≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Il ne lui avait pas fallu longtemps pour se faire au rythme de l'Electric Playground. A croire qu'elle était faite pour vivre la nuit, Jo, secrètement rassurée par le voile sombre et opaque du ciel qui se déployait, immense, au-dessus de sa tête, et ce à l'instant où elle s'engouffrait, la mine aussi impénétrable que blasée, sur le chemin qui la menait jusqu'au club. C'était vêtue de sa tenue de service, qui ne laissait pas grande place à l'imagination, ses atouts ressortant aussi spectaculaires que le soin qu'elle mettait à affiner les contours de son visage de poupée à grands coups de poudres et de pinceaux, qu'elle faisait sa grande entrée dans les coulisses, parée à l'action. Au moins, ça lui permettait de rester dans les bonnes grâces du patron de se plier au code vestimentaire de l'établissement, quand bien même ça lui trouait le cœur d'y laisser un peu de sa dignité. Et encore, elle n'était plus à ça près. Et puis, de se dire que la nuit lui convenait davantage que le jour, ça valait mieux que de ruminer sur l'idée qu'elle n'était bonne qu'à servir des cocktails en petite tenue, une réflexion qui lui venait souvent quand elle voyait à quel point elle avait pris le pli rapidement, se révélant aussi gracieuse qu'efficace lorsqu'il s'agissait de répondre à la demande des clients exigeants et assoiffés. Mais même dans son esprit si vif, elle ne se laisserait jamais aller trop longtemps à ce genre de suppositions, sachant très bien qu'elle valait mieux que ça.
Temporaire, la situation était temporaire. Ça lui permettait de remplir le frigo, il fallait savoir s'en contenter – même elle qui était persuadée d'avoir de grands desseins savait que parfois, il fallait se forcer à faire quelques concessions… et cet emploi en était clairement une. Ce n'était pas tant que Nana lui imposait de participer aux frais de la maisonnée que l'envie de lui prouver qu'elle n'était pas venue pour se tripoter la nouille, attendant la bouche en cœur que la gloire lui tombe du ciel. Aussi, puisqu'elle n'avait pas d'autres qualifications que son talent pour la musique, relégué à la dernière place de ses priorités le temps de faire le point sur l'état de santé d'Ava qui, à cette époque-là, semblait mieux gérer les symptômes de son Alzheimer qu'un peu plus de six mois plus tard, elle s'était dit que postuler pour un job de serveuse, abandonnant de fait sa courte carrière de caissière de supermarché qui s'était terminée par un coup d'éclat quand une bonne femme lui avait reproché de ne pas scanner assez vite ses articles et de ne pas comptabiliser ses coupons de réduction, ferait bien l'affaire ; définitivement terminés les plateaux télés, les heures passées en studio et les sessions créatives devant son piano… il fallait trimer, et c'était parée de sa plus mauvaise attitude qu'elle le faisait.
Son service venait à peine de débuter que déjà elle sentait le poids agréable des regards converger dans sa direction. En vérité, elle trouvait des avantages à évoluer dans ce milieu-là – ça polissait son ego, et ce n'était pas peu dire. Elle savait l'effet qu'elle produisait sur les autres ; la couleur de son rouge à lèvres était choisie consciencieusement pour qu'on la remarque dès qu'elle passait la tête par l'entrebâillement de la porte de service de l'établissement, tout comme la longueur de ses faux-cils qu'elle faisait battre au rythme de la musique que Ray faisait défiler avec la régularité d'un métronome, sans parler de la qualité du tissu qui recouvrait son corps, moulé dans une robe dont le bustier scintillait sous la réverbération de l'éclairage tantôt tamisé, tantôt néon, de la piste de danse qui ne désemplissait pas, électrisée par la tension des corps qui s'y trémoussaient, serrés les uns contre les autres. Comme souvent, elle donnait l'impression d'être au spectacle et pas en tant que spectatrice. Le moindre de ses gestes était exécuté pour que l'on se retourne sur son passage… une meneuse de revue des temps modernes, repue de l'attention qu'on lui accordait et de l'importance qu'on donnait à sa façon si particulière de se mouvoir, l'air de ne pas y toucher alors qu'elle n'attendait que ça ; qu'on la cherche, qu'on la complimente aussi… et quand ça arrivait, elle prenait un malin plaisir à s'en offusquer, remettant à sa place celui qui avait osé.

"Tu viens de dire quoi ?" Ce soir ne ferait pas exception. Mac en avait une bonne avec elle, et sans doute que très bientôt, il regretterait d'avoir engagé une nana comme Josephine Ophelia Carter – elle qui avait le goût de la provocation, ses pupilles d'un brun très sombre brillant ardemment rien qu'à l'idée de pouvoir démontrer de quel bois elle se chauffait. Elle s'en fichait, Jo, des regrets supposés de son patron – ce cliché ambulant qui gobait huit blancs d'œufs chaque matin pour entretenir ses muscles, et qui se baladait avec un cure dents dans la bouche toute la sainte journée. C'est le plateau posé sur le bord du bar qu'elle avait rejoint sous les murmures d'un type flanqué à côté d'elle, qu'il se mirent à briller, ses grands yeux. Ni une, ni deux, elle les enfonça dans ceux de son interlocuteur. Il bredouilla un instant, soumis à la flamme dangereuse qui dansait dans ses iris, avant qu'elle ne remarque qu'il n'était pas seul. Se penchant doucement en attendant que Dina dépose enfin la prochaine commande qu'elle devait servir, elle dit à l'autre, un sourcil arqué en accent circonflexe – une signature que Calvin appelait la touche Carter, et qui faisait gonfler son sentiment d'importance quand il discutait avec elle "Dude, dis à ton pote de mesurer ses paroles. Il a pas envie d'être poursuivi pour harcèlement sexuel. Dans l'époque où on vit, je suis sûre d'avoir gain de cause." fit-elle, reniflant en étudiant brièvement le tableau qu'elle avait devant les yeux et mesurant la différence de ligue entre les deux bonhommes. Elle s'intéressa à nouveau au moins imposant des deux pour ajouter, un sourire factice remontant ses pommettes blushées et sur un ton guilleret, la tête inclinée à fond sur le côté, reposant presque sur sa propre épaule dénudée "Pour la faire courte, je te plumerais si tu calmes pas tes ardeurs, bouffon. Elle pointa l'autre du doigt, le prenant à partie aussi naturellement que s'ils avaient élevé les cochons ensemble "Prends exemple sur lui là, il a l'air mieux élevé. Et elle était lancée, Jo. En tout cas, assez pour poursuivre, ouvrant grands ses mirettes en déroulant sa leçon du jour comme un précepte religieux durement acquis à force de prières – tu parles, la dernière fois qu'elle avait foutu les pieds dans une église, sa peau lui avait brûlée comme celle d'un vampire en plein jour, et elle avait pris une douche d'une heure en espérant se débarrasser de cette sensation "On dit que c'est surfait les bonnes manières, mais t'auras plus à y gagner si tu te comportais pas comme un gros porc." Preach, semblaient dire ses yeux qu'elle fit glisser alternativement sur les deux hommes, pas peu fière de son ton de grande prêtresse qui perça au travers de la musique qui résonnait dans leur dos, et qu'elle affirma en dodelinant de la tête, faisant tressauter ses lourdes boucles d'oreilles.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Non, vraiment, si tu avais pu choisir la destination pour ta soirée ou même la compagnie, ton choix ne se serait pas porté sur l’Electric Playground. Ni même sur cette vague connaissance de l’université que tu as eu le malheur de croiser un peu plus tôt dans la journée. Tu ne sais même pas pourquoi tu es là. Oh si, parce qu’il a promis qu’il paierait les verres du moment qu’il pouvait passer une soirée en ta compagnie, et te voir à l’œuvre justement. Et tu aurais pu faire semblant, jouer les idiots et feindre l’innocence parfaite, car qu’on se le dise, tu n’as plus 19 ans et si ta conscience ou quelque chose dans ce gout-là aurait dû te dire d’arrêter tout ça… eh bien le travail est mal fait. Très mal exécuté d’ailleurs, tu ne fais que ça des bêtises et des petits dérapages qui ont été accompagnés de beaucoup de whisky, qui ont fini par te rejoindre sous les draps de ton lit, ceux de parfaites inconnues et même -chose dont tu n’es particulièrement fier d’avouer- le canapé que tu partages depuis peu avec Paul, depuis que celui-ci a acquis le rang de colocataire en plus de cousin.
