès de son père, mais il est claire que si je repars ce ne sera plus aussi définitif et surtout je reviendrais. C'est donc, sans hésiter que je le suis dans le salon où je m'installe sur le canapé en lui racontant mon voyage. Je n'entre pas dans les détails de tout ce que nous avons vu Sybille et moi mais reste plus focalisé sur les émotions qui sont ressorties lors de cette escapade Ecossaise.
Je fini tout de même par avouer que j'ai beaucoup parlé de ma situation avec Loan à mes meilleurs amis et que c'est grâce à ces discussions que j'ai pu voir plus clair sur mes émotions. Continuant de caresser mon bras de ses doigts, Loan me répond qu'il a beau avoir voulut des réponses, il ne m'en veut pas car ce qui est fait est fait et que je dois juste lui promettre de ne plus disparaître comme ça. «Promis » assurais-je en me redressant, ma main venant se poser sur sa nuque pour l'obligé à se pencher en avant afin d'embrasser à nouveau ses lèvres.
« Faut croire que j'ai raté ma vocation» rigolais-je lorsque Loan me dit que j'aurais fait un bon ninja « Enfin, si jamais ça ne fonctionne pas avec Broadway je sais que je peux toujours partir au japon pour commencer ma formation de Ninja. Je connais au moins déjà les bases» je secoue doucement la tête puis hausse les épaules et ferme à nouveau les yeux lorsque la main de Loan passe là où se trouvait initialement ma tignasse de cheveux «Vivement qu'ils repoussent » dis-je en me passant, moi-même, la main sur la tête, quelques peu surprit par la douceur des nouveaux cheveux «Et encore là ça va, il ont déjà bien repoussé. Juste avant de partir en Ecosse mon e...mon ami m'a rasé la tête » je secoue la tête « Rhume + weed, ça donne clairement des idées de merde» je laisse échapper un petit rire «Mais au moins j'ai pu agrandir ma collection de bonnets et casquettes ce qui est quand même un petit avantage »
Dans un soupire, je fini par me redresser et m'étire légèrement «On se commanderait pas à manger ? » demandais-je «Et après on peut se regarder une série ? Tu regardes Peay Blinders ? T'es a es a jour ? Parce qu'il me manque les deux ou trois derniers épisodes de la dernière saison, donc si ça te dit ... » proposais-je, histoire de s'occuper un peu.
Mes doigts glissent sur le bras de Clément tandis qu’il me raconte ses vacances. Il faut croire qu’il a passé un bon moment en retrouvant ses amis et surtout qu’il en avait besoin. Je crois que notre soirée dans ma loge lui a un peu fait peur et je ne peux pas réellement lui en vouloir. C’était bien loin d’être prévu et surtout, on en a jamais parlé ensemble. On a passé un moment tous les deux après coup, mais on c’est rapidement rhabiller pour partir en soirée avec les autres et on n’a pas vraiment pu échanger sur le moment. Dans le fond, je peux comprendre qu’il est un peu paniqué. En tous cas, il me promet de ne plus jamais disparaître et c’est tout ce qui compte pour moi. Je comprends que parfois, on se sente dépasser par les émotions et nos sentiments, mais je préfère largement que l’on en discute tous les deux plutôt que de s’éviter comme cela a été le cas. Surtout que Clément est passé maître dans l’art de disparaître d’une pièce. « Je te voyais même pas partir, c’était hyper frustrant. » Au moins, on en rigole et je sais que dans quelques jours, on ne parlera plus du tout de cette histoire. Je profite du baiser qu’il m’offre même si je me retrouve plié en deux. « Je suis pas aussi souple que ça je crois. » Je ris un peu et me redresse avant que mon dos me dise merde.
Je passe une main dans ses cheveux ou plutôt ce qu’il en reste et soupire. Visiblement, il a compris ma déception et j’ai envie de rire lorsqu’il se retient subitement de dire quelque chose. « Je préfère tes boucles quand même. » Je boude quelque peu avant de plonger mon regard dans le sien de manière un peu plus sérieuse. « Et tu peux dire ton ex, hein. » Je vois qu’il se sent griller et je hausse les épaules. « J’ai pris un café avec le mien y a pas longtemps. » Et Sohen était mon premier amour, il a compté bien plus que tout les autres. « On a un passé, c’est normal. » Une nouvelle fois, je hausse les épaules. Je suis un peu jaloux, mais je ne suis pas non plus du genre à interdire mon compagnon de voir qui que ce soit. Cela n’a jamais été mon délire, loin de là.
