Ils ont des points de vue diamétralement opposés et pour une fois dans sa vie, Lily n’en veut pas à quelqu’un de penser autrement qu’elle. S’aligner sur son point de vue semble impossible mais le comprendre reste envisageable. Cela coule de bon sens pour la majorité de la population mais venant d’une Keegan qui n’a jamais appris à accepter les avis divergents ou même à pardonner, cela ressemble à un énorme pas en avant. « I’m not sad talking about my wife. I love talking about her. It feels like she’s still alive. She’s still relevant in conversations. I keep her memory alive by sharing stuff. » Le miroir entre eux est cocasse, quand lui rassemble toutes ses forces pour se souvenir d’une défunte et qu’en face elle rassemble toutes les siennes pour oublier son propre sang. Leur vision du monde n’a rien à voir l’une avec l’autre alors elle se contente d’essayer de comprendre la sienne et ce besoin viscéral de s’accrocher à ce qui n’est plus. La brune se concentre sur son verre et les rayons de lune qui s’y reflètent, elle se concentre sur les conversations ambiantes à l’extérieur du bâtiment tout comme elle se concentre tout autant pour ne pas finir par s’asseoir en tailleurs comme elle en a tant l’habitude alors qu’elle porte aujourd’hui une robe. L’idée était stupide, elle aurait été bien plus à l’aise dans son pyjama du dimanche (celui qui sert aussi d’habits pour la journée, oui, celui là).

« Everybody dies twice. First when they are not alive anymore and then when we stop remembering them. » Joseph n’est mort qu’une fois, celle où elle a arrêté de se souvenir de lui. Celle où il ne sera plus vivant risque d'arriver incessamment sous peu, à en juger par son rythme de vie et son régime alimentaire, si jamais on peut appeler “aliment” tous les types de drogue qu’il s’entête à tester. « Elle est chanceuse de t’avoir comme mari. » Lily finit par stipuler, sérieuse au possible. Il continue de se souvenir d’elle malgré sa mort, il continue de parler d’elle avec des étoiles dans les yeux même s’il ne pourra pas lui raconter cette anecdote en rentrant ce soir. Elle trouve sa dévotion admirable et un jour elle espère pouvoir à son tour aimer quelqu’un au point de faire la même chose pour lui. « Je ne connais pas mon mari. C’est une émission de télé, on va se rencontrer le jour du mariage, en fait. » Il n’est pas encore ton mari, Lily, calme toi, ne laisse pas trop d’espoirs reposer en cette émission ou tu vas encore te brûler les ailes. « Mais j’imagine que vous vous connaissiez bien avant vous deux ? T’as l’air de beaucoup l’aimer. » Elle sourit doucement en relevant ses yeux vers lui, rêveuse de vivre la même expérience à son tour.

« Elle est chanceuse de t’avoir comme mari. » Ca te fait grave tiquer la façon dont elle dit ça. Elle a parlé au présent. T’es surpris mais agréablement surpris. Tu regardes Lily avec un doux sourire aux lèvres. Thank you. Tu sais pas si elle a fait exprès mais dans tous les cas, ça te fait grave plaisir. L’illusion le temps de quelques secondes que Rosa n’est pas morte. Une si belle illusion. Cette même sensation que celle que tu as tous les matins quand tu te réveilles et que t’as pas encore ton cerveau correctement branché. Ces moments où bien sûr, elle est toujours des votre. « Je ne connais pas mon mari. » What? « C’est une émission de télé, on va se rencontrer le jour du mariage, en fait. »

« Oh my god… » T’es grave sur le cul de l’entendre dire ça. Tu sais pas si ça t’amuse ou te terrifie. « Mais j’imagine que vous vous connaissiez bien avant vous deux ? T’as l’air de beaucoup l’aimer. » Tu hoches la tête. Tu captes bien qu’elle change bien vite de sujet, qu’elle retourne le tout sur toi. Elle n’a sûrement pas envie de t’entendre la juger pour son choix.

« Yeah. Love at first sight. I was 17. She was my first love. My only love. » T’as jamais su retrouver ces émotions avec personne depuis. Mais tu es quand même curieux de son émission de télé. Tu vas pas la juger le moins du monde. Tu comprends qu’elle puisse vouloir faire ce genre de truc, tu ferais jamais ça de ton côté.

« You like the rush ? For the TV show. Why are you doing it? » Tu t’imagines pas une seule seconde te marier avec un parfait inconnu. Tu t’imagines pas de marier avec personne en vérité. Tu veux laisser cette exclusivité à Rosa. Elle est et sera ta femme jusqu’à ce que tu ne sois plus de ce monde. T’aimeras jamais quelqu’un plus qu’elle.

Il ne cache pas sa surprise face à l’annonce de la brune et cette dernière se contente seulement d’esquisser un sourire gêné laissant apparaître ses fossettes. Elle ne parle que très peu de ce qu’il va bientôt se passer dans sa vie à cause, justement, du regard des autres et de leur jugement mais pour Jordan elle se sent déjà assez en confiance. Il lui a parlé de sa femme décédée alors elle peut sûrement lui parler de son futur mari qu’elle ne connaît pas encore. Là encore ils sont différents et pourtant si complémentaires. « Yeah. Love at first sight. I was 17. She was my first love. My only love. » Love at first sight étant le titre de l’émission, elle ne peut s’empêcher de rigoler silencieusement face à l’ironie de la situation. Elle se reprend pourtant bien vite pour écouter le récit de l’inconnu, émue de le voir toujours aussi attachée à cette femme, son premier et unique amour.

Ca sonne comme une comédie romantique, ça sonne comme un conte, ça sonne comme le début d’une mauvaise fiction aussi mais ça ça compte pas. Ça sonne aussi et surtout comme une douce mélodie aux oreilles de Lily, qui se contente d’histoires dégoulinant d’amour à défaut de pouvoir vivre la sienne. Elle vit par procuration, c’est sûrement déjà un bon début. Elle jour elle se lancera dans la vie à son tour ; quand elle sera prête. « You like the rush ? For the TV show. Why are you doing it? » L’attention revient sur sa personne et désormais la brune se sent plus à l’aise d’en parler. Il pose les bonnes questions sans la juger ; c’est tout ce qu’elle avait besoin de savoir et d’entendre. « Je suis infirmière, mon métier c’est du rush constant. » Pas encore infirmière mais soit, passons les détails. Elle le sera bientôt et elle sait déjà largement à quoi ressemble le métier, elle n’a pas besoin de s’étaler sur sa vie trop longuement. « Je n’ai pas besoin de m’en ajouter en dehors mais c’est une amie qui m’a inscrite et après tout est allé très vite et finalement ça me semble être intéressant. » Ce mariage ci sera de toute façon bien moins pire que ceux auxquels elle a réchappé si jamais les choses étaient devenues plus sérieuses avec ses deux anciens petits amis. Un ex petit ami et un ex fiancé, à vrai dire. Mais là aussi, passons. Les détails ne seront pas pour ce soir. « J’ai jamais eu de coup de foudre ou de chose comme ça. Peut être que cette fois-ci tout va changer. » Elle hausse les épaules, rêveuse mais pas utopiste. Peut être, peut être pas. « Si tu n’avais jamais connu Rose dans ta vie, est ce que ça te paraîtrait moins stupide comme choix de mariage ? » Il ne l’a pas dit mais elle le sent, et elle ne lui en veut pas. Il a le droit de croire que l'idée est stupide - et elle pense la même chose, au fond.

« Je suis infirmière, mon métier c’est du rush constant. » Tu hoches la tête. Respect. Tu pourrais juste pas faire ce job. T’as assez mauvaise conscience pour ce que tu fais dans ta vie, t’as pas envie d’être responsable de la vie des autres par dessus le marché. T’as pas le mental pour ça. Tu comprends du coup qu’elle est habitué au rush. Que cette émission ne doit être qu’un rush de plus dans sa vie. Un différent. « Je n’ai pas besoin de m’en ajouter en dehors mais c’est une amie qui m’a inscrite et après tout est allé très vite et finalement ça me semble être intéressant. » Ah. Elle s’est fait enrôlé. Elle a laissé la mascarade se faire malgré tout. T’es sûr qu’elle aurait pu annuler si elle voulait mais apparemment non. Elle s’est véritablement fait enrôler.  She has guts. Elle est habitué au rush. « J’ai jamais eu de coup de foudre ou de chose comme ça. Peut être que cette fois-ci tout va changer. » Tu hoches la tête.

« Life is full of surprises. » Pas toujours des bonnes mais quand bien même. Elle a pas l’air très enjoué malgré tout. She doesn’t believe it will turn good. Et tu peux pas la blâmer. « Si tu n’avais jamais connu Rose dans ta vie, est ce que ça te paraîtrait moins stupide comme choix de mariage ? » Tu penches un peu la tête en la regardant, t’es pas sûr de comprendre sa phrase.

« You mean, your TV Show? If I would have considered it? I don’t know… Maybe. Probably. I don’t know. » Tu réfléchis en même temps que tu réponds. Tu arrêtes de parler pour sortir une vraie réponse parce que t’as dit tout et son contraire là. Ca veut rien dire. Tu considères. Tu reprends la parole assez vite. C’est rapidement réfléchit en fait.

