| Lost in the middle of nowhere (Jo/Greg) |
| | (#)Mar 19 Mai 2020 - 12:03 | |
| Il a grimpé du côté du siège passager sans réfléchir. À vrai dire, lorsqu’il s’agit de gros bolides voyants, de moteurs grognant, de roues motrices, de traction intégrale ou de tout ce qui concerne les bagnoles, Joseph s’y perd comme en plein milieu d’une forêt. Il n’a jamais ressenti cet amour matériel pour une voiture et, de toute façon, il n’aurait jamais eu l’argent pour se payer ne serait-ce qu’une voiture usagée datant de l’année de sa naissance. C’est donc tout à fait normal s’il semble complètement ridicule en ce moment, à attendre que le policier se mette à conduire : il pense peut-être que la voiture derrière eux se laissera porter docilement jusqu’à la station de service la plus proche – laissez-le rêver, il passe quand même une très mauvaise nuit et, d’ici quelques minutes, la transaction qu’il devait faire au beau milieu de la campagne s’annulera, laissant à nouveau Lou pantoise. Il devra être convainquant, le jeune homme, pour ne pas se faire arracher les dents avec une pince. « Parce que tu crois que de nous deux c’est moi qui ai le plus besoin de parler ? J’en suis pas vraiment convaincu, enfin… J’ai pu apercevoir quelques brèches de ton côté, t'aimes pas trop parler mais peut-être que tu en as très envie avec moi petit chou ? » En temps normal, il laisserait couler ce genre de commentaire au fin fond de la mer mais, avec Gregory, sa gorge lui chatouille à chaque fois qu’il évoque leur première rencontre. Il n’y a que deux personnes sur cette planète qui savent qu’il ne supporte pas qu’on s’appuie sur son dos et une seule qui a pu être témoin de la gestuelle déplacée du prêtre en sa compagnie. Il pensait arriver à oublier un jour mais il faut croire que Brisbane a décidé de l’embêter plus longtemps. En dehors de la ville aurait pu rouler une jeune mère généreuse, un bon samaritain qui se trimbale avec un baril d’essence dans sa caisse, un jeune qui adore les virées nocturnes mais c’est sur le policier qu’il est tombé. Et ce dernier est bourré, si ce n’est pas de la chance. « J’espère que tu te souviendras de cette nuit, demain matin, malgré ta gueule de bois. Je ne voudrais pas que tu oublies à quel point tu ne mérites pas ton uniforme et ton badge. » Mais bon, ce n’est pas nouveau : il a toujours su que la justice n’avait pas une tête amicale pour les gens comme lui. La plupart des flics ne font que leur boulot et oublient dès la première heure que ceux qui ont fait des erreurs sont encore des humains malgré tout. Joseph ne se fera jamais de potes au commissariat. « Et sinon, tu crois qu’on va pouvoir démarrer comme ça, tous les deux assis dans la voiture ? Je sais que tu veux pas me quitter et que t’as peur que les méchants loups viennent t’attraper dans ta petite voiture, mais elle va freiner toute seule ta bagnole quand on arrivera à la station essence et que les deux bagnoles auront pris un peu de vitesse ? Parce que je compte pas faire du 100km/h, mais je compte pas non plus rester à 5 km/h. » Malaise. « Hum. » Il marmonne en se pinçant les lèvres, les deux yeux rivés vers le tableau de bord. Il n’a pas envie de se ridiculiser davantage alors il ne fait qu’ouvrir la portière pour s’extirper en dehors de la voiture sans un mot. Il jette un dernier coup d’œil sur la corde qui lit les deux véhicules et il grimpe à bord du sien avant d’appuyer sur le klaxon pour signaler au policier qu’il est prêt à appuyer sur la pédale du frein.
Ce sont vingt minutes de silence qui s’écoulent avant qu’ils n’arrivent à destination. La station d’essence semble plutôt isolée, fantomatique, mais les lumières sont allumées et signalent aux potentiels clients nocturnes qu’elle est ouverte. Il est 3h19 et Joseph sait qu’il est complètement foutu. De plus, il n’avait pas prévu de budget essence, il sera donc obligé de piger dans l’argent de la transaction illégale pour arriver à abreuver sa bagnole endormie. Lou va l’assassiner, c’est officiel. Il est le moins crédible des conducteurs – au moins, il pourra lui rappeler qu’il n’a pas été engagé pour combler le rôle de chauffeur. « C’est bon, je m’arrangerai pour la suite. » Joseph dit en dénouant la corde qui l’attache encore au cul du policier quand ce dernier le rejoint. « Ma sœur va me tuer mais, au moins, je pourrai rouler. » Et il se dirige vers les pompes à essence sans offrir un dernier regard à l’homme qui l’a aidé contre sa volonté. Il veut éviter de se faire interroger encore et encore : Morton semble avoir une passion réelle pour ce genre de conversation dans laquelle il peut rappeler à Joseph qu’il fait partie des gens qui ne seront jamais tranquilles.
