“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Un mois. Un mois c’est long. Même si on a pu se voir une fois entre temps, mais c’était juste pendant quelques heures le temps d’une visite. Et comme je lui ai promis je suis venu la chercher quand elle me l’a demandé, même si j’aurais préféré qu’elle y reste encore quelques semaines de plus. La savoir en dehors de ce centre après seulement un mois ne me rassure pas. J’ai peur que ce soit trop tôt et qu’elle replonge très vite. Hier soir j’ai passé toute ma soirée à fouiller son appartement à la recherche de toutes les bouteilles d’alcool possibles et inimaginables et si vous connaissiez le nombre impressionnant de bouteilles que j’ai dû jeter. Mais je ne pense avoir rien oublié – du moins je l’espère. – Je suis stressé, je ne sais pas trop pourquoi mais j’appréhende ces retrouvailles. Certainement parce que je ne suis pas sûr de savoir dans quel état je vais la retrouver. Elle allait bien la semaine dernière quand on s’est vus. Mais si je stresse je pense que c’est aussi parce que les derniers jours ensemble avant qu’elle n’entre en cure ne se sont pas si bien passés. On ne se disputait pas forcément mais on ne ressemblait pas non plus à un couple heureux et fou amoureux. Cette nuit je n’ai pas très bien dormi parce que je ne pouvais pas m’empêcher de penser que peut-être j’aurais dû insister et lui dire qu’il est trop tôt pour qu’elle sorte. Je m’en veux. Mais en même temps je lui avais promis alors je n’avais pas vraiment le choix, non ? Donc je suis là, à l’attendre dans le hall un bouquet de ses fleurs préférées (des lys blanches) dans les mains, ma jambe tremble sûrement nerveusement. Une infirmière me dit qu’Alex sera là d’une minute à l’autre. Je ne devrais pas avoir peur, j’ai hâte de la revoir mais en même temps j’appréhende et je n’ai pas le temps d’y réfléchir plus qu’Alex fait son apparition. Je relève les yeux vers elle et un grand sourire se dessine immédiatement sur mon visage. Je me lève pour la prendre dans mes bras et je la serre contre moi sans rien dire au début profitant simplement de sa présence. Ça fait du bien, la revoir me fait le plus grand bien et maintenant je ne me sens plus stressé du tout. « Tu m’as manquée. » Ces quelques mots murmurés à son oreille, je finis par me détacher d’elle et lui tends le bouquet de fleurs. Ce n’est pas grand-chose, mais ce n’est que le début. Je lui ai préparé un super repas qui ne demande qu’à être mangé et tout ça, c’est à la maison. J’en profite pour la regarder longuement sans rien dire. Elle a bonne mine. Bien meilleure mine qu’en entrant ici. « Comment tu te sens ? T’as vraiment bonne mine, t’es très belle. » Et c’est sincère. Moi elle va sûrement me dire que j’ai trop laissé pousser mes cheveux et ma barbe aussi d’ailleurs mais ce n’est pas grave, moi j’aime bien ce style-là mais je ne serais pas étonné qu’elle ne soit pas du même avis que moi. De toute façon rares sont les fois où on arrive à se mettre facilement d’accord. « C’est bon t’as toutes tes affaires, on peut y aller ? » Je lui demande tout en attrapant sa valise et je quitte le centre, cette fois, à ses côtés. Et je ne compte plus jamais la lâcher. Un mois sans pouvoir la voir tous les jours, sans pouvoir lui parler quand je le veux ça m’a semblé comme étant une éternité. Sa valise dans le coffre, je roule en direction de son appartement et voilà ce stresse stupide qui refait son apparition. Je ne comprends vraiment pas pourquoi je stresse, c’est ridicule au moins je m’en rends compte. Elle est là, à côté de moi, en bonne santé, sobre, je devrais juste me réjouir. Et je le suis. Je suis terriblement heureux de la voir et de la ramener à la maison mais il y a toujours cette petite voix qui me dit que c’est trop tôt ou bien que j’ai oublié une bouteille quelque part chez elle. « Je ne travaille pas aujourd’hui, tu veux qu’on fasse quelque chose de particulier ? » Comme tous les lundis c’est ma journée off, ma journée de repos et je compte bien la passer avec elle – sauf si elle avait d’autres plans avec quelqu’un d’autre. – Mais dans ce cas-là je serais vraiment très déçu. Je sais qu’elle doit un peu sentir ma nervosité ce qui va certainement la faire rire mais je vous assure que je n’y peux rien. C’est quand je parle pour ne rien dire qu’on peut très vite comprendre que je suis nerveux. « Ou bien on peut aussi juste rester chez toi…c’est comme tu veux. » Je m’enfonce, je parle pour rien, je parle encore et toujours. On dirait presque qu’Alex est en train de déteindre sur moi. Elle qui est toujours en train de parler, tout le temps, beaucoup beaucoup trop. On arrive après une vingtaine de minutes de trajet. Je prends sa valise dans le coffre et nous montons en silence. Il faut que je me détende et que je parvienne à laisser mon stress de côté. Pourquoi à la minute même où nous sommes montés en voiture je me suis remis à angoisser sans aucune raison apparente ? Dobby nous attendait derrière la porte et nous avons à peine le temps de rentrer qu’il nous saute dessus. Surtout sur Alex, ce qui nous montre qu’il avait donc ressenti absence de ces dernières semaines. Il est tout excité il court partout il aboie alors je lui demande de sa calmer, ce qu’il fait petit à petit. « J’ai préparé un magret de canard ce matin avant de partir, il me reste plus qu’à le cuire. T’as faim maintenant ou tu préfères attendre un peu ? » Il est un peu plus de midi, je ne sais pas à quelle heure elle s’est levée ni même à quelle heure elle a déjeuné. En fait tout ce que je sais c’est qu’elle est là avec moi, elle est de retour. Enfin. Et cette pensée me donne envie de sourire. Je prends ses mains dans les miennes et l’attire contre moi pour l’embrasser avec tendresse, lâchant une de ses mains pour la remonter vers sa nuque. Ses lèvres m’ont manquées, son sourire m’a manqué, son odeur m’a manqué, ses yeux m’ont manqué. Elle m’a manquée, tout simplement.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
En préparant mon sac, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir une petite vague de stress. Assisse sur le lit qui a été mon lit pendant un mois, je repense à ce que je viens de vivre. A ces quatre semaines enfermée ici. A ces premiers jours horribles, à ce sevrage plus compliqué que ce que j'avais même pu envisager. La douleur, le manque, les symptômes physiques, les pensées horribles, ma colère envers les gens autour de moi et envers moi même. Des premiers jours ou j'ai voulu m'enfuir pour arrêter de souffrir, pour arrêter d'avoir à gérer tout ça. Le manque mais aussi les premières thérapies, les premiers échanges avec le psychiatre, les premiers ateliers en groupe. Tout ça, d'un coup c'était trop. Mais assisse dans ce lit, je repense aussi à la suite. Aux jours suivants, à l'après. Quand mon corps a arrêté de me faire totalement souffrir, quand mes pensées sont devenues moins sombres, quand j'ai arrêté de lutter contre toute l'aide que l'on me proposait. Quand j'ai même accepté de m'investir, et de mettre réellement à profil le temps passé ici. Quitte à être enfermée autant que ça serve à quelque chose non ? Et puis je lui avais promis. Alors de patiente horrible, je suis devenue patiente modèle, ou presque. J'ai arrêté de refuser les traitements aussi, ça a sans doute aidé, un peu, beaucoup enfaîte. Et j'ai appris à tirer parti des activités proposées. Particulièrement la salle de sport, mais aussi les ateliers de gestion du stress et des angoisses, et les séances quotidiennes avec les psy. Rien n'a été simple, arrêter l'alcool a été douloureux, et commencer à parler des raisons qui m'ont poussé à commencer à boire l'a été tout autant. Mais je l'ai fais, m'infligeant la douloureuse (et nouvelle) expérience d'évoquer mes erreurs sans pouvoir me soulager l'esprit avec de l'alcool ou de la drogue après. J'ai du faire face à la vérité et à mes émotions sans possibilité de fuir. Ni physiquement, ni émotionnellement et si mes nuits ont été agité, j'ai géré les choses, avec mes armes et le soutien des équipes. Aujourd'hui, je quitte le centre, sobre, en bonne forme physique, avec un regard sur mon parcourt ici qui me donne envie d'y croire. Croire que je peux faire à l'extérieur ce que j'ai réussi à faire ici. Je veux y croire même si je ne peux m'empêcher le stress de se faire ressentir, je le gère et je pense à Caleb qui devrait arriver d'ici très peu de temps. Je pense à lui et j'ai envie de sourire, je vais le retrouver pleinement enfin. J'attrape ma valise et je quitte la chambre, tout en laissant un petit mot pour une infirmière de nuit que j'ai particulièrement malmené. Et je rejoins le hall, déterminée et impatiente de le voir. Il est là assit, avec un bouquet de mes fleurs préférées, un sourire aux lèvres. Je le regarde et je souris aussi, me sentant tout de suite mieux en le voyant. Je m'avance vers lui et je ne me fais pas prier pour me blottir dans ses bras, et ce geste si simple en apparence, ne l'est pas, parce que je viens d'être privée de ces moments de tendresse pendant un mois, si on ne compte pas ces quelques heures passés ensemble le week-end dernier. « Toi aussi tu m'as manqué et merci pour les fleurs. » Je souris sincèrement, je le regarde vraiment et je n'attends plus qu'une chose que l'on parte d'ici ensemble. « Je vais bien. Vraiment. » Je ressens un léger stress alors qu'il me demande comment je vais, comme si la question était piégeuse. Mais elle ne l'est pas. Et moi, je gère, je veux sortir d'ici. Je veux rentrer et je suis prête. J'ai longuement discuté avec le psychiatre de ma décision, de la suite une fois dehors, des moyens pour gérer à la fois mes problèmes d'addictions, mais aussi mes angoisses. On a discuté de tout ça, à plusieurs reprises et il a fini par me donner son accord pour sortir. Est-ce ça aurait changé quelque chose s'il avait refusé ? Peut-être, mais je n'y pense pas, il me laisse sortir et ça me donne un peu de confiance pour envisager la suite. Et puis, je veux rentrer chez moi avec Caleb, alors le voir ici, avec un bouquet pour me faire sortir d'ici, ça suffit à me faire sourire. « Il était temps que je rentre, tu as vu ton allure. Va falloir arranger ça. » Je passe une main sur son menton en lui souriant. Sa barbe a bien poussé, ses cheveux aussi et je profite de cette discussion pour tenter de faire baisser la pression entre nous, pour tenter de retrouver notre complicité et lui montrer que je suis avec lui, souriante et en forme. « J'ai tout, tu peux me ramener chez nous. » Je lui attrape la main dans un geste si naturel, alors que lui prends ma valise et je quitte le centre en saluant une dernière fois le personnel médical que je croise et à qui j'ai fais vivre quelques moments compliqués à mon arrivée. Voilà, je suis dehors, je suis libre et c'est un sentiment étrange. Je resserre la main de Caleb et je lui souris avant de rejoindre la voiture. « Je ne travaille pas aujourd’hui, tu veux qu’on fasse quelque chose de particulier ? Ou bien on peut aussi juste rester chez toi…c’est comme tu veux. » Je lui souris tout en posant ma main sur sa cuisse dans un geste qui se veut réconfortant. « Caleb, s'il te plaît calme toi, tu vas me stresser. » Je comprends qu'il s'inquiète, je me rappel cette journée, cette discussion sur l'alcool et la façon dont les choses se sont terminées. Je me rappelle ces journées passées à cohabiter sans réellement être ensemble, parce que la vérité nous faisait mal à tout les deux. Je me rappelle mon entrée dans ce centre, et la difficulté d'accepter de le laisser. Alors oui, je comprends son stress, et même si le week-end dernier nous avons réussi à profiter de ce temps ensemble sans stress, cette fois les choses sont différentes. Il me ramène chez moi, dans un lieu ou j'ai eu l'habitude de boire, dans ma vie qui jusqu'à présent me semblait tenable grâce à l'alcool. Alors oui je comprends son stress et je mentirais en disant que je n'ai pas une appréhension moi aussi à remettre les pieds chez moi et retrouver mes habitudes. Mais je suis prête pour ça, je suis sobre, et je sais que ça va pas être simple. Je le sais j'ai déjà vécu tout ça avec la drogue, et je suis restée plus de quatre ans clean. Je connais les groupes de paroles, et je me suis engagée à y retourner. Je connais les moments de doute et de lutte avec soit même, je connais tout ça et c'est parce que je sais à quoi m'attendre, que je peux lui dire que je suis prête. Pas que ce sera facile, mais que je suis prête pour ça. « Avant qu'on rentre, je veux qu'on parle de tout ça pour que ça ne gâche pas le reste de la journée. Je vais bien Caleb, je sais que tu aurais aimé que je reste un peu plus, mais je vais bien. J'ai longtemps discuté avec le psychiatre de ma décision, je ne le fais pas sur un coup de tête. On a discuté de la suite, et on a mit en place un projet à long terme. Je vais continuer à me faire suivre, je n'arrête pas tout comme ça en pensant que tout sera facile. Mais, aujourd'hui, je vais bien d'accord. Je dors bien, j'ai retrouvé l'appétit, et je veux juste être avec toi maintenant. » J'ai besoin de lui dire tout ça, de le rassurer et de lui montrer que je sais ce que je fais. Que je n'agis pas contre la volonté du médecin, que je ne me lance pas à l'inconnu sans être préparée. J'ai besoin de lui dire tout ça, parce que mon alcoolisme lui a fait du mal et je ne veux pas que ce sujet vienne encore mettre de la distance entre nous. Alors avant de rentrer chez moi, de retrouver notre intimité, je tiens à avoir cette discussion, celle ou je lui montre que, même si c'est dur à croire, je suis raisonnable avec ma décision de rentrer. Je suis raisonnable dans ma façon d'aborder la suite de ma récupération, que je suis raisonnable en continuant le suivis médical et psychologique. « Maintenant pour te répondre, je ferais tout ce que tu veux, la seule chose que j'exige c'est que tu sois tout à moi. Parce qu'un mois sans toi, c'est vraiment trop long. » Je dépose un baiser sur sa joue, oh oui un mois sans lui c'était vraiment long et je me demande comment j'ai pu me passer de lui pendant huit ans, je devais être sacrément folle à l'époque. La voiture s'arrête et je me rends compte que l'on est déjà arrivé. Je regarde ma rue, et je me sens légèrement tendue. C'est le retour à la vie réelle, avec les tentations et les vieilles habitudes. Caleb aussi est encore stressé, je le sens mais je ne lui en veux pas, c'est à moi de lui prouver qu'il peut avoir confiance à nouveau. On monte en silence et arrivée devant la porte, je me revois assisse par terre, bourrée, sans clef. Et j'ai honte. Caleb ouvre la porte et je vois Dobby qui se jette sur nous. Il est heureux de me revoir et je me baisse pour le caresser et revoir son affection. Je rigole vraiment devant cette effusion de joie de la part de son chien et je le regarde partir en courant dans l'appartement. Caleb se charge de le calmer, alors que je regarde mon chez-moi. Tout semble pareil, à l'identique et je ne sais pas si c'est rassurant ou légèrement inquiétant. Mon regard dévie sur l'une des portes du meuble ou jadis j'avais toujours un peu d'alcool, en cas de besoin. J'en ai pas envie, je ne suis pas tentée mais ça me fait bizarre d'être ici. Il m'interpelle me faisant revenir avec lui en me parlant d'un magret de canard. « T'imagines même pas comme j'ai attendu ce moment, leurs repas sont bons mais vivre avec un chef ça forge le palais, je crois que j'ai développé des goûts de luxe par ta faute. » Le fait d'avoir arrêté l'alcool joue aussi beaucoup dans la redécouverte du plaisir de manger, plaisir que j'avais un peu perdu. Et avant que je n'ai pu réellement lui donner une vraie réponse à sa question, il me prends les mains et m'attire contre lui. Enfin ! Depuis le temps que j'attendais ce baiser. Il semble enfin prêt à se détendre et à retrouver nos habitudes et c'est tout ce dont j'ai besoin après un mois dans ce centre. Lui, et cette complicité entre nous. Lui et ses baisers. C'est ça que je veux, uniquement ça. Je fais durer ce baiser encore un peu, parce que ça fait si longtemps, parce que la dernière fois que nous, nous sommes embrassés avec autant de passion dans cet appartement, c'était avant tout ça. Alors oui, je profite de ce moment mais je finis par le libérer pour qu'il puisse respirer. « Tu sais que c'est pas désagréable ta barbe. Mais tu couperas quand même tes cheveux. » Je dépose un autre baiser sur ses lèvres, plus court mais je veux juste pouvoir profiter de l'embrasser quand je le veux à nouveau. « Ça m'avait manqué tout ça. » Ses baisers, sa présence, lui. Tout ça quoi. « Tu mets le canard à cuire ou je m'en charge ? » La blague est gratuite. C'est juste un moyen de lui répondre et de lui dire qu'il doit le faire, parce que je sais qu'il me laissera pas gâcher sa cuisine.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Elle est là, dans mes bras. Je la serre contre moi et j’en oublie presque instantanément les moments difficiles que nous avons passés avant son entrée dans le centre. Je ne pense plus aux mots blessants qui ont été prononcés je ne pense plus non plus à ces journées entières que l’on a passées à cohabiter sans trop oser parler. C’était dur. Vraiment. Et ce mois passé sans elle n’a pas été facile non plus même si je l’ai presque vécu comme un soulagement. Est-ce que ça me fait passer pour quelqu’un d’horrible à penser comme ça ? Je ne sais pas, mais je savais qu’elle était entre de bonnes mains, dans un cadre sain et que cette absence c’était pour son bien et pour le bien de notre couple aussi. Mais maintenant que je l’ai retrouvée, maintenant qu’elle est à nouveau dans mes bras je prends réellement conscience qu’elle m’a terriblement manquée. La vie sans elle c’est pas cool, c’est même complètement nul. « Toi aussi tu m'as manqué et merci pour les fleurs. » Je souris tout en lui remettant le bouquet et j’en profite pour la regarder, je l’observe et elle semble beaucoup plus apaisée, plus sereine et la voir comme ça me fait un bien fou. Je pense que je ne l’ai pas vu aussi bien depuis beaucoup trop longtemps et j’avais besoin de me rendre compte qu’elle était en bon état pour que nous puissions repartir sereins. Même si je peux vous assurer que la sérénité n’est sûrement pas le mot qui me définit le mieux aujourd’hui. « Je vais bien. Vraiment. » J’hoche doucement la tête un petit sourire aux lèvres. Elle va bien. Vraiment. Très bien, elle ne fait que confirmer mon impression. C’est même en la regardant comme ça que j’en viens même à la trouver encore plus belle qu’avant. Je ne savais pas que c’était possible pour elle d’être encore plus belle mais apparemment ça l’est. « Il était temps que je rentre, tu as vu ton allure. Va falloir arranger ça. » Ses mots me font rire alors qu’elle passe une main sur mon menton, je secoue la tête de droite à gauche un petit sourire aux lèvres. « Je me doutais que t’allais me faire une réflexion là-dessus. » Je lui donne un petit de poing amical sur les épaules. « Moi j’aime bien. » Mes mots s’accompagnent d’un haussement d’épaules. Pas que je me trouve forcément très beau comme ça, mais ce style ne me dérange pas et c’est sans aucune réelle surprise que j’apprends que mademoiselle n’approuve pas. Sa main dans la mienne et sa valise dans l’autre, nous quittons ce centre qui aura été la raison de notre éloignement durant ce dernier mois. Alex sourit beaucoup, elle est bien plus souriante que d’habitude et c’est une bonne chose puisque j’aime énormément son sourire. Elle est encore plus magnifique quand elle sourit de toute façon. La revoir m’apaise et me fait du bien, mais ça ne suffit pas pour que je sois complètement détendu et au final je reste stressé et elle le ressent tout de suite. Dans la voiture je commence à lui parler, beaucoup plus que je ne l’aurais habituellement fait. Je sens sa main se poser sur ma cuisse avant de me répondre. « Caleb, s'il te plaît calme toi, tu vas me stresser. » Merde. Elle l’a vu, elle a senti toute ma nervosité en même temps, ce n’était pas bien compliqué. Je grimace doucement et je la regarde pour m’excuser. « Désolé. » Et je reporte toute mon attention sur la route, je la sens stressée elle aussi mais en même temps je pense que c’est normal. Elle s’apprête à retourner dans l’environnement dans lequel elle a commencé à boire. Son appartement ne va certainement pas lui rapporter de bons souvenirs et je commence même presque à me dire que j’aurais peut-être dû la raccompagner chez moi. Au moins c’est neutre et là-bas elle y a moins de souvenirs. Du moins, pas de souvenirs directement liés à son addiction. « Avant qu'on rentre, je veux qu'on parle de tout ça pour que ça ne gâche pas le reste de la journée. Je vais bien Caleb, je sais que tu aurais aimé que je reste un peu plus, mais je vais bien. J'ai longtemps discuté avec le psychiatre de ma décision, je ne le fais pas sur un coup de tête. On a discuté de la suite, et on a mit en place un projet à long terme. Je vais continuer à me faire suivre, je n'arrête pas tout comme ça en pensant que tout sera facile. Mais, aujourd'hui, je vais bien d'accord. Je dors bien, j'ai retrouvé l'appétit, et je veux juste être avec toi maintenant. » Je l’écoute avec attention. Elle va bien. Sa décision n’a pas été prise sur un coup de tête, le psychiatre lui a donné son approbation, ils ont même mis en place un projet sur le long terme. Elle va bien. Ce sont les mots que je vais laisser graver dans ma mémoire. « T’es sûre que tu vas vraiment bien ? » Je lui demande, peut-être de façon un peu maladroite. « Enfin je veux dire, t’as super bonne mine et t’as vraiment l’air d’aller bien mais…t’es sûre de te sentir vraiment prête ? » Je suis réellement inquiet et je veux m’assurer qu’elle soit sûre d’avoir pris la bonne décision. Parce que même si on vient tout juste d’arriver et que je suis à peine de me garer je peux faire demi-tour et la raccompagner là-bas si elle me le demande. « Maintenant pour te répondre, je ferais tout ce que tu veux, la seule chose que j'exige c'est que tu sois tout à moi. Parce qu'un mois sans toi, c'est vraiment trop long. » Un sourire s’étire sur mes lèvres alors que je sens son baiser sur ma joue. Une nouvelle fois je la regarde, maintenant ce sourire avant de regarder une nouvelle fois la route. « C’est tout ce que je voulais entendre. Un mois sans toi c’était même horriblement long. » Et encore je pèse mes mots. Mes journées de repos étaient ennuyantes, mes soirées libres étaient tellement, tellement longues heureusement que Dobby était là pour m’occuper un peu.
Une fois la voiture stationnée, on décide quand même de sortir et après avoir récupérer sa valise on monte jusqu’à son appartement. Elle est anxieuse, je le sens et quand j’ouvre la porte de chez elle Dobby lui saute dessus nous montrant sa bonne humeur et son bonheur de retrouver Alex. Il est beaucoup trop surexcité alors j’essaie de le calmer. Qu’est-ce que je l’aime ce chien, et grâce à lui j’entends le rire d’Alex ce qui me fait immédiatement sourire. Je souris parce que j’ai l’impression de ne pas l’avoir entendu rire depuis une éternité. Et c’est long, une éternité. « T'imagines même pas comme j'ai attendu ce moment, leurs repas sont bons mais vivre avec un chef ça forge le palais, je crois que j'ai développé des goûts de luxe par ta faute. » Par ma faute ? Mais non, grâce à moi plutôt, non ? Je rigole un peu avant de me débarrasser de mes chaussures je les laisse dans l’entrée et je pars en direction de la cuisine pour ressortir la viande du frigo. « Je te préparerai en avance tes repas tous les jours si tu veux. » Je lui dis ça sur le ton de la plaisanterie mais en soit je suis complètement sérieux. Mais pour l’instant j’ai surtout envie de l’embrasser, parce que je n’ai pas pu le faire depuis beaucoup trop longtemps. Le baiser dure longtemps et me fait même un peu frissonner. Ses lèvres contre les miennes, sa main dans la mienne, ce genre de geste si simple mais qui a tellement pu me manquer. Elle finit tout de même par se détacher de moi nous permettant de respirer un peu mieux. « Tu sais que c'est pas désagréable ta barbe. Mais tu couperas quand même tes cheveux. » Je souris et au même moment ses lèvres se posent à nouveau sur les miennes. Ma nervosité s’est complètement envolée. « C’est quoi le problème avec mes cheveux ? » Je lui demande les sourcils légèrement froncés bien que je connaisse la réponse au final. Ils sont trop longs. « Mais c’est noté, j’irai chez le coiffeur cette semaine. » Si elle préfère. Par contre elle pourrait avoir une mauvaise surprise et me voir arriver un soir les cheveux complètement rasés…non en fait, non. Je ne ferai jamais ça. « Ça m'avait manqué tout ça. » Un énième sourire prend place sur mon visage alors que je viens l’embrasser à nouveau. « À moi aussi. Tes lèvres m’ont tellement manquées. Ton sourire aussi. Et tes yeux. » Tout. Elle quoi, tout simplement. Elle m’a vraiment manquée et je pense qu’elle pourra facilement le comprendre si je continue à lui dire toutes les cinq minutes. « Tu mets le canard à cuire ou je m'en charge ? » Ah. Ah. Ah. Ah. Elle se met à l’humour maintenant ? Je m’éloigne d’elle à contre cœur, lâchant sa main et recule vers la cuisine. « Tu t’approches pas de ma cuisine. Je te l’interdis. » Je lui dis tout en la pointant du doigt, même si en soit c’est sa cuisine et pas la mienne. « Va t’asseoir je m’occupe de tout. Ça va bientôt être prêt c’est rapide à cuire. » Je commence au même moment la cuisson de la viande et des légumes. Au final ça se passe plutôt bien, enfin pour l’instant. Espérons juste que ça dure.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
J'ai tellement envie de le retrouver. J'en ai envie, c'est indéniable, parce qu'il m'a réellement manqué durant ce mois. Ça ne fait pas si longtemps qu'on passe notre temps ensemble, mais avec cette distance forcée, j'ai compris qu'il fait partie de ma vie, et que j'ai envie de pouvoir le voir tout les jours, de pouvoir le regarder, le toucher, partager un quotidien avec lui. Parce que c'est un peu ce que l'on fait, sans réellement le dire, mais il est chez moi et ça me plaît. Sauf que je n'étais pas forcément capable de le dire parce que c'était une réalité qui me faisait flipper. Mais le revoir, aujourd'hui, me donne le sourire et me rassure. Il me prends dans ses bras, et ce geste suffit à faire redescendre les appréhensions que j'ai. Parce que oui, j'appréhende un peu nos retrouvailles. J'appréhende de le décevoir encore. J'appréhende de lui avoir fait trop de mal et qu'il ne puisse plus me faire confiance. J'appréhende d'être dans un univers ou je vais devoir être confrontée à mes angoisses, mais lorsqu'il me prends dans ses bras, je retrouve cette sensation si particulière. Je me rappelle pourquoi je fais tout ça et je souris. Je rentre à la maison, je rentre avec lui, et je sens que les choses vont bien se passer. Parce que je suis prête pour tout ça. Et que j'en ai envie surtout. Envie de rire avec lui, envie d'avoir des discussions légères, sans prise de tête, sans cris, sans larmes, sans paroles blessantes. Et c'est d'ailleurs ce que je fais, en me moquant un peu de son allure. « Je me doutais que t’allais me faire une réflexion là-dessus. Moi j’aime bien. » « C'est bien si tu te plaît mon chou ! Y'aura au moins un de nous deux qui te trouvera désirable. » Ses cheveux ont toujours été sujet à des discussions entre nous, dès le premier soir, et ça n'a jamais changé. Sauf qu'entre temps sa barbe a poussé, et j'ai trouvé un autre moyen de le taquiner et je m'en prive pas. Parce que j'ai besoin de cette normalité entre nous, de ces discussions pour comprendre que même si moi j'ai changé, notre relation reste la même. « Tu sais que je t'aime quand même hein. » Je lui prends la main et c'est avec un sourire que je quitte le centre avec lui à mes côtés. Avec trop de barbe et trop de cheveux, mais ça reste Caleb et je le trouverai toujours sexy.
On rejoins la voiture et je ne sais pas si c'est le fait de quitter le centre, de rentrer à la maison ou juste d'être ensemble silencieux quelques secondes, mais je le sens stresser et je me sens aussi stresser. Il parle trop me confirmant qu'il est stressé, et je tente de le rassurer. Je suis honnête avec lui, je le rassure et je me rassure aussi. 'Oui je vais bien. Oui je suis prête.' Je lui explique ma situation mais il émet toujours des doutes, des doutes que j'ai aussi mais que je dois gérer. « T’es sûre que tu vas vraiment bien ? Enfin je veux dire, t’as super bonne mine et t’as vraiment l’air d’aller bien mais…t’es sûre de te sentir vraiment prête ? » Est-ce que je suis prête, je le pense vraiment oui, j'ai envie d'y croire même s'il reste toujours un doute. Mais comme je lui ai dis, cette décision a été réfléchie, longuement et ce dont j'ai besoin maintenant, c'est de me confronter au monde réel. Je le veux, je veux être avec lui, je veux être chez moi, dormir dans mon lit. Je veux pouvoir retrouver le plaisir de regarder du sport, de reprendre en main ma carrière professionnelle, je veux vivre enfaîte. « Si je ne me sentais pas prête, je n'aurais pas demandé à sortir. Je sais que je te demande beaucoup, mais tu dois me faire confiance Caleb. Parce que si je n'étais pas prête, je t'assure que je prendrais pas le risque de tout gâcher. Je suis déjà passée par là, je sais ce qui m'attends et si ça peut te rassurer, je te promets de te dire quand j'aurais des jours moins bien. Y'en aura, je le sais, mais c'est parce que je suis consciente de ça, que je peux te promettre que c'est la bonne décision et que je vais bien. Vraiment bien. » Ses inquiétudes sont légitimes, je le comprends et je ne lui en veux pas de douter. Il m'a vu défoncée. Il m'a vu bourrée. Il m'a vu vivre une vie dangereuse, et je n'ai pas brillé par mes prises de position réfléchies et mesurées. Alors je le comprends et je continuerai d'essayer de le rassurer autant que possible, parce que si lui doute, moi j'y crois. Je dois y croire, c'est la base de la réussite. « Merci pour les compliments, tu sais que malgré ce que j'ai dis tout à l'heure, t'es vraiment pas mal non plus, même si tes yeux me laisse penser que tu n'as pas beaucoup dormi. » Je lui souris pour lui montrer que je plaisante, même si au fond, il a vraiment l'air d'avoir passé une nuit compliquée, sûrement à cause de moi. Et je sais que je lui ai rendu la vie bien difficile ces derniers temps. Alors je ne dis rien de plus sur ses cernes, je rajoute juste que je veux passer la journée avec lui. La journée d'aujourd'hui, et les suivantes aussi. Je dépose un baiser sur sa joue avant qu'il me dise à son tour, qu'un mois c'était long. Oui, c'était long et c'est aussi pour ça qu'il fallait que je sorte du centre, parce que c'est avec lui que je veux passer mon temps. Je le sais, c'est ça que je veux et ça dont j'ai besoin, là maintenant, dans ce nouveau présent. Sans alcool, sans drogue, sans comportement à risque.
La voiture s'arrête et on se dirige ensemble vers mon appartement. C'est un mélange de sentiment étrange que je ressens, mais l'appréhension et la petite tension s'envole très vite alors que je suis accueillie par Dobby qui me souhaite un bon retour à sa manière. J'ai longtemps hésité avant de lui acheter un chien, mais je ne regrette pas et même si c'est son chien, et que je n'hésite pas à lui rappeler quand il fait des conneries, j'apprécie de l'avoir dans mes pieds et il m'a manqué lui aussi pendant ce mois. Ce qui m'a manqué aussi, c'est la cuisine de Caleb et je n'abuse presque pas en lui disant que j'ai réellement attendu le moment ou je pourrais à nouveau manger ses plats. « Je te préparerai en avance tes repas tous les jours si tu veux. » « Tu sais que je pourrais réellement m'habituer à ça même si je suis pas sûre que ce soit une bonne idée pour ma ligne. » Parce que j'ai de nouveau plaisir à manger et si c'est lui qui me prépare mes repas tout les jours, je vais sans doute manger beaucoup trop, enfin je ne vais pas me plaindre d'avoir un homme qui cuisine comme un dieu. Et qui embrasse comme un dieu aussi. Je suis sans doute pas la plus objective, mais j'ai toujours été sensible à son charme, et à ses baisers. Et après un mois loin de lui, ce genre de gestes ont tendance à être d'autant plus fort. On se retrouve et je réalise que j'avais besoin de ce moment pour me rassurer et sentir qu'entre nous, les choses n'ont pas changé. Plus détendue, j'en profite pour le taquiner à nouveau sur ses cheveux, qui sont beaucoup trop longs à mon goût, ce que je lui dis. « Ils sont trop longs. » Je n'ai même pas à développer, il le sait, il connaît mon avis, déjà je lui laisse la possibilité de garder sa barbe -encore un peu- qu'il en profite. Et, alors qu'il disait aimer son nouveau look tout à l'heure, le voilà qui abdique. Je lui fais mon plus beau sourire de victoire, celui là même que j'aborde quand j'ai eu ce que je voulais, et je réalise que rire avec lui, me moquer de lui, jouer avec lui, ça aussi ça m'avait manqué. Mais j'étais incapable de le voir, de m'en rendre compte et c'est assez triste finalement de constater que je suis passée à côté de tellement de choses, et que j'ai perdu du temps avec lui. Mais je ne veux plus regretter, je ne veux plus penser à tout ça, et tout en lui disant à nouveau que tout ça, nous, ça m'avait manqué, je le laisse m'embrasser encore. Et je me lasse pas de ce geste et visiblement lui non plus. « À moi aussi. Tes lèvres m’ont tellement manquées. Ton sourire aussi. Et tes yeux. » Parce que ses mots me touchent, je lui souris sincèrement, et à moi aussi ça m'avait manqué de sourire finalement. Je suis bien avec lui, et ce retour à la maison semble me donner raison, je suis bien mieux ici que là bas. Parce qu'il est là, avec moi. « Tu sais qu'il y a autre chose qui m'a manqué aussi ? » Je lui glisse ses mots en souriant, l'air de rien et je sais qu'il sait à quoi je fais référence, alors je n'en dis pas plus, et je le 'menace' de m'occuper de la cuisine s'il ne le fait pas. Je dis bien menace parce que soyons honnête, la seule chose que je réussirais à faire avec ce canard, c'est un canard cramé et je doute que ce soit ce pourquoi il a tout préparé ce matin et sa réaction ne se fait pas attendre. Il défends son repas mettant une distance raisonnable entre ce pauvre canard et mes piètres talents de cuisinière. « Je pars un mois et tu t'appropries les lieux ? J'espère que tu n'as pas envahi mon dressing. » Avec ses deux pauvres petits tiroirs, il aurait clairement pu se dégager un peu de place, mais pas dans mon dressing ! C'est sacré un dressing. Mais faudrait que je pense à lui trouver un troisième tiroir quand même. Oui ça peut se faire. Et je pense à ça tout en m'écroulant dans le canapé. Ce canapé sur lequel j'ai fini bien trop souvent dans un sale état. Ce canapé sur lequel j'ai bien trop pleuré depuis que je suis revenue à Brisbane il y a un peu plus d'un an. Mais aujourd'hui, je ne pleure pas, je repense à tout ça mais je n'ai pas envie de pleurer, pas envie de boire d'ailleurs non plus. Je tapote sur le canapé pour inviter Dobby à me rejoindre, il me regarde quelques secondes, hésitant et il finit par monter, s'installant sur moi. Je le caresse tout en fixant mon regard en direction de la cuisine, attendant que Caleb me rejoigne dans le salon. « Au faite, tu m'as pas raconté, j'ai raté quoi pendant un mois ? » J'hausse la voix, faisant sursauter Dobby. Un mois c'est long, et court à la fois. Ça a été long pour moi, à vivre en décalé du reste du monde, à vivre loin de ma vie habituelle. Mais pour le reste, en un mois est-ce que la vie peut changer ? J'espère sincèrement qu'il n'a pas passé son temps dans sa cuisine, j'espère qu'il a pas passé son temps à s'inquiéter aussi. Je veux qu'il soit heureux et qu'il ne souffre plus par ma faute, j'ai mis du temps à le comprendre, ou du moins à comprendre que malgré moi, mes actions le faisait souffrir et je ne veux plus de ça entre nous. Je ne veux plus être une source d'inquiétude pour lui. Je suis sobre, je suis clean et j'ai accepté de commencer une thérapie pour m'aider à aller mieux (ou au moins m'aider à comprendre mes réactions, mes peurs pour apprendre à les gérer) parce que je veux être avec lui, être heureuse et le rendre heureux. Ça semble un peu bête comme pensée, un peu niais aussi sans doute, mais c'est l'homme de ma vie. Et je n'ai jamais cru au prince charmant avant de le rencontrer. Il est celui dont je suis tombée amoureuse dès le premier rencart. Celui avec qui j'ai vécu mes plus belles histoires. Celui que je n'ai jamais pu oublier. C'est lui, et il est là dans ma cuisine, après tout ce que je lui ai fais vivre, et je veux juste retrouver notre vie, notre complicité, notre légèreté. Celle avant tout ça. Avant l'alcool, avant la drogue, avant mon départ. Avant que je me détruise peu à peu. Je veux être avec lui tout simplement, et c'est la chose qui m'a fait tenir les premiers jours. Notre histoire. « On pourrait aller t'acheter un meuble aujourd'hui pour que tu arrêtes d'entasser tes vêtements en vrac dans deux tiroirs, tu en dis quoi ? » Premier jour en dehors du centre de desyntox', et je lui propose une sortie dans les magasins. Mais surtout je lui propose d'avoir plus que deux tiroirs, d'avoir un vrai meuble, à lui, chez moi. Et je ne panique même pas. Dobby est là sur moi. Caleb est là dans l'appartement avec moi. Je suis sortie de ce centre, je suis sobre et je me sens bien. Je ne veux rien de plus, rien de différent, nous deux et le chien, chez moi.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
C’est sans aucune réelle surprise que j’apprends qu’elle n’est pas franchement fan de ce nouveau look que j’ai commencé à adopter pendant ce mois de séparation et c’est même l’une des premières choses qu’elle m’a dites en me voyant. Trop de barbe, trop de cheveux, j’aurais dû m’en douter parce que je connais ses goûts. Mais j’ai quand même pensé que peut-être, elle pourrait apprécier. Ça me change un peu mais le changement peut avoir du positif quelque fois, non ? « C'est bien si tu te plaît mon chou ! Y'aura au moins un de nous deux qui te trouvera désirable. » Au moins un de nous deux qui me trouvera désirable ? Pas moi en tout cas. Je ne me trouve pas spécialement beau ou encore moins sexy, loin de là même. « Ouais enfin j’ai pas non plus dit que je me trouvais désirable. » Vraiment pas. Elle a toujours eu une passion assez incroyable quand il est question de me taquiner ou de se foutre de ma gueule et depuis le temps je commence à avoir l’habitude avec elle. C’est une partie de sa personnalité que je peux aimer presque tout autant qu’elle peut m’agacer. « Tu sais que je t'aime quand même hein. » Elle m’aime, je l’aime. Tout va bien et il n’y a pas de raison que son retour dans la vie active se passe mal. « J’espère bien. » Ce sont sur ces mots que nous quittons enfin ce centre pour que je puisse enfin la ramener chez elle. Chez elle, parce que malgré le fait que nous passons tout notre temps à deux nous ne vivons pas ensemble. Pas encore. Est-ce que j’y ai déjà pensé ? Oui. Mais va la tournure qu’on prit les événements avant son entrée en cure je ne suis pas franchement sûr qu’emménager ensemble soit la meilleure des idées. Je l’aime, malgré tout ce qu’elle a pu me faire subir, malgré toute la souffrance qu’elle m’a fait endurer, malgré cette discussion sur le futur elle n’est pas sûre de vouloir avoir un autre enfant un jour. Malgré tout ça et même avec toutes ces différences je l’aime et je suis encore avec elle. Certains me diront peut-être que j’accepte trop de choses, que j’ai laissé passer un trop grand nombre de ses erreurs. Mais je suis juste amoureux et elle est la seule personne à réussir à me procurer autant de bonheur. « Si je ne me sentais pas prête, je n'aurais pas demandé à sortir. Je sais que je te demande beaucoup, mais tu dois me faire confiance Caleb. Parce que si je n'étais pas prête, je t'assure que je prendrais pas le risque de tout gâcher. Je suis déjà passée par là, je sais ce qui m'attends et si ça peut te rassurer, je te promets de te dire quand j'aurais des jours moins bien. Y'en aura, je le sais, mais c'est parce que je suis consciente de ça, que je peux te promettre que c'est la bonne décision et que je vais bien. Vraiment bien. » La confiance, ce n’est pas vraiment ça le problème. J’ai juste peur qu’elle se soit un peu trop précipitée mais si elle me dit qu’elle se sent prête je peux la croire sur parole. « Je te fais confiance. » Je lui assure. « Tu me promets de m’en parler si un jour tu ne te sens pas bien ? » Je ne veux pas qu’elle garde son mal-être pour elle, si elle va mal je veux être la personne vers qui elle va se tourner. Je veux qu’elle ose me parler parce que je ne suis pas là pour la juger ou l’enfoncer bien au contraire, et j’aimerais tellement qu’elle le sache, qu’elle s’en rende compte. « Merci pour les compliments, tu sais que malgré ce que j'ai dis tout à l'heure, t'es vraiment pas mal non plus, même si tes yeux me laisse penser que tu n'as pas beaucoup dormi. » Oh si elle savait. Si elle savait à quel point j’ai mal dormi parce que j’avais presque une boule au ventre en pensant qu’elle allait sortir. J’avais peur. Parce que nos dernières journées ensemble n’ont pas été des plus joyeuses et je suppose que j’avais vraiment peur de me rendre compte que notre couple n’allait pas résister à toute cette crise. Ça me fait mal de penser comme ça. C’était assez tendu entre nous avant qu’elle ne parte. « Je croyais que tu n’aimais pas mon nouveau look ? Et oui t’as raison j’ai super mal dormi, je crois que j’appréhendais un peu tout ça. » Tout ça ce qui veut dire, nos retrouvailles mais elle le comprendra certainement par elle-même.
