Une audition. J’ai décroché une audition pour une place dans un musical qui ferait le tour de l’Australie au cours de l’année. J’ai un peu l’impression de rêver, même si je sais que rien n’est joué, mais cela fait bien longtemps que je n’ai pas passé d’audition. Lorsque j’avais emménagé avec David et que les choses étaient devenus compliqué, j’avais cessé de passer des auditions et j’avais un peu abandonné mon rêve de me lancer à cent pourcent dans la danse. Pourtant, depuis ma rupture avec lui, et ma guérison complètement j’ai mis un accent sur le fait de refaire de la danse ma priorité. Je veux tellement réussir, enfin pouvoir vivre de cela que je me donne corps et âme dans mes entraînements. Je prends soin de venir m’entraîner tous les jours à la Northlight Company, ayant même signé à nouveau pour prendre des cours de très haut niveau. Je veux progresser, je veux devenir meilleure que je ne l’ai jamais été. J’ai donc bossé tellement dur ces derniers temps que lorsque j’apprends que j’ai une audition, je me sens presque malade. J’ai encore du mal à y croire. J’ai donc passé la matinée à bosser sur ma routine, à bosser sur ma chorégraphie afin de la perfection à merveille avant mon audition de l’après-midi. L’avantage que j’ai c’est que celle-ci se passe dans une salle de la compagnie de danse dont je fais partie et donc dans un environnement familier. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai tout de suite envoyé un message à Loan. Il a été le premier au courant, mais surtout le premier à me pousser à ne pas lâcher l’affaire et à me rassurer en me disant qu’il est sûr que cela se passerait bien. J’ai envie de le croire, de me dire que je vais y arriver et une partie de moi y croit vraiment, mais une autre partie ne cesse également de me répéter que je ne suis pas assez douée.
Assis par terre, en train de m’étirer à une petite demie heure de mon heure de passage, je prends une grande respiration pour ne pas trop penser. Je tente de mettre de côté toutes ces pensées, mais je tente aussi de ne pas être malade parce que le stress me tord l’estomac. L’ambiance dans la salle où l’on nous a mis pour attendre notre tour est tendue et cela n’aide pas vraiment à me détendre. Je ferme les quelques secondes et prend plusieurs respirations calme avant de les rouvrir. Je me tourne pour attraper ma boite d’eau et repère rapidement un grand brun bouclé. « Loan ? But… What are you doing here? » Je me lève et viens rapidement le serrer dans mes bras. Bien qu’il soit au courant que je passe mon audition, je ne m’attendais pas à le voir débarquer. « Did you come to pass the audition as well or just to see me screw up royally? » Je laisse échapper un petit rire nerveux. J’ai confiance en moi, un minimum, mais lorsqu’il s’agit de danse à ce niveau-là, ce n’est jamais facile pour d’y croire.
J’ai longtemps parcouru les auditions, je connais par cœur ce sentiment de stress qui nous envahis lorsque l’on attend dans la même pièce que les autres, lorsque l’on réalise que nous sommes tous pareil et que chacun ici à travailler durement pour obtenir le rôle. Le milieu de la danse, de la comédie, est un milieu véritablement difficile. Il ne faut jamais relâcher les efforts, il faut toujours donner le meilleur de soi-même, toujours apprendre, toujours se remettre en question. Un danseur qui se repose sur ses lauriers, qui pense avoir tout appris, n’est pas un passionné. Je connais tout ça. J’ai un peu arrêté de courir les auditions pour me concentrer sur mon rôle, mais je ne suis pas fou, je sais que je vais devoir m’y remettre très prochainement. Alors lorsque j’ai reçu le message d’Oakley qui me prenait pour son grand rendez-vous, je n’ai pas hésité un seul instant pour l’encourager. Parce que je connais toutes les étapes par cœur, le stress et les doutes qui vont avec et que je souhaitais être présent pour mon amie. Cela a été un peu compliqué pour moi de suivre le rythme avec la jeune femme parce que j’avais mes répétitions et tout le reste avec Clément. Pourtant j’ai tout fait pour la soutenir par messages, et même avec un appel de quelques heures un soir assez tard. Mais je voulais faire mieux et c’est comme cela que je débarque en courant à la salle où a lieu les auditions. Je me suis renseigné auprès de mon amie professeur et elle m’avait assuré qu'Oakley se trouvait là. J’avais une journée de libre et je voulais vraiment être là pour la soutenir. C’est la première fois qu’elle passe une audition depuis tout ce qui a bien pu lui arriver. C’est un nouveau départ pour elle. C’est important. Je me devais d’être là, en soutien, vraiment. Mais comme je ne suis jamais bien discret, je débarque en courant, pensant être en retard. Une dizaine de têtes se tourne vers moi et je m’excuse dans un sourire alors qu’Oakley me remarque et semble plus surprise que jamais. Je viens embrasser sa joue et m’assois sur le sol à ses côtés. « I’m here for you girl ! » Non je ne vais pas auditionner, pas alors que j’ai un rôle magnifique. Même si je sais que tout est fragile au sein de la troupe, je ne suis pas prêt à remettre les pieds dans l’enfer des auditions, pas tout de suite. « You’re not gonna fail, you’re gonne kill this. » Je lui souris et l’aide à se lever pour aller un peu plus dans le fond de la salle. « You want to move a bit to warm up ? » Je lui souris tendrement. « Stop looking at me like I’m E.T or shit. I just want to cheer on ya. »
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Je n’ai jamais été très douée pour gérer mon stress et ma nervosité. Lorsque j’ai commencé à passer des auditions, peu après mon arrivée à Brisbane, j’étais une vraie boule de nerfs constante, puis je m’étais un peu détendu avec le temps. Lorsque j’ai cessé de passer des auditions tout courtes, cela m’a fait du bien quelques temps, mais au final je me suis rendu compte que j’ai besoin de se stress. Mais, bien plus important, j’ai besoin de continuer à tenter ma chance pour vivre mon rêve. La danse est mon premier amour, j’ai commencé alors que je n’avais que trois ans et je ne me suis jamais arrêtée depuis. Même si j’aime beaucoup être coach, aider les gens dans leur routine sportive, c’est sur une scène à danser que je me sens vraiment à ma place. C’est comme ca que je me suis retrouvé ici, entouré d’un tas de tout autre danseurs, tous aussi voir plus doué que moi dans cet art. Je tente, tant bien que mal, d’ignorer les gens autour de moi, pour ne pas mettre la pression plus que je ne l’ai déjà. Si je réussis cette audition, cela peut m’ouvrir de grande porte, me donner la chance de tout d’abord tourner un clip pour une chanteuse, mais ensuite sûrement de continuer sur une tournée avec elle. Même si rien que l’idée du clip me plaît, je dois avouer que la possibilité de partir en tournée ensuite est encore plus alléchante. Je ferme alors les yeux quelques minutes, prenant de grande respiration afin d’essayer de calmer mes nausées. Si je m’écoutais, je serais déjà en train de courir jusqu’aux toilettes parce que j’ai l’impression que je vais vomir. Lorsque j’ouvre les yeux et que mon regard balaye rapidement la salle, il tombe rapidement sur une silhouette plus que familière. Loan. Un sourire vient s’installer sur mon visage alors que je lui demande ce qu’il fait ici. Bien que je l’ai tenu au courant de mon audition, je ne m’attendais pas à ce qu’il débarque, surtout pas pour venir me voir. « For me? » ’Of course he’s here to support you…’ C’est typiquement du Loan de venir juste pour être sur que je gère.
