"Bouge pas, j'ai une idée." mais j'ai pas prévu bouger c'est ça le truc, mes pieds ils sont scotchés au sol et elle elle fait un vacarme à se relever quand je savais même pas qu'on avait des trucs qui faisaient du bruit là c'est juste bizarre que ça lui prenne autant de temps et ça me stresse pourquoi j'ai les mains moites déjà? « Tu casses mon MOMENTUM Lolaaaaa. » alors je me moque, alors je fais n'importe quoi d'autre, alors je suis une plaie mais qui ça étonne en vrai. "J'arrive, hein, j'ai un tout petit problème technique, locomoteur, électroménager, je ne sais pas ce que je dis." « Grouille sinon tu vas attraper un pseudo-rhume là. » parce qu'il pleut. Parce qu'elle est dehors et moi à l'intérieur. Parce qu'on est pas au bord du fleuve et que le soleil est pas hyper chaud et parce que la météo est pas vraiment clémente. Guys, on suit.

Sa voix se rapproche, elle se rapproche elle aussi. "La porte est entre nous. Pile au milieu. Tu la vois ? Elle est en bois, elle est vert foncé." vert c'est cool comme couleur, en plus les feuilles de l'arbre au-dessus de nos têtes elles sont pile la même teinte du coup c'est facile pour les plus visuels d'entre nous - ta gueule Matt, écoute. "Il fait nuit dehors. Il pleut. Chez toi, il y a une lumière douce, un peu orangée, c'est ça qui va nous éclairer quand tu auras ouvert la porte. Elle est fermée pour le moment." quand tu auras ouvert la porte. Je sais pas pourquoi ça me fait tiquer, je sais pas pourquoi mes sourcils se froncent, je sais pas pourquoi je rage un brin pas trop juste assez, qu'elle dise "quand tu auras" au lieu de "quand tu vas". "La poignée de ton côté est couleur argentée. Elle est un peu froide au toucher, mais sèche. Elle se descend d'un mouvement simple de la main. Tu n'as pas fermé ta porte à clé donc t'as juste à descendre la poignée."

T'as juste à descendre la poignée.
"T'as juste à descendre la poignée"

** NDLR : Ça va, c'est bon les gars, on a compris, y'a un truc avec la poignée, y'a un double sens, y'a une métaphore, y'a quelque chose de plus derrière un truc si simple, un truc si évident, un truc si sorti de nulle part aussi parce que non y'a pas de porte ni de poignée ni de scène ni de film et ça devient lourd là d'imaginer quand y'a rien de tangible autre que deux idiots qui se sourient un peu trop sans se voir, un tronc d'arbre et deux trois écureuils qui grimpent dans les branches sans savoir ce qui se passe au sol. Poursuivons. **

« Okay je vais t'embrasser là. » je l'ai déjà averti pour lui, le Dave Franco plus petit que moi du dans la scène LA scène,  là je l'avertis pour moi, pour nous. « Mais genre, c'est parce que c'est la fin du film. » c'est une précision qui sert absolument à rien et c'est pour ça que direct lorsque je l'ajoute je roule des yeux, je soupire en silence. C'est risqué  parce qu'elle bosse avec Gin, parce qu'elle traîne avec Jill, c'est risqué parce que son truc de poignée je suis sûr qu'elle veut dire autre chose ou du moins j'ai envie qu'elle veuille dire autre chose mais je sais pas encore à quel niveau c'est autorisé. « Pas parce que c'est la fin du date. » oh Matt, t'es lourd, t'es si lourd. « C'est un date ou pas finalement, on a jamais statué? » okay là tu viens d'atteindre un nouveau niveau de lourdeur en vrai mon gars.

« C'est bon, je tourne la poignée. » si j'arrêtais de l'avertir à chaque geste, ça serait bien. « Wait, pourquoi on la tourne pas en même temps, on pourrait faire un film qui met de l'avant l'égalité et ok, c'est bon j'me la ferme je tourne. » si j'arrêtais de dire 40 mots et 40 autres avant d'agir aussi, ça serait bien.

Et si je faisais la bonne chose aussi, le truc respectable et mature, ça serait tout aussi bien.
Genre embrasser son front au lieu de l'embrasser elle.
Genre poser mes lèvres, là, entre ses deux sourcils froncés plus par stress que par dédain. Omg je fais quoi si elle a du dédain?

j'ai pas d'âme: