| Beetlejuice (ft. Matt McGrath) |
| | (#)Mar 21 Jan 2020 - 15:26 | |
| Matt McGrath. Matt McGrath. Matt McGrath. Oui, parfois, Lola testait sa théorie selon laquelle Matt McGrath, donc, était Beetlejuice. Ça portait ses fruits une fois sur quatre, ce qui l’avait faite arriver à deux hypothèses : soit il avait décidé de venir se moquer d’elle à la galerie dès qu’il avait une seconde de temps libre, soit c’était une créature magique avec des vêtements à carreaux. Ce qu’elle avait plus de mal à élucider, en revanche, c’était comment elle se sentait quand il était là. D’un côté, il la distrayait, ce qui la mettait en panique parce qu’elle tenait énormément à son job, ce qui du coup la foutait en rogne parce qu’il se croyait tout permis. D’un autre côté, il l’apaisait : il fonctionnait comme elle, par jeux, par humour, ils parlaient le même langage et elle se sentait complètement elle-même avec lui. Ce qui ne l’empêchait pas de le vanner constamment, comme : « il y a un épi sur ta tête qui a clairement fait une tentative de fugue, faut dire que ton cerveau c’est comme un micro-ondes, faut pas rester trop longtemps à côté, sinon on devient complètement con ». Forcément, les blagues avaient accéléré, jusqu’à devenir des propositions de se voir en-dehors de la galerie, jusqu’à ce qu’un rendez-vous bien précis soit pris, et voilà que Lola fermait à clé la galerie pour la soirée et s’apprêtait à retrouver Matt, de son propre gré, le comble, pour une promenade le long du fleuve. Oui, bon, ce n’était pas le lieu le plus exotique du monde, mais Lola avait besoin de calme, surtout si elle allait gérer la conversation intense avec Matt. Ah oui, parce que ça vaut le coup de le préciser, ils avaient décidé du jeu en avance. Et c’était un action ou vérité. Rien que ça. Lola priait pour que ça reste bon enfant et qu'ils n'entrent pas dans des sujets compliqués - comme la famille, l'argent, la politique, la religion, la spiritualité, l'estime de soi, l'amitié, l'amour, la sexualité, bref rien qui ressemble de près ou de loin à l'expérience humaine d'être sur Terre. Elle se fit la réflexion qu'au fond, même si elle n'avait pas envie de dévoiler ces éléments à Matt, elle était en revanche très curieuse au sujet du jeune homme. Il l'intriguait profondément, comme une devinette sans réponse, ou un puzzle auquel il manquerait une pièce - tiens, ce serait une bonne vanne au sujet de son cerveau, ça. Lola rejoignit la rive du fleuve et se dit qu'à force d'anticiper, elle n'avait rien vu du tout dans les rues. Pas un panneau, pas une boutique. La tête dans les nuages. Elle soupira et regarda son portable. Elle était en avance, comme toujours. Si elle fumait encore, elle aurait allumé une cigarette, et hop, ni vu ni connu, sept minutes seraient passées. A la place, elle scruta la surface du fleuve en attendant Matt. @Matt McGrath |
| | | | (#)Jeu 23 Jan 2020 - 13:20 | |
| « Mais non s'pas un date. » Deklan ce con, cet idiot de merde, ce dude qui est probablement mon meilleur ami depuis des années sans que je sois assez con pour le lui statuer à voix haute. Il est juste adossé au comptoir du bar à essuyer le même verre depuis 4 minutes top chrono, à me renvoyer le plus grand et le plus condescendant des sourires de merde que j'aurais envie de lui éclater d'un coup d'un seul. S'pas un date parce que Lola est cool, parce que Lola est chill, parce qu'on se met pas la pression, parce qu'on est potes j'crois ; et parce qu'elle est clairement moins douée que moi au beerpong mais ça c'est un fait clair et établi on n'a pas besoin de revenir là-dessus j'le fais pour son orgueil vous voyez, la grande âme.
Mais Dek fait chier, parce qu'il me fixe toujours, et parce que Charles s'est même mise de la partie et sérieusement guys, la prochaine fois je vous dirai plus rien, c'est fini, c'est fichu, vous en saurez rien sur ma vie perso et sur comment je passe mes soirées. « T'es lourd. Toi pareil - et pas juste parce que t'en es à ton 7e mois. » - et à qui je mens, bien sûr que je vais continuer de tout leur déblatérer sur mon quotidien boring parce que ça me donne une occasion de parler tout seul et ça, c'est un de mes hobbies préférés qui l'avait déjà deviné? « J'rentre pas tard ; TA GUEU- bonne soirée, amour et paix à l'infini. » là par contre, je passe par toutes les gammes, entre celle du type cool qui se tire la veste sur l'épaule, entre celle qui en peut plus de sentir leurs regards de jugement et/ou d'amusement brûler ma nuque et finalement celle du bon patron de commerce qui ouvre la porte aux clients qui entrent pendant que moi, je pars. Grandiose.
Règle numéro un pour qu'on passe une soirée qui a rien d'un date, c'est de tout faire pour que ça en soit pas un. Je sais, je sais, un vrai génie que je suis. « L'épi qui veut fuguer il est sur ta tête là. » ma main passe sans douceur aucune dans ses cheveux, les mèches que la brise du fleuve avait à peine touchées que je lui ébouriffe exposant un milliard, et voilà que l'effort brushing n'est pas vu, pas remarqué, pas mentionné. All good. « J'ai apporté les trucs les pires à manger en me disant qu'on pourrait faire un concours de qui se salit le plus ou le moins, ou les deux, j'sais pas j'ai improvisé en fait. » mon épaule que j'hausse, la suite de mes bonnes idées qui tient dans des sacs variés, l'un qui renferme d'immenses burgers qu'on arrivera jamais à manger sans que leur contenu ne nous dégouline grassement sur les doigts, l'autre les sushis le plus garnis que j'ai pu trouver qui sont certainement pas faits pour être gober en une bouchée une seule. Alllll good.
@lola wright |
| | | | (#)Jeu 23 Jan 2020 - 14:30 | |
| Mais soudain, là, à la surface du fleuve, une question émergea qui fit paniquer complètement Lola. C'était pas un date, là ? Si ? Qu'est-ce qu'ils s'étaient dit exactement, mot pour mot ? Une blague sur Ginny, une blague sur les vêtements de Matt, une blague sur les tableaux imaginaires de Lola (facile, celle-là, forcément, puisqu'elle venait de Matt), une blague sur le fait que c'était sympa de blaguer ensemble, une blague sur le fait de continuer ça un soir, OH MON DIEU EST-CE QUE C'ETAIT UN DATE. Lola essaya de se souvenir de l'expression de visage exacte de Matt lorsqu'ils avaient convenu de se retrouver. Il n'y avait pas de gêne du tout dans ses traits. Juste un amusement. Et l'amusement, c'était amical. N'est-ce pas ? Lola se fit jurer de ne plus jamais convenir d'aucun rendez-vous avec aucun être humain sans poser la question fatidique : excuse-moi, je sais que c'est un peu bizarre de demander ça comme ça, mais c'est un date oui ou non, que je sache à quoi m'attendre, et surtout que je puisse annuler au dernier moment si jamais c'est un date, pas que ça fausse la réponse, hein, moi je demande, c'est tout.
N'empêche que là, elle regardait le fleuve, l'air poétique et onirique, genre peinture de la Renaissance qui pense à son amoureux, et ce n'était pas la meilleure façon de communiquer un message sur à quel point c'était un non-date. Un anti-date. Un date négatif, dans les moins vingt-cinq. « L'épi qui veut fuguer il est sur ta tête là. » Lola n'eut même pas le temps de réagir que la main de Matt était déjà partout dans ses cheveux. Elle eut un moment de paralysie, comme d'habitude lorsque quelqu'un la touchait sans prévenir, une seconde, deux secondes, trois secondes, mais elle se reprit plus vite que d'habitude, parce que c'était Matt, et que son sourire était si convainquant qu'il en était contagieux. Elle n'essaya même pas de remettre de l'ordre dans ses cheveux. C'était la meilleure façon de communiquer que ce n'était pas du tout un date d'être décoiffée. N'est-ce pas ?
« J'ai apporté les trucs les pires à manger en me disant qu'on pourrait faire un concours de qui se salit le plus ou le moins, ou les deux, j'sais pas j'ai improvisé en fait. » Lola ressentit tellement de joie à voir les grands sacs de nourriture que, dans son manque de logique totale et absolue, elle se jeta sur Matt pour lui faire un câlin. Oui, elle avait faim aussi, et ça ne faisait qu'accentuer ses comportements étranges. Elle fit un pas en arrière et montra son sac à dos, celui qui ne la quittait jamais. « Et j'ai pris des petites bouteilles d'alcool, tu sais les minuscules là ? Pour que ça fasse buffet. Il y a du whisky, du gin, de la vodka. Le premier qui zigzague a perdu. Et celui qui a la pire gueule de bois doit apporter à l'autre une aspirine. » Elle se tourna vers la rivière et pointa du doigt un petit recoin sous un arbre. Mon dieu, que ça faisait carte postale. Elle prit l'un des sacs de Matt (le féminisme veut qu'on porte tout à moitié, se disait-elle) et se dirigea vers le spot pique-nique. Il n'y avait personne autour, bien évidemment, parce que ç'eut été trop simple.