C’est dans ces moments-là que je me sens encore plus chanceuse d’avoir Loan comme ami, et comme coach. Ce n’est pas la première fois, et sûrement pas la dernière, qu’il débarque à un événement simplement pour me montrer son soutien et pour être sûr que je ne stresse pas trop. Le brun a toujours ce don pour trouver les bons mots, pour savoir quoi dire et comment me rassurer un peu. Je l’écoute me dire que je vais tout déchirer et même si j’en doute cela me fait sourire. Il me propose alors de bouger un peu en m’entrainant vers le fond de la salle. Je hoche la tête. « Yeah, yeah that’s actually a good idea. Because if I don’t do something I think I’m gonna puke, or faint. Or both actually. » Je laisse échapper un rire nerveux. Loan sait parfaitement que lorsque je suis nerveuse je deviens une vraie pipelette et que je me mets à baragouiner tout et n’importe quoi. « Sorry, sorry. I just wasn’t excepting to see you here. I mean… A star like you, you probably have better to do. » Je bois une gorgée d’eau avant de regarder Loan à nouveau. « I think I’m gonna trip over my own feet. Can you imagine if I do that in front of the audition people? That would be so embarrassing. » Je prends une respiration. « Maybe I shouldn’t go. Maybe I should keep my job as a coach, I’m not that bad at it after all right? » Je remarque alors que Loan me fixe à son tour. ‘Okay… Shut up Oak’.
Je savais qu'Oakley allait stresser comme jamais. Je connais bien les réactions de la jeune femme et s'il est normal d'avoir un peu de stress avant une audition, pour elle, cela peut rapidement devenir un frein. J'étais comme ça, moi aussi, à mes débuts. Je me faisais tout un tas de scénarios catastrophes, j'imaginais toujours le pire et c'est arrivé que je ne me présente pas à l'audition, convaincu que je ne ferais pas l'affaire. Je ne veux pas que ce soit le cas pour la jeune femme et c'est pour cela que je me décide à venir lui tenir compagnie. Je ne vais pas participer à l'audition, mais je peux bien sacrifier quelques heures de mon temps pour venir la soutenir. Elle paraît tellement surprise de me voir arriver que je me retiens d'en rire en me mordant la lèvre. « No I'm here for the Prince Harry. » Je lève les yeux au ciel en la taquinant quelque peu. Il faut que je parvienne à la faire rire, ce sera toujours le meilleur moyen de la détendre quelque peu. Je ne ferais pas des miracles, mais si elle pouvait entrer dans la salle d'audition avec le sourire et un stress un peu moins grand, ce serait déjà ça de gagner. Non ?
De suite, j'entraîne la blondinette au fond de la salle. Tout d'abord parce que de là, les gens auront moins le regard fixé sur nous, mais surtout parce qu'il faudrait qu'elle bouge un peu plutôt que d'attendre assise par terre. Il est important de ne pas commencer une audition avec les muscles froids. Si elle s'échauffe un peu son corps sera dans de bonnes conditions, elle évitera les risques de blessures et surtout elle se sentira capable de beaucoup plus. « Let's move a bit then. » Et déjà, je commence à lui montrer quelques mouvements. Elle les connaît tout aussi bien que moi, mais dans ce genre de moment, on finit toujours par oublier l'essentiel. Alors, doucement, on s'échauffe, mais il semblerait que le cerveau d'Oakley soit en train de dérouler à mille à l'heure. Je voudrais rire face à son bégaiement et cette envie de sortir le plus de phrase possible à la minute, mais je me retiens ne voulant pas la vexée. Elle est attendrissante comme cela. Je la laisse parler, parler et parler tout en ne la lâchant jamais du regard. « You done now ? Or you need to vent a bit more ? » Parce que je lui laisse l'option. Toujours. Mais je reste persuadé que refaire le monde de mille et une façon n'arrangera pas les choses alors je finis par reprendre la parole. « Okay then... Let's imagine you actually trip over your own feet. » Je vois le visage de la jeune femme blêmir et viens rapidement poser ma main sur son avant-bras. « Its hypothetical. What would you do then? To make it natural, to show them that you're not bother, that you can actually keep it going? » Il peut arriver de se tromper dans les pas, de vouloir aller trop vite et de s'emmêler. Aucuns danseurs ne pourra vous dire qu'il n'a jamais vécu ce genre de situation. Le plus important est de savoir comment rattraper les choses. « You know you're body. » dis-je tout en lui souriant. « You have to trust it now. » Je me place face à elle. « Okay show me now. »
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“Breathe Oak, breathe, it’s going to be okay” je ne cesse de me répéter doucement. Je n’ai pas passé d’auditions depuis des mois, voir même depuis des années et j’ai presque oublié à quel point cela peut être une vraie party pour les nerfs. Je tente de respirer doucement, calmement, mais ce n’est que lorsque le visage si familier de Loan apparaît près de moi que je me sens un tout petit peu moins nerveuse. Je dis bien un tout petit peu, parce que je crois que je suis encore une véritable boule de nerfs, tellement que j’en fais même des remarques un peu bêtes. « I almost forgot that you dream about Prince Harry. » Je laisse échapper un rire à mon tour et regarde un peu autour de moi alors que beaucoup des gens qui sont venus passer l’audition on tourner la tête pour regarder Loan. Si Loan est un peu connu dans le monde dans la danse, je suis sûre que quatre-vingt-dix pourcents des danseurs autour de moi le connaissent.