En quelques secondes, Clément se redresse et se met à parler d’un débit bien trop rapide pour moi. « Wow respire Clément ! » Je ris une nouvelle fois et essaye de raccrocher les wagons ensemble. « Je veux pas te vexer, mais j’ai vu toute la dernière saison de Peaky, on est fan avec mon père. » Je sais parfaitement qu’il ne m’en voudra pas, mais c’était pour me moquer un peu. « Mais ça me dérange pas de regarder avec toi ! » Bien au contraire, j’aime beaucoup la série et je vais pas refuser de revoir un épisode ou deux. Je me lève pour aller chercher mon téléphone que j’avais laissé sur le comptoir de la cuisine. « Tu veux commander quoi ? Chinois ? Indien ? Ou t’es végétarien ? » Bon, il faut croire que c’est moi qui pose un million de questions à la seconde maintenant, mais en même temps, je connais pas grand-chose de lui. « Tu sais quoi… Reste ce soir. » Par pitié qu’il comprenne que je sous entends la nuit avec tout ça. « Qu’on prenne le temps de discuter un peu quand même, j’ai l’impression de pas savoir grand-chose de toi. » Je lui souris et retourne m’asseoir auprès de lui. « Ca te va comme programme ? Et promis on case un peu de Peaky Blinders là-dedans. Et peut être de la nudité aussi. »
Je me doute fortement que ce devait frustrant pour Loan de ne pas me voir partir alors que tout ce qu'il attendait c'était des réponses à ses questions et des explications de ma part. Avec cette phrase, il parvient à me donner à nouveau mauvaise conscience et je décide donc de changer totalement de sujet afin de lui fournir des explications sur le pourquoi du comment mes cheveux ont disparu. Je me retiens de dire 'ex', préférant décrire Léo comme étant un ami. Loan, d'ailleurs, me dit que je peux sans problème parler d'Ex mais je secoue doucement la tête «Léo c'est avant tout un ami » expliquais-je en me redressant légèrement «On est resté ensemble seulement un mois donc ...voilà. C'est pas vraiment un 'ex petit ami' en tant que telle à mes yeux. » c'est idiot et aussi difficile à expliquer qu'à comprendre mais c'est le cas : je ne vois pas Léo comme mon premier amour ou ma première relation. Nous étions ensemble, certes, mais en fin de compte je n'étais pas réellement amoureux. Et lui non plus, évidemment.
Je souris doucement lorsque Loan me dit qu'il est aller boire un coup avec son ex et me demande silencieusement combien de relations il a eu avant moi. Il a cinq ans de plus que moi, donc cinq ans d'expérience de plus. Le premier ex duquel il a parlé il a dit lui-même que ça c'était mal passé donc j'imagine que ce n'est pas avec lui qu'il est allé boire un coup. Cet ex là ce doit donc être un autre. Loan a donc eu au moins deux autres relations avant moi ce qui, je dois avouer, me met un peu la pression.
Mais, au lieu de dire quoique ce soit de ce genre, je me redresse complètement et lui demande si on pourrait par commander un truc qu'on mangera devant un ou deux épisodes de séries. Malheureusement, le jeune homme est a jour dans la série que je souhaitais regardé avec lui avant de se lever pour récupérer le téléphone et me demander ce que je souhaite commander. «Je suis tout sauf Végétarien » dis-je, amusé « Chinois ça m'irait bien en vrai» hochais-je la tête. Rapidement Loan repart à la cuisine et revient avec un dépliant qu'il me tend.
Tandis que je lis le menu, mon partenaire reprend la parole en me disant de rester ce soir et qu'ainsi nous pourrons faire connaissance. J'ignore quelque peu le côte 'peaky blinders' et 'nudité' et hoche la tête «ça me va, oui » dis-je en lui tendant le menus «Je vais prendre le numéro 5, le canard et les nouilles sautés avec deux nems » expliquais-je avant de me lever « Je reviens» indiquais-je mon portable en m'éloignant du salon. Là, je compose le numéro de Sybille, lui expliquant que je ne rentrerait pas ce soir et lui demandant de sortir Moana.
Je reviens ensuite au moment où Loan finit de passer commande et me réinstalle sur le canapé. Pliant la jambe gauche, je pose mon pied sur la table basse et retire ma chaussette pour me masser un peu la cheville et le tendon douloureux. « t'as pas un peu de glace ?» demandais-je finalement en remarquant la température de mon articulation qui, à mon sens, est un peu trop élevée. ça fait plusieurs jours maintenant que ma cheville est plus raide que d'habitude et je prie sincèrement que ça ne soit pas trop grave.
Il tente de se justifier Clément, alors que je lui ai assuré que ce n’est rien. Il a vingt-cinq ans, je me doute bien qu’il a eu un passé avant moi. Je ne vais pas soudainement lui interdire d’évoquer tout cela. Pourtant, il prend des pincettes, il assure que sa dernière relation n’a pas duré assez longtemps pour compter. Je ne suis pas forcément d’accord avec lui. Tout peut aller vite et tout compte du moment où des sentiments sont mis entre deux personnes, qu’importe la durée, qu’importe la force. Pourtant, je ne vais pas lancer un débat là-dessus. Je vois bien qu’il est quelque peu mal à l’aise et ce n’est pas mon intention de creuser sur ce sujet. J’évoque juste le fait que j’ai également un passé, mais cela semble être une mauvaise idée puisque Clément semble soudainement perdu dans ses pensées. Je le laisse tranquille un instant. C’était peut-être un peu trop d’informations d’un seul coup. On apprend encore à se connaître, à fonctionner ensemble, il va y avoir des bides, des moments un peu bancals. Alors je n’insiste pas et lui laisse le temps de rebondir sur autre chose.
Il finit par proposer de commander à manger et de finir la soirée devant une série ce qui permet d’alléger la situation. Il m’assure ne pas être végétarien et approuve l’idée de manger Chinois. Je lui tends le menu de mon take out préféré et tente réellement de détendre l’atmosphère en proposant une connerie. Vu son véritable manque de réaction face à la mention de la nudité, je ne peux m’empêcher d’ajouter. « Désolé, j’ai un humour douteux des fois… » Je voulais juste le faire sourire un peu, lui assurer qu’on allait passer une bonne soirée. En réalité, je n’en sais trop rien. Je crois que je commence à devenir un peu nerveux. Il me donne sa commande et disparaît dans le couloir ce qui ne fais qu’accentuer mon stress. Bon… Il ne faut pas paniquer de suite. C’était juste pas drôle, rien de plus, aucune raison de trop pensé pour le moment. Je passe la commande et commence à nous sortir une bière du frigo tandis que Clément s’installe de nouveau sur le canapé. Je me tourne rapidement lorsqu’il me demande de la glace et remarque alors qu’il est en train de masser sa cheville. « C’est douloureux ? » Oh my… Question conne Loan. Je soupire contre moi-même et m’empresse de sortir quelques glaçons avant de les enrouler dans un torchon que je lui amène. Je m’assois sur la table basse, prends son bien sur ma cuisse et y applique lentement le torchon. « Tu as revu ton médecin ? » Je sais que le sujet de sa cheville est assez tendu. Il a beaucoup souffert de sa blessure et je n’ose pas trop poser de questions. Je me contente de masser un peu sa cheville en lui souriant. « En fait t’aimes bien que je te masse, c’est ça ? » Parce que je ne sais pas rester dans le silence. « Tu peux me frapper si je dis trop de connerie, je te jure je le fais pas exprès. » Et je crois que je viens de rougir comme une tomate.
Peut-être que ma justification n'a pas lieu d'être ? Peut-être est-ce un peu too much que de dire que pour moi Léo n'est pas un ex copain en tant que tel ? Je n'en sais rien. C'est idiot, mais je ressentais le besoin et l'envie d'expliquer à Loan ma situation. Celui-ci ne semble pas le prendre mal, de toute manière il a, lui aussi, plusieurs histoires de relations à son actif, donc il ne va pas m'en vouloir d'avoir, moi aussi, un certain passé. Lorsqu'en plus il me parle de nous mettre à nu, j'avoue que je panique un peu. Certes, j'ai énormément apprécier notre partie de jambes en l'air dans les loges, mais est-ce que ça signifie vouloir réitérer l'expérience tous les soirs maintenant ? Est-ce que, être en couple, signifie faire l'amour à chaque fois qu'on se voit ? J'espère sincèrement que ce n'est pas ce que Loan pense car je serais bien incapable d'assouvir son besoin.
C'est sans doute pour ça, autant pour me calmer que pour prévenir Sybille et entendre quelques mots rassurants de sa part, que je décide de m'éclipser dans le couloir. Je n'en reviens que quelques minutes plus tard alors que Loan a déjà passé le commande. Me réinstallant à ma place, je m'occupe un peu de ma cheville qui est un peu plus douloureuse que d'habitude. Ne sachant pas trop quoi faire, je demande de la glace à Loan. Sans hésiter, il se dirige vers la cuisine et revient avec quelques glaçons entourés d'un torchon. « ça fait quelque chose que c'est douloureux, ouais» avouais-je finalement alors que le jeune homme s'installe sur la table basse, pose mon pied sur ses cuisses et dépose la glace sur mon articulation. Je soupire doucement de soulagement et me recule contre le dossier du canapé « je revois le chirurgien dans trois semaines » expliquais-je alors que je ferme les yeux, souriant lorsque Loan commence tout doucement à masser mon articulation «J'avoue que tes massages sont plutôt agréable » soufflais-je en redressant la tête, posant mon regard sur le jeune homme «tu ferais un bon kiné je pense » je laisse échapper un rire puis me réinstalle correctement et secoue la tête lorsque Loan me donne l'autorisation de le frappe si je trouve qu'il dit trop de connerie « T'inquiète, y a pas de mal » le rassurais-je avant de rouvrir les yeux et regarder autour de moi.
Observant la pièce, je tente ainsi de connaître un peu plus le jeune homme car au final, je me rends compte qu'on ne se connaît que de façon superficielle « chien ou chat ?» demandais-je brusquement en reposant mon regard sur Loan « Tu préfères les chiens ou les chats ?» réitérais-je ma question au vu de son regard troublé. « Tu voulais qu'on apprenne à se connaître d'avantage donc ...t'es plus chien ou chat ?» ça peu paraître idiot comme question, mais c'est un premier pas en avant pour en savoir plus sur les goûts de l'autre.
Accueil