Elle s'assit et commença aussitôt le rituel interminable de l'installation. Elle sortit son portable, lança en aléatoire une playlist de morceaux enregistrés dans son portable ; sortit les petites bouteilles qu'elle aligna, whisky face au whisky, gin face au gin, vodka face à la vodka ; posa un foulard par terre (aucun respect pour les foulards...). Puis, elle s'étira dans tous les sens, et enfin, enfin, enfin, s'assit. « Okay. Raconte-moi ta journée dans les moindres détails. Genre si t'as bu du café ou du thé au petit-déjeuner. Tout. » Elle avait une peur panique d'avoir faim pendant les pique-niques. Quantité limitée d'aliments et trop de participants (plus qu'un, quoi). Donc l'idée c'était de le faire parler un maximum (ce qu'il adorerait, par ailleurs) pendant qu'elle mangeait le plus d'aliments possible. Elle plongea la main dans un sac et en sortit le burger le plus dégoulinant de la planète. Elle retint à peine un glapissement ravi. Miam. |
| | | | (#)Ven 7 Fév 2020 - 23:42 | |
| Elle me fait un câlin. Je pense que c'est le câlin le plus awkward de l'univers parce que déjà je peux pas le lui rendre, les mains occupées à tenir des sacs bien trop lourds pour que j'ai pensé que deux ce serait suffisants, y'en aurait fallu un de plus. Et aussi, parce j'ai titubé, qu'on a failli tomber par terre mais qu'on a réussi à rester stables non sans faire une genre de danse de l'équilibre incertaine qui nous donnait l'air de deux vers de terre à tenter de se faufiler l'un l'autre hors du nid. Charmant.
« Et j'ai pris des petites bouteilles d'alcool, tu sais les minuscules là ? Pour que ça fasse buffet. Il y a du whisky, du gin, de la vodka. Le premier qui zigzague a perdu. Et celui qui a la pire gueule de bois doit apporter à l'autre une aspirine. » « Si j'ai un appel de Gin demain qui me dit que t'es rentrée au boulot en sentant ce que je sentais du temps de la fac, on recommence plus jamais les soirées comme ça. » soirée j'ai dit, pas date. Ça clarifie, non? Et du génie qu'elle ait pensé à apporter des trucs à boire, mais surtout qu'elle l'ait pris en petit format. Lieu public oblige, c'est sûr qu'on est repérés si on picole comme des déchaînés quand le soleil est même pas encore totalement couché. L'adulte en moi a presque l'air d'être celui qui parle là, quand au final c'est juste l'expérience d'avoir été banni des parcs de Logan City dans ma jeunesse folle pour y avoir bu illégalement des bières qui raisonne la situation.
Et elle s'installe Lola, elle a l'air d'avoir pleins de tic et de manies que je lui découvre mais qui m'étonnent pas le moins du monde, entre son classement par alcool, son foulard et ses 40 000 courbettes. « Okay. Raconte-moi ta journée dans les moindres détails. Genre si t'as bu du café ou du thé au petit-déjeuner. Tout. » oh, si elle savait ce dans quoi elle s'est embarquée (non Matt, c'est toi qui se fait jouer là). Parce que c'est sûr que je vais parler, c'est clair que je vais jacasser et qu'on va être encore là demain à entendre ma voix résonner jusqu'à l'autre côté de la rive sans que j'arrive plus à produire de la salive à travers. « C'est pas qu'au petit-déjeuner tu penses quoi, j'ai une réputation à tenir. » l'explication commence quand je lorgne sur une bouteille de rhum que j'ouvre, et elle qui profite de mon inattention pour se servir dans la bouffe. « J'me suis levé à 8h13, je sais la minute près parce que c'est à 8h15 que je suis descendu au café et j'te jure qu'en deux minutes c'est possible de prendre une douche faut juste que tu sois franchement hyper bien organisé. » je l'entends pas, l'aluminium du burger avec lequel elle joue, quand mes mots partent dans tous les sens et que je me prête aussi honnêtement - et stupidement - que possible à son jeu. « C'était meeting d'équipe après, ça a fini en test de la nouvelle machine à karaoke et d'ailleurs si je perds la voix à un moment ça n'a RIEN à voir avec la discographie complète des Backstreet Boys que j'ai chantée comme si j'étais le mix parfait entre Brian et AJ. » oh Matt, sérieux, t'es tellement naïf, elle a du ketchup sur le menton là « Après j'ai- » t'as pas vu qu'elle est en train de se gaver dans vos provisions et d'en faire les siennes?
« Eeeeeeeet attends un peu la fourbe. » bon, voilà qui est « Mieux. », quand ma silhouette s'allonge par-dessus l'étalage au sol. Ma main lui vole la moitié de burger déjà bien entamé, j'en fais un mess incroyable en perdant la moitié de la garniture. Mais il est de retour mon sourire victorieux une fois la première bouchée prise. |
| | | | (#)Dim 9 Fév 2020 - 11:43 | |
| Beetlejuice Trois, deux, un : Matt se mit à parler, et Lola passa en opération "manger les plus possible avant qu'il réalise son erreur". Elle ouvrit l'aluminium en accéléré, beaucoup trop vite, ça en mettait partout, peu importe, il fallait profiter de l'inattention du barkeep. Elle avait tellement envie de répondre, mais elle ne pouvait pas perdre de temps, mais quand même, deux minutes entre le réveil et descendre, ce n'est pas de l'organisation, c'est de la magie, et elle voulait l'astuce, parce que ça lui permettrait d'arrêter de se réveiller deux heures trente avant le début du travail (ce qui était abusé et l'empêchait de dormir autant qu'elle l'aurait souhaité). Elle voulait faire un commentaire sur le karaoké, se moquer de lui, il y avait douze vannes qui lui venaient, c'était l'enfer, mais qu'est-ce que ce burger était bon, c'est-à-dire gras, c'est-à-dire débordant d'ingrédients qu'on ne s'attendrait pas forcément à y trouver, comme ce jalapeño, Lola grimaça mais Matt ne remarqua rien, c'était hyper pimenté. Lorsque Matt, enfin, comprit le stratagème et récupéra le burger, Lola ne put retenir un sourire hilare, parce qu'elle ne le préviendrait pas, et qu'il se retrouverait la bouche en feu. Elle ouvrit une petite bouteille de gin et sirota avant de passer à l'ouverture des sushis. Eh ouais, si Matt voulait manger, il aurait besoin de se battre, et c'est tout. Pas de quartier. N'empêche que les sushis, c'était plus pratique que le burger pour répondre au récit absurde de la journée du barkeep. " Tu me montreras comment ça marche de se préparer en deux minutes ?" Sous-entendu : après qu'on ait dormi ensemble. Oui, parce qu'en fait les sushis n'étaient pas si frais que ça, et ça l'inquiétait de manger du saumon à demi-vivant et à demi-mort, donc elle préférait récupérer le burger, et il fallait pour ça amener Matt à un stade d'hébétement avancé. " Parce que là, on est d'accord, c'est un date, hein ?" La mâchoire de Matt faillit se décrocher, et paf, Lola récupéra le burger et mit tout ce qu'elle put à l'intérieur de sa bouche, mordit. Il restait un pauvre petit coin de burger, heureusement avec de la viande dedans, qu'elle lui rendit, avec un sourire, la bouche pleine, ravie. Elle finit sa petite bouteille de gin aussi sec pour aider à la digestion. " Ah, j'ai rencontré ta soeur, d'ailleurs. Je veux dire : ton autre soeur." Elle rougit à l'idée que peut-être Jill aurait craché le morceau à Matt sur toute l'histoire du crush, tout ça, mais elle eut l'intime conviction que Jill l'avait gardé pour elle. Déjà parce qu'elle n'avait pas trop l'air pour que ça fasse, et ensuite parce qu'elle sentait entre elle et Jill une solidarité qu'elle n'assumait d'ailleurs pas du tout (notamment parce qu'elle galérait à comprendre ce qui se tramait entre les McGrath, c'était un monde de fous). " Très sympa. Elle m'a sauvée la vie avec de la médecine chinoise." Comme ça, sans contexte, débrouille-toi, Matt. Elle farfouilla dans le sac à la recherche de la prochaine étape. Il y avait d'un côté un brownie de supermarché, de l'autre un bagel. Comment choisir, comment choisir, en sachant que Matt se saisirait probablement de celui qu'elle abandonnerait. Tout choix implique des sacrifices, et Lola fit un salut militaire en tendant à Matt le bagel : " Adieu, bagel. Puisses-tu trouver la joie dans l'estomac de Matt McGrath". Sur ce, elle ouvrit le brownie et croqua dedans. C'était quand même bien, de pique-niquer. @Matt McGrath |
| | | | (#)Ven 28 Fév 2020 - 17:56 | |
| "Tu me montreras comment ça marche de se préparer en deux minutes ?" et j'éclate de rire, bien sûr. Parce que même si c'est pas clair, même si le filrt est immense depuis le premier jour, on est des gamins au fond. On est des gamins qui se touchent du bout du doigt en rougissant, qui se passent la bombe à retardement le sourire niais aux lèvres en se disant que la prochaine fois s'ra peut-être la bonne. Elle ose Lola, et elle est adorable avec son regard espiègle. Et en vrai je pense que c'est exactement comme ça que je la préfère, quand elle se la joue façon aussi peste à tenter de me faire mordre la poussière du bac à sable. "Parce que là, on est d'accord, c'est un date, hein ?" mais au jeu de m'emmerder, elle est pas la seule qui a son abonnement à l'année. Du coup, la relance, je la travaille depuis la nuit des temps. « Ça sera un date juste si je t'embrasse à la fin. » bah ouais, j'y ajoute un jeu de sourcils, et un grand, un immense sourire de merdeux. Qu'elle se débrouille pour savoir qui joue le mieux là, entre elle et moi.