Je le suis un peu à l’écart, l’écoutant me dire qu’il faut que je bouge un peu et je sais qu’il n’a pas tort. La danse a toujours été un moyen pour moi de décompresser, et de faire cinq-dix minutes avant de passer l’audition peut me faire du bien. Je ne peux cependant pas m’empêcher de paniquer quelques minutes avant de relever la tête vers Loan. « I’m done… » Je crois que je n’ai pas été dans cet état depuis bien longtemps et Loan ne doit plus avoir l’habitude de me voir débiter des choses aussi vite. Les mots que prononce le danseurs me font alors légèrement blêmir, et si je trébuche, qu’est-ce que je fais ? Je fais comme si cela fait partie de la chorégraphie bien sur… Cela me paraît évident, mais est ce que j’y arriverai si le moment arrive ? « Well… » Je réfléchis quelques secondes. « I would try to make it look like it is part of the routine. » Je lui adresse un léger sourire. “Know your body”… Il a raison il faut que je fasse confiance à mon corps, je connais la choré sur le bout des doigts, tellement que je pourrais surement la réalisé dans mon sommeil. Je ferme les yeux quelques secondes et prends une grande respiration, calmant et détendant un peu mon corps. Lorsque je réouvre les yeux, je me mets doucement à danser et fait ce que Loan me dit.
« Thanks… I’m lucky you’re here. » je lui adresse un sourire, me sentant un peu plus détendu que quelques minutes plus tôt. Loan sauve encore une fois les choses il faut croire.
« Don’t forget that I’m gay darling. » que je plaisante alors qu’Oakley se moque de mon choix de célébrité sur lequel j’ai envie de baver. Clairement, ce serait mentir que de dire que je ne trouve pas le prince Harry plutôt beau. Mais ce n’est pas le sujet pour le moment. Je cherche tout simplement à changer les idées de mon amie et surtout à la faire rire. C’est pour ça que j’exagère mes gestes et que je prends la voix la plus féminine que je possède. C’est nul. C’est complètement cliché, mais ça a au moins le don de la faire sourire. C’est tout ce que je cherche à faire depuis que je l’ai retrouvé.
Je vois à quel point elle est en train de stresser mon ami. Elle ne cesse de tourner en rond, elle parle bien trop vite et surtout pour tout dire et n’importe quoi. Alors, je la laisse expliquer tout ce qu’elle veut, avant de lui demander de se calmer. C’est ce qu’il faut, qu’elle respire et surtout qu’elle se calme. Je lui donne tous les conseils que je possède, toutes les petites combines que j’ai accumulées au cours des années pour me calmer durant les attentes pour les auditions. Je la fais participer en lui demandant ce qu’elle allait faire si jamais il se passait un petit moment qui pourrait la déstabiliser. Je vois qu’elle est perturbée par ce que j’avance, mais petit à petit elle comprend où je veux en venir. « Exactly you make it a part of the routine. » Je lui souris grandement pour la rassurer au mieux.
Petit à petit, je vois qu’elle se calme enfin. Elle semble encore stressée, mais c’est bien moins visible. « I will always be here. » que je lui réponds alors qu’elle me remercie pour la dixième fois déjà. Je la connais assez pour savoir qu’elle avait besoin d’une présence aujourd’hui. « Let’s train a little bit okay ? » Et je me mets à danser avec elle pour faire passer le temps alors que le jury ne cesse d’appeler les noms des candidats. On fait une routine un peu banale, un peu simple, mais ça lui permet de reprendre le dessus sur son corps et d’oublier petit à petit le stress ambiant. « Oakley Jensen. » hurle une petite femme à la porte de la pièce. Je me tourne vers mon amie et lui sourit comme un taré. « Break a leg. » J’embrasse sa joue et la guide vers le jury.
Je m’assois dans un coin en attendant la jeune femme. Je vois que les autres commencent à me regarder, mais je ne fais pas attention. Je joue un peu avec mon téléphone, je fais passer le temps jusqu’à ce qu’Oakley me rejoigne. « So… How do you feel it ? » Et je ne l’embêterai pas plus. Ce sera la seule question. Soit elle le sent bien et on fête ça bruyamment. Soit elle ne le sent pas et je l’embarque pour se changer les idées. De toute manière, je compte pas l’abandonner de suite. « Whatever you say, I’m taking you out for dinner. »
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Loan me fait rire une nouvelle fois. Je n’oublie pas qu’il est gay, je le sais, cela se voit un peu même si cela reste discret. Et puis à mes yeux cela ne change rien à la personne qu’est Loan. Le voir cependant exagérer sur sa voix, sur ses gestes a toujours le don de me faire rire parce que je sais qu’il n’a pas honte. En même temps, il n’y a aucune raison d’avoir honte. La sexualité de quelqu’un ne défini en rien la personne qu’il est et j’aime le voir être fier de ce qu’il est. Alors je ris légèrement avant de lui adresser un sourire. Il a toujours ce don de trouver les mots à dire, et les actions à faire pour me calmer, pour me faire me détendre, et encore une fois cela ne loupe pas. Alors que je suis une vraie boule de nerfs, ce qui m’arrive souvent lors d’une audition, j’écoute Loan me répondre avec le plus grand calme. Il me calme et me dit quoi faire. Je finis par le suivre pour danser un peu tous les deux, me perdant un peu dans mon monde avec lui. Le stress est bien retombé et cela me fait du bien. J’ai l’impression de respirer un peu mieux, de me sentir mieux. Ce n’est que lorsque la voix d’une femme hurle mon nom que je sors de mon monde et réalise que c’est à mon tour de donner le meilleur de moi-même. Loan me souhaite bonne chance et je lui adresse un sourire avant de suivre la dame.
La scène me parait grande, immense même et j’ai l’impression d’être toute petite, mais je ne me laisse pas influencer par tout cela. Je me positionne au centre, prenant une grande respiration pour me concentrer. Mes épaules sont tendues mais je sais que je peux le faire. Je ferme les yeux quelques secondes avant que la musique ne démarre. Mon corps se met à bouger, comme si la musique le portait et à cet instant je me sens bien, je me sens complète. J’ai tellement répété qu’aucun de mes pas ne se fait faux, que chaque mouvement est réussi, pas à la perfection, mais assez pour que je sois contente de moi.
Lorsque je sors de scène, Loan est toujours là, à m’attendre dans un coin et en le voyant un immense sourire apparait sur mes lèvres. « I feel good. I feel amazing actually! Thanks again for being here. » J’attrape ma serviette et viens m’essuyer un peu le front. Entre la danse et la nervosité, j’ai eu un peu chaud et je crois qu’une bonne douche ne me ferait pas de mal. « Diner sounds good, but first I think I need a shower! » Je laisse échapper un rire et me dirige vers les vestiaires. Il ne me faut pas plus que quelques minutes avant que je ne ressorte de la pièce dans des habits propres. « Aaaah, much better. Now we can do whatever you want. » Un nouveau sourire et je viens prendre son bras, mettant mon sac sur mon épaule.
Lorsque l’une des femmes du jury appelle le prénom d’Oakley, je rassure une dernière fois la jeune femme avant de la voir disparaître dans l’autre pièce. Et soudainement, je suis tout aussi stressée qu’elle. J’ai beau être un habitué des salles d’auditions, c’est toujours la même chose, à un moment la tension et le stress prennent le dessus. Alors, je me retrouve assis dans un coin à tenter de ne pas me ronger les ongles alors qu’en fond, j’entends le bruit des basses et donc le signe que mon amie à démarrer son audition. Je sais qu’Oakley a tout ce qu’il faut pour obtenir le rôle. Elle travaille dur même si elle a été obligée de prendre une pause pendant des mois. Elle est passionnée Oakley, tout autant que moi et rien ne nous arrête lorsque l’on est passionné. On peut faire des erreurs, ça arrive, mais généralement, on se laisse emporter par l’idée que l’on va réussir, que ce rôle est fait pour nous. Il faut pouvoir se projeter pour entrer pleinement dans un rôle même pour le temps d’une audition. C’est le plus important. Alors, je ferme les yeux et tente d’imaginer l’instant en envoyant toute les bonnes vibes en direction de mon amie.
Et finalement, la porte s’ouvre sur une Oakley transpirante, mais plus souriante que jamais. Je me lève rapidement pour la rejoindre et sa réponse me rassure comme jamais. « So proud of you ! » et même si elle est toute collante, je ne peux m’empêcher de la prendre dans mes bras et d’embrasser sa joue bruyamment. On est comme ça tous les deux, on se fiche du regard des autres, on est nous, tout simplement. La jeune femme approuve ma proposition de dîner, mais préfère aller se doucher d’abord. « Yay go, you stink ! » Bien entendu, je plaisante et je l’envoie vers les vestiaires en riant avant d’aller dehors ne voulant pas perturber ceux qui attendent encore. On ne va quand même pas trop se faire repérer non plus.
Lorsque la jeune femme me rejoint à nouveau, je ne peux m’empêcher de l’observer en souriant. « You look good, girl ! » Et ça me plaît de la voir aussi souriante. Il m’avait manqué son beau sourire. « Since it’s your day, you choose where we go. » Je veux simplement lui faire plaisir et passer un bon moment en sa compagnie. Après tout, cela fait un bon moment que nous ne nous sommes pas vus. « Or you go get some take out and we spend the night on the beach ? » Cela peut être une solution assez sympa également. « I bet we have a lot to catch on together. » Et je fais durer un peu le suspense avant de lâcher joyeusement. « Like… I have a boyfriend. »
Pendant l’espace de quelques minutes, pendant l’espace d’une chanson, je me perds complètement dans ma danse, dans ma chorégraphie. J’ai tellement répété que c’est presque comme si mon corps bouge tout seul, presque comme si du moment ou la musique à commencer, il sait quoi faire, il sait quels mouvements enchainer. A ce moment précis, rien ne peut m’empêcher de sourire, rien ne peux m’arrêter dans ma lancer. Et lorsque les dernières notes de la musique retentissent, je suis plutôt contente de moi. Tout n’a pas été parfait, mais je pense que je m’en suis plutôt bien sortie, et je suis sûr que le fait de savoir que Loan est là, le fait qu’il m’ai aidé à me détendre y est pour quelque chose.
Lorsque je le rejoins dans la salle d’attente, je suis soulagée, détendue et j’adresse un énorme sourire au brun. Alors que je lui dis avoir plutôt bien réussi, il me serre dans ses bras et cela me fait sourire davantage. « Thanks Lo. I don’t know what I’d do without you. » Je ne sais vraiment pas ce que j’ai fais pour mériter d’avoir quelqu’un dans ma vie d’aussi génial que Loan, toujours là pour me supporter et pour me pousser à donner le meilleur de moi-même. De l’entendre me dire qu’il est fier de moi me réchauffe profondément le cœur. Il embrasse bruyamment ma joue et j’ignore tous les regards tourner vers nous alors que je lui dis que je dois prendre une douche rapide. Entre le stresse et la danse cela me fera le plus grand bien. Je lui tire la langue avant de filer sous une douche rapide pour ne pas le faire trop attendre.