Fort heureusement, il ne se doute de rien et il ne pose pas vraiment de questions quand à tes absences parfois répétées ou la présence d’un nouveau visage le lendemain au réveil. Dieu merci, la dernière chose que tu veux avoir à faire, c’est te justifier. Du moins encore une fois, tu n’as pas hésité à remettre les choses à plat, et plus que brusquement, quand ta route a croisé celle de Yasmine alors que tu t’apprêtais à commettre une autre erreur. Et non, ta dispute, plus que violente avec l’infirmière ne t’a même pas dissuadé ou ralenti tes ardeurs, c’est tout le contraire d’ailleurs. Comme si voir Yasmine dans une telle circonstance, l’entendre parler de toi comme si elle te connaissait sur toute la ligne, c'est un peu comme si tu avais soudainement une excellente raison pour ne pas vraiment faire d’effort et … de te trouver ici ce soir.
"Tu ne peux pas savoir à quel point je suis content d’être tombé sur toi ! Je vais être franc, j’ai pas eu beaucoup de chances depuis ma dernière rupture mais hein… j’suis un gars bien, le problème ce n’est pas moi !" Le flot de paroles est non-stop et à peine effacé par la musique et la basse puissante qui résonne dans tout le club, tu te contentes d’un maigre sourire, car vraiment qu’est-ce que tu pourrais répondre ? Que c’est un plus pour l’humanité que les crétins dans son genre ne soient pas capable de se reproduire ? Que tu es juste là pour l’alcool gratuit et pour admirer la vue ? Toi, tu sais que tu ne vas repartir tout seul, s’il se retrouve avec sa main droite ce soir… ce sera tant pis pour lui. Tous les conseils du monde ne peuvent pas le sauver de sa propre bêtise. Tu te trouves un peu trop cynique et tu attrapes le verre de whisky en face de toi, le portes à tes lèvres, pour te donner une bonne raison de conserver ton silence et de ne pas laisser transparaitre le fond de ta pensée. Ton esprit est trop ailleurs, pas aussi léger que d’ordinaire et cela ruine presque le goût de l’alcool. Presque. Il en faut plus que ça pour te faire arrêter de boire et quand tu reposes ton verre presque vide, tu t’efforces de coller un sourire, presque automatique et suffisant sur ton visage, prêt à prendre la parole.
"On va peut-être commencer en douceur, une simple conversation, ça serait sympa non ? Pas la peine de se jeter sur la première fille qui nous adresse par la parole." Et quand je dis nous, je parle de toi, le sous-entendu est là et tu te redresses légèrement, il y a mieux comme look que d’être avachi contre le comptoir du bar et avant que tu aies pu observer ton environnement et qui s’y trouve, il -non vraiment, tu ne peux pas déjà avoir oublié son prénom- te donne un coup de coude et t’indique quelqu’un. Tu prends plusieurs secondes pour l’observer, te demandant s’il se rend compte que donner un coup de coude à un type de ta carrure est une très mauvaise idée et quand tu redresses la tête, ton regard se pose sur une des serveuses que tu avais déjà repérée il y a quelques minutes plus tôt. Et comment ne pas la remarquer ? La jeune femme évolue parmi les tables et les clients avec une aisance folle, absolument tout, de son haussement de sourcils et à son sourire et la longueur de ses talons est calculé. Calculé pour être remarqué et pour rappeler à tout le monde qu’elle n’est pas juste un visage dans la foule, pas juste une plastique parfaite, mais définitivement quelque chose de plus. Tu le sais, elle le sait, et si cet abruti pense qu’il a la moindre chance avec une femme comme elle, il se trompe et lourdement.
"Dude… no… don’t … not the waitress, never the waitress." Simple mise en garde, avisée, mais il se lance tout de même et tu ne peux empêcher le soupir audible qui quitte tes lèvres et le roulement des yeux qui survient. Voilà, la raison pour laquelle ce type super sympa et bien finit tout seul la plupart du temps, voilà pourquoi. Et elle est prête, bien sûr qu’elle est prête et ton expression se transforme en un sourire, véritable cette fois-ci, tandis qu’elle remet ton comparse à sa place et s’attire dans le même temps ta sympathie. Tu pourrais applaudir, vraiment. "Honnêtement… ? Elle a été sympa avec toi, quelque chose me dit que ça aