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jailey #12

« Je pouvais pas le laisser, c'est lui qui m'a aidé. » Je souris tout en resserrant mes bras autour d’elle. Elle n’a pas besoin d’en dire plus Jill. Je comprends qu’encore une fois, sans réellement s’en rendre compte, Noah a été une vraie bouée de sauvetage pour sa famille. Il est notre sauveur ce petit bonhomme et je suis heureux qu’il est pris la décision de briser le secret pour ramener Jill ici. C’est tout ce dont j’avais besoin, tout ce qui était nécessaire pour nous trois. Je hoche la tête aux paroles de la jeune femme. « Juste quelques heures pour discuter avec lui. » dis-je doucement. Je ne compte pas disparaître pendant une journée avec Noah, mais je sais que je vais avoir besoin d’être seul avec lui pour qu’il me parle de sa mère. Il est intelligent Noah, il sait parfaitement que rien n’est rose entre sa mère et sa tante et je sais qu’il n’osera jamais trop dire quoique ce soit devant Jill. Puis, je crois, qu’il est aussi temps que j’honore mes promesses auprès du garçon. « Après, on passera tout notre temps tous ensemble. » C’est important. Je sais que Jill rêve de cela depuis quelque temps et c’est le moment idéal pour lui offrir un peu de répit en famille dans cette maison qui deviendra également un peu sienne au fil du temps.

Comme si Noah avait entendu nos plans, il débarque en courant dans le salon, ramenant avec lui sa joie de vivre. La conversation est quelque peu sérieuse. Il faut le rassurer, lui annoncer quelques nouvelles également, mais il garde son sourire Noah. Je vois dans son regard qu’il semble vraiment heureux à l’idée qu’un bébé arrive dans la famille. Il est curieux et s’intéresse à tout. Je sais d’avance que l’on va pouvoir l’impliquer dans cette grossesse et qu’il en sera réellement heureux. C’est tout ce que je demande. Il est grand temps que l’on s’accorde un peu de bonheur. Le départ est un peu maladroit pour tout le monde, mais je suis persuadé que l’on finira par trouver un équilibre. À notre rythme. En attendant, je me mords la lèvre pour ne pas exploser de rire face aux remarques toujours piquantes de Noah. Ce gamin n’a pas sa langue dans sa poche. Il faudra peut-être que je lui apprenne quelques trucs à ne surtout jamais dire à une femme enceinte. Pour notre survie à tous. « Eeeeeet je serai jamais grosse ! » - « Non mon amour, tu sera pas grosse. » Non clairement, autant lui mentir pour le moment. On prendra le problème lorsque celui-ci se présentera à nous. Je vois Noah prêt à répliquer quelque chose et lui colle mon téléphone entre les mains avec la mission de nous commander les pizzas.

La soirée se déroule sans accro, normalement et cela fait du bien.

Lorsque je me retrouve seul avec Jill, allongé sur le canapé, je prends pleinement conscience de ce besoin que j’avais de la retrouver. Ses doigts qui s’emmêlent au mien alors que l’on trouve une position confortable. Je refuse de bouger pour le rester de la soirée. Ma main libre se glisse dans ses cheveux tandis qu’elle soupire doucement. On pourrait profiter en silence, mais il est encore temps de discuter. Il faut que l’on aborde le sujet de sa grossesse, en douceur. « Oui, j'ai essayé de réfléchir à des solutions pour que tout se passe bien. » Je hoche la tête et lui laisse le temps de formuler ses pensées. Je vois bien qu’elle a réfléchi à tout cela, que ce n’est pas une décision prise à la légère. Je l’écoute avec attention et mon cœur se serre lorsqu’elle évoque ses crises. Je n’avais pas pensé à cela. J’avais envisagé tout le reste, mais pas sa maladie et cela semble vraiment la travailler. « On va en parler avec ton médecin d’accord ? » On va prendre ça au sérieux. Je sais que Jill n’a jamais vraiment voulu se soigner, mais j’ai la sensation que les choses pourraient changer pour sa grossesse. « On fera tout pour que tout se passe bien. » Je peux pas lui promettre qu’il n’y aura aucune crise, mais je peux lui promettre d’être là pour chacune d’elles. « On va faire attention. » On. Toujours on. Parce que désormais, il faut réellement que l’on fasse bloc ensemble. En couple. Un duo que personne ne pourra venir séparer. Je viens embrasser sa tempe tendrement.

« Et toi ? Qu'est-ce que tu voulais dire ? » Probablement bien trop de choses. Je ne sais plus vraiment par où commencer. J’ai tellement ruminé sur notre situation, sur ce que ça allait bien pouvoir signifier pour notre avenir. « Je… » Je bégaye un peu, ne sachant trop quoi dire en premier. « Je veux pas qu’on se mette la pression. » Je me rends compte de la légèreté de mon propos et me rattrape rapidement. « Enfin si, mais… Pas trop, tu vois ? » Je ris un peu nerveusement. « Je voudrais juste que ce soit une belle expérience. » Je veux qu’on soit heureux, que l’on pense rien qu’à nous pour une fois. « Je sais que l’on va forcément paniquer des fois, qu’on y connaît rien en nouveau-né, mais on va apprendre ensemble, non ? » Une nouvelle fois, j’embrasse sa tempe et laisse mes doigts glisser sur son bras. « Ça a été compliqué ces derniers temps, mais je… Je voudrais juste qu’on pense à nous pour une fois. » Je suis franc, brut. Il ne faut pas prendre de détour et finalement, je pose mon regard sur la jeune femme. « Comment tu te sens ? » Parce que ça aussi, c’est important. « Je veux dire avec bébé et tout ça. » Bébé. Ca fait encore bizarre de dire cela, j’en frissonnerai presque.       

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Bien sûr que Jill va laisser du temps à Bailey et Noah. Parce qu'ils ont besoin de se retrouver, et Noah a besoin de comprendre qu'il aura toujours une place dans leurs vies, même avec un nouveau bébé. Il restera pour toujours une des personnes les plus importante dans la vie de Jill. Alors elle sourit à Bailey en hochant la tête. Ils auront le temps, ils ont des jours pour rester ensemble et se reconstruire petit à petit. Une bouffée d'oxygène avant de retourner à Brisbane. Jill arrivera sûrement à apprécier cette maison, après encore quelques temps. Elle doit se faire à l'idée. « On a besoin de ça avec lui, il doit comprendre qu'il aura toujours sa place. » Ils sont d'accord sur ce point, et ils feront tout pour que le petit garçon vive au mieux toute cette situation.

Noah redescend et il discute avec Jill. Il apprend pour le bébé, il pose des tonnes de questions et Jill sourit. Ils discutent et Bailey finit par revenir avec un papier où il a noté tout ce que Noah veut pour son menu. Ça remplirait presque une feuille A4 et Jill pouffe de rire. « T'as prévu des desserts aussi j'espère ? » Le petit garçon se tourne vers elle en levant les yeux au ciel. « Bah bien évidemment tu m'as pris pour qui ? » C'est bien un McGrath celui là, la relève est assurée. Jill a une fausse mine boudeuse quand Bailey lui dit que Noah n'aura pas la langue dans sa poche quand elle aura pris quelques kilos à cause de la grossesse. « Je préfère ça ! » Et elle a son sourire en coin amusé qui revient rapidement. La discussion est légère, et Jill ne c'était plus senti aussi bien depuis longtemps, depuis Bali en réalité.

Ils se retrouvent seuls dans le grand salon. Et naturellement ils trouvent une position confortable, lové l'un contre l'autre dans le canapé. Et Jill est bien. Ils vont discuter, elle le sait, parce que c'est important, parce qu'ils doivent aborder le sujet. Et Jill parle en première, elle se confie sur ses crises, sur des choses qui l'inquiètent. « Tu sais que cette maladie est génétique ? » Et si elle donnait ce gène, et si son enfant avait les même problèmes qu'elle ? Ils vont aller voir le médecin, et les dents de Jill se serrent parce qu'elle déteste savoir qu'elle doit aller voir un médecin. Ça la terrifie en réalité. « On va faire attention. » Et ce on fait du bien. Elle n'est plus seule, elle ne sera plus jamais seule. Et pour une fois, elle sait qu'elle peut s'appuyer sur quelqu'un, elle sait qu'il sera toujours là, et qu'il veut de cette vie avec elle autant qu'elle veut vivre cette vie avec lui.

Il voulait parler lui aussi, et Jill l'écoute. Elle se concentre sur ce qu'il pense, ce qu'il veut, parce qu'il est aussi important qu'elle dans cette histoire. Jill se retourne pour pouvoir le regarder. Toujours lovée contre son torse. Elle l'écoute, du début à la fin sans le couper, elle est d'accord avec lui, mais elle attend quelques secondes pour lui dire. Et elle est émue de le voir s'impliquer autant, c'est peut-être les hormones, ou juste elle qui est heureuse mais une larme roule sur sa joue. Juste une. « On va se mettre en priorité maintenant d'accord ? C'est juste nous, ce bébé et Noah. Rien passe au dessus, plus jamais. » Plus de secrets, plus de fuite, plus de mensonge. Juste eux, ensemble. « On va apprendre ensemble, va falloir que tu te remettes dans le bain je suis sûre que t'as tout oublié » Jill rit un peu, parce qu'elle sait qu'il s'est occupé de Noah quand il était petit, mais Noah n'est plus petit depuis un bon moment maintenant. « J'ai pas encore vraiment l'impression qu'il est vraiment là. » Elle regarde son ventre une seconde. « Si on compte pas l'envie de manger du salé qui est constante. » Elle hoche la tête, elle va très certainement manger des tonnes de chips pendant tous ces longs mois. « J'avais peur que tu veuilles plus de tout ça quand j'ai vu que t'étais parti. Que t'ai changé d'avis. » Et ça lui aurait brisé le cœur qu'il parte pour toujours, qu'elle soit obligée d'élever cet enfant seule. Parce que, même si elle ne voulait pas s'avouer, sa décision avait été prise bien avant qu'elle ne se retrouve debout à regarder cet hôpital de l'extérieur.

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jailey #12

En me levant ce matin, je n’aurais jamais imaginé passer la soirée entourer de Jill et Noah. Je m’étais fait une raison, j’avais fini par baisser les bras. Ce matin encore, j’étais prêt à rester seul dans cette maison, prêt à m’enfermer à jamais dans ma bulle pour des semaines encore, pour me laisser le temps de guérir. Mais ils avaient entendu mon appel à l’aide et ils sont là dans cette maison avec moi. Noah ne cesse de faire le clown, s’étale de la sauce tomate sur la joue tandis que Jill rit de bon cœur. Et au milieu de tout cela, je me sens bien. À ma place. L’espace d’un instant, on oublie le monde extérieur. On profite de l’instant présent, juste tous les trois. Comme on se l’était promis tant de fois sans jamais réellement le faire. On met de côté les doutes, les blessures du passé et la peur d’un futur proche. On prend le temps tout simplement.

C’est tout naturellement que l’on se retrouve enlacer l’un contre l’autre sur le canapé. Jill est allongée sur moi et elle perd son sourire un peu. On évoque tout ce qui la travaille depuis la nouvelle de sa grossesse. Et bien entendu, on en vient à évoquer sa maladie. « Tu sais que cette maladie est génétique ? » Je secoue la tête en réponse à sa question. « Je me suis jamais renseigné Jill. » Je n’ai jamais fait de recherches sur la schizophrénie. Dans un premier temps, parce que je savais que mêler ma pathologie avec la sienne pouvait être problématique et je refusais de lire que notre couple est forcément voué à l’échec. Puis, je n’ai jamais voulu trop entrer dans son monde, dépasser la limite du partenaire pour devenir le médecin. Alors, je ne connais pas tous les spectres du diagnostic. Je connais l’effet que cela à sur Jill. Je connais les crises, je sais comment les reconnaître et surtout comment les calmer. J’ai appris avec les années, au fur et à mesure, sur le tas. Je compte bien continuer comme cela tant que Jill ne me demandera pas d’en apprendre plus. « Je connais ta maladie au travers de tes crises, de tes dires rien de plus. » J’ai voulu respecter cela pour elle, parce que je crois que je n’aimerais pas qu’elle fasse des recherches sur mon trouble. « Mais on va parler de tout cela avec ton médecin et si tu ressens le besoin de faire plus de recherches, on le fera ensemble. » J’embrasse son front et la rassure doucement. « On va faire attention. » Bien sûr que l’on va faire attention. Je vais prévenir la moindre crise, tenter de contrôler la moindre fissure. On s’en sortira.

Je bégaie un peu lorsque je tente de lui expliquer ce que j’aimerai durant cette grossesse. Je ne veux rien lui imposer, mais depuis que je me suis retrouvé seul, j’ai eu le temps de penser à tout cela. Je voudrais que pour une fois dans notre couple, tout se passe bien. Je voudrais qu’on prenne le temps de faire les choses correctement. « On va se mettre en priorité maintenant d'accord ? C'est juste nous, ce bébé et Noah. Rien passe au dessus, plus jamais. » - « Je te le promets. » Ce sera nous avant tout le reste. On le mérite. Il est temps que cela se mette en place. « On va apprendre ensemble, va falloir que tu te remettes dans le bain, je suis sûre que t'as tout oublié » Elle se met à rire alors que je me replonge dans mes premiers instants auprès de Noah. Je me souviens parfaitement du jour où Ginny m’as collé un bébé hurlant dans les bras alors qu’il faisait une crise de dent. « Moque toi mais au tout début, j’avais peur de prendre Noah dans mes bras. » Il était si petit, si fragile. J’avais peur de le casser et s’il bougeait dans mes bras, je pouvais rester immobile pendant dix minutes juste pour ne pas faire un faux mouvement. Elle en a souvent ri, Ginny. « Puis je voulais pas m’impliquer… Alors je suis pas très calé sur la période nouveau-né. » Non. J’ai commencé à réellement prendre ma place dans la vie de Noah alors qu’il savait déjà tenir debout et qu’il adorait repeindre la cuisine avec ses purées. « Mais si tu veux on achètera un de ces livres un peu idiot sur la maternité et on regardera ensemble. » Je ferais tout ce que tu veux, Jill, vraiment.

Elle me fait sourire lorsqu’elle me parle de son envie de manger salé. Comme si je n’avais pas remarqué le nombre de part de pizza qu’elle, c’était enfiler pendant le repas, plus les quelques chips et pour finir l’énorme part de gâteau. Elle mange pour deux maintenant ma femme. « Tu vas me coûter cher. » dis-je en riant alors que déjà, la brunette repart sur un sujet bien plus sérieux. « J'avais peur que tu veuilles plus de tout ça quand j'ai vu que t'étais parti. Que t'ai changé d'avis. » Je comprends lui avoir fait peur en prenant la fuite de cette manière. « Je suis désolé de t’avoir fait peur. » Vraiment. Alors je laisse mes doigts glisser sur son bras pour la rassurer quelque peu. « C’est pas toi que j’ai fui. C’est moi… » Je m’en rends compte désormais. J’ai eu peur de moi et je voulais fuir la personne que j’étais. Je pense m’être retrouvé seul dans cette maison. Je pense avoir trouvé le bon chemin à emprunter désormais. « J’ai jamais été aussi sérieux quand je me suis battu avec toi pour ce bébé. » dis-je doucement. « Je veux être papa. » Je le veux tellement Jill que je ne sais même pas comment l’exprimer pleinement. « Je veux avoir une famille avec toi. »

Et on passera le reste de la soirée à discuter de tout et de rien. À faire des plans pour l’avenir, à rire, à partager et surtout à se retrouver.

***

Puis, on a pris notre temps. Jill et Noah étaient encore bien fatigués par le décalage horaire, alors on a traîné dans la maison toute la journée. On a fait des jeux de société, une tonne de gâteau et je suis allé faire le plein en chips et autres snacks salés dans la petite supérette du village pour ma femme enceinte. On a décidé de rester à Londres jusqu’à la fin de la semaine avant de reprendre un avion pour Brisbane. Il nous reste une semaine pour profiter pleinement.

Deux jours après leur arrivée, j’émerge doucement après une bonne nuit de sommeil. Je cherche le corps de Jill pour le ramener contre le mien, mais me rends rapidement compte que je suis seul dans le lit. Je grogne, allonger sur le dos, je pose mon bras sur mon visage pour cacher la lumière du jour. J’allais me rendormir lorsque je finis par entendre deux rires dans les escaliers. Des petits pas qui se rapproche puis des murmures devant la porte. Je fais semblant de dormir lorsque la porte s’ouvre et que Noah se retient de toutes ses forces pour ne pas rire. Et soudainement, on tape sur des casseroles avec des cuillères en bois et quelqu’un saute sur le lit. J’allais attraper Noah en vol, mais le genou du garçon atterrit assez violemment sur mon entrejambe m’arrachant un cri de douleur. « NOAH ! » Et je hurle probablement plus que nécessaire, mais la douleur est intense. J’en ai les larmes aux yeux alors que je me recroqueville sur moi-même. « Pardon pop’s. » J’entends qu’il est vraiment désolé, il est probablement en train de regarder le sol d’un air gêné. Et bien entendu, Jill se marre. « Ca devrait pas te faire rire. » dis-je entre mes dents alors que je souffle longuement. « Donc le plan du matin, c’était de me tuer ? » Je me redresse un peu en grimaçant avant de tirer Noah vers moi pour m’excuser d’avoir crié. « C’est pas grave bonhomme, mais t’apprendra qu’un coup juste là ça fait vraiment mal ! » Je viens chatouiller ses côtes avant de lever les yeux vers Jill. « J’ai mal. » Et je fais ma moue une peu boudeuse, les yeux du chien battu. Juste pour un bisou.     [/color]

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Ils se sont retrouvés ce soir, et Jill a retrouvé sa place. Dans les bras de l'homme qu'elle aime depuis bien plus longtemps qu'elle ne veut bien l'admettre. Elle est lovée contre lui, elle profite de chaque instant, parce qu'il lui a terriblement manqué. Ils discutent, parce qu'ils ont besoin de parler du bébé ensemble, d'avancer tous les deux. « Je m'étais jamais vraiment renseignée avant, mais je l'ai fait quand j'ai appris que j'étais enceinte. » Peut-être le signe que déjà elle se voyait garder ce bébé, qu'elle n'a jamais vraiment accepté ou envisagé l'idée d'avorter. Peut-être bien. Mais en tout cas elle a fait des recherches, et elle pourrait transmettre sa maladie. C'est terrifiant, ça rend cette grossesse encore plus compliqué, encore plus stressante. Et il n'a jamais cherché plus loin que ce que Jill voulait bien lui dire, plus loin que les crises qu'elle a faite devant lui à de nombreuses reprises. Et Jill sourit, parce que sur ça aussi ils avanceront ensemble, parce qu'ils ne se mentent plus, ils ne se cachent plus rien. Jamais. « J'ai tellement peur. » peur de beaucoup de choses en réalité, de se faire du mal, de faire du mal à Bailey, à ce bébé, des médecins, des internements. Tout la terrifie, mais elle n'est plus seule. Et elle serre la main de Bailey, et ça aussi c'est terrifiant, parce qu'elle ne voit plus sa vie sans lui à ses côtés.

Et le nous revient. Parce que Jill veut faire passer Bailey en premier dans sa vie, leur future famille. Et elle a du mal à réaliser tout ça Jill, parce que c'était pas prévu, parce qu'elle n'avait pas prévu d'évoluer comme ça, parce que tout change depuis qu'elle a décidé de revenir à Brisbane. Parce qu'elle grandit, elle évolue grâce à Bailey. Les lèvres de Jill se posent sur celle du Fitzgerald pour celer cette promesse, ils sont deux, deux contre le reste du monde si il le faut. Et elle blague Jill, et cette conversation est bien plus légère, bien plus agréable que la première qu'ils ont eu chez eux. Elle pouffe de rire quand il parle de livre sur la maternité. « On pourra prendre Ginny comme coach à domicile aussi. » Elle hoche la tête en souriant. « Je sais même pas ce qu'on est censé faire, si on doit faire ces cours de respiration avec les sages femmes, combien de rendez-vous chez le médecin sont obligatoires, j'en ai aucune idée. T'imagines un cours avec pleins d'autres femmes enceintes ? Je crois que j'y survivrai pas. » Pourtant elle en fait partie Jill maintenant, des femmes enceintes chiantes qui sont capable de faire un caprice au milieu de la nuit pour avoir un paquet de chips d'un certain goût ou un bol de glace. « Une fortune ! » Et elle sourit de nouveau.

Et il s'excuse Bai, et Jill comprend. Parce qu'elle aussi elle avait eu besoin de fuir la maison après cette annonce, elle avait eu besoin d'air pour ne pas le blesser lui. La tête de Jill se pose dans le cou de Bailey. « Je te fuyais pas toi non plus ce soir là. Je voulais pas te blesser plus que je ne l'avais déjà fait. » Et c'était dans ces moments là où elle voyait qu'elle avait changé, que sa relation avec Bailey avait pris une tout autre tournure parce qu'elle laissait passer son bonheur avant le sien. Elle plante son regard dans celui de son mari quand il lui parle de famille. Ils vont avoir un bébé, ils vont vraiment former une famille. Ils ont 6 mois pour se préparer, pour que tout le monde soit prêt à accueillir ce nouveau petit être. Elle passe ses bras autour de son cou. « J'aurais jamais voulu de tout ça avec quelqu'un d'autre que toi. »

***

Il s'est passé quelques jours depuis que Jill est arrivée ici avec Noah. Et tout se calme, ils se reconstruisent doucement ensemble. Ce sera certainement le travail d'une vie entière cette reconstruction, mais ils le font ensemble. Et ce matin, Noah a eu l'idée de réveiller Bailey en fanfare parce qu'il voulait qu'ils aillent se balader dans la forêt. Tout se passe parfaitement bien jusqu'à ce que Noah saute sur le lit en donnant un coup de genoux dans les parties intimes de Bailey. Et Jill pouffe de rire, bien évidement que ça la fait rire. Elle lâche les casseroles et rit encore un peu plus quand le brun lui dit qu'elle ne devrait pas rire. Les hommes sont si fragiles. « Non pas te tuer, j'ai pas fait exprès. On voulait te réveiller plus tôt pour aller se promener. » Noah qui fait ses yeux de chat potté alors qu'il sait très bien qu'il n'aura même pas besoin de négocier pour que Bailey accepte l'offre. Jill se penche à l'oreille de Noah pour lui chuchoter « Vas récupérer le petit déjeuner qu'on a préparé. » Un plateau est posé dans le couloir. Et pendant que le petit garçon s'éloigne Jill vient s'asseoir sur les cuisses de Bailey en répondant à sa petite moue boudeuse. Elle pose ses lèvres dans son sou, sur sa tempe, le long de sa mâchoire avant de finir sur ses lèvres. « ça va mieux maintenant ? » « Attention j'arrive ! » Est ce que le plateau arrivera en un seul morceau jusqu'au lit ? Rien n'est moins sûr.

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jailey #12

Tout est évoqué à la va-vite. On se presse à vider notre sac. C’était devenu nécessaire. On n’a pas le temps de s’attarder sur un sujet que le suivant arrive déjà. Elle évoque sa maladie Jill et mon cœur se serre au souvenir de notre dernière conversation à ce sujet. Il va falloir du temps pour tout comprendre, pour tout pouvoir prendre en compte avec sa grossesse, mais je sais que l’on va travailler là-dessus. C’est la première fois qu’elle m’en parle aussi librement sans que cela ne finisse dans les cris ou les larmes. Ses parents lui ont appris à avoir honte de sa différence, il est temps qu’elle l’embrasse et l’accepte pour se protéger, elle et le bébé. Je vois déjà dans son regard que les choses sont en train de changer. Elle s’inquiète de tout, elle envisage toutes les étapes. Une vraie future maman. Et je profite pleinement de l’instant. Je me moque avec elle des cours prénataux alors que l’on sera probablement les premiers à s’y rendre bien trop angoissé par la perspective de l’accouchement. Mais tout ça, on le verra plus tard. On prendra le moment comme il vient. L’important, ce soir, était de vider de notre sac. Tout se dire pour un départ propre. Pour reprendre sur de bonnes bases. On aperçoit l’avenir en s’excusant des erreurs du passé. On fait au mieux. On s’aime comme on peut.

***

Je les entends rire dans le couloir alors que je profite encore de la chaleur de la couette. J’aurais préféré avoir le luxe de me blottir contre Jill, mais il faut croire qu’elle a choisi de comploter avec Noah. Les pas qui se rapprochent et un gamin surexcité qui saute à pieds joint sur le lit. Tout aurait très bien pu se dérouler. C’était sans compter sur la maladresse de Noah qui envoie son genou tout droit là où il ne faut pas. Il m’arrache un cri et se bloque dans ces gestes. Un pied en l’air, une main sur la bouche. « Non pas te tuer, j'ai pas fait exprès. On voulait te réveiller plus tôt pour aller se promener. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres alors que je l’amène vers moi. « C’est okay bonhomme. » Même s’il y a plus agréable comme réveil, je ne vais pas lui crier dessus. Il s’est laissé emporter par le moment. Il est comme ça Noah. Et déjà, il file dans le couloir pour aller chercher ce que Jill lui a demander. Et je tente de réclamer un baiser avant que la terreur ne revienne. Le corps de Jill qui se rapproche du mien tandis que ses lèvres se baladent entre ma mâchoire et mon cou. « Ça va mieux maintenant ? » Si tu savais comme tout va mieux. « C’est bien mieux. » que je me contente d’affirmer alors que déjà le gamin nous fait savoir qu’il revient. « Ferme tes yeux Noah. » Je l’entends rire alors que mes bras s’enroulent autour des hanches de Jill tandis que je l’embrasse tendrement. Juste une seconde. « Tu feras des bisous plus tard. Ça va être froid. » Il est direct le gosse, il pose son plateau sur le bord du lit tout fier. Le café, c’est un peu renverser, les toasts sont un peu brûlés, mais tout est parfait. « Hmmm, c’est tout pour moi ? » Jill hoche la tête. « Je peux avoir ça ? » Et il n’hésite pas à chiper un bout de bacon Noah. « Eh ! » Je chatouille ses côtes alors qu’il vient s’asseoir à côté de moi. Déjà, il m’explique le programme de la journée et je ne cesse de sourire. Il va vraiment falloir partir d’ici ?

Une heure, plus tard, on se retrouve à la bordure de la forêt. Noah s’arrête devant chaque arbre, chaque fleur. « Tu peux aller devant Noah, mais tu restes où on peut te voir. » Et déjà, il est parti comme une flèche. « Il m’épuise. » que je ris alors que ma main vient se glisser dans celle de Jill. Elle est un peu dans les nuages la brunette, j’essaye de la garder avec moi. « Tu crois que le nôtre sera aussi énergique ? » Tu crois qu’il sera plus comme toi ou comme moi ? Tu crois, tu crois… On a tout un monde à s’imaginer. C’est nouveau, mais c’est apaisant. Et déjà, il crie pour nous montrer un truc Noah. Des feuilles de toutes les couleurs qu’il glisse dans le sac de sa tante. Il les peindra toute dès notre retour. « Comment tu te sens ? » On profite du silence de la forêt. Ici, tout peut être dit.
 

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Le réveil devait bien se passer pour tout le monde, ils avaient tout prévu. Ils devaient aller faire du bruit dans la chambre, réveiller Bailey en fanfare juste avant de lui ramener son petit déjeuner au lit. Mais Noah s'est laissé emporter par l'excitation et a sauté sur Bailey. Et Jill se met à rire fort, alors que Bailey lui fait la mine la plus boudeuse qu'il ait en stock. Alors elle se calme, elle le regarde, attendrie. Et elle envoie Noah chercher le plateau dans le couloir. Elle se retrouve assise sur les genoux de Bailey à embrasser sa mâchoire, son cou, et ses lèvres. Elle sourit contre les lèvres de Bailey, elle est bien là, elle aurait peut-être dû laisser Noah dormir un peu plus longtemps finalement. Mais il arrive derrière eux, et Jill continue d'embrasser Bailey une seconde de plus, ou peut-être deux, ou peut-être plus et il dit à Noah de fermer ses yeux. Elle rit encore plus Jill jusqu'à ce que Noah réplique. « Le chef a parlé ! » et elle hoche la tête avant de se retourner pour que Bailey puisse accéder plus facilement au plateau tout en la gardant sur ses genoux. Il pique dans l'assiette qu'ils ont préparé et qui ça étonne ? « Noah je te rappel qu'on a déjà mangé la moitié du bacon qu'on avait en bas. » Elle hoche la tête en piquant quelque chose dans l'assiette de Bailey à son tour en souriant avant de poser ses lèvres sur celles de son mari de nouveau. « Ehhhh pourquoi tu la chatouille pas elle ? »

Et ils sont partis dans la forêt, c'est magnifique, c'est isolé, et Jill est pensive. Elle aime cet endroit, mais elle ne peut pas s'empêcher de penser à tout ce qu'ils vont retrouver à Brisbane. De se demander où est sa sœur, où est son frère, comment va Levi. Au bébé, et à cette soirée qu'elle a faite alors qu'elle était déjà enceinte. Et elle se perd dans ses pensées en observant tout autour d'elle. En riant dès que Noah s'extasie devant un nouvel arbre, une nouvelle fleur, et même certains cailloux. Il court partout, et Jill sera toujours impressionnée par l'énergie que ce gamin peut avoir. La main de Bailey qui glisse dans la sienne la ramène un peu sur terre et elle tourne la tête vers lui. « Tu crois qu'il pourrait être aussi parfait et aussi fort que lui ? » Parce que Noah est une vraie force de la nature, ce petit bonhomme permet à tout le monde de maintenir le cap de leurs vies et il ne s'en rend même pas compte. « Je vais bien, je pensais juste à beaucoup de choses... » Parce qu'elle sait qu'il l'a vu se perdre dans sa tête, elle sait qu'il pose sa question pour ça. Alors elle sourit et pose un baisé sur sa tempe. « Je pensais à tout le monde, à Brisbane, au bébé... » et elle les arrête pour se poser devant lui une seconde et capter son regard. « Et toi ? Tu vas bien ? »

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jailey #12

Je me rends compte que tout cela m’avait manqué. Les réveils en fanfare de Noah, son rire d’enfant. J’étais passé des réveils bruyants avec Ginny et Noah, au silence le plus total puis à la présence bien plus atténuée de Jill. J’ai la sensation de redécouvrir la vie de famille et cette fois, elle sonne juste. Dans cet essai-là, j’ai épousé la femme que j’aime, on va agrandir la famille, on va presque devenir normaux. Il me plaît cet essai-là. Je voudrais qu’il dure, qu’il ne cesse jamais. Même lorsque Noah me saute trop violemment dessus, parce que Jill est là pour venir m’embrasser, parce qu’elle enroule ses bras autour de mon cou et que mon sourire ne sera plus jamais faux. Le bonheur n’est pas loin, juste là, au bout de nos doigts. Peut-être qu’on pourra enfin y goûter. Même quand Noah me vole un bout de mon petit-déjeuner et que Jill le rappelle à l’ordre. Même lorsqu’il râle parce que je le chatouille lui et pas elle. Il est là mon bonheur, dans les petits instants volés, dans notre bulle. « Je la chatouille pas parce que j’ai eu un bisou. » Et il se met à rire à gorge déployée Noah avant de m’attaquer de bisou collant. Merci bonhomme. Merci d’être là.

Après quelques jours enfermer dans la maison à profiter de la présence des uns et des autres, on décide de partir faire un tour en forêt. Ce n’est pas ce qui manque dans le coin et seulement après cinq minutes de marche, on commence à s’enfoncer dans le sous-bois. Si Noah s’émerveille d’un rien, Jill semble perdue entre la découverte des lieux et ses pensées. Je le vois, je le sens. Je lui laisse tout l’espace dont elle a besoin, mais je finis par questionner malgré tout. J’ai étrangement besoin que l’on discute, que l’on ne se cache plus rien. « Tu crois qu'il pourrait être aussi parfait et aussi fort que lui ? » Et ça fait comme des papillons dans le ventre lorsque l’on évoque notre futur enfant. C’est encore si nouveau. L’angoisse n’est jamais bien loin, elle reste là tapie dans l’ombre. Et je réunis toutes mes forces pour imaginer comme tout ira bien. « On fera tout ce qu’il faut. » On essayera d’être les meilleurs parents. On ne reproduira jamais ce que les nôtres ont pu faire. On va essayer si fort que ça fonctionnera. « On va l’aimer. » Et ça ira. C’est tout ce qu’il nous manquait quand on était gosse Jill, de l’amour. Ça fonctionnera.

« Je vais bien, je pensais juste à beaucoup de choses... Je pensais à tout le monde, à Brisbane, au bébé... » Ma main serre la sienne un peu plus fort. Bien entendu, elle pense aux autres. Elle ne fait que cela depuis des années Jill. « Pense un peu à toi. » Par pitié. Pense à ta grossesse, pense à te reposer. Pense à vous. « On s’occupera du reste quand on rentrera. » Ils ne pensent pas à nous, alors pourquoi on se fatiguerait à le faire. J’ai passé trop d’années à me soucier du regard des autres. J’en suis fatigué. Vraiment. « Et toi ? Tu vas bien ? » J’ai promis de ne plus lui mentir. Même lorsqu’elle se retrouve face à moi, même lorsque je n’ai plus l’occasion de fuir. « J’essaie. » J’essaie si fort Jill, tu n’as pas idée. « Aujourd’hui ça va. » Parce que vous avez décidé de me faire un petit-déjeuner, parce que je suis avec vous. Demain. On verra plus tard pour demain. « Je te promets pas que ce sera comme ça tous les jours. » Je me connais. Il y a toujours des hauts et des bas. Il est tant que je l’accepte. « Je me sens un peu moins angoissé. » Un peu moins, c’est déjà ça de gagner non ? Je fais de mon mieux, je travaille dessus. « Peut-être que j’irais voir un psy une fois à Brisbane. »   

take me far from streets and roads. lead me out in the night, don't show me the way back home. because i'm craving, craving, craving something i can feel. where do i go, what do i need, is it ecstasy or is it fear? am i on my own, am i even close? because i'm still craving something i can feel

La forêt aux alentours est magnifique. Jill regarde partout, Noah court dans tous les sens et ce moment est assez magique. Il serait parfait si Jill arrivait à ne pas penser. Et Bailey le voit, bien sûr qu’il le voit. Alors elle revient un peu vers lui, elle tourne la tête vers lui et elle capte son regard avant de regarder Noah qui est en train de découvrir les environ. “On va tout faire pour être bien, on sera toujours là.” Elle ne reproduira pas les mêmes erreurs que leurs parents, elle veut que son enfant soit heureux et elle veut l’élever avec Bailey. Elle ne s’imagine plus de vie sans lui à ses côtés, et encore plus maintenant qu’ils bâtissent une vie et une famille ensemble. Elle ne s'était jamais surprise à rêver à ce genre de vie. Mais aujourd’hui, elle ne s’imagine plus vivre autrement.

Elle lui raconte à quoi elle pense, pourquoi elle se perdait dans sa tête il y a encore quelques minutes. “Je sais c’est juste pas facile” C’est pas facile de voir ce petit bonhomme juste devant elle et se dire qu’elle n’a de nouvelles de personne. Elle respire et elle se concentre de nouveau sur son mari, elle tient toujours son bras et ils avancent doucement en suivant Noah. “J’ai même pas envie de rentrer.” Elle aimerait vraiment rester là encore un long moment. Juste rester loin de tout et de tout le monde pendant encore un temps. Elle l’arrête, elle se place devant lui et cherche ses yeux. Elle n’oublie pas dans quel état elle l’a trouvé il y a quelques jours. Toutes les drogues et l’alcool éparpillé sur la table. “On sait qu’on ira pas bien tous les jours, mais c’est pas grave tant qu’on en parle d’accord ?” Et ne plus jamais refaire un truc pareil, plus jamais fuir la discussion à ce point là. “Si tu penses que ça peut t’aider ça me va.” Elle sourit, si il veut aller voir un psy elle ne l’en empêchera pas. “ça t’a fait du bien d’être seul ici pendant quelques jours?” Parce qu’elle elle ne l’a pas si bien vécu. Heureusement qu’elle avait Noah, mais Bailey lui n’avait personne. “J’aurais dû appeler plus souvent.” Elle n’a appelé qu’une fois après qu’il soit parti. Elle était si énervée qu’elle n’a pas cherché à faire plus jusqu’à ce que Noah lui dise où il était. Elle n’a pas hésité une seconde à le rejoindre, elle avait besoin d’être rassurée, de s’assurer qu’il allait bien même si il était à l’autre bout du monde.

i believe in us

jailey #12

« Je sais c’est juste pas facile. » Évidemment, rien n’est simple avec des familles comme les autres. On est incapable de clairement se dire les choses, les uns, les autres. On préfère mentir, se cacher derrière nos carapaces, faire semblant et disparaître apparemment. Il faut croire que c’est devenu notre truc au fil des années. Prendre la fuite pour assumer plus tard. C’est toujours la solution la plus simple, partir pour fuir nos responsabilités, pour se retrouver seul avec soi-même et ne culpabiliser de rien lorsque l’on chute encore plus bas. Je voudrais m’excuser, mais je n’en ai pas la force. Et je ne le ferais pas pour les autres. Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de Ginny pour partir sans Noah. Je ne connais pas assez bien Matt pour prendre la responsabilité de ses actes. Alors on n’excuse rien. On tente juste de garder la tête hors de l’eau. « J’ai même pas envie de rentrer. » « Tu m’en veux pas pour la maison ? » C’est la seule chose à laquelle je pense à cet instant précis. Est-ce qu’elle accepte réellement de rester dans cette maison qui n’est pas la sienne, qui a été le berceau de tant de secrets. Je n’avais jamais prévu de lui en parler, il faut croire qu’il était temps de mettre les choses à plat. Je sais plus vraiment. On prend les choses telle qu’elles viennent pour le moment. Il faut croire.

Et je tente de lui expliquer tout ce qui se déroule dans ma tête depuis que je suis arrivé à Londres. Je crois être passé par toutes les étapes qui soient. Je pense aussi avoir besoin d’aide, mais là aussi, je ne suis sûr de rien. « Si tu penses que ça peut t’aider ça me va. » « Je sais pas vraiment Jill. » Parce que je refuse d’avoir ce genre de conversation avec moi-même. Je crois que je ne suis pas assez fort pour cela. Pas pour l’instant en tout cas. Il me faut encore du temps, de la réflexion. Probablement une remise en question également. « Ça t’a fait du bien d’être seul ici pendant quelques jours ? » La question à cent balles. Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres. « J’étais défoncé la moitié du temps. » On avait dit plus de mensonges. Je n’en suis pas spécialement fier, mais c’est la stricte vérité. « J’avais pas fait ça depuis des années. » dis-je doucement. « Et je me suis persuadé que tu voudrais plus jamais entendre parler de moi. » Parce qu’elle a parlé qu’une seule fois justement. « Je sais pas ce qui aurait été le mieux. » dis-je en haussant les épaules. On a dit qu’il fallait être honnête. « Je voulais voir personne, je me suis persuadé du pire, mais c’est fini maintenant, non ? »

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Elle tient toujours le bras de son mari, même si elle n'est pas à 100% dans le moment. Elle divague, elle respire, elle profite de ce dépaysement. Elle est contente d'être avec Noah, d'avoir retrouvé Bailey, elle devrait vivre cet instant au maximum, en profiter le plus possible. Alors elle essaie de se reconcentrer sur lui, sur le petit garçon qui court et ramasse des fleurs dans tous les coins de la forêt alentour. Ils discutent, parce qu'il a vu Bailey, il a senti qu'elle était ailleurs. Elle resterait bien ici, loin de tout sans jamais dire à personne où ils sont partis. Mais il pose une question délicate, une question sur la maison qu'il a gardé et qui est à lui et Ginny."je sais pas" elle est sincère, parce que ça ne la ravit pas qu'il ait instinctivement envoyé un message à sa sœur avant de s'échapper dans leur maison de Londres. "j'ai rien contre cette maison, c'est tout ce qu'elle représente qui me fait me sentir pas vraiment à ma place." peut-être que si Noah n'avait pas été là elle n'aurait jamais été au courant. Et elle ne veut même pas essayer d'imaginer ce qu'il aurait pu se passer si Noah n'avait pas été à ses côtés. 

Elle se pose devant lui en attrapant ses deux mains. Elle enlace ses doigts à ceux de son mari et elle capte son regard. "Eh, rien ne presse. T'as le temps de réfléchir à tout ça, on a le temps de discuter et de réfléchir." et elle lui demande si ces quelques jours l'ont aidé. Elle sait que ça n'était sûrement pas beau à voir, il a rechuté lui aussi. Il en avait certainement autant besoin que Jill. Elle ne le jugera pas et il le sait très bien. Elle l'écoute, elle réagit mais elle ne dit rien. Elle serre les dents, elle ne le laissera plus jamais partir comme ça, seul et dans cet état là aussi loin. "si c'est vraiment fini, on passe à autre chose. Mais je veux pas que ça nous arrive de nouveau, alors si t'as besoin de vider ton sac, fais le. Je veux pas qu'on garde des choses enfouis. Je veux plus qu'on se sépare comme ça" la main de Jill s'est posée sur la joue de Bailey, et ses lèvres se posent sur les siennes. "on est trop important maintenant. Et je serai toujours là pour toi"  c'est une promesse, une vraie, qu'elle ne trahira jamais. 

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jailey #12

« J'ai rien contre cette maison, c'est tout ce qu'elle représente qui me fait me sentir pas vraiment à ma place. » Je hoche la tête comprenant parfaitement ce qu’elle avance. Cette maison n’est pas la sienne. Elle a toujours représenté une échappatoire pour le couple que nous étions censés former avec Ginny. C’était notre endroit à nous celui dont personne ne connaissait l’existence et cela aurait dû rester secret pour le reste de nos vies. Ce n’était pas un endroit que l’on comptait partager, et même si je suis heureux que Jill soit là, je ne vais pas cacher que la voir dans cette maison me perturbe encore parfois. « Je comprends Jill… » que je lui concède dans un souffle. « On… On avait besoin de ça pour tenir le coup. » Et cette maison n’a jamais rien abriter d’autre que Bailey et Ginny sans le masque, ami et solidaire dans l’adversité. Et malgré tout, je ne m’excuserai jamais pour avoir eu besoin de lui cacher cela. C’était notre maison, notre endroit. Elle nous a sauvé la vie cette maison et j’en garderai à jamais un doux souvenir.

Et on en vient à discuter à cœur ouvert durant cette balade dans la forêt. Je tente de déverser tout ce que je gardais pour moi depuis probablement trop longtemps. Et lorsqu’elle se pose devant moi Jill, lorsqu’elle pose ses mains sur mes joues, je sens que quelque chose à changer entre nous. « Si c'est vraiment fini, on passe à autre chose. Mais je veux pas que ça nous arrive de nouveau, alors si t'as besoin de vider ton sac, fais le. Je veux pas qu'on garde des choses enfouis. Je veux plus qu'on se sépare comme ça. On est trop important maintenant. Et je serai toujours là pour toi » Et sur l’instant, je trouve simplement la force de poser mes lèvres sur les siennes, vaine tentative de lui transmettre tout ce que je ressens pour elle. Je suis sûr d’une chose : je l’aime. Le reste viendra avec le temps. La confiance, la complicité retrouvée. Tout ce qui forme un couple solide. En attendant, Noah vient nous trouver pour nous embarquer dans son monde imaginaire à la découverte de plantes et de traces d’animaux.

Ce voyage marquera un véritable tournant dans notre couple. On aura pris le temps d’avoir de longues discussion tous les soirs dès que Noah été couché. On a découvert que l’on pouvait se confier, se parler, sans jamais crier ou s’énerver. On a ouvert les yeux sur ce qu’il nous fallait pour être bien ensemble. Ce voyage a marqué un nouveau départ bien plus serein.    

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