Je le rejoins dehors quelques minutes plus tard, et encore une fois Loan me couvre de compliment. Il a toujours eu cette façon de me faire sentir bien dans ma peau, de me donner la pêche et je pourrais presque sauter partout tellement je me sens bien à ce moment précis. « Thanks, you always look handsome too. » Je lui offre un grand sourire et vient prendre son bras. J’écoute mon ami me proposer plusieurs choix sur notre soirée. « You know what ? I’m craving for pizza right now. Let’s go order and then go eat it on the beach. I know exactly the place where we’ll be the only one in the world. » Ayant toujours adoré la plage, la mer, je connais des endroits où il n’y a jamais grand monde, des endroits ou l’on peut se sentir seul au monde et ou la vue est magnifique.
Loan me sort alors, comme ça, d’un coup, qu’il a un petit ami. Je tourne immédiatement la tête vers lui et remarque ce sourire espiègle. « You what ? Who is it ? What does he do ? How is he ? » Je ris légèrement. « Okay, you’re gonna have to tell me everything! Every detail. » Je monte dans la voiture. « Well not every every details, but you know, the best parts. » Je démarre et me mets en route vers la pizzeria que nous aimons beaucoup tous les deux.
Une fois la pression de son audition redescendue, je retrouve enfin la Oakley que je connais si bien. Elle sort des vestiaires avec un immense sourire sur les lèvres. Elle a l’air heureuse et j’aime tellement la voir comme cela que je ne peux m’empêcher de la complimenter. Elle doit croire que je suis le gars qui est toujours en train de balancer des compliments aux gens et il est vrai que c’est souvent le cas, mais si je le fais cela veux surtout dire que je le pense réellement. Je suis quelqu’un de très positif, mais je n’ai jamais été hypocrite. Et je ne peux m’empêcher de rire lorsqu’elle me dit que je ne suis pas trop mal moi-même. « We do love supporting friends. » que je lui dis en riant à nouveau. Au moins, elle n’est plus autant stressée que lorsque je l’ai retrouvé et je suis persuadé que l’on va pouvoir passer un bon moment en cette fin de journée. Cela fait trop longtemps que l’on n’a pas pris le temps de passer un peu de temps ensemble et nous devons remédier à tout cela.
« Pizza it will be then. » Je lui ai proposé de choisir et je dois dire que je ne suis pas mécontent vu que c’était le genre de dîner que j’avais en tête. Rien de mieux qu’une soirée sur la plage avec une bonne pizza et une amie. « Perfect way to finish the day. » On se dirige vers la voiture de la jeune femme étant donné que je suis venu à pied. Et bien entendu, je suis incapable de laisser le silence s’installer entre nous alors que j’ai plein de choses à lui raconter. Je fais un peu de suspense, complètement inutile avant de lui annoncer que j’ai un petit ami. Et sa réaction me fait rire alors que je lève les yeux au ciel en entendant son dernier commentaire. « But the sex is the best detail. » Elle savait parfaitement que j’allais répondre quelque chose comme cela, je pense qu’elle me connaît assez pour ça. Je ne suis pas du genre à avoir de tabou et je peux parler de sexe sans rougir. Jamais je ne donnerai de détails intime sur ce que je fais avec mon partenaire, mais plaisanter sur le sujet ne me dérange absolument pas. « His name is Clement. » que je finis par lui avouer, abandonnant mes blagues salaces. « I’ve met him at auditions before. Hated his guts for years, ended up in a play with him and had angry sex in my dressing room after a representation. » Une nouvelle fois, je me mets à rire. « Basic relationship right ? » J’ai toujours une manière de raconter les choses qui détonnent complètement et je m’en fiche totalement. « I think I have feelings tho… » Et ça, c’est bien moins drôle parce que c’est toujours lorsque je commence à avoir des sentiments que les choses tournent mal dans mes relations.
« Daah! Supporting friends are the best. » Que je lui réponds avant de me mettre à rire. Pourtant je suis sérieuse, Loan est surement l’un de ceux qui me supporte depuis le plus longtemps. Cela fait maintenant près de huit ans que je le connais, et pas une seule fois il ne m’a laissé tomber, pas une seule fois il n’a pas été là quand j’ai eu besoin de lui. Je réalise bien que j’ai énormément de chance de l’avoir parmi mes meilleurs amis, mais aussi de le considérer comme un mentor. J’ai de la chance qu’il m’est appris tout ce qu’il m’a appris, qu’il est été là every step of the way, même si des fois c’était depuis l’autre bout du monde ou de l’Australie. Des fois, lorsque je pense à tout cela, je me dis que c’est moi qui l’ai laissé tomber lorsque j’ai emménagé avec David. C’est moi qui l’ai laissé tomber lorsque les choses ont commencé à devenir trop compliqué de mon côté. Je ne lui ai même encore jamais parlé de toute cette partie de ma vie, parce que je n’ai pas envie de sa pitié, je n’ai pas envie qu’il me croie faible. Je veux qu’il continue de me voir comme je le suis vraiment, comme celle qu’il connaît si bien, pleine d’énergie et toujours un sourire sur les lèvres. Je ne veux pas qu’il sache à quel point cette relation a pu être mauvaise et à quel point j’ai eu besoin de retrouver mes proches pour remonter la pente.
Je sors alors de mes pensées en attendant Loan dire qu’une pizza semble comme une bonne idée. Je lui adresse un grand sourire et vient saisir son bras pour aller jusqu’à ma voiture. « I think our moto isn’t sex, drugs and rock’n’roll but more like… Pizza, beach and friends. » Je laisse échapper un rire avant de m’installer au volant. Je lance un peu de musique en fond sonore tout en démarrant et en prenant la direction de la pizzeria que nous aimons tous les deux tant. Tout en conduisant, j’écoute alors Loan me dire que le sexe est la meilleure partie lorsque l’on parle d’une relation et cela me fait rire une nouvelle fois. Bien sûr qu’il dit ca, j’aurais pu le prévoir. « Of course it is. At least you have some. » Je ris à nouveau. Je n’ai eu personne depuis David et je ne m’en plains pas, bien loin de là, mais il est vrai que des fois avoir une relation me manque. J’ai pensé à rencontrer quelqu’un, essaye de me lancer avec un homme bien, mais je ne suis pas prête. Alors à la place, j’écoute Loan me parler du dénommé Clément. « I don’t know why but… It sounds exactly like you. » Ca ressemble à Loan, oui, mais d’un côté je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter un peu. Je me gare sur le parking de la pizzeria et me tourne vers lui. « Just… Be careful. Don’t get attached too fast. » Je lui adresse un léger sourire, celui qui veut dire que je veux simplement qu’il fasse attention et que je ne veux pas que cette homme lui brise le cœur. Je serre rapidement sa main avant de sortir de la voiture avec lui. C’est seulement en poussant la porte du restaurant que le prénom fait tilt dans mon cerveau. « EH WAIT! » Je me rend alors compte que j’ai crier et que les gens se tourner vers nous. Je fais un petit sourire désolée. « Oops, sorry. » Je baisse le ton et me tourne à nouveau vers le brun. « You’re dating Clément, from Northlight company? » Je connais Clément depuis quelques années et notre ‘amitié’ est… Conflictuel dirons-nous. Entre nous la compétition a toujours été plus forte que l’amitié et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai pris du recul avec lui. J’ai déjà assez de compétition dans ma vie et je préfère ne pas me stresser avec ça.
« I think our moto isn’t sex, drugs and rock’n’roll but more like… Pizza, beach and friends. » J’approuve d’un signe de tête, je crois qu’elle n’a pas vraiment tort sur ce coup-là. Je n’ai jamais été un grand rebelle, j’ai vécu ma vie d’adolescent sans trop faire de vague, ce qui me plaisait le plus moi, c’était de passer tout mon temps libre dans une salle de danse. Je n’ai jamais pris de drogue, je bois assez rarement de l’alcool dans le fond, et même si j’aime le rock, je ne vais pas être celui qui trash sa chambre d’hôtel. Non définitivement, je préfère la version plage et amis. « I like that ! » que je lui concède en souriant probablement comme un taré. Je suis tout simplement heureux de pouvoir passer un peu de temps en sa compagnie.
Je m’installe sur le siège passé, je détends mes jambes, ouvre un peu la fenêtre et fait tomber mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez. Définitivement, le meilleur moyen de terminer la journée. Un peu de soleil, la perspective d’un bon repas et surtout une amie que j’avais perdue de vue trop longtemps et que je suis si ravi de retrouver, enfin. Et bien entendu, je finis par lui parler de mon couple tout neuf et encore un peu fragile malgré tout. Et je plaisante sur le sexe, parce que c’est trop simple et qu’elle m’a tendu le bâton pour se faire battre. « Of course it is. At least you have some. » Un rire m’échappe alors que je tourne la tête vers elle. « I shouldn’t brag sorry. » Je ne suis pas vraiment du genre à me vanter. Je fais des vannes, c’est vrai, mais je ne vais jamais bien plus loin et surtout, je ne suis pas du genre à étaler mon bonheur au nez des autres. Alors, je préfère lui raconter ma rencontre avec Clément et le début de notre histoire. Ce n’est pas forcément banale, mais c’est la notre et elle me plaît comme ça notre histoire. On était ennemi sur scène, on a fini par se trouver d’une autre manière. « I don’t know why but… It sounds exactly like you. Just… Be careful. Don’t get attached too fast. » Je souris alors qu’elle semble si inquiète. « Don’t worry, I think it will work out this time. » Et peut-être que je le dis à chaque fois. Et peut-être que je me trompe régulièrement, mais je ne veux pas penser au pire. J’aime ce que j’ai avec Clément et je compte bien le garder un moment. « I feel great with him. » C’est probablement ce qui compte le plus, que l’on soit à l’aise ensemble et que l’on passe de bons moments.
On arrive devant la pizzeria et je suis déjà en train de préparer ma commande dans un coin de ma tête. « EH WAIT! » Elle hurle si fort que j’en sursaute à en manquer d’équilibre. « Jeez girl, relax. » que je lui dis en riant, une main sur ma poitrine. Ouais, j’ai eu peur. « You’re dating Clément, from the Northlight company? » Oh. Elle le connaît ? « Yeah. You know him ? » Cela ne m’étonnerait pas vraiment en soit, elle fait parti de l’industrie elle aussi. « Cute brown guy, always smiling and he looks like he owns the place. » La description est très sommaire, mais c’est Clément pour moi. « Pleaaaase don’t tell me you have a crush on him, I don’t want to know. » Et voilà que je plaisante à nouveau, parce que c’est souvent ce que je sais faire de mieux.
“Pizza, beach and friends” c’est définitivement quelque chose qui nous défini bien avec Loan. Entre nous c’est simple, facile et il n’y jamais vraiment eu de prises de têtes. Loan est l’un des mes amis qui me soutient le plus et je fais de même de mon côté. Malgré le fait que nous sommes tous les deux passionnés de danse et que nous avons toujours rêver d’en faire carrière, il n’y a jamais eu de compétition entre nous. Loan est un ami, un mentor avant tout le reste et cela a plus de valeur à mes yeux que n’importe quoi. Visiblement le brun est d’ailleurs d’accord avec mon choix de moto et me sourit grandement en approuvant. Loan est vraiment un rayon de soleil.