Et puis, autant changer de sujet parce que sinon elle va se retrouver les joues aussi rougies que le ketchup qui me coule agressivement sur les doigts. "Ah, j'ai rencontré ta soeur, d'ailleurs. Je veux dire : ton autre soeur." doigts que d'ailleurs, j'essuie et lèche grossièrement, l'index que je lève comme une mise en garde à son intention. « Tu dis "l'autre soeur" devant elle t'es morte j't'avertis. » règle numéro un chez les McGrath : Jill n'est pas l'autre. Jill n'est pas la seconde, Jill n'est pas la soeur de Matt et Jill est encore moins la soeur de Ginny. Jill est Jill et c'est tout ce qu'il faut savoir. "Très sympa. Elle m'a sauvée la vie avec de la médecine chinoise." hummmm what? « Je la reconnais bien là. » et j'hoche de la tête, attentif, et je fais le type qui capte, bien sûr que je capte pas, bien sûr que j'ai juste l'air du con de service mais bon, un date faut montrer autant les bons que les mauvais côtés non? Ah, alors c'est un date Matt? "Adieu, bagel. Puisses-tu trouver la joie dans l'estomac de Matt McGrath" « T'as toujours été so dramatic. » j'ai la bouche pleine de brownie maintenant, parce que j'ai été assez rapide pour en piquer des miettes de la moitié qu'elle a encore au bord des lèvres, parce que chocolat et bagel, ça fait presque sucré salé et c'est tendance. Ouaip, juste pour ça.
« T'es pas cool t'as écouté toute ma journée mais moi je sais rien de la tienne. » bon, bon, bon, elle a écouté que ce que j'ai dit sur les deux minutes matinales et elle l'a même souligné, mais autrement, c'est rien, niet, nada. Du coup, je dégaine la carte de la lourdeur, parce que si c'était l'inverse ça me ferait rire. J'imagine qu'elle aussi. « Mais c'est trop tard, je veux plus jouer à ça. » Matt qui raille, Matt qui feint être heurté, Matt qui attrape la première bouteille de gin maintenant, lui en tend une pour un cheers en bonne et dûe forme. « Je te dis un chiffre, et tu me montres la photo dans ton téléphone qui y est associée dans l'album. » bon joueur, j'attrape mon portable à moi, retire le mode avion parce que je suis poli, on me l'a toujours dit, et le brandit sous son nez pour lui montrer que je ferai pareil, quand ça sera à mon tour du moins. « Numéro 32. » |
| | | | (#)Ven 28 Fév 2020 - 18:38 | |
| Vous connaissez l'histoire de l'arroseur arrosé ? Ca commence comme ça : "Ca sera juste un date si je t'embrasse à la fin." Ca finit presque comme ça aussi, d'ailleurs, parce que soudain Lola s'étouffait sur un morceau indéterminé de nourriture, et se tapait très dignement le buste pour déloger l'adversaire, avaler, passer à autre chose. Tout se passa bien, elle survécut (malheureusement pour elle) et sourit. La, la, la, tout allait bien. Elle gardait le contrôle et la maîtrise du jeu, mais si. Qu'est-ce qu'elle aurait pu répondre de toute façon ? Pas si je t'embrasse d'abord ? Elle aurait ri au milieu de la phrase, d'un rire nerveux qui aurait donné lieu à un hoquet qui l'aurait assommée sur place. Non, il valait mieux qu'elle donne un point à Matt sur cette bataille-là.
"Tsss, elle me fait même pas peur", répondit-elle en parlant de Jill, ce qui était évidemment un mensonge, car elle était à moitié terrifiée par l'engin de guerre qu'elle avait rencontré au DBD. Qui était cette femme, d'où sortait-elle, et de quoi était-elle capable ? No idea. Et elle ne tenterait pas la chance en l'appelant l'autre soeur, obviously. Et Matt qui faisait semblant de comprendre pour la médecine chinoise, et son sourire de menteur qui faisait beaucoup trop sourire Lola. Elle le trouvait adorable. Plus que ça même. Elle le trouvait beau et craquant et désarmant d'honnêteté et il avait parlé de l'embrasser et maintenant elle ne servait à rien, elle était comme un jouet cassé. Par la pensée magique, elle remonta le mécanisme, et récupéra son humour, sa distance, son second degré. Elle en aurait besoin pour survivre à ce date. Pardon, ce moment entre amis.
L'alcool commençait gentiment à descendre. Les choses ne pouvaient qu'empirer. Je veux dire : s'améliorer. Et voilà, ça commençait, Matt inventait un jeu que Lola ne sentait pas du tout, parce que la photo 32, ça pouvait être tout et n'importe quoi. Elle ouvrit immédiatement son téléphone (on était joueuse ou on ne l'était pas) et compta les photos en les passant, priant de toutes ses forces pour que ce soit Pizzasagne, ou Noah, ou Ginny, ou l'entrée de l'atelier, ou - fuck. How. Sérieusement. De toutes les possibilités possibles. Sans déconner. Mais non. Non, mais il fallait qu'elle triche. C'était trop tard, son visage avait pris la couleur d'un panneau STOP. Ce que criait son cerveau aussi, drôle de coïncidence. Pas du tout drôle. Elle riait. Que pouvait-elle faire d'autre que rire ? "Non, mais attends, c'est pas ce que tu crois." Il n'a pas vu la photo, encore, Lola, va falloir que tu lui montres avant de te justifier. Why, lord, why.
Lola tourna au ralenti le téléphone vers Matt, mortifiée. C'était la photo de profil Facebook de Matt, que Lola avait téléchargée un jour. Pour aucune raison. Parce qu'il était mignon dessus. Et alors, aucun rapport. Mais ça voulait rien dire. Elle souriait d'un sourire résigné et désespéré mais en même temps déjà tellement plein d'autodérision, et releva les yeux vers Matt, pour voir son expression, qui, nul doute, allait être de circonstance. Puis elle verrouilla son téléphone et lâcha : "Quatorze." A tous les coups, ça allait être la photo d'un cocktail du DBD, et Matt aurait gagné cette manche à plate couture, et la vie n'était pas juste, et go mourir.
@Matt McGrath |
| | | | (#)Ven 28 Fév 2020 - 19:39 | |
| Elle se plie au jeu, évidemment qu'elle se plie. J'ai additionné à ma demande mon plus mielleux regard, j'ai fait exprès de proposer avec ma voix la plus suavement étudiée. En vrai, j'ai juste l'air d'un idiot qui quémande qu'elle ne ridiculise pas la partie que je viens de lancer en inventant tout de toutes pièces, mais somme toute ça passe bien quand Lola attrape son portable et part à la chasse.
J'attends, usant de mes doigts agiles pour rattraper ce qui reste à manger, les demies-bouchées perdues et égarées que je nettoie d'un appétit d'ogre doublé de mon incapacité à laisser la moindre trace de bouffe délaissée. Sacrifice humain, and such. Et là par contre, au fil de son décompte mental qui mène au bon nombre, je la vois, la transformation, la transition. Entre son air relax, celui rieur qui creuse ses adorables fossettes, et l'air de la trahison envers elle-même. Elle écarquille les yeux, elle est aussi rouge que Ginny quand elle a tenu la chandelle pendant trop longtemps et là rien que là je sais que la suite me fera énormément plaisir. "Non, mais attends, c'est pas ce que tu crois." « Ouais, non, pas de stress, c'est pas du tout ce que je crois et... MONTRE-MOI. » si elle pensait me gratter de la pitié avec son expression horrifiée c'est qu'elle ne me connaît pas encore assez et je prends note de m'assurer qu'elle récolte d'ici la fin du date (ouais, ok, on assume là guys) 10/10 au prochain popquiz.
Ma main s'étend, la sienne pareille, si elle pouvait emménager sous une roche je pense que son contrat de location serait déjà signé quand mes yeux se vrillent sur, well, mes yeux, aka ma photo. « Oh Lola. » et j'éclate de rire, j'peux pas faire autrement. « C'est même pas ma meilleure photo. » et là, le but, c'est qu'elle rigole autant que moi. Le but, c'est juste de descendre la pression, quand je file sur mon Instagram, lui en screenshot trois autres de ma tête d'idiot, juste pour compléter la collection. « C'est même pas mon meilleur profil. » j'insiste, quel con, quand je file de nouveau sur Facebook et passe en mode archives en lui en rajoutant 3 autres captures d'écran, qui datent respectivement de 2008 et 2006, les bonnes années la bonne cuvée. Et si elle (j'ai) a liké par inadvertance une ou deux d'entre elles et que ça apparaît sur son fil d'actualité par ma faute, j'avoue, j'en serai vraiment (pas du tout) désolé.
"Quatorze." allez, fais le malin Matt, mais prête-toi à ton jeu surtout. Je les défile donc, ça date pas de loin, 14 c'est tout récent, ça devrait pas être bien méchant, c'est probablement un truc de base, une photo des rénos dans l'annexe, un majeur que Jill m'a envoyé et que j'ai immortalisé parce que c'était le 1000e dans la semaine j'sais pas. « Bon. » mais apparemment, c'est un petit peu plus coloré que ça. « Comment expliquer ça sans perdre tout mon charme. » j'inspire, fronce des sourcils, fixe l'écran sans lui laisser la moindre chance de voir, un temps. « C'était une grosse journée. » pas du tout, c'était la nuit, on était bourré, j'avais passé l'aprem au DBD côté client à dire de la merde à Deklan juste pour voir combien de temps il allait tenir avant de me foutre dehors de MON bar. « J'avais sauvé des chats dans des arbres, et donné de la bouffe aux SDF et j'avais fait mon don à l'église et reçu ma carte de membres à la Mensa aussi, avant ça. » et voilà, advienne que pourra.
L'expiration est outrageusement exagérée, quand je fais glisser mon téléphone vers elle, enclenche la vidéo #14, apparemment. Petit court-métrage de 34 secondes à peine, où je suis affalé au sol de mon appartement, au beau milieu d'une fête improvisée de je sais pas pourquoi ni quand, à réciter l'alphabet à l'envers en perdant autant de lettres au passage que de dignité. |
| | | | (#)Ven 28 Fév 2020 - 20:18 | |
| Il likait ses propres photos, le fourbe. Bon, mais il les téléchargeait, ce qui évitait à Lola de le faire plus tard, donc c'était généreux de sa part, au fond. Heureusement, il riait beaucoup, et elle riait avec lui, et elle n'avait même pas le temps de voir les photos tellement il slidait vite. "Mais tu connais tes selfies par coeur ? Genre tu les regardes avant de dormir ?" Est-ce que ça lui était déjà arrivé à elle, de regarder les photos de Matt avant de dormir ? Mais je vous en prie, ça ne vous regarde pas. Peut-être que oui, peut-être que non, voilà, vous devrez vous contenter de ça. Elle fut si heureuse de récupérer son portable, vous n'avez pas idée. Elle le mit soigneusement dans une poche, dont il ne sortirait plus jamais. Et retourna le défi à Matt, pour se retrouver face à une panoplie d'excuses et de justifications qui n'en finissaient plus. "McGrath, spill."
Et il retourna le téléphone, et elle regarda, ahurie, une vidéo de lui absolument accablante. Non, vraiment. Lola se mit à rire tellement que des larmes commençaient à sortir. "Ah, d'accord", lâcha-t-elle, mais ce n'était même pas articulé tellement elle s'esclaffait. C'était pour ce gars-là qu'elle avait un crush. Mais où allait le monde ? Elle se saisit du téléphone et remit la vidéo depuis le début. "Oh, c'est magique." Lola se sentait à peu près digne de nouveau, et ça faisait du bien. Ils n'étaient pas complètement à égalité, mais presque. Elle lui rendit son portable avec un hochement de tête ravi.
"Et maintenant", déclara-t-elle, ravie, en ouvrant précautionneusement chaque petite bouteille, et en les mettant en ligne droite entre eux - tout ça prenait un temps fou, il y avait un suspense insoutenable -, voilà, on y était presque, "on va jouer à vrai ou faux. On raconte trois faits chacun son tour, et l'autre doit dire lesquels sont vrais. Tu bois chaque fois que tu t'es trompé. Et chaque gorgée d'un alcool différent." Elle fit une pause pour que les informations aient le temps d'arriver dans le cerveau du McGrath, d'être processées, enregistrées et archivées. "T'as compris ?" demanda-t-elle quand même, avec un sourire insolent, "Ou t'as besoin que je te réexplique ?"
Lola plissa les yeux en se rapprochant très légèrement de Matt, juste assez pour qu'il soit concentré (et pour qu'elle puisse regarder ses yeux de plus près, mais ça, faut pas le dire). "J'ai déjà embrassé une fille." L'idée était de faire rougir Matt, vous l'avez bien compris. Au moins autant qu'elle avait rougi. "J'ai cru au père Noël jusqu'à mes douze ans." Think, Lola, think. Elle eut un sourire ravi (quoi, carnassier ? bon, un peu), donc elle eut un sourire ravi et carnassier lorsqu'elle trouva l'idée du troisième. "J'ai envie de voir ce que ça donnerait, la fin du date, là, maintenant."
Good luck, Matt, looks like we've got two players on deck.
@Matt McGrath - Spoiler:
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| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 1:02 | |
| "Oh, c'est magique." « Ce qui est magique c'est ton mascara qui a coulé. » parce qu'elle riait aux larmes Lola, parce qu'elle s'est esclaffée au point où mon égo a totalement refusé la simple et unique possibilité de lui montrer la version deux de la vidéo. Celle qui a été prise juste après, où je me retrouve avec le plus de pointes de pizza dans la gueule possible. On était à un record de 5, c'était pas si mal, en vrai je pourrais mieux faire avec un peu d'entraînement. Le bout de mon index que je mouille de bave, le sourire de nigaud aux lèvres quand j'essuie le coin de ses yeux avec mes microbes au passage. Sorry, boo.
Et elle aligne les bouteilles, elle perd pas le nord Lola, d'un jeu lancé en l'air elle en invente 40 autres. "on va jouer à vrai ou faux. On raconte trois faits chacun son tour, et l'autre doit dire lesquels sont vrais. Tu bois chaque fois que tu t'es trompé. Et chaque gorgée d'un alcool différent." tout est aligné sur la table à pique-nique, les bouchons sont retirés, y'a pas le moindre espace qui jure, on dirait presque qu'elle a prévu la chose quand tout dans son regard comme son sourire confirme qu'elle improvise au fur et à mesure. "T'as compris ? Ou t'as besoin que je te réexplique ?" ouais, moque-toi. Quand je roule des yeux à m'en fouler le nerf optique, mais que mon énième éclat de rire casse l'effort d'être faussement outré. « Prends tes armes que je prenne les miennes. » la galanterie de nos jours, c'est de la laisser les dames picoler en premier, ou du moins, faire leur sélection d'abord.
La tequila, donc, que je rapproche vite fait. Le rhum après, le bourbon pour la fin. "J'ai déjà embrassé une fille." j'ai pris aucune gorgée encore, je joue selon les règles, et elle fait exprès. Mon visage reste impassible, mes yeux restent vissés aux siens, j'prends ça pour du vrai, même si on s'entend, elle commence fort la p'tite. "J'ai cru au père Noël jusqu'à mes douze ans." ça c'est cute. Nope Matt, laisse pas ton sourire en coin remonter. Nope Matt, c'est sérieux. "J'ai envie de voir ce que ça donnerait, la fin du date, là, maintenant." et son sourire, celui-là, il passe pas inaperçu.
Elle veut jouer, moi pareil. Quand je m'étire par-dessus la table, glisse ma paume derrière sa nuque, rapproche son visage du mien pour goûter ses lèvres. Ça passerait pour un reste de burger qu'elle avait à leurs commissures, ça passerait presque pour des miettes de brownies qu'elle avait oubliées de nettoyer. Such a gentleman. « Tu mens mal. » la critique sert à rien parce que je suis quasi sûr que chaque truc qu'elle a dit est vrai. Mais je suis bon joueur, me détache, prends une gorgée de la première bouteille à disposition, avant de reprendre sagement ma place sur mon siège face à elle sans plus de cérémonie.
« Je regarde pas mes selfies avant de dormir. » on reprend là où on l'avait laissé, juste au cas où faudrait que je me justifie encore. « J'ai une photo de toi enregistrée dans mon portable. » ça par contre, j'y peux rien, je laisse volontairement le moment de trop qui traîne, parce que ça ajoute l'effet de surprise, parce qu'elle saura bien vite si c'est vrai ou pas, mon portable encore sournoisement posé sur la table entre nous deux. « Et t'en a une nouvelle de moi dans le tien. » un selfie, ridiculement deg avec quatre doubles mentons pour la peine, pris une seconde et quart avant qu'elle ne me prenne son téléphone des mains.
- oh well:
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| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 7:33 | |
| "Oh non, vraiment ?" Lola fouilla ses affaires pour trouver un miroir de poche, mais elle n'en transportait jamais, et c'était exactement pour ce genre de situation qu'il en fallait un, pour rectifier le tir lorsqu'on pleurait de rire. Mais pas de problème ! Matt à la rescousse ! "Ehhhh", se plaignit immédiatement Lola, pas convaincue que ce soit le moyen le plus hygiénique de venir à bout du problème. "Mes yeux vont sentir le burger", se renfrogna-t-elle, genre enfant de sept ans qui boude. Puis, elle fronça les sourcils et se demanda : "Bon, d'un autre côté, qui va sentir mes yeux ?" Et son rire partit, léger, vibrant.