« Would probably be my only shot at being married so why not. It’s an experience I guess. » Parce que t’es sûr que personne d’autre n’est compatible avec toi. La preuve en est, t’es toujours seul depuis que Rosa n’est plus consciente. Jamais eu cet envie d’être avec quiconque pour le reste de tes jours. « I’m not really the best person to ask though. I do a lot of stupid things. » Tu te dénigres toujours Jordan. It is true tho. Pas tant en vrai. Still true.

La franchise de l’inconnu est rafraîchissante pour Lily - tant qu’il pense comme elle, en tout cas. Il n’arrive pas à cacher ce qu’il pense réellement et ça a quelque de rassurant que de savoir qu’elle s’adresse à quelqu’un qui s’avère être vrai face à elle et qui n’essaye pas de se jouer d’elle comme beaucoup avant lui. Jordan avoue ne pas être réellement enthousiasmé à l’idée de se marier à la télévision et elle ne peut que le comprendre, raison pour laquelle elle finit par sourire doucement tout en hochant la tête.

Reposant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle se fait attentive lorsqu’il va plus loin dans ses explications à propos de son point de vue sur le mariage. En particulier le genre qu’elle s’apprête à vivre et qui vient de monopoliser la conversation - non en fait ça la monopolise depuis le début. « I’m not really the best person to ask though. I do a lot of stupid things. » Son ton change et tout sonne comme des confessions, mettant soudainement Lily dans une position délicate. Loin d’être gênée, la jeune femme est seulement intriguée par la tournure de la situation. Parler de Rosa n’a pas semblé être difficile mais c’est le cas désormais, de manière totalement paradoxale. « Tu ne peux pas dire ça et t’arrêter comme ça. » Ils n’ont pas le temps de s’apitoyer sur les choix du passé et ils n’en ont encore moins le droit. Ressasser ce qu’il s’est passé ne servirait à rien et elle a de toute façon bien trop d’erreurs commises pour réellement en faire une liste. Autant essayer d’en rire, autant essayer de tourner le problème, autant essaye de dévier tout ce qui pourrait mal se passer pour éviter d’en souffrir parce que les real talks n’ont pas lieu d’être. « Donne moi des exemples et je te donne un niveau de stupidité /10, dix étant le moment où tu t’inscris à une émission de télé pour te marier. » Elle sourit, la gamine qui a grandit, elle fait au mieux.

« Tu ne peux pas dire ça et t’arrêter comme ça. » What? Elle veut savoir les conneries que t’as fait ? « Donne moi des exemples et je te donne un niveau de stupidité /10, dix étant le moment où tu t’inscris à une émission de télé pour te marier. » Tu ris un peu en l’entendant. T’es grave beau quand tu souris. Tu t’attendais pas que la soirée tourne comme ça. A avouer tout un tas de truc super con que t’as fait dans ta vie. Que tu fais toujours même.

« I would never want to waste your time but you seem so involved in this with your rating system. I am quite interested now to see how your rank my stupidity. » T’es grave grave amusé et après quelques sourires de plus, tu reprends ton sérieux, levant les yeux vers le ciel. Te concentrant dans la liste longue comme le bras de truc stupide que tu fais.

« First it has to be that I still hope my dad will tell me he’s proud of me. » Tu lui as pas parlé depuis des années. Il t’a toujours traité comme un rejet et tu sais très bien que c’est à juste titre mais quand même. C’est ton père et tu as toujours un espoir qu’il se conduise comme tel envers toi un jour. Tu arrêtes pas de te dire que t’en as rien à foutre de ce fils de pute mais au fond non. Ca fait grave bizarre de dire ça à voix haute. Tu gardes toujours ça au fond de toi, essayant d’oublier ce batard même s’il est à tous les instants dans un coin de ta tête à chaque projets que tu réalises. Chaque grand palier de ta vie. T’as un boulot en indépendant, t’as acheté une maison, tu t’es marié, mais rien. Pas faute de lui envoyer des emails pour le tenir au courant malgré toi. T’es sûr que tes mails sont filtrés et sont directement envoyé à la corbeille.

« He is a piece of shit. » Pour qu’elle comprenne quand même le pourquoi du comment. Elle sait rien de toi ni ta famille. T’as vraiment commencé sur le gros morceau en parlant de ton père. Heureusement la suite est plus chill. « So many of my tattoos are dumb decisions. I don’t remember when I did them cos I was drunk or high. » Pas tous, heureusement. Mais beaucoup trop quand même.