L’arrivée dans son appartement se fait en silence jusqu’à ce que Dobby se montre complètement surexcité par la venue d’Alex. Dobby aboie, il est heureux, Alex sourit, rit, elle semble apaisée et la voir comme ça m’aide un peu à me détendre. Elle va bien. Tout va bien. « Tu sais que je pourrais réellement m'habituer à ça même si je suis pas sûre que ce soit une bonne idée pour ma ligne. » De toute façon elle fait beaucoup de sport donc elle peut se permettre des excès culinaires non ? Plus que moi du moins parce que même si j’ai fait beaucoup de sport moi aussi durant ce dernier mois, je n’en reste pas moins très mauvais dans cette discipline. « Arrête, même avec trente kilos de plus tu serai toujours la plus belle. » Et c’est clairement vrai. Elle sera toujours la plus belle femme à mes yeux quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise et je le pense depuis la première fois que je l’ai vue il y a maintenant dix ans. La conversation se tourne à nouveau sur ma barbe et mes cheveux, elle avoue aimer ma barbe – ah ! Quand même ! – mais elle ne change pas d’avis pour le reste me disant que mes cheveux sont trop longs. Je finis par lâcher l’affaire lui disant que je prendrai rendez-vous chez le coiffeur cette semaine. Si c’est ce qu’elle préfère. Tant pis. Très bien. Je le ferai. Elle a gagné comme bien trop souvent. N’ayant pas franchement envie de parler encore longtemps sur ce look qui ne fait apparemment pas l’unanimité, je préfère l’embrasser une nouvelle fois. Parce qu’elle m’a manquée tout simplement, et je veux qu’elle le sache. « Tu sais qu'il y a autre chose qui m'a manqué aussi ? » Je la regarde en souriant voyant bien évidement très bien où elle veut en venir. Oh moi aussi ça me manque. « Non non, je ne vois pas de quoi tu parles. Dis-moi tout. » Je lui demande les sourcils légèrement froncés. Si je sais très bien ce qu’elle veut dire et elle le sait. Mais j’ai juste envie de l’emmerder un peu moi aussi et je pense que j’en ai le droit mais en attendant, je pars dans la cuisine pour reprendre la préparation du repas pour ce midi. « Je pars un mois et tu t'appropries les lieux ? J'espère que tu n'as pas envahi mon dressing. » En vérité j’ai passé le mois chez moi, du moins la plupart du temps. Je passais ici de temps en temps mais pas plus que ça. Mais j’ai bien envie de la faire flipper alors je lui réponds. « Oui d’ailleurs maintenant que t’en parles, j’ai jeté deux de tes sacs, trois robes, un pantalon et trois paires de chaussures pour pouvoir ramener plus de vêtements à moi. J’espère que ça te dérange pas. » Je ne la regarde pas en lui disant ces mots. Rien de tout ça n’est vrai mais j’ai le droit de m’amuser avec elle un peu même si je doute qu’elle y croit réellement. Sans bouger de ma cuisine je relève les yeux vers elle pour observer un peu sa réaction et je finis par lâcher un petit rire. « Je rigolais t’en fais pas. J’ai pas touché à tes affaires. » Jamais je n’aurais jeté de ses vêtements pour ajouter les miens et elle le sait. Enfin du moins je l’espère. Je la regarde sur le canapé avec Dobby un petit sourire aux lèvres tout en gardant un œil sur la cuisson de la viande et des légumes. « Au faite, tu m'as pas raconté, j'ai raté quoi pendant un mois ? » Je baisse un peu la plaque de cuisson pour me permettre de dresser la table sans risquer de voir la viande brûler. La cuisson d’un magret de canard c’est rapide mais surtout assez délicat. « Rien de spécial... » Je lui dis alors que je suis dans la salle à manger pour poser las assiettes et les couverts sur la table. Je repars dans la cuisine pour prendre deux verres et retourner dans la salle à manger les posant à leur tour sur la table. « Je rentrais chez moi en général, j’ai pas fait grand-chose. » Rien en particulier du moins. En tout cas j’ai gardé un rythme de travail plus que correct et je passais la plupart de mon temps chez moi, tout seul, ou avec ma sœur – et vu notre relation en ce moment... – Heureusement que Dobby était là pour me remonter le moral tous les soirs. « On pourrait aller t'acheter un meuble aujourd'hui pour que tu arrêtes d'entasser tes vêtements en vrac dans deux tiroirs, tu en dis quoi ? » Pardon ? Alex qui me propose quelque chose comme ça ? Elle doit être malade. Je suis surpris mais je ne sais pas si je dois lui faire une réflexion pour lui faire part de ma surprise alors je me tais, je ne dis rien peut-être pendant trop longtemps. « Oui oui carrément… On pourra y aller après manger si tu veux. » Bon, je ne lui ai pas dit que sa proposition me surprend mais en même temps elle pourra l’entendre au son de ma voix. Mais en tout cas, retrouver un quotidien et nos habitudes avec elle me plait énormément. « On a pas pu fêter la Saint-Valentin, tu veux pas qu’on fasse quelque chose ce soir ? On est pas obligé d’aller au restaurant mais on peut réfléchir à autre chose ? J’ai quelque chose pour toi en plus. » Pas forcément un restaurant parce qu’il y a de l’alcool là-bas, mais j’ai envie de fêter la Saint-Valentin avec elle, même si c’est avec deux semaines de retard.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
Un mois passé dans ce centre. Un mois entre ces murs, avec quelques heures de répit durant un week-end ou j'ai pu me retrouver un peu seule avec lui. Mais cette fois, c'est le moment. Le moment ou je reprends en main ma vie, sans alcool, sans drogue, avec une vie plus saine. Et je sais que dis comme ça, c'est utopique. Que mes problèmes ne vont pas s'envoler du jour au lendemain. J'ai passé 8 ans à me détruire, alors les choses ne vont pas être simples. Je le sais, j'en ai conscience et c'est là toute la différence. J'ai conscience de certaines choses que je ne voulais pas voir, ou que je ne pouvais pas voir. J'ai accepté mes faiblesses liées à mon histoire. J'ai accepté d'avoir besoin d'aide et surtout j'ai accepté de demander de l'aide. L'alcool a fini par disparaître de mon organisme, les symptômes du manque se sont peu à peu atténués jusqu'à disparaître, et après cette première épreuve, j'ai pu me concentrer sur moi et sur tout ce que je gardais en moi et qui me poussait à consommer à outrance. Je sais que je vais avoir besoin de continuer ce travail, mais je veux le faire hors de ce centre. Je veux le faire en reprenant ma vie en main, parce que c'est ce pourquoi je fais tout ça. Parce que je n'ai pas tout perdu, malgré mes efforts dans ce but. Et je ne l'ai pas perdu lui surtout. Il est là, et si les retrouvailles sont un peu stressantes, c'est quand même avec un sourire que nous quittons ce centre. Main dans la main, après quelques taquineries de ma part sur son allure, histoire surtout de détendre un peu l’atmosphère et de rendre les choses moins sérieuses. Mais malgré cette tentative de légèreté, le stress est toujours présent, autant chez lui, que chez moi quand nous prenons la direction de mon appartement. Je tente de le rassurer, parce que cette fois c'est à mon tour de lui prouver que je sais ce que je fais. Que je ne suis pas en train de faire une énième connerie. C'est à moi que revient la charge de calmer son stress, parce que je suis la cause de ce stress, alors c'est finalement normal. Normal oui, mais pas tant que ça finalement, du moins pas pour moi. Mais j'ai besoin qu'il y croit, autant que moi j'ai besoin d'y croire. J'ai besoin qu'il me soutienne sans craindre pour moi à chaque minute. J'ai besoin qu'il ne me voit pas comme cette alcoolique sur le point de craquer, j'ai besoin que quand il soit avec moi, il ne pense pas à tout ça. Je sais qu'il le fera, c'est Caleb, il s'inquiète pour les gens qu'il aime et malheureusement pour lui, il m'aime et ça j'en doute plus. Mais j'ai besoin qu'il comprenne que je suis raisonnable. Que je peux l'être et qu'aujourd'hui, je sais ce que je fais. « Je te fais confiance. » J'ai pas besoin de beaucoup plus finalement. Sa confiance et sa présence en tant que petit ami. « Tu me promets de m’en parler si un jour tu ne te sens pas bien ? » Je le regarde alors qu'il a les yeux rivés sur la route. Peut-être qu'avant, je lui aurais promis de lui parler mais je ne peux pas prétendre que je l'aurais fais. « Je te le promets. Les bons comme les mauvais moments, je te promets de tout partager avec toi. » Alors qu'aujourd'hui dans cette voiture, je sais que cette promesse que je lui fais, je la respecterais. Parce que c'est comme ça que ça doit fonctionner, enfin c'est comme ça qu'un couple doit fonctionner non ? Je veux sa confiance, je veux sa présence, je veux qu'il ne s'inquiète pas sans cesse sans raison, alors je dois aussi faire les efforts nécessaire dans ma communication avec lui. Même quand ça fait mal. Même quand c'est difficile. Accepter de parler, d'évoquer les choses, c'est peut-être la première chose que j'ai du accepter au centre, et je dois continuer ce travail dans ma vie de tout les jours. Et ça commence avec lui. Je sais pas si le trajet est trop long, ou si cette conversation (au combien utile) est compliquée, mais je dois déjà faire face à mes émotions à peine quelques minutes après être sortie du centre. Mais je gère, enfin je crois. Alors je me rassure un peu et j'espère que lui aussi commence à se sentir un peu moins stressé même si je ne lui tiens pas rigueur d'avoir des doutes. « Je croyais que tu n’aimais pas mon nouveau look ? Et oui t’as raison j’ai super mal dormi, je crois que j’appréhendais un peu tout ça. » Je réalise encore que je suis le sujet de ses inquiétudes, qu'il dort mal à cause de moi et j'espère vraiment pouvoir l'apaiser. Peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas dans l'immédiat, mais j'espère vraiment qu'il finira par voir que je fais vraiment des efforts, que je m'investis vraiment dans cette thérapie, que je m'investis vraiment avec lui, que je m'investis vraiment pour reprendre ma vie en main. « Je sais, moi aussi. Mais ça va aller maintenant. » Parce qu'on est ensemble, parce qu'on est tout les deux en bonne santé, et parce qu'on est enfin chez moi.
