Son grand sourire m'indique que je ne me suis pas trompée. J'aurais bien été stupide, à tomber à côté de la plaque. Les épaules dans l'eau, je viens le piquer une fois de plus, et pourtant la sourire de Jordan ne diminue pas. Le mien répond au sien. Je suis presque sûre qu'il ne se fiche pas de moi. Presque. Moi, en tous cas, rien ne m'arrêtera. Je ricane lorsqu'il m'envoie de l'eau dans la figure, laisse ma nuque toucher l'eau, juste assez pour que mes cheveux se rassemblent à nouveau en une masse ondulante. « Fuck off I love that song. » Je lâche un rire, jette un dernier regard à la ligne d'horizon. Je ne sais pas si j'ai peur de la rejoindre, ou si j'ai très envie d'aller au devant de cette étendue d'eau salée. Je suis en Australie depuis si peu de temps, il serait peut-être trop aventureux d'en repartir si tôt. 'D'abord, replanter ses racines'. Je ne sais plus d'où je tiens ces mots. En détachant mes yeux de cette étendue qui s'allonge à perte de vue, je lance une autre pique au blond - juste pour me distraire de mes pensées. « You fucking do. » Je fais moins la maligne, soudain, et d'autant moins lorsque ses mains trouvent mystérieusement le chemin de mon dos.

Mes doigts grimpent sur ses épaules, mes jambes s'enroulent autour de ses hanches comme du lierre grimpant. La proximité ne m'est pas désagréable - elle n'est pas bizarre non plus. Les choses semblent en ordre. « Favourite Disney Song ? » Ma tête s'incline sur la droite, et je n'ai pas besoin de réfléchir beaucoup pour trouver la réponse à cette question. J'entrouvre la bouche pour répondre, mais je suis de nouveau coupée par la voix de Jordan. « You have to sing it. » « C'est ta nouvelle lubie ? De m'écouter chanter ? » Je toussote; cherche, l'espace d'une seconde ou deux, les couplets de la chanson que je vais sélectionner. « You think you own whatever land you land on, the Earth is just a dead thing you can claim. But I know every rock and tree and creature, has a life, has a spirit, has a name... » Life, et mes doigts pianotent sur son sternum. Spirit, et mon index remonte sa peau jusque à sa clavicule. Name, et ma main termine sa course jusque sur son épaule. « You think the only people who are people are the people who look and think like you. But if you walk the footsteps of a stranger, you'll learn things you never knew, you never knew... » Mes bras s'enroulent autour de son cou alors que je prends tout mon air pour me lancer dans celui que j'ai toujours jugé comme le plus beau refrain de tous les Disney. « Have you ever heard the wolf cry to the blue corn moon ? Or asked the grinning bobcat why he grinned ? Can you sing with all the voices of the mountains, can you paint with all the colors of the wind ? Can you paint with all the colors of the wind ?.. » Je marque une pause, la main gauche toute à plat entre ses clavicules. Elle semble encore plus minuscule que d'habitude. « J'ai failli chanter Everybody wants to be a cat. Ou On my way. Mais elle est mieux celle-ci. » Ma voix est réduite à un murmure, et mes yeux n'ont pas lâché la contemplation de ma propre main, accrochée à sa peau. « Ça fera un service à retirer de ma note. »

T’as aucune idée de la gueule que t’as maintenant que tes cheveux sont mouillés et la vérité c’est que t’en as rien à foutre. T’es beau quoi qu’il arrive. Stop I’m gonna blush. Mais c’est plutôt elle qui va rougir quand tu la tires contre toi. Elle ne s’enfuie pas. Au contraire. Elle enroule ses jambes autour de ta taille. Ok. Du coup tu la tiens mieux. De tes deux bras alors que tu lui fais une requête de chanson. « C'est ta nouvelle lubie ? De m'écouter chanter ? » She’s never tired of saying shit? Oh stop it you love it. Et ça se voit avec le léger rire qui s’échappe de tes lèvres.

« Don’t be a smart ass. »

Elle sait très bien que la musique c’est toute ta vie. I think she knows. Elle a du le deviner, elle est intelligente. Is she tho? Tu sais qu’elle peut pas entendre tes pensées Jordan, pas la peine de clasher comme ça. Et puis t’arrêtes de débattre avec ta conscience parce qu’elle est beaucoup plus intéressante là sous tes yeux, dans tes bras, entre ses jambes. « You think you own whatever land you land on, the Earth is just a dead thing you can claim. But I know every rock and tree and creature, has a life, has a spirit, has a name… » Tu connais très bien cette chanson et t’aimes beaucoup trop qu’elle agisse sur les paroles en même temps qu’elle les chante. Tu mords ta lèvre inférieur tout en la regardant continuer de chanter. « You think the only people who are people are the people who look and think like you. But if you walk the footsteps of a stranger, you'll learn things you never knew, you never knew... » T’es genre hypnotisé parce qu’elle chante vraiment juste en plus. Elle a pas une voix de ouf mais toi non plus et ça t’empêche pas d’être chanteur. Wannabe yeah. Come on Jordan, ta chanson a été viral pas juste à cause de la vidéo. « Have you ever heard the wolf cry to the blue corn moon ? Or asked the grinning bobcat why he grinned ? Can you sing with all the voices of the mountains, can you paint with all the colors of the wind ? Can you paint with all the colors of the wind ?.. » Elle est à fond. Elle te lâche pas non plus. Ses mains bien sur toi. Tes yeux qui décrochent pas d’elle. Ta bouche entrouverte parce que t’es genre comme speechless d’une façon. « J'ai failli chanter Everybody wants to be a cat. Ou On my way. Mais elle est mieux celle-ci. » Tes yeux qui se sont baissés sur ses lèvres alors qu’elle parle. T’as vu qu’elle a dit des mots mais t’as rien écouté. « Ça fera un service à retirer de ma note. » Ses lèvres encore. Qui se mouvent. Et les tiennes aussi que tu vas poser sur les siennes sans même lui avoir demander la permission. Encore ton corps qui fait des trucs sans que ton cerveau n’ait approuvé auparavant. Tu réfléchis pas. Tu fais à l’instinct et là, t’avais beaucoup trop envie de l’embrasser. Tes lèvres sont juste posées sur les siennes mais tu t’arrêtes pas là. Tu te laisses aller à ce que t’as envie. Tu vas doucement mordre sa lèvre inférieure comme pour lui demander d’aller dans ton sens et d’approfondir le baiser comme il se doit. You love to bite et elle va vite s'en rendre compte. Parce que t'es bien lancé là. Gently. Et tes bras qui la resserrent plus fort contre toi, mais avec tout autant de délicatesse.

