Il avait là un air de menace sous-jacente qui ne plut pas du tout à Luc. Ce dernier répondit en miroir par un hochement de tête et ne répondit rien. Amos se leva, lui adressa un signe de la main, et s’en alla d’un pas tranquille en direction de la sortie du parc.
Luc avait une drôle d’impression, mais il n’arrivait pas à mettre un mot sur ce qu’il ressentait alors. Il décida de tout bonnement l’ignorer et attendit quelques minutes, afin d’être certain que l’homme avait bien quitté les lieux, était monté dans sa supposément belle voiture et s’était suffisamment éloigné. Puis il se leva à son tour. Jetant un regard alentour, il observa le parc tout juste éveillé. Il y avait quelques coureurs aguerris et une mère de famille avec une poussette double, ainsi qu’une famille avec deux gamins se chamaillant dans les graviers. Les arbres ployaient vers le sol, forces tranquilles et infreinables, silencieux. Le petit lac brillait sournoisement, d’une couleur peu attirante mais étrangement consolatrice. Le vent. Les oiseaux. Il y avait tout une symphonie de chants volatils ce matin. Luc prit la direction de la sortie.
Sur le chemin, il ne put s’enlever de l’esprit cette étrange conversation qu’il venait de partager avec Amos. Cet homme était sans l’ombre d’un doute un drôle de type. Le jeune homme avait du mal à savoir quoi penser de lui. Il entretenait une aura de sécurité, peut-être contre son gré, mais il comptait tremper dans des histoires dangereuses. Sa fille était donc morte à cause d’une organisation restée non nommée. S’était-elle faite assassiner ? Avait-elle plongé dans la drogue ? Si c’était la seconde possibilité, il aurait pu essayer d’expliquer à Amos qu’organisation ou pas, tomber dans la drogue, ça peut arriver à tout le monde. Certaines situations et fréquentations n’aidaient, sûr, mais personne n’était parfaitement à l’abri. Mais Luc était jeune. Il n’aimait pas penser à mal.
Il rentra donc chez lui, la tête bourdonnante, un horrible mal de tête fracassant son crâne. Dans sa préoccupation, il ne s’était pas arrêté à une pharmacie acheter des anti-douleurs. Tant pis. Il se remit au travail et rangea Amos dans un coin de sa tête.