| the truth is that I never shook my shadow (yele) |
| | (#)Mar 17 Mar 2020 - 1:37 | |
| Il finit par parler Yele. Il se confie comme il ne l'a jamais fait. Ça expliquera peut-être à Ginny pourquoi il en est arrivé là, pourquoi il a eu cette soudaine envie de tout détruire sur son passage. Mais il ne se confie que sur une partie de ce qui c'est passé, c'est déjà long, il parle beaucoup. Il ne fait jamais d'aussi longues phrases habituellement. Il baisse la tête, il veut pas croiser le regard de Ginny. Il ne la regarde même pas en réalité. Mais ça fait du bien de parler, qui l'aurait cru ? Et elle avait l'air de vraiment l'écouter Ginny, de vraiment s'y intéresser.
Elle se lève et elle dit à Yelahiah de le suivre. Il se lève, il la suit, peut-être qu'elle l'emmène vers la sortie. Mais non, elle le mène vers une porte qu'il ne connait pas, un coin assez isolé de l'atelier. Elle ouvre, et elle parle Ginny. Mais Yele ne comprend pas. Il ne sait pas pourquoi elle fait ça, pourquoi elle reste si gentille, pourquoi son ton n'a même pas changé, pourquoi il n'y a aucune trace de reproche dans ses phrases. Il n'a jamais eu une personne comme elle dans sa vie, et c'est terrifiant. Parce que c'est exactement le genre de personne à laquelle il pourrait s'attacher, une amie, une vraie. Il entre, il regarde autour de lui. Elle lui propose un endroit où dormir, où vivre un peu aussi. « Pourquoi tu fais ça Ginny ? Pourquoi tu m'as pas juste ramené vers la sortie en me disant de plus jamais revenir ? » Parce que ça reste flou dans sa tête, il est perturbé, il ne connait pas ce genre de réaction.
Réfléchir à ce qu'il veut faire. Mais il ne veut rien faire d'autre que son métier, et c'est bien à cause de ça qu'il s'enfonçait tous les jours un peu plus profondément dans ses addictions. « Je veux pas que tu me prennes en pitié Ginny, c'est pour ça que j'en parle pas en général. » Parce qu'il ne veut pas de la charité des gens, il arrive à se débrouiller seul pour le moment. Mais il ne peut pas cracher sur un lit, sur un endroit où passer la nuit de temps en temps. « Je sais pas faire autre chose que mon métier Ginny, j'ai passé plus de 10 ans à travailler ça, je me suis jamais intéressé à autre chose. » Il passe les mains sur son visage. Il est perdu, il l'est depuis qu'il est sorti de cet hôpital et que sa vie s'est écroulée. « J'ai plus d'appart, plus de famille, et je suis pas du genre à laisser entrer des personnes dans ma vie. » Mais elle faisait exception Ginny, pourquoi ça tombait sur elle ? Pourquoi c'est à elle qu'il parle ? |
| | | | (#)Mar 17 Mar 2020 - 2:07 | |
| Il me suit, et ce serait mentir de dire que j'étais persuadée qu'il le ferait. Il a déjà tant dit Yele, il a vidé son sac même si je sais clairement qu'il lui reste des éclats de détails encore camouflés, que je ne le forcerai jamais à dévoiler s'il ne veut pas le faire.
« Pourquoi tu fais ça Ginny ? Pourquoi tu m'as pas juste ramené vers la sortie en me disant de plus jamais revenir ? » sa voix casse le silence dans lequel on était plongés depuis à peine une poignée de minutes, son air perplexe auquel je réponds par l'évidence. « Pourquoi je le ferais pas? » je les connais, les raisons pour lesquelles je devrais le détester, le maudire, le chasser d'ici. Je les connais toutes et pourtant c'est sa détresse qui parle pour lui, bien avant ses méfaits. « Je veux pas que tu me prennes en pitié Ginny, c'est pour ça que j'en parle pas en général. » je repasse en revue mes mots, mes regards, ma voix, tout ce que j'ai pu affirmer ou montrer depuis qu'il m'a confié sa réalité. Jamais je n'ai laissé apparaître la moindre trace de pitié ; tout simplement parce que je n'ai pas pitié de lui ni de personne, jamais. « Je sais pas faire autre chose que mon métier Ginny, j'ai passé plus de 10 ans à travailler ça, je me suis jamais intéressé à autre chose. » j'inspire doucement, l'imagine la coupure, l'imagine tellement fort que j'en ai mal. Celle d'être forcée d'abandonner sa vie, d'en être arrachée - je connais, un peu trop d'ailleurs. « J'ai plus d'appart, plus de famille, et je suis pas du genre à laisser entrer des personnes dans ma vie. » alors pourquoi est-ce que tu me dis tout ça, Yele?
« J'ai pas pitié de toi, j'ai pas pitié de ton histoire, aussi horrible soit-elle. Je veux juste aider là où je sais que je peux le faire. Tu prends ou tu laisses. » mes mains se glissent dans les poches de mon jeans, je m'étonne de le voir relever la tête pour arrimer son regard au mien. Je tente de parler le plus calmement possible, parce que peu importe ce que je pourrai bien dire ou faire, la décision lui reviendra inévitablement, toujours. « Je te supplierai pas de rester si tu veux partir. Tu en fais ce que tu veux, tu sais où c'est, tu sais où entrer si tu en as besoin. » j'hausse l'épaule, laisse un sourire poli retrouver sa place naturellement sur mes lèvres.
Mes pas s'activent, visent la porte, alors que je passe à côté de lui, que je le laisse à l'atelier s'il veut s'y poser, ou même s'il décide qu'il en a assez entendu et qu'il préfère s'envoler pour ne jamais revenir. Ce n'est que lorsque je suis dans l'embrasure de la porte que je me détourne pour lui faire face une ultime fois, une bribe de moi contre une bribe de lui. « Je sais que c'est difficile de se perdre, de tout perdre aussi. T'as besoin de temps pour te retrouver. C'est tout. C'est pas une tare, c'est juste une occasion de te reconstruire. » |
| | | | (#)Mar 17 Mar 2020 - 3:20 | |
| Il se demande pourquoi elle fait ça, si elle veut quelque chose en retour. Si elle attend quelque chose de lui que de réfléchir. « Tu vas pas m'héberger gratuitement comme ça, les gens font pas ça normalement. » Il est bien trop perturbé, il ne connait pas ce comportement, il n'y a jamais été habitué. Alors il fronce les sourcils, il réfléchit. Il a peur de ce qui se passe, parce qu'il commence à penser que c'est une personne sur qui il peut compter. Et à part Zeke, il c'était toujours méfié de tout le monde. Mais là, il continue de parler, parce qu'elle écoute, parce qu'elle répond Ginny. Et qu'il a l'impression qu'elle ne lui en veut pas pour la fresque. Et ça aussi ça l'intrigue, et il aime pas laisser une question en suspend Yele. « Tu m'en veux pas ? » Il tourne dans la pièce, il regarde tout autour de lui. Et cette pièce ressemble un peu à Ginny. « Y'a que toi qui viens là ? »
Et elle utilise les bons mots Ginny, parce qu'elle ne le prend pas en pitié, et il souffle un peu. Parce que c'est pas ce qu'il veut inspirer et c'est pour ça que personne ne sait qu'il vit dehors. « J'ai juste pas l'habitude. » Son frère était du même genre, mais Zeke ne faisait plus partie de sa vie pour le moment. Et finalement il sent que ça aussi elle va le comprendre. Alors il reste sur sa lancée, il essaie, et il verra bien ce que ça peut donner. « Je viendrai quand ça ira pas, merci. » Parce qu'il ne connait personne qui serait capable de faire un tel geste dans la vraie vie.
Elle s'apprête à partir. Mais elle s'arrête, et elle parle. Et Yele arrête de respirer une seconde. Elle a les bons mots, mais ces mots sonnent d'une manière différentes. C'est du vécu, elle a vécu ça et elle conseille Yelahiah. « Comment je suis censé m'y prendre ? » Elle s'ouvre un peu aussi, indirectement. « T'as l'air de savoir ce que ça fait. » |
| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 16:03 | |
| « Tu vas pas m'héberger gratuitement comme ça, les gens font pas ça normalement. » « Alors je suis pas une personne normale. » j'hausse les épaules, répondant au taquet, m'assurant de laisser glisser un fin sourire sur mes lèvres pour lui enlever la pression de se sentir redevable de quoi que ce soit. Pas comme ça, pas avec moi. Mais il se tracasse, il ressasse, et il est encore plus humain de le faire. « Tu m'en veux pas ? » il s'en veut déjà assez pour deux, sa voix se casse presque, son regard se voile presque aussi. « Ça servirait à quoi? » c'est fait, c'est fini, tout l'est. Aussi salvatrice la rancoeur momentanée serait, elle serait surtout bien plus futile.
Je le laisse faire ses marques dans mon atelier, même s'il est plus petit, même s'il est plus facile à constater que ceux des autres. Mon bordel me vend, les livres éparpillés, les carnets mal rangés. L'infinité de plaids sur le canapé, l'immense fenêtre par laquelle la brise entre le plus doucement du monde. « Y'a que toi qui viens là ? » mes mains viennent se glisser dans les poches de mon jeans, je sais qu'il fait référence au regard extérieur bien plus qu'à quelqu'un en particulier. Il veut un endroit pour se sentir en sécurité, pour se sentir lui-même, pour s'éloigner du danger, des regards curieux aussi. « Tu ne croiseras personne d'autre ici. » je lui assure, convaincue. De toute façon, d'ordinaire on ne venait pas fouiller dans mes affaires, le chaos décourageant qui que ce soit mettait le nez dans l'embrasure de la porte.
Doucement, tout doucement. « J'ai juste pas l'habitude. » je sais. Je sais que c'est difficile, je sais que c'est tout sauf évident, je sais qu'il a besoin de temps. « Je viendrai quand ça ira pas, merci. » son merci est obsolète, je n'y réponds que d'un sourire de plus. Il n'a pas à traiter le tout comme une transaction, il n'a pas à vouloir y faire le moindre sens non plus. J'offre, il prend, tout va, tout ira.
Et je pars, parce que son air il a besoin de le reprendre seul. « Comment je suis censé m'y prendre ? » oh, ola. Mes doigts se referment sur la poignée, j'inspire. « T'as l'air de savoir ce que ça fait. » c'est moi qui ai cru bon lui ajouter un encouragement, c'est moi qui m'ai tendu un piège en dévoilant ainsi une bribe sans même qu'il ne l'ait demandée. « Un pas à la fois. » mes prunelles retrouvent les siennes, et ce n'est plus que lui qui parle de tout, maintenant je parle aussi. « Tu pourras rien reconstruire de solide si tu brusques tout. Si tu brises tout non plus. » il s'auto-sabote comme je l'ai tant de fois déjà fait.
Il n'aura pas droit au portrait complet Yele, mais si je peux au moins lui aligner quelques cartes, ce sera au moins déjà ça. « Je - » mes mots s'interrompent, non pas parce que ma voix se casse, mais parce que du couloir on entend des cris qui viennent de l'atelier d'Auden. Je ferme la porte, lui laisse son intimité à défaut de créer la nôtre. « Je dis pas que c'est la solution à tout, mais ça peut aider. D'accepter que tu as besoin de temps. » et d'aide, mais rien ne sert de le brusquer à nouveau. Je l'aiderai comme je peux, s'il le veut. « Si tu pouvais choisir une seule chose, un seul élément avec lequel commencer ce serait quoi? C'est quoi, la première étape tu crois? » mes pas refont le trajet inverse lorsque je vais m'installer sur le canapé, ignorant s'il voudra garder une distance ou si il se posera à mes côtés. L'un ou l'autre ne me dérange pas le moins du monde, tant qu'il s'écoute lui et personne d'autre.
« C'est pas un examen. Y'a pas de bonne ou de mauvaise réponse. » j'anticipe, son côté intello et studieux qui pourrait peut-être ressortir de la plus cruelle de façons. |
| | | | (#)Ven 20 Mar 2020 - 21:19 | |
| « D'accord, je me note de mettre l'espèce des êtres humains d'un côté et l'espèce Ginny à part dans ma tête maintenant. » Il pouffe de rire et l'ambiance se détend légèrement. Lui se détend un peu aussi après avoir autant parlé. Il n'a pas l'habitude, mais il le voit que Ginny est là uniquement pour son bien. Parce qu'elle ne l'a pas viré, il sent qu'elle n'utilisera jamais ce qu'il a pu lui dire contre lui. Il se méfie moins avec Ginny, parce qu'elle est tout sauf mauvaise. Elle est tout le contraire de lui. Elle ne lui en veut pas, et ça le rassure, ça lui prouve une nouvelle fois qu'ils sont très très différents. « Je... » Il doit bien y avoir une raison pour en vouloir aux gens en général non ? « T'avais bossé pendant longtemps, et... et en une nuit j'ai fait n'importe quoi. » Il évite encore son regard. Parce que même si il assume tout en général, qu'il ne regrette rien, il essaie de se mettre à sa place et lui aurait détesté la personne qui aurait détruit son travail.
C'est bien son atelier, personne d'autre qu'elle ne viendra ici et il regarde tout autour de lui. Il reviendra dans cet atelier, pour dormir, ou juste passer un moment dans la journée, mais il reviendra. Il passera par cette fenêtre et il reviendra pour s'installer dans ce canapé que Ginny soit là ou non. Elle s'apprête à partir après qu'il l'ait remercié pour son aide. Mais elle s'arrête, et elle se confie à demi mot en lui donnant des conseils. Il l'écoute, il hoche la tête. Il peut toujours essayer. Et puis, si il l'écoute, il peut avoir un semblant de toit sur la tête. Si il brise tout, mais c'est ce qu'il aime faire en ce moment. C'est tout ce qu'il fait pour se sentir vivant et occupé. Il se racle la gorge avant de regarder ses pieds. Il ne sait pas quoi dire de plus, ni quoi faire.
Et elle revient vers le canapé. Il ne bouge pas Yelahiah, il ne tourne pas la tête vers elle avant un long moment. « Le temps devient long » et c'est pour ça qu'il pousse ses limites toujours plus loin. Pour être plus occupé, plus en danger. Pour que les montée d'adrénaline soient plus fortes et plus intenses. Et elle lui pose une colle Ginny. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il peut faire, ce qu'il sait faire en dehors de la chirurgie. Certainement beaucoup de choses, il est capable de tout faire Yele et il le sait très bien. Mais il a mis tellement d'énergie et d'espoir dans ses études de médecine que le retour de bâton est difficile à encaisser. L'échec a toujours été difficile à encaisser pour Yelahiah. « La première étape vers quoi au juste ? La seule chose que je fais en ce moment c'est vivre mes journées en espérant (pas vraiment) être en vie le lendemain juste pour refaire la même journée. » Il n'est plus le Yelahiah d'avant depuis qu'il a perdu son métier. Il s'est perdu lui en perdant Chloe, son boulot et son frère. Les trois piliers de sa vie à Brisbane. « Je crois que je préférerais passer un examen. » Parce qu'aucun examen n'était aussi difficile que de gérer la vie quand on est adulte. |
| | | | (#)Jeu 26 Mar 2020 - 2:50 | |
| Et il est troublé, il le cache à peine. Il est intriguant Yele, parce qu'une seconde il se braque, celle suivante il montre tout. J'ai appris à être attentive il y a bien longtemps ; à force de jouer les ombres et de coller les murs, on en vient à avoir le regard curieux, l'observation décuplée. Mes prunelles décortiquent ses traits et enregistrent ses froncements de sourcils, je teste les eaux en lui posant des questions sans jamais lui imposer l'impulsion de répondre. Il ne me doit rien et si je dois le lui répéter encore une fois, je le ferai.
« Le temps devient long » il tourne en rond, il tourne en rond et il est mal. Je n'ai pas à avoir le moindre talent caché en analyse corporelle pour le voir alors qu'il s'ouvre maintenant si facilement. J'y décèle le besoin aussi simple que vital d'être écouté, j'y entends les dizaines de cris du coeur que personne avant moi n'a remarqué, j'y lis le stress et l'ennui, l'ennui le plus troublant, l'ennui qui se rapporte à la pire sensation du monde ; celle de se sentir foncièrement inutile. Il n'arrête pas de demander pourquoi je fais tout ça, il n'arrête pas de s'en étonner et pourtant il l'a sous le nez la réponse. Plutôt disparaître que de ne servir à rien.
Je me replace dans les coussins, attrape une couverture que je passe sous mes épaules sans jamais vraiment lâcher son regard du mien. S'il fuit je m'y habituerai, s'il reste je l'adoucirai. « La première étape vers quoi au juste ? La seule chose que je fais en ce moment c'est vivre mes journées en espérant (pas vraiment) être en vie le lendemain juste pour refaire la même journée. » il dit des mots qui me font froncer les sourcils, il gratte des sensations que je préfère garder enfouies. « C'est vraiment ce que tu penses? » qui monte comme un "dis pas ça", qui glisse comme un "je suis là, si vraiment c'est le cas". J'ai caché assez longtemps mon mal-être à Londres, j'arriverai à voir dans ses prunelles s'il espère vraiment si horrible, je n'hésiterai pas à le valider s'il ne me rassure pas d'emblée.
« Je crois que je préférerais passer un examen. » « Pas si vite, nerd. » je pouffe de rire, remonte mes jambes un peu plus contre moi, passe mes bras autour d'elles le temps de laisser un énième sourire sur mes lèvres tenter de calmer ses ardeurs. « J'ai pas dit qu'il fallait que tu aies la réponse maintenant, ni qu'il fallait que tu aies la réponse tout court. » je pense, je réfléchis, je lui laisse le temps d'assimiler, je renchéris aussi. « Peut-être que si tout te lasses à ce point, tu devrais tenter quelque chose de nouveau?» on m'avait déjà dit que si la routine nous ennuie, que si notre vie stagne, vaut mieux tout éclater d'un coup d'un seul pour recoller les morceaux dans un nouvel angle, un angle qui nous plaira. C'est peut-être de ça, dont il a besoin. Ça l'avait été, pour moi.
« T'as envie d'apprendre à peindre? » l'évidence, et c'est à mon tour de la trouver, la réponse sous mon nez. |
| | | | (#)Sam 28 Mar 2020 - 0:00 | |
| Il est assis sur le canapé de l'atelier de Ginny. Canapé qu'il viendra squatter régulièrement ça vous pouvez en être sûr. Mais là, il n'a pas envie de dormir, il se demande juste ce qui lui arrive. Pourquoi il parle à la brune alors qu'il ne la connait pas depuis si longtemps que ça. Et pourquoi il a l'impression que ça l'aide un peu. C'est nouveau, elle l'aide Ginny et il n'est pas habitué à vivre des situations de ce genre. Mais aujourd'hui il va en profiter, il va essayer, et c'est pour ça qu'il se perd en lui racontant ce qui lui arrive depuis des mois. Ce qui lui arrive depuis qu'il a commencé sa chute libre dans l'inconnu et le désespoir. Alors il s'accroche un peu à Ginny, juste pour ce moment là, et peut-être que ça n'arrivera plus jamais. Alors il s'ouvre vraiment, il parle vraiment aussi, de choses que personne ne sait.
« C'est comme ça que je vis. » Il est honnête, et c'est exactement comme ça qu'il pense et qu'il vit en ce moment. Elle a l'air de comprendre Ginny, de comprendre comme si elle avait déjà vécu tout ça avant lui. Nerd. Ce surnom le fait pouffer de rire malgré la tension et l'importance de la conversation. « Je suis censé faire quoi alors ? » Qu'est ce qu'il doit faire si il n'a pas besoin de trouver la réponse ? Ou pire, si il n'arrive jamais à trouver une réponse à cette question ? Il n'est pas encore si vieux, et il devrait trouver quelque chose qu'il aime faire. Mais ça va être compliqué, parce qu'il n'a jamais accepté l'échec Yelahiah. Et la reconversion n'a jamais été dans ses projets de vie. « T'as une idée ? » Et son regard croise celui de la brune rapidement. Et elle parle de peinture, il sourit Yele. Parce qu'il ne s'est jamais intéressé à ce monde, il n'a jamais essayé mais il a déjà beaucoup appris en théorie en posant des centaines et centaines de questions à Ginny. « Tu veux être ma prof ? » |
| | | | (#)Sam 28 Mar 2020 - 2:49 | |
| « Je suis censé faire quoi alors ? » « Essayer. » la réponse est simple, elle est évidente et elle est claire et elle m'a sauvée, avant. Elle le sauvera aussi. Je serai là pour la lui rappeler quand il ragera de ne pas avoir les réponses tout de suite, je serai là pour le lui souligner quand il détestera quelque chose et qu'il voudra arrêter. Même lorsqu'il se frappera le nez sur des dizaines de puzzles et de dead ends, ça me fera plaisir de lui souligner que oui, là, il essaie. Il essaie avant de réussir, et c'est tout aussi louable, même plus.
