Elizabeth mise beaucoup sur ces auditions, sur ce rôle. Elle y a mis toute son énergie ces dernières semaines et sûrement que le rôle lui a permis aussi de garder la tête hors de l’eau alors qu’elle est en pleine thérapie pour se sevrer. Si le résultat se révèle négatif, elle ne sait pas vraiment comment elle pourrait réagir. Comme si son dernier espoir se retrouve anéanti. Clairement, c’est le rôle de la dernière chance à ce stade-là. « J’espère, Heather, j’espère. La perspective de ces auditions m’a clairement aidé à me sentir mieux ces dernières semaines donc j’espère que quelque chose en ressortira. Sinon, je crois que ça sera un signe définitif pour que j’arrête de m’acharner à essayer de revenir dans ce monde-là. » En tout cas, en tant qu’actrice. « Ma foi, Remi se plaint de trop me voir, tu te rappelles ? J’avais tellement l’habitude de voyager qu’elle avait l’habitude de me voir qu’une fois toutes les quatre semaines quasiment. Du coup, ça rappellera le bon vieux temps. » Celui où elle avait encore assez d’argent pour se mettre de faire le tour du monde.
Lizzie éclate d’un rire franc qui a la capacité de la détendre deux secondes. « Oh je dois me faire un mémo pour aller voir ça dès que je peux. Je suis sûre que ça doit en valoir le détour. Par contre, plein de mini toi, non merci, j’espère que les enfants vont arrêter. La version originale est bien suffisante. » Elle se pince les lèvres avant de sourire. « Au moins, cette nouvelle série pourra montrer que t’es capable de bien plus que d’être une potiche chez Disney. » Une bonne chose en tout point de vu.
Attablées au bar, Elizabeth papillonne des cils. « Je mettrai la dose de parfum nécessaire. » Avant de trinquer avec énergie son verre contre celui d’Heather et de boire son verre. « Evidemment que non, sois pas stupide. Mais tu veux vraiment rester avec tes murs tristes et ton ambiance sans vie ? » Elle qui aime les couleurs et le bazar, l’appartement d’Heather la déprime totalement. Elle secoue un doigt. « Je m’auto proclame le Sam de la soirée, Disney. Tu ne me verras pas dans le même état que la dernière fois. J’ai appris de mes erreurs, madame. » Plus jamais elle ne laissera Heather la surprendre dans une telle humiliation.
Si Lizzie espère être prise pour relancer sa carrière, Heather espère que cette série lui permettra de faire passer sa carrière à un autre niveau. Chacune a besoin de cette série pour leur vie professionnelle mais pas pour les même raisons. Des deux l’anglaise est la mieux loti et elle le sait, même si cette série ne marche pas, elle se débrouillera toujours pour trouver autre chose. Que ce soit à Brisbane ou à Los Angeles et puis il y’a toujours l’appuie Disney derrière, qui sait, ils lui proposeront peut-être un rôle qu’elle rêve de jouer. Après tout elle adorerait jouer dans un film Marvel et il faut dire qu’elle a joué dans la bonne écurie pour ça. Enfin avant de voir grand et loin, il faut se concentrer sur le présent. Heather grimace en entendant son amie lui expliquer que si cette fois ce n’est pas la bonne, elle arrête tout. C’est un monde qui nous bouffe et la jeune femme ne sait pas depuis combien de temps son amie ne fait plus rien du tout mais elle peut comprendre sa lassitude.