La vidéo l'avait mise de tellement bonne humeur qu'elle improvisait un jeu plus vite que l'augmentation de la fortune nette de Crésus par seconde. Ils allaient se dire la vérité et se mentir droit dans les yeux. La seule chose à laquelle elle n'avait pas tout à fait pensé pendant l'explication des règles, c'est qu'elle était la pire menteuse de la planète, et qu'elle serait donc forcée de dire la vérité à très peu de choses près pour ne pas totalement révéler sa main. Elle provoqua donc Matt avec une phrase facile. Puis, elle mentionna le père Noël, et changea juste d'un an, parce qu'elle y avait cru jusqu'à treize ans. Et parla d'un bisou, comme s'ils avaient deux ans et demi et qu'ils étaient en maternelle, mais là c'était à la fois une vérité et un mensonge, donc compliqué de trancher. "Bois pour le père Noël. Jusqu'à treize ans, yo." Elle avait un sourire fier.
Un sourire qui dura très peu de temps, parce que Matt s'approchait, et que les alarmes de la centrale nucléaire du corps de Lola sonnaient à toute baltringue. Alerte, alerte, alerte, alerte, en approche, alerte, alerte, alerte, alerte. Matt mit sa main sur la nuque de Lola, et déjà elle eut un frisson puissance mille, et puis il l'embrassa, et le système nerveux entier s'emballa, et ça ne dura qu'une seconde, mais l'empreinte de ses lèvres était là, irrémédiablement là, et Lola contint un sourire débile juste pour sauver la face. Du coup, elle prit la seule expression à laquelle elle pouvait penser - à savoir celle d'Anton Ego dans Ratatouille. Ce n'était pas le visage le plus approprié, mais elle faisait avec les moyens du bord pour ne pas se jeter sur Matt et l'embrasser de nouveau. Un peu de tenue.
Et, pour mieux assurer le tout, et parce que Lola avait bien mangé, elle s'allongea par terre, de son côté du pique-nique, protégée, le visage vers le ciel, tandis que Matt, assis à côté, tentait son mensonge ou vérité. "Je regarde pas mes selfies avant de dormir." Lola sourit : "Menteur." Elle se tourna vers lui pour savoir si elle devait boire ou pas. "J'ai une photo de toi enregistrée dans mon portable." Les yeux de Lola s'écarquillèrent avant qu'elle ne se rappelle le jeu. Elle se saisit du portable à la vitesse de la lumière et alla pour ouvrir l'album avant de freiner avec un crissement de pneus. "Attends, mais je vais pas trouver de photos nues de plein de filles là-dedans ?" Mais quelle vision de Matt as-tu, Lola ? Elle haussa les épaules, "Oh au pire, je te dirai lesquelles me plaisent", et commença à fouiller dans les photos, jusqu'à trouver la sienne, indeed. "Oh", eut-elle pour seule réponse, avant de zoomer sur la photo, s'examiner, et lui rendre le portable, satisfaite. "C'est une bonne photo. Et tu bois."
"Et t'en as une nouvelle de moi dans le mien." Non, il n'aurait pas eu le temps de liker ses photos, les télécharger, ET de prendre un selfie, si ? Non, il voulait juste regagner accès à son portable qu'elle avait rangé justement pour l'en tenir loin pour le restant de leur vie. "Menteur", jugea-t-elle encore. A ce rythme-là, c'était fou combien la sobriété allait durer peu de temps.
Une fois qu'elle eut bu son poison et punition, Lola reposa la tête sur le sol et regarda les étoiles qui pointaient. "T'as vu des comédies romantiques, Matt ?" Elle repensait à des scènes iconiques. "Le défi que je te lance est de recréer une scène de comédie romantique, là, comme ça, avec ce que t'as autour de toi. Le décor et le discours." Impress me, se disait-elle avec un sourire, mais il y avait un fond de vérité dans ce qu'elle lançait comme un jeu. Il y avait une envie, comme dessinée sur papier calque, de ressentir ceux qu'ils ressentaient, les personnages de ces films, d'embrasser comme ils embrassaient, de vivre comme ils vivaient - pleinement, sans peur. Et Matt et Lola n'étaient que peur, qu'ils recouvraient de plaisanteries, de jeux, de tous les mécanismes de défense possibles et imaginables. Et peut-être que ce qu'elle lui demandait, c'était d'utiliser un de ces mécanismes de défense - le spectaculaire, le grandiose, le solennel de la comédie romantique - pour y distiller de la sincérité, pour qu'ils se donnent un peu plus que des pas de côté.
- you know it's true:
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| | | | (#)Sam 7 Mar 2020 - 18:12 | |
| Il disparaît d'un coup d'un seul mon sourire d'idiot quand elle largue la sentence. "Bois pour le père Noël. Jusqu'à treize ans, yo." pfff, sérieux? Pour à peine 12 mois? Pour une maigre année? Je rage, je grommelle, je bois ouais, je raille aussi. « Ma pauvre, la révélation t'as pas trop traumatisée? » ma main tapote son bras avec condescendance et presque compréhension, l'alcool fort descend d'un trait d'un seul dans ma gorge.
"Attends, mais je vais pas trouver de photos nues de plein de filles là-dedans ?" elle fouille à travers mon portable quand j'allonge mes jambes une à la suite de l'autre sur le plaid. Les miettes de nos restes de food fight sans le fight sont encore là, mais en vrai on a bien géré et non elle trouvera pas de photos de filles nues. J'ai appris à force que mon téléphone devenait celui de mes soeurs, de mon frère, de mon cousin à la seconde où ils passaient au bar. Du coup, je sais me gérer tous, qui l'eut cru. "Oh au pire, je te dirai lesquelles me plaisent" mon sourcil se hausse, je me demande vaguement quel est son style, j'ai des idées et des références et je pense que j'arriverai à le définir mais faudrait quand même qu'elle m'aide à le faire et surtout qu'elle - "C'est une bonne photo. Et tu bois." bon, bah je bois.
"Menteur" pour le selfie? « Tu bois. » alors je m'étire par-dessus la couverture, alors je pique son propre portable maintenant qu'elle a délaissé le mien, lui affiche le résultat de ma tête d'idiot immortalisée pour elle avec le plus grand et le plus victorieux des sourires à la clé. Et j'attends, oh que j'attends, oh que je suis fourbe d'attendre, qu'elle boive à son tour comme si c'était la seule et unique confirmation que je suis le maître du monde et rien d'autre. "T'as vu des comédies romantiques, Matt ?"
Le truc avec Lola, c'est qu'elle a toujours un nouveau jeu à inventer. C'est qu'elle a la tête qui pense 3 coups d'avance et qu'encore une fois je me suis fait avoir quand elle est déjà prête à slalomer vers une nouvelle discussion et que je sens, que je sais de suite que ça sera aussi fun que risquée."Le défi que je te lance est de recréer une scène de comédie romantique, là, comme ça, avec ce que t'as autour de toi. Le décor et le discours." mon sourcil se hausse, mon sourire s'affiche, je pense, je fais référence à tous les films d'amour à l'eau de rose dont Pete m'a parlés après ses rencards avec Molly et à partir de là, j'improvise moi aussi. « Okay okay, attends attends, deux minutes. » j'inspire, exagère la mine sérieuse, me réinstalle au sol comme si je pouvais trouver une posture confortable à travers tout le reste. « Va falloir que tu m'aides pour ça parce qu'il me manque des éléments, je dois me préparer je prends ça au sérieux ton défi Lola on rigole pas. » c'est pas dit que je vais faire n'importe quoi non plus, j'ai une réputation à tenir, je m'investis pas pour rien, j'ai un égo aussi faut pas l'oublier.
« Ferme les yeux. » parce que comme ça, je garde l'effet de surprise jusqu'à la fin. « J'ai pas encore décidé si c'était une scène où il pleut, ou une où il neige. Les deux ont leur charme, tu me dis par contre si c'est l'un ou l'autre que j'adapte la fin. » avec la neige c'est sûr qu'on tend vers une déclaration d'amour belle et cheesy à souhait, on tend vers le discours à l'eau de rose qui pue le fromage et les belles promesses. La pluie elle, elle accompagne les scènes crève-coeur où on donne le tout pour le tout, en ayant plus de la moitié des votes du public contre nous parce qu'on a merdé. L'ambiance sera pas pareille. « C'est quoi notre background? On est des inconnus? On s'est cherchés pendant tout le film? C'est le premier ou le deuxième film de la série? C'est un spin-off? C'est qui, qui joue mon rôle? Et le tien? C'est quoi la chanson au générique du début? » et je la nois de questions comme elle a pris plaisir à me noyer d'alcool depuis le début de ses jeux sans règles sans limites. « Alors, il pleut ou il neige? » si elle met trop longtemps à choisir, je choisirai pour elle.