« All the drugs, fucking dumb decisions… But you’ve got to do what you’ve got to do, right ? Same goes with lots of people I had sex with when I didn’t even want to. Some gave me STD. So so dumb… » Ca te fait rire maintenant parce que c’était y’a longtemps et t’es en bonne santé. Tu t’arrêtes là en la regardant, elle a de quoi faire déjà avec ça. « How am I doing? » Parce que c'est un jeu après tout.

Jordan vient de devenir l’adulte qui a enfin accepté de jouer avec Lily et c’est quelque chose qui arrive si rarement qu’elle ne peut s’empêcher de sourire encore plus, la gamine.

« First it has to be that I still hope my dad will tell me he’s proud of me. »
Ah.

Ce n’est pas le genre de confession qu’elle attendait, s’apprêtant plutôt à entendre des histoires de choses crades qu’il a mangé étant enfant ou des dessins qu’il a fait sur les murs. Elle s’attendait à ce que le chien de la famille soit devenue une monture de course le temps d’une journée, elle s’attendait à ce qu’il lui montre une cicatrice pour laquelle il ne révèle jamais la cause parce que ça serait gênant que d’avouer qu’il a foncé dans un mur en pensant être à la plateforme 9 ¾. Elle s’attendait à tout ça et bien plus encore, certainement pas à retomber dans les daddy issues si rapidement. Son sourire disparaît mais pas son attention, pourtant. Elle se reconnaît bien trop dans ses mots pour ne pas l’écouter.

Elle ne rigole plus de joie mais bien de nervosité, maintenant. « He is a piece of shit. » La brune se retient d’y ajouter ses propres commentaires à propos de la figure paternelle, jugeant que leurs deux histoires n’ont rien de semblables et qu’elles n’ont pas à se mêler l’une à l’autre. Elle a inventé ce jeu pour en apprendre plus sur lui puisqu’il semble être quelqu’un de bien (même si elle le juge décalé par rapport à son mode de vie) et sûrement pas pour parler de sa propre histoire.

Il enchaîne sur d’autres sujets, sur ses tatouages faits sous l’impulsion tantôt de l’alcool tantôt des drogues - et oh, si vous l’aviez vu, là, le regard de la brune qui s’est décalé et la moue qui est aussitôt apparue sur son visage. Sa mâchoire se crispe dès qu’il est question de drogues c’est plus fort qu’elle. Il a des daddy issues, elle a surtout des brother issues. Chacun sa merde, comme on dit. Jordan sait remonter dans son estime en ajoutant qu’il regrette d’avoir consommé des drogues … pour mieux parler de ses expériences sexuelles désastreuses. Oh boy, come on. Il en rigole ; elle beaucoup moins. Au moins il ne fera jamais parti de ceux venant à la pharmacie pour traiter des MST avec l’attirail de la discrétion complète, c’est à dire lunettes de soleil et casquette. Même en plein hiver.

« How am I doing? » « J’ai besoin de voir l’étendue des dégâts pour te donner une note. Montre moi ton pire tatouage. » Mieux vaut éviter de reparler de tout ce qu’il a énoncé plus haut puisqu’elle a encore bien du mal à pouvoir pardonner à qui que ce soit de tomber volontairement dans la drogue - parce que à ses yeux c’est un choix, toujours - pour ensuite se plaindre de ne plus être capable de s’en passer. Ce genre de comportement lui fait lever les yeux au ciel et perdre toute foi en l’humanité. Alors parler de ses tatouages, ce n’est pas si mal, encore plus s’il peut lui en montrer certains qui la feront rire et oublier tout le reste.

Ça, c’était la théorie. Dans la pratique, il y a un sujet sur lequel elle ne peut pas passer aussi aisément. « Mais c’est pas stupide d’attendre de la reconnaissance de ton père. » Lily avait évité son regard jusque là mais maintenant elle repose de nouveaux ses yeux sur lui, même s’il semble trop préoccupé à regarder les cieux. Cela ne la dérange pas de sourire faiblement dans le vide, le sentiment du devoir accompli au fond du coeur. « Je vais devoir me rajouter des points de stupidité aussi, sinon, et t'arriveras jamais à me battre à force. »

Tu vois bien qu’elle est surprise par ta première révélation. Tu vas pas lui dire que lui en parler là maintenant, c’est un peu comme une session de thérapie. Que t’as pas peur de parler à une totale inconnu que tu reverras sûrement jamais. Une totale inconnue qui a l’air d’avoir des opinions bien tranché par rapport aux tiennes. I’ll never see her again. Et c’est ça le truc le plus important dans l’histoire. Elle réagit au fur et à mesure de ton énumération. T’as aucune idée de son histoire, mais y’a l’air d’y en avoir là dessous. C’est pour ça que tu restes sur ton propre cas, sans demander en retour, sans la mettre dans l’embarras. T’es pas là pour mettre les gens mal à l’aise. « J’ai besoin de voir l’étendue des dégâts pour te donner une note. Montre moi ton pire tatouage. » Sourire sur ton visage de l’entendre.