Un appartement que je retrouve avec un sentiment mitigé, mais ça fait du bien d'être chez soit. D'être accueillie par un chien excité de me revoir, de pouvoir retrouver Caleb dans l'intimité de mon appartement. De pouvoir le taquiner, de pouvoir rire avec lui tout simplement. « Arrête, même avec trente kilos de plus tu serai toujours la plus belle. » Est-ce que je retiens les trente kilos qu'il veut me faire prendre ou que je serai malgré tout la plus belle ? « Jamais tu me verras avec trente kilos de plus je ferai la grève de la faim avant. » Trente kilos, il est fou lui, totalement fou ! Même si j'adore ses plats, c'est hors de question. Ses talents de cuisinier m'ont manqué, mais c'est pas comparable à ses baisers. Et je redécouvre le plaisir de ce geste, de pouvoir l'embrasser à nouveau quand je le veux. De pouvoir le regarder, le toucher, l'embrasser. Et alors qu'il m'annonce qu'à lui aussi, ça lui avait manqué, je me permet une petite remarque pleine de sous-entendues. « Non non, je ne vois pas de quoi tu parles. Dis-moi tout. » Son sourire me prouve qu'il a très bien comprit ce à quoi je fais référence et je sais qu'il me taquine. « Tu vois pas, t'es sur ? Je vais devoir te rafraîchir la mémoire ce soir alors. » Un petit clin d’œil et un baiser léger déposé sur ses lèvres avant qu'il ne rejoigne la cuisine pour terminer la préparation du repas qu'il a confectionné pour nous. Je commence à me détendre, je commence à oublier que fut un temps, dans cet appartement, mes premiers réflexes étaient de chercher de l'alcool et d'en trouver. Je commence à vraiment me sentir chez moi, sans appréhension, sans peur et c'est sans doute grâce à la légèreté de notre discussion. Je le provoque, et il joue le jeu aussi me taquinant en retour. « Oui d’ailleurs maintenant que t’en parles » Quoi d'ailleurs ? Qu'est-ce qu'il a fait à mon dressing ? Je relève la tête vers la cuisine. « j’ai jeté deux de tes sacs, trois robes, un pantalon et trois paires de chaussures pour pouvoir ramener plus de vêtements à moi. J’espère que ça te dérange pas. » Je souffle, il plaisante ! Il n'aurait jamais pu faire ça et il me le confirme, tout en souriant, sans doute heureux de m'avoir fait, pendant deux secondes et demi, craindre le pire pour mon dressing. « T'es con, tu m'as fais peur. » Mes affaires c'est sacré ! En soit j'en ai sans doute beaucoup trop, des inutiles, des affaires d'hiver que je n'aurais presque jamais l'occasion de mettre ici à Brisbane, mais j'ai pas à me justifier d'avoir beaucoup trop d'affaires et de ne rien vouloir jeter non ? Par contre comparé à mon dressing, les deux tiroirs que je lui ai octroyé font légèrement minable. Il a parlé de ramener plus de vêtements à lui, c'est peut-être une idée ça ? Une bonne idée. Du moins une idée que germe dans mon esprit, alors que je le questionne sur ce qui s'est passé dans sa vie pendant un mois. Et je ne suis pas étonnée de n'avoir finalement que peu de nouvelles. C'est pas le plus grand bavard de l'univers Caleb, et il a tendance à minimiser les événements qu'il vit. J'apprends juste qu'il était chez lui la plupart du temps. Donc avec sa sœur et j'espère qu'ils ont pu discuter. J'aime pas sa sœur, ça ne changera sans doute jamais, c'est pas une thérapie qui va pouvoir changer ça, mais je suis capable de savoir qu'il a besoin de sa sœur et que cette situation est compliquée pour lui. Donc ça me suffit pour espérer qu'ils puissent se rapprocher un peu. Et entre deux allers-retours de sa part entre la cuisine et le salon, je m'ose à poser la question. « Tu as pu parler un peu avec ta sœur ? » Je ne sais pas si aborder le sujet est une bonne idée, mais je le fais quand même, lui proposant de se confier s'il en a besoin. Lui montrant aussi que je suis intéressée par ce qui se passe dans sa vie. Il repart dans la cuisine surveiller la cuisson et je repense à ce dressing, à l'idée qu'il a émit (pour rire) de dégager mes affaires pour mettre les siennes. Je pense à ses affaires chez lui et au fait qu'il ait passé son temps dans son appartement, et sans réfléchir je lui propose d'avoir son meuble à lui. Ici, chez moi. Pas un tiroir de plus, ou une petite place dans mon dressing, un meuble entier, le sien. Ça me semble naturel sur le moment, mais je sens sa surprise. Il a déjà deux tiroirs, des affaires qui traînent ici, je lui propose juste un meuble. Que l'on irait acheter ensemble, que l'on monterait ensemble et que l'on installerait avec mes affaires. D'accord peut-être qu'en pensant comme ça, je comprends sa surprise, mais il a ma clé depuis longtemps alors un meuble ça doit pouvoir se gérer non ? Est-ce que je suis vraiment en train de relativiser cette nouvelle étape avec sérénité ? Faut croire. « Premier jour et je te traîne dans les magasins, c'est une belle journée. » Je relativise les choses, je ne réagis pas à sa surprise, je ne cherche pas non plus à m'expliquer sur cette soudaine proposition. Je veux juste qu'il se sente à l'aise ici finalement. Je veux juste qu'on soit ensemble, heureux et amoureux. Sans avoir besoin de réellement mettre de nom sur les choses ou d'avoir à expliquer tout ce que je ressens. Il a son appartement, j'ai le mien, c'est comme ça que l'on est en ce moment et c'est pas un meuble qui changera tout ça. Du moins je crois. Et alors qu'il a finit de dresser la table, en grand romantique qu'il est, il me propose de faire quelque chose pour rattraper le fait que nous n'avons pas pu fêter la Saint-Valentin. C'est vrai que cette année, c'est la première année ou on pouvait le fêter depuis que nous sommes de nouveau en couple et c'est genre, le moment de Caleb, la Saint-Valentin. « J’ai quelque chose pour toi en plus. » Est-ce que cette phrase suffit à attirer mon attention ? Sans aucun doute. « Tu as quelque chose pour moi ? » Je répète ses mots, un sourire aux lèvres, en quittant le confort du canapé pour le rejoindre. « C'est ta fête la Saint-Valentin, alors bien sur que je veux faire quelque chose avec toi. Je ne voudrais pas te priver de ce plaisir. Calebchou.» Un grand sourire sur les lèvres en employant ce surnom que j'avais entendu de la bouche de sa cousine et qui m'avait bien fait rire. Et qui me semble bien adapté à la situation, parce que s'il est déjà chou la plupart du temps, la Saint-Valentin semble lui donner encore plus d'expressions à son côté cute. Par contre, l'idée de sortir et d'aller dans des lieux ou je serais confrontée à la vision de l'alcool, le premier jour, j'ai quand même un léger doute. « J'ai encore pas eu l'occasion d'essayer l'ensemble que tu m'as offert en vacance. » Est-ce que l'idée de la lingerie sexy pour la Saint-Valentin c'est trop cliché ? Sans doute mais à l'instant je n'ai pas d'idée à lui proposer, pas de soirée parfaite à lui organiser. Et pourtant j'aimerais lui proposer quelque chose de mieux. Du moins, quelque chose de plus sophistiqué, de plus romantique. « Ça te plairait qu'on organise un pic-nique sur la plage pour ce soir ? » Pas d'alcool, pas de préparation compliquée, juste des choses simples, une couverture, et nous deux sur le sable au bord de l'eau. Parce que j'aime les plages, j'aime ce que ça représente pour nous, j'aime l'ambiance calme rythmé par le bruit des vagues.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Je ne sais pas si son retour à la maison est une bonne chose. Parce que oui je suis plus qu’heureux de savoir qu’elle va être de nouveau tout le temps avec moi mais j’appréhende. Parce que j’ai peur que ce soit trop précipité mais aussi parce que nos derniers jours ensemble avant son entrée au centre n’ont pas été des plus joyeux. Peut-être que c’est trop tard pour nous, peut-être qu’on ne va pas réussir à surmonter cette étape. Je l’aime, je ne compte pas la quitter mais peut-être qu’elle va avoir envie de tout recommencer, d’un nouveau départ et de laisser tout son passé derrière elle. Elle pourra peut-être vouloir me laisser tout seul derrière elle pour recommencer une nouvelle vie. Je ne sais pas comment elle va réagir dehors et je pense qu’il y a toujours des chances qu’elle veuille rencontrer quelqu’un qui arrive à la rendre heureuse, chose que je n’ai pas été capable de faire jusqu’à présent. Et je pourrais la comprendre si c’était le cas. Je ne dis pas que je le veux, parce que moi quand je suis avec elle je me suis heureux. La plupart des temps. Bien que les choses aient été compliquées dernièrement. J’ai envie de croire en nous, j’ai envie de la rendre heureuse. Du moins essayer. Mais je ne sais pas comment faire parce que j’étais persuadé qu’elle allait bien et qu’elle était heureuse avec moi. J’ai été con, j’aurais dû faire plus attention ou essayer un peu plus de la rendre heureuse. J’ai fait de mon mieux pour qu’elle soit heureuse et épanouie mais ça n’a apparemment pas été suffisant. « Je te le promets. Les bons comme les mauvais moments, je te promets de tout partager avec toi. » Tout partager dans un couple c’est l’une des choses les plus importantes à mes yeux. Elle a l’air d’aller bien aujourd’hui et j’ai peur de tout gâcher avec ce que je vais dire ou faire alors je pèse tous mes mots et tous mes gestes. J’ai tellement appréhendé ces retrouvailles que je n’ai pas dormi de la nuit et elle le voit, elle me fait la remarque en me disant que j’ai une petite mine et des yeux fatigués. Elle essaie de me rassurer en me disant que tout va bien se passer maintenant. Je ne sais pas si je me sens plus apaisé mais j’ai envie de la croire, alors je vais essayer.
Arrivés dans son appartement la tension est toujours présente même si la présence de Dobby me fait du bien et son excitation en voyant Alex rentrer me fait sourire. « Jamais tu me verras avec trente kilos de plus je ferai la grève de la faim avant. » Mais je suis pourtant sérieux quand je lui dis ça, quand je lui assure que même avec trente voire même quarante kilos en plus elle sera toujours la plus belle femme à mes yeux. Parce qu’Alex est magnifique, elle a même besoin d’aucun artifice, elle n’est pas obligée de se maquiller ou même de porter des tenues sexy. Pour moi aucune femme ne lui arrive à la cheville ça ne fait aucun doute. « Tu vois pas, t'es sur ? Je vais devoir te rafraîchir la mémoire ce soir alors. » Bien sûr que je sais très bien ce qu’elle voulait dire par là mais si dire l’inverse peut avoir pour conséquence qu’elle veuille me rafraîchir la mémoire moi ça me va. « J’ai hâte que tu puisses me rafraîchir la mémoire alors. » Je lui réponds et j’accueille sans aucun mal son petit baiser pour lui en rendre un à mon tour. On retrouve doucement une proximité, un quotidien que je chérie tant mais je repasse très vite derrière les fourneaux pour nous préparer à manger. Je joue un peu avec elle, je la taquine parce qu’elle passe son temps à le faire pour moi et ça a l’air de fonctionner. « T'es con, tu m'as fais peur. » Pour la première fois depuis que l’on s’est retrouvé, je rigole. Je ris de bon cœur, un vrai rire. Parce que je ne pensais pas qu’elle me croirait et ça m’amuse beaucoup. « T’as vraiment cru que j’aurais vraiment fait ça ? Je ne toucherais jamais à tes affaires bébé. » Jamais je ne me serais permis. Laissant la viande cuire à feu doux je dresse la table. Elle me demande ce que j’ai fait ce dernier mois mais je sais que la réponse risque de la décevoir. Je n’ai rien fait. J’ai travaillé, et puis c’est tout. La seule nouveauté à lui apporter c’est certainement le fait que j’ai passé ces dernières semaines chez moi en compagne de ma sœur la plupart du temps. « Tu as pu parler un peu avec ta sœur ? » Je lève les yeux vers elle, un peu surpris par sa question. « Un peu. » Mais je n’ai pas envie d’en parler. Pas du tout. Et ma réponse brève le lui fera comprendre enfin du moins je l’espère. Multipliant les allers-retours de la cuisine au salon pour garder un œil sur la cuisson des légumes et de ma viande je change immédiatement de sujet sans lui laisser le temps de me poser de nouvelles questions. « Et je t’assure que mes heures de travail ont été raisonnables. » Aussi raisonnables qu’elles ne peuvent l’être pour un patron et chef cuisinier. Je suis obligé de beaucoup travailler tout le temps et je sais que c’est quelque chose qu’elle ou beaucoup d’autres de mes proches ont parfois un peu de mal à comprendre. Tenir un restaurant c’est une énorme responsabilité, c’est dur, c’est fatiguant et ça demande beaucoup de travail si je veux être sûr que les choses se déroulent bien. Et Alex continue à me surprendre en me proposant d’aller acheter un meuble pour que je puisse ramener encore plus de mes affaires chez elle. Elle ne semble même pas paniquée à cette idée et le calme qu’elle aborde me déstabilise complètement. « Premier jour et je te traîne dans les magasins, c'est une belle journée. » Un sourire s’étire sur mon visage. Je déteste les magasins, elle adore ça et ce sera donc notre première activité en un mois – si on oublie ce magnifique moment passé ensemble lors de ma visite la semaine dernière. – « Qu’est-ce que je ne ferais pas pour tes beaux yeux sérieusement ? » C’est une question qui ne demande pas réellement une réponse de sa part mais pourtant c’est la vérité. Pour elle, j’accepte tellement de choses simplement parce que je l’aime et que je veux son bonheur avant tout. Et puis surtout que pour le coup, faire les magasins pour me trouver un meuble que l’on laisserait chez elle ne me déplaît pas. « Tu as quelque chose pour moi ? » J’acquiesce d’un signe de tête. Oui oui, je lui ai bien acheté quelque chose. « Bien sûr, c’était la Saint-Valentin tu croyais vraiment que tu n’aurais aucun cadeau ? » De ma part ça serait étonnant quand même. Elle s’est levée pour me rejoindre dans la cuisine et je quitte la viande et les légumes des yeux pour la regarder un sourire aux lèvres. « C'est ta fête la Saint-Valentin, alors bien sur que je veux faire quelque chose avec toi. Je ne voudrais pas te priver de ce plaisir. Calebchou. » Mon sourire s’efface presque instantanément. Romilda je te déteste. Je la pousse doucement en râlant. « Ne m’appelle plus jamais comme ça. J’ai l’impression d’être un enfant de cinq ans avec ce surnom. » Je l’entends déjà assez de la part de Romy alors si Alex s’y met elle aussi je vais devenir complètement fou. Et on ne peut pas dire que ce soit un surnom qui me mette réellement en valeur. « J'ai encore pas eu l'occasion d'essayer l'ensemble que tu m'as offert en vacance. » Mon sourire refait très vite son apparition sur mon visage mais c’est un sourire très différent et beaucoup plus expressif cette fois-ci. « J’ai hâte de voir ça. » Je lui murmure tout en approchant mon visage du sien pour l’embrasse doucement. « Le rouge te va tellement bien. » C’est d’ailleurs pour cette raison précise que j’ai choisi cette couleur pour lui offrir cet ensemble ultra sexy. « Ça te plairait qu'on organise un pic-nique sur la plage pour ce soir ? » Une plage, de la nourriture et la femme que j’aime. Je ne vois pas comment cette soirée de Saint-Valentin en retard pourrait être plus parfaite. « On pourra aller à notre plage ? » Notre plage, celle de notre premier rendez-vous, celle où j’ai compris que j’étais en train de tomber amoureux d’elle. J’arrête la plaque de cuisson et je me penche vers elle pour l’embrasser à nouveau. « Je t’aime. Je suis vraiment content que tu sois rentrée. » Je lui ai déjà dit je pense mais j’ai besoin qu’elle sache ô combien je suis soulagé de la voir avec moi dans son appartement, sobre, souriante. « Tu peux aller t’asseoir, c’est prêt je nous apporte ça. » Je lui souris – encore une fois – et prends deux assiettes dans la cuisine et même si je ne travaille pas j’essaie de nous faire un dressage digne de ce nom et agréable à regarder. Parce que le visuel est tout aussi important que le goût. Je lui apporte son assiette et m’installe en face d’elle, ce genre de petit moment pourtant si simple mais qui devient si agréable après un mois passé loin l’un de l’autre.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
Assise dans mon canapé, son chien sur moi et lui qui termine la préparation du repas. Ça semble être un moment banal, un moment habituel sur lequel je ne devrais même pas m'attarder et pourtant. Je pense à ces dernières semaines. Je pense à ces derniers jours avant mon entrée au centre, je pense à ces quatre semaines dans ce centre, je pense à tout ça et j'apprécie ce moment. C'est difficile à expliquer, mais j'apprécie juste d'être là, avec lui. J'apprécie de pouvoir l'embrasser à nouveau, j'apprécie de pouvoir le taquiner et de le voir réagir. J'apprécie d'être avec lui tout simplement et je pense qu'avoir été loin de lui me donne encore plus envie de profiter de ces moments, de profiter de l'instant et de cet homme dont la présence m'a terriblement manqué au quotidien. Je le taquine et il en fait de même, sous-entendant l'idée qu'il ait pu jeter certaines de mes affaires. Il ne fait pas durer la blague, mais assez pour me faire douter quelques secondes quand même. « Tu peux toucher à mes affaires, ça me dérange pas, sauf quand tu les déchires. » Un petit clin d’œil alors que je fais référence à cette fin de soirée en Nouvelle-Zélande, un souvenir que je veux garder même si ça me ramène quand même un peu à l'alcool et à notre état du soir. Mais je dois pouvoir penser à tout ça sans me culpabiliser ou me sentir mal. Et ce moment, reste comme l'un des plus mémorables pour nous dans notre histoire récente. Il s'active à dresser la table et je le regarde faire, Dobby sur moi, je prends de ses nouvelles. Je veux savoir ce qu'il a fait pendant un mois, mais visiblement il n'a pas croulé sous les activités. Alors que ma vie était régie presque à la minute prêt par un emploi du temps encadré et décidé, lui n'a pas grand chose à me dire, ou il ne veut pas m'en dire plus. Comme avec sa sœur, ce que j'accepte. Je suis incapable de savoir si j'accepte son silence par égoïsme parce que ça m'arrange ou par respect pour lui qui ne semble pas être prêt à en parler. Mais je me tais, me contentant d'une réponse très brève. Il pourra m'en parler quand il sera prêt, du moins j'espère. Quoique je suis sans doute pas la mieux placée pour recevoir ses doutes concernant sa sœur non ? Je repense au fait que je savais déjà pour Prim, je repense à ce secret que je lui cache à lui et je me demande s'il sait. S'il sait que je lui ai rien dis, ou si je dois lui dire ? J'hésite, quelques secondes, le regard perdu, mais il reprends la parole pour me parler de son travail. « Et je t’assure que mes heures de travail ont été raisonnables. » Raisonnable pour qualifier Caleb et son implication dans son travail. Je n'y crois pas, mais il est comme ça. Toujours à être exigeant avec lui même, à en faire plus que tout le monde, à en faire parfois trop sans s'en rendre compte. Mais je sais que son restaurant c'est une grande partie de sa vie, que c'est son rêve, sans doute aussi ce qui l'aide quand il va pas bien. Chacun sa méthode, lui c'est un bourreau de travail, il est comme ça, je le connais mais il va devoir apprendre ce que le mot raisonnable veut dire et je compte bien lui apprendre. Bien que ce mot ne soit pas réellement le premier auquel je pourrais m'identifier loin de là. Mais je vais lui faire lâcher un peu, je vais l'obliger à déléguer un peu plus qu'il ne le fait actuellement. « Même si je ne doute pas de ta notion de raisonnable, tu sais que je suis plutôt jalouse et je n'ai pas vraiment comme projet de te partager avec ton restaurant. » Un jour il m'a dit que je n'avais rien à envier à la cuisine, j'espère quand même désormais être un peu au dessus de la cuisine dans ses priorités. Et je sais déjà qu'il a fait d'énormes efforts pour moi, acceptant de me retrouver dans mon appartement la plupart du temps malgré la distance qui le sépare de son restaurant. Cet appartement dans lequel il n'a que deux tiroirs pour installer ses affaires. Un élément que je m'apprête à changer en lui proposant d'aller lui acheter un meuble, rien qu'à lui et il accepte même si je le sens surpris par ma proposition. « Qu’est-ce que je ne ferais pas pour tes beaux yeux sérieusement ? » J'aime entendre ça, j'aime l'entendre me dire en d'autres termes qu'il est prêt à beaucoup pour mes beaux yeux. Je n'en doute pas, il l'a prouvé, mais ça me fait du bien de l'entendre parce que depuis cette dernière discussion sur mon alcoolisme et sur un tas d'autres choses, on avait finalement pas réellement parlé. Et savoir qu'il est encore prêt à faire beaucoup pour moi, c'est touchant. Il a finit de mettre la table et c'est à ce moment qu'il évoque l'idée de fêter la Saint-Valentin. Et ça ne m'étonne pas, c'est Caleb. Mais il me dit qu'il a quelque chose pour moi et forcément ça attire mon attention. « Bien sûr, c’était la Saint-Valentin tu croyais vraiment que tu n’aurais aucun cadeau ? » Bien sûr que je vais avoir un cadeau mais c’est injuste j’ai été enfermée pendant un mois et dans le centre y’a pas réellement d’occasion de faire les boutiques. Heureusement, il vient d’accepter l’idée de faire les magasins avec moi et maintenant je dois à mon tour trouver une idée express pour un cadeau à sa hauteur. Ok je suis foutue. « Mais c’est pas juste je n’ai pas de cadeau pour toi. » Notre première Saint-Valentin et je suis à la ramasse. Voilà je vais encore devoir m’incliner devant sa capacité à se comporter comme l’homme parfait alors que je peine à être juste une femme normale. Mais je ne me laisse pas démonter et j’accepte l’idée de fêter la saint Valentin en retard avec lui. Même si j’ai aucune idée du cadeau à lui offrir ou même de ce que l’on pourrait faire à la dernière minute. Mais j’accepte parce que je sais que ça compte pour lui et quoi de mieux finalement qu’une soirée en amoureux pour fêter ma sortie de ce centre et ma nouvelle sobriété ? Je me permet d’utiliser son surnom et je remarque que ça ne l’enchante pas vraiment, il ronchonne et moi je souris. « J’aime bien ce surnom moi. » Et je dis ça surtout parce que je sais que lui il ne l’aime pas. « Tu préfères mon petit mouton ? Ou mon bel étalon ? » Je tente d’être sérieuse en lui proposant d’autres petits noms mais quelle crédibilité je peux avoir en citant cette phrase ? « Mais quelque soit le surnom je peux t’assurer que je ne pourrais jamais te voir comme un garçon de cinq ans, tu es trop sexy pour ça. » Je réalise que la phrase est légèrement étrange au moment où je la prononce. Associer la notion de sexy et d’enfant de cinq ans, c’est étrange. Mais il connaît ma maladresse, ça ne devrait pas le choquer. « Enfin même en t’appelant Calebchou je te trouve toujours terriblement sexy alors n’aies aucune crainte c’est pas un petit nom qui va changer ça. » Et puisque c’est le sujet, je repense à cet ensemble sexy qu’il m’a offert et que dans tout ça je n’ai pas eu le temps d’exhiber. Ça ne résous pas le problème du cadeau mais ça me laisse un sursis. Et à sa réaction je vois que cette idée lui plaît. Il semble bien vite avoir oublié l’épisode du surnom et alors que je le sens réceptif à cette idée d’ensemble sexy, je lutte pour ne pas lui glisser un petit Calebchou alors qu’il m’embrasse légèrement. Juste pour le provoquer. Mais je préfère profiter de l’instant, l’épargnant d’une nouvelle petite remarque à unique but de l’embêter. « Ce soir Chéri, ce soir. » En guise de cadeau de retrouvailles, parce que si depuis mon retour nous retrouvons peu à peu notre fonctionnement, notre proximité, je sais comment la soirée va se finir et il a pas intérêt d’avoir un autre plan que celui que j’ai en tête. Mais avant ça, je veux profiter de cette journée, la première d’une nouvelle vie. Et j’abuse presque pas en pensant ainsi. Il veut fêter la saint-Valentin et je n’ai pas de cadeau réel pour lui. Alors à défaut d’avoir une réelle idée de cadeau, j’ai une idée de soirée que je lui soumets et qui semble gagner les faveurs du romantique Caleb. « Notre plage j’aime t’entendre dire ça. » Notre plage. Ce premier rendez-vous. Ce premier baiser. Ces premières émotions intenses. Ce moment où notre relation n’était pas encore écrite, ou rien de tout ça n’avait un sens et où pourtant tout semblait si naturel. Ce moment ou j’ai découvert que l’amour existait. Que je pouvais aimer et que j’étais en train de tomber amoureuse de cet homme. Celui qui est devant moi aujourd’hui. 10 ans plus tard. Et beaucoup de souvenirs. Bons comme mauvais. Très bons comme très mauvais. Mais je veux en écrire tellement d’autres. Je veux maintenant que notre relation ne se définisse plus par notre passé mais par ce présent que j’ai la chance de partager avec lui. « Je t’aime. » Je passe mes bras autour de son cou et je le regarde dans les yeux, comme je l'avais fais à 20 ans avec cette même simplicité, ce même naturel. « Je suis soulagée de t’entendre me dire que tu es content que je sois rentrée parce que je t’assure que tu n’es pas prêt de te débarrasser de moi. Tu te souviens en vacance c’était toi et moi et personne d’autres. Je te quitte plus chéri. Je t’aime, tu es celui qui me rends heureuse et je peux vraiment pas me passer de ton corps. » Et je sais que c’est pas tant son corps en lui même, il est le premier à se rabaisser et à dire que son corps n’a rien de spécial. Mais ce que moi je vois c’est surtout cette attirance mutuelle, ces émotions que je ressens à chacun de ses mouvements contre moi. Inexplicable. Inqualifiable. Mais tellement plaisant. C’est lui et lui seul qui peut me donner ce genre d’émotion et je crois que c’est ça l’amour aussi non ? Ce sont ses mains qui me font frissonner. C’est son torse sur lequel j’aime me blottir quand je ne trouve pas le sommeil, mais c’est aussi son torse que j’aime parcourir quand nous sommes dans l’intimité. Ce sont ses lèvres que je veux embrasser encore et encore sans jamais me lasser. C’est ses cheveux dans lesquels je veux laisser glisser mes doigts, qu’ils soient longs ou courts. Brun ou blond pour quelques jours. C’est son corps que je veux sentir contre moi, pour dormir, ou pour des câlins plus ou moins torrides. Je dépose ma tête dans le creux de son épaule. « Tu sais que ce genre de chose ça m’a terriblement manqué. » J’aime le provoquer un peu, souvent, sexuellement parlant. Mais là dans ses bras, je profite juste de sa tendresse, de ce calme que je ressens, je me sens à ma place ici avec lui. Dans ce genre de moment, simples mais précieux. Je prends plaisir à juste apprécier le moment et ça fait un bien fou de ne pas culpabiliser de se sentir bien. Je me détache de lui et je le laisse rejoindre la cuisine pour terminer la préparation du repas. Je m'installe à table et il revient assez vite avec deux assiettes, et je souris en voyant qu'il a soigné les détails. « Repas gastronomique à domicile, je suis vraiment chanceuse. » Chanceuse d'être là avec lui. Chanceuse que cet homme m'aime assez pour me supporter et supporter toutes mes erreurs et faiblesses. Chanceuse d'avoir une nouvelle chance, encore une avec lui. Une chance que je ne souhaite pas gâcher, pas cette fois. Je dépose ma main sur la sienne avant de goûter ce repas. « Merci d'avoir été patient avec moi et de m'avoir soutenu. Tu avais raison, j'avais besoin de ça. » De ce centre, de ce temps centré sur moi, de me soigner. « Mangeons avant que ça soit froid et que je devienne un peu trop émotive. » Je lui souris, j'ai envie de sourire, j'ai envie d'apprécier ce temps ensemble, simple parce que j'en ai besoin. De ces moments à nous, rien qu'à nous.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Me retrouver seul en tête à tête avec elle me faisait peur mais au final je me rends bien vite compte que je n’aurais jamais dû appréhender une telle chose. Les choses reviennent vite et naturellement entre nous. Elle est assise sur le canapé alors que je suis dans la cuisine en train de préparer notre repas de ce midi. Comme quoi, on a peut-être été séparés pendant un mois mais nos habitudes reprennent très vite. « Tu peux toucher à mes affaires, ça me dérange pas, sauf quand tu les déchires. » Un sourire se dessine sur mon visage en me remémorant les souvenirs que j’ai de cette soirée bien trop alcoolisée. Ce soir-là je l’ai poussé à boire alors que je savais très bien qu’elle avait un problème. Je le savais mais pourtant j’ai préféré fermé les yeux et faire comme si je ne voyais rien. C’était irresponsable de ma part et même si je garde des souvenirs mémorables de cette soirée – ce jeu d’alcool, notre moment d’intimité dans les toilettes ou bien à l’hôtel – je ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir à ce moment précis. Mais je souris tout de même parce que oui, j’ai déchiré se robe ce soir-là, involontairement bien évidemment et certainement trop bourré et excité pour essayer d’enlever correctement sa robe. En essayant de prendre de mes nouvelles elle en profite pour me demander si j’ai profité de ce mois chez moi pour parler un peu à ma sœur. Oui nous avons parlé mais non je n’ai pas envie d’en parler. Alors j’évite le sujet je passe à autre chose et je croise les doigts pour qu’elle n’en parle pas plus mais de toute façon je ne lui en laisse pas vraiment l’occasion puisque je change moi-même de sujet. « Même si je ne doute pas de ta notion de raisonnable, tu sais que je suis plutôt jalouse et je n'ai pas vraiment comme projet de te partager avec ton restaurant. » En l’entendant me dire ça je me rends compte que je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de voir Alex jalouse et cette pensée me ferait presque sourire. Elle n’a pas à me partager avec mon restaurant, comme j’ai pu lui dire d’une manière si étrange lors de notre premier rendez-vous, elle n’a rien à envier à la cuisine. « Toi jalouse ? J’aimerais bien voir ça. » En fait, connaissant Alex je ne suis pas sûr que la voir jalouse serait une bonne chose. Elle peut très vite avoir des réactions disproportionnées et je ne suis pas sûr d’avoir envie d’être témoin de ça. De toute façon je ne me fais pas draguer très souvent alors ça n’est pas prêt d’arriver et tant mieux. La conversation se dirige sur quelque chose qui me plaît tout autant, je lui parle de la Saint-Valentin en lui proposant de rattraper cette journée perdue ce soir et c’est elle qui me propose une super idée pour fêter notre amour avec quelques semaines de retard. « Mais c’est pas juste je n’ai pas de cadeau pour toi. » Doucement, j’hausse les épaules sans la quitter des yeux. Je n’ai besoin de rien. Vraiment pas. C’est elle la plus importante ce soir et je veux m’assurer qu’elle passera une soirée mémorable. « T’es ici avec moi, je ne pouvais pas rêver mieux comme cadeau. » Phrase qui vous parait sûrement tellement kitch mais pourtant elle est vraiment sincère. Elle va bien, elle est souriante et rayonnante alors oui, sa présence à mes côtés, sobre, est le meilleur cadeau possible. Elle en profite pour utiliser ce surnom horrible qu’elle a entendu de la bouche de ma cousine lors du repas de Noël chez mes parents. « J’aime bien ce surnom moi. » Oui mais non, j’en a assez avec Romy. Caleb c’est bien aussi. « Tu préfères mon petit mouton ? Ou mon bel étalon ? » Oh non pas le retour du petit mouton s’il vous plaît. Et encore moins ‘mon bel étalon’. Je fronce les sourcils et lâche un petit rire. « Non ! » Je proteste, je ne veux aucun de ces surnoms. « Mais quelque soit le surnom je peux t’assurer que je ne pourrais jamais te voir comme un garçon de cinq ans, tu es trop sexy pour ça. » Dans cette phrase maladroite mais qui lui ressemble justement beaucoup je vois ce qu’elle veut me dire même si c’est assez mal dit et justement, ça me fait rire. « Enfin même en t’appelant Calebchou je te trouve toujours terriblement sexy alors n’aies aucune crainte c’est pas un petit nom qui va changer ça. » Terriblement sexy ? Peut-être pas, non mais je dois avouer que quoiqu’elle dise je préférais largement qu’elle me trouve un autre surnom parce que je maintiens que celui-là ne me plaît vraiment pas. « Je ne suis pas ‘terriblement sexy’ déjà. » Et je suis à deux doigts de lui demander une deuxième fois de ne pas m’appeler comme ça mais je sais que c’est peine perdue et plus elle saura que ce petit nom ne me plaît pas, au plus elle l’utilisera.
Si moi je ne me trouve pas sexy, elle par contre l’est réellement. Encore plus quand je me remémore cet ensemble en dentelle rouge que je lui ai acheté à la fin de nos vacances en Nouvelle-Zélande. Elle n’a pas encore eu l’occasion de le porter parce qu’en rentrant de vacances notre relation s’est légèrement détériorée à la suite de cette fameuse matinée. Alors j’ai hâte de la voir porter ça, mais j’ai aussi déjà hâte de pouvoir le lui enlever. « Ce soir Chéri, ce soir. » Je souris et la regarde en me mordant la lèvre inférieure. « Dis-moi, pourquoi on devrait attendre ce soir ? » Après tout, si on en a envie tous les deux, pourquoi ne pas faire ça maintenant ? On pourra toujours renouveler ce moment ce soir, l’un n’empêche pas l’autre. Mais s’il y a autre chose pour laquelle j’ai également hâte c’est aussi pour cette soirée romantique qui nous attend. « Notre plage j’aime t’entendre dire ça. » Et si elle savait à quel point j’aime le dire. En même temps c’est bien notre plage, non ? « Il s’est passé tellement de choses pour nous sur cette plage. » La suite de notre premier rendez-vous, notre premier baiser, c’est là où j’ai réalisé que j’étais en train de tomber amoureux, c’est là-bas que j’ai compris ce que ça faisait que d’embrasser une fille qui me plaisait vraiment. Et on y est retourné plusieurs fois depuis et chaque instant a été encore plus mémorable. Je l’aime elle m’aime et c’est en la regardant dans les yeux que je me rends compte que j’ai été con de penser que nos retrouvailles auraient pu mal se passer. « Je suis soulagée de t’entendre me dire que tu es content que je sois rentrée parce que je t’assure que tu n’es pas prêt de te débarrasser de moi. Tu te souviens en vacance c’était toi et moi et personne d’autres. Je te quitte plus chéri. Je t’aime, tu es celui qui me rends heureuse et je peux vraiment pas me passer de ton corps. » Si ses bras sont autour de mon cou les miens viennent entourer sa taille alors que mes yeux sont plongés dans les siens. « Je ne compte pas te quitter moi non plus parce que je t’aime et qu’imaginer ma vie sans toi c’est inimaginable. Je ne peux plus me passer de vous Alexandra Clarke. » Un petit sourire reste collé sur mon visage. Moi ce n’est pas juste de son corps que je ne pourrais pas me passer mais c’est d’elle tout court. Elle, sa personnalité, son sourire, son rire, sa maladresse, ses coups de gueule qui sont parfois – souvent – pas forcément nécessaires. Non en fait ça je sais que je pourrais assez facilement m’en passer. « Tu sais que ce genre de chose ça m’a terriblement manqué. » Si elle savait à quel point tout ça m’a manqué à moi aussi. Si elle le savait. Mes mains remontent tout le long de son dos pour que je puisse la serrer encore une fois dans mes bras. « Ça m’a aussi manqué. » Justement parce que je ne peux plus me passer d’elle tout simplement. Mais pour le moment même si je me sens parfaitement bien en la gardant dans mes bras il est grand temps d’arrêter la cuisson du magret de canard si je ne veux pas le servir trop cuit. Elle s’installe à table et je la rejoins très vite avec nos assiettes. « Repas gastronomique à domicile, je suis vraiment chanceuse. » Sa remarque m’arrache un rire alors que je prends place en face d’elle. « Et pour toi c’est gratuit en plus. » Même quand elle vient manger à l’Interlude il est hors de question que je la fasse payer et ça tout le monde le sait là-bas. La plupart de mon équipe la connait maintenant et ils savent qu’ils doivent la traiter comme une princesse. J’accueille son geste de tendresse avec plaisir, caressant doucement sa main tout en prenant une première bouchée de mon assiette. « Merci d'avoir été patient avec moi et de m'avoir soutenu. Tu avais raison, j'avais besoin de ça. » J’avais raison. Donc elle ne m’en veut pas et elle sait que j’ai fait ça pour son bien et pour le nôtre aussi et je pense que savoir ça risque de me soulager un peu. « C’est normal ma chérie. Et si tu en avais eu besoin je t’aurais attendu encore plusieurs mois. » La soutenir me semble tout à fait naturel. C’est ma petite-amie, celle avec qui j’ai envie de passer le reste de ma vie et je ne compte pas la lâcher du jour au lendemain. « Mangeons avant que ça soit froid et que je devienne un peu trop émotive. » Je la regarde un petite sourire aux lèvres et me penche vers elle pour lui voler un baiser avant de ne commencer réellement à manger. « Ouais parce qu’on a une après-midi shopping qui nous attend. J’ai hâte. » Mon manque d’enthousiasme est palpable mais en soit, si elle ne me traîne pas dans des magasins de vêtements ça devrait le faire.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
« Oh non je t'assure que tu veux pas voir ça. » Je souris l'air de rien. Je suis jalouse, ce n'est pas maladif chez moi, mais je le suis et je peux réagir au quart de tour parfois alors je suis sûre qu'il n'est pas prêt à me voir lui faire une crise de jalousie. J'ai la chance que lorsque l'on est ensemble, il ne regarde que moi, il est avec moi et il ne remarque même pas le reste du monde, enfin pas les autres filles qui peuvent le regarder. Mais ça me va très bien comme ça, et si l'une s'ose à le regarder un peu trop longtemps à mon goût, je l'embrasse l'air de rien, pour mon plaisir, le sien et pour cette fille qui comprends qu'elle n'a aucune chance. Et je suis sûre qu'il ne le remarque même pas, mais il plaît. Il est attirant Caleb mais il n'en a pas conscience, ce qui le rends peut-être encore plus charmant. Charmant et tellement romantique. Et j'ai la chance de l'avoir pour moi. C'est moi qu'il regarde, c'est moi qu'il gâte, c'est à moi qu'il veut organiser une Saint-Valentin en retard. Avec forcément un cadeau pour moi, comme si je le méritais vraiment. Moi, je n'ai rien à lui offrir et c'est assez frustrant finalement d'être incapable de faire aussi bien que lui. Et lui continue de trouver une réponse à tout. D'après lui, je n'ai pas besoin de lui offrir de cadeau, être ici avec lui est un cadeau. Ce que je ne suis pas loin de penser aussi mais ce n'est pas un argument valable. « Oui mais non ça marche pas ça. Parce que je pourrais dire la même chose et je sais que tu m’offrira quand même ton cadeau. Et j’aimerai pour une fois être à la hauteur. » J'aimerais vraiment pouvoir être à la hauteur de ses attentes, même s'il n'en formule aucune à mon égard. J'aimerais pouvoir lui montrer que j'ai autant d’intérêt que lui pour notre couple, parce que c'est vrai. Mais il fait toujours tout, tout bien et moi je galère à être juste bien pour lui. Il me couvre de compliments tout le temps. Il est compréhensif, attentif, amoureux. Et ce n'est pas tant que je ne le suis pas, je le suis réellement amoureuse, c'est juste que j'ai plus de mal que lui à exprimer mes vraies émotions. Et je préfère le taquiner, le provoquer, le faire rire ou l'exaspérer parfois aussi. Comme avec cette histoire de surnom. J'aimais bien moi Calebchou, mais visiblement pas lui. Et à se remarque, je vois qu'il n'est pas plus fan du petit mouton ou du bel étalon. Comme je suis surprise. Bon heureusement pour moi, je n'aurais pas vraiment aimé l'appeler mon bel étalon trop longtemps même pour la blague. Et à défaut d'avoir réussi à lui dénicher un surnom à la hauteur du Calebchou de Romy, je lui avoues que quelque soit le surnom que je pourrais lui donner, je le trouverais toujours terriblement sexy. Et j'ai beau insisté, j'ai beau le répéter deux fois, il remet en question ma parole. Et il m'agace, parce qu'il me fait toujours pleins de compliments, que je trouve plus ou moins justes, et lui refuse le mien. Parce que oui, lui dire qu'il est terriblement sexy est un véritable compliment à mes yeux. « Tu es terriblement sexy mon chou, je le redis puisque tu sembles douter encore. Mais tu vois bien tout l’effet que tu as sur moi non ? » Je m'avance vers lui un sourire aux lèvres lui murmurant quelques mots à l'oreille pour donner un peu plus de proximité à nos deux corps. « Il me semble qu’il y a une semaine j’étais plutôt expressive avec toi. Sur l’effet que tu avais sur moi. Faut que tu te rentres ça dans la crâne chéri. Tu es sexy. Tu es hot. Tu es terriblement attirant et je pourrais t’appeler mon lapin, mon mouton, ou même chouchou que ça changerait rien à ce que je ressens quand je te regarde. » Je me décolle de lui, tout en le regardant sentant un peu la chaleur monter en moi. « Alors accepte le, tu es terriblement sexy, même avec ta barbe un peu trop longue, tu me plaît toi et pas un autre. Et si tu es plus à l'aise, je peux t'appeler mon dieu du pieu. » Et comme si ce moment n'avait pas assez titillé mon désir et ma libido, je lui fais miroiter la vision de l'ensemble sexy rouge qu'il m'a acheté. Une sorte de cadeau de Saint-Valentin pour cette soirée que l'on doit passer ensemble. Et je l'embrasse, je prends le risque de me rapprocher de lui et de risquer que mes lèvres sur les siennes, je perde le contrôle sur le moment. Pas que ce serait désagréable, bien au contraire, mais je veux plus, je veux mieux, je veux quelque chose à la hauteur de nous, pour nos retrouvailles et pour cette saint-valentin à laquelle il tient. Et je lui promets en quelque sorte ce moment ce soir. Il se mord la lèvre dans un geste que je trouve terriblement sexy et il ne semble pas de cet avis. « Dis-moi, pourquoi on devrait attendre ce soir ? » « Parce que le canard cuit. » Mauvaise réponse. Mais il ne peut pas continuer à se mordre la lèvre et à sourire comme ça alors que je sais tout ce qu'il a en tête. « Parce que l’attente attise le désir. Et que je veux que tout soit parfait. » Voilà une meilleure réponse, et je sais que vu le désir que je ressens déjà à ce moment précis, l'attente va être longue mais je veux vraiment que cette journée marque le début de notre relation, qu'elle soit à la hauteur de nous. Et le programme de ce soir s'annonce parfait pour célébrer notre couple comme il le mérite. Je le repousse gentiment, m'éloignant de lui avant de succomber à ses avances et d'oublier cette envie de faire les choses biens. Mais l'attente vaut le coup, je le sais. On va se retrouver, on va profiter de cette journée avant de la finir sur notre plage. Et je suis pas peu fière d'avoir eu cette idée pour cette soirée. « Il s’est passé tellement de choses pour nous sur cette plage. » Il s'est passé tellement de choses en effet mais le plus mémorable, reste le début de ce 'nous' qu'il évoque. Ce 'nous', le début de notre relation. « Tellement de choses oui. C’est sur cette plage que je suis tombée amoureuse de l’homme le plus parfait. C’était y’a dix ans tu imagines ? » Merci pour le coup de vieux Alex ! « Et il va s'en passer d'autres, je te le promets. » Parce que notre histoire n'est pas prête de se terminer, je le sais, je le veux. Je n'ai plus peur de dire que je vois un futur à notre histoire, sans savoir vraiment comment faire, mais je lui promets sincèrement que cette plage sera encore le lieu de belles choses pour nous. Et puisqu'il me dit qu'il est content que je sois rentrée, je me permets à mon tour de lui faire cette déclaration, celle ou je lui assure qu'il n'est pas prêt de se débarrasser de moi. Et que je ne vais plus le quitter. Je me rapproche de lui, à nouveau, ne résistant pas à laisser longtemps une distance entre nous. « Je ne compte pas te quitter moi non plus parce que je t’aime et qu’imaginer ma vie sans toi c’est inimaginable. Je ne peux plus me passer de vous Alexandra Clarke. » Nous voilà sur la même longueur d'onde, et c'est finalement assez rare quand on y pense. Je ne veux pas le quitter et lui ne compte pas me quitter. Je l'aime et il m'aime. Je ne peux pas me passer de lui, et lui ne peux pas se passer de moi. Et si je craignais réellement ce mois loin, l'un de l'autre, ça semble nous avoir fait du bien à tout les deux et ce moment est si agréable. Si paisible. Je me blottis contre lui tout en lui avouant que tout ceci ça m'avait terriblement manqué. Il prolonge ce moment, me serrant contre lui et je me sens tellement en sécurité, tellement calme à ce moment précis avec lui. Peut-être même que je découvre vraiment ce plaisir simple et si apaisant d'être avec lui, sans parler, sans même de tension sexuelle entre nous, juste de la tendresse et de l'affection. Et de l'amour. Il finit par me lâcher pour aller finir de préparer le repas et je m'installe à table. Il arrive très vite et je le félicite (à ma manière) pour sa présentation. « Et pour toi c’est gratuit en plus. » « Je paye en nature. » L'art de gâcher les moments romantiques par Alex Clarke. Je lâche un petit rire, presque amusée et gênée de ma propre remarque. Mais je ne me laisse pas perturber longtemps par ma bourde, et tout en posant ma main sur la sienne, je prends ce temps nécessaire pour le remercier d'avoir été patient avec moi. Je lui avoue qu'il avait raison et c'est assez rare pour être soulignée, je lui avoues que j'en avais besoin malgré tout les doutes que j'avais pu émettre. « C’est normal ma chérie. Et si tu en avais eu besoin je t’aurais attendu encore plusieurs mois. » Plusieurs mois, hors de question. Plusieurs mois dans un centre, plusieurs mois loin de lui, plusieurs mois privée de ma liberté de vivre comme je l'entends, non. Mais j'avais besoin de me soigner autant de mon addiction que de ce mode de comportement d'autodestruction dans lequel j'avais compris ma vie. Je devais faire ce travail sur moi, je devais accepter de demander de l'aide, accepter de recevoir l'aide aussi. Accepter que je ne pouvais pas gérer les choses seules et que ça ne faisait pas de moi quelqu'un de faible, mais juste avec trop de faiblesses et sans moyens pour faire face. J'avais besoin de me retrouver face à moi même. Face à mes erreurs, face à mes choix, face à mes responsabilités et mes culpabilités. J'avais besoin de ce temps pour remettre de l'ordre dans ma vie pour commencer le reste du travail avec des bases moins fragiles, et moins bancales. Il avait raison et sans lui, jamais je n'aurais eu la force de faire ce chemin. Le début du chemin primordial pour que je puisse continuer à envisager ma vie sous un autre regard. Et je repense à tout ça, ce qui me rends quelque peu émotive. Je tente de ramener le moment sur la nourriture et ce repas qu'il nous a préparé, parce que je ne veux pas risquer de me laisser submerger. Il m'embrasse avant de reporter sur attention sur son assiette, ce que je fais aussi. Je déguste les premières bouchées de son plat et ça me confirme que j'aime toujours autant sa façon de cuisiner. Et alors que je m'apprêtais à le féliciter, le voilà qu'il critique le programme prévu avec un certain sarcasme. « Ouais parce qu’on a une après-midi shopping qui nous attend. J’ai hâte. » « Cache ta joie. » Je rigole à sa remarque. Je sais qu’il n’aime pas les magasins enfin surtout faire les magasins de vêtements et de chaussures avec moi. L’emmener dans un magasin de lingerie n’a jamais semblé lui poser un problème. Je souris toute seule à cette pensée, l’imaginant seul dans les rayons à chercher le meilleur ensemble sexy à m’offrir. « On prends un meuble et on s'occupe du pic-nique. D'ailleurs j’ai le droit de m’occuper de quelque chose ou comme d’habitude je me contente d’être là et d’apporter la boisson ? » Et merde. Je réalise ma bourde au moment où je prononce cette phrase. Ça ne sera plus à moi d’emmener la boisson. Que ce soit avec Caleb ou avec n’importe qui. Je ne dois plus boire et je réalise à ce moment que ça va non seulement impacter ma façon de faire la fête, de sortir, mais aussi sa façon à lui de passer nos soirées ensemble. Il aime le vin, il aime son verre de bon vin, et je sais qu’il va s’en priver pour moi. Et c’est pas juste. « Désolé j’aurais pas dû dire ça. » Je souffle légèrement, et je sais que ce genre de gaffes ne va pas être la seule que je vais faire mais il est encore bien trop tôt pour en rire. Je reprends le fil de la conversation, sans lui laisser le temps de réellement réagir. Non je ne vais pas m'écrouler, oui je peux gérer les allusions à l'alcool. Je peux faire face, je peux assumer, je peux gérer. C'est le mot d'ordre, gérer les choses et lui montrer que je peux assumer même mes maladresses qui peuvent devenir gênantes. « Je sais que tu te contentera pas de vulgaire sandwich, mais je ne veux pas que tu fasses tout alors laisse moi participer et je serais une seconde parfaite. » Ou presque. Mais je suis sérieuse, je ne veux pas qu'il s'occupe de tout, je ne veux pas qu'il passe encore des heures dans la cuisine, il le fait déjà bien assez au boulot. « J'ai une idée prenons des sushis ! Comme au premier rendez-vous. » Pas de cuisine à préparer, pas de prise de tête à réfléchir, pas de plat à trimballer avec nous. Juste des sushis, une couverture et nous deux sur la plage. Voilà qui me semble être un programme parfait.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Je n’ai pas souvent eu l’occasion de voir Alex jalouse et pourtant si vous saviez à quel point j’aimerais voir ça. Moi je suis jaloux, et possessif elle le sait j’ai eu plusieurs occasions de lui montrer. Je n’aime pas quand un homme la regarde de trop près ni quand elle en regarde un autre parce qu’elle pourrait très vite se rendre compte qu’elle pourrait être avec un autre homme bien plus attirant que moi. Moi je n’ai d’yeux que pour elle, elle est la seule femme que je vois et la seule avec qui je veux être c’est pourquoi l’idée de fêter avec quelques semaines de retard la Saint-Valentin avec elle me plaît bien. « Oui mais non ça marche pas ça. Parce que je pourrais dire la même chose et je sais que tu m’offrira quand même ton cadeau. Et j’aimerai pour une fois être à la hauteur. » Elle a raison. Si les rôles avaient été inversés je me serais débrouillé pour trouver un cadeau à lui offrir. Mais par contre quand je lui dis que je n’ai besoin de rien et que l’avoir à mes côtés est le meilleur cadeau qu’on puisse me faire c’est sincère, je le pense vraiment. « Je t’assure que j’ai vraiment besoin de rien. Et au pire tu te feras pardonner de ton absence de cadeau ce soir au lit ça me va très bien aussi. » J’accompagne mes paroles d’un clin d’œil un petit sourire aux lèvres. On pourra même dire que la nuit que l’on va passer ce soir sera son cadeau de Saint-Valentin pour moi. Je préfère ça plutôt que l’entendre m’appeler Calebchou. Maintenant qu’elle sait que je n’aime pas ce surnom je sais qu’elle ne va pas arrêter de l’utiliser malheureusement pour moi. Parce qu’elle passe son temps à me taquiner, m’emmerder alors je sais qu’elle l’utilisera avec plaisir. « Tu es terriblement sexy mon chou, je le redis puisque tu sembles douter encore. Mais tu vois bien tout l’effet que tu as sur moi non ? » Certes mais ce n’est pas parce qu’elle me trouve à son goût que je suis forcément sexy. Elle s’avance vers moi pour me murmurer quelques mots à l’oreille, me redonnant très vite un peu le sourire. « Il me semble qu’il y a une semaine j’étais plutôt expressive avec toi. Sur l’effet que tu avais sur moi. Faut que tu te rentres ça dans la crâne chéri. Tu es sexy. Tu es hot. Tu es terriblement attirant et je pourrais t’appeler mon lapin, mon mouton, ou même chouchou que ça changerait rien à ce que je ressens quand je te regarde. » Sexy je ne sais pas mais je veux arrêter de la contredire et la laisser me complimenter ainsi, parce que je n’ai pas l’habitude qu’elle me fasse autant de compliments d’un coup. Je me contente de secouer la tête de droite à gauche avant de répondre. « Ne m’appelle jamais mon lapin s’il te plaît. » Mon mouton c’est peine perdue, elle le fait déjà. Mais mon lapin si elle pouvait éviter ça serait pas mal. Chouchou n’est pas top non plus mais ça ne peut pas être pire que mon lapin en tout cas. Je ne la quitte pas des yeux, je la regarde alors qu’elle s’éloigne un peu. « Alors accepte le, tu es terriblement sexy, même avec ta barbe un peu trop longue, tu me plaît toi et pas un autre. Et si tu es plus à l'aise, je peux t'appeler mon dieu du pieu. » Cette fois elle m’arrache un petit rire. « Ah bah voilà, ce surnom-là je l’aime bien ! Et je croyais que t’aimais bien ma barbe comme ça ? » Je lui demande les sourcils légèrement froncés tout en passant une main sur mon menton. C’est elle qui me l’a dit tout à l’heure après tout je n’invente rien. Mais pour le moment j’essaie de l’imaginer dans cet ensemble en dentelle rouge que je lui ai acheté à la fin de nos vacances en Nouvelle-Zélande. Elle insiste sur le fait qu’elle le portera ce soir, mais pourquoi ce soir déjà ? « Parce que le canard cuit. » Excuse nulle. Vraiment très nulle. Mais elle n’a pas tort. Le canard cuit et il risque de brûler si je ne garde pas un œil dessus. « Parce que l’attente attise le désir. Et que je veux que tout soit parfait. » Ça c’est vrai. Plus on attend, meilleur ça sera ce soir alors je suis prêt à attendre jusqu’à ce soir pour la toucher. « Tu marques un point, Clarke. » Même si ça ne m’enchante pas de le dire pour le coup. Elle me repousse et je suis obligé de lui faire une petite moue déçue à ce moment précis. Je peux attendre ce soir, même si j’en meurs d’envie. Si c’est ce qu’elle veut, je vais attendre. « Tellement de choses oui. C’est sur cette plage que je suis tombée amoureuse de l’homme le plus parfait. C’était y’a dix ans tu imagines ? Et il va s'en passer d'autres, je te le promets. » Bien que je réalise parfaitement que notre rencontre date d’il y a maintenant dix ans je prends un énorme coup de vieux quand elle prononce ces mots. « Tu m’as tellement sauté dessus ce jour-là. » Je lui rappelle alors que mon sourire ne quitte pas mon visage. Et c’est vrai elle ne pourra pas le nier. Elle m’a sauté dessus et j’étais tout simplement incapable de la repousser tout simplement parce que je ne le voulais pas mais aussi parce qu’elle avait réussi à me faire perdre la tête avec un seul baiser. Mais ce jour-là j’étais loin de m’imaginer que dix ans plus tard nous serions de nouveau ensemble, que je serai toujours fou amoureux de cette fille et qu’elle aura toujours ce même effet qu’elle n’a eu sur moi ce soir-là. Je lui apporte notre plat et m’assois en face d’elle. « Je paye en nature. » Je relève les yeux vers elle, amusé par sa remarque et nous sers à tous les deux un verre d’eau pour accompagner ce repas. Elle me remercie d’avoir été patient et présent pour elle mais elle n’a pas à le faire, ça me semble normal. Alex est la femme de ma vie, si elle avait eu besoin de rester six mois dans ce centre je serais resté ici et je l’aurais attendu sans hésitation. Je ne peux pas vivre sans elle, c’est inimaginable je lui fais pars de cette pensée et puis juste après je lui fais comprendre mon manque d’enthousiasme en rapport avec le programme de cet après-midi. « On prends un meuble et on s'occupe du pic-nique. D'ailleurs j’ai le droit de m’occuper de quelque chose ou comme d’habitude je me contente d’être là et d’apporter la boisson ? » Apporter la boisson ? Je relève les yeux vers elle tout en avalant un morceau de viande. Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire. Non elle ne doit pas amener la boisson. Enfin elle peut s’occuper du thé glacé et du jus de fruits. « Désolé j’aurais pas dû dire ça. » Non elle n’aurait pas dû mais je ne pense pas que ce soit dramatique, tant qu’elle ne se ramène pas avec du champagne et du vin ce soir. « C’est pas grave, t’inquiète pas… » Je la rassure quand même parce que pour le coup, ce n’est vraiment pas grave et je ne veux pas qu’elle culpabilise pour tout ce qu’elle vient de dire. « Je sais que tu te contentera pas de vulgaire sandwich, mais je ne veux pas que tu fasses tout alors laisse moi participer et je serais une seconde parfaite. » Alex mon second de cuisine ? Ça pourrait être drôle, l’imaginer dans la cuisine de l’Interlude à m’obéir au doigt et à l’œil… Intéressant. « Tu seras plutôt mon commis parce qu’il faut avoir confiance en son second de cuisine et je t’avoue que… » Je grimace légèrement tout en lâchant un petit rire. Non, en cuisine je ne lui fais pas confiance, elle le sait. « J'ai une idée prenons des sushis ! Comme au premier rendez-vous. » Un énième sourire prend place sur mon visage alors que je repose mes couverts dans mon assiette pour attraper mon verre d’eau et en boire quelques gorgées. « Des sushis, toi et moi sur notre plage ? J’approuve. » Et pas d’un peu en plus. Cette soirée va être magique.
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D'après lui je suis son cadeau, et cet homme doit être ou aveugle ou juste totalement aveuglé par son amour pour moi pour croire que je suis un cadeau. Je suis loin d'être un cadeau, plutôt un nid à emmerdes, mais ça je me garde bien de lui dire. Parce qu'il semble réellement persuadé que ma présence est le meilleur cadeau possible pour lui. Et dire qu'il avait osé me parler de plusieurs mois en centre. Il est cute avec moi comme toujours, jusqu'à ce qu'il dérape et délaisse le romantisme pour un peu plus de sexe. « Je t’assure que j’ai vraiment besoin de rien. Et au pire tu te feras pardonner de ton absence de cadeau ce soir au lit ça me va très bien aussi. » Tu m'étonnes que ça lui aille très bien. J'ai le souvenir de ce moment passé lors de sa visite au centre, et clairement trois semaines d'abstinence pour nous c'est beaucoup trop. Alors si c'est ce qu'il veut comme cadeau, j'accepte avec plaisir, tant je sais que ce sera aussi un cadeau pour moi finalement. « Pour te faire plaisir, je suis prête à me sacrifier et à donner de ma personne. » Quel bonté d'âme ! Et quel sacrifice ! Passer une nuit torride avec l'homme que j'aime, si c'est le seul cadeau dont il a besoin, je devrais pouvoir trouver comment satisfaire ses désirs. Et comme c'est souvent le cas entre nous, dans notre relation depuis toujours finalement, on se taquine, on se provoque. Enfin je le taquine beaucoup et je le fais encore aujourd'hui en utilisant un surnom qu'il affectionne (pas du tout), et puisqu'il n'aime pas celui là, j'en essaye d'autre. Plus ridicule les uns que les autres, mais je m'amuse avec lui, parce que ça aussi ça m'a manqué. De le voir mi-dépité, mi-amusé, mi-fatigué par mon comportement.« Ne m’appelle jamais mon lapin s’il te plaît. » Et puisqu'il me demande de pas le faire, ça devient encore plus tentant de le faire. Mais je lui fais un sourire tout en gardant en mémoire qu'il n'aime aucun de mes surnoms et mieux encore que ça l'embête réellement. Je me recule un peu, avant de lui redire à quel point je le trouve terriblement sexy, et tout en lui disant cela, je me trahis un peu en lui disant que je trouve sa barbe un peu longue. Et sa barbe je l'aime bien, mais peut-être pas aussi longue et pas aussi épaisse. Mais j'avais choisi mon combat, ses cheveux commençant par le plus important, donnant un sursis à sa barbe. Sauf que je me suis un peu grillée toute seule. « Ah bah voilà, ce surnom-là je l’aime bien ! Et je croyais que t’aimais ben ma barbe comme ça ? » Alors comme ça il aime le surnom 'le dieu du pieu'. Je lui souris en levant les épaules. Un sourire innocent et des yeux doux, avec cette tête les choses passent toujours mieux. « Je vais t'appeler comme ça au restaurant, devant ton équipe on verra si tu aime toujours ce surnom. Et pour ta barbe, je te redirai ce soir si je l'aime ou pas. » L'imitant, je passe une main sur son menton alors que je dois calmer ses ardeurs en repoussant ses avances et en remettant à ce soir les plans qu'il a en tête. L'ensemble rouge, son cadeau de saint-valentin, et sa barbe qui devra passer le test. Voilà nos projets pour la fin de soirée. « Tu marques un point, Clarke. » Et il semble d'accord avec moi même si sa moue boudeuse me fait rire, je sais que ça vaut le coup. Un petit sourire victorieux sur le visage, alors qu'on évoque cette plage, notre plage. Celle de notre première rendez-vous, celle de notre première baiser. Celle ou je suis tombée complètement sous son charme, sans comprendre ce qu'il m'arrivait. « Tu m’as tellement sauté dessus ce jour-là. » Est-ce que par principe je vais nier cette affirmation qui reflète la vérité ? Il me regarde avec un sourire, et je souris aussi parce que ce souvenir est quand même le premier de notre histoire et il est assez mémorable. Ce jour là, j'avais tenu à ce qu'il se rappelle de ce baiser longtemps et visiblement j'ai plutôt réussi puisque dix ans après, il me regarde toujours sourire aux lèvres en pensant à ce moment. « Tu n'aurais jamais osé alors j'ai du prendre les choses en mains. » Je me moque un peu de lui mais j'assume, ce soir là, sans même que je ne comprenne ce qu'il se passait, j'avais eu envie de l'embrasser, une fois, deux fois et après je ne voulais plus m'arrêter, lui sautant littéralement au cou alors que nous étions tout deux en sous-vêtements dans l'eau. « Tu étais à peine capable de me regarder, tu étais tout sage à l'époque. » A l'époque, puisque depuis, je suis la mieux placée pour savoir que son innocence s'est envolée y'a bien longtemps et le surnom que je lui ai donné plutôt est la pour témoigner que le Caleb tout sage n'est plus qu'un souvenir. Il a prit de l'assurance, pas totalement mais avec moi il est loin d'être ce jeune incertain, qui baissait les yeux devant la vue d'une femme. Ce qui n'a pas changé en revanche, c'est sa capacité à me préparer des bons plats. Et on se retrouve à table, face à face, autour du repas qu'il a cuisiné spécialement pour ma sortie. Je me sens bien, sereine à ce moment, assez pour le remercier de son soutien. Assez sereine aussi pour lui avouer qu'il avait raison et que j'avais besoin de tout ça. Je peux lui en parler sans craquer, sans me sentir submerger d'émotions ou me sentir faible. Et ça fait du bien, vraiment de pouvoir lui parler avec calme. On est là tout les deux, et je commence réellement à réaliser combien l'avoir prêt de moi dans ces moments simples de la vie, me plaît. On reparle du programme pour la journée, et je suis peut-être un peu trop à l'aise que j'en viens à faire des allusions peut-être un peu trop précipitée sur l'alcool. Je m'excuse, je crois qu'on est pas encore prêt à rire de tout ça, pas moi en tout cas, pas encore. Mais il me rassure en me disant que ce n'est pas grave. Et il a raison, ce n'est pas grave en soit, j'en ferais sûrement d'autres des comme ça. Alors sans m'attarder plus longtemps, je lui annonce que je veux participer à la confection de notre pic-nique du soir, lui précisant que je serais une seconde parfaite. « Tu seras plutôt mon commis parce qu’il faut avoir confiance en son second de cuisine et je t’avoue que… » Je lui tape l'épaule, plus par principe. Qu'il n'ait pas confiance en moi n'est pas une nouveauté, je n'ai moi même pas confiance en moi en ce qui concerne la cuisine alors je le comprends. Je suis une calamité, j'ai juste à l'accepter et à me rendre à l'évidence même pour un pic-nique il ne semble pas prêt à me laisser être son second. Et si je suis totalement d'accord avec lui sur mes capacités culinaires désastreuses, je ne peux m'empêcher de faire semblant d'être outrée par sa remarque. « Tu oserais sous-entendre que je suis nulle ? Fais gaffe si tu veux ton cadeau. » Chantage par le sexe, c'est moche mais c'est une arme redoutable pour lui faire dire ce que je veux entendre et voir jusqu’où il est prêt à renier son avis juste pour moi. Et alors, qu'il semble pas très chaud à l'idée de me voir préparer le pic-nique, je lui propose de prendre quelques choses de déjà prêt. Solution de facilité que je connais bien ! Et puis les sushis c'est aussi un beau clin d’œil. « Des sushis, toi et moi sur notre plage ? J’approuve. » Et c'est que je deviendrai presque douée pour organiser des soirées romantiques. Puisqu'il approuve toutes mes idées, lui, le pro de l'organisation des soirées romantiques. Je suis plutôt fière de moi. Pour une première journée hors du centre, j'ai l'impression de gérer mon retour plutôt bien. Même parfaitement bien finalement. Est-ce que je pouvais imaginer de meilleures retrouvailles ? Je ne crois pas et je sais que la suite de la journée va être bonne mais avant ça nous finissons de manger, avec à l'esprit dans un coin de ma tête la soirée à la plage.
[…]
La journée avait été rythmée. Et avec lui je n’avais même pas eu le temps de penser à l’alcool, à ma sortie de cure, ou à autre chose qu’à nous. Être ensemble, c’était finalement naturel, et j’en oubliais tout le reste. Main dans la main, à déblatérer sur des meubles comme d’autres couples autour de nous. Trop petit. Pas assez pratique. Couleurs qui ne s’accordent pas avec le reste de ma déco. Et le tout accompagné de petites allusions bien à nous au milieu des chambres à coucher présentées en modèle. Et après s’être perdu dans les allées, nous avons trouvé un compromis. Et j’ai finis par choisir le meuble et il a finit par acquiescer, sans doute pour mettre fin à ces débats interminables. Et ce fut avec le meuble et deux, trois bricoles plein le coffre que nous sommes rentrés chez moi avec l’optique de monter le meuble avant de nous préparer pour aller à la plage. Sauf que le montage de meuble qui selon la notice du constructeur aurait dû nécessiter une heure trente à deux s’est transformé en gros chantier. Caleb semblait avoir oublié qu’en plus d’être une cuisinière déplorable, je ne m’en sors pas mieux avec un tournevis qu’avec un fouet. Et pourtant il avait déjà eu un petit aperçu à l’époque. Une sale histoire de lit cassé, clairement pas résistant, qu’il avait fallu changer. Mais malgré tout, nous avons réussi à venir à bout du meuble et aussi incroyable que ce soit, le meuble tenait debout ! La première chose à nous deux dans mon appartement. La première chose pour lui et uniquement à lui dans mon appartement. Alors qu’il range ses quelques vêtements dans le tout nouveau meuble, je m’occupe de préparer un sac avec quelques affaires pour notre soirée. L’idée des sushis va nous faciliter la tâche et je me charge juste de prendre deux trois trucs indispensables pour la soirée. Ouvrant les placards de chez moi, je finis naturellement par ouvrir l’un des placards où je rangeais l’alcool et je le découvre vide. Il a semble-t-il vidé mon appartement avant mon retour. Je referme la porte et je me concentre sur les choses importantes pour terminer le petit sac que je prépare. Après un moment passé dans la salle de bain pour me préparer pour la soirée, notre soirée de Saint-Valentin, je le retrouve au salon un sourire sur le visage en attendant sa réaction. Je suis vêtue d’une de ses robes préférées. L’une des robes qui met le mieux en valeur mes formes. Un décolleté assez prononcé sans être vulgaire, une échancrure au niveau de la cuisse droite qui laisse suggérer des choses sans les dévoiler et une taille resserrée. C’est pas une soirée ordinaire, c’est notre soirée. Notre moment de retrouvailles, les vraies cette fois. C’est notre soirée, sur notre plage, notre première Saint-Valentin depuis 9 ans, depuis que nous réformons un couple, un vrai. Et je veux que tout soit parfait. Parce que lui est parfait et qu’il mérite que pour une fois je sois à la hauteur. Et puis égoïstement j’ai aussi besoin d’une soirée parfaite. Pour ne pas penser au reste. Pour ne pas penser à l’alcool. Pour ne pas penser à la thérapie que j’ai commencé. Pour ne pas penser à ces dernières semaines. Égoïstement j’ai besoin que tout se passe bien pour m’aider à croire que les choses peuvent bien se passer pour moi si j’y crois un peu. Et j’y crois en cette soirée. « Je suis prête et je porte l'ensemble sexy. » Peut-être pas la meilleure phrase à lui dire pour le motiver à quitter l'appartement, mais j'attrape sa main et je l'approche vers moi pour l'embrasser. « Ce n'est qu'un petit aperçu de ce que je te réserve. » J'entrelace mes doigts avec les siens et après avoir prit le sac, nous finissons par quitter le confort et le calme de mon appartement, direction les sushis et ensuite la plage. Pour notre Saint-Valentin à nous, un 2 Mars.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Cette femme est incroyable. C’est ce qui me traverse l’esprit quand je la regarde aujourd’hui. Elle m’a terriblement manquée et je suis vraiment heureux de pouvoir passer de nouveau du temps avec elle. Maintenant qu’elle est de retour je ne compte plus la lâcher. Il est hors de question que je la laisse partir une deuxième fois. Bien que le début d’année n’ait pas été facile pour nous, pour notre couple j’ai envie de m’accrocher parce que je sais qu’elle peut me rendre heureux elle l’a déjà fait. Alors oui, fêter la Saint-Valentin avec un peu plus de deux semaines de retard ne me semble pas être la pire des idées. Au contraire, je pense que c’est un merveilleux moyen pour que nous puissions nous retrouver tous les deux. Elle n’a pas de cadeau pour moi et ça m’est égal, elle pourra compenser au lit ce soir. C’est ce que je lui dis et elle accepte. Je souris quand elle abdique, j’ai l’impression d’avoir gagné quelque chose et en soit c’est un peu le cas, je vais avoir le droit à une nuit torride avec la femme que j’aime, celle que je désire et celle avec qui je veux passer le reste de ma vie. Alors oui, j’ai gagné. Mais par contre quand elle recommence à utiliser des surnoms horribles j’ai surtout l’impression d’avoir perdu. Calebchou, mon lapin, mon mouton, chouchou. Avec ces quatre petits noms censés être mignons je perds toute ma testostérone. Je lui demande de ne jamais m’appeler mon lapin et pourtant je sais très bien qu’elle va le faire, je n’ai qu’à regarder son énorme sourire pour le comprendre. Un autre point sur lequel je pense avoir perdu : mon nouveau look. Cheveux un peu plus longs, j’ai laissé ma barbe pousser mais ça ne semble pas lui plaire. Je perds des points. Encore, et encore. Elle me sourit et me fait les yeux doux et moi forcément en la voyant aborder cet air-là avec moi, je souris également. « Je vais t'appeler comme ça au restaurant, devant ton équipe on verra si tu aime toujours ce surnom. Et pour ta barbe, je te redirai ce soir si je l'aime ou pas. » Elle passe une main sur mon menton et moi, pour la deuxième fois je me mords la lèvre sans arrêter de sourire et sans la quitter des yeux, ne retenant que la deuxième partie de sa phrase, je vois très bien ce qu’elle veut dire par-là et j’apprécie plutôt bien. « J’ai de plus en plus hâte d’être ce soir. » Je lui murmure à l’oreille après avoir embrassé doucement son cou plusieurs fois. Mais elle finit tout de même par s’éloigner de moi, mettant une certaine distance entre nous et elle fait bien parce qu’elle me rappelle la lingerie que je lui ai achetée il y a quelques semaines et si elle tient vraiment à attendre jusqu’à ce soir, oui, s’éloigner est la meilleure des solutions. Sur ces belles paroles – ou pas – nous commençons à manger tout en se remémorant les souvenirs de notre premier rendez-vous. Ce jour où m’a vie a complètement basculée par la présence d’une seule et même personne : Alexandra Clarke. « Tu n'aurais jamais osé alors j'ai du prendre les choses en mains. » Oh bah ça, c’est totalement vrai. Jamais je n’aurais osé l’embrasser ce soir-là, ni le soir d’après j’aurais certainement attendu le troisième rendez-vous pour ça. « Tu étais à peine capable de me regarder, tu étais tout sage à l'époque. » Vrai encore. J’étais sage, très timide et surtout je n’osais pas la regarder. Pas que je ne la trouvais pas à mon goût – pas du tout même – mais je ne voulais pas qu’elle me prenne pour un de ces mecs qui ne pense qu’au sexe. « Tu as tellement pervertie mon esprit… » Encore une fois, vrai. Elle ne pourra pas le nier. J’étais vraiment sérieux à l’époque, et très sage. Elle m’a aidée à avoir un peu plus confiance en moi et à gagner un peu plus d’assurance. Sans elle je serais peut-être encore timide, très nul pour draguer – bien que je pense que ça, ce soit toujours le cas. – Mais je me contente de profiter de sa présence à mes côtés aujourd’hui, elle va mieux, elle va bien c’est elle qui me le dit et même si sans s’en rendre compte sur le coup elle me propose de ramener l’alcool ce soir, quand elle réalise ses paroles elle s’excuse et moi j’essaie de la rassurer. Elle change plus ou moins de sujet en me disant qu’elle aimerait participer à la confection du pique-nique de soir et en faisant ça elle me donne une merveilleuse opportunité de me moquer d’elle, alors je la saisis et elle répond à ma provocation par une petit tape sur l’épaule. « Tu oserais sous-entendre que je suis nulle ? Fais gaffe si tu veux ton cadeau. » Elle est vraiment en train de me faire du chantage basé sur le sexe ? Pas cool, Clarke. Pas cool du tout. « Alors ça, c’est petit ! » Je lui réponds dans un premier temps. « C’est juste en cuisine que tu es nulle. T’es très, très, très douée dans d’autres domaines. » Je lui souris, fier de ma réponse et c’est comme ça que le repas continue. On parle de tout et de rien, on fait de nombreuses allusions bien à nous un certain nombre de fois. On se retrouve et tout se passe pour le mieux.
[…]
Une fois le repas terminé, la vaisselle faite et rangée, nous partons comme prévu choisir un meuble à mettre dans sa chambre dans lequel je vais pouvoir ranger une bonne partie de mes vêtements. Pas que j’en ai une tonne mais quand même, deux tiroirs c’est vraiment très peu. Cet après-midi on ressemble à tous ces couples normaux, personne ne pourrait croire qu’il y a un mois on se disputait à cause de mon envie d’avoir des enfants et sa peur d’en avoir un autre, on ne peut pas voir que la nuit dernière nous ne dormions pas dans le même lit ni même sous le même toit parce qu’elle passait sa dernière nuit dans ce centre. On marche, main dans la main dans les rayons et comme bien souvent on arrive même pas à se mettre d’accord sur le meuble à acheter. Mais je n’insiste même pas, je la laisse choisir celui qu’elle préfère ne cherchant pas à avoir raison sur ce coup-là, je paie, et alors que nous pensions que dans une à deux heures le meuble serait monté nous étions bien loin de la réalité. C’est moi qui fais tout, elle ne m’aide pas vraiment et de toute façon son aide n’est pas réellement utile puisqu’elle est aussi mauvaise bricoleuse que cuisinière. J’ai presque l’impression d’être chez Romy pour lui monter un meuble tout seul alors qu’elle est bien souvent assise en train de manger des cheetos tout en me regardant faire. Mais même si cela a été plus long que prévu le meuble tient debout, il est monté. Alex se moque même de mon air fier quand je lui montre le meuble et après l’avoir rempli de mes affaires je m’habille, enfilant une chemise blanche, un pantalon noir et une veste de la même couleur. Alex elle, vient seulement d’entrer dans la salle de bain alors je sais que j’en ai pour un moment à l’attendre. Je mets mes chaussures et je lui dis que je sors deux minutes pour aller cacheter quelque chose et c’est chez le fleuriste en bas de la rue que je me rends pour lui acheter un bouquet de roses rouge. Quand je reviens elle est toujours dans la salle de bain – pas réellement étonnant – alors je pose le bouquet à côté de moi sur le canapé et j’attends. Je passe une main dans mes cheveux pour les recoiffer et je ne sais pas combien de temps je l’attends comme ça, vingt, trente minutes ? Je n’en ai pas la moindre idée mais c’est lorsque j’entends le bruit de ses talons sur le sol que je me retourne vers elle. L’attendre si longtemps valait le coup parce que mon dieu qu’est-ce qu’elle est belle, je la regarde de haut en bas. Elle est magnifique, et c’est elle, c’est ma petite-amie et comme je me sens chanceux. « Je suis prête et je porte l'ensemble sexy. » Mes yeux remontent enfin sur son visage. « Waw... » Simple, efficace, ça lui fait comprendre à quel point je la trouve incroyablement magnifique. Je me lève pour m’approcher d’elle, elle me prend la main et m’embrasse. « Ce n'est qu'un petit aperçu de ce que je te réserve. » Je plonge mes yeux dans les siens et c’est avec un petit sourire que je la regarde. « T’es tellement magnifique… Je suis officiellement l’homme le plus chanceux du monde. » Et je me souviens de ce bouquet de roses que je suis partie lui acheter tout à l’heure alors je le prends pour le lui donner. « Joyeuse Saint-Valentin mon amour. » Un deux mars, oui tout à fait. Mais au moins c’est original, peut-être que ça deviendra une date spéciale pour nous maintenant. Première destination, les sushis, je nous prends un plateau d’assortiment de différentes sortes de sushis et je fais bien attention de tout de même prendre les préférés d’Alex et je la rejoins dans la voiture direction la plage. Le trajet se fait avec un peu de musique comme bruit de fond mais surtout nous retrouvons notre complicité à parler de tout et de rien à se taquiner et à embêter l’autre, et une fois que nous arrivons sur la plage je sors la couette pour la poser sur le sable, je lui prends la main pour nous nous asseyons tous les deux, et je l’embrasse doucement, tendrement et avec délicatesse comme nous l’avons fait de la même manière il y a dix ans. « Il y a dix ans, tu pensais qu’on aurait pu en être là aujourd’hui ? » Elle et moi toujours ensemble, avec certes huit ans de séparation mais quand même. Moi oui. Moi je pensais vraiment qu’on avait possiblement un avenir tous les deux j’avais envie d’y croire même si je sais que pour elle ce n’était pas aussi clair dans sa tête.
“IT'S YOU, IT'S YOU, IT'S ALL FOR YOU. EVERYTHING I DO, I TELL YOU ALL THE TIME, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH WITH YOU”
Il n'a fallu finalement que deux petites heures (trajet compris) entre le moment ou il est venu me retrouver dans le hall de ce centre et ce moment ou il me dit qu'il a hâte d'être à ce soir en m'embrassant dans le cou. Et je le repousse, parce que je veux marquer le coup. Je suis son cadeau du soir et je ne veux pas tout gâcher comme ça et pourtant j'en meurs d'envie là, à l'instant. Je continue à le provoquer un peu d'ailleurs, en lui parlant de cet ensemble sexy qu'il m'a offert, parce que ça me fait un bien fou d'être là avec lui, comme avant. Sans penser à ce mois loin de lui. Sans penser à ce début d'année qui s'annonçait radieux mais que j'ai totalement gâché, encore. Je ne veux pas recommencer, je ne veux pas continuer à tout gâcher tout le temps, et encore moins avec lui. Je veux vraiment être avec lui, être heureuse avec lui et je sais que je peux l'être, parce que malgré tout ce qu'il vient de se passer, à cet instant je le suis vraiment auprès de lui. Après un mois enfermée dans ce centre, après un mois sans toucher une goutte d'alcool, après un mois de thérapie, je suis enfin avec lui et putain que ça fait du bien. On s'installe ensemble à table et on finit par manger ce repas qu'il a préparé aujourd'hui, pour nous. Et on reparle de notre plage, de ce premier rendez-vous, et il y en a tellement de choses à dire sur cette soirée qui a changé ma vie et la sienne. Dix ans déjà, dix ans et pourtant les souvenirs sont intactes et forts, toujours. Parce que ce jour là, tout était si fort entre nous. Nouveau, incroyable, inqualifiable, déraisonnable même mais tellement appréciable. Et ce souvenir, le premier de notre histoire, reste un sujet que j'aime aborder avec lui. « Tu as tellement pervertie mon esprit… » Oh que oui, j'ai perverti son esprit mais s'il y a bien une chose que je ne regrette pas c'est de l'avoir embrassé ce jour là, c'est d'avoir succombé à son charme. C'est d'avoir vécu tout ça avec lui, c'est d'avoir découvert autant de choses avec lui. J'ai perverti son esprit, mais ça me semble positif là maintenant tout de suite et je suis sûre qu'il doit trouver ça positif lui aussi. « Et tu vas t'en plaindre peut-être ? » Un sourire sur mon visage alors que mon pied remonte le long de sa jambe, oui j'avoue j'ai perverti son esprit et je continuerai à le faire avec plaisir. Tant que j'en aurais envie, tant que je serais avec lui, parce que c'est comme ça que notre histoire a commencé et c'est comme ça aussi que nous avons repris notre relation. Pas ma plus grande fierté à ce jour, mais c'est pourtant l'élément qui nous a rapproché, le moment ou j'ai arrêté de faire semblant et ou j'ai accepté mes sentiments pour lui. Et depuis ce jour, on en a vécu des crises, des moments douloureux, mais malgré tout je suis là face à lui, sobre et je veux juste que tout soit parfait entre nous. Pour cette journée, pour cette soirée, et pour cette année. Et on commence par la soirée, pic-nique sur notre plage. Soirée de retrouvaille pour une Saint-Valentin improvisée un 2 Mars. Et je veux participer à l'organisation de cette soirée, sauf qu'il ne semble pas réellement enjoué à l'idée de me voir cuisiner. Il me taquine sur mes qualités culinaires et il le sait mieux que quiconque, il me taquine, je lui réponds, j'aime avoir le dernier mot. « Alors ça, c’est petit ! » Oui, oui je sais c'est petit, mais ça fonctionne toujours. « C’est juste en cuisine que tu es nulle. T’es très, très, très douée dans d’autres domaines. » Je lâche un rire à sa remarque. Il maintient que je suis nulle en cuisine et il a tellement raison. Mais je prends le reste de ses mots comme un compliment, parce que s'en est un. « Tu es très très doué aussi dans ces autres domaines. » Je me penche pour l'embrasser et je reprends ma place pour faire honneur à son repas. Parce qu'il faut quand même avouer que si moi je suis médiocre en cuisine, lui il est sacrément bon et son repas est excellent.
[…]
La journée avec lui me fait du bien, réellement du bien. Aucune crise à l'horizon juste un couple qui se chamaille pour un meuble. Juste un couple qui se retrouve après quatre semaines séparés et pourtant, j'ai l'impression qu'entre nous, tout semble facile. Même après ce mois compliqué. Même après ces quelques temps délicats avant mon entrée en centre, même après tout ça, ensemble j'ai l'impression que tout est naturel. Que je suis là ou je dois être. Bon peut-être pas dans ce magasin de meuble, mais à ses côtés, avec lui ça c'est sur. Le meuble choisit, le meuble construit, ses affaires déjà installées, la suite de notre programme peut commencer. Après un long passage dans la salle de bain, je suis enfin prête à le rejoindre pour notre soirée de Saint-Valentin avec deux semaines de retard. Et quand j'arrive face à lui, je retrouve son fameux regard, celui qui me fait me sentir belle, désirable, aimée. « Waw... » Il est sans voix devant ma robe et j'ai toujours apprécié de constater l'effet que je lui fais, encore même après plusieurs années. « T’es tellement magnifique… Je suis officiellement l’homme le plus chanceux du monde. » Je pourrais encore émettre un doute sur le fait qu'il soit le plus chanceux du monde, vu ce que je lui ai déjà fait vivre et ce qu'il a déjà vécu dans sa vie, mais je sais ce qu'il veut dire par là et alors qu'il m'offre le bouquet de rose, je réalise que si lui n'a pas forcément beaucoup de chance avec moi. Moi je suis en revanche ultra chanceuse d'être avec un homme comme lui. « Chanceux je sais pas, mais tu es l'homme le plus parfait et moi je suis chanceuse de t'avoir à mes côtés. » Je suis consciente de ce qu'il a du accepter, ce à quoi il a du renoncer aussi pour que notre histoire puisse exister à nouveau. C'est assez nouveau finalement, de pouvoir réaliser qu'il a du faire avec sa souffrance, qu'il a du faire avec mes choix, les accepter sans conditions, qu'il a du faire avec ses regrets, faire avec tout ça juste pour nous. J'en ai conscience désormais et je veux juste chercher à m'améliorer. « Joyeuse Saint-Valentin mon lapin. » Je souris en l'appelant mon lapin. Je crois qu'il va devoir s'habituer à mes surnoms pourris. Une petite tape sur ses fesses au passage et nous quittons mon appartement. Pour notre soirée. Les sushis achetés, le chemin jusqu'à la plage est à l'image de notre journée, de notre couple. On parle, on se taquine, avec une simplicité qui fait sincèrement du bien. On n'évoque pas ce dernier mois, on ne parle pas des sujets compliqués, on se retrouve ensemble et c'est tout ce qui compte pour ce soir. On arrive à cette plage ou on a passé la fin de notre premier rendez-vous. Et je souris en me rappelant l'enthousiasme que j'avais en arrivant ici avec lui la première fois, sa main que j'avais attrapé en sortant de sa voiture, et tout le reste. Je souris sincèrement. Ma main dans la sienne, on rejoins le sable. Il dépose la couverture sur le sol et nous nous retrouvons tout les deux au sol, nos lèvres qui se cherchent avec délicatesse. Il s'écarte légèrement et après ce baiser il me questionne. « Il y a dix ans, tu pensais qu’on aurait pu en être là aujourd’hui ? » Je suis légèrement troublée par sa question inattendue. Il le sait que pour moi les choses n'ont jamais été réellement claire ou simple. Je ne veux pas lui mentir, mais la vérité ne me plaît pas non plus. Alors je préfère lui parler de notre rencontre, de ce moment précis ou je suis tombée amoureuse de lui. Et là je ne lui mens pas. « Il y a dix ans, quand on s'est rencontré sur cette plage je t'avoues que je ne pensais plus à grand chose. » J'étais troublée réellement, par lui, par moi, par ce qu'il se passait entre nous. Parce que je comprenais pas ce qu'il était en train de m'arriver. Je ne comprenais pas les émotions que je ressentais à ses côtés. Alors non, j'étais incapable de penser à nous dix ans plus tard. Et j'étais encore moins capable d'imaginer tout ce que nous allions devoir traverser pour que dix ans plus tard, on se retrouve enfin sur cette plage, ensemble et heureux. Du moins je l'espère pour lui, parce que moi je le suis. Heureuse. C'est sans doute pour ça que je ne m'attarde pas sur ces huit années sans lui. Sur cette longue période de séparation, pour me concentrer juste sur le moment actuel, et sur les souvenirs que j'ai avec lui sur cette plage. Et j'en veux d'autres, tellement plus de souvenirs, parce qu'il me fait sourire, parce qu'il me fait du bien et parce que c'est avec lui que je veux être. Avec lui que je veux d'autres moments sur lesquels me raccrocher quand je serais incertaine, ou perdue. J'allume mon portable et je mets une musique au hasard dans une playlist soit disant romantique et je quitte la couverture. Je lui tends une main pour qu'il se lève aussi. « On danse pas assez je trouve. » Je le regarde avec un petit air de chien battu pour l'empêcher de refuser, parce que je sais qu'il aime pas danser. Est-ce que l'idée de danser tout les deux au milieu d'une plage semble étrange ? Peut-être, mais franchement ce que le reste du monde peut penser j'en ai réellement rien à cirer. Je veux pouvoir passer mes mains sur sa nuque, sentir ses bras autour de moi, et me coller à lui tout en le regardant alors que la musique déverse un couplet romantique sur l'amour. Je veux tout ça avec lui. « M'accorderiez-vous cette danse monsieur Anderson ? » Je m'approche de lui pour passer mes bras autour de son cou et lui glisser à l'oreille. « Je vous donne même l'autorisation de toucher la marchandise, après tout c'est votre cadeau. » Oui je suis son cadeau, je n'ai pas oublié ses mots. Je suis son cadeau et je compte bien lui donner envie toute la soirée, avant de le laisser déballer son cadeau. Je le regarde debout face à moi et je crois que je ressens les même émotions qu'il y a dix ans, toujours aussi fort. Sauf que désormais, je sais ce que ça signifie et je peux lui dire. « Tu sais que je t'aime ? » Dans ses bras, la tête à quelques centimètres de la sienne, je lui dis ces quelques mots, ceux que j'ai pas toujours réussi à lui dire. Je lui dis parce que ça me semble important qu'il le sache, qu'il n'en doute plus. Jamais. Qu'il n'en doute pas et que je n'en doute pas non plus.
“It's you, it's you, it's all for you. Everything I do, I tell you all the time, heaven is a place on earth with you”
Comme quoi on a jamais besoin de beaucoup pour se sentir bien, épanoui et heureux. Alex est sortie de ce centre depuis à peine quelques heures et nous semblons avoir déjà retrouvé notre complicité d’avant. Avant tout ça, avant qu’elle ne parte pour un mois avant qu’on ait cette discussion sur sa peur d’une nouvelle grossesse. J’appréhendais nos retrouvailles mais au final les choses se passent parfaitement bien, on a presque l’impression que ces dernières semaines n’ont jamais existées. Depuis qu’on se connait Alex fait partie des points essentiels de mon bonheur et c’est d’autant plus flagrant maintenant qu’elle est de retour à la maison. L’air de rien on se remémore notre rencontre, le premier rendez-vous, le premier baiser et je m’en souviens comme si c’était hier. « Et tu vas t'en plaindre peut-être ? » Si je vais me plaindre du fait qu’elle m’ait complètement perverti l’esprit ? Pas du tout. Elle a raison. Et je souris sans la quitter des yeux en sentant sa jambe remonter le long de ma jambe. C’est vrai que quand on s’est rencontrés j’étais calme, très calme, peut-être même un peu trop. Gentil et très timide. Alors oui je pense que c’est sa présence à mes côtés qui m’a décoincée et m’a permis de m’ouvrir un peu plus au monde et surtout aux personnes autour de moi. « Tu es très très doué aussi dans ces autres domaines. » Elle m’embrasse et j’accepte son baiser avec plaisir et toujours avec un petit sourire collé au visage. On mange tous les deux, c’est ce genre de moment si simple mais qui, pourtant m’aide à me rappeler à quel point elle m’a manquée, et à quel point je l’aime.
Sa première journée hors du centre a été assez calme, un magasin fait, un meuble monté et aucune dispute entre nous et si ce détail peut vous semble anodin sachez que pour nous et connaissant l’atmosphère qui régnait entre nous durant les derniers jours avant son entrée au centre, c’est un détail pourtant très important. Aucune dispute, aucune tension juste un jeune couple follement amoureux qui se prépare à passer une soirée de Saint-Valentin, un 2 mars. Et en la voyant d’arriver dans le salon que j’en perds les mots. Elle est belle. Tellement belle. C’est une de mes robes préférées, elle est sexy sans être vulgaire et cette robe met parfaitement en valeur ses formes. Et je n’hésite pas à lui faire savoir à quel point je la trouve incroyablement belle. « Chanceux je sais pas, mais tu es l'homme le plus parfait et moi je suis chanceuse de t'avoir à mes côtés. » On se sent tous les deux chanceux d’avoir l’autre finalement. « Le plus parfait je ne sais pas. » Enfin si je sais, je sais très bien que je ne suis certainement pas l’homme le plus parfait qui existe, loin de là. Je suis loin de la perfection, des défauts j’en ai plein mais je prends son compliment sans réellement le nier ou le démonter et pourtant ce n’est pas l’envie qui m’en manque. « Joyeuse Saint-Valentin mon lapin. » Je lève les yeux au ciel mais toujours en souriant en l’entendant utiliser ce surnom. Je pense qu’elle va m’appeler comme ça un bien grand nombre de fois. Elle sait que je n’aime pas ça et elle va prendre un malin plaisir à me provoquer avec ça. Et elle me tape sur les fesses alors juste avant que nous quittons son appartement mais je ris à son geste. « Vas-y te gêne pas, je te dirais rien. » Une fois les sushis récupérés c’est vers la plage que nous nous partons, main dans la main on s’installe tranquillement. Et une fois arrivés je suis obligé de tout me remémorer. Ce rendez-vous et ce premier baiser échangé dans l’eau, quand je luttais pour ne regarder que son visage sans que mes yeux ne se posent sur sa poitrine à moitié découverte. Se retrouver dans l’eau en sous-vêtements dès le premier rendez-vous c’est assez incroyable et pourtant, c’est comme ça que ça s’est passé pour nous. Elle avait ce grain de folie qui m’a tout de suite plu et tout de suite attiré. Une fois que nous sommes installés sur la couverture je l’embrasse doucement, tendrement, sans fougue. Je veux juste lui faire ressentir tout l’amour que je ressens pour elle au travers d’un seul baiser. « Il y a dix ans, quand on s'est rencontré sur cette plage je t'avoues que je ne pensais plus à grand chose. » Même si techniquement on se s’est pas rencontrés ici c’est bien sur cette plage que nous avons appris à nous connaître un peu mieux en partie au travers de tous ces baisers que nous avons échangés. Je me demande si nous serions ici si elle n’avait pas pris l’initiative de m’embrasser parce que moi, je n’aurais clairement pas eu le courage de l’embrasser de moi-même. « J’avoue que j’étais incapable de réfléchir ce jour-là, et les jours d’après non plus. » Elle a commencé à me retourner le cerveau dès les premières minutes de notre rendez-vous dans ce bar et encore plus les jours d’après. Quand elle m’a invitée à sa soirée d’anniversaire alors qu’on ne se connaissait quasiment pas, j’ai rencontré tous ses amis alors que je ne la connaissais elle-même que depuis quarante-huit heures. Et si j’ai accepté son invitation à sa soirée c’est qu’elle me plaisait vraiment. Parce que j’étais un jeune homme timide, vraiment très timide et me retrouver confronté à une soirée remplie d’inconnus c’était une situation extrêmement angoissante pour moi. Elle prend son portable et allume la musique avant de se lever. Je la regarde faire. « On danse pas assez je trouve. » Elle veut vraiment danser, là, maintenant tout de suite ? Je déteste ça mais pour elle, je suis prêt à tout, même faire quelque chose qui ne me plait pas. « M'accorderiez-vous cette danse monsieur Anderson ? » Je la regarde et je saisis sa main pour me relever. « Si on ne danse pas souvent c’est sûrement parce que j’ai l’air d’un idiot en dansant. » Je lui dis, mais c’est sincère. Je suis nul pour danser. Mais la chanson qui commence est, je trouve, parfaite pour nous. Perfect de Ed Sheeran. Je prends une grande inspiration et après avoir enlevé ma veste je reprends sa main pour l’attirer contre moi et j’accepte de danser. Pour elle. Mes mains se posent sur ses hanches. « Je vous donne même l'autorisation de toucher la marchandise, après tout c'est votre cadeau. » Elle me murmure ça à l’oreille et je ne peux m’empêcher de rire doucement, mes mains glissent sur ses fesses et je reste comme ça une bonne poignée de secondes. « Je veux bien mais comme ça on perd beaucoup de classe et de romantisme. » À mon tour je murmure ces mots à son oreille et mes mains reprennent leur place initiale sur ses hanches. On est seuls – ou du moins presque – sur cette plage, on danse, on s’aime et je pense que ça se voit. Je la regarde dans les yeux tout en bougeant au rythme de la chanson. « Tu sais que je t'aime ? » Je souris, mes yeux sont plongés dans les siens et au final, je danse, je n’aime pas ça mais avec elle dans mes bras, son visage à quelques centimètres du mien, je pourrais presque l’apprécier. « Je t’aime. » Je lui dis sans la quitter des yeux. « Tu peux même pas t’imaginer à quel point. » Elle m’aime, je l’aime et à cet instant précis je me sens heureux. Vraiment heureux. Mes lèvres se posent sur les siennes, je ne me lasse pas de ses baisers et si je le pouvais je l’embrasserais encore, et encore. Et c’est justement ici sur même plage que j’ai eu cette même pensée pour la première fois il y a dix ans. « Cette chanson est parfaite pour nous. » Parce que nous aussi étions très jeunes quand on est tombés amoureux, on en savait pas vraiment ce que tout cela signifiait et pourtant on s’est jeté dans la gueule du loup, et ça en valait le coup. Parce que même avec ces huit ans de séparation, même après toutes ces disputes je suis l’homme le plus heureux aujourd’hui. Et c’est grâce à elle.