- i swear i do:
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| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 11:56 | |
| "Non, ce qui m'a traumatisée, c'est que pendant le reste du collège, on m'a surnommée Mère Noël." Lola soupira en secouant la tête, mais ne put retenir un sourire amusé : la maturité des collégiens n'était pas très élevée. Elle ne parla en revanche pas du fait que Charlotte et Patrick l'appelaient comme ça aussi à la maison, et que même ses cousins avaient fini par s'y mettre, et que Lola avait appris à soigneusement détester Noël. Quelque chose lui disait que le goût lui en reviendrait, quand elle aurait une vraie famille avec qui le fêter.
Ce qui était drôle avec Matt, c'est qu'il ne questionnait pas les règles des jeux. Il n'avait aucune raison de boire après qu'elle ait trouvé une photo d'elle dans son portable, mais il ne posait pas de questions, il s'exécutait. Tricher avec lui était d'une facilité extrême. Avec lui, elle sentait qu'elle avait le droit d'être une enfant de nouveau, avec cette même innocence, ce même sentiment de sécurité. Elle se dit - et la pensée fut si fulgurante qu'elle vint et partit sans qu'elle puisse s'attarder dessus - qu'elle n'aurait jamais peur avec Matt, jamais peur de Matt, que sa bienveillance était telle qu'elle serait toujours à l'aise. Oh, Lola.
"Tu bois." Hein ? Ah oui, le selfie. Elle était bonne joueuse, mais le sourire victorieux de Matt lui donnait tellement envie de dire que non, que c'était une erreur du jury, qu'il y avait eu incompréhension. Mais elle but. Et fit une grimace. Elle aurait vraiment dû apporter du jus de fruit.
Et puis Matt qui frétillait, qui acceptait son défi avec l'aisance d'un maître d'improvisation. Lola obéit et ferma les yeux, même si elle était extrêmement curieuse de comment il allait jouer à ce jeu-là. Elle attendit quelques secondes et se retrouva ensevelie sous une montagne de questions. Elle riait à n'en plus pouvoir, les yeux toujours fermés, allongée, et elle s'amusait, et c'était un moment parfait, et elle se dit que rien que ça, c'était de la comédie romantique, mais elle n'allait pas renoncer au défi lancé. Alors elle réfléchit à ses réponses.
"Il pleut. J'adore quand il pleut. Dans ces films, je veux dire. C'est toujours les meilleures scènes." Elle souriait à s'en décrocher la mâchoire parce que c'était tellement vrai et que même si Matt se moquait, ce serait gentiment, alors elle s'ouvrait, elle lui faisait confiance, c'était si rare. "C'est un film sans prequel et sans sequel. Un truc qui n'arrive qu'une fois. Ton acteur c'est Dave Franco. Et moi je suis jouée par la sublime, l'inimitable, l'unique Emma Roberts." (Attention, ça devient de plus en plus méta.) "La chanson du générique, c'est..." C'était une bonne question, ça. C'était délicat. Ca donnait le ton, le tempo. "Go Outside, des Cults."
Maintenant, pour l'histoire de leurs personnages. "On est deux personnages qui ont grandi ensemble et qui étaient amoureux l'un de l'autre sans le savoir pendant l'enfance et le collège. Mais les parents de la fille déménagent dans un autre pays, et ils se retrouvent séparés. Au début, ils maintiennent le contact, mais ça s'effrite. Et elle revient des années plus tard dans sa ville d'enfance, parce qu'elle a besoin de son acte de naissance, parce qu'elle va se marier. Et lui est célibataire parce qu'il sort d'une relation méga difficile où il a beaucoup souffert." Ca lui venait comme ça. Elle voyait tout. Les yeux fermés aidaient. Elle se demanda si Matt fermait les yeux aussi, ou si déjà il s'affairait pour tout mettre en place.
"Et ils se revoient. Et elle lui en veut, elle trouve que c'est lui qui n'a pas maintenu la communication. Et il lui en veut pour la même raison. Donc ils sont fâchés, ils ne se parlent pas, mais ils se croisent systématiquement, parce qu'ils ont toujours les mêmes potes en commun dans la ville, et parce que, mais oui, parce que lui bosse à la mairie. Voilà, c'est bien ça." Alors, en revanche, Lola, on t'a pas demandé un scénario, à un moment donné il va falloir la finir ton histoire. "Ils réussissent à redevenir amis, mais elle se rend compte très vite que c'est plus que ça, qu'elle a encore des sentiments pour lui. Ils passent beaucoup trop de temps ensemble. Et ils veulent vraiment que l'autre soit heureux, et lui n'oserait jamais gâcher ce qu'elle a, alors il ne dit rien, parce que lui aussi est de nouveau amoureux."
Il fallait le conflit final pour amener à la scène de la pluie. Lola réfléchissait. Le cerveau carburait. Le coeur aussi. Elle n'avait pas inventé d'histoires, comme ça, sur le pouce, depuis des décennies. Et ça lui faisait un bien fou. "Et bref, le jour où il veut enfin lui dire, il va chez elle, et c'est son fiancé à elle qui ouvre la porte, il est venu lui rendre une visite surprise. Et nos deux personnages se regardent, et ils savent pourquoi il est venu, mais rien, ils font semblant. Okay, et on arrive à notre moment. Pay attention. Elle part de la maison en trouvant un prétexte, genre je vais acheter du café pour demain, tu sais celui que t'aimes bien, et elle met la radio, et c'est Still Loving You, qui était leur chanson d'adolescence, et elle se met à pleurer, ça n'a aucun sens, et elle conduit sans faire exprès, sans s'en rendre compte, jusqu'à sa rue à lui. Elle se gare. Elle sort. Il pleut. Mais elle ne sonne pas. Elle ne frappe pas à la porte. Elle est juste là, à se demander comment c'est possible d'en être arrivée là et ce qu'elle va bien pouvoir faire. Et là c'est à toi."
Lola avait terriblement envie d'ouvrir les yeux juste pour boire quelques gorgées de gin ou de rhum ou de whisky ou de vodka, juste quelque chose pour hydrater le grand creux qu'elle ressentait soudain, d'avoir raconté des histoires d'amour imaginaires qui arrivaient à d'autres. A d'autres. Mais elle ne se laisserait pas aller à la mélancolie. Elle prit une profonde inspiration, et avec un sourire de nouveau joueur, demanda : "Ca va ? T'es pas trop en panique ?"
@Matt McGrath
- feeling like:
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| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 16:47 | |
| "Il pleut. J'adore quand il pleut. Dans ces films, je veux dire. C'est toujours les meilleures scènes." et merde il pleut, elle a choisi quand il pleut.
"C'est un film sans prequel et sans sequel. Un truc qui n'arrive qu'une fois. Ton acteur c'est Dave Franco. Et moi je suis jouée par la sublime, l'inimitable, l'unique Emma Roberts. La chanson du générique, c'est... Go Outside, des Cults." bonne chanson, bon choix d'acteurs, y'a juste un truc qui me chicote alors que je pouffe, que je replace divers items sur la nappe au sol quand au final j'improvise autant qu'elle le tout dans ma tête. « C'est pas juste, Dave est beaucoup plus petit que moi. » (NDLR : laissez-moi croire que Matt a au moins un ou deux centimètres de plus, thanks guys)
"On est deux personnages qui ont grandi ensemble et qui étaient amoureux l'un de l'autre sans le savoir pendant l'enfance et le collège. Mais les parents de la fille déménagent dans un autre pays, et ils se retrouvent séparés. Au début, ils maintiennent le contact, mais ça s'effrite. Et elle revient des années plus tard dans sa ville d'enfance, parce qu'elle a besoin de son acte de naissance, parce qu'elle va se marier. Et lui est célibataire parce qu'il sort d'une relation méga difficile où il a beaucoup souffert." oh Lola. Le pire là-dedans, c'est que je note tout ce qu'elle dit, que j'enregistre, que j'ai de la place dans ma tête pour tout mémoriser, que ça devrait me faire peur qu'elle sorte tout ça comme de rien, quand au contraire, la seule chose à laquelle je pense là c'est qu'on serait incroyables en duo dans une ligue d'impro. « Okay, le titre du film c'est un mot qu'ils avaient en commun. Genre un mot qu'ils ont inventés, c'était leur code qu'ils disaient quand ils étaient persuadés que leurs parents les écoutaient au téléphone. » je la laisse mariner, je marine aussi, j'essaie de faire des combinaisons dans ma tête mais tout ce qui remonte sonne bien plus comme des cris d'allemands rageurs ou des bruits qui suivent un éternuement. On en est encore loin.
"Et ils se revoient. Et elle lui en veut, elle trouve que c'est lui qui n'a pas maintenu la communication. Et il lui en veut pour la même raison. Donc ils sont fâchés, ils ne se parlent pas, mais ils se croisent systématiquement, parce qu'ils ont toujours les mêmes potes en commun dans la ville, et parce que, mais oui, parce que lui bosse à la mairie. Voilà, c'est bien ça." ouhhhhh, drame. Le gars et son égo, la fille et le sien, ça me fait penser à Lily et moi tout ça, et aux textos qu'on a recommencé à s'envoyer que récemment et c'est con de penser à ça comme si y'avait encore quoi que ce soit à sauver alors je bois une des bouteilles qui restent, en tends une à Lola même si elle a les yeux fermés et qu'elle parle sans s'arrêter, je suis pas impoli non plus. « La mairie c'est nul. Il va être jaloux d'elle parce qu'elle fait exactement ce qu'elle voulait faire de sa vie quand elle était gamine. Genre elle a un commerce, elle est fleuriste. Ou un resto? Ou alors elle est écrivaine. » j'avoue, j'avoue, le côté femme d'affaires ça vient me chercher, mais encore plus le clin d'oeil vers son imagination débordante qui devrait finir autant dans des livres que sur des toiles - ou apparemment, au cinéma hypothétique.