« Oh you’re not ready. » Et toi non plus en vérité. Parce que t’as pas envie de te déshabiller devant elle pour répondre à sa question. « Mais c’est pas stupide d’attendre de la reconnaissance de ton père. » Ton sourire qui se défait doucement. Tu ne t’attendais pas à l’entendre dire un truc de la sorte. Ca fait du bien d’entendre ça de quelqu’un d’autre que ton psy. I don’t have any anymore. Tu sais pas quoi répondre parce que la vérité, tu pensais pas continuer sur le sujet. Ca reste méga délicat pour toi. T’as fait le fou de le mentionner mais t’as pas envie d’approfondir. One step at a time. Et puis tu vas l’ennuyer avec tes daddy issues. C’est sûr. Vous êtes là pour passer une soirée, elle n’a pas prévu de te faire une thérapie gratuite. « Je vais devoir me rajouter des points de stupidité aussi, sinon, et t'arriveras jamais à me battre à force. » Oh. Elle a le même problème que toi.

« Wanna talk about it? » Toujours curieux de voir dans quelle merde sont les autres parce que ça te fait sentir moins seul. « Cos I won’t show you my worst tattoos. I don’t want to strip naked we don’t know each others enough. » Tu lances ça sur le ton de la plaisanterie mais tu veux répondre à sa question d’un peu plus tôt, et tu veux aussi lui donner une nouvelle perche si elle n’a pas envie de parler de ses issues. Tu commences à la cerner, elle va sauter dans le wagon de la blague pour fuir le wagon du talk.

« Whatever you have in mind, make it worst times 10 and you’ll have a pretty good idea. » Tu ris un peu en y pensant. T’es trop con. « Anyway if you don’t regret shitloads of your tattoos you’re not doing it right. » Tu sais pas si c’est vrai, mais ça te fait te sentir mieux cette pensée. C’est le cas pour tout tes amis les plus proches qui sont sévèrement tatoués comme toi.

« Wanna talk about it? » - « Nope. » La réponse est claire et tranchée mais elle n’est pas brutale pour autant. Elle la prononce en souriant, ses mains occupées à jouer avec les pans de sa robe pour ne pas faire autre chose. Elle a à peine évoqué le problème et c’est bien suffisant ainsi. S’il veut parler de son histoire elle l’écoutera sans ne jamais s’en plaindre mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle peut passé de son passé avec autant de détachement que lui. Si elle lui en donne des bribes et des indices c’est seulement parce qu’il a osé en faire de même avant elle, alors maintenant qu’il lui donne l’occasion de s’échapper elle la prend. Bien sûr qu’elle la prend.

Il la lui offre sur un plateau d’argent et elle rigole de sa blague avant même qu’il ait réellement fini de parler. « Cos I won’t show you my worst tattoos. I don’t want to strip naked we don’t know each others enough. » La tête de la brune dodeline et elle reprend sur le même ton que lui. « Moi qui croyais enfin avoir trouvé une excuse valable. » Admirable menteuse mais piètre improvisatrice, ses paroles n’ont finalement rien de crédible et définitivement personne ne la prendra pour une perverse.

Fermant les yeux et mimant une concentration optimale, elle en vient à afficher une moue de dégoût sur le visage avant de de nouveau rire comme une gamine. « Oucth, c’est vrai que ça craint. » Elle n’ose pas imaginer ce qu’il a pu se tatouer sur la peau pour en avoir honte à ce point mais tant que les erreurs restent encrées chez les autres, elle en rigole sans trop de difficulté. « A partir de maintenant je rassurerai mes amis avec tes mots de grand sage. » De ses amis les plus à même de se faire tatouer de la sorte, elle ne pourrait pas en sortir beaucoup de nom si ce ne sont ceux de son frère ou de son futur mari - quelle famille. « Merci pour tes conseils, je peux faire face à tous les problèmes de la vie maintenant. » Sa main se tend en sa direction de manière cérémoniale en total adéquation avec son ton ironique, prouvent finalement qu’elle le remercie peut être bien d’avoir su égayer sa soirée pour un temps. Elle a finalement tout fait sauf danser mais ce n’est que partie remise. L’air extérieur n’a de toute façon rien à envier à une salle fermée et bondée.