Mes yeux ne se risquent plus à aller trouver les siens. Mes doigts sont beaucoup plus intéressants à contempler. Ils font un drôle de contraste, sur sa peau. Jordan se tait, même après mes remarques à propos de la possibilité que je chante autre chose que The colors of the wind. Peut-être n'a-t-il pas aimé la performance, et si le cocktail m'a désinhibé, il ne m'a en revanche pas conféré une soudaine habilité a chanter. Pas à la hauteur des gens qu'il doit entendre chanter tout le temps, grâce - ou à cause, suivant les points de vue - de son taf. Je ne suis pas là pour ça, pourtant. Pas là pour faire un show, juste pour passer un bon moment avec lui, même si le plan d'origine était un peu différent. Et alors que je tente de faire de l'humour, parce que j'ai peur d'installer une sorte de gêne avec ce silence qui s'étire pourtant si peu - c'est déjà trop - les lèvres du blond trouvent les miennes, qui ne résistent pas une seule seconde. Le bruit des vagues s'est tu. Mes yeux ne cherchent ni ma peau ni le ciel.

Ma main gauche, celle qui n'est pas posée à plat sur son sternum, remonte le long de sa joue. Je n'ai pas de mouvement de recul lorsque ses dents attrapent ma chair. Ma peau le voudrait toujours plus proche, lui qui vient de resserrer notre étreinte. Nos lèvres se lancent dans un ballet synchrone, alors que ma main libre court jusqu'à la peau de sa nuque. Je ne détache mes lèvres de celles du blond que pour venir butiner ses joues, la naissance de sa mâchoire, sa peau que mes doigts ont éprouvé - ont exploré - quelques secondes auparavant. Dans un souffle - dans un sourire - je dépose un baiser sur sa jugulaire, avant de revenir planter mes yeux dans les siens. Un ciel bleu. Voilà ce que sont ses yeux. Lorsque les miens évoquent le chocolat, la terre, un bois mat, organique et sombre, les siens sont limpides comme de l'eau, ou comme un ciel sans nuages. Ma main gauche n'a pas bougé de son buste - elle y est aussi solidement accrochée que le sont mes jambes. J'ai l'impression de flotter. L'exploratrice - ma main droite - vient s'échouer un instant à la base de son cou. « Every single decisions I made in my life led me to this moment. » Je répète encore ses mots; sans le ton moqueur, cette fois-ci - mais avec un sourire non moins fier, assuré.

Mon index survole sa bouche. « Je chanterai des chansons de Disney plus souvent. C'est ça ton kink ? » Mes pupilles, amusées, alternent entre ses yeux et ses lèvres. « Je peux toujours te chanter On my way, si y'a que ça pour te retenir de quitter l'eau. » Mais je préfère encore reposer sur ses lèvres un autre baiser, aussi mordant que l'a été le sien.

Tu sens bien qu’elle aime bien sa main sur ton torse et tu aimes peut être aussi ça. T’aimes aussi qu’elle se laisse aller dans ce baiser que tu improvise. Que tu n’as même pas vu venir non plus. Mais que tu accueilles à grands bras. Sa main se retrouve sur ta joue, elle te laisse jouer avec ses lèvres de tes dents. Elle te caresse ici et là, puis arrête votre baiser mais seulement pour t’embrasser le visage. Tes yeux se ferment, profitant de toutes les sensations qu’elle te procure. Tes bras qui la serrent bien bien contre toi. Plus fort. Plus fermement. Tu frissonnes quand elle fini dans ton cou. C’est un de tes points sensibles. Et puis plus de baiser et tu sens qu’elle te regarde alors tu ouvres les yeux pour rencontrer les siens. Vous restez silencieux. Vous vous jugez du regard. What the fuck are we doing. C’est même pas une question vraiment. Tes mains caressent doucement son dos, tout en la gardant bien contre toi. « Every single decisions I made in my life led me to this moment. » Un sourire amusé se forme sur tes lèvres.

« It is true. »

Elle se moque de toi mais cette phrase est la vérité vrai dans absolument toutes les situations. « Je chanterai des chansons de Disney plus souvent. C'est ça ton kink ? » Nouveau sourire. Elle essaie de découvrir où sont tes boutons. Ce qui te fait vriller.

« Could be. »

Et tu essaies de garder le mystère apparemment. « Je peux toujours te chanter On my way, si y'a que ça pour te retenir de quitter l'eau. » Tu sais pas comment elle fait pour te faire marrer à chacune de ces phrases. Tu vas pour lui répondre mais elle revient prendre tes lèvres d’assaut et pas qu’un peut. Oh god… Tu aimes beaucoup trop ça. Tu réponds au baiser avec tout autant de véhémence. Tes mains toujours dans son dos. Tu fais durer le baiser un long moment, puis c’est ton tour de s’en prendre à sa mâchoire. Tu te perds dans son cou. Tu fais gaffe à pas lui faire de marques mais t’en as très envie. Tu la mordilles une fois entre tous tes baisers et tu retournes sur ses lèvres. Juste un simple baiser avant de la regarder et reprendre ses paroles.

« I’m gonna say something and you’re not gonna like it. »

Pas de sourire sur ton beau visage cette fois. Tu pèses tous les mots que tu dis.

« That was probably our first and last kiss. »

Tu te lèches les lèvres comme si t’étais déjà en train d’essayer de te souvenir du moment alors que t’es toujours entre ses jambes.

« Because I have no idea what song is ‘On my way’. »

Et t’es sûr qu’elle va te renier. T’as de nouveau ton sourire solaire accroché parce que ta connerie te fait rire. It’s the truth tho. T’attends la claque, le coup de poing. She is gonna drown me. Tu la gardes bien contre toi toujours. Elle pourra pas s’échapper même si elle va avoir envie de partir le plus loin de toi qui ne mérite pas sa présence.

« It is true. » « Joue pas le philosophe avec moi. » Parce que je le vois, le grand sage. Et je me vois déjà lui ressortir cette phrase toutes les deux secondes, à chacune de nos rencontres - s'il devait y en avoir d'autres. Au bout d'un moment, il en aura assez. Quand il perdra patience, j'aurai gagné. En attendant, je me contente de chercher à le garder pas trop loin, je l'appâte avec des chansons. Ça a marché, tout à l'heure. Je prépare déjà l'air de la prochaine dans ma tête. « Could be. » Je lâche un rire. J'ai une template de meme dans la tête, mais on n'a pas encore assez échangé pour que je jauge s'il est capable d'avoir la réf'. Et une réf' manquée, c'est pire que tout.

Le baiser qui suit est électrique. Ma main droite a retrouvé sa nuque, lorsque Jordan part à l'assaut de la peau de mon cou. Chatouilleuse, je ne peux pas m'empêcher de lâcher un rire lorsque son souffle se glisse sur ma chair. Ma tête trouve naturellement le moyen de céder toute la place nécessaire à ses baisers - inclinée sur le côté. Et pourtant, le blond s'arrête. J'en suis presque à faire la moue, lorsque ses lèvres quittent une ultime fois les miennes. « I’m gonna say something and you’re not gonna like it. » J'incline à nouveau la tête, mais pas pour la même raison de précédemment. Son sourire semble s'être envolé, au même titre que le mien. Ma main gauche quitte son sternum pour parcourir l'une de ses clavicules, distraitement.

« That was probably our first and last kiss. » Mes doigts se figent dans leurs mouvements, mes yeux, attentifs, ne lâchent pas ses prunelles une seule seconde. Je m'empourpre soudain, de m'être emballée si vite. Je crois rêver en le voyant se pourlécher les babines. « Because I have no idea what song is ‘On my way’. » C'est d'un réflexe que je tire les cheveux dans sa nuque - parce que ma main droite y était restée, de surprise. « T'es un enfoiré, Jordan. » Je me sens vraiment rosir, cette fois-ci. « C'est impossible que tu connaisses pas. », que je lui lance, les sourcils froncés. Je toussote, cherche la mélodie dans ma mémoire l'espace de quelques secondes. « Tell everybody I'm on my way, new friends and new places to see. With blue skies ahead, yes, I'm on my way ! And there's nowhere else that I'd rather be... » Je ne peux pas croire que j'ai manqué cette réf' là. Je continue sans lâcher ses yeux des miens. Un léger sourire flotte sur mes lèvres, même si j'hésite encore à croire au sérieux de ses mots. J'ai beaucoup de mal à faire la différence entre le premier et le second degré, je ne sais pas si c'est encore un secret pour lui. « Tell everybody I'm on my way, and I'm loving every step I take. With the sun beating down yes, I'm on my way, and I can't keep this smile off my face. » Je n'ai jamais autant chanté devant personne qu'en cette soirée - les soirées karaoké ne comptent pas. Et peut-être qu'une chanson fera revenir ce qui a suivi, tout à l'heure ? « T'as pas fait ça juste pour que je chante encore ? » Je suis vraiment nulle pour comprendre ces trucs là.

« Joue pas le philosophe avec moi. » Elle apprendra avec le temps - ou pas - que tu te la joues souvent philosophe et les citations inspirationnelles c’est un truc que t’aimes beaucoup. Tu préfères tes propres mots quand t’écris des trucs super beau. Parce que écrire, tu écris beaucoup. Surtout sur ton téléphone. Tes notes sont une mine d’or. Elle te laisse le champ entièrement libre sur son cou et vraiment tu pourrais passer le reste de la nuit - qui n’est pas encore complètement là - à lui bouffer cette partie là de son anatomie. T’es faible pour le cou. T’aimes voir qu’elle aussi. Qu’elle en redemande. Elle laisse balader ses mains sur toi encore et toujours. Elle s’arrête dans sa lancée quand tu la prends au dépourvu. Win. Elle te croit. Elle tombe dans le panneau avec tes phrases en mode fin du monde. T’es tellement un drama queen. Elle apprécie pas mais elle te met pas une droite contrairement à ce que tes pensées l’ont suggéré. Elle t’attaque physiquement quand même. Too gentle. Elle te tire juste les cheveux alors que t’es en train de te marrer. « T'es un enfoiré, Jordan. » T’es encore en train de bien rire. La tête qu’elle a fait. « C'est impossible que tu connaisses pas. » Ah oui voilà le sujet important dans l’histoire. Parce que ouais, elle te dit rien cette chanson et c’est une de ses préférés. C’est bizarre nan ? Except if she loves B sides. Et elle se met à chanter. « Tell everybody I'm on my way, new friends and new places to see. With blue skies ahead, yes, I'm on my way ! And there's nowhere else that I'd rather be... » Et tu t’arrêtes de rire pour l’écouter. Ton sourire toujours bien là par contre. Sourire qui s’en va petit à petit au fur et à mesure de ta contemplation de Rosa qui chante. « Tell everybody I'm on my way, and I'm loving every step I take. With the sun beating down yes, I'm on my way, and I can't keep this smile off my face. » Tu hoches la tête.