"Ils réussissent à redevenir amis, mais elle se rend compte très vite que c'est plus que ça, qu'elle a encore des sentiments pour lui. Ils passent beaucoup trop de temps ensemble. Et ils veulent vraiment que l'autre soit heureux, et lui n'oserait jamais gâcher ce qu'elle a, alors il ne dit rien, parce que lui aussi est de nouveau amoureux." elle est bonne, elle est douée, elle l'est vraiment quand je commence à me prendre d'affection pour nos alter egos et que je l'ai la scène. Je l'ai tellement que je jubile, que mon sourire grandit, que je suis presque déçu que ses paupières soient encore closes pour pas pouvoir voir l'air tellement satisfait que j'affiche et qui la ferait autant soupirer que sourire. Elle est belle, quand elle soupire/sourit. « Ils ont vraiment un problème avec la communication. » je souffle, amusé.
"Et bref, le jour où il veut enfin lui dire, il va chez elle, et c'est son fiancé à elle qui ouvre la porte, il est venu lui rendre une visite surprise. Et nos deux personnages se regardent, et ils savent pourquoi il est venu, mais rien, ils font semblant. Okay, et on arrive à notre moment. Pay attention. Elle part de la maison en trouvant un prétexte, genre je vais acheter du café pour demain, tu sais celui que t'aimes bien, et elle met la radio, et c'est Still Loving You, qui était leur chanson d'adolescence, et elle se met à pleurer, ça n'a aucun sens, et elle conduit sans faire exprès, sans s'en rendre compte, jusqu'à sa rue à lui. Elle se gare. Elle sort. Il pleut. Mais elle ne sonne pas. Elle ne frappe pas à la porte. Elle est juste là, à se demander comment c'est possible d'en être arrivée là et ce qu'elle va bien pouvoir faire. Et là c'est à toi." ma seule et unique question là, c'est de savoir si elle a réussi à respirer un nombre normal et sain de fois à travers tout ce monologue. "Ca va ? T'es pas trop en panique ?" moi je suis all good Lola. Et tes poumons, eux, ça va?
« Ok, prends ton téléphone. Bouge-toi sérieux, on a Emma et Dave à recoller là. » que je finis par conclure, attendant pas qu'elle le prenne quand elle a encore les yeux fermés. Ma paume le fait pour elle, lui place le combiné entre les doigts, lui ouvre même la sonnerie à plein volume pour rendre le tout encore plus intense pour les spectateurs qui nous regardent - aka les deux oiseaux qui grattent les restes de brownies et de bagels à quelques mètres, et le hobo qui ronfle de plus en plus fort sérieux dude y'en a qui travaillent ici.
Et je file. Je me tire, je vogue, je signale son numéro à elle, me place stratégiquement derrière le premier gros arbre à portée pour qu'elle ne me voit pas quand elle ouvrira enfin les yeux et qu'on se parlera qu'à partir du téléphone ; même si okay, elle risque d'entendre ma voix en double et que pour plusieurs il s'agit là d'un calvaire sans nom.
Elle décroche, j'ai inspiré juste avant, here we go.
« Je sais que t'es de l'autre côté de la porte, Emmmmmm-Amma, Ava? Anna? Anna. » okay, j'aurais vraiment dû la nommer avant de lancer mon plaidoyer, mais je me rattrape après, promis. « Mais j'ouvrirai pas tout de suite, parce que t'as pleuré et parce que c'est à cause de moi et parce que t'as pas le droit de pleurer à cause de moi, et j'ai encore moins le droit de te faire pleurer tout court. (okay va falloir dire aux scénaristes que ça se peut pas qu'il ait vu qu'elle a pleuré s'il est encore à l'intérieur de sa maison et qu'elle est dehors mais je pense que ça fait du sens avec la suite stay with me mais on a un plothole déjà va falloir régler ça en post-prod.) » si elle est capable de faire des monologues de mille mots la minute, moi aussi. J'ai un orgueil de gagnant à défendre, voyez-vous. « Ça aurait pas dû se passer comme ça. » on y va avec le capital de drame, on y va avec Dave et ses 4 centimètres de plus (oui, j'en ajoute au fur et à mesure) qui se repentent. « Ça aurait dû être moi, devant chez toi, y'a des années de ça. » c'est là où la chanson en trame sonore prend en intensité, c'est là où elle devrait savoir que le pire (meilleur) est à venir. « Et des appels y'auraient dû en avoir des dizaines de milliers de plus (ouais non le gars est clairement pas au courant que ça lui coûterait vraiment moins cher de juste penser à Skype ou même Facetime, un forfait données wifi c'est rien mais des appels à travers le pays ça par contre ça pèse). » va falloir que je trouve un moyen de pas casser mon rôle à chaque fois que j'ai des notes à lui faire et à lui donner, mais voilà, ça roule vite dans ma tête, je doute pas que ça roule aussi vite dans la sienne. « Mais pas des appels comme ceux-là. Un appel comme ça, y'en aurait eu que un et un seul. » dam, dam, dammmmm, la pluie prend en vigueur là, elle doit geler sur le pallier la pauvre. « Je vais ouvrir la porte Ava-Annnna. » dans les faits il devrait surtout aller lui chercher une serviette, des Doliprane et un chocolat chaud, pour lui éviter un rhume. « Et t'as le droit d'être partie. T'as le droit de me gifler. T'as le droit de refuser. T'as le droit de repartir sans plus jamais regarder derrière parce qu'il est trop tard, t'as le droit de raccrocher. » ouh, c'est le signal pour que le plan de caméra zoom sur elle, avant de la lâcher jusqu'à la dernière seconde pour qu'on sache pas si elle est restée ou non. « Mais je vais ouvrir la porte et je vais vouloir t'embrasser. » all in le gars, il y va all in. « (Sauf que là je sais pas comment jouer l'ouverture de la porte parce que c'est genre un arbre mais oh well, comment on fait pour imaginer que la penture grince là?) » presque all in quand même, parce que côté logistique c'est pas top.
- i mean:
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| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 19:06 | |
| "C'est pas juste, Dave est beaucoup plus petit que moi." Lola rit, car elle en était encore à un stade où c'était possible, encore à un moment où c'était drôle. C'était après que ça allait corser. Dans quelques minutes. Dans très peu de temps. La bombe était si proche de détoner, et Lola et Matt auraient dû le savoir, l'anticiper, mais ce que vous voyez, ce sont deux enfants en train de jouer, deux enfants en train de faire semblant, deux enfants qui se prennent à leur propre spectacle, qui endossent des rôles qu'ils aimeraient peut-être avoir, finalement. Deux enfants sous la pluie.
"Okay, le titre du film c'est un mot qu'ils avaient en commun. Genre un mot qu'ils ont inventés, c'était leur code qu'ils disaient quand ils étaient persuadés que leurs parents les écoutaient au téléphone." Lola sourit de toutes ses dents. Elle se demanda si Matt la regardait sourire. Elle se demanda s'il savait à quel point elle commençait à être émue. C'était une bonne idée, c'était une si bonne idée, elle aurait aimé l'avoir mais elle était bouleversée qu'il l'ait eue, ils inventaient un monde, ils créaient une histoire, et chacun y apportait un peu de magie, et Lola était transportée. "Renard", lâcha-t-elle d'une voix qu'elle voulut nonchalante. Le renard du petit prince, celui qui lui enseignait l'amour et l'amitié, l'affection et la loyauté, l'importance d'un seul être, unique au monde, comme la couleur des champs de blé.
"La mairie c'est nul. Il va être jaloux d'elle parce qu'elle fait exactement ce qu'elle voulait faire de sa vie quand elle était gamine. Genre elle a un commerce, elle est fleuriste. Ou un resto? Ou alors elle est écrivaine." Matt était vraiment là, rentrait dans le jeu, il voyait tout lui aussi, et Lola se sentait moins seule, moins freaky. Plus le récit avançait, plus ils entraient dans une bulle imaginaire dont eux seuls avaient les clés. Les yeux toujours fermés, elle se passa la main sur le front, à moitié pour être sûre qu'elle était bien là, à moitié pour sentir si elle avait de la fièvre et si tout cela était une hallucination très bien développée par un inconscient exigeant. "Elle a un cabinet de vétérinaires. Elle se spécialise dans le soin donné aux renards", répondit-elle, puisque chaque élément qu'ils se donnaient venait s'ajouter aux autres, puisque les personnages gagnaient en profondeur, puis la femme du film, Anna donc, parce que Dieu aime beaucoup faire des plaisanteries, Anna avait toujours gardé une affection profonde pour les renards, et que chaque fois que quelqu'un prononçait le mot, ça la ramenait un peu à lui, à lui qui s'appelait comment d'ailleurs, qui s'appelait Damian.