- Je peux comprendre mais il ne faut pas que tu lâches l’affaire on sait jamais ! D’ailleurs tu n’as jamais tenté de jouer au théâtre si jamais ça ne marche pas ? Tu as déjà un pied dedans en étant costumière et puis je suis certaine que tu joues aussi bien que la troupe du théatre auquel tu bosses. La sensation n'est pas la même que jouer pour une série ou un film mais certain préfère ça même. Et j’avais oublié pour Remi, effectivement ça vous rappellera le vieux temps Pour elle, le théâtre avait toujours un peu rimé avec le fait de ne plus du tout être bon pour le grand ou petit écran. A ses yeux c’était généralement les gens qui étaient en fin de carrière ou qui n’arrivait pas à sortir assez du lot pour arriver à finir sur les plateaux. Mais elle savait que de jouer devant un public en direct était une toute autre expérience et que certain acteur même pas mauvais finissait par y prendre goût. Cela rendait curieuse Heather de savoir pourquoi Lizzie n’avait jamais tenté au lieu de rester dans l’ombre des coulisses. Bêtement elle avoua à la jeune femme, qu’elle avait fait lors de sa période Disney quelques concerts, qui était qui plus est, très facile à trouver sur Youtube. Evidemment l’autre femme ne se priva pas de lui dire qu’elle irait voir ça plus tard.
- Franchement ne t’embête pas à chercher, ça ne vaut pas le coup. Elle fit un signe avec la main pour dire non. Hey qu’est-ce que tu as contre des mini moi, elles sont toutes mignonnes mais ne t’inquiète pas personne ne peut égaler l’originale. Je pense que ça va bien relancer le délire de la série, j’en ai pas fini encore.
Et c’était bien ça dont elle avait peur, de l’avoir encore collé à la peau. La jeune femme n’avait rien contre ses fans au contraire mais le fait de se faire appeler Kimberley dans la rue et que par automatisme elle se retourne, ne lui plaisait pas.
- Exactement ! Et c’est le but donc elle a intérêt à marcher.
Une fois au bar, Heather se marra en écoutant Lizzie lui parler de parfum puis trinqua avec elle. Elle roula des yeux lorsque Lizzie lui parla de la décoration de son appartement. La brune n’imaginait pas que cela l’avait autant traumatisé quand elle était venue. Surtout que à l’époque Heather s’en fichait car elle ne pensait pas rester. Elle ne voyait pas l’intérêt de perdre du temps à la décoration.
- Mais oui mon appartement sera un peu plus décoré à mon retour. Tu veux que je t’envoie des photos de ma maison à Los Angeles pour te prouver que je décore là où j’habite ? A la base je n’étais pas censée rester longtemps.
Mais elle s’était prise d’affection pour Brisbane et n’avait pas du tout était contre le fait de faire une série ici. Si elle apprécia de partager un verre avec son amie, elle s’offusqua lorsque celle-ci lui expliqua qu’elle ne boirait pas ce soir. Certes elle payerait beaucoup pour revoir Lizzie comme la dernière fois car au fond elle l’avait bien fait marré, c’était juste l’heure qui l’avait emmerdé. Surtout qu’elle n’allait pas célébrer un rôle en buvant du jus de pomme, il fallait arrêter les conneries deux secondes.
- Je te demande pas de finir torché comme la dernière fois mais tu ne vas pas célébrer si jamais c’est le cas avec un jus de fruit. Lizzie je sais que tu fais parfois des trucs étranges mais là il ne faut pas déconner. Parce que tu crois que de mon côté je vais m’afficher devant toi pour que tu puisses avoir des dossiers ?
Elizabeth est presque surprise de voir Heather la supporter autant. Elle n’est pas habituée à avoir autant de positivité à son encontre de la part de sa meilleure ennemie. C’est une situation assez inédite et peut-être que le fait qu’elles viennent de s’unir contre une équipe pour atteindre leur but respectif a ouvert une voie non négligeable sur un terrain commun. En tout cas, la brune a un sourcil qui s’arque automatiquement devant l’entrain d’Heather. « Voilà des années que je ne lâche pas l’affaire. Mais t’es bien placée pour savoir que ce n’est jamais si facile que ça. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas, qui ne s’accorde pas. C’est frustrant à force. J’ai l’impression de tourner en rond, de ne réussir à rien et au final, de perdre mon temps. » Ce qui est purement le cas. Qu’elle tourne en rond, qu’elle n’arrive pas à trouver le petit truc en plus. « Comme je suis rentrée dans le métier gamine, j’ignore ce que l’adulte doit faire pour y arriver de nouveau. Le théâtre, c’est différent. C’est vrai que ça a l’air grisant parce que tu as les sensations du public en direct. Tu as leurs applaudissements dès que tu as fini. » Mais elle hausse les épaules. « Mais ce n’est pas pour moi, les planches. Je préfère la sécurité de la caméra. Des multiples prises. » Voilà son insécurité qui revient au galop. Il n’y a pas à dire, elle est un cas désespéré.
Il a fallu qu’Heather crache un morceau inattendu et Lizzie contient tout son sang froid pour ne pas aller fouiller son sac à la recherche de son téléphone pour aller regarder les vidéos directement. « Je suis sûre que si ! » Elle, elle ne manque jamais une occasion pour trouver ses failles, pourquoi elle ne pourrait pas faire pareil ? « J’espère bien, une seule toi est déjà assez prise de tête comme ça. » Des mini Heathers partout, à râler, à faire des caprices, à être chiante, Lizzie en a l’échine qui se courbe et qui frémit.
Le premier verre ingurgité et la demoiselle fit une moue moqueuse aux paroles d’Heather. « Oui, montre-moi qu’il y a une âme qui vit quelque part sous cet amas de coloration et de sourire à la blancheur parfaite. Maintenant que tu vas rester plus longtemps, tu te dois d’avoir un chez-toi plus toi. » Brisbane n’a pas que des mauvais côtés, après tout. Lizzie aussi va sûrement rester plus longtemps que prévu, finalement. « Je peux tester tous les cocktails non alcoolisés de la carte, ils ont l’air tous très sympas. Ce n’est pas un truc étrange, Heather, c’est être responsable. Mais je ne m’attends pas à ce que tu connaisses ce mot, je t’enverrai sa définition par message, si tu veux. » La jolie brune hausse ses sourcils, amusée, avant de pointer son doigt. « C’est exactement ce que tu vas faire parce que tu ne résistes pas à une tournée, Disney, c’est un fait. Et dans deux heures, je vais te retrouver en plein karaoké en train de nous détruire les tympans dans un remix d’ABBA. Et puis, la soirée peut être longue le temps qu’ils se décident, ces bougres. J’ai besoin d’avoir les esprits clairs quand ils rendront leur verdict. » Et ça, c’est un fait sur lequel elle restera intransigeante.
Il est vrai qu’Heather contrairement à son habitude était plutôt un peu trop gentille envers Lizzie. Elle était plus du genre à lui lancer des piques sur sa carrière mais cette fois le sujet était plus sérieux. Surtout qu’elle comprenait ce que pouvait être l’envie d’arrêter et de se dire que c’est trop dur, malgré tout la jeune femme restait son amie. Même si elle ne voulait pas que sa carrière dépasse la sienne, ce n’était pas pour autant qu’elle voulait qu’elle lâche tout. Il y’avait aussi la possibilité qu’Heather pouvait se montrer supportrice car elle savait que de toute façon, niveau professionnelle, elle avait bien plus d’avance que Lizzie et qu’elle ne risquait pas grand-chose. Au final le boulot était quelques choses de très important pour l’actrice et se moquer alors que Lizzie lui explique qu’elle est à deux doigts de tout quitter, ne lui semble pas une activité très amusante. Juste une situation dans laquelle, elle se reconnait.
- Oui je sais que c’est hyper frustrant et quand tu rentres dans la salle d’attente, tu as 36 nanas qui ont exactement la même tête que toi. C’est hyper frustrant et mauvais pour l’égo mais t’as réussi une fois, tu peux réussir une autre fois. Regarde même si tu n’es pas prise là, tu as quand même était dans les dernières et ce n’est pas rien.
Puis elle lui parle du théâtre, qui peut être une option si jamais la caméra ne veut définitivement plus d’elle, c’est une autre expérience mais le cœur du métier reste le même. L’actrice ne comprend même pas pourquoi le théâtre où joue Lizzie ne lui a pas déjà proposé. C’était toujours un point positif d’avoir une tête d’affiche qui a joué dans un film ou une série à succès au public. Certes la série de Potter commençait à dater mais il y’avait toujours des nostalgiques, elle était bien placée pour le savoir. Quand elle lui parla d’être rentrée dans le milieu jeune, Harris ne pouvait faire que le rapprochement avec sa carrière à elle. Finalement elles avaient un début de parcours très similaire, juste que Heather avait surement plus de talents et avait eu un bon agent pour l’aider à se faire sa place dans le milieu.
- Ouais je sais que si j’avais eu une longue pause aussi, j’aurais été dans la même galère que toi. Mais de ce qui est pour le théâtre ça peut être bien aussi, à la limite il faut se dire que c’est comme si tu tournais un long plan-séquence.
Leur discussion un peu sérieuse se termina avec un rajout de dossier à son encontre, Heather ne dit rien mais elle savait que Lizzie dès qu’elle aurait la possibilité, se jetterais sur internet pour chercher un concert qu’elle avait fait quand elle était môme. L’horreur, un des inconvénients d’internet c’était que lorsqu’on était une célébrité, les trucs qu’on trouvait embarrassant y seraient dessus pour toujours. Elle secoua la tête pour confirmer son propos sur le fait que cela ne valait pas le coup, c’était mensonge bien honteux car elle savait que cela valait de l’or pour l’emmerder. Elle lâcha un petit « pfff » quand elle parlait qu’une seule suffisait largement.
- Je suis certaine que tu t’ennuierais sans moi maintenant. Que ce soit vrai ou faux elle s’en fichait un peu c’était manière d’imposer le fait que ça présence n’était pas si terrible que ça. Avec un premier verre en main, elle se prit de nouveau dans les dents, le vide qu’était son appartement à Brisbane. Franchement la décoration d’un lieu était importante mais pas à ce point-là et puis elle n’avait pas trop de patience. Elle regarda ses cheveux teints en brun en grimaçant et rouspéta en reprenant la parole.
- Ouais je sais, cette couleur de cheveux ne me va pas trop, il me tarde de pouvoir repasser au blond ou à ma couleur naturelle. Mais oui je décorerais et je te montrerais car je sens que tu vas m’envoyer 36 pages printerest pour me « donner » des idées sinon.
Elle roula des yeux en prenant une gorgée de son verre tout en maudissant le fait qu’elle avait envie de boire et que Lizzie s’était prise d’une conscience à être le sam de ce soir. Qu’est ce qu’elle pouvait ne pas être drôle quand même, pour une fois qu’elle avait quelques soirées de libre, il fallait que sa partenaire du soir ne veuille pas faire la fête. Puis elle la fusilla du regard en parlant du fait qu’elle n’était pas capable de résister à un verre et qu’elle chanterait du ABBA. Elle ne lui permettait pas l’afficher comme ça et puis c’était faux, elle n’avait pas une tête à chanter ce genre de chanson.
- Je peux être responsable quand je veux. Dit-elle d’un ton boudeur. Je respecte certaine règles à ne pas briser en soirée ! Mais franchement tu n’es pas drôle, tu peux mélanger des jus de fruits chez toi si t’as envie. Et je ne te permets pas, je peux résister si le cœur m’en dit, tu serais surprises. Et j’ai de meilleurs goûts que de chanter du ABBA en karaoké, je me respecte un minimum. Donc si je comprends bien, tu veux juste être sobre jusqu’à l’annonce ? Après on peut se lâcher ! Elle lui fit un sourire taquin et amusée, si elle croyait qu’elle allait la laisser s’en tirer comme ça, elle se trompait.
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