« Yeah ok, that rings a bell. Wasn’t it Phil Collins singing that one? »

« T'as pas fait ça juste pour que je chante encore ? » Tu lâches un rire encore. Elle a vraiment cru que tu irais jusque là pour l’entendre chanter ?

« You overestimated me. I don’t think that far. But that’s cute. »

Tu vas déposer un baiser sur ses lèvres juste pour pas que celui de tout à l’heure soit effectivement le dernier. Elle est pas trop outré. Surtout qu’en fait, tu connais effectivement la chanson. Tu la connais juste beaucoup moins bien que pas mal d’autres Disney.

« I love that you keep singing for me. »

C’est toi le chanteur des deux et t’as absolument rien chanté pour elle. Elle a quand même bien compris que les chansons, la musique, c’est un sujet important pour toi.

« I love that you keep letting me do that… »

Et tu retournes l’embrasser, te disant en même temps que c’était très con de dire cette phrase là mais whatever. Elle peut pas parler de toute façon. Tu occupes ses lèvres des tiennes, de tes dents encore… Tu colles son torse complètement au tiens. La serrant encore plus.

« Yeah ok, that rings a bell. Wasn’t it Phil Collins singing that one? » J'opine du chef. Mon dessin animé préféré. Avec Anastasia. Mais ce n'est pas un Disney, alors je ne le lance pas dans la discussion. C'est au moins ça de gagné, s'il a une partie de la référence. « You overestimated me. I don’t think that far. But that’s cute. » Je rougis à nouveau, un peu trop gênée d'avoir pensé qu'il m'emmerdait juste pour m'entendre chanter à nouveau. Evidemment que non, Murph'. « Je sais que je le suis. », que je lance en haussant un sourcil, à deux doigts d'envoyer mes cheveux sur le côté d'un mouvement théâtral. Juste pour m'éviter l'embarras de penser à ma bourde. Mes derniers mots sont coupés courts par un autre baiser, et j'y répond par un autre sourire. Le précédent n'était-il pas censé être le premier et le dernier ? « I love that you keep singing for me. » J'ai un petit rire. « Oui, ça fait autant de services que je ne te dois plus. Bientôt, je ne serai plus endettée. » Mais pas trop vite quand même, j'aime bien cette dette là. Je préfère encore lui devoir des chansons. Il me les rend bien.

« I love that you keep letting me do that… » Un gloussement meurt sur mes lèvres. Elles sont de nouveau scellées par celles de Jordan. Mes doigts ont retrouvé le chemin de sa nuque, de ses cheveux salés. Je détache mes lèvres de siennes après avoir mordu ces dernières - juste pour le piquer au vif, une fois de plus. Mes doigts tirent sur ses cheveux comme sur des élastiques, juste pour pouvoir dégager le passage à ma bouche qui se fait exploratrice de la peau de son cou. La morsure que j'y dépose laissera peut-être une marque. Mon corps a beau être échoué contre le sien, il est parcouru d'un frisson amené par la brise, qui remonte le long de ma colonne vertébrale. Mon corps se couvre de chair de poule. Le soleil a fini de nous réchauffer de ses rayons. « I'm cold. », que je chuchote dans le creux de son oreille, toute lovée contre son torse. C'est The Cure prend le relais de mes pensées. Dans un sourire, je me met à fredonner I'm cold, tout contre la peau du cou de Jordan. « My body may be made of fire, but my soul is made of ice. I'm me, I'm cold... » Mes doigts retrouvent le chemin de ses reins, avant de remonter le long de sa colonne. « Tu veux pas chanter ? Tu chantes mieux que moi. De nous deux, c'est toi le musicien. » Et moi la cinéaste. Mes jambes se sont resserrées autour de ses hanches, au cas où lui viendrait la drôle d'idée de me laisser tomber dans l'eau. Je ne plongerai pas deux fois. Pas sans qu'il plonge avec moi.

« Je sais que je le suis. » Fucking hell. T’aimes beaucoup trop qu’elle soit si sûre d’elle comme ça. Ses mots. Son attitude. Ca fait du bien dans un monde où tout le monde est obsédé par l’image qu’ils renvoient aux autres et pas par l’image qu’ils se renvoient à eux même. Les gens qui sont jamais content de ce qu’ils ont. She really is cute tho. Vous l’avez assez dit oui. On a tous compris. Vous. Etes. Cutes. « Oui, ça fait autant de services que je ne te dois plus. Bientôt, je ne serai plus endettée. » Nouveau rire. Elle s’accroche tellement à tous ces services qu’elle pense devoir te rendre. T’es carrément partant pour qu’elle te chante des chansons à tout va, avec ou sans véritable raisons derrière. Elle l’a bien compris. Et toi t’as bien compris que ce baiser n’était définitivement pas le dernier parce que tu continues sur cette lancée. Tu aimes beaucoup trop qu’elle te morde en retour et pas qu’un peu. Tu sais qu’elle va laisser une marque sur ton cou et tu n’as absolument aucun soucis avec ça. T’as personne à qui cacher ça. Elle peut y aller. Surtout que c’est ce que tu préfères. Did she notice that already? Tu frémis et frissonne de tout ce qu’elle te fait. « I'm cold. » Tu rouvres les yeux et ton premier instinct c’est de la couvrir un peu plus de tes bras comme tu peux. « My body may be made of fire, but my soul is made of ice. I'm me, I'm cold... » Et elle tout ce qu’elle trouve à faire c’est nicher son visage dans ton cou en citant The Cure. Ok. Elle a pas l’air de vouloir sortir de l’eau malgré ce qu’elle vient de te dire qui te fait beaucoup trop kiffer pour ton propre bien. Tu vas déposer un baiser sur sa tête, là où tes lèvres arrivent. « Tu veux pas chanter ? Tu chantes mieux que moi. De nous deux, c'est toi le musicien. »

« I’d love to love you girl but my body… My body has just been sold. »

Parce que 1) tu veux lui montrer que t’as chopé sa ref et 2) t’as peut être bien envie de lui faire passer un message avec certains de ces mots là.

« I’m gonna grab you a towel and I sing you a song. »

Elle a rien demandé une fois de plus et tu vas lui trouver une serviette parce que bien sûr cet endroit en a en stock. Ils sont au bord de l’eau. Y’a même des transats à disposition.

« Wait for me. »

Un baiser déposé dans sa nuque alors que tu entreprends de te détacher d’elle qui est complètement collé à ton corps. Bras et jambes. Body and soul. Ouais peut être pas. Elle se laisse se défaire de toi et tu sors de l'eau allant directement voir la personne qui va t'aider à choper une serviette. Pas la première fois que cette configuration se présente. Pas la première fois que tu penses à te jeter à l'eau avant de penser à te sécher alors qu'il fait nuit et y'a plus de soleil. Mais t'es toujours aussi parfaitement servi ici et tu vas parfaitement leur laisser un méga pourboire aussi. De retour vers Murphy, une serviette sur l'épaule et une autre dans ta main. Les pieds qui trempent au bord de l'eau, tu déplies la serviette que t'as dans les mains qui est immense.

« Come here. »

« I’d love to love you girl but my body… My body has just been sold. » Et tout est ok. Il tient les paroles, il a compris The Cure malgré mon filet de voix. Le message derrière les paroles, mon cerveau ne s'y accroche pas. Je préfère qu'il en soit ainsi. C'est mieux. Je ferme les yeux en imprimant sous mes paupières les derniers rayons de lumière que nous apporte le soleil, complètement lovée contre la peau du blond. Il fera bientôt complètement nuit. Encore quelques minutes. « I’m gonna grab you a towel and I sing you a song. » J'opine du chef, alors qu'un autre frisson secoue mon échine. Avec lenteur - et un peu de regret - je commence à desserrer mes jambes. Ma peau se détache doucement de la sienne. « Wait for me. » « J'irai nul part. », que je glousse en croisant les bras. Et tout devient froid. Tout mon corps s'est couvert de chair de poule, et c'est presque comme si je pouvais sentir l'envie de claquer des dents monter le long de ma colonne vertébrale. Même dans l'eau, j'ai froid. On aurait dû y rester un peu plus. Rien que quelques minutes.

Heureusement pour moi, Jordan revient vite avec des serviettes. Je sors de l'eau en vitesse, les bras en croix, le corps parcouru de frissons, la peau mordu par la brise. « Come here. » « Le meilleur gentleman. » Celui qui me prête son chez-lui après m'avoir récupéré en soirée, puis que me ramène mon bien, avant de me faire entrer en soirée. Je m'enroule dans la serviette en le remerciant d'un regard, les pieds toujours dans l'eau. Mes yeux repèrent le petit tas de fringues que j'ai jeté sur le sable, ainsi que les transats, un peu plus loin. « Tu veux pas qu'on aille se caler là-bas ? » Je désigne un transat du menton. Pas que je lui laisse vraiment le choix, à déjà me diriger vers l'endroit désigné. Je sais ce que je veux. En face, la soirée bat son plein. Et j'ai de moins envie d'y retourner. Je sors de complètement de l'eau pour aller attraper mes fringues, marche à reculons pour ne pas perdre le blond des yeux. « Tu me dois une chanson. J'ai pas oublié. » Sans douceur, je m'étend sur la chaise longue. Je me glisse doucement sur le côté pour laisser de la place à Jordan, tapote doucement l'espace que je lui destine. Il en aura beaucoup pour lui. C'est là l'avantage d'être riquiqui - le seul avantage, avec celui de pouvoir se faufiler partout.

« J'irai nul part. » Tu pourrais prendre peur à ses mots mais venant d’elle avec cet air sur le visage, tu sais qu’elle est juste en train d’en faire trop. T’as l’impression qu’elle veut le dernier mot et tu lui laisses sans problème.

Quand tu reviens la grande serviette en train de se dérouler, elle est déjà en train de sortir de l’eau. « Le meilleur gentleman. »  Un sourire amusé se forme sur tes lèvres et puis la voilà qui arrive jusqu’à la chaleur de ce morceau de tissu.  Elle se blottit. Tu la prends contre toi, tes bras autour d’elle pour la réchauffer encore mieux et au plus vite. La berçant même un peu en se faisant. Tu vois bien ce regard qu’elle te donne et tu te contentes de lui faire un clin d’oeil. « Tu veux pas qu'on aille se caler là-bas ? » Tu tournes la tête pour voir de quoi elle parle mais elle est déjà en chemin vers sa destination. « Tu me dois une chanson. J'ai pas oublié. » Nouveau sourire amusé sur tes lèvres.

« You’ll get it don’t worry. »

Tu la regardes filer alors que tu prends la serviette de ton épaule pour la passer dans tes cheveux qui sont donc maintenant complètement en un gros mess. Tu te sèches un peu mais t’es déjà quasi sec parce que t’étais bien collé contre elle dans sa serviette. Tu récupères tes affaires et tu vas la rejoindre. Tu le fais sans soucis parce que pendant ton passage à l’intérieur t’as jeté un coup d’oeil au coin super VIP et il n’y avait pas la miss que tu cherches. It’s still early. Murph qui tapote l’espace qu’elle t’a laissé sur le transat’ pour que tu t’y installes avec elle.

« You know lying down is the worst position to sing? »

Et tu entends la musique qui change dans la soirée qui bat son plein non loin. Tu l’entends très bien parce que c’est une chanson que t’as écouté énormément. Que ce soit de ton plein gré ou non. Alors comme t’as pas envie de réfléchir tu pars là dessus, suivant la musique que tu entends. Tu sais que tu la connais sur le bout des doigts parce qu’un des cousins Mendez t’a mis au défi un jour et tu l’as relevé haut la main, étant surpris toi même de connaître si bien les paroles. Tu ne t’en étais pas rendu compte avant vraiment.

« Come on over, in my direction. So thankful for that, it’s such a blessin’ yeah. Turn every situation into heaven, yeah. Oh you are… »

T’as pas la prétention d’avoir une super voix, mais tu chantes très juste. T’as une super oreille en ce qui concerne la musique, c’est un peu ton métier. Tu t’assois sur le bord du transat qu’elle t’a laissé, posant tes affaires à côté de toi aussi.

« My sunrise on the darkest day. Got me feelin’ some kind of way. Make me wanna savor every moment slowly… Slowly… »

Et ta main qui va se poser sur elle slowly parce que ça fit avec la chanson et elle a autant envie que toi de contact.

« You fit me, tailor-made love, how you put it on. Got the only key, know how to turn it on. The way you nibble on my year, the only words I wanna hear. Baby take it slow so we can last long. »

Et vraiment tu sais pas si elle est du genre à voir des doubles sens dans les chansons mais comme t’as juste suivi celle qui passe à la soirée, t’as pas peur qu’elle y voit autre chose que juste une performance. Parce que c’est ce que c’est. Obviously.

« Is this enough or you want the whole thing ? »

Parce que tu peux la slayer intégralement mais t’as pas non plus envie de la saouler.

« You’ll get it don’t worry. » Je réceptionne l'affirmation menton levé, toute enroulée dans ma serviette. J'ai toujours ce que je veux. Pas compliqué de négocier, avec Jordan, jusque là. Les chansons, c'est parfait. Et moi, en négociatrice parfaite, je lui envoie mon plus joli sourire - et mes meilleurs puppy eyes - avant de venir tapoter la place qu'il reste à mes côtés, sur le transat. Je m'allonge même sur le flanc, histoire de lui laisser encore plus d'espace. « You know lying down is the worst position to sing? » Je hausse les épaules. « T'es pas là pour me faire un show. Je serai impressionnée quoi qu'il arrive. » Je me sais facilement impressionnable, facilement impressionnée. J'estime que c'est une grande qualité, de s'émerveiller de tout. De tout voir comme un gros tas d'émotions pas toujours positives, mais qui permettent toujours de grandir. « Come on over, in my direction. So thankful for that, it’s such a blessin’ yeah. Turn every situation into heaven, yeah. Oh you are… » Il ne m'est pas très difficile de reconnaître le morceau, tant on l'a entendu à la radio. Mon sourire renaît doucement, comme un feu que l'on rallume en soufflant sur les braises. « My sunrise on the darkest day. Got me feelin’ some kind of way. Make me wanna savor every moment slowly… Slowly… » Sa main sur ma peau rappelle les frissons - pas les mauvais frissons du froid. Pas ceux du vent. C'est l'exact contraire. Mes yeux, pourtant, n'ont pas quitté le ciel des siens. « You fit me, tailor-made love, how you put it on. Got the only key, know how to turn it on. The way you nibble on my year, the only words I wanna hear. Baby take it slow so we can last long. » Les paroles sont très belles aussi. La voix du blond passe très bien sur le tout. Avec lenteur, je cale un de mes bras sous ma nuque, juste pour être un peu mieux installée. Moins éblouie par la lumière de la soirée qui vient jusque ici. Et parce qu'il s'arrête un instant de chanter, j'applaudis, grand sourire aux lèvres. La meilleure fan de la planète, assurément.

« Is this enough or you want the whole thing ? » Je me tourne complètement à l'envers sur le transat, pour pouvoir poser ma tête sur l'une de ses cuisses. C'est plus confortable que ma main. Et puisqu'il ne veut pas s'allonger... « Tu chantes en espagnol ? Je veux la suite. Au moins un peu. » Je tire la serviette sur ma poitrine, fait l'effort de redresser la tête pour être sûre d'avoir mes yeux accrochés aux siens. « Si je m'endors, tu me porte encore jusqu'à chez toi ? Tu m'laisses pas là, hein ? », que je ricane en souriant. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. « Je plaisante, hein. » Ou pas. Je me sens obligée de le préciser, les pommettes brûlantes. Ce doit être à cause du vent, bien sûr. Ma peau rougit facilement, quand il y a du vent. « Moi en tous cas je te ramène pas si tu t'endors. J'ai malheureusement pas la force de Hulk. » Pas besoin de le préciser.