"Ils ont vraiment un problème avec la communication." Lola l'entendait, le sourire dans la voix de Matt, et elle souriait aussi, beaucoup trop, de façon de moins en moins contrôlée, de plus en plus sincère. "C'est ça le drame des relations humaines et de l'amour. Les gens ne savent plus communiquer. C'est pour ça que c'est un film qui n'aura pas de suite. On veut garder la magie du moment et pas se perdre de nouveau dans des incompréhensions." Est-ce qu'elle parlait encore du film ? Ou est-ce qu'elle essayait désespérément de se convaincre que ce ne serait qu'un date, que ce ne serait que cela, que cette soirée au bord du fleuve, avec le pique-nique, que Matt et Lola ce serait une virée exceptionnelle et magique qui ne connaîtrait pas de suite ?
"Ok, prends ton téléphone. Bouge-toi sérieux, on a Emma et Dave à recoller là." Son téléphone ? Il était où ? Lola allait commencer à tâtonner mais Matt le lui donna, et leurs mains s'effleurèrent une demi-seconde, vraiment un rien, et Lola dut faire un effort conscient et réel pour ne pas ouvrir les yeux, se redresser, et l'embrasser sur-le-champ, rien que parce qu'il prenait tout cela au sérieux, qu'il l'avait écoutée sans se moquer, qu'il avait posé les questions, ajouté des idées. Elle se tint tranquille, et attendit avec le téléphone tandis qu'il s'éloignait. Et s'il la laissait là, tout simplement ? Mais la sonnerie retentit à une puissance sonore qui la fit sursauter et la ramena un peu sur Terre. Elle décrocha. Il n'était plus là, plus juste à côté. Elle se posa en tailleur face à l'eau, ouvrit très, très lentement les yeux, se concentra sur les reflets sur l'eau, tout en écoutant sa voix.
"Je sais que t'es de l'autre côté de la porte, Emmmmmm-Amma, Ava? Anna? Anna." Lola eut un rire qu'elle voulut le plus silencieux du monde. Elle ne comptait pas interrompre ce monologue une seule fois. Elle voulait entendre la tirade. Elle voulait voir si peut-être Matt y mettrait de la vérité, un peu des émotions qu'elle ressentait là, tout de suite, ici. "Mais j'ouvrirai pas tout de suite, parce que t'as pleuré et parce que c'est à cause de moi et parce que t'as pas le droit de pleurer à cause de moi, et j'ai encore moins le droit de te faire pleurer tout court. (okay va falloir dire aux scénaristes que ça se peut pas qu'il ait vu qu'elle a pleuré s'il est encore à l'intérieur de sa maison et qu'elle est dehors mais je pense que ça fait du sens avec la suite stay with me mais on a un plothole déjà va falloir régler ça en post-prod.)" Le rire de Lola se fit plus sonore, cette fois-ci, et elle mit sa main sur sa bouche. Elle avait tellement envie de chercher Matt des yeux, mais non, ce ne serait pas fair, elle attendrait.
"Ça aurait pas dû se passer comme ça. Ça aurait dû être moi, devant chez toi, y'a des années de ça." Lola tenta de prendre une profonde inspiration, mais l'air s'était bloqué dans ses poumons. Elle le sentait. Il se passait quelque chose. Comment un sentiment pouvait être aussi réel alors que la situation était inventée ? Pourquoi ressentait-elle comme un tournis, comme un vertige ? "Et des appels y'auraient dû en avoir des dizaines de milliers de plus (ouais non le gars est clairement pas au courant que ça lui coûterait vraiment moins cher de juste penser à Skype ou même Facetime, un forfait données wifi c'est rien mais des appels à travers le pays ça par contre ça pèse)." Heureusement qu'il faisait des pauses. Heureusement qu'il faisait des parenthèses. Pour qu'elle se reprenne.
"Mais pas des appels comme ceux-là. Un appel comme ça, y'en aurait eu que un et un seul. Je vais ouvrir la porte Ava-Annnna. Et t'as le droit d'être partie. T'as le droit de me gifler. T'as le droit de refuser. T'as le droit de repartir sans plus jamais regarder derrière parce qu'il est trop tard, t'as le droit de raccrocher. Mais je vais ouvrir la porte et je vais vouloir t'embrasser." Lola avait fermé les yeux de nouveau. Elle voyait la porte. Elle voyait la rue. Elle sentait la pluie sur son visage. Elle avait la fucking chair de poule dans la vraie vie, là, face au fleuve. Elle savait que la porte allait s'ouvrir et son coeur battait à tout rompre parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle devait faire, parce que son fiancé était à la maison, mais que l'homme qu'elle aimait était là, de l'autre côté, devait-elle partir ou rester, serait-elle capable de partir, comment passer une vie en sachant qu'ils s'aimaient l'un et l'autre et que - "(Sauf que là je sais pas comment jouer l'ouverture de la porte parce que c'est genre un arbre mais oh well, comment on fait pour imaginer que la penture grince là?)"
Matt était derrière l'arbre. Matt était derrière l'arbre. Matt était derrière l'arbre.
Lola prit une profonde inspiration et rouvrit les yeux. "Bouge pas, j'ai une idée." Elle se releva et se retourna. Elle le voyait, l'imbécile, caché là-bas, si près et si loin. Il y avait quelques pas entre eux : un monde, un rien. Elle ne savait pas pourquoi elle avait autant peur d'y aller, de traverser. Ils s'étaient déjà embrassés pendant la soirée, alors pourquoi sentait-elle que ça n'avait rien à voir ? Que le baiser d'avant et le baiser d'après ne seraient pas pareils ? Pourquoi avait-elle à ce point-là envie de s'enfuir et de ne plus jamais revenir à la galerie pour ne plus voir un McGrath ever, parce que c'était quoi cette famille, que des émotions, que du feels, d'où ça sortait les gens comme ça, pourquoi ça tombait sur elle, pourquoi était-elle aussi émue, pourquoi ne pouvait-elle pas avancer d'un pouce ? "J'arrive, hein, j'ai un tout petit problème technique, locomoteur, électroménager, je ne sais pas ce que je dis." Elle était exactement au même endroit. Debout. Chancelante. La maîtresse du jeu était confuse, surprise. C'était ce qu'elle avait demandé. Et pourtant.
Le visage de Matt apparut à côté de l'arbre. Il la regardait. Ce qui fait sens parce qu'elle n'avait toujours pas bougé, et qu'il n'y avait pas tant de distance entre eux. "La porte est entre nous. Pile au milieu. Tu la vois ? Elle est en bois, elle est vert foncé." Lola se l'imaginait, ça commençait à aller mieux, la visualisation. "Il fait nuit dehors. Il pleut. Chez toi, il y a une lumière douce, un peu orangée, c'est ça qui va nous éclairer quand tu auras ouvert la porte. Elle est fermée pour le moment." Il allait devoir la mimer. L'absurdité et l'étrangeté d'un tel jeu. Dans quoi s'étaient-ils lancés ? "La poignée de ton côté est couleur argentée. Elle est un peu froide au toucher, mais sèche. Elle se descend d'un mouvement simple de la main. Tu n'as pas fermé ta porte à clé donc t'as juste à descendre la poignée." Lola fit un pas en avant, puis un autre, puis un autre, et elle se trouva au milieu, devant la porte. Et elle tenait son téléphone près de son oreille, et Matt aussi, et ça n'avait aucun sens, parce qu'ils étaient là, tous les deux, ils s'entendaient, comme les personnages du film.
"T'as juste à descendre la poignée", répéta-t-elle, parce qu'elle ne parlait plus du film, parce que s'il ouvrait la porte, ils allaient s'embrasser, et il valait mieux qu'il s'enfuie, qu'il prenne ses jambes à son cou, qu'il ne fasse surtout pas l'erreur de lancer quelque chose qui n'avait pas de nom, qui n'avait pas de réalité, de point d'ancrage. C'était une nuit sans suite, Lola le savait, elle savait qu'ils n'étaient pas faits pour être un happily ever after, contrairement à ce film qui la remuait beaucoup trop, plus jamais elle ne ferait d'improvisation, quelle idée, mais quelle idée. C'était une nuit sans suite, Lola voulait s'en convaincre, mais s'il descendait la poignée, qu'est-ce que ça voudrait dire, parce que la porte serait ouverte, et il n'y aurait plus de distance, y en avait-il une déjà, alors qu'elle se tenait, vulnérable, sans défense, exactement entre les deux, derrière une porte imaginaire qu'ils avaient inventée, qu'ils avaient acceptée comme faisant partie du monde maintenant, et elle ne pourrait plus jamais revenir sur cette rive sans voir cette porte, elle ferait toujours partie du décor, elle entendrait toujours la pluie si elle se baladait là, elle la sentirait, et ce serait un lieu éternellement de nuit, et si elle voyait l'intérieur de la maison, il y aurait aussi la lumière, les textures, le tapis qu'elle voyait là dans l'entrée, la photo en noir et blanc sur le mur, elle ne voyait pas ce que ça représentait, parce que la porte était fermée, mais s'il ouvrait la porte, qu'en serait-il de Lola et Matt ?
T'as juste à descendre la poignée.
@Matt McGrath
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