À tous ceux qui pourraient s’insurger de l’exploitation d’enfant que s’apprête à faire Alfie peuvent se calmer face aux arguments du trentenaire ; pour lui il ne s’agit pas de cela, tout simplement parce que la petite fille ayant le même âge mental que les deux adultes, elle prendra sûrement autant de plaisir qu’eux à participer à la conception de cette future fusée. Et dans le cas contraire, qu’elle n’oublie pas qu’elle est nourrie, logée et qu’Alfie se coltine tous les mercredis mercerie avec les mères de certains de ses camarades – rien que pour ce dernier sacrifice elle a un devoir de reconnaissance envers lui et s’il décide d’utiliser une main d’œuvre pas chère, elle n’a pas vraiment son mot à dire. Pire encore, il agit en véritable dictature en envisageant d’imposer la variété de fleurs qu’Anabel se devra de dessiner sur la fusée en question. Si à l’origine l’apprentissage des chrysanthèmes vise à causer une crise cardiaque aux grands-parents de la petite pour justifier de leur en apporter des vrais, dans ce cas de figure il s’agit surtout d’un humour noir parfaitement assumé de la part d’Alfie, qui rit tout seul à l’idée d’afficher de telles fleurs tandis qu’il voyage dans l’espace – comme une prédiction que l’on espère fausse. Néanmoins, son idée se heurte à l’optimisme d’Elwyn qui ne manque pas de préciser que ce serait une création bien fade en comparaison de tulipes. N’ayant pas la volonté de s’expliquer – n’ayant pas la capacité, surtout – Alfie se contente de hausser les épaules et de secouer vigoureusement la tête. « Va pour les tulipes. » Et puis, c’est vrai, après tout, les tulipes, ça va très bien. « Eh ben si votre record est hi-homologué, t’oublieras pas de me v-verser une contrepartie. » Il suggère (oblige ?) avant de préciser le fond de sa pensée : « Rapport au coût de l-location de la gamine. » Pas chère la main d’œuvre, mais pas totalement gratuite non plus, qu’il ne se fasse pas d’illusions, même si le Guinness Book ne verse pas d’argent à ses figurants. C’est un détail qu’Alfie omet volontairement, aussi volontairement que le sujet des amours, rapidement passé sous silence (Dieu merci). « T’inquiète, je compte en faire de vrais chi-champions. » Il dit, sourire victorieux aux lèvres, ses cafards étant devenus ses nouveaux bébés. « Ouep, dans ma cave. » Arène conçue et décorée par ses soins, autant dire qu’elle est magnifique (non).  « Je veux g-gagner la Cockroach Race de l’an prochain. » Se déroulant durant la fête nationale, avec quelques billets à la clé et, surtout, la fierté d’avoir porté ses cafards à la victoire (et ça, ça n’a pas de prix). « Alors je les entraîne tous les jours. » Comme de vrais champions, séance de muscu avec coton-tige à la clef et tour de l’arène chronométré. Faisant fi des bons conseils de Jules d’éviter de se blesser à nouveau, Alfie ne manque pas de prendre son élan pour sauter dans l’étendue d’eau qui s’offre à eux, sans songer un instant à certains détails, comme le simple fait d’avoir un fond suffisamment conséquent pour ne pas s’éclater contre de la roche, ni comment revenir sur leurs pas lorsque leur baignade sera terminée. Heureusement pour lui, l’étendue d’eau tient ses promesses et ils peuvent barboter librement (quoi que, pas sûr, mais c’est un détail qu’ils considéreront en temps voulu). Elwyn souligne un détail très juste et Alfie, répondant d’abord aux taquineries d’Elwyn en lui envoyant de l’eau dessus à son tour, finit par poser son regard sur la paroi. « Naaaan, mais doit bien y avoir une s-sortie quelque part. » C’est même obligé (il l’espère très fort). « Chaque chose en son temps. » Il commente, même s’il se contredit alors qu’il hurle un « HELP » sorti de ses entrailles et qu’il constate que le son résonne. « Tu vois, si on s’y met à deux, on nous r-retrouvera. » Pas de stress, donc.