Son « T'as une idée ? » auquel je réponds d'emblée, première de classe à mon tour, lui proposant un atelier rien que pour lui, des croquis et des canevas aussi. Je me dis qu'ainsi il aura tout un terrain de jeu pour faire ses premiers pas, et ce sera encore mieux puisqu'il sera en terrain connu, puisqu'il pourra utiliser du matériel dans une safe zone qu'il apprivoise, et c'est la base pour arriver à gratter quelque naturel que ce soit. « Tu veux être ma prof ? » j'éclate de rire, redresse les épaules et laisse mon sourire empli de fierté répondre à ma place, une seconde d'avance. « C'est un peu mon boulot, après tout. »
Et c'est simple là. Et j'ai espoir, vraiment, qu'on tienne quelque chose, que tout s'adoucisse. La murale n'est plus, j'en ferai mon deuil à un moment ou un autre, je me laisse la liberté d'en décider même si on ne m'a jamais laissé la liberté de la voir s'en aller. Yele n'aura même jamais à en entendre parler parce que je garderai le ressenti bien enfoui, j'en ai l'habitude maintenant. Je laisserai les jours passer, les semaines aussi, j'y retournerai je le jure, je verrai si je l'efface au complet ou si je lui donne une seconde chance ; chaque chose en son temps.
Et c'est complexe, là. Parce que si mon atelier baigne dans le calme, celui d'Auden résonne jusqu'ici. Je laisse faire, je laisse toujours tout faire. Je ne m'en inquiète pas, je ne m'en inquiète plus tant l'entendre hurler n'est pas une surprise, tant la majorité des bruits bizarres dans la galerie viennent toujours de sa porte close et jamais d'ailleurs, ou presque. Mais il y a des coups, je jure qu'il y a des coups. Et des meubles qui se bousculent, et mes sourcils qui se froncent, un peu plus, au fil de l'écho qui ne se calme pas, qui s'intensifie plutôt. « Attends, deux secondes. » |
| | | | (#)Sam 28 Mar 2020 - 3:23 | |
| Elle a réussi à me faire sourire alors que je lui ai fait part de quelques parties sombres de ma vie. Des choses que je garde pour moi et que je n'avais pas vraiment prévu d'afficher devant qui que ce soit. Mais elle a quelque chose d'étrange Ginny, un truc qui me fait penser qu'elle est le genre de personne en qui on peut avoir vraiment confiance. Et parce que je sens qu'elle sait ce que je ressens, elle ne m'en parle pas, mais il y a quelque chose dans ses mots, une intonation, une intensité qui me montre qu'elle prend tout ça à cœur. Et je souris, je soupire, j'essaie de l'écouter même si tout ça est encore compliqué à entendre, parce que j'ai certainement pas fait le deuil de mon ancienne vie, de mon ancien métier, de mon ancien amour. Et c'est dur de faire un deuil, ça peut prendre des mois, des années même, et elle ne met aucune pression Ginny. Elle montre juste qu'elle est là, et qu'elle me laissera pas seul même si on se connait à peine.
Elle me propose de faire quelque chose de nouveau, de dessiner. Et j'aurais pu lui rire au nez alors qu'elle me parlait d'art, qu'elle me proposais de tenir un pinceau. Mais j'ai pas envie de me foutre de Ginny, et elle a l'air de bon conseil après tout. « J'espère que t'es prête à avoir le plus insupportable des élèves. » Et je hoche la tête. Mais je fronce les sourcils quand j'entends des bruits étranges dans l'atelier d'à côté. L'atelier du mec brun qui ne parle jamais mais qui traine toujours autour de Ginny comme un oiseau de proie. Certainement en train de me surveiller, prêt à me sauter dessus si j'ai le malheur de m'approcher d'un peu trop près. Elle me demande d'attendre, comme si j'allais la laisser partir là-bas seule. Je suis bien plus grand qu'elle, et en deux enjambés je suis passé devant elle.
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