Une fois installer dans la voiture, je questionne alors le brun sur son nouveau copain. J’adore écouter Loan me parler de ses aventures, et sa vie personnel. Il a toujours des anecdotes drôles et des tonnes de choses à raconter, ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais à trainer avec le danseur. Je le taquine alors sur les détails de sa vie sexuelle, alors que la mienne est complètement inexistante depuis un moment maintenant. « Don’t apologize, you’re not bragging. I’m just messing with you. » C’est l’un de mes passe-temps préféré de taquiner Loan, jamais méchamment bien sur parce que je ne suis pas comme cela. Je continue à l’écouter parler de Clément et je vois bien à la facon dont il en parle qu’il s’est attaché à lui, je connais assez Loan pour deviner et pour savoir qu’il craque assez facilement. Je lui adresse quand même un sourire en lui disant de faire attention. Je n’ai pas envie de le ramasser à la petite cuillère. Puis, comme à son habitude, il me dit qu’il pense que ca va marcher avec son nouvel homme. J’aime l’optimisme de Loan, avant j’étais comme lui et je dois bien avouer que même si je le suis toujours, ce n’est plus autant qu’avant. « You say that every time you know. » Je ris légèrement. « But if you feel great, that’s the most important part. » Je lui adresse un nouveau sourire avant de me garer sur le parking de la pizzeria.
Alors que nous pénétrons dans le restaurant quelque chose fait alors tilt dans ma tête en comprenant que le copain de Loan n’est autre que le Clément de la compagnie de danse. Je pousse un cri, sûrement un peu trop dans mon monde. « Sorry… » je ris un peu avant de sourire à Loan. « Yeah I know him. I’ve known for a couple years now, but we’re not really close. Just… Acquaintance you could say. » Clément est plus une connaissance, quelqu’un qui danse dans la même compagnie que moi qu’un vrai ami à vrai dire. Lui et moi n’avons pas la même vision des choses. Lorsque Loan me demande si je n’ai pas le béguin pour Clément, je secoue la tête. « Oh no no. I mean he’s cute, I’m not surprised you like him but I don’t, at all. He’s all yours. » Je ris. Je n’ai jamais pensé à Clément de cette manière-là et cela n’arrivera jamais. « But just… Be careful anyway. » Une fois encore, je ne peux m’empêcher de ne pas vouloir qu’on lui fasse du mal.
« Don’t apologize, you’re not bragging. I’m just messing with you. » Je pouffe de rire en croisant le regard de la jeune femme. On a souvent été sur la même longueur d’onde tous les deux, je sais parfaitement où se trouve les limites entre nous. Tout se passe bien et la conversation n’en ai que plus fluide entre nous. Comme souvent, je m’emballe, je raconte peut-être un peu trop mon histoire, mais j’aime partager ce genre de choses avec mes amis. On le faisait tout le temps avant avec Oakley et au fur et à mesure de la conversation, je réalise que je ne sais plus grand-chose de sa vie ses derniers temps. Je suis persuadé que l’on aura le temps d’en parler ensemble durant cette belle soirée qui s’annonce. « You say that every time you know. But if you feel great, that’s the most important part. » Elle me ramène un peu violemment sur terre Oakley, mais je ne peux pas lui en vouloir. Elle a été présente à mes côtés pour certaines de mes histoires, elle a vu mes espoirs grimper en flèche et redescendre au trente-sixième dessous. Elle se montre prudente et je lui souris tendrement. « I know… » que je finis par avouer en baissant un peu le regard. « What can I do ? I’m sucker for love ! » Et une nouvelle fois, je ris un peu pour tenter de dédramatiser les choses.
J’ai à peine mis un pied dans le restaurant qu'Oakley se met à crier et m’avoue connaître, Clément en réalité. Cela ne m’étonne pas trop, après tout on travaille tous dans le même milieu et on se croise régulièrement aux différentes auditions. « Yeah I know him. I’ve known for a couple years now, but we’re not really close. Just… Acquaintance you could say. » Elle a changé un peu de ton Oakley, elle semble un peu plus distante d’un seul coup et cela me fait froncer les sourcils. Je tente d’être encore un peu malicieux, un peu plaisantin, mais elle insiste vraiment Oakley. « But just… Be careful anyway. » « You don’t really like him. Right ? » Et je ne pourrais pas lui en vouloir, après tout, on ne peut pas s’entendre avec tout le monde. Par contre, je refuserai de la laisser juger ma relation si elle n’apprécie pas vraiment mon petit ami. C’est quelque chose qui ne regarde que moi. « I know what I’m doing. » Enfin, je crois. « And even if I don’t, he’s good to me for now. » Parce que Clément fait attention à moi. Parce que Clément partage ma passion et que parfois, il nous arrive de passer des heures à parler de danse, de théâtre et on a trouvé cette complicité entre nous.
Je passe commande, prends une boisson par la même occasion et on s’installe dans un coin du restaurant pour attendre nos pizzas. Mon regard se promène sur le profil de la blondinette. « What’s going on in your life lately ? » J’ai envie qu’elle me parle d’elle un peu, je parle trop souvent de moi ces derniers temps.
On rit, comme deux gamins, comme on le fait tous les temps et c’est une des raisons pour lesquelles j’adore Loan. Malgré les années, la distance, les vies différentes que nous avions eu à cette période de nos vies, cela ne nous a pas éloigné. Nous sommes toujours les mêmes que nous étions lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons la même dynamique dans notre amitié et c’est ce qui est beau. Malgré tout, nous sommes là l’un pour l’autre, nous sommes là pour se faire rire mutuellement, pour les coups durs et pour les fous rires. Loan est l’une des personnes dont je me sens sentit coupable d’abandonner lorsque les choses avec David sont devenus compliqués. Bien qu’il ne sache pas vraiment ce qu’il s’est passé avec lui aujourd’hui, je suis contente qu’il ne m’en ai jamais voulu. C’est d’ailleurs aussi pour cela que je peux m’empêcher de lui demander de faire attention. Cette relation passé m’a beaucoup détruit et m’a fait douter et devenir méfiante même pour les relations de mes proches. « I know… » Je souris. « What can I do ? I’m sucker for love ! » Son optimism me donne un immense sourire. « That’s one of the many reasons why people love you. »
En matière ‘entrée discrète’ on repassera parce que j’ai à peine franchi la porte du restaurant que toutes les têtes se tournent vers moi. Je dois sûrement passer pour une de ses jeunes qui s’en fou bien de faire des tonnes de bruits alors qu’il y a du monde autour, mais cela m’importe peu en ce moment précis. Nous parlons un peu de Clément. « You don’t really like him. Right ? » Je secoue la tête. « Nah, I like him. He’s nice. Probably just not as much as you, but be glad for that. » J’ajoute en riant. Je comprends parfaitement comment Loan a pu craquer pour Clement et en réalité le Clement a énormément de chance d’avoir trouver une perle rare comme Loan. Le brun devant moi est un homme formidable, drole, gentil, sensible et toujours pleins d’optimisme. « I know what I’m doing. And even if I don’t, he’s good to me for now. » Je lui adresse un sourire. Je ne compte pas interférer dans leur relation de toute façon, ce n’est pas mon genre. « Sounds good. »
Une fois nos pizzas et boissons commandées, je suis Loan et m’installe dans le booth face à lui. « What’s going on in your life lately ? » Je relève la tête vers le brun et réfléchis par ou commencer. « Hmm… Not much. I still live with my brother. I don’t feel like living by myself quite yet and it doesn’t seem to bother him, so. » J’hausse les épaules. J’adore vivre avec Isaac et je me sens bien chez lui, en sécurité et comme chez moi. « I’m going to a couple of meeting a month, at the center for violence against women, it helps… » Je sais que je n’en ai jamais parler à Loan ouvertement, mais je sais aussi qu’il doit être au courant de l’histoire, presque tous le monde l’est. « And I go surfing quite often. That’s pretty much my life lately, and I like it. » Je souris. J’ai de la chance d’avoir la vie que j’ai, et surtout d’être toujours en vie pour la vivre. « You know, I’m thinking about getting a tattoo. »
Accueil
Une audition. J’ai décroché une audition pour une place dans un musical qui ferait le tour de l’Australie au cours de l’année. J’ai un peu l’impression de rêver, même si je sais que rien n’est joué, mais cela fait bien longtemps que je n’ai pas passé d’audition. Lorsque j’avais emménagé avec David et que les choses étaient devenus compliqué, j’avais cessé de passer des auditions et j’avais un peu abandonné mon rêve de me lancer à cent pourcent dans la danse. Pourtant, depuis ma rupture avec lui, et ma guérison complètement j’ai mis un accent sur le fait de refaire de la danse ma priorité. Je veux tellement réussir, enfin pouvoir vivre de cela que je me donne corps et âme dans mes entraînements. Je prends soin de venir m’entraîner tous les jours à la Northlight Company, ayant même signé à nouveau pour prendre des cours de très haut niveau. Je veux progresser, je veux devenir meilleure que je ne l’ai jamais été. J’ai donc bossé tellement dur ces derniers temps que lorsque j’apprends que j’ai une audition, je me sens presque malade. J’ai encore du mal à y croire. J’ai donc passé la matinée à bosser sur ma routine, à bosser sur ma chorégraphie afin de la perfection à merveille avant mon audition de l’après-midi. L’avantage que j’ai c’est que celle-ci se passe dans une salle de la compagnie de danse dont je fais partie et donc dans un environnement familier. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai tout de suite envoyé un message à Loan. Il a été le premier au courant, mais surtout le premier à me pousser à ne pas lâcher l’affaire et à me rassurer en me disant qu’il est sûr que cela se passerait bien. J’ai envie de le croire, de me dire que je vais y arriver et une partie de moi y croit vraiment, mais une autre partie ne cesse également de me répéter que je ne suis pas assez douée. 
J’ai longtemps parcouru les auditions, je connais par cœur ce sentiment de stress qui nous envahis lorsque l’on attend dans la même pièce que les autres, lorsque l’on réalise que nous sommes tous pareil et que chacun ici à travailler durement pour obtenir le rôle. Le milieu de la danse, de la comédie, est un milieu véritablement difficile. Il ne faut jamais relâcher les efforts, il faut toujours donner le meilleur de soi-même, toujours apprendre, toujours se remettre en question. Un danseur qui se repose sur ses lauriers, qui pense avoir tout appris, n’est pas un passionné. Je connais tout ça. J’ai un peu arrêté de courir les auditions pour me concentrer sur mon rôle, mais je ne suis pas fou, je sais que je vais devoir m’y remettre très prochainement. Alors lorsque j’ai reçu le message d’Oakley qui me prenait pour son grand rendez-vous, je n’ai pas hésité un seul instant pour l’encourager. Parce que je connais toutes les étapes par cœur, le stress et les doutes qui vont avec et que je souhaitais être présent pour mon amie. Cela a été un peu compliqué pour moi de suivre le rythme avec la jeune femme parce que j’avais mes répétitions et tout le reste avec Clément. Pourtant j’ai tout fait pour la soutenir par messages, et même avec un appel de quelques heures un soir assez tard. Mais je voulais faire mieux et c’est comme cela que je débarque en courant à la salle où a lieu les auditions. Je me suis renseigné auprès de mon amie professeur et elle m’avait assuré qu'Oakley se trouvait là. J’avais une journée de libre et je voulais vraiment être là pour la soutenir. C’est la première fois qu’elle passe une audition depuis tout ce qui a bien pu lui arriver. C’est un nouveau départ pour elle. C’est important. Je me devais d’être là, en soutien, vraiment. Mais comme je ne suis jamais bien discret, je débarque en courant, pensant être en retard. Une dizaine de têtes se tourne vers moi et je m’excuse dans un sourire alors qu’Oakley me remarque et semble plus surprise que jamais. Je viens embrasser sa joue et m’assois sur le sol à ses côtés. « I’m here for you girl ! » Non je ne vais pas auditionner, pas alors que j’ai un rôle magnifique. Même si je sais que tout est fragile au sein de la troupe, je ne suis pas prêt à remettre les pieds dans l’enfer des auditions, pas tout de suite. « You’re not gonna fail, you’re gonne kill this. » Je lui souris et l’aide à se lever pour aller un peu plus dans le fond de la salle. « You want to move a bit to warm up ? » Je lui souris tendrement. « Stop looking at me like I’m E.T or shit. I just want to cheer on ya. »