Lequel était le pire des deux? Si la question semblait légitime, la réponse n'était pas forcément évidente. Alfie et Elwyn se baladaient très clairement dans les mêmes contrées, avec des envies similaires et des problèmes psychologiques d'envergure. Cadburry, en tout cas, était toujours resté à cet état d'enfant sans que personne ne comprenne réellement ses motivations. A plus de quarante ans maintenant, qu'avait-il à gagner en agissant comme un marmot de huit ans? A priori, rien d'exceptionnel mais Elwyn n'avait jamais voulu grandir. Le monde adulte avait continué à l'effrayer au fil des années, sans qu'il n'y ait de raisons valables, si ce n'était que tout pouvait s'effondrer en un rien de temps et il préférait taire le concept plutôt que de s'y plonger. Un jour, peut être, que tout cela lui passerait, quoique à son âge, était-ce encore une réalité viable? Il n'y avait aucun électrochoc dans l'esprit d'Elwyn pour l'heure et il n'était apparemment pas franchement gêné d'envisager de se servir de la filleule d'Alfie pour des expériences de dessins étranges sur un van imaginaire. Autant dire qu'aucune personne extérieure n'aurait pu comprendre une bribe de ce que les deux hommes se racontaient, surtout pas alors qu'ils étaient perdus au beau milieu d'une caverne, qu'il avaient chuté à moult reprises et qu'il devaient avoir leurs vêtements dans un état abominable. Elwyn n'avait pas l'air de s'en soucier, surtout pas alors qu'il laissait Maslow conclure quelques sujets de conversation, s'extasiant déjà de se retrouver dans le livre des records, même s'il devait rémunérer son ami pour le prêt de la petite. De même, il avait l'air clairement enjoué à l'idée de participer à cette nouvelle fête en compagnie de quelques cafards domestiqués, il allait vraiment falloir qu'il s'y mette s'il désirait faire partie de la concurrence la plus rude. "Dès demain, je cherche des cafards dans ma résidence et je commence la coaching. On va pas louper l'occas'." Il allait très certainement se donner à fond dans l'entreprise et perdre des journées entières de son existence pour une cause que personne de sensé ne trouverait honorable. C'était a priori la vie que le quadragénaire avait décidé de mener, seul au monde dans des délires perpétuels, lui qui sautait à la suite d'Alfie au fond de lui, le brun hurlant déjà à la mort pour attirer les badauds à la surface. Cadburry se joignit à la petite fête, s'approchant à son tour de la roche qui les jouxtait. Au mieux, on leur lançait une corde et un peu de grimpette les mènerait vers la délivrance. Au pire, il devraient monter par eux-mêmes, risquer de se tordre le cou mais Elwyn était un optimiste donc tout irait bien.

Spoiler:

Le sort d’Anabel désormais acté – paix à sa cousine, la mère de la fillette, probablement en train de soupirer dans sa tombe face aux idées farfelues dans lesquelles il embarque sa filleule – les deux hommes poursuivent leur exploration hors du sentier touristique. Ils se sont éloignés, probablement trop pour être raisonnables, mais cela ne semble en déranger aucun des deux, de la même manière que cela ne les inquiète pas de se retrouver dans une zone qui est très clairement interdite au public – mais s’ils sont que deux, peut-on vraiment appeler ça un public ? La réponse est non, ainsi la suite de leur balade est actée. Comme le sort de Tad dans le rôle de coach assistant d’Oggy et les cafards, son ami guitariste étant de plus en plus occupé par son propre quotidien pour épouser pleinement ce rôle qui demande un engagement sans failles. Pas qu’il veuille remplacer Tad, mais Alfie vise avant tout le bien être de ses protégés : le meilleur et rien que le meilleur pour ses cafards. En vue de l’enthousiasme communicatif d’Elwyn, il semblerait que celui-ci soit le meilleur remplaçant sur lequel il pouvait tomber pour faire de ses insectes de vrais champions ; ils ne sont pas prêts pour les entraînements que les deux hommes s’apprêtent à concocter pour eux. Un sourire sur les lèvres alors qu’Elwyn annonce son projet, Alfie acquiesce vivement de la tête avant de reprendre la parole. « Pe-personne nous arrive à la ce-cheville. » C’est une certitude et les petits protégés d’Elwyn seront encore mieux que ceux qu’Alfie a acheté en animalerie ; de par leur naissance et développement dans la rue (pauvres gosses), nulle doute qu’ils sont déjà costauds à avoir affronté autant d’épreuves dans la vie (parce qu’on ne peut pas dire qu’ils soient les bienvenues chez les gens et qu’ils ont sûrement appris les bases du sprint avant d’être entraînés par les deux amis). Le sprint, c’est également la discipline d’Alfie alors qu’il s’élance pour plonger dans l’étendue d’eau quelques mètres plus bas, ne réfléchissant pas un seul instant à cet acte qui pourrait lui coûter bien plus qu’il ne le suppose, d’autant plus si on prend en compte l’état dans lequel il se trouve. Mais ça n’arrête pas l’anthropologue, qui, fort heureusement, ne s’est rien cassé et barbote joyeusement dans l’eau jusqu’à ce qu’un aspect très important soit souligné : comment vont-ils sortir d’ici ? Chaque chose en son temps et pour avoir entraîné ses cordes vocales, il semble évident que la résonance est de leur côté, autant profiter du moment tant qu’ils le peuvent encore. Mais Elwyn se sent l’âme d’un randonneur alors qu’il entreprend d’escalader la paroi, sous le regard d’un Alfie qui admet « ah non, moi je pars pas d’ici tant que-tant qu’on m’y force pas. » Ce qui veut dire qu’il pourra probablement mourir et pourrir dans cette eau si personne ne remarque que deux hors la loi ont décidé de suivre le parcours qu’ils voulaient et non qu’il fallait. Alfie revient à lui lorsqu’un plouf énorme se fait entendre, guettant la paroi pour découvrir que la silhouette d’Elwyn n’y est plus accrochée, mais que sa tête ne dépasse pas non plus la surface de l’eau. « Wynnie ? » Qu’il hurle une première fois, puis une seconde et encore quelques autres avant d’entreprendre de nager sur quelques mètres et de plonger pour retrouver son ami. La crique étant, heureusement, peu étendue, il n’est pas difficile pour Alfie de parvenir à apercevoir la silhouette d’Elwyn sous l’eau et de se précipiter vers ce dernier. Il le remonte à la surface, ne prenant pas le temps de réellement lui laisser reprendre ses esprits avant de s’assurer que ce soit effectivement le cas, sa main tapotant alternativement ses joues pour le réveiller. « Bah alors, on se la joue kra-kamikaze ? » Il finit par lui dire en rigolant, néanmoins dans l’espoir d’obtenir une quelconque réaction de son ami. Dans le cas contraire, ce sera au bouche à bouche qu’il faudra faire place et il laissera le soin à Elwyn de fournir des explications à Jules.  

Ils ne trouveraient peut être jamais la moindre issue, condamnés à manger les cafards qu'ils étaient supposés entraîner, une bien triste fin pour des hommes au parcours extraordinaire. Effectivement, Alfie et Elwyn, c'était avant tout l'histoire d'une rencontre folle, de deux individus qui partageaient tant de points communs qu'ils finissaient toujours par s'y perdre. Personne, en dehors d'eux bien sûr, ne pouvait les comprendre et pourtant, quelques-uns avaient essayé. Or, lorsqu'on laissait partir et diverger des heures sur des sujets très restreints, ils oubliaient toujours que le temps continuait de défiler et lorsqu'ils rouvraient enfin les yeux, ils s'extasiaient toujours sur le monde autour d'eux. Il n'y avait de demi mesure avec des garçons comme eux, les intellos de base qui se perdaient dans des expériences étranges ce qui, bien souvent, les rapprochait intentionnellement de leur camarade, la mort. Il était clair qu'ils prenaient tout un tas de risques en se perdant toujours plus profondément au fond de cette grotte alors que les deux amis auraient mieux fait de revenir sur leurs pas pour essayer de trouver l'entrée qu'ils avaient prise. Le problème, Elwyn avait une âme d'aventurier et sa soif de connaissances était suffisamment insatiable pour qu'il choisisse perpétuellement l'inconnu au lieu de partir vers un terrain qu'il avait déjà conquis auparavant. Alfie le suivait toujours, sûrement qu'il lui faisait beaucoup trop confiance pour l'homme qu'était Cadburry mais à force de faire des plans sur la comète tous les deux, il n'était plus question de douter des compétences de l'autre en termes de survie. Mine de rien, ils venaient de faire un pacte là, celui de s'occuper d'insectes pour les amener vers une première place mondiale que ce genre d'animaux n'allaient vraisemblablement jamais demander. Des idiots, voilà ce qu'ils étaient, mais avec un quotient intellectuel toutefois présent, ce qui rendait l'affaire bien plus gênante encore. Est-ce que celui d'Elwyn serait à la hauteur pour cette idée incroyablement lumineuse dans la connerie? Il avait décidé qu'escalader le mur à cet instant précis leur permettrait de découvrir le monde qui se cachait à la surface... Sauf qu'il avait chuté et qu'il avait dû perdre connaissance quelque part en tombant dans la belle mare sous ses pieds. Il ne reprit conscience qu'en crachant de l'eau de bonnes secondes plus tard en ouvrant les yeux sur un Alfie incrédule. "Tu t'appelles comment?" Il attendit dix secondes, histoire de faire stresser son ami avant de se mettre à rire en lui tapotant l'épaule, se relevant tant bien que mal. Il toussait encore, le grand brun, en retrouvant la terre ferme. "Bon, ça marche pas trop ce plan. On essaie de retrouver l'entrée? Merde, j'ai tué ma lampe. La tienne marche encore ou on va devoir suivre les cafards jusqu'au soleil?" Il lui sortait cela avant de siffloter, apparemment pas stressé pour un sou de la situation désastreuse dans laquelle ils étaient. Le quarantenaire commença donc à revenir sur ses pas, titubant légèrement, en espérant que tout finirait bien désormais.

Il y a un probablement une raison pour laquelle cette crique est interdite ; mais ce n’est pas ce qui dissuade les deux hommes d’en profiter. En tout cas, Alfie ne se gêne pas, barbotant dans l’eau sans se soucier des interdits et des risques encourus, peu enclin à quitter les lieux avec la même hâte qu’Elwyn qui entreprend alors de se muer en roi de la grimpe – sous les yeux de son ami qui ne daigne pas bouger, n’ayant absolument pas la volonté de se mettre à l’escalade aujourd’hui. Pourtant, il est forcé de quitter sa quiétude quand Elwyn tombe à l’eau dans un bruit sourd et ne remonte pas immédiatement à la surface, ne manquant évidemment pas de l’inquiéter. Il nage jusqu’à son ami, qu’il finit par récupérer sans la moindre délicatesse, tout comme il ne se prive pas de faire claquer sa main sur ses joues pour obtenir la moindre réaction de sa part. Il tente de ne pas paniquer, préfère même en rigolant, pourtant au fond il n’en mène pas large, Alfie, tandis qu’Elwyn semble encore dans les vapes pendant quelques secondes avant de cracher de l’eau et ce retour à lui n’est pas pour autant rassurant, d’autant plus lorsqu’il semble ignorer où et, surtout, avec qui il se trouve. « Non, non, non t’es pas sérieux ? » Il s’inquiète, yeux écarquillés, songeant déjà à la manière dont il devra expliquer l’accident à sa famille (et se dédouaner de toutes responsabilités, les priorités, tout ça). Le rire d’Elwyn lui permet néanmoins de réapprendre à respirer alors que son ami se relève péniblement, rejoignant la terre ferme suivi par un Alfie qui n’a soudainement plus aussi envie de continuer à barboter. « Ouais, j’crois que c’est le mo-moment. » De retrouver l’entrée et surtout de s’assurer qu’Elwyn ne risque plus d’y rester, alors qu’il toussote encore. Il aurait pensé qu’il serait celui qui ne sortirait pas d’ici vivant, mais a priori son ami à un karma bien plus caractériel que le sien et en vue de l’incident (heureusement sans gravité) qui vient de se produire, autant ne pas insister. « Ah ouais la lampe, tiens. » Il la sort de sa poche, sans grande surprise elle connait le même sort que celle d’Elwyn alors qu’il n’a absolument pas pensé à ce léger détail en sautant à l’eau. « Donc on suit les ci-cafards. » Il conclut avec un haussement d’épaules et un regard dépité ; autant se mettre rapidement en route avant qu’ils n’y voient plus rien et que leurs appels à l’aide restent vains. « T’as besoin d’un bras ? » Il demande à son ami alors qu’il le voit légèrement tituber, même s’il ne possède lui-même pas un équilibre des plus conséquents. « On a pas été regarder là-bas. » Il souligne en pointant du doigt l’opposé des rochers qu’Elwyn a souhaité escalader, espérant ainsi y trouver une issue. Et après de longues minutes de marche entre deux éclopés, ils arrivent à destination, tandis que le regard d’Alfie cherche le moindre passage qui serait susceptible de les ramener sur la terre ferme. « Tiens, là ! » Qu’il finit par s’exclamer en voyant une petite ouverture, restant néanmoins méfiant. « On essaie ? » Reste à savoir si c’est le passage de l’espoir ou à l’inverse, qu’ils resteront coincés et finiront probablement par se momifier sur place avec les années.

Il avait bien failli y passer sur ce coup là mais apparemment, Elwyn n'était pas traumatisé outre mesure d'avoir fait une chute vertigineuse de plusieurs mètres jusqu'à tomber au fond du lac et se dire qu'il n'avait pas réussi à remonter tout seul. L'affaire était véritablement scandaleuse mais ce sombre idiot était en train de faire une blague foireuse à Alfie pour détendre l'atmosphère. Il était évident que ce cher Cadburry ne vivrait pas très vieux s'il agissait toujours avec autant d'imprudence pour des expériences fumeuses avec ses plus proches amis. Cela dit, le scientifique du dimanche armé de son sourire de dandy du mercredi n'était pas plus inquiet que cela à l'idée d'avoir raté une autre issue de secours au beau milieu de cette caverne que personne n'avait l'air de fréquenter depuis des milliers d'années. Il fallait dire qu'il avait cherché le lieu sur une carte et galérer à emmener Alfie jusqu'à l'entrée tant l'endroit était caché au beau milieu de nulle part, ce qui s'avérait être une vraie malédiction à l'heure actuelle puisque Cadburry essayait de se relever en crachant encore ses poumons d'avoir avalé autant d'eau en moins d'une minute. Pas sûr qu'il allait raconter son aventure avec Alfie à son entourage, Birdie allait vouloir l'étriper d'avoir pris autant de risques pour trouver des chauve-souris ou d'autres espèces d'animaux qui appréciaient l'humidité et la pénombre. Non, Elwyn allait juste se taire (ce qui était un miracle en soi) et attendre que le souvenir s'estompe, du moins s'il arrivait à sortir en vie de cette crique de l'enfer. Alfie avait l'air d'être encore opérationnel pour deux puisqu'il capta le passage de la dernière chance, de l'autre côté de l'étendue d'eau, autant dire que c'était leur chance de ne pas mourir de faim en quelques jours. Il s'accouda à Alfie alors que les deux hommes se dirigeaient lentement et douloureusement vers l'échappatoire rêvée. Arrivés devant la liberté, Elwyn était prêt à soulever des montagnes et se la jouer Obélix mais des montagnes pour s'échapper de là... Autant dire qu'il n'allait pas vaincre sans avoir plongé dans la marmite de potion magique quand il était petit. Est-ce que le lac dans lequel il venait presque de se noyer pouvait compter néanmoins? Mais là, il était en train de digresser. Sévèrement. "Qui est le plus maigre? C'est fin quand même. Mais je peux virer un caillou ou deux si besoin, il y a bien un bout de bois dans le coin pour faire levier." Il était déjà parti en quête dudit rondin mais sans lumière, l'affaire était plus compliquée qu'autre chose et Elwyn devait se rendre à l'évidence. "Je crois que c'est toi qui peux passer, mon Alfinou... Sauve nous, vieux." Il pourrait mourir avec les cafards autrement, plaisant ou pas, ce serait à tester pour en avoir le coeur net.