“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
J’ai tout gâché une fois, je ne dois pas recommencer. Je ne dois pas tout faire foirer. Je n’ai pas le droit à l’erreur et je ne sais pas comment faire. Je suis tellement douée pour tout gâcher, mais je n'ai aucun talent pour ça, pour les bonnes nouvelles, pour les bons moments, c'est lui qui est doué pour ce genre de chose, pas moi. Je parle de bonne nouvelle, c'en est vraiment une ? Je commence à le penser en tout cas, malgré mes peurs, mes doutes et cette émotion énorme, j'arrive à me dire que ça va être une bonne nouvelle. Je dois lui en parler, je dois lui annoncer, c'est à moi de le faire, à moi seule. Parce que j'ai envie de partager ça avec lui et aussi parce que j’ai besoin de lui pour me rassurer et me promettre qu’il ne me laissera jamais toute seule. J'ai envie de me précipiter au restaurant ou il boss ou de l'appeler et de lui hurler cette nouvelle, mais je dois gérer mes émotions toute seule. Je dois lui montrer que j'en suis capable. Je dois lui montrer à lui et me le prouver à moi aussi. J’en ai besoin. De voir que je peux être à la hauteur des événements pour une fois. Pour lui, pour nous. Parce qu’il mérite que je lui montre que je suis forte comme il n’arrête pas de me le dire. Il faut que j’apprenne à contrôler mes peurs et mes émotions. Que je les acceptes et que j’arrive à les maîtriser. J’ai appris des techniques en cure et il est temps de les mettre en pratique parce que j’en ai cruellement besoin là maintenant alors que je viens de faire cette prise de sang, celle qui doit me confirmer si tout ceci est vraie. Et si je vais devoir gérer une grossesse plus vite que prévue. La prise de sang effectuée, je n’ai plus qu’à attendre le résultat. Plus qu’à attendre le verdict pour savoir si je vais pouvoir donner à Caleb ce dont il rêve pour nous. Allongée chez moi, après avoir participé à une réunion des AA autant par habitude que par nécessité, je pense à ces dernières années, et à ces derniers mois. Et un bébé maintenant ce n’était pas franchement dans mes projets immédiats, voir même pas du tout. Je lui ai dis que j'étais prête à envisager l'avenir avec lui, cet avenir, mais je ne pensais pas que l'avenir serait si proche. A croire que mon corps en a décidé autrement. Et que Caleb ne sait pas mettre une capote correctement. Je rigole en pensant à ça, j'en rigole et c'est presque incroyable que je sois capable d'en rire alors que je me sens totalement stressée en attendant que ce fichu téléphone sonne. Je ne sais pas comment gérer cette attente, alors je repense à ce test que j'ai réalisé ce matin, à toutes ces émotions que j'ai ressenti, cherchant à y voir un peu plus clair alors que je me sens moins émotive, et moins nauséeuse aussi. Je suis un peu perdue, parce que je n'avais pas prévu ça, pas si tôt, pas comme ça, mais je ne suis pas totalement déstabilisée et cette fois j'arrive à donner un sens à tout ça. J'arrive à comprendre ce qui est en train de m'arriver sans être prise au dépourvue, sans me sentir trahie par mon corps, sans m'écrouler. Je comprends tout ça et je ne panique pas, même si je ne suis pas réellement sereine, je ne panique pas et c'est la chose la plus importante à retenir finalement. La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter alors que je découvre le numéro qui s'affiche sur mon écran. C'est le moment de vérité. […] Je souffle légèrement, enfin légèrement c'est pas réellement le mot mais je souffle. J'ai le résultat, je ne suis plus dans cet état d'attente incertain, et maintenant que le test et la prise de sang le confirme, je dois lui dire. Je dois le faire et le faire bien. Parce que j'ai besoin de lui, besoin de voir son sourire et de l'entendre me dire que tout va bien se passer. J'essaye d'être calme, de gérer pour lui montrer que même si au fond de moi j’ai peur, parce que oui j'ai peur, je peux accepter les choses comme une personne normale. Que je peux être à la hauteur de la situation. Fini les cris et les larmes. J’ai les armes pour tenir le coup sans m’écrouler à la moindre difficulté. C’est un sacré test, peut être le plus gros auquel je pouvais faire face. Mais je suis debout, sobre, et je dois prendre en main ma vie. Notre vie, parce que c'est le moment. C'est notre avenir à tout les deux. Il veut des enfants, il veut cette vie avec moi et moi je veux être avec lui. Et il va être heureux, enfin je crois, j’espère. Non, j’en suis sure. Je dois arrêter de douter. Il va être heureux, et surpris. Mais surtout heureux. Je dois me concentrer sur ça et uniquement ça parce que sinon je vais prendre peur. Maîtriser mes émotions, je dois le faire. Concentrer les pensées sur quelque chose que je peux maîtriser. Alors je réfléchis à la meilleure façon de lui annoncer. Parce que je veux faire quelque chose de beau pour lui. Il me fait toujours des surprises aussi incroyables que romantiques et c’est à mon tour de lui organiser cette surprise. Une surprise qu’il ne pourra jamais oublier. Je me concentre sur ça. Je focalise mon énergie et mes pensées sur la soirée que je vais lui concocter, rester active, penser à quelque chose que je peux maîtriser et le faire. Voilà comment je vais gérer tout ça. Prendre les choses en main, garder le contrôle, être active, me concentrer sur quelque chose de pratique parce que j'ai beaucoup trop d'émotions à gérer pour rester là, chez moi à attendre qu'il rentre. Alors, je vais me concentrer sur ça. Même si je n'ai absolument aucune idée de ce que je m'apprête à faire, annoncer à Caleb que je suis enceinte, ce n'est pas quelque chose à laquelle j'avais pensé. Je ne sais pas comment m'y prendre et comme une femme un peu perdue, j'ai tapé dans ma barre de recherche 'annoncer une grossesse' et après être tombée sur tout un tas d'idées plus niaises les unes que les autres, je m'en tiens à quelque chose de plus classique. Quelque chose qui lui fera plaisir. Un sms envoyé à Caleb pour lui demander de me retrouver chez moi et un détour dans deux trois magasins du coin pour acheter ce dont j'ai besoin pour cette soirée que je veux parfaite. Oui, elle doit l'être. Elle doit vraiment l'être, parce que tout ça c'est trop important pour nous. C'est trop important et j'ai tellement tout gâché par le passé. Je veux que cette soirée soit parfaite, il le mérite. On le mérite ensemble. Alors avec mes sacs et les quelques achats que j'ai fais pour lui, je suis rentrée chez moi pour préparer cette soirée qui s'annonce si ce n'est mémorable, au moins importante pour nous. Parce que je vais lui dire que je suis enceinte de lui et même si je suis encore incertaine sur la marche à suivre, ou même sur le vague projet auquel j'ai tenté de réfléchir, je veux faire en sorte que nous nous souvenions de cette soirée comme étant le début de quelque chose pour nous. Je veux faire les choses biens, pour lui. Et après un long moment à retourner sa cuisine (enfin la mienne mais son espace à lui), laissant derrière moi un sacré bordel, j'ai réussi à suivre une recette à la lettre. Point par point, j'ai suivis parce qu'il est hors de question que ce soit le repas qui vienne tout gâcher. Et après avoir mit le plat dans le four, attendant à être cuit, je me suis concentrée sur le reste. J'ai pensé à pleins de trucs, mais je suis toujours dans l'incapacité de trouver les mots justes avec lesquels je veux lui annoncer. Je testes plusieurs phrases dans ma tête, plusieurs choses que je pourrais lui dire, mais finalement je n'en sais rien. Je veux contrôler les choses pour ne pas laisser mes émotions m'envahir, mais c'est impossible parce que les émotions c'est la base même de tout ça. Je vais lui annoncer que je suis enceinte, je vais le faire ce soir, la seule interrogation encore, c'est de savoir comment et à quel moment je vais le faire. Je réfléchis encore à ce que je peux faire avec tout ce que j'ai acheté, mais la seule chose qui compte c'est que j'espère juste être capable de ne pas craquer à la minute ou il va passer la porte. Parce que je veux vraiment que cette soirée soit mémorable. Et après la cuisine, je me suis concentrée sur la préparation de la table, dîner aux chandelles avec bougies, pour apporter une petite touche de romantisme. Et après une longue réflexion, voilà que je finis d'emballer le cadeau que je lui ai concocté. L'attente est longue réellement longue, et alors que je viens d'enfiler ma robe rouge, tout en réalisant que bientôt je ne pourrais plus la mettre, je m'installe sur le canapé en l'attendant, le regard qui fixe une chaîne d'info qui tourne en boucle sans réussir à capter mon attention. J'entends la porte qui s'ouvre, je me lève d'un bond du canapé pour l'accueillir, debout au milieu de mon salon dans cette robe sexy. C'est le moment, il est là, et je lui souris. Un vrai et grand sourire, c'est à moi de jouer. Ne pas se précipiter et tout gâcher. Je l'embrasse alors qu'il s'approche de moi, assez prêt pour sentir l'odeur caractéristique des cuisines d'un restaurant, une odeur qui me dérange légèrement mais je ne dis rien. « Va te doucher, et habille toi, je vais finir de préparer le dîner. » Je le regarde toujours, j'ai envie de lui dire là maintenant, tout de suite. Lui crier que j'ai fais un test positif, que j'ai fais une prise de sang qui confirme, lui dire que je suis enceinte de lui et que j'ai peur, que je suis heureuse, mais que tout ça, c'est beaucoup. Mais je ne dis rien de tout ça. « Ne pose pas de question, je ne dirai rien. » Je ne dirais rien, pas maintenant du moins. Parce que cette nouvelle mérite qu'on s'y attarde, il mérite que je lui montre que même si je ne suis pas sereine avec tout ça, je suis là avec lui et je ne vais pas fuir. Pas faire demi-tour et m'écrouler. Je suis enceinte de son enfant pour la deuxième fois, mais cette fois je vais faire les choses biens. Je me détourne pour le laisser seul et lui faire comprendre qu'il n'aura aucune explication avant d'être lavé et prêt, je me retourne quand même vers lui. « Allez files tu perds du temps là. » Je quitte le salon pour rejoindre la cuisine et commencer à mettre un peu d'ordre dans cette pièce qui d'habitude lui est réservée parce que s'il la voit ainsi, je doute qu'il survive et je lui prépare déjà assez d'émotions pour la soirée. J'allume le four tout en veillant à m'assurer de ne pas faire cramer le plat et je déplace la vaisselle sale sans vraiment la faire. Je ne veux pas risquer de salir ma tenue. Mais je peux pas laisser ça comme ça. J'ai tout prévu dans le salon, mais sa cuisine n'a pas résisté à mon passage. Après avoir rangé deux, trois trucs et entassé dans l'évier le reste, je l'entends qui arrive dans la salon et le voilà dans la cuisine. « Ne m'engueules pas, promis je vais ranger. » Et dans quelques minutes, il aura tout oublié de ce bordel. J'en suis sûre. Je m'avance vers lui et je passe mes bras autour de son coups pour l'embrasser. « Tu m'as manqué aujourd'hui. » Il ne le sait pas mais aujourd'hui, particulièrement j'ai pensé à lui à chaque instant, pour ne pas paniquer et je me retrouve dans ses bras et je me sens bien oubliant même un instant la cuisson de ce fichu plat.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Ça fait maintenant trois semaines qu’Alex est rentrée de sa cure et les choses se passent pour le mieux entre nous. Elle semble aller mieux, beaucoup mieux, apaisée. Elle est plus souriante et surtout, elle a vraiment l’air heureuse et tout ça suffit à me rendre moi aussi bien plus heureux. Si elle va bien alors je sais que je peux me détendre et me dire que cette fois tout va bien se passer pour nous. Nous avons passés une super soirée de Saint Valentin un deux mars, je lui ai demandé de vivre avec moi et elle a accepté. À ce sujet je cherche toujours la perle rare pour nous. Une maison, un appartement qui nous conviendrait à tous les deux mais le problème : nous ne sommes jamais d’accord. Comme bien souvent, on aime des choses différentes et c’est toujours comme ça entre nous, ça l’a toujours été. On est opposés sur tellement de points et apparemment nous avons aussi du mal à nous mettre d’accord sur la maison de nos rêves. Cet aménagement ensemble ne fera que rendre notre situation officielle parce qu’en soit on vit quasiment déjà ensemble. Je la retrouve tous les soirs après le travail chez elle ou chez moi, on dort toutes les nuits ensemble alors au fond, ça ne changera pas grand-chose. Comme tous les matins je me réveille avant elle, je prends petit déjeuner et je lui prépare le sien, je prends ma douche et je l’embrasse avant de partir au travail. On a déjà cette petite routine qui s’est installée entre nous et ce n’est pas pour me déplaire. Aujourd’hui c’est après le service de midi que je mange et je profite de ces quelques heures de creux dans l’après-midi pour m’occuper du côté administratif du restaurant. Ce n’est pas le plus amusant ni même le plus intéressant du métier mais pourtant c’est bel et bien primordial. Un peu de comptabilité et c’est après un rendez-vous avec un fournisseur que je reçois le message d’Alex me demandant de ne pas travailler ce soir et de la rejoindre chez elle ce soir pour dix-neuf ans. Je fronce les sourcils, étonné de cette demande mais j’accepte sans hésiter. Une soirée avec la femme que j’aime moi je ne demande que ça. Je lis une deuxième fois son message. Elle a quelque chose à m’annoncer, vraiment ? C’est-à-dire ? Elle commence presque à m’inquiéter et je vais commencer à me poser plein de questions. Ce matin quand je suis parti elle avait l’air d’aller bien. Elle avait l’air, oui mais peut-être que ce n’était pas le cas. Elle m’assure que tout va bien et que je n’ai pas à m’inquiéter alors je me résigne je n’essaie plus de savoir avant l’heure ce qu’il se passe et je quitte le restaurant pour la rejoindre chez elle.
Quelque chose à m’annoncer. Sur la route au final, je me creuse tout de même la tête en essayant de comprendre ce qu’elle pourrait avoir à me dire. Elle veut me dire quelque chose. Mais quoi ? Pour que ça ne puisse pas attendre mon retour du boulot après le service du soir ça doit être important. Mais pourtant je n’ai aucune idée de ce qu’elle peut avoir à me dire. Peut-être que j’ai fait une connerie ? Oui mais quoi ? Elle n’avait pas l’air en colère donc non, je ne pense pas que ce soit ça. Un peu nerveux, je me gare devant son immeuble et au lieu de prendre l’ascenseur comme je fais habituellement je monte les marches, toujours un peu préoccupé. J’ouvre la porte et pose mes clés sur le petit meuble à l’entrée et c’est en me retournant que je vois dans un premier temps la table bien dressée, décorée avec quelques bougies au milieu. Non, elle n’est définitivement pas en colère. Je me pince les lèvres tout en fronçant légèrement les sourcils et tout en enlevant mes chaussures je me tourne vers Alex, souriante, habillée d’une robe incroyablement sexy et à ce moment un sourire prend immédiatement place sur mon visage. « Va te doucher, et habille toi, je vais finir de préparer le dîner. » Parce qu’en plus, elle a cuisiné ? Je ne comprends absolument rien à ce qu’il se passe mais j’aime la manière dont cette soirée commence. Je la regarde de haut en bas un sourire toujours sur les lèvres. « T’es magnifique. » Pas simplement belle non, mais carrément magnifique. Elle est vraiment extrêmement magnifique et je ne pense pas en faire de trop. À mon tour je l’embrasse avant de me tourner à nouveau vers la table. « Ne pose pas de question, je ne dirai rien. » Pourtant je pense avoir le droit de lui poser des questions, non ? J’ai l’impression qu’elle nous prépare une soirée spéciale parce qu’on est censés fêter quelque chose mais je ne sais absolument pas quoi. « Allez files tu perds du temps là. » Et elle se détache de moi et s’éloigne pour retourner dans la cuisine et de mon côté je ne perds plus un instant et je pars dans la salle de bain et je prends ma douche, comme elle me l’a demandé. J’essaie de faire au plus vite parce que je suis complètement paumé et que je ne comprends rien à ce qu’il se passe. Alex n’est pas du genre à organiser des surprises et encore moins préparer des dîners de ce genre. Une serviette autour de la taille je cherche des vêtements. Elle s’est habillée pour l’occasion ce soir – quelle occasion ? – alors je suppose que je suis censé faire la même chose, non ? Je suppose que oui ? J’opte pour une chemise et un pantalon et passe simplement une main dans mes cheveux pour les coiffer avant de la rejoindre dans la cuisine et c’est d’ailleurs une vision d’horreur qui m’attendait ici, de la vaisselle étalée un peu partout. « Ne m'engueules pas, promis je vais ranger. » Un petit rire se fait entendre alors que je quitte ce tas de vaisselle sale des yeux pour reporter mon attention sur Alex qui s’avance vers moi. « Tu devrais faire la vaisselle petit à petit. » Si j’avais dit ça à un de mes commis ou à l’apprenti qui travaille dans ma cuisine en ce moment je lui aurais dit qu’il faut laver et ranger petit à petit mais avec Alex je me montre forcément moins exigent. D’un geste naturel mes bras entourent sa taille et je lui rends son baiser avec tendresse. « Tu m'as manqué aujourd'hui. » Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je plonge mon regard dans le sien, replaçant quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille pour me permettre de mieux la regarder dans les yeux. « Toi aussi ma chérie. » Elle me manque tout le temps de toute façon, à chaque fois que je pars au travail je sais que je ne vais avoir qu’une seule envie toute la journée ; la retrouver en rentrant. Je l’embrasse une nouvelle fois avant de reprendre la parole. « T’as fait quoi à manger ? » Histoire de savoir s’il faut que je me prépare à devoir commander des pizzas parce qu’elle aura visée trop haut, ou aura fait cramer le plat principal. « Tu voulais me parler d’un truc ? » Si je prends même ses propres mots elle m’a dit avoir quelque chose à m’annoncer. Et en attendant sa réponse je me détache d’elle pour commencer à faire la vaisselle. C’est plus fort que moi, je ne peux pas laisser la cuisine dans cet état.
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Il est arrivé, il est là à quelques mètres de moi, et après un compliment de sa part, je l'envoie à la douche. Je l'envoies loin de moi le temps de mettre en ordre mes idées. Sa présence rends la chose encore plus difficile à gérer finalement. J'entends l'eau de la douche qui coule et je profite de ces minutes pour souffler, pour réfléchir, pour revoir le plan de la soirée, ou du moins tenter de le revoir. Ne pas faire cramer le plat. Ne pas tout gâcher. Table, musique, cadeau, tout est prêt, tout est bon, je peux réussir. Je peux le faire sans tout faire foirer, c'est dans mes cordes non ? « Tu devrais faire la vaisselle petit à petit. » Je lève les épaules tout en accompagnant ce geste de mon plus beau sourire. Ou d'un sourire au moins, un peu forcé. Mais s'il savait comme la vaisselle a été le cadet de mes soucis aujourd'hui et que j'ai eu bien d'autres choses à penser alors que je tentais réellement de suivre la recette à la lettre sans me laisser distraire par autre chose. Ni cette nouvelle, ni la vaisselle qui s'accumulait sur la table et sur le plan de travail. Je me demande même comment j'ai pu utiliser autant d’ustensiles, mais le résultat est là, j'ai fais à manger et j'ai laissé un bordel monstre dans sa cuisine. Je me rapproche de lui pour l'embrasser et il me serre de ses bras et que ce geste me fait du bien. Parce que je garde le contrôle, je cache mes émotions, mais je suis loin d'être totalement sereine et là dans ses bras, je me sens juste bien finalement. « Tu n'avais pas besoin de mettre une chemise tu sais. Mais j'apprécie le geste, tu es vraiment classe. » Je vois son sourire qui illumine son visage, ce sourire que j'espère voir encore dans quelques minutes, parce que j'ai vraiment besoin qu'il continu de sourire pour me rassurer, pour me dire que tout va bien se passer, parce que c'est lui l'optimiste. Il ne me quitte pas des yeux, et je sens mon cœur qui s’accélère. Je pense à toute cette journée, je pense à tout ce que j'ai prévu pour nous ce soir, et à ce que je dois lui annoncer. Je souffle doucement pour éviter de laisser les émotions me submerger et de me retrouver à tout gâcher. Je souffle légèrement parce que je suis en train de trépigner d'impatience et de stress à l'idée de partager cette nouvelle avec lui. Il m'embrasse à nouveau, et je me sens soulagée de l'entendre me demander ce que j'ai fais à manger. Je crois que je n'aurais pas pu rester deux minutes de plus ainsi, contre lui sans craquer et lui dire. Sauf que c'est pas comme ça que je veux que ça se passe. Et au moment ou il me parle du repas, je me rappelle surtout que je dois surveiller la cuisson pour ne pas que ça crame, mais je ne bouge pas, je reste contre lui encore quelques instants. « Des lasagnes, normalement je sais faire si le four ne gâche pas tout. » Oui, oui le four, pas moi. Si c'est cramé ce sera la faute du four. Si c'est pas assez cuit, ce sera aussi la faute du four et il sait que je peux faire preuve d'une sacrée mauvaise fois parfois. « Tu voulais me parler d’un truc ? » Question dangereuse, je lui souris. « En effet. » Sans rien lui répondre de plus, je me retourne vers le four, fixant mon regard sur la vitre, tentant de concentrer mon attention sur les lasagnes mais c'est clairement pas efficace. Cette attente est longue, trop longue, intenable pour moi qui ait tendance à beaucoup trop parler et à avoir du mal à me taire. « Caleb faut que je t'annonce quelque chose. » Je me retourne pour lui faire face, voulant m'assurer d'avoir son attention, prête à tout lui dire oubliant mon plan, et je le trouve devant l’évier, il est pas sérieux la quand même ? Je m'approche de lui, j'éteins l'eau du robinet et je l'éloigne du lavabo. Il ne va quand même pas être en train de faire la vaisselle quand je vais lui annoncer cette nouvelle. « Sors de la cuisine. Tu vas tout gâcher. » Je mets mes mains sur son torse et je le pousse hors de la cuisine tout en déposant un bref baiser sur ses lèvres. Je le chasse de la cuisine mais aussi de mon champ de vision pour ne pas avoir à lutter contre l'envie de lui dire la vérité. « Tu t'assoies et tu me laisses faire. Et si tu es sage tu auras droit à un cadeau. » Je lui dis ces mots avec une pointe de sérieux et d'autorité, avant de retourner surveiller les lasagnes avec une intention toute particulière, pas forcément nécessaire mais nécessaire pour moi. Le minuteur en marche, je bois un verre d'eau avant de le rejoindre dans le salon, un sourire aux lèvres pour tenter de cacher le stress qui commence à m'envahir. Et je me demande pourquoi je ne lui ai pas déjà dis, pourquoi je fais durer l'attente qui devient dur pour moi. Je m'assoies face lui, quelques instants alors que la cuisson n'est toujours pas finie et je lance la playlist préparée pour l'occasion. Je sais déjà que dans trois chansons exactement ce sera le moment pour moi de lui annoncer. J’ai trois chansons à tenir sans lui dire pour que ça fonctionne. Je dois réussir à garder ce secret encore quelques minutes. Garder ma langue et lui offrir ce paquet que j’ai préparé pour lui, et lui offrir durant cette chanson. C'est le plan, c'est ce que j'ai décidé de faire. Mais avant ça, je dois éviter ses questions ou même son regard interrogateur sans quoi je sais que je ne vais pas tenir et que je vais craquer. « Caleb je sais que tu me répètes sans cesse que mon appartement est trop loin de ton boulot j’ai réfléchis et je pense que le moment est venu de voir plus grand pour nous. » Et on va bientôt être trois enfin quatre si on compte son chien. Je veux lui dire tout ça mais je ne dis rien. Je suis à la fois excitée, et anxieuse. Je veux lui dire qu’il me prenne dans ses bras et me fasse comprendre qu’elle merveilleuse nouvelle c’est parce que j’ai besoin de l’entendre pour y croire. Parce que je tiens le coup, je gère les choses mais mes défenses sont mises à rudes épreuves. J’enchaîne, sans vraiment lui laisser le temps de répondre. Evitant les blancs, m'agitant même un peu trop sans doute. « Tiens regarde cette annonce. » Je dépose devant lui une feuille sur laquelle apparaît une grande maison que j'ai repéré il y a quelques jours déjà, et je lui fais un descriptif de cette fameuse maison. « C’est une maison à vendre à Spring Hill. Elle est parfaite pour nous. Il y a un grand garage pour rentrer sans accrochage nos voitures. Un terrain pour Dobby et une terrasse pour nous. Une grande cuisine pour que tu prépares des plats pour notre famille, mon dressing et trois chambres. La notre, une pour nos futurs enfants et un bureau. Et c’est proche du restaurant. Cette maison est parfaite on devrait aller la visiter. » Nous. Notre famille. Nos futurs enfants. C’est tellement étrange de lui dire tout ça, de prononcer ces mots à voix haute. Parce que je sais que ça va arriver bien plus vite que prévu. Je gagne du temps avec cette offre, sans même songer que peut-être il puisse penser que c'est ça la grande nouvelle que je veux lui annoncer. Mais je ne peux pas penser à tout ça, parce que je me sens de moins en moins sereine à mesure que je sais que le moment approche. Je pourrais lui dire là maintenant entre deux allers-retours dans la cuisine. Je pourrais lui annoncer de but en blanc, ou même juste sous entendre et le laisser se débrouiller pour comprendre. Mais non, je garde le contrôle, j’ai l’intention de m’en tenir à mon projet de base. Parce que j’ai peur de me laisser emporter par mes émotions si je ne garde pas un semblant de contrôle. Il mérite que je fasse ça bien, il le mérite tellement, plus que quiconque. Je m'éclipse une nouvelle fois dans la cuisine, revenant cette fois avec le plat de lasagne. Elles ne sont pas cramées, après est-ce qu'elles sont cuites ça c'est une autre histoire. Je dépose le plat sur la table et alors que je viens de passer un long moment à cuisiner sans trop de difficulté, face à mon assiette j’ai comme l’impression que l’odeur m’agresse et veut me faire flancher et tuer le romantisme du moment. Il ne manquait que ça, les nausées. « Bon appétit chéri. » Et à défaut de manger, je plonge ma fourchette dans mon assiette en jouant avec nervosité avec la nourriture, tout en attendant encore quelques secondes, des secondes, ou des minutes qui me paraissent interminables et qui doivent aussi l'être pour lui, alors que rien de ce que je fais ce soir ne semble normale. « Oh c’est la chanson de la plage. » Oh surprise ! Je me lève d'un bond, presque soulagée de m’éloigner de mon assiette et tout en pensant à son cadeau que j’ai caché, je lui tends la main pour l’obliger à me suivre. « Une danse et après tu auras droit à ton cadeau. » Une danse, sur cette musique, j’ai décidé qu’elle serait notre musique mais pourquoi je veux une danse moi ? Je me surprends moi même par ce geste. C'était pas le programme et pourtant j'ai envie d'être dans ses bras à ce moment précis, et plus j'en ai besoin vraiment. Cette musique est si parfaite pour le moment, pour nous et je veux juste le sentir contre moi, le sentir me soutenir, le sentir être tendre, amoureux. « I found a love for me. Darling just dive right in, and follow my lead. Well I found a girl, beautiful and sweet. I never knew you were the someone waiting for me. Cause we were just kids when we fell in love. Not knowing what it was, I will not give you up this time. Darling just kiss me slow, your heart is all I own. And in your eyes you're holding mine » Être avec lui, à deux encore quelques minutes. Juste nous deux. Je passe mes bras autour de son cou tout en le regardant et en laissant les premières paroles de la chanson accompagner ce moment. Je plonge mon regard dans le sien. « Je t'aime. » Je le regarde, incapable de me détacher de lui. Je pense à ce cadeau qui l'attends et que je devrais lui donner. Cette boite qu'il est censé ouvrir pendant que je le regarde l'air paniquée en attendant sa réaction. Mais je suis incapable de mettre une distance entre nous, je le sens contre moi et je me sens à la fois si bien, mais aussi si anxieuse. Mais je n'arrive pas à me résoudre à quitter l'espace de ses bras. « Well I found a man, stronger than anyone I know. He shares my dreams, I hope that someday we'll share our home. I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own. » Ma tête posée sur son épaule le regard tourné vers lui, mon corps collé au sien je prends sa main que je viens placer délicatement sur mon ventre. Mon cœur bat excessivement vite et fort, je ne vais pas craquer mais je suis stressée tellement stressée plus que je ne le croyais. Je voudrais lui dire quelque chose mais aucun mot ne sort, j'ai la gorge complètement serré. Je ne bouge pas, restant immobile dans ses bras espérant qu'il comprenne. Attendant qu'il comprenne mon comportement qui n'a rien de logique ce soir. Espérant qu'il devine tout seul quelque chose auquel il refuse sans doute de penser la plupart du temps, tant c'est un sujet toujours riche en émotions entre nous. Je n'arrive pas à lui dire ces mots que j'ai pourtant tenté de me répéter durant cette journée bien trop longue. Je n'y arrive pas parce qu'à partir du moment où il saura, où je lui dirais, tout deviendra totalement réel et je ne sais pas encore comment je vais gérer ses émotions alors que j’ai déjà énormément de mal à gérer les miennes. « We are still kids, but we're so in love, fighting against all odds. I know that we'll be alright this time. Darling just hold my hand, be my girl, I'll be your man. I see my future in your eyes. » J'avais tout préparé avec ce cadeau qui ne laissait aucune place aux doutes, mais dans ses bras je n'ai pas réfléchis et je suis débout à le regarder, sa main sur mon ventre, silencieuse alors que j'ai l'impression que mon cœur va finir par exploser.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
En arrivant chez Alex je ne suis pas moins perplexe puisque je vois qu’elle a effectivement sorti le grand jeu : une table parfaitement dressée, une robe qui la rend encore plus sexy qu’elle ne l’est déjà. Elle a quelque chose à m’annoncer. Ces mots résonnent en boucle dans ma tête sans que je ne puisse les comprendre sous la douche et en me préparant je n’arrête pas ma réflexion et j’essaie encore de comprendre ce qu’elle pourrait bien avoir à me dire mais je n’en ai pas la moindre idée. « Tu n'avais pas besoin de mettre une chemise tu sais. Mais j'apprécie le geste, tu es vraiment classe. » Je me vois assez mal enfiler le premier t-shirt que je trouve alors qu’elle porte une robe ultra sexy. « Bien sûr que si, j’aurais fait tâche à côté de toi sinon. » Déjà que de base, la différence entre elle et moi est plutôt flagrante mais dans ce cas-là ça aurait été encore pire. Je ne comprends absolument rien à ce qu’il se passe. Ce message qu’elle m’a envoyé tout à l’heure, son comportement, son humeur, cette table dressée comme j’aime le faire quand je nous prépare une soirée romantique et la cerise sur le gâteau : elle a cuisiné. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle mais sans trop vouloir m’avancer je pense pouvoir affirmer que la nouvelle n’est pas forcément très bonne. « Des lasagnes, normalement je sais faire si le four ne gâche pas tout. » Si le four ne gâche pas tout oui bien sûr, je suis obligé de rire en l’entendant me dire ça. Elle est d’une mauvaise foi c’est incroyable. Mais j’en viens presque à trouver ça adorable, sa mauvaise foi, son côté mauvaise perdante et je pense que c’est la preuve ultime de mon amour énorme pour cette femme. Mais je n’en oublie pas la raison de cette soirée en tête à tête improvisée. Elle a apparemment quelque chose à me dire et c’est en la questionnant à ce sujet que je commence à faire la vaisselle. Je ne peux pas laisser toute cette vaisselle comme ça empilée l’une sur l’autre, ça me stresse beaucoup trop. « Caleb faut que je t'annonce quelque chose. » Je fronce les sourcils et à ce moment-là elle commence presque à me faire peur. Elle prend un air grave et j’ai vraiment l’impression que ce qu’elle s’apprête à me dire est très important. Et elle me le confirme en s’approchant de moi non pas pour me parler mais pour arrêter l’eau. « Sors de la cuisine. Tu vas tout gâcher. » Gâcher quoi ? Elle me pousse en dehors de ma cuisine – enfin sa cuisine – tout en plaquant ses mains sur mon torse, me forçant à la suivre. « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu me fais peur Alex… » Oh que oui elle me fait peur et je ne suis plus si sûr d’avoir envie d’entendre ce qu’elle a à me dire. « Tu t'assoies et tu me laisses faire. Et si tu es sage tu auras droit à un cadeau. » Je ne discute pas et je m’exécute, je m’assieds tout en la regardant repartir en direction de la cuisine. « Tu sais que quand tu prends les choses en main avec un brin d’autorité comme ça tu m’exciterais presque. » Je lui avoue, un petit sourire aux lèvres. Cette phrase est un peu à double sens et elle le comprendra très bien.
J’essaie de faire un peu d’humour pour me détendre un peu parce que je vous assure qu’elle commence vraiment à me faire flipper. Elle me rejoint, le sourire aux lèvres et je la suis du regard, elle met de la musique en marche et moi je ne dis rien j’attends qu’elle reprenne la parole pour enfin me dire ce qu’elle a à m’annoncer depuis tout à l’heure. « Caleb je sais que tu me répètes sans cesse que mon appartement est trop loin de ton boulot j’ai réfléchis et je pense que le moment est venu de voir plus grand pour nous. » Oui ? On en avait déjà plus ou moins parlé, non ? C’est l’idée que j’avais en tête quand je lui ai demandé d’emménager avec moi. Qu’on trouve une maison ou un appartement plus grand et plus proche de nos travails respectifs. J’attrape la feuille qu’elle me donne pour y jeter un coup d’œil tout en écoutant son complétement d’informations. « C’est une maison à vendre à Spring Hill. Elle est parfaite pour nous. Il y a un grand garage pour rentrer sans accrochage nos voitures. Un terrain pour Dobby et une terrasse pour nous. Une grande cuisine pour que tu prépares des plats pour notre famille, mon dressing et trois chambres. La notre, une pour nos futurs enfants et un bureau. Et c’est proche du restaurant. Cette maison est parfaite on devrait aller la visiter. » Sa réflexion sur le garage m’arrache un léger rire, et quand elle me parle de cuisiner pour notre famille et d’une chambre déjà dédiée à nos futurs enfants je lève les yeux vers elle parce que l’entendre dire tout ça sans une once de panique n’est pas franchement habituel. Mais je prends connaissance de l’annonce, regarde les photos présentes et un petit sourire se dessine sur mon visage. « Je l’adore, elle a l’air géniale. J’appellerai demain matin pour fixer une visite. » Je souris encore un peu et me penche vers elle pour lui voler un baiser. C’était donc ça qu’elle voulait m’annoncer ? Qu’elle avait trouvé la maison de nos rêves ? Je pense qu’elle en a fait un peu beaucoup trop mais je ne vais pas m’en plaindre si ça peut nous permettre de passer une soirée romantique tous les deux moi ça me va. Elle s’éclipse à nouveau dans la cuisine pour revenir cette fois avec le plat de lasagnes. Elles ne sont pas trop dégueulasses à regarder – ce qui, je vous avoue me surprend un peu. – « Bon appétit bébé. » C’est sans plus attendre que je prends une première bouchée de son plat. En soit, ce n’est pas mauvais même si les pâtes manquent un peu de cuisson, elle aurait dû les laisser dix minutes de plus. Mais je ne lui dis pas et j’en reprends un peu. « Oh c’est la chanson de la plage. » Elle se lève d’un bond et je n’ai même pas le temps de réagir qu’elle me tend sa main me proposant une danse. Le regard que je lui lance parle pour moi, je n’ai pas du tout envie de danser j’aurais largement préféré manger mais pourtant, je prends sa main dans la mienne et nous commençons à danser. « Une danse et après tu auras droit à ton cadeau. » Je pose mes mains sur ses hanches et l’attire contre moi. Pourquoi est-ce qu’elle m’a prévu un cadeau ? Je ne comprends rien à ce qu’il se passe. « J’ai rien pour toi moi. Je comprends rien à ce qu’il se passe Alex. J’ai loupé un truc ? Il se passe quelque chose de particulier aujourd’hui ? » Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une date spéciale pour nous aujourd’hui mais pourtant je n’ai aucune autre explication. « Je t'aime. » Mon regard perdu dans le sien je lui souris doucement avant de lui répondre. « Je t’aime aussi. » Si elle savait à quel point je l’aime. Je la garde contre moi et cette proximité entre nous est tellement plaisante. Je sens sa main attraper la mienne et alors que je m’apprête à entrelacer nos doigts elle la pose sur son ventre. Les sourcils froncés, je m’arrête presque instantanément. Elle vient de poser ma main sur son ventre, geste assez étrange qui ne m’aide pas réellement à voir les choses plus clairement. Ma main est sur son ventre, je sens son regard sur moi et je sens également qu’elle attend une réaction de ma part mais je suis complètement figé incapable de faire le lien entre ce geste qu’elle vient d’avoir et toutes ces petites choses qu’elle m’a dit depuis tout à l’heure. « Alex, je…je…je suis pas sûr de comprendre là. » Et me voilà en train de bégayer. Je la regarde dans les yeux un moment et je regarde par la suite ma main toujours sur son ventre. «… il faut que tu m’expliques je suis pas sûr de comprendre. » Je lui dis une deuxième fois avant de lâcher un petit rire nerveux et de passer ma main dans mes cheveux. J’ai bien quelque chose en tête mais je dois avoir mal compris parce que ce n’est pas possible, alors j’attends qu’elle soit plus claire avec moi.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
J'ai failli craquer, j'ai failli lui dire. Entre la surveillance de la cuisson des lasagnes et devant le tas de vaisselles sales, j'ai failli lui lâcher la bombe en oubliant tout ce que j'ai préparé. J'ai failli et s'il n'avait pas eu la brillante idée de se pencher sur la vaisselle sale, j'aurais sans doute lâcher la vérité et il saurait mais en le voyant l'éponge à la main j'ai retrouvé un semblant de courage pour me taire. Parce qu'il est hors de question que je lui apprenne qu'il va devenir père, ici dans une cuisine. Bien que ce soit sans doute l'un des endroits ou il aime le plus être, c'est pas mon cas et c'est surtout pas romantique. Alors je le chasse de la cuisine, je l'éloigne de ce lieu ou il semble incapable de rester plus de deux minutes sans intervenir. Je le pousse jusqu'au salon, là ou il n'aura qu'à attendre sans rien faire. Difficile pour lui. « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu me fais peur Alex… » Oui je sais, moi aussi j'ai peur mais je ne lui dis rien. Je lui souris, essayant de le rassurer un peu avec ce sourire alors qu'au fond je me sens pas sereine du tout. Je dois lui dire, je dois partager cette nouvelle avec lui, et vite parce que ça devient de plus en plus dur à gérer. Mais j'ai un projet, j'y ai pensé une bonne partie de la journée, alors je dois m'y tenir. Je garde le contrôle sur la situation et un peu sur lui aussi, en lui ordonnant de s'asseoir. Je dois me gérer moi, alors j'ai pas besoin de lui qui me tourne autour dans la cuisine, ou pire, lui qui fait la vaisselle alors que j'ai passé ma journée à organiser cette soirée. « Tu sais que quand tu prends les choses en main avec un brin d’autorité comme ça tu m’exciterais presque. » Il réussit à me faire rire alors que je repars en direction de la cuisine. « Presque seulement ? Tu mens, je sais par expérience que ça t'excites totalement que je prenne les choses en main. » Je lui dis ces quelques mots avec un clin d’œil avant de disparaître dans la cuisine. J'essaye de profiter de sa réflexion pour détendre un tout petit peu l’atmosphère, mais même ça, ça n'arrive pas tellement à me détendre. Et si d'habitude j'aurais sans doute pu entrer totalement dans son jeu avec cette remarque plutôt explicite, aujourd'hui je suis bien trop stressée pour ça, pour vraiment rire sans retenue avec lui. Après avoir soufflée dans la cuisine, je le retrouve, un sourire sur les lèvres, ne voulant pas l'inquiéter plus et risquer de tout gâcher. C'est à ça que je pense, sur ça que je me concentre. Ne pas tout gâcher et m'en tenir au plan. C'est bien, le plan c'est réfléchit, c'est rassurant, c'est concret. J'ai préparé les choses alors autant me concentrer sur ça. Et j'oriente la discussion, je fais passer le temps, avant que je ne ramène le plat de lasagne sur la table et je le fais patienter avec un autre sujet, celui de la maison. S'il savait que la maison à ce moment n'est qu'un tout petit bout de ce qui l'attends, que ce n'est qu'une toute petite partie du projet de vie futur que je m'apprête à lui révéler. Parce que c'est bien de ça dont il s'agit. Je m'apprête à changer sa vie, à changer la mienne aussi. Et je sais qu'au fond tout ça, c'est ce qu'il veut. La maison, les enfants, la vie de couple avec moi mais pourtant je ne peux m'empêcher de craindre que tout ça, ça ne soit finalement un peu prématuré et qu'on ne soit pas prêt. Que je ne sois pas prête surtout. « Je l’adore, elle a l’air géniale. J’appellerai demain matin pour fixer une visite. » Première maison que l'on semble apprécier tout les deux, du moins sur le papier. Je souris devant son enthousiasme, et son sourire qui a toujours le pouvoir de m'apaiser un peu. Il m'embrasse, et je regrette que ce baiser ne dure pas un peu plus parce que pendant qu'il m'embrasse au moins je ne pense pas, je ne peux pas dire de conneries non plus. Je m'éclipse à la cuisine, récupérer notre repas et si je n'ai clairement pas faim, entre les nausées et la pression que je ressens qui semble me serrer la gorge, lui n'hésite pas à attaquer son assiette et je l'observe manger attendant une remarque mais rien. Juste il mange, ça doit être mangeable alors, ce qui est plutôt une réussite. Au moins j'ai d'or et déjà pas tout gâché, puisqu'il mange un truc que j'ai préparé sans faire une tête étrange. Et alors que la musique raisonne dans la pièce, c'est à moi de jouer. A moi de ne pas tout gâcher, je peux le faire non ? Je l'invite à danser, et ça ce n'était même pas prévu. Première entorse que je fais à mon plan parfait, et il n'a pas l'air totalement enchanté, sauf qu'il n'a pas le choix et il le sait. Je le motive avec l'idée du cadeau qui l'attends. « J’ai rien pour toi moi. Je comprends rien à ce qu’il se passe Alex. J’ai loupé un truc ? Il se passe quelque chose de particulier aujourd’hui ? » S'il savait … Il n'a rien pour moi, mais je n'ai pas besoin de quelque chose, j'ai juste besoin de lui, plus que jamais besoin de lui. « Chut, écoute la musique, serre moi contre toi et danse, c'est tout ce dont j'ai besoin. » Quelques secondes encore de calme, quelques secondes à nous deux avant que notre vie ne change définitivement. Quelques minutes à danser dans ses bras, ses mains sur mes hanches, mon corps encore inchangé contre lui. Quelques instants à profiter de cette normalité, avant de lui annoncer que notre vie ne sera plus jamais la même. « Je t’aime aussi. » Aussi proche que je le peux, je peux sentir son odeur, je peux sentir son cœur battre, et surtout je peux me sentir soutenue et j'en ai plus que jamais besoin. Son soutien, son amour inconditionnel et son assurance que tout va bien se passer. Et sans réfléchir, alors que le plan semble s'éloigner encore un peu plus, je prends sa main et je la dépose sur mon ventre, en silence, juste le bruit de la musique qui accompagne ce geste. Je me mords la lèvre alors que j'attends une réaction de sa part, une réaction qui ne vient pas. Il se fige, et moi je n'ose plus bouger. Les yeux qui le fixent désespérément, sa main sur mon ventre, j'attends, incapable de parler. « Alex, je…je…je suis pas sûr de comprendre là. » Il finit par dire quelque chose, et je ne sais pas pourquoi, je lâche un petit rire nerveux. Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais, et la pression me fait réagir un peu malgré moi. Il semble totalement perdu et moi je rie devant son incompréhension. Il bégaie mais lui au moins il parle, il est capable de parler, chose que moi je n'arrive pas à faire. «… il faut que tu m’expliques je suis pas sûr de comprendre. » Je crois qu'il a comprit, je crois qu'il sait, sinon il n'aurait pas eu cette réaction, il ne se serait pas figé ainsi s'il n'avait pas ça en tête, s'il n'avait pas comprit que ce geste n'était pas anodin, enfin c'est ce que je crois. Mais je crois aussi qu'il a peur de ce qu'il comprends et je ne sais pas si c'est censé me rassurer ou pas. Il faut que je reste calme. A son tour il lâche un petit rire nerveux, et il se passe une main dans les cheveux et je sais que c'est un signe qui traduit toute sa nervosité et je ressens à mon tour sa nervosité qui s'ajoute à la mienne. Je le regarde toujours, attendant désespérément qu'il dise quelque chose de plus, qu'il réagisse. Il le sait, allez Caleb un petit effort. Je ne sais pas combien de temps je reste silencieuse à le regarder, on a sans doute l'air bête tout les deux mais je finis par bouger un peu juste pour souffler un coup, sans pour autant m'éloigner de lui. Je regarde sa main toujours sur mon ventre, et je le regarde lui. Et je rigole, de nervosité encore, mais aussi parce que cette situation est trop étrange finalement et que j'ai beaucoup trop de pression que je dois évacuer. Je rigole et je le regarde, et avant de parler je frappe son épaule, sans violence juste pour le faire réagir. « Allez fais un effort, je sais que tu as compris, alors dis quelque chose s'il te plaît. » Je finis par parler, par trouver le courage de faire une phrase. Je lui parle, d'abord en le suppliant presque de dire quelque chose, sauf qu'une fois la parole retrouvée, je ne m'arrête plus, je lui demande de dire quelque chose sans lui laisser le temps de le faire. Je serre sa main libre dans la mienne, peut-être avec un peu trop de force, alors que son autre main est toujours posée sur mon ventre et que j'ai toujours l'impression que mon rythme cardiaque menace de s'emballer à tout moment. « Je suis enceinte. » Cette phrase qui finit par sortir de ma bouche et qui vient mettre fin à tout suspense, si tant est qu'il y en avait encore. Cette phrase qui est pleine de sens, de souvenirs, d'espoirs mais aussi de douleurs liée à notre histoire. Cette phrase qui n'est anodine pour personne mais peut-être encore moins pour nous. Et je n'ose plus réellement le regarder alors que les mots sortent d'abord hésitants. Je n'ose pas le regarder alors je regarde sa main posé sur mon ventre, tout en réalisant que ce moment c'est le début d'une nouvelle histoire à trois. C'est maintenant que les choses commencent pour nous. « Tu vas être papa Caleb. » Et je parle, encore, énonçant des vérités logiques, mais que je me dois de prononcer à voix haute pour en prendre pleinement conscience. Et peut-être aussi pour lui faire prendre conscience de tout ça, pour qu'il réalise réellement ce que je suis en train de lui annoncer. « On va avoir un bébé. » Je cherche à éviter les blancs, éviter de réfléchir, éviter tout moment de vide face auquel je pourrais me retrouver. Il le sait que c'est ma façon à moi de gérer, ou du moins d'éviter de craquer, parler encore et encore mais j'en oublie de lui laisser le temps de réagir. J'en oublie de lui laisser le temps pour encaisser la nouvelle et pour réagir alors que je pose mon front contre son torse. « Je voulais que ce soir tout soit parfait, j'avais un cadeau pour toi. » J'hésite à partir lui chercher, mais je n'arrive pas à m'éloigner de lui et je continue de parler. « S'il te plaît dis moi que tu es heureux, dis moi que tout va bien se passer. Enfin dis quelque chose, n'importe quoi. » Je lui demande de me parler alors que je ne lui laisse aucune opportunité pour le faire. Je parle vite, je parle et je devrais me taire je le sais mais je n'y arrive pas, enfin si, j'y arrive mais s'il savait tout ce que je me retiens encore de lui dire. Je ne sais pas si je suis à deux doigts de pleurer, de vomir ou de m'effondrer mais je serre toujours sa main avec force, pour le garder près de moi. Je suis enceinte, je lui ai dis, maintenant il le sait et je ne peux plus faire marche arrière. Je n'en avais pas l'intention, à aucun moment, l'idée de fuir ne m'a traversé l'esprit, mais cette réalité qui prends forme me fait peur. Et si finalement c'est trop tôt pour lui ? Si finalement, cette grossesse faisait naître en lui le sentiment que je l'ai privé de Nathan ? Et si finalement, je lui prouve encore une fois que je ne suis pas à la hauteur ? Et si, et si et si … Des questionnements que j'ai su taire, que j'ai su contrôler toute la journée en me concentrant sur des choses pratiques, je me sens un peu submergée d'un coup par ce trop pleins d'émotions et après avoir parlé encore et encore, je finis par me taire.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Les minutes passent et je ne suis pas pour autant plus rassuré ou plus au clair avec ce qu’elle avait de si urgent à me dire. Elle me fait patienter encore un peu en m’obligeant à aller attendre dans le salon alors que je venais de commencer à faire la vaisselle. « Presque seulement ? Tu mens, je sais par expérience que ça t'excites totalement que je prenne les choses en main. » Elle accompagne ces quelques mots d’un clin d’œil avant de repartir à nouveau dans la cuisine et le sourire qui est présent sur mon visage est plutôt explicite. Je pourrais continuer à rentrer encore plus dans son jeu en lui disant qu’une femme qui ose prendre des initiatives au lit c’est quelque chose de très sexy – et c’est vrai – mais je préfère ne pas répondre parce que malgré tout je la sens assez stressée, ce qui me fait moi aussi stresser. La maison qu’elle me présente par la suite m’emballe complètement. J’ai envie de la visiter et quelque chose me dit qu’elle a raison et qu’elle pourrait être parfaite pour nous. Pas très loin de l’Interlude dans le centre-ville sans être dans une rue trop passante, la cuisine a l’air très bien, trois chambres – dont une pour nos futurs enfants, c’est elle qui l’a dit. C’est elle qui a parlé de futurs enfants – et un dressing pour Alex détail non négligeable quand on connait le nombre de vêtements qu’elle a en sa possession. Sur le papier oui, cette maison me plaît énormément et elle me semble être parfaite. Et on parvient à se mettre d’accord sur cette maison ce qui pourrait presque relever de l’exploit. À peine commencer à manger que pour la deuxième fois en bien trop peu de temps elle me pousse à danser avec elle et si j’accepte sans broncher c’est bien parce que je l’aime et que je veux vraiment tout faire pour lui faire plaisir. « Chut, écoute la musique, serre moi contre toi et danse, c'est tout ce dont j'ai besoin. » Je ne la questionne pas plus sur ce fameux cadeau qu’elle aurait apparemment pour moi et je m’exécute, je la serre dans mes bras tout en essayant de bouger au rythme de la musique. J’espère juste que sa subite lubie de danser n’est que passagère et qu’elle ne va pas commencer à me demander une danse tous les jours maintenant. On ne parle plus et le seul son que l’on peut entendre c’est cette musique sur laquelle nous avions aussi dansé il y a quelques semaines sur la plage. Je commence à me détendre et à arrêter de me prendre la tête sur la signification de cette soirée jusqu’à ce qu’elle ne prenne ma main pour la poser sur son ventre. Un geste qui est loin d’être anodin et l’insistance avec laquelle elle me regarde ne fait que le prouver davantage. Une première fois je lui demande des explications et elle rit ce qui me déstabilise encore plus. Pourquoi est-ce qu’elle rigole quand je lui demande de bien vouloir m’expliquer ce qu’il se passe ? Une deuxième fois, je lui dis que je ne suis pas sûr de comprendre ce qu’elle essaie de me dire. Le pire c’est qu’elle ne me répond pas, elle ne bouge plus elle me regarde attendant certainement que je réagisse sauf que pour que je puisse réagir il faudrait qu’elle me dise enfin ce qu’elle a à me dire. Encore une fois, elle rigole et j’ai presque l’impression qu’elle est en train de se foutre de ma gueule. Elle me frappe doucement l’épaule et elle semble enfin prête à ouvrir la bouche pour me répondre. « Allez fais un effort, je sais que tu as compris, alors dis quelque chose s'il te plaît. » Elle sait que j’ai compris. Oui mais non. Enfin ce n’est pas possible je ne peux pas avoir bien compris parce que c’est impossible. J’ai toujours fait attention on s’est toujours protégé alors ça ne peut pas être ça. Je la regarde, pas réellement sûr que l’on pense réellement à la même chose et avant que je ne puisse dire quoique ce soit je veux qu’elle soit bien plus claire avec moi. Elle me prend l’autre main et je la regarde toujours un peu confus. « Je suis enceinte. » Elle est enceinte. Mon cœur vient de louper un battement j’en suis persuadé. Ma première réaction aurait normalement été de sauter de joie sauf que la première chose que je me demande c’est comment elle vit cette annonce. Elle m’a organisé toute une soirée romantique pour m’annoncer ça alors je suppose que ça la rend heureuse, non ? Mais pourtant il y a deux mois elle était complètement paralysée à l’idée de pouvoir être enceinte et il y a seulement trois semaines elle me disait être prête à envisager ce genre de chose avec moi. Mais seulement à les envisager dans un futur plus ou moins proche, pas qu’elle se sentait prête à avoir un enfant là maintenant tout de suite. « T’es sûre ? Enfin je veux dire…t’es pas juste en retard de quelques jours ? » Impossible pour moi d’oublier sa crise de panique la dernière fois face à ses deux jours de retard avant d’avoir une quelconque réaction et avant de m’imaginer quoique ce soit je veux être sûr qu’elle soit certaine à cent pour cent de ce qu’elle m’avance. « Tu vas être papa Caleb. » Je vais être papa ? Vraiment ? Un grand sourire se dessine sur mon visage en entendant cette phrase, un sourire sincère et presque automatique. Elle est enceinte. Je vais être papa. Elle va être maman. Je ne m’attendais pas du tout à une nouvelle pareille mais je suis tellement heureux que je ne sais même pas quoi lui dire. Je m’apprête à ouvrir la bouche pour lui dire je ne sais quoi mais elle ne m’en laisse pas l’occasion, elle parle encore. « On va avoir un bébé. » Elle parle beaucoup et je sais que c’est sa manière à elle de gérer ou du moins d’essayer de gérer la situation. Mais on va avoir un bébé. Elle et moi. Dans neuf mois on ne sera plus que deux et maintenant tout ce qu’elle me disait avant prend un sens. Une chambre pour nos futurs enfants, le fait que je pourrais cuisiner pour notre famille. Je digère tout ça et j’ai encore du mal à réaliser ce qui est en train de se passer et elle ne me laisse pas en placer une puisqu’elle se remet à parler après avoir posé sa tête contre mon torse. « Je voulais que ce soir tout soit parfait, j'avais un cadeau pour toi. S'il te plaît dis moi que tu es heureux, dis moi que tout va bien se passer. Enfin dis quelque chose, n'importe quoi. » Si je suis heureux ? Elle ne peut même pas imaginer à quel point. Je la serre contre moi et au même moment je sens les larmes me monter aux yeux parce que je suis en train de réaliser ce qui est en train de se passer. Je la serre dans mes bras tout en laissant mes mains se balader dans son dos dans un geste qui se veut réconfortant parce que je la sens tout de même un peu stressée. Je me détache un peu d’elle sans pour autant trop m’en éloigner pour déposer un petit baiser sur son front. « Je ne me suis jamais senti aussi heureux de toute ma vie. » Et elle doit bien se douter qu’il s’agit de la vérité. Parce que des enfants j’en veux, elle le sait et le sujet a déjà été abordé plusieurs fois ces dernières semaines. « Alex tout est parfait je t’assure. Tu es parfaite. Et ça… » Ma main se pose à nouveau sur son ventre. « …c’est tellement parfait. Tout va bien se passer je t’assure que tu n’as aucune raison d’avoir peur. T’es pas toute seule. Je suis là et je peux t’assurer que je ne vais pas te lâcher pendant les neuf prochains mois. » Je lui avoue tout en souriant doucement et je la regarde à nouveau dans les yeux m’autorisant à me perdre dans son regard pendant je ne sais pas combien de secondes voire même minutes. « Tu peux même pas imaginer à quel point je t’aime. » Je lui ai déjà dit il y a quelques minutes mais là j’ai l’impression que mon amour pour elle vient de doubler voire même tripler. J’ai l’impression de l’aimer encore plus et je ne savais même pas que c’était encore possible tant mes sentiments pour elle étaient déjà forts. « Tu sais où tu en es dans la grossesse ? » Combien de semaines ? Combien de mois ? Si elle a déjà des nausées, si elle se sent fatiguée. Je veux qu’elle me dise tout et qu’elle me partage tout. Là maintenant tout de suite, je suis l’homme le plus heureux du monde.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
La, dans ses bras au milieu de mon salon, avec cette musique qui accompagne notre danse improvisée, je sens que c'est le moment. Le moment pour moi de partager ce que je ressens avec lui. Sa main déposée délicatement sur mon ventre dans un silence peut-être pas adapté à la situation, je suis incapable de parler, incapable de dire quoique ce soit. J'aurais tellement à lui dire pourtant mais je n'y arrive pas et lui semble perdu, surprit, inquiet, enfin je sais pas puisqu'il est juste figé. Il ne comprends pas, ou il ne veut pas comprendre, enfin j'en sais rien mais il me demande une explication. Deux fois, alors que moi je lâche un rire nerveux avant de le bousculer un peu pour qu'il réagisse. Je lui demande de dire quelque chose, mais il ne semble toujours pas prêt à réaliser ce que j'essaye de lui dire. Je vois à son regard qu'il est toujours perdu, qu'il réfléchit et je crains qu'il ne réussisse pas à réaliser tant que je ne lui aurais pas dis les choses clairement. Alors je prends sur moi, je prends sa main dans la mienne et je lui dis les mots qu'il semble attendre, ou redouter, ou ne pas oser. Je lui dis que je suis enceinte, pour mettre fin à toute cette incertitude. J'emploie ses mots, clairs, sauf qu'il ne réagit pas tout de suite. Il semble toujours hésitant, il l'est vraiment me demandant si je suis sûre de moi. « Oui, je suis sûre. » Je lui dis juste ça, sans entrer dans les détails, sans lui parler des deux tests faits, sans lui parler de cette prise de sang, je lui dis juste que je suis sûre, parce que oui je le suis. C'est peut-être même la seule certitude que j'ai. Je suis enceinte. Il va être papa, et c'est au moment ou je prononce cette phrase, qu'enfin il réagit. Je vois qu'il sourit, un vrai sourire, mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, parce que je parle, encore. J'en ai besoin. J'ai gardé en moi tout ça toute la journée, mes doutes, mes ressentis, mes émotions, mon stress. J'ai tout gardé et maintenant qu'il sait je veux lui dire tout ça mais je ne sais pas vraiment comment le faire. Je parle pour éviter ce blanc qui m'inquiète, je parle parce qu'au fond j'ai peur de ce que cette annonce peut provoquer entre nous. Je m'appuie contre lui, la tête sur son torse et je finis par me taire après lui avoir demandé de me dire quelque chose, parce que j'ai besoin d'une réaction claire. Il a eu besoin que je sois claire avec lui sur ce que j'avais à lui annoncer, cette fois c'est moi qui ais besoin qu'il le soit à son tour. Je sens qu'il resserre son étreinte, je sens ses mains qui frottent mon dos, il ne dit rien mais il me montre son soutien autrement. Je n'ose pas le regarder parce que j'ai peur de ce qu'il pourra voir dans mon regard. Je suis fébrile à ce moment précis. Je ne parle plus, mais lui non plus et je n'aime pas ce silence, incertain qui laisse une petite place aux doutes. Est-ce qu'il est heureux ? Est-ce qu'il est toujours prêt pour ça ? Est-ce que maintenant que les choses sont concrètes, il n'a pas peur ? Parce que moi je suis terrifiée. Je le sens qui bouge un peu, je ne veux pas le sentir s'éloigner, je veux rester contre lui. J'ai besoin de lui, plus que jamais, j'ai besoin de lui. Il dépose un baiser sur mon front et je relève la tête vers lui pour voir ses yeux légèrement humides. Il est ému je le vois et je crains d'être incapable de retenir mes larmes. Déjà que je pleure assez facilement alors là, ça s'annonce impossible pour moi de garder en moi toute cette émotion que je ressens. « Je ne me suis jamais senti aussi heureux de toute ma vie. » Enfin il parle, et moi je le regarde, partageant cette émotion avec lui. Il est heureux, plus heureux que jamais et c'est en partie grâce à moi. Je peux le rendre heureux et après tout ce que je lui ai fais vivre, sa déclaration me touche énormément. Il est heureux de cette grossesse, il n'a pas peur, il ne semble pas inquiet, il est juste heureux et je me mords la lèvre pour ne pas pleurer. Parce que je me sens peu à peu soulagée de ne plus avoir à porter ça toute seule, et je peux laisser tomber mon stress, je peux arrêter d'être dans la retenue pour être avec lui dans ce moment si spécial. « Alex tout est parfait je t'assure. Tu es parfaite. Et ça, c'est tellement parfait. Tout va bien se passer je t'assure que tu n'as aucune raison d'avoir peur. T'es pas toute seule. Je suis là et je peux t'assurer que je ne vais pas te lâcher pendant les neuf prochains mois. » Cette fois, c'est lui qui pose sa main sur mon ventre dans un geste maîtrisé et délicat et ma main se pose sur la sienne pour partager ce moment de complicité entre nous. Et les larmes coulent sans que je ne puisse les retenir. Tout est parfait, je suis parfaite et si je doute encore sur cette dernière chose, je retiens que tout est parfait. Je n'ai pas tout gâché et cette annonce est parfaite pour lui. Et c'est à ce moment qu'il me rassure, qu'il me fait part de son soutien, qu'il me dit tout ce que j'ai besoin d'entendre. « J'ai besoin de toi. » Je lui souffle ces mots, doucement mais avec une émotion énorme dans la voix. J'ai besoin de lui, plus que jamais parce que je ne pourrais jamais faire ça toute seule. Pas encore et même si je n'ai pas de doute sur sa sincérité et que je sais qu'il sera là, il vient de me le dire. J'ai besoin de lui dire ces quelques mots. « J'ai vraiment besoin de toi pour être là tout le temps, je peux pas faire ça sans toi, je suis sérieuse. » Je ne lui dis pas à quel point j'ai été chamboulé par cette nouvelle en découvrant le résultat du test, je ne lui dis pas mes larmes, seule sur mon lit, je ne veux pas lui faire peur, ni gâcher ce moment d'émotions et de partage, mais j'ai besoin qu'il comprenne que sans lui je n'y arriverais pas. Lui il sourit tout en me regardant, il sourit, il est heureux, ému et le voir aussi ravi m'apaise un peu. Pour lui cette nouvelle ne semble que positive, elle est parfaite, il l'a dit. Alors je veux juste garder ça à l'esprit pour le moment. Le fait qu'il soit heureux, plus heureux que jamais et juste me laisser envahir par cette émotion qu'il me laisse entrevoir. Son émotion et son amour pour moi. Qu'est-ce que j'aime cet homme ! Et au lieu de lui répondre avec des mots, je l'embrasse. Mes mains autour de son cou, mon corps qui se colle au sien, je l'embrasse avec tendresse. Un long baiser qui vient comme sceller le souvenir de cet instant. L'émotion, les sentiments, tout est fort et le baiser l'est aussi parce qu'il est à l'image de l'amour que j'ai pour lui. Jamais je n'aurais pu accepter de revivre une grossesse avec quelqu'un d'autre que lui, jamais je n'aurais accepté ça si ce n'était pas pour lui et avec lui. Cette vie, c'est avec lui que je suis prête à l'envisager, et avec personne d'autre. « Je suis heureuse aussi et je t'aime tellement. » Je lui dis ces quelques mots alors que ma bouche reste à proximité de la sienne. Je suis terrifiée mais je suis heureuse là dans ses bras, alors que je vois toute son émotion et c'est important que je lui dise ces mots parce que je sais qu'il a eu cette crainte, celle que je ne sois pas heureuse avec lui. Et après ce moment de partage ou l'émotion est forte, je souffle un peu parce que cette journée a été beaucoup trop riche en émotion pour moi et que là désormais j'ai l'impression que je peux enfin me laisser aller, parce qu'il est là avec moi. Il semble avoir encaissé la nouvelle et il me demande si je sais ou j'en suis dans la grossesse. Les résultats de la prise de sang, laissaient penser à un peu plus d'un mois. Mais je repense à tout ces calculs que j'ai pu faire aujourd'hui pour essayer de dater la chose, pour comprendre aussi ou nous avions eu un raté et j'en suis arrivée à une conclusion qui me semble logique et que je partage avec lui. « D'après mes calculs, je dirais trois semaines, un mois. » Et je le regarde, les yeux encore remplis de larmes et je rigole un peu, comme je l'avais fais plus tôt. Nerveusement, je le regarde et je rigole avant de partager avec lui ce qui provoque mon fou-rire. « Tu sais que quelque soit la date ça veut juste dire que tu es incapable de mettre une capote correctement ! » Quelque soit la date, le résultat est le même, je suis enceinte et c'est en partie lui le responsable de tout ça. Je rigole, et c'est bien la preuve que je prends bien la nouvelle finalement. Sinon je n'aurais sans doute pas été capable d'en rire non ? Sa présence m'apaise tellement et je me moque un peu de lui alors que c'est pas anodin le résultat, mais ça fait du bien de rire, de me moquer de lui quelques secondes alors que la pression retombe petit à petit et qu'un sourire naît sur mon visage à mesure que la tension dans mon corps se relâche. Et alors que je commence à me détendre, je repense à ce cadeau que j'avais préparé pour lui. Cette boite emballée par mes soins contenant un ensemble de chose pour bébé. Des objets que j'ai été acheté rien que pour cette surprise, alors je ne vais pas laisser ça de côté. « J'ai quand même un cadeau pour toi. » Pour la première fois depuis que je lui ai annoncé la nouvelle, je me détache de lui pour aller lui chercher ce cadeau dont je lui parle depuis le début de la soirée. La surprise n'est plus la même, mais je veux quand même lui offrir, je veux quand même le voir réaliser tout ce que j'ai fais aujourd'hui juste pour nous, lui montrer que je me suis impliquée parce que c'est ça le plus important. J'ai peur, je pense que j'aurais toujours peur, mais au lieu de fuir ou de refuser la vérité, j'ai été dans un magasin pour bébé acheter tout ça pour lui faire cette surprise. Je m'installe sur le canapé, déposant le cadeau sur la table basse tout en lui faisant signe de venir s'installer à mes côtés. Je dépose ma tête contre son épaule alors qu'il s'installe à mes côtés, la boite sur ses genoux encore emballée. Et j'attends de voir sa réaction, j'attends de le voir découvrir cette tétine marqué d'un simple 'i love my daddy' achetée pour lui. De le voir tenir ce petit doudou que j'ai choisi pour marquer l'occasion. Et de regarder cette ardoise sur laquelle j'ai juste écrit une simple 'Girl or boy ?' Toutes ces petites attentions auxquelles j'ai pensé exprès pour ce moment. Je veux qu'il découvre tout ça avec toujours ce même regard, celui qui me prouve que cette nouvelle est une super nouvelle et que rien ne peut venir perturber son bonheur.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Alex est enceinte. On va avoir bébé. Je vais être papa. C’est complètement fou et j’ai encore beaucoup de mal à réaliser ce qu’elle vient de m’annoncer et pourtant. Elle est enceinte. Je vais être papa. On va avoir un enfant tous les deux. Un peu comme si l’univers me donnait une deuxième chance de vivre cette vie dont j’ai toujours rêvée. Avoir un enfant, lui donner tout l’amour et toute l’affection du monde. C’est bien ce que je compte faire et c’est déjà ce que je fais parce que j’ai déjà l’impression d’aimer ce fœtus. J’ai déjà hâte de pouvoir aller au premier rendez-vous avec le gynécologue, la première échographie, la première fois que je vais pouvoir le voir, entendre son cœur battre. Je suis heureux, tellement heureux. Je ne m’attendais pas à cette annonce, pas du tout. Alex semble bien trop détendue et la voir comme ça est presque étrange. Elle n’a pas l’air réellement stressée, elle va bien. Cette fois ce n’est pas une fausse alerte simplement basée sur la panique comme la dernière fois, elle me l’affirme, elle est vraiment enceinte. Une partie de moi ne peut pas s’empêcher de paniquer face à sa réaction qui pourrait changer d’une seconde à l’autre, parce qu’elle est instable elle pourrait d’un coup se mettre à pleurer en me disant qu’elle ne veut pas le garder parce qu’il y a trois semaines elle me disait être d’accord pour envisager cet avenir mais pas pour le vivre dans l’immédiat. Moi je suis prêt pour avoir un enfant et je le sais depuis un moment déjà. Mais elle ? Comment est-ce qu’elle se sent face à ça ? Alors j’essaie de la rassurer comme je peux en lui disant qu’elle n’est pas seule que je suis là avec elle et que je compte bien ne pas la lâcher durant les neuf prochains mois. Je vois des larmes couler le long de ses joues ce qui me fait presque immédiatement paniquer, est-ce que c’est des larmes de joie ? De panique ? De tristesse ? Je n’en sais rien et je ne peux pas lui demander ça. Ses larmes me font un peu peur mais j’essaie de ne pas lui montrer, je les essuie d’un geste tendre avec mon pouce sans la quitter des yeux. « J’ai besoin de toi. » Donc elle ne va pas partir ? Si elle a besoin de moi, ça veut dire qu’elle ne partira pas ? Je pense. Je suppose. J’espère. Parce que la dernière fois qu’elle est tombée enceinte, elle est partie et je pense que j’ai encore cette crainte qui ne me quitte pas. Déjà qu’avant cette annonce j’y pensais encore beaucoup, mais maintenant que je sais qu’elle est enceinte je pense que cette peur ne risque pas de me quitter. Sauf qu’elle me dit avoir besoin de moi alors en toute logique ça devrait vouloir dire qu’elle ne compte pas partir une deuxième fois. « J'ai vraiment besoin de toi pour être là tout le temps, je peux pas faire ça sans toi, je suis sérieuse. » Elle me le dit une deuxième fois. Elle a besoin de moi, j’ai besoin d’elle et de ce petit être qui viendra chambouler nos vies dans quelques mois. « Je compte aller nul part mon amour. » Enceinte ou pas je ne comptais pas partir, je commençais déjà à penser à cette vie que l’on pourrait mener tous les deux. Ce bébé arrive plus tôt que prévu certes, mais ce n’est pas quelque chose qui me fait peur. Parce que je sais que je suis prêt, je sais comment gérer cette situation et ça ne me fait pas peur du tout. Un bébé, la preuve de notre amour et de nos sentiments forts l’un pour l’autre. Elle m’embrasse et je laisse mes mains redescendre vers le bas de son dos pour la rapprocher de moi au maximum, je prolonge ce baiser aussi longtemps que possible. Ce baiser qui lui aussi prouve notre amour, tout comme cet enfant qui va voir le jour dans quelques mois et seulement avec cette simple pensée un sourire s’étire sur mes lèvres. « Je suis heureuse aussi et je t'aime tellement. » Elle est heureuse, donc elle ne va pas partir ? Mais la dernière fois aussi elle était heureuse, elle m’aimait aussi mais pourtant elle m’a quand même quitté. Et alors que cette fichue pensée ne semble pas vouloir quitter mon esprit j’essaie de la chasser en reposant à nouveau mes lèvres contre les siennes. Un autre baiser tendre, rempli de passion et je laisse une de mes mains posées initialement sur le bas de son dos remonter sur sa joue. Je finis par rompre le contact de nos lèvres pour nous laisser respirer un peu et je la regarde dans les yeux caressant sa joue et prenant sa main dans la mienne. « Promets-moi de ne pas me laisser cette fois. Que tu ne partiras nulle part. » Parce que la dernière fois elle est tombée enceinte, elle a paniqué et elle est partie. Alors même si c’est sûrement ridicule de ma part de lui faire part de mon inquiétude et de ma peur de voir l’histoire se répéter. Elle n’a pourtant pas l’air si inquiète que ça mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir peur de rentrer du travail un soir et de me rendre compte qu’elle est de nouveau partie. Parce que je sais que je vais m’attacher très vite à cet enfant, bien avant sa naissance et surtout à partir du moment où la grossesse commencera à se voir. « D'après mes calculs, je dirais trois semaines, un mois. » Donc plus ou moins à sa sortie de cure, ou un peu avant ? J’hoche doucement la tête et avant même que je ne puisse réagir elle se met à rire encore une fois. Je la regarde en souriant, bien qu’un peu confus sur son fou rire si soudain. « Tu sais que quelque soit la date ça veut juste dire que tu es incapable de mettre une capote correctement ! » C’est à mon tour de rire et je lève les yeux au ciel l’air faussement vexé par cette remarque. « Bah oui bien sûr, tout de suite c’est de ma faute. » Je la pousse doucement, toujours un sourire plaqué sur les lèvres. Elle a raison, c’est sûrement de ma faute. J’ai dû merder quelque part une fois, mais au final le résultat reste le même : elle est enceinte et je n’ai jamais été aussi heureux d’avoir mal mis une capote. « J'ai quand même un cadeau pour toi. » Quand elle s’éloigne de moi je commence à râler parce que je voulais la garder contre moi encore longtemps oubliant presque ma faim et ses lasagnes pas assez cuites qui nous attendent pourtant sur la table à quelques mètres de-là. « Je croyais que mon cadeau c’était l’annonce de ta grossesse. » Parce que clairement à mes yeux c’est un cadeau. C’en est réellement un. Mais je la vois revenir avec une petite boîte parfaitement emballée et je la rejoins sur le canapé quand elle me fait signe de m’installer à côté d’elle. Je prends la boîte et la secoue doucement d’un air intrigué et je finis par l’ouvrir. La première chose que je vois à l’intérieur ; un doudou et je le prends, je le regarde tout en abordant un sourire attendri. C’est ensuite une ardoise qui attire mon attention. Une fille ou un garçon peu m’importe je suis déjà prêt à lui donner tout l’amour du monde et tout ce que j’ai pour le rendre heureux. C’est pas grand-chose mais je me sens une nouvelle fois ému, et encore plus quand je sors le dernier objet de cette boîte : cette tétine avec comme inscription ‘I love my daddy’. Ces objets rendent l’annonce encore plus réelle et je sens une nouvelle fois que les larmes me montent aux yeux. J’ai simplement l’impression de rêver, parce que je ne pensais pas que je serais vraiment dans cette situation un jour, j’avais commencé à perdre un peu espoir et au final je n’aurais peut-être pas dû. Je pose tout sur mes genoux j’embrasse Alex sur la joue et je la prends dans mes bras en espérant qu’elle n’ait pas vu ces larmes qui menacent de couler à tout moment parce que je n’ai pas envie qu’elle en profite pour me taquiner là-dessus. « C’est parfait, merci. J’ai encore un peu de mal à y croire. » Et en même temps, je m’attendais à tout sauf à ça. Pas une grossesse, ça me semblait tellement improbable. Je me détache d’elle tout en soufflant un bon coup comme pour relâcher toute la pression. Je garde le doudou dans les mains et je le fixe pendant quelques secondes tout en me pinçant les lèvres. « Comment tu te sens ? T’es pas trop fatiguée ? T’as pas encore des nausées ? » Il y a encore des millions de questions que j’ai envie de lui poser mais chaque chose en son temps et je n’ai pas envie de la brusquer.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
Quelques larmes roulent sur mes joues, des larmes qu'il vient essuyer de son pouce tout en me regardant sans me juger. Il me rassure, il me dit les mots que j'ai besoin d'entendre et je me sens soutenue, rassurée. Je me sens en sécurité dans ses bras et je peux laisser mes émotions s'exprimer. Je sais qu'il est là et c'est tout ce dont j'ai besoin. J'ai besoin de lui, et c'est ce que je lui dis alors que je suis toujours bien serrée à lui, dans le creux de ses bras à chercher cette sensation de bien-être que je ressens toujours à son contact. « Je compte aller nul part mon amour. » Je souris quand il prononce ces mots, parce que même si au fond de moi je savais déjà qu'il ne comptait pas partir, l'entendre me le dire m'apaise. C'est bête, totalement bête, et je le sais, mais il me fallait l'entendre là maintenant à ce moment précis. Parce que je ne suis plus toute seule à partir d'aujourd'hui, et même si je fais beaucoup d'effort, prendre soin de moi c'est déjà compliqué par moment alors prendre soin de cet enfant à venir, c'est extrêmement terrifiant au fond. Et j'ai plus que besoin de lui pour ça, pour m'aider à ne plus jamais paniquer, pour ne plus jamais me laisser entrevoir le pire de chaque situation. Je veux le meilleur, je le veux avec lui et ce bébé doit être le meilleur pour nous. Et c'est ma responsabilité, je suis responsable du destin de cette petite graine, et si je continue à penser ainsi, je vais sans doute prendre peur. Je l'embrasse, je me concentre sur ses lèvres qui affichent un sourire énorme depuis qu'il sait. Je me concentre sur ce que je ressens alors que mes lèvres se posent sur les siens, alors que ses mains m'attirent contre lui encore un peu plus. On est ensemble, réellement ensemble, engagés l'un envers l'autre avec ce bébé. Je lui ai avoué la vérité, dès le début. J'ai partagé ça avec lui, me liant à cet homme et à cet enfant à venir. Et finalement, je suis toujours dans mon salon, dans ses bras, à l'embrasser avec la même passion, le même désir. Il est heureux, et j'ai son sourire en mémoire, ses mots aussi. Caleb me disant qu'il n'a jamais été aussi heureux, et moi qui avait eu peur que cette annonce puisse changer les choses, ou ramener des souvenirs douloureux entre nous. Je l'embrasse et il me rends mon baiser, le prolongeant encore un peu alors que ce moment de complicité entre nous me permet de me calmer et de faire le vide dans ma tête. Il n'y a rien d'autre qui compte ce soir, juste nous. Notre présent et les émotions que l'on partage ensemble. Mes lèvres se détachent des siennes quelques secondes, juste pour lui dire que je suis heureuse, parce qu'à ce moment précis, je le suis réellement. Parce qu'il est là, parce qu'il est lui et parce qu'il m'apporte tout ce dont j'ai besoin sans même avoir à lui en faire la demande. Son soutien, son assurance, et surtout son amour. Et à son tour il m'embrasse, les yeux fermés je profite de ce moment de tendresse entre nous jusqu'à ce qu'il rompe le contact, et tout en me prenant la main, il me pose une question légitime mais à laquelle je ne m'attendais pas. « Promets-moi de ne pas me laisser cette fois. Que tu ne partiras nulle part. » Cette fois. Voilà les premiers souvenirs douloureux qui reviennent, et c'est lui qui est le premier à les exprimer. Je sais que je lui ai fais du mal, beaucoup de mal en partant comme ça du jour au lendemain, je le sais et cette fois c'est à moi de faire en sorte de le rassurer, parce que cette peur qu'il a c'est moi qui l'ait crée. C'est à cause de moi qu'il pense à ça maintenant alors que ce moment devrait être parfait. « Je te le promets. » Sûre de moi, je dois le convaincre, c'est mon rôle il doit me croire. « Je ne vais nulle part sans toi. » Ma main qui serre la sienne comme pour appuyer mes propos et lui montrer que je suis là avec lui, liée à lui. « On est ensemble chéri, c'est nous maintenant. Toi, moi et ce petit pois, cette crevette. Enfin ce mini-nous. » Je lui souris alors que je me sens mal à l'aise tandis que je cherche la meilleure manière de parler de cette petite vie qui grandit en moi. Mes yeux se focalisent sur mon ventre, encore normal et qui ne laisse absolument pas présager de ce qu'il nous attends. « On va vivre ça ensemble, je te le promets. » Une autre promesse, sans doute dans ma voix, sans hésitation parce que je ne vais pas partir et qu'il ne va pas le faire non plus. Alors c'est bien ensemble, en couple que l'on va vivre cette expérience, parce que je ne veux plus jamais avoir à vivre ça toute seule. C'est avec lui que j'ai ce projet, c'est de lui que je suis enceinte et c'est dans ses bras que je veux être, avec lui que je veux partager mes joies et mes peines. Avec lui que je veux être tout simplement et j'en suis sûre de ça et il doit lui aussi en être sûr. Et alors que j'espère avoir réussi à lui apporter les réponses nécessaires pour le rassurer, il me questionne pour savoir ou j'en suis dans la grossesse. Je ne peux pas lui donner de réponses précises, juste une estimation basée sur mes propres calculs, qui a une semaine près doivent être justes. Et je profite de cette annonce pour rire un peu, laisser la tension retomber en me moquant légèrement de lui et de sa capacité (ou plutôt non capacité) à utiliser avec efficacité un préservatif. Il rit avec moi et ça fait du bien d'entendre son rire, même s'il fait semblant d'être vexé. « Bah oui bien sûr, tout de suite c’est de ma faute. » Techniquement on était deux pour faire cet enfant, donc non il n'a pas tout les tords, loin de là. « Pour le moment, j'accepte de partager la responsabilité avec toi, mais quand je serais énorme, attends-toi à être le seul responsable. » Et je réalise à cet instant tout ce que ça implique pour la suite pour mon corps, pour mon quotidien, pour toute ma vie. Plus de sports intenses, plus de cigarettes, les hormones, mon humeur variable, la fatigue, la prise de poids. J'ai bien le temps de penser à tout ça, et j'essaye de ne pas me laisser perturber par toutes ces pensées qui n'ont pas leur place là maintenant. Je me concentre sur ce moment et ce moment c'est celui ou on partage l'émotion de découvrir cette nouvelle. Rien d'autre et je lui parle de ce cadeau que je dois lui offrir, tout en m'éloignant de lui. « Je croyais que mon cadeau c’était l’annonce de ta grossesse. » Oui bon c'était ça le cadeau, un cadeau en guise d'annonce mais j'ai un peu tout gâcher, mais je tiens tout de même à lui offrir cette boite. Contre lui je l'observe déballé un à un les objets présents dans cette boite, tous en lien avec cette grande nouvelle que je lui ai déjà annoncé. Je regarde ses yeux, son sourire, je ne suis même pas sûre de l'avoir déjà vu aussi touché, aussi attendri, aussi ému. Je crois bien que c'est la première fois que je le vois au bord des larmes comme ça, et voilà que j'ai encore envie de pleurer. « Je ne t'ai jamais vu aussi ému. » Ce n'est ni une moquerie, ni un reproche, bien au contraire, je suis vraiment sensible à son émotion et ça me touche de le voir ainsi. Je l'ai vu sous bien des facettes Caleb, mais le voir aussi touché, et surtout le voir montrer son émotion comme ça, c'est pas courant. « C’est parfait, merci. J’ai encore un peu de mal à y croire. » L'annonce m'a secoué, et je comprends qu'il ait besoin de quelques secondes pour souffler lui aussi. L'émotion intense commence à retomber un peu et il lâche la pression, je l'imite soufflant moi aussi et essuyant mes yeux humides tout en laissant ma tête retomber sur les cousins du canapé. C'est sa voix qui finit par mettre fin à ces quelques secondes de silence, et il me demande comment je me sens. Précisant ses questions, ce qui m'aide à lui répondre de façon plus concrète, parce que si je devais lui dire comment je me sens réellement, ce serait sans doute bien trop long. « Ça va, je vais bien, je suis pas fatiguée, par contre je m'excuse d'avance si je suis horrible avec toi dans les semaines à venir mais ça fait quatre jours que j'ai quelques nausées et j'en peux déjà plus. » Je lui souris pour lui montrer que j'exagère et oui j'abuse un peu, très légèrement mais je découvre les premiers symptômes d'un début de grossesse que je n'avais pas connu lors de ma grossesse précédente et je dois bien dire que l'idée de me lever tout les matins avec l'estomac aussi capricieux et sensible au odeur, ne m'enchante guère. « D'ailleurs j'ai vu tout à l'heure que l'odeur du restaurant sur toi, c'est pas une odeur très agréable. » Je garde un sourire sur mes lèvres tout en essayant de partager des choses avec lui. Les premières choses de la grossesse que je découvre pour qu'il les découvre aussi. « Ce matin j'ai pleuré, j'ai pensé à tout ce que l'on a vécu, j'ai pensé à lui et j'ai pleuré. Et puis j'ai vu ton sourire sur la photo dans la chambre, et j'ai compris que c'était une bonne chose pour nous. » Je ne sais pas si c'est une bonne chose de partager ça avec lui, ce soir. Mais je ne veux pas lui cacher les choses. Oui j'ai pleuré, oui j'ai craqué mais je vais bien ce soir. Du moins aussi bien que je puisse au vue des circonstances et je sais que c'est une bonne chose pour nous et pour lui. « Mais je vais bien ce soir, regarde je suis calme. J'ai eu un peu peur, mais je sais qu'on va y arriver. Tu vas être un super papa. » Un super papa, un nouveau rôle pour lui qu'il va assumer à merveille je n'ai absolument aucune inquiétude sur ses capacités à lui. J'ai confiance en lui, je ne doute pas de lui et je sais qu'il sera un père formidable, je le sais. Et je ressens l'envie de lui dire, parce que c'est pour ça que je n'ai pas totalement sombré, pas totalement perdue pied. Parce que je sais qu'il sera tout simplement là, avec moi, heureux et qu'il sera à la hauteur. Parce que je le connais, parce que je sais qui il est et comment il est. Je sais qu'il ferait n'importe quoi pour ses proches, je sais qu'il donnerait tout pour les gens qu'il aime, je connais ses qualités, je connais ses principes aussi et je ne doute pas de lui.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Depuis qu’elle m’a annoncé être enceinte j’ai l’impression de l’aimer encore plus qu’avant alors que je ne pensais sincèrement pas que ce soit possible. Et pourtant maintenant elle est bien plus qu’Alex, ma petite amie, elle est également la future mère de mon enfant qui est en train de prendre vie en elle. On s’embrasse j’essaie de la garder au plus près de moi, je suis entièrement comblé bien que toujours un peu sous le choc. Mais depuis quelques minutes mes lèvres sont étirées en un grand sourire et j’ai l’impression de vivre un véritable rêve éveillé. Me dire que dans neuf mois nous ne serons plus seulement deux mais trois ne me fait même pas peur du tout parce que je sais que je suis prêt pour ça. Une grossesse, un enfant j’aurai bientôt trente-et-un an et je pense qu’il est grand temps pour moi de commencer à fonder ma propre famille avec la femme que j’aime et donc sûrement, celle avec qui je vais passer le reste de ma vie. Penser ça ne me fait pas peur non plus, je sais qu’Alex et moi on est fait pour être ensemble parce que malgré tous les obstacles qui se sont mis en travers de notre chemin on est toujours ensemble plus soudés et amoureux que jamais. Tout n’a pas été facile entre elle et moi mais pour nous, pour notre couple et surtout pour cette famille que nous nous sommes en train de fonder, je suis prêt à tout. Cet engagement qui nous lie à vie ne me fait pas peur, mais par conte j’aimerais être sûr qu’elle ne compte pas partir comme elle l’a fait la dernière fois. Elle m’a déjà dit plusieurs fois qu’elle ne comptait pas me quitter à nouveau mais maintenant qu’elle est enceinte je ne suis pas franchement beaucoup rassuré parce que la première fois qu’elle est partie comme ça, c’est quand elle a découvert sa grossesse. « Je te le promets. Je ne vais nulle part sans toi. On est ensemble chéri, c'est nous maintenant. Toi, moi et ce petit pois, cette crevette. Enfin ce mini-nous. » Un nouveau sourire se dessine sur mon visage (ou plutôt s’agrandit) quand elle lui donne ces trois petits surnoms que je trouve immédiatement adorables. Une mini-Alex, ou un mini-Caleb. Un mini-nous. Je souris encore davantage parce que ça m’aide à réaliser encore un peu plus la situation. Elle est enceinte, elle a un mini-nous qui est en train de grandir en elle, un petit pois. C’est beau et je suis tellement heureux. « C’est beaucoup trop mignon. » Je me contente de lui dire un immense sourire aux lèvres. Et je me sens presque con à sourire comme ça. J’ai l’impression de passer pour un imbécile mais cette nouvelle me rend tellement heureux que j’ai beaucoup de mal à me contrôler. « On va vivre ça ensemble, je te le promets. » Je la regarde dans les yeux tout en hochant doucement la tête. Je la crois, j’essaie surtout de ne pas penser au pire et ça, c’est assez compliqué pour moi mais je fais mon maximum. Cette fois elle ne partira pas, elle va rester avec moi jusqu’à la fin de cette grossesse et même après. Je sais que je n’arrête pas de le dire et que je dois être agaçant mais si vous saviez à quel point je suis heureux là maintenant tout de suite. Je commence mes premières questions au sujet de la grossesse en lui demandant si elle sait à combien de semaines elle en est déjà et après m’avoir donné une vraie réponse elle ne se gêne pas à me lancer un petit pic sur ma grande part de responsabilité. « Pour le moment, j'accepte de partager la responsabilité avec toi, mais quand je serais énorme, attends-toi à être le seul responsable. » Sa réponse me fait vraiment rire. Je serai donc celui qui a été incapable de bien utiliser un moyen de contraception mais au final j’accepte d’endosser ce rôle. Parce que ce soir j’ai appris que j’allais être papa et rien ni personne ne pourra me faire redescendre de mon petit nuage de bonheur. Et encore moins maintenant que j’ai déballé le cadeau qu’elle m’avait préparé. Une boîte remplie de petites choses qui seront utiles à ce petit pois et plus j’en découvre le contenu plus je suis ému et je me sens presque con à réagir ainsi. Là pour le coup elle aura de quoi se foutre de ma gueule. J’ai envie de pleurer en voyant ce doudou et cette tétine. « Je ne t'ai jamais vu aussi ému. » Les yeux toujours rivés sur ce doudou je lâche un petit rire juste avant de renifler, je lui donne un léger coup sur l’épaule. « Te moque pas ! » Même si je sais bien que ce n’est pas en lui disant cela qu’elle va soudainement arrêter. « Je ne m’y attendais vraiment pas. J’avais tiré un trait sur l’option bébé pour un moment encore. » Parce que même si elle m’avait dit ne pas être forcément contre avoir un enfant elle avait bien précisé qu’elle était simplement prête à l’envisager. La voir elle aussi émue ne me laisse pas indifférent parce que même si je l’ai déjà vu pleurer à plusieurs reprises je ne l’avais jamais vu dans cet état-là. Simplement émue, heureuse et apaisée. « Ça va, je vais bien, je suis pas fatiguée, par contre je m'excuse d'avance si je suis horrible avec toi dans les semaines à venir mais ça fait quatre jours que j'ai quelques nausées et j'en peux déjà plus. » Je ne la quitte pas des yeux alors qu’elle commence à me parler un peu de son ressenti du début de grossesse. Je prends sa main dans la mienne pour venir y déposer un léger baiser sur le dos de celle-ci comme pour la réconforter pour ces nausées qui semblent déjà assez énervantes. « Il faudra que tu me dises s’il y a des odeurs ou des aliments que tu ne supportes pas pour que j’y fasse attention et que j’évite de les cuisiner ici. » Parce que je me soucis de son bien-être. Elle porte mon enfant et rien que pour ça, j’ai envie de prendre soin d’elle afin de m’assurer qu’elle vive au mieux ces premiers mois de grossesse pas toujours bien supportés. « D'ailleurs j'ai vu tout à l'heure que l'odeur du restaurant sur toi, c'est pas une odeur très agréable. » Elle sourit mais moi quand elle me dit ça presque instantanément je grimace et la regarde d’un air compatissant et sincèrement navré. « Désolé… » Je la regarde toujours en gardant sa main dans la mienne. « Ce matin j'ai pleuré, j'ai pensé à tout ce que l'on a vécu, j'ai pensé à lui et j'ai pleuré. Et puis j'ai vu ton sourire sur la photo dans la chambre, et j'ai compris que c'était une bonne chose pour nous. » Elle a pensé à lui à Nathan et je me rends compte que je n’y avais absolument pas pensé avant qu’elle ne l’évoque, et ça me fait presque culpabiliser. Je ne sais pas si je suis censé lui répondre et si oui, ce que je dois lui dire. « Bien sûr que c’est une bonne chose. Je sais que pour toi c’est un peu précipité et que tu aurais préféré attendre encore un peu mais je peux te promettre que tout va bien se passer. On va y arriver. » J’essaie de la rassurer en lui assurant que les choses vont bien se dérouler parce que j’en suis persuadé. « Mais je vais bien ce soir, regarde je suis calme. J'ai eu un peu peur, mais je sais qu'on va y arriver. Tu vas être un super papa. » Cette toute dernière phrase me fait une nouvelle fois sourire énormément. Un super papa je ne sais pas mais j’espère réussir à rendre ce petit pois heureux, je vais tout faire pour en tout cas. « Je sais que tu en doutes mais toi aussi tu vas être une maman exceptionnelle Alex. Moi j’en doute pas une seule seconde, j’ai confiance en toi. » Sinon je n’aurais jamais évoqué l’envie d’avoir des enfants avec elle. Je crois en elle, j’ai confiance en elle. Vraiment. « Tu le sais depuis quand ? » J’entremêle nos doigts et je continue mes questions sans pour autant être trop oppressant mais je crois surtout que j’ai encore beaucoup de mal à réaliser ce qui est en train de m’arriver.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
Si ce matin, on m'avait dit que les choses se passeraient aussi calmement, aussi sereinement, j'aurais sans doute eu beaucoup de mal à y croire. Et pourtant je suis là face à lui, dans ses bras, à le rassurer sur mes intentions. Je le rassure, du moins je tente de le rassurer en lui promettant que je ne vais pas partir. Pas cette fois. Et si sa peur est légitime, cette fois tout est différent. Parce que lui ait avoué la vérité. Je ne suis plus toute seule, je ne l'ai pas tenu à l'écart et je compte bien faire ça avec lui. Parce que sans lui c'est inenvisageable. J'essaye de le rassurer en évoquant cette vie naissante qui symbolise tellement pour nous. Cherchant le meilleur moyen de l'évoquer, je galère un peu avec les surnoms, que ce soit le petit pois, la crevette ou le mini-nous, je ne sais pas comment je dois parler de lui mais je le fais et c'est ça qu'il faut que je retienne, et que lui aussi doit retenir. J'arrive à l'évoquer, j'arrive à le rendre réel et tout ça sans m'effondrer, sans paniquer alors que tout devient un peu plus concret à mesure que j'en parle avec lui. « C’est beaucoup trop mignon. » Et venant de lui ça veut dire beaucoup, parce qu'il est quand même tellement plus cute que moi, alors s'il le dit c'est que ça doit l'être vraiment. Son sourire est immense et j'en viens à me demander comment il fait pour ne pas avoir mal aux joues, mais je crois que c'est pas le genre de questions que je dois lui poser, alors je me contente de profiter de son sourire alors que j'espère vraiment avoir réussi à faire disparaître ses doutes sur une possible fuite de ma part, parce que s'il peut se passer pleins de choses, un départ volontaire de ma part n'est absolument pas envisageable et il doit vraiment ne plus penser à ça. Et je pense l'avoir rassuré, un peu du moins, puisqu'il n'insiste pas plus, hochant la tête quand je lui promets que l'on va vivre ça ensemble, délaissant ces inquiétudes pour des premiers questionnements sur cette grossesse que je viens de lui annoncer. Le choc de l'annonce qui commence à se dissiper, je me doute qu'il va avoir des questions, tout pleins de questions et je l'écoute tout en essayant de répondre, gardant une certaine légèreté et profitant de certains sujets pour le taquiner. Il est heureux, j'aime son sourire et l'entendre rire me détends vraiment. Et alors qu'il a découvert le contenu du cadeau que j'avais préparé pour lui, l'émotion revient et je lutte pour ne pas pleurer alors qu'il me touche par l'émotion qui se dégage de son visage. C'est si rare de voir cette sensibilité chez lui, de le voir aussi ému et je lui en fais la remarque ce qui le fait rire. Sauf que c'était pas censé être drôle. Je lève les épaules alors qu'il me donne un léger coup sur l'épaule en me demandant de ne pas me moquer. A croire que je fais ça tout le temps et que même quand je ne le fais pas, il pense que je me moque. « Moi me moquer ? J'oserai pas voyons. » Je lève à nouveau les épaules innocemment tout en lui frappant doucement mon poing sur son épaule comme il vient de le faire. « Non mais en plus pour une fois je me moque pas. Je suis juste touchée de te voir comme ça. » Voir qu'avec une nouvelle je peux faire tomber ses barrières et le voir exprimer ses émotions avec sincérité et sans retenue, sans pudeur. « Je ne m’y attendais vraiment pas. J’avais tiré un trait sur l’option bébé pour un moment encore. » Il était prêt à mettre de côté ses rêves pour moi, prêt à me laisser le temps que je lui avais demandé et je sais que c'est une sacrée preuve d'amour de sa part. Une preuve qu'il tient à nous, à ce que l'on a, qu'il tient à moi tout simplement. Il avait tiré un trait sur son rêve juste pour moi, il en a fait des sacrifices pour nous et c'est à moi désormais de me montrer à la hauteur. Ce bébé c'est son rêve, mais c'est désormais plus qu'un rêve, c'est désormais un projet et même plus qu'un projet finalement. Puisqu'il est là, encore invisible, encore caché mais il est bien là. C'est plus qu'un projet, c'est notre vie. C'était son rêve, son projet, mais c'est désormais le notre parce que je porte son enfant et c'est une responsabilité qui fait vraiment peur mais quand je vois son sourire, quand je vois son émotion et à quel point cette nouvelle le rends heureux, je ressens tellement d'amour venant de lui que je me dis que tout ça, ça vaut le coup. Il vaut le coup. « Je ne veux plus que tu renonces à quoique ce soit à cause de moi. » Cet enfant c'est un accident, mais il faisait partie des sujets d'avenir pour nous, pas un avenir immédiat mais il était là quelque part dans nos pensées, assumées pour lui, beaucoup moins pour moi mais à le voir aussi heureux, je suis heureuse d'être celle qui lui offre ce bonheur. Je suis heureuse d'être celle qui peut lui permettre de devenir père, d'être celle avec qui il construit et s'apprête à réaliser son projet de vie. C'est moi qu'il a choisi, malgré tout et je suis celle qui arrive à faire naître quelques larmes de joie dans ses yeux. Il est heureux, et je veux l'être aussi, je veux que ce moment reste un souvenir parfait pour nous. Il continue ses questions sur la grossesse, sur mon état général et je partage avec lui ce que je suis en train de vivre, avec la découverte des nausées et de cette sensation désagréable qui risque d'être contraignante voir même bien énervante mais j'essaye de lui partager tout ça avec légèreté ne voulant pas dramatiser les choses inutilement. Ne voulant pas tout gâcher maintenant avec les aléas et les inconvénients d'une grossesse. « Il faudra que tu me dises s’il y a des odeurs ou des aliments que tu ne supportes pas pour que j’y fasse attention et que j’évite de les cuisiner ici. » Et déjà je reconnais bien Caleb, prévenant, attentionné, à l'écoute, soucieux de mon bien-être. « Et si je te demande d'arrêter de cuisiner tout court c'est possible ? » Je le taquine légèrement parce que je sais que c'est absolument impossible pour lui. Mais je n'ai pas de réponses précises à lui donner maintenant, tout ça c'est encore nouveau alors à défaut de pouvoir lui donner une liste d'aliment qui m'insupporte, je lui propose d'arrêter de cuisiner tout court, comme ça plus d'odeur. Je sais qu'il va refuser, rappelant combien manger est important, et bien manger surtout et il aura raison. Et je sais que je peux déjà dire adieux à certains aliments interdits pour moi, que je vais sans doute devoir arrêter de manger le pire des fast-food quand il n'est pas là et que je vais aussi devoir arrêter de sauter des repas et je sais qu'il va s'assurer que de ce côté là, je ne manque de rien. Il était déjà du genre à s'inquiéter pour moi avant, quand je mangeais pas assez à ses yeux, alors là, maintenant que je suis enceinte de son enfant, il va être au petit soin avec moi. Je souris alors que je réalise que Caleb va sans doute être encore plus attentionné avec moi. « Si j'ai envie d'une pizza à l'ananas tu accepteras de me la préparer ? » Je le test avec l'une des pires inventions culinaires du monde, et si cette pensée me donnerais presque envie de vomir à ce moment précis, l'idée de voir s'il est prêt à renier ses principes culinaires pour moi, me fait rire. Je repense à sa question, à laquelle je n'ai apporté aucune réponse, et je lui dis quand même que l'odeur du restaurant n'est guère plaisante et il s'excuse, alors qu'il n'a clairement pas à le faire.
Je le regarde, sa main dans la mienne, et je redeviens un peu plus sérieuse alors que je repense à sa question de base. Il voulait savoir comment j'allais et sans vraiment réfléchir, je partage avec lui une petite partie de ce que j'ai ressenti aujourd'hui. Je partage avec lui tout ça, parce que j'en ai besoin mais aussi parce que je veux qu'il voit que même si j'ai pleuré, je suis stable et là, pleinement avec lui. J'ai besoin qu'il sache que je n'ai pas explosé de joie au moment ou j'ai découvert l'annonce, mais que ce soir je vais bien, que j'ai compris que c'était une bonne nouvelle pour nous. J'ai besoin qu'il sache tout ça, pour ne pas avoir l'impression de lui mentir ou de lui cacher des choses. « Bien sûr que c’est une bonne chose. Je sais que pour toi c’est un peu précipité et que tu aurais préféré attendre encore un peu mais je peux te promettre que tout va bien se passer. On va y arriver. » On va y arriver, tout va bien se passer. Ce sont ces mots que je veux retenir, ces mots sur lesquels je dois construire mes pensées futurs. Il est sûr de lui, et je sais que je peux compter sur lui pour me rassurer et m'assurer que tout va bien se passer. « On va y arriver. » Je répète ses mots comme pour les imprégner dans mon esprit et m'en convaincre. On va y arriver, lui et moi, ensemble. « Tout va bien se passer parce qu'on est ensemble chéri, je le sais, j'ai confiance en nous. » Alors oui, j'ai eu peur, mais tout le monde a peur non ? J'ai douté mais c'est normal non ? Indépendamment de notre histoire, c'est normal d'avoir peur non ? Pour une fois j'ai des émotions normales ? La peur, la joie, le doute, l'espoir, la crainte, l'envie, c'est normal tout ça non ? On va y arriver, et je dois rester calme, je suis calme. Tout va bien se passer, il l'a dit, on va y arriver, il l'a dit aussi et je sais déjà que je pourrais compter sur lui pour être un super papa. Je le sais et au fond cette conviction que j'ai me rassure parce qu'au moins je sais que lui va assurer, toujours. Avec moi, avec cette grossesse et avec ce bébé à venir. « Je sais que tu en doutes mais toi aussi tu vas être une maman exceptionnelle Alex. Moi j’en doute pas une seule seconde, j’ai confiance en toi. » Est-ce que son objectif c'est de passer son temps à me faire pleurer ? Non parce qu'il y arrive plutôt bien. J'essuie mes yeux avant que les larmes ne coulent encore, heureusement que j'ai opté pour du maquillage waterproof. J'attendais de lui qu'il me rassure et c'est ce qu'il a fait, mais je n'aurais jamais pu lui demander de croire en moi en tant que mère. Je n'ai rien d'une mère, je n'ai rien fais pour qu'il ne doute pas de moi, au contraire, j'ai prouvé à quel point je pouvais être une mère exécrable, la pire de toute et pourtant lui, il continue à avoir confiance en moi et je me demande ou il trouve toute cette confiance qu'il arrive à me donner. J'ai confiance en lui là ou il doute de lui. Et lui a confiance en moi, la ou je doute de moi. Sauf que c'est bien plus simple pour moi d'avoir confiance en lui puisqu'il me prouve constamment qu'il est à la hauteur, qu'il fait les bons choix, les bonnes actions. Alors que moi, ma vie est une bonne vitrine de tout ce que j'ai pu enchaîné comme connerie, montrant ma capacité à faire des erreurs. Ma main libre se pose sur mon ventre dans un geste non contrôlé et dont je prends conscience seulement quand mon regard se fixe sur mon ventre. « Je sais pas chéri, mais je te promets de le protéger et de faire en sorte qu'il ne lui arrive rien. » Je ne peux pas lui dire que je suis d'accord avec lui, que je pense que je peux être une mère exceptionnelle, même dire que je peux être une mère tout simplement semble encore compliquée, mais s'il y a une chose que je peux faire, c'est de le protéger. Et je pense que c'est déjà la que commence mon rôle et je compte bien ne pas échouer cette fois. « Tu le sais depuis quand ? » Il continue ses questions, et moi je continue de tout lui partager, parce qu'il veut savoir et qu'il a le droit de savoir. « Ce matin j'ai fais deux tests, et j'ai fais une prise de sang aussi pour être sûre. Je voulais vraiment être certaine avant de te le dire. Après tout ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas te donner un faux espoir. » Je repense à cette journée, cette trop longue journée, riche en émotion. Cette journée durant laquelle j'ai, à plusieurs reprises, lutté contre l'envie de lui annoncer parce que gérer tout ça, seule c'était réellement dur par moment. Je repense au choc du résultat, mes larmes sur mon lit, puis le sourire en pensant à lui. Je repense au moment ou j'ai débarqué dans la salle d'attente sans rendez-vous dans l'unique but de trouver quelqu'un qui pourrait me confirmer que tout cela était réel et que j'avais le droit de ressentir ce que je ressentais. Je repense à cette prise de sang, à l'attente des résultats tout en tentant de concentrer mes pensées sur des choses pratiques. Je repense à cette journée entière, tellement spéciale mais qui se termine avec lui sourire aux lèvres sur mon canapé.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Me dire qu’alors que je passais une journée banale au restaurant, Alex était en train de faire deux tests de grossesse et attendait les résultats de la prise de sang me fait assez bizarre. Parce que ma vie était en train de changer et je n’en avais absolument pas conscience. Elle a dû gérer tout ça toute seule, gérer ses émotions et ses sentiments. La Alex que je connais n’était pas capable d’une chose pareille. Elle aurait paniqué, voire même aurait fait une crise d’angoisse et pourtant elle est là elle me sourit en m’annonçant qu’elle porte mon enfant. J’ai déjà remarqué une différence dans son comportement depuis son retour de cure. Elle semble toujours plus calme, plus apaisée, mais au point de réagir avec tant de sérénité à l’annonce de cette grossesse prématurée ? Je ne m’y attendais pas mais surtout je suis fier d’elle parce qu’elle me prouve qu’elle a réellement fait des efforts pour moi, pour nous, pour notre couple et maintenant pour notre future famille. Elle change, dans le sens positif du terme et pourtant je suis incapable de ne pas penser à cette première grossesse, à cette rupture, à ce départ qui m’avait complètement brisé le cœur à l’époque. Sauf que je ne savais même pas qu’elle était enceinte, aujourd’hui c’est différent, elle me l’a dit mais je lui demande de me promettre de ne pas repartir à nouveau. Peut-être que c’est un peu bête de ma part mais en tout cas je sais que j’ai vraiment peur de la voir partir à nouveau. Et cette fois cette rupture serait sûrement encore plus difficile que la première parce que je sais qu’elle est enceinte. Elle porte mon enfant c’est quelque chose qui nous lie à vie et avec elle ça ne me fait pas peur. Rien ne me fait peur tant que je la sais à mes côtés. « Moi me moquer ? J'oserai pas voyons. Non mais en plus pour une fois je me moque pas. Je suis juste touchée de te voir comme ça. » Bien sûr que non se moquer ne lui ressemble pas du tout c’est connu. Moi je suis simplement touché par cette nouvelle. On va avoir un bébé tous les deux, un mini-nous et je vous assure que je me sens tellement heureux de cette nouvelle. Je sais que je me répète et que je l’ai déjà dit au moins une bonne centaine de fois mais je ne réalise pas ce qui m’arrive. Ce n’était pas prévu. Pas du tout de suite. Pas si vite. Mais je suis prêt à assumer cette nouvelle responsabilité. « Je ne veux plus que tu renonces à quoique ce soit à cause de moi. » Je ne veux plus avoir à renoncer à quoique ce soit pour elle non plus mais si je devais encore le faire je le ferais à nouveau. « On est trois maintenant de toute façon. » Je lui dis, sans pouvoir empêcher mon sourire de s’agrandir encore un peu plus et en prononçant ces mots je viens caresser doucement son ventre tout en posant mes lèvres contre les siennes. On est trois. Trois mots pourtant simples à prononcer mais en même temps bourrés de signification. Maintenant tout tourne autour de nous. Alex. Moi. Et le petit pois. Je sais bien que le premier trimestre de grossesse n’est pas bien supporté par tout le monde, raison pour laquelle je commence à lui poser quelques questions pour essayer au maximum de lui faciliter la vie de façon à ce qu’elle passe les premiers mois dans le meilleur état d’esprit possible. « Et si je te demande d'arrêter de cuisiner tout court c'est possible ? » Je la regarde en me demandant très sincèrement si elle est sérieuse ou non et je reste comme ça à la fixer pendant une bonne poignée de secondes sans savoir si elle cherche juste à me taquiner. « T’es sérieuse ? » Je lui demande, une pointe d’inquiétude dans la voix. Je passe mon temps à cuisiner au travail mais j’aime lui faire des petits plats en rentrant de temps en temps alors si elle me demande vraiment de ne plus cuisiner je le ferais, mais je risquerais de mal le vivre. « Si j'ai envie d'une pizza à l'ananas tu accepteras de me la préparer ? » Ah. Elle ne sait donc pas que je fais partie de ce pourcentage de la population qui aime les pizzas à l’ananas. Je lève les yeux vers elle en me pinçant mes lèvres avant de lui répondre. « Je dois t’avouer que j’aime plutôt bien ces pizzas… » Et oui, je sais que beaucoup de personnes trouvent ça scandaleux de mettre de l’ananas sur une pizza, mais pourquoi pas ? « Tu peux me demander n’importe quoi et tu l’auras. » Et c’est vrai. Si un jour à minuit elle me demande des pâtes bolognaises je lui en ferais alors qu’elle en profite.
Moi je n’ai pas peur du tout parce que je sais que je suis prêt à accueillir cet enfant, j’en rêve depuis tellement de temps. Mais je suis bien conscient que pour elle les choses sont différentes. Je sais qu’elle doit stresser et que même si elle ne me le montre pas, elle a peur alors j’essaie de la rassurer comme je le peux. « On va y arriver. Tout va bien se passer parce qu'on est ensemble chéri, je le sais, j'ai confiance en nous. » C’est con, mais l’entendre me dire ça me fait un bien fou. Elle pense qu’on va y arriver et surtout elle croit en nous. Je sais que pour elle ça n’a pas toujours été le cas alors le fait qu’elle me le dise me rassure peut-être aussi un peu. « Moi aussi je crois en nous. » Sauf que pour moi ce n’est pas nouveau, j’ai toujours cru en nous que ce soit il y a dix ans en il y a quelques mois. J’ai toujours su qu’elle et moi ça fonctionnait et qu’on avait un avenir ensemble. Nos nombreuses différences n’ont jamais été un obstacle pour moi bien au contraire j’ai toujours trouvé que ça faisait la force de notre couple. Quand je lui dis qu’elle sera une mère exceptionnelle je la vois de nouveau au bord des larmes. Sans avoir les hormones en vrac elle est du genre à pleurer assez facilement mais là du coup j’ai l’impression que ça sera encore pire. « Je sais pas chéri, mais je te promets de le protéger et de faire en sorte qu'il ne lui arrive rien. » Mes yeux glissent sur sa main qui vient de se poser sur son venter et c’est naturellement qu’un petit sourire se dessine sur mes lèvres en me disant qu’un mini-nous s’est logé dans son ventre. « Je sais je te fais confiance bébé. » Je sais qu’elle va prendre soin du petit pois. Je m’autorise une dernière question avant de la laisser tranquille avec toutes mes interrogations. « Ce matin j'ai fais deux tests, et j'ai fais une prise de sang aussi pour être sûre. Je voulais vraiment être certaine avant de te le dire. Après tout ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas te donner un faux espoir. » J’hoche doucement la tête et j’enregistre tout ce qu’elle me dit. Deux tests, une prise de sang, elle voulait ne laisser aucune place au doute avant de m’annoncer cette merveilleuse nouvelle. « Vous faites de moi l’homme le plus heureux du monde Alexandra Clarke. » Je lui murmure ces quelques mots tout en approchant mon visage du sien pour l’embrasser avec tendresse, prolongeant ce contact si agréable aussi longtemps que possible je n’arrête le baiser que lorsque nous avons tous les deux besoins de reprendre un peu l’air. « Tu sais que tes lasagnes sont pas si mauvaises que ça ? Par contre elles sont pas assez cuites donc tu m’en voudras pas si je les remets au four une dizaine de minutes ? » Je n’attends pas sa réponse et avant de quitter le canapé je lui vole un baiser comme pour me donner le courage nécessaire pour me lever et aller mettre les lasagnes dans le four. « T’as fait un dessert ? Tu veux que je prépare quelque chose ? » Je lui demande assez fort pour qu’elle puisse m’entendre du salon tout en fouillant sa cuisine mémoriser le contenu de ses placards. « Je peux te faire des fondants au chocolat si tu veux. » Parce que même si elle n’a pas faim pour le coup, elle sera obligée de manger un peu parce que maintenant elle nourrit une deuxième personne.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
Notre vie va changer, j'en ai conscience et le plus incroyable c'est que je ne suis pas en train de paniquer. Je ne suis pas en train de m'effondrer, je ne suis pas en train de penser au pire, je ne suis pas en train de penser à m'enfuir pour ne pas avoir à assumer. Je ne fais rien de tout ça, et finalement ma vie a déjà changé, j'ai changé. Ce centre m'a aidé, mais celui qui me permet d'être celle que je suis aujourd'hui, devant lui, capable d'être calme, c'est lui. C'est Caleb, ça a toujours été lui finalement. Et c'est grâce à lui et pour lui, que j'ai accepté de me faire aider, que j'ai accepté d'arrêter de vivre dans une vie d'excès et de souffrances. Que j'ai arrêté de vouloir me punir en me faisant du mal, tout en lui en faisant sans même le vouloir. C'est grâce à lui tout ça, et je réalise que je suis en train de lui offrir cet enfant qu'il voulait tant, et je sens tout l'amour qu'il a pour moi mais aussi tout l'amour que j'ai pour lui. Cet amour pour lequel j'ai failli me détruire en ayant fait le choix de renoncer à lui, c'est cet amour qui finalement m'aide aujourd'hui à me dire que même si ce n'était pas prévu, même si c'est peut-être tôt, tout va bien se passer. « On est trois maintenant de toute façon. » Parce qu'on est trois comme il le précise mais surtout parce qu'on est ensemble. Il sourit tellement que je ne peux m'empêcher de l'imiter. Il a toujours eu un pouvoir incroyable, le pouvoir de sourire et de me faire sourire en retour. Dès le premier jour, dès notre première rencontre, quand il a abîmé ma voiture, je voulais lui hurler dessus, je le voulais vraiment et j'ai vu son regard, j'ai surtout vu son sourire et j'ai pas hurlé, j'ai pas passé mes nerfs sur ce gars qui venait de me rentrer dedans, je lui ai juste souris en retour. Voilà le pouvoir qu'il a sur moi, et ça n'a pas changé avec le temps. Alors je souris avec lui à ses mots prononcés, donnant vie à cette réalité dont j'essaye de comprendre tout les aspects depuis plusieurs heures. Sa main se pose sur mon ventre et caresse doucement ce ventre pourtant encore normal, un geste nouveau auquel je vais devoir me faire et vite parce que je connais Caleb. Il m'embrasse et je prolonge ce moment, mes lèvres sur les siennes et une main qui se pose sur la sienne. On est trois, ou plutôt on sera trois. Enfin on est là, et caché, encore bien caché, il est là et pourtant je sais qu'à partir d'aujourd'hui, il sera le centre de ma vie, de mon quotidien et celui de Caleb. « On est trois chéri. » Je répète ses mots, avec une conviction qui m'étonne moi même, à croire que j'avais réellement besoin qu'il l'accepte, qu'il le comprenne pour que je puisse vraiment avoir pleinement conscience de cette réalité. J'avais compris que j'étais enceinte, je sais ce que ça implique, mais on sera trois. A partir d'aujourd'hui, on est trois. Caleb, moi et ce bébé. « On va avoir une famille. » C'est notre famille que l'on est en train de construire, c'est ma vie que je lies à la sienne, pour de bon cette fois. Je vais avoir une famille et après avoir quitté la mienne pour me libérer de leur influence néfaste, je m'apprête à construire une famille à moi, notre famille. Et c'est une pensée à la fois ultra déstabilisante mais aussi pleine d'espoir. Je reste calme, mes doigts se liant aux siens, alors que sa main est toujours posée sur mon ventre et s'il est bien trop tôt pour sentir la présence de ce petit être, avec ce geste j'ai pourtant l'impression de vraiment lui donner vie pour la première fois.
Caleb vient d'apprendre qu'il va être papa et ses premières questions sont pour moi. Pour me faciliter la vie, pour rendre les choses moins désagréables pour moi. Il s'inquiète de ce que je ressens, et son attitude ne m'étonne pas, mais ça me touche même si je ne lui dis pas. Il veut savoir ce qu'il doit éviter de cuisiner chez nous pour éviter de m'exposer aux odeurs dérangeantes et au lieu de lui donner une réponse simple, je le taquine et lui ne comprends pas. « T’es sérieuse ? » Il est même inquiet, peut-être que je vais éviter de la taquiner sur la grossesse pour le moment, ça semble être un sujet bien trop premier degrés pour lui. « Non non rassure toi, je tentais une blague. Pour le moment je sais pas trop ce qui me dérange, c'est le début chéri, mais le café le matin ça semble déjà compromis. » Et pourtant il sait comme le café est important pour moi. Je lève les épaules, un peu désespérée de devoir faire cette constatation. « Mais je te promets de te dire tout ce qui me dérange comme ça tu n'auras pas à t'inquiéter constamment d'accord ? » J'espère avec cette promesse pouvoir faire baisser son degrés d’inquiétude pour moi et pour mon bien être, parce que je sais qu'il peut être parfois extrême pour le bonheur des autres et si c'est vraiment trop mignon de le voir au petit soin, je ne veux pas qu'il passe son temps à se torturer l'esprit à chercher comment me faciliter la vie. Et juste après lui avoir dis ça, je le test un peu, voir jusqu’où il est prêt à aller pour moi, en lui demandant s'il accepterait de me préparer une pizza à l'ananas. « Je dois t’avouer que j’aime plutôt bien ces pizzas… » Je le regarde ne pouvant pas cacher ma surprise. Genre, lui qui est capable de faire d'une pizza un plat luxueux, il aime ça ? Et au delà de cette surprise, c'est surtout le fait de découvrir qu'il y a encore des choses sur lui que je sais pas qui me surprends. « Si je te demande de me préparer ça un jour, promets moi de refuser, ça voudra dire que je suis malade, je ne mangerai jamais cette atrocité. » Est-ce que j'en fais un peu trop ? Sans doute mais je souris pour lui montrer que je rigole, bien que je pense quand même que ce soit une atrocité. De l'ananas avec de la sauce tomate sérieusement ? Et je dois arrêter de penser à ça parce que clairement enceinte ou pas, cette pensée m’écœure. « Tu peux me demander n’importe quoi et tu l’auras. » Et voilà ce que j'attendais de sa part. Caleb tout craché. « Bébé promets-moi de ne pas en faire trop. Même si je suis chiante à en mourir, ne cède pas à tout mes caprices. Je suis sérieuse et ne me gave pas je ne veux pas être énormmeeeeee. » Je me dois de lui dire tout ça, même si je sais que si je lui demande des fraises au cheddar avec un bol de glace au milieu de la nuit, il serait capable me trouver tout ça et de me préparer toutes mes envies loufoques. Mais pendant que je suis encore lucide et pas transformée par les hormones et les sautes d'humeurs, je veux qu'il sache qu'il a le droit de me dire non, et qu'il doit le faire, pour mon bien et mon corps surtout !
La discussion sur mon état reprends avec un peu plus de sérieux alors que je lui partage certaines choses que j'ai ressenti aujourd'hui. Parce que je veux le partager avec lui et surtout je ne veux plus lui cacher quoique ce soit et si ça implique de lui dire que j'ai eu peur ou que j'ai pleuré, et bien je le fais. Parce que je sais qu'il va comprendre, qu'il va savoir ce que je ressens, parce que même s'il ne ressent pas la même chose que moi, il me connaît, il connaît toute mon histoire puisque c'est aussi la sienne finalement. Et en lui disant tout ça, je sais qu'il ne va pas me blâmer, mais qu'il va me soutenir et c'est ce qu'il fait. Il me rassure et il y arrive plutôt bien. « Moi aussi je crois en nous. » J'aime toujours autant l'entendre parler de ce nous. Il y a toujours cru lui, bien plus que moi, et je sais que c'est grâce à lui qu'on est ensemble aujourd'hui. Parce qu'il y a cru. Malgré tout, malgré mes erreurs, mes défauts, mon départ, mon addiction, mon comportement, malgré tout ça, il y a cru et il s'est battu pour nous, avec force et conviction. Et grâce à lui, on est ensemble chez moi, à vivre ce moment que je ne pensais pas vivre un jour. Il y a un an, j'avais renoncé à l'amour, j'avais renoncé au bonheur, j'avais renoncé à la vie aussi. Et il a débarqué dans ce bar, et malgré moi, malgré mon attitude, malgré mon alcoolisation, malgré ma méchanceté à son égard, il s'est occupé de moi et je n'avais vraiment pas mérité qu'il me donne plus de cinq minutes de son temps. Et pourtant, après plusieurs mois, on est là ensemble, et je sais que si je souris aujourd'hui, si je peux envisager un avenir, c'est grâce à lui. Grâce à sa présence dans ma vie, parce qu'il a su me protéger quand j'étais incapable de le faire. Et cette fois, c'est moi qui lui fait la promesse de prendre soin de cet enfant, de son futur enfant. Parce qu'il m'a montré comment faire et que grâce à lui je suis en état de pouvoir le faire. Sobre, clean, éloignée de la spirale infernale dans laquelle j'étais, éloignée de mes ténèbres, capable de relativiser, capable de ne pas me laisser submerger, capable de gérer mes émotions. « Je sais je te fais confiance bébé. » Si cette phrase semble anodine, elle ne l'est pas pour moi. Pas du tout. Le fait qu'il me croit capable de protéger ce bébé compte beaucoup à mes yeux. Je sais que je dois apprendre à m'écouter et à me faire confiance, que je dois croire en moi sans avoir besoin de lui ou de quelqu'un d'autre pour le faire, mais là il est concerné et j'ai besoin de savoir qu'il va me faire confiance même si je risque d'avoir besoin de son soutien pour le faire. Savoir qu'il ne sera pas constamment à se demander si je ne dérape pas, savoir qu'il a confiance tout simplement, c'est important. Je lui parle encore un peu de ce début de journée si particulier, on parle encore un peu de cette annonce si importante pour nous deux et pour notre avenir. « Vous faites de moi l’homme le plus heureux du monde Alexandra Clarke. » Et après avoir été celle qui le rendait malheureux, voilà que je suis celle qui le rends le plus heureux du monde. Et si l'extrême de sa confession me fait rire, je sais que si pour moi les mois à venir ne vont pas être tous heureux, lui il va m'inonder de sourire et de sa joie à toute épreuve. Et de son amour aussi, comme il le fait déjà avec ce baiser qu'il me donne avec tendresse. « Et dire que ça fait des mois que j'essaye de te combler au lit pour te rendre heureux et c'est le moment ou tu apprends que tu vas devoir calmer tout ça que tu es le plus heureux du monde, je comprends décidément rien moi. » Je me mords la lèvre tout en lui jetant un regard amusé. Et je sais toujours comment gâcher les moments cutes, mais je crois qu'avec cette remarque je me permet aussi d'évacuer un peu les émotions et de retrouver un peu légèreté alors que j'ai beaucoup trop lutté (sans réussite) pour éviter de chialer toutes les cinq minutes. Et avec cette réflexion, je crois que j'ai brisé le charme du moment, alors il en profite pour rappeler que l'on a pas fini de manger mes fameuses lasagnes. « Tu sais que tes lasagnes sont pas si mauvaises que ça ? Par contre elles sont pas assez cuites donc tu m’en voudras pas si je les remets au four une dizaine de minutes ? » Je lui fais confiance, d'abord c'est lui le chef et aussi c'est le seul à vraiment avoir mangé jusqu'à présent, mais je retiens qu'elles ne sont pas si mauvaises que ça et si ça semble pas vraiment être un vrai compliment, je le prends comme tel. Pas si mauvaises, c'est toujours mieux qu’immangeable, dégueulasse, infâme et même si je sais qu'il ne le dirait pas ainsi, le fait qu'il en ait déjà mangé un peu me prouve que ça reste mangeable et c'est déjà une réussite. Oui, oui je me contente de peu. « T’as fait un dessert ? Tu veux que je prépare quelque chose ? » Il n'est pas là pour me voir lever les yeux au ciel en souriant quand il me demande si j'ai fais un dessert. Genre comme si moi j'étais capable de faire des lasagnes et un dessert et que les deux soient mangeables. Et sans même attendre ma réponse, il propose de préparer quelque chose. Il me connaît donc, il sait que j'ai rien fais. Et si ça avait été le cas, je m'en serais déjà vanter parce que ça aurait été un exploit incroyable . « Je t'avais pas dis de ne pas t'approcher de la cuisine ? » Je lui crie depuis le salon constatant de toute façon qu'il est incapable de rester sans rien faire. « Je peux te faire des fondants au chocolat si tu veux. » Toujours assisse sur le canapé, je réfléchis à son idée de fondant, étonnamment ça me donne plutôt bien envie. Laissant de côté le fait que ça ne soit sans doute pas le plat le plus léger pour l'estomac, il m'a tenté avec son idée. Oubliant aussi que je lui avais dis que je m'occupais de tout, j'accepte de lui laisser la place en cuisine. « Avec plaisir, on a de la glace avec ? » Oui quitte à faire, autant aller jusqu’où bout du dessert. Je me lève quittant le canapé tout en jetant un regard sur la peluche, la tétine et l'ardoise. Girl or Boy ? Et alors que je m'appuie sur le mur en entrant dans la cuisine, je le regarde s'agiter dans ma cuisine. Enfin ce n'est pas vraiment de l'agitation puisque tout semble précis et dans un but logique. Tout l'inverse de moi, c'est son domaine et je le regarde s'atteler à la préparation du dessert alors que l'odeur des lasagnes qui finissent de cuire embaume la cuisine. « Tu voudrais un garçon ou une fille ? » Je ne sais même pas pourquoi je lui pose cette question, c'est une question à laquelle je ne suis même pas sur de pouvoir répondre, ou du moins si j'ai une réponse mais que je ne suis même pas sur d'assumer réellement. Je m'approche de lui, m'asseyant sur le plan de travail comme je le faisais tout le temps quand nous étions plus jeune et qu'il passait son temps à tester des recettes pour parfaire sa technique et ses connaissances. « Je sais que tu es le plus heureux du monde, mais est-ce que tu peux crier ton bonheur qu'avec moi jusqu'à ce que l'on soit sûr que tout va bien ? » Ma voix est hésitante alors que je prononce cette phrase. Je sais que l'un comme l'autre, nous avons convenu entre nous que tout irait bien. Et je me sens presque mal à l'aise d'oser gâcher ce moment en amenant cette réflexion, mais pourtant je me risque à lui parler de ça. Pas que ce soit un sujet agréable, mais c'est pourtant une réalité et avec notre passif, j'ai déjà assez fait parler pour éviter d'avoir encore un autre sujet délicat à gérer. « Deux mois, tu crois pouvoir tenir jusqu'à la première écho et que l'on entende son cœur et qu'on soit sur qu'il est là et bien là, sans le dire à tout le monde ? » Je sais que je risque de gâcher un peu son enthousiasme mais je vois comme il est heureux et je le connais que trop bien. Et c'est parce que je le connais que je sais que je lui demande beaucoup, sûrement trop. Et je me dis que cette discussion aurait sans doute pu attendre quelques jours, mais trop tard.
“Well I found a woman, stronger than anyone I know. She shares my dreams, I hope that someday I'll share her home. I found a love, to carry more than just my secrets, to carry love, to carry children of our own. We are still kids, but we're so in love fighting against all odds. I know we'll be alright this time”
Elle sourit. Elle est enceinte et elle sourit. Je vous assure que cette situation est réellement inespérée pour moi. Elle ne se laisse pas dépasser par ses émotions, elle ne panique pas, elle ne pleure pas et elle ne me dit pas qu’elle ne veut pas de cet enfant. Elle ne fait rien de tout ça, non, elle sourit. Avoir des enfants être père de famille c’est toujours quelque chose que j’avais en tête. Surtout depuis dix ans quand j’ai rencontré Alex et que je suis tombé amoureux d’elle à la seconde même où mon regard a croisé le sien. Je sais que peu de personnes y croient mais moi je l’ai vécu. Le coup de foudre, l’amour au premier regard. Je ne connaissais pourtant rien d’elle, à part peut-être qu’elle était Anglaise, c’est son accent qui l’a tout de suite trahi. Accent qui m’a tout de suite plu et qui continu à me plaire. Ça lui donne un petit côté sophistiqué et ça la rend encore plus sexy qu’elle ne l’est déjà. Et elle l’a toujours été à mes yeux ; sexy, belle, attirante, drôle, attachante bien qu’elle possède également cette capacité à être énervante tout autant quand elle le veut. Mais même sur ce point-là elle a changé, elle est moins sur les nerfs et semble toujours un peu plus calme et plus apaisée depuis qu’elle est revenue de sa cure. Comme quoi j’ai bien fait d’insister et de lui demander de se faire soigner parce que son état de bien-être actuel ne fait que prouver qu’elle en avait réellement besoin. « On est trois chéri. » Je suis continu à sourire comme un imbécile comme ça je vais finir par avoir mal aux zygomatiques mais je ne peux pas m’en empêcher. Oui on est trois. « On va avoir une famille. » Alex qui sera la mère de famille certainement toujours un peu paniquée pour un rien, parce qu’elle est comme ça elle s’inquiète beaucoup Alex. Moi le père peut-être parfois un peu chiant avec mes exigences toujours un peu trop élevées. Toutes ces images me plaisent déjà. « On a déjà le chien pour former la famille parfaite. Et on ira visiter cette maison, elle a l’air vraiment parfaite. » Je sais pourtant à quel point rêver d’avoir une femme que j’aime, des enfants, un chien et nous tous vivant dans une maison parfaite peut paraître cliché, et ça l’est sûrement mais c’est pourtant réellement quelque chose qui me donne envie. Comme elle semble avoir envie de continuer à me taquiner pendant encore un bon moment apparemment. « Non non rassure toi, je tentais une blague. Pour le moment je sais pas trop ce qui me dérange, c'est le début chéri, mais le café le matin ça semble déjà compromis. » Depuis tout à l’heure je suis réellement incapable de la quitter des yeux. Je la regarde tout en venant passer ma main libre dans ses cheveux pour replacer quelques mèches rebelles derrière son oreille. « Peut-être que tu peux quand même boire une tasse de café le matin ? J’essaierai de me renseigner pour voir si c’est vraiment interdit ou juste conseillé de ne pas trop en abuser. » Parce que je sais aussi qu’elle peut être de mauvaise humeur le matin si elle n’a pas sa tasse de café alors je ne suis pas sûr que la priver de ce petit plaisir pendant les huit prochains mois soit la meilleure des idées. « Mais je te promets de te dire tout ce qui me dérange comme ça tu n'auras pas à t'inquiéter constamment d'accord ? » J’acquiesce d’un signe de tête comme pour lui montrer que sa proposition me convient parfaitement. Comme le fait de lui faire une pizza à l’ananas et je vois bien à sa tête qu’elle ne savait pas que je faisais partie de ces personnes aimant cette recette de pizza. Comme quoi, on se connait depuis dix ans et pourtant on arrive encore à découvrir des choses l’un sur l‘autre. « Si je te demande de me préparer ça un jour, promets moi de refuser, ça voudra dire que je suis malade, je ne mangerai jamais cette atrocité. » Je ris sincèrement tout en secouant la tête de droite à gauche d’un air amusé. « T’as aucun goût c’est fou. » Et mes yeux se reposent très vite en sa direction et je la regarde un sourire amusé sur le visage. « Je suis sûr que je pourrais te faire apprécier les pizzas à l’ananas. » Je lui avoue comme une pointe de défi dans la voix très bien conscient que pour le coup je risque de perdre mais qui ne tente rien n’a rien non ? « Bébé promets-moi de ne pas en faire trop. Même si je suis chiante à en mourir, ne cède pas à tout mes caprices. Je suis sérieuse et ne me gave pas je ne veux pas être énormmeeeeee. » Ce surnom sortant de sa bouche est presque étrange parce qu’elle ne m’appelle jamais bébé. Étrange mais pas forcément déplaisant. Elle me demande de ne pas céder à tous ses caprices et je ne sais pas si elle se rend compte mais ce qu’elle me demande n’est vraiment pas facile à respecter pour moi. De base j’ai déjà tendance à toujours être aux petits soins avec elle mais maintenant la sachant enceinte je sais que je serai encore plus attentif les mois qui vont suivre. « Dans tous les cas tu finiras énorme dans quelques mois alors autant l’être sans se priver non ? » À mon tour de la taquiner un peu et peut-être que je suis un peu suicidaire en disant ce genre de chose à une femme enceinte mais même arrivée au terme de la grossesse elle sera toujours la femme la plus belle au monde.
Même si ça n’a pas toujours été le cas aujourd’hui j’ai confiance en elle. Je sais qu’elle va faire de son mieux pour prendre soin de ce bébé et juste après je lui dis que cette nouvelle me rend heureux comme je ne l’ai jamais été. « Et dire que ça fait des mois que j'essaye de te combler au lit pour te rendre heureux et c'est le moment ou tu apprends que tu vas devoir calmer tout ça que tu es le plus heureux du monde, je comprends décidément rien moi. » Elle parvient une nouvelle fois à me faire rire et je passe ensuite brièvement ma langue sur mes lèvres avant de lui répondre un petit sourire aux lèvres. « Je peux t’assurer que tu as réussi à me combler au lit. Et d’ailleurs on devrait en profiter avant que ça devienne un peu plus compliqué. » Parce que si pour l’instant la grossesse est complètement invisible à l’œil nu dans quelques mois les choses seront bien différentes sur ce point-là et elle aura un ventre bien trop arrondi pour que l’on puisse faire tout ce qu’on veut. Mais puisqu’elle a décidé de casser le romantisme de ce moment avec cette remarque certes amusante mais pas tellement dans l’ambiance je ne respecte pas ma part du marché et rejoins la cuisine pour remettre les lasagnes au four et chercher un dessert à nous préparer. « Je t'avais pas dis de ne pas t'approcher de la cuisine ? » Oui, elle me l’a demandé et elle ne peut pas le voir mais je lui réponds en haussant les épaules. « Avec plaisir, on a de la glace avec ? » C’est sans plus attendre que j’ouvre le congélateur et j’y vois de la glace à la vanille ou du sorbet citron. Je referme la porte et alors que je m’apprête à élever le son de ma voix pour lui répondre je la vois me rejoindre dans la cuisine. « Vanille ou citron. » Je commence alors la préparation de la pâte pour les fondants tout en surveillant de prêt la cuisson des lasagnes. « Tu voudrais un garçon ou une fille ? » Alors ça c’est une très bonne question. Avant de lui répondre je m’accorde quelques secondes de réflexion tout en coupant la plaquette de chocolat en morceau. « Je sais pas trop... Peut-être une fille, elle serait ma petite princesse. » J’hausse les épaules tout en souriant. « Mais en soit ça m’est égal, je l’aimerai quoiqu’il arrive. T’as une préférence toi ? » Je lui demande tout en relevant la tête vers elle alors qu’elle vient de s’installer sur le plan de travail. « Je sais que tu es le plus heureux du monde, mais est-ce que tu peux crier ton bonheur qu'avec moi jusqu'à ce que l'on soit sûr que tout va bien ? » Jusqu’à ce que l’on soit sûr que tout va bien. Je comprends sa demande bien qu’elle me frustre tout de même un peu. « Deux mois, tu crois pouvoir tenir jusqu'à la première écho et que l'on entende son cœur et qu'on soit sur qu'il est là et bien là, sans le dire à tout le monde ? » Je hoche la tête tout en versant le chocolat fondu dans la préparation. « Si c’est ce que tu veux oui je peux attendre. » Elle n’en est qu’au premier mois je devrais être capable de me contenir quelques semaines, non ? « Je peux vraiment le dire à personne ? » Pour le coup je ne suis pas sûr de réussir à ne dire à strictement personne, je sais que je vais avoir envie et besoin de partager ça à une ou deux personnes. « T’as déjà la date exacte de la première échographie ? » Je lui demande tout en raclant à la cuillère le fond de la casserole dans laquelle le chocolat a fondu. J’en mange un peu avant de lui tendre la casserole et la cuillère et je termine la préparation et au même moment l’odeur des lasagnes commence à se faire sentir dans la cuisine ce qui ouvre davantage mon appétit.
“I found a love, to carry more than just my secrets. To carry love, to carry children of our own.”
Les yeux perdus dans les siens, je réalise peu à peu ce que cela signifie pour moi et pour nous. « On a déjà le chien pour former la famille parfaite. Et on ira visiter cette maison, elle a l’air vraiment parfaite. » La maison, je l'avais presque oublié en plus. Cette annonce que je lui avais donné pour le faire patienter, cette maison que j'apprécie réellement et qui peut être notre futur maison. Celle dans laquelle on va construire ce projet qui a commencé avec Dobby, et qui se poursuit avec cette grossesse et ce projet de maison. Et cette fois, je veux vraiment faire les choses biens. Je veux de cette maison avec lui. Je veux ce quotidien que l'on a, sa présence constante à mes côtés, cette relation que l'on a, si particulière, si forte et si agréable. Je veux ça, je lui ai dis à ma sortie de cure, et je le veux toujours d'autant plus que les choses se sont sérieusement accéléré maintenant. Je lui souris, notre famille, pas parfaite, mais la notre. Une famille avec lui, et je ne veux plus jamais m'éloigner de lui. Je ne veux plus, le fuir ou le tenir à l'écart. Son sourire me rassure, sa présence m'apaise et je ne lui dis peut-être pas assez souvent mais que j'aime cet homme. Et si je suis devant lui, prête à assumer cette grossesse c'est sans aucun doute parce que mon amour pour lui, me permet de dépasser tout le reste. Oui c'est sans doute ça. « Je t'aime tellement. » Et ce bébé, c'est finalement que la suite logique, suite un peu prématurée mais on est ensemble pour le vivre et je sais qu'avec lui je peux tout réussir, ou presque.
Il s'intéresse à moi, me questionne sur la grossesse, sur comment je me sens et les nausées sont au centre de la discussion, tentant une petite boutade qu'il ne comprends pas, il s'inquiète déjà de savoir ce que je pourrais manger ou non. « Je sais que j'ai le droit au café enfin en petite quantité, mais je te parlais de l'odeur le matin. » Et au fond de moi j'espère vraiment que ce que j'ai ressenti ces deux, trois derniers jours ne va pas durer trop longtemps parce que je tiens à mon café du matin, au petit dej qu'il me prépare chaque matin, ayant beaucoup plus de facilité que moi à sortir du lit. Je tiens à ce petit rituel que l'on a crée, à cette habitude de couple qui nous permet de démarrer la journée ensemble. « Et Caleb, je sais ce que je peux ou ne peux pas manger. Alors détends-toi, tu n'as pas besoin de faire une étude entière sur l'alimentation des femmes enceintes d'accord ? » Si pour lui tout ça c'est nouveau, pour moi ça ne l'ait pas totalement. Les inconvénients du début de grossesse oui, mais les interdits pendant la grossesse, les désagréments d'une grossesse, je connais tout ça. J'ai pas envie de lui rappeler que pour moi c'est pas une première grossesse, mais c'est une réalité et je ne veux pas qu'il en fasse trop, qu'il s'inquiète trop, et même si je sais que je ne pourrais pas l'empêcher de s'interroger, de chercher à obtenir les réponses à ses questions, à contrôler un peu les choses, j'ai surtout besoin qu'il reste calme finalement. Calme et présent, rassurant et aimant, voilà ce que je veux. Et si je veux qu'il ne s'inquiète pas outre mesure au sujet de mon état, je lui promets de tout lui dire. D'être honnête avec lui et de partager toute cette expérience avec lui. Il semble d'accord avec ma proposition, puisqu'il acquiesce. Il vient d’acquiescer à l'idée de ne pas s’inquiéter constamment, et même si j'en doute quand même, j'ai besoin qu'il soit serein pour nous deux. Et puisque l'on parle de nourriture, je le test un peu et dès ma première demande, il semble me montrer qu'il va être incapable de me refuser quoique ce soit. Même si pour le coup, à vouloir le taquiner sur les pizzas à l'ananas, je me retrouve à devoir me justifier sur le fait que je trouve que c'est une atrocité culinaire. « T’as aucun goût c’est fou. » Cette fois c'est à mon tour de rire légèrement tout en levant les épaules. Oui je n'ai aucun goût, enfin quand même un peu, mais aussi fou que cela puisse paraître, les pizzas à l'ananas n'étaient pas au menu des repas chics Londoniens auxquels je devais m'adonner pour parfaire l'image de la famille parfaite. Et si depuis que j'ai quitté Londres, et avec mes qualités de cordon bleu inexistantes, j'ai appris à diversifier mes repas, clairement les pizzas à l'ananas n'ont jamais mérité que je m’intéresse à elles. « Je suis sûr que je pourrais te faire apprécier les pizzas à l’ananas. » Je lève les yeux au ciel en souriant. Il prends des risques, parce que je suis loin d'être aussi sûre que lui. « Tu peux me faire apprécier pleins de trucs mais ça, tu vas vraiment épuiser ton énergie pour rien. Tu sais que je peux être têtue en plus. Mais tu sais quoi, puisque je suis joueuse, j'accepte de goûter à ça, si tu acceptes de venir manger un burger dans un fast-food avec moi. » Du chantage, c'est pas glorieux, mais c'est moi et ça ne va pas l'étonner. Je lui donne l'opportunité de réussir son défi, s'il accepte de déroger à ses principes et maintenant que je sais qu'il mange des pizzas à l'ananas à côté même le pire burger ne peut pas être aussi immonde que son mélange tomate, viande, ananas. Et alors que je lui fais ce chantage, je lui demande tout de même de ne pas céder à tout mes caprices. Assez contradictoires, je le sais mais Caleb a le don de se plier en quatre pour moi, j'en ai conscience et j'en ai parfois abusé, mais je suis vraiment sérieuse avec lui. Et puis, on parle de nourriture là, de pizza, de burgers, et si globalement je peux manger ce que je veux puisque je compense par le sport quotidien, là, ça va être une autre histoire. Et j'ai pas vraiment envie d'avoir l'impression d'être une tortue tombée sur le dos incapable de me lever seule ou de m'habiller seule. Je ne veux pas être énorme en d'autres termes, parce que je sais déjà que je le vivrais mal. « Dans tous les cas tu finiras énorme dans quelques mois alors autant l’être sans se priver non ? » Il en rigole, il me taquine et moi je le tape sur l'épaule avec un air faussement outrée de le voir oser se moquer comme ça. « Tu sais que si je peux plus bouger, je vais être insupportable, alors tu devrais plutôt vouloir que je prenne le moins de poids possible sinon le temps va être long pour moi et compte sur moi pour te le faire partager ça. » Et après l'émotion de l'annonce, après ce moment de complicité, passé dans ses bras puis à ses côtés sur le canapé, à partager avec tendresse, notre émotion sincère et inattendue, on en arrive à rire ensemble. Je ris avec lui et sincèrement, ça fait vraiment du bien. Ça fait du bien de pouvoir juste être avec lui, parce que même si à partir d'aujourd'hui, notre vie va changer, je ne veux pas que notre relation change. Je ne veux pas perdre ce lien si spécial que l'on a, ce lien qui a survécu à huit ans de distance, à des mensonges et des erreurs. Je ne veux pas que notre complicité change, parce que j'ai besoin de lui, de nous pour me sentir bien. Alors je le taquine en utilisant un sujet avec lequel on a nos habitudes et il réagit comme j'avais besoin qu'il le fasse. « Je peux t’assurer que tu as réussi à me combler au lit. Et d’ailleurs on devrait en profiter avant que ça devienne un peu plus compliqué. » J'attrape son col de chemise pour l'embrasser alors qu'il s'apprête à se lever tout en lui murmurant quelques mots. « On devrait oui. » Oh oui on devrait en profiter, surtout que maintenant que je suis enceinte, le risque de grossesse devient le cadet de nos soucis. Je me mords la lèvre tout en le regardant et en souriant ne le lâchant pas. « Tu sais que la frustration c'est pas bon durant la grossesse, tu devras être à la hauteur. » Un dernier baiser déposé sur sa joue avant de finir par le lâcher et le laisser s'occuper des lasagnes pas assez cuites et du dessert parce que c'est Caleb et qu'il est incapable de rester inactif dans une cuisine. Je le rejoins quittant le confort du canapé, pour me poser contre le mur, le regardant jongler entre la préparation des fondants et la surveillance des lasagnes. Comme à mon habitude, je le regarde, ne touchant à rien, je sais que je serais bien plus une contrainte qu'une aide pour lui. J'opte quand même pour le parfum de la glace, ça c'est encore dans mes cordes, et après avoir opté pour la vanille, je lui demande sa préférence. Et si le choix entre une glace vanille ou citron, c'est assez simple comme choix, moi je lui demande ce qu'il préférerait pour le sexe de ce futur bébé. « Je sais pas trop... Peut-être une fille, elle serait ma petite princesse. Mais en soit ça m’est égal, je l’aimerai quoiqu’il arrive. T’as une préférence toi ? » Je souris en l'entendant parler ainsi, je me rapproche de lui m'installant sur le plan de travail. Sa princesse, parfois il est tellement chou Caleb, beaucoup trop tendre pour ce monde parfois. Je lui souris vraiment, parce que je sais que quoiqu'il arrive, il aura vraiment trop d'amour et d'affection pour cet enfant. J'en ai aucun doute. Mais il me demande si j'ai une préférence moi, et je ne veux pas briser ce moment, je ne veux pas gâcher l'ambiance, alors je ne lui dis pas toute la vérité. Plutôt une version bien simplifiée de celle ci, rebondissant sur ses propos. « Non j'ai pas de préférence. Mais te voir complètement gaga devant ta petite princesse, ça peut être chou. » Une petite fille, je fixe le mur devant moi en pensant à tout ça. A ce bébé, fille ou garçon, à cet avenir, à cette famille. Une petite fille, oui ce serait parfait, pour Caleb, pour moi et pour notre futur. Une petite fille pour m'éviter d'avoir à penser à ce petit garçon. Non, non pas maintenant Alex. Et à défaut de m'autoriser à penser à ça, je m'autorise à demander à Caleb de garder cette nouvelle et sa joie entre nous. Parce que même si je ne veux pas penser au pire là maintenant, même si je ne veux pas avoir de discussion ou de pensées négatives alors que tout s'est magnifiquement bien passé jusqu'à maintenant, je préfère que l'on garde cette nouvelle pour nous. Parce qu’égoïstement ça me rassure et aussi parce que c'est plus simple à gérer pour moi. « Si c'est ce que tu veux oui je peux attendre. » J'apprécie sa réponse même si je vois que c'est mon choix et pas le sien. « Je peux vraiment le dire à personne ? » Il me dit qu'il peut attendre, mais pourtant je sens que c'est vraiment pas quelque chose qui l'enchante. J'ai envie de lui répondre 'non personne' mais je culpabilise de le priver de son envie de partager son bonheur. « Tu peux en parler à une ou deux personnes. » Égoïstement, je veux garder tout ça dans une petite bulle, dans notre bulle. Parce que ça ne fait qu'un jour que je le sais et c'est une nouvelle qui va changer notre vie, mais aussi qui va me changer moi. Et j'ai tout simplement besoin d'un temps à nous. Pour me faire à l'idée, pour me projeter mais aussi pour garder les pieds sur terre et éviter de devoir parler de cette grossesse à tout le monde sans que je ne sois réellement prête à le faire. Sans que je ne sois sûre aussi que cette fois, tout se passera bien. « Je ne suis pas encore prête à partager tout ça, surtout tant qu'il y a encore des doutes, mais je ne veux pas te priver de ça. Juste, je veux vraiment pas que tout le monde le sache. » Je lui dis que je suis d'accord pour qu'il en parle, après tout, il est aussi concerné que moi et je ne peux pas le priver de ce plaisir surtout s'il en a envie. Ce serait injuste de ma part, mais il sait ma position au moins, et si avec lui je peux en parler, souriante, je ne me sens pas encore totalement prête à affronter le reste des gens, et encore moins ceux qui connaissent notre histoire. J'ai besoin de temps, et de certitudes. « T’as déjà la date exacte de la première échographie ? » Et cette première écho c'est justement celle qui devrait me permettre d'avoir les certitudes. Et même si je suis bien incapable de savoir comment je vais gérer ce moment, la question de Caleb a au moins le mérite, d'être concrète et de me permettre de penser à quelque chose de simple. « Pas de date encore pour l'échographie, mais j'ai un rendez-vous avec ma gynéco dans deux semaines pour que l'on fasse les premiers examens, tu voudras venir ? » Je crois que je sais déjà sa réponse, mais je ne veux pas prendre de décision à sa place. Discuter de la grossesse, faire les examens intimes, préparer le carnet de la grossesse et parler des antécédents, il n'est pas obligé de venir. Mais je sais qu'il voudra être là, et je réalise à partir de ce moment précis, que je vais être amenée à reparler de ma première grossesse et qu'il sera là à mes côtés. Il me tends la casserole alors qu'il a déjà fini la préparation et je concentre mon regard sur le chocolat au fond de la casserole, faisant glisser mon doigt sur les parois de la casserole pour goûter à sa préparation, répétant ce geste encore deux ou trois fois, faisant le vide dans mon esprit et je le regarde s'activer à sortir les lasagnes du four. Il a du chocolat sur le bord des lèvres signe qu'il a lui même goûter à sa préparation, et ça me donne une idée. Je descends du plan de travail pour m'approcher de lui, toujours la casserole en main et de mon doigt j'étale du chocolat sur son visage. Je sais que c'est une mauvaise idée, une très mauvaise idée qui va mal finir. Mais je recommence, laissant une trace de chocolat sur sa joue, un sourire innocent sur les lèvres. « Tu as du chocolat sur le visage. » Et je recommence encore une dernière fois, tout en reculant pour lui éviter de pouvoir en faire autant. Je dépose la casserole dans l'évier, au milieu du reste de vaisselle, et je me rapproche de lui toujours souriante. « Ça me donne des idées tout ça. » Je m'approche de son visage et je lèche doucement sa joue avant de retrouver ses lèvres et de l'embrasser avec une toute autre intention. « Tu es sur que tu as toujours faim ? » Je mordille ses lèvres tout en commençant à enlever les boutons de sa chemise. Et s'il ne comprends pas ou je veux en venir et qu'il est encore attiré par les lasagnes, alors je ne peux plus rien pour lui. J'attrape sa main que je dépose sur le haut de ma cuisse, alors que mes lèvres et ma langue continue de le débarrasser du chocolat que j'ai étalé sur son visage.