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| | | | (#)Mar 2 Juin 2020 - 15:14 | |
| Peu importe la promesse que j’ai donnée sur le fait de lâcher mon rôle de lieutenant interrogateur, je reste fidèle à ma personne en rétorquant tout autant que lui. Il me cherche avec ses petites piques (bien placées, je l’avoue), je ne peux pas me permettre de le laisser croire qu’il est vainqueur. Je me suis bien rendu compte d’ailleurs que cette technique ne marchait pas avec lui, que si je voulais obtenir des informations, il fallait que je le pousse à bout. Heureusement pour moi (et malheureusement pour lui, évidemment), j’avais trouvé la faille, LE truc qui l’a fait gerber. Le problème, c’est que j’ai même pas eu toutes les réponses à mes questions, tout était resté en suspens, on n’avait pas avancé d’un seul pas. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il pensait avoir gagné, et il n’avait même pas entièrement tort parce qu’il est sorti plus tôt de taule et sans aucune séquelle apparemment. « J’espère que tu te souviendras de cette nuit, demain matin, malgré ta gueule de bois. Je ne voudrais pas que tu oublies à quel point tu ne mérites pas ton uniforme et ton badge. » Je ricane face à sa remarque. Il a juste l’air jaloux de mon statut, jaloux du pouvoir que j’ai. Evidemment que je mérite ma place ici, évidemment que j’ai bossé pour en arriver là, je me suis pas juste mis les doigts dans le cul en attendant que ça me tombe dessus. Bon, Nate a été sympa, c’est quand même grâce à lui que j’ai eu le poste en premier lieu, mais tout ce qui s’ensuit derrière, c’est avec la sueur de mon front que j’y suis parvenu. Je suis pas comme ces petits merdeux qui se tournent les pouces en se plaignant n’arriver à rien. Certes, j’ai pas toujours été très déontologique, Keegan en a d’ailleurs été témoin, mais j’en suis pas fier pour autant. Ca m’a quand même permis d’obtenir des infos parfois. « Je mérite tout ce que j’ai mon petit, autant que toi tu mérites ce qui t’arrives. C’est toi qui cherche la merde en vendant de la drogue à des mineurs. » Je sais que c’est souvent bien plus compliqué que ça, mais j’ai clairement aucune envie de me poser des questions sur ça. Les délinquants, c’est des délinquants. Joseph en est un, point barre. S’il cherche à me culpabiliser, ça marche pas. J’embraye d’ailleurs sur le fait qu’on va pas démarrer s’il reste assis côté passager, j’ai pas toute la nuit pour lui non plus. Je lui ai déjà consacré un sacré bout de temps, et c’est pas encore fini. Il sort enfin de ma bagnole, klaxonne pour me dire qu’il est bien monté dans la sienne, et je me mets à rouler pendant une vingtaine de minutes. Enfin du calme. Je peux pas rouler aussi vite que ce que j’aurai voulu, mais je roule, c'est tout ce que j'avais demandé en partant de chez moi.
On arrive à la station essence, je mets mes warnings pour lui faire signe qu’il va pas falloir qu’il me colle trop au cul, donc qu’il va devoir freiner, et me gare devant la pompe pour faire le plein également. Je sais pas à combien de kilomètres on est de Spring Hill, mais j’ai pas envie de finir en rade d’essence non plus. « C’est bon, je m’arrangerai pour la suite. » Je comptais pas lui tenir la main jusqu’au mariage non plus, heureusement qu’il s’arrangera pour la suite. Manquerait plus qu’il me demande de payer son essence pour lui, p’tit con. « Merci ? Non ? C’est trop te demander d’être poli avec un mec qui t’a aidé à 3h du matin, et grâce à qui tu pourras arriver à temps au mariage de ta sœur ? » Il est quand même sacrément culoté ce Joseph. Je me retourne à mon tour pour ouvrir la trappe du réservoir, enfourre ma carte bancaire et me sers finalement du pistolet pour faire le plein. J’en profite pour sortir mon téléphone de ma poche pour regarder l’heure : il est 3h27, mes yeux commencent à fatiguer. Je vais peut-être enfin pouvoir trouver le sommeil. Le "clic" m’annonce que ma voiture est prête à rouler plusieurs centaines de kilomètres, et je me précipite sur le siège pour la redémarrer. J’ai qu’une hâte : retrouver mon lit. Un petit coup d’œil dans le rétro pour voir où en est Joseph, il a l’air soulagé. J’aurais au moins fait une bonne action. Je descends ma vitre, et sors ma main pour afficher fièrement mon majeur en l’air. « J’espère que le mariage en vaudra la peine. Salut gamin. » |
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