« T'es pas là pour me faire un show. Je serai impressionnée quoi qu'il arrive. » Tu prends ça bien trop au sérieux. Comme c’est ton métier d’une certaine façon, et qu’elle le sait, tu veux pas faire un truc shit. Surtout que t’es pas shiftface. Faut en profiter de faire un truc bien. Très bien. Ouais t’es un perfectionniste. En plus ça te plaît alors elle, elle est bonne pour un bon moment. She’ll be impressed for something for real. Ou pas. Mais vu le sourire qu’elle fait quand tu te mets à chanter tu te dis que c’est vrai. Ca va être facile. Peut être que tu aimes mieux quand c’est difficile. Mais ça reste quand même très agréable de voir dans ses yeux qu’elle passe un bon moment à t’entendre. Tu sens la chair de poule qui naît sur sa peau quand ta main se pose sur elle. Win. Elle se cale un peu mieux sur le transat et toi t’es déjà en train de t’arrêter sachant pas trop si elle veut subir plus de cette chanson ou pas. Elle applaudit. Cute. Tu t’attendais pas à tant. Elle se replace sur le transat’ et sa tête se retrouve sur ta cuisse. Ok. Ta main qui était sur elle… qui l’est toujours. Juste pas au même endroit. T’as suivi le mouvement de son corp. « Tu chantes en espagnol ? Je veux la suite. Au moins un peu. » Elle se redresse, tu la regardes faire. Elle a la bougeotte. She wants to see me properly. Ou du moins c’est ce à quoi fait penser.

« I can try. »

Bullshit. Tu parles parfaitement l’espagnol et cette chanson tu la connais très bien mais tu vas te la jouer un peu, te disant qu’elle risque d’être surprise. « Si je m'endors, tu me porte encore jusqu'à chez toi ? Tu m'laisses pas là, hein ? » Nouveau rire. « Je plaisante, hein. »

« Obviously. »

Tu sais qu’elle ne plaisante pas du tout. Tu sais qu’elle vient de te dire clairement qu’elle veut venir dormir chez toi. Only if she falls asleep here. « Moi en tous cas je te ramène pas si tu t'endors. J'ai malheureusement pas la force de Hulk. » Elle dit n’importe quoi. Tu vas poser ta main sur sa bouche pour qu’elle se taise et que tu puisses continuer un peu de la chanson comme elle l’a demandé. Et c’est pendant que Bieber fait son passage en espagnol que tu reprends le fil.

« Firmo en las paredes de tu laberinto Y hacer de tu cuerpo todo un manuscrito… ¡Sube sube! »

Tu fais même les choeurs, t’es chou, tu connais beaucoup trop la chanson. Tu pourrais même faire la guitare, la batterie et tous les instruments tellement tu la connais sur le bout des doigts. D’ailleurs les tiens, tu les as enlevé du visage de Murphy.

« Quiero ver bailar tu pelo, quiero ser tu ritmo. Que le enseñes a mi boca. Tus lugares favoritos Favorito, favorito, baby. »

Tu ris un peu parce que ça t’amuses de petit passage là. Y’a une backstory a ça. Mais tu vas pas la raconter. Tu chantes. T’es occupé. Tu danses quand même un peu. Ton corps bouge en rythme. Tu peux pas rester droit comme un piquet quand tu chantes cette chanson. C'est beaucoup trop caliente.

« Déjame sobrepasar tus zonas de peligro. Hasta provocar tus gritos. Y que olvides tu apellido. »

Les choses sérieuses arrivent parce que là, tout le monde connait par coeur. Mais le rap espagnol, c’est une autre histoire. Et tuuuu slaaayyyyyyyy.

« Si te pido un beso, ven, dámelo, yo sé que estás pensándolo Llevo tiempo intentándolo, mami, esto es dando y dándolo Sabes que tu corazón conmigo te hace bom, bom. Sabes que esa beba está buscando de mi bom, bom. Ven, prueba de mi boca para ver cómo te sabe. Quiero, quiero, quiero ver cuánto amor a ti te cabe. Yo no tengo prisa, yo me quiero dar el viaje. Empecemos lento, después salvaje. »

Tu reprends très rapidement de l’air encore et continue.

« Pasito a pasito, suave suavecito. Nos vamos pegando, poquito a poquito. Cuando tú me besas con esa destreza. Veo que eres malicia con delicadeza. Pasito a pasito, suave suavecito. Nos vamos pegando, poquito a poquito. Y es que esa belleza es un rompecabezas. Pero pa' montarlo aquí tengo la pieza ¡Oye! »

Tu fais le geste qui veut dire DROP MIC. T’es à fond.

« Obviously. » Il n'y croit pas une seule seconde, à ma blague qui n'en est pas une. On s'en fiche. On sait très bien tous les deux que s'en n'était pas une. Pas vraiment. Je continue dans la même veine, à raconter un peu tout et n'importe quoi en gloussant lorsque Jordan reprend le fil de la musique en posant sa main sur ma bouche. Je fronce les sourcils, refoule l'idée de lui mordre la main juste pour l'emmerder un peu plus. « Firmo en las paredes de tu laberinto Y hacer de tu cuerpo todo un manuscrito… ¡Sube sube! » Il sait chanter en espagnol. Je hausse un sourcil, visiblement surprise de lui découvrir une si bonne prononciation, et tout le reste. Moi, je baragouine un peu de français, seulement parce que mon père a tenu à ce qu'on retienne l'essentiel - à cause de nos voyages et de tout ce qu'ils impliquaient.

La voix de Jordan épouse chaque note et c'est le sourire aux lèvres que je me lance dans les chœurs en même temps que lui, sans couvrir sa voix pour autant. « Quiero ver bailar tu pelo, quiero ser tu ritmo. Que le enseñes a mi boca. Tus lugares favoritos Favorito, favorito, baby. » La nuque toujours appuyée contre sa cuisse, je me met à esquisser des mouvements de danse. Je ne m'arrête que pour l'écouter - et le regarder, avec de grands yeux un peu surpris - rapper en espagnol. J'attends qu'il s'arrête pour l'applaudir à nouveau, sans rire, cette fois-ci. « Je savais pas. Que tu maîtrisais si bien l'espagnol. » Une langue qui n'est jamais rentrée dans ma tête. Pas une seule seconde. Je prends appuie sur son épaule pour me redresser complètement, histoire d'être enfin assise à sa hauteur, toujours enroulée dans la serviette maintenant humide. Mes cheveux ont pris le pli du sel, celui des ondulations marines que l'on ne voit que dans les films. « T'as pleins de talents cachés, en fait. Y'a d'autres trucs que tu planques et qui sont d'intérêt général ? » J'appuie mon menton sur son épaule, glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Elle est chouette, ta voix. J'espère que tu sortiras d'autres trucs sur YouTube. » Ou ailleurs. Mes lèvres se posent sur la peau de son épaule, avant que je me laisse à nouveau glisser sur le transat, la nuque appuyée contre lui. Je n'ai plus froid. Les yeux fermés, j'apprécie la musique qu'on entend au loin. C'est Post-Malone qui entonne Saint-Tropez, fait vibrer les basses et dodeliner ma tête en rythme. « J'aime trop celle-là. », que je marmonne, les yeux fermés. Et peut-être que Jordan voudra retourner là-bas. J'espère m'endormir avant. Ou avoir assez d'audace pour jouer la comédie.

Bingo, elle s’y attendait pas. En même temps, vous avez jamais vraiment pris le temps d’apprendre l’un sur l’autre. Vous vous êtes pas tant vu que ça à part ces derniers temps. Sinon c’était pendant ce clip vidéo y’a plusieurs mois de ça. Rien de plus, même si elle te suit sur les réseaux. Va falloir que tu check si tu la suis aussi. Ca peut être intéressant comme contenu. Elle chante et danse même des bouts avec toi parce qu’elle n’est pas inconnue de cette chanson. Only people who lives in a cave never heard that song. Et voir qu’elle connait certaines paroles te conforte qu’elle l’a pas juste entendu « comme ça » elle doit forcément l’aimer. Or she got brainwashed by the radios playing it a million times a day. Ouais, ou bien ça. « Je savais pas. Que tu maîtrisais si bien l'espagnol. » Elle se redresse. « T'as pleins de talents cachés, en fait. Y'a d'autres trucs que tu planques et qui sont d'intérêt général ? » Elle te fait rire, la façon dont elle dit ça. Elle se cale contre ton épaule. Ton bras qui va naturellement se glisser autour d’elle.

« Maybe. »

Tu te la joues mystérieux, mais t’aimes bien voir qu’elle a pas l’air d’avoir fait des recherches sur toi sur le net. Parce que y’a des trucs qui se trouvent. Des trucs plus ou moins glorieux. « Elle est chouette, ta voix. J'espère que tu sortiras d'autres trucs sur YouTube. » Tu hoches la tête alors que tu sens ses lèvres sur toi.

« It’s the plan yeah. »

Mais tu sais pas quand, t’as encore rien prévu. T’as quelques mois de boulot bien rempli pour penser à ton projet solo. Et puis c’est Post Malone qui commence. Tu l’entends. Elle l’entend. Elle commente après s’être détaché de toi pour se rallonger. Restant quand même en contact avec ton corps. « J'aime trop celle-là. » Tes yeux qui se baissent vers elle.

« It’s a good one yeah. »

Elle a fermé les yeux et tu restes silencieux, profitant de la musique qui passe. T’as plus besoin de chanter alors tu te cales un peu mieux sur le transat’ pour être allongé toi aussi. Tu fais la big spoon. Ton bras autour d’elle, juste sous sa poitrine. Ta serviette autour de toi un peu mis n’importe comment mais t’as pas froid, t’es sec. Pas comme ses cheveux à elle qui sont pas loin de ton visage. Et puis la musique qui change et c’est Stormzy featuring Ed Sheeran qui se lance. Y’a quelques personnes qui ont comparé ta chanson à Ed Sheeran. T’y penses à chaque fois que tu l’entends maintenant. Te demandant si vraiment tu pourrais être aussi connu que lui pour ta musique, tes chansons que tu interprètes toi même. Pas celles que tu fais pour les autres. Let’s go to the Grammyyyyysssssss. Un sourire se forme sur tes lèvres à cette pensées. Si Amo gagne le grammy du meilleur album rock tu sais pas dans quel état tu vas être. Tu sais pas si tu pourras faire mieux dans ta vie que de gagner un putain de Grammy. Mais tu sais aussi que ça vaut rien aux yeux de certaines personnes de ton entourage. Ed Sheeran dans tes oreilles et tu hoches la tête en rythme parce que c’est quand même vraiment très bon. He only writes hits that motherfucker. T’aimes trop. Et t'es aussi le gars qui peut passer toute la nuit à écouter de la musique random qui passe et avoir un monologue interne sans que ça te pose aucun problème. And I've got cute girl in my arms. Donc quoi ? Meilleur soirée ?