| (#)Mer 4 Mar 2020 - 3:47 | |
| Et y'a une seconde, une toute petite, où je panique. Où je me demande si mes mots se sont peut-être envolés trop vite, où je doute, où la Ginny d'il y a quatre ans se mord les doigts et les lèvres, les joues avec. Si mes doigts n'étaient pas occupés à mémoriser chaque parcelle de sa peau ils se tritureraient eux-mêmes, si mes yeux n'étaient pas occupés à scruter les siens dans l'anticipation du pire comme du meilleur j'aurais probablement baissé la tête. Je me serais cachée dans les couvertures, j'aurais feint de m'être endormie quand le poids de son corps suffoque encore le plus naturellement du monde le mien.
”Ti amo.” mais il a fait exprès de la laisser glisser cette seconde-là Auden, il a fait exprès et il fait aussi exprès quand il me mord avec une douceur infinie et qu'il finit tout de même par m'arracher un « Ouch. » tout sauf convainquant. Mes sourcils se froncent et mon nez avec, le baiser fait pas mal du tout parce qu'il scelle tout le reste, parce qu'il a tout de nostalgique et pourtant je le rattacherai toujours à ce moment et à ce qu'on est, là, maintenant.
Il se replace, me ramène contre lui, je me blottis au fil des caresses et des soupirs, la chaleur de sa peau qui fait écho à la mienne. ”Ca veut dire “j’adore la pizza”, te fais pas d’idées.” ses doigts chatouillent mes épaules, ils dérivent le long de ma clavicule pour finir par attraper toutes bribes d'épiderme dénudée, le drap et énièmes couvertures glissant sur nos silhouettes calées l'une sur l'autre, l'une contre l'autre. « Je sais. » je reprends ses mots d'avant, je dédramatise aussi. On sait faire que ça, limiter les dégâts, diminuer les effets. Je ne l'aimerais pas autant s'il ne me laissait pas une porte de sortie en tout temps, il ne m'aimerait pas à ce point s'il ne se sentait pas libre d'aller et de venir sans que je ne le force à rester envers et contre tout. On fonctionne ainsi, à notre rythme, le sien qui s'inspire du mien, et le mien qui est né en parallèle du sien.
J'ai embrassé une dernière fois ses lèvres, mordu à mon tour avec toute la délicatesse dont je suis capable leurs commissures, ai niché ma tête dans sa nuque l'instant qui suit. « Si tu ronfles encore, je demande à être remboursée. » mes doigts se sont mêlés à ceux d'Auden, et je suis prête à parier que demain matin il râlera de la position dans laquelle on s'est endormis, même si ni lui ni moi n'en bougera d'un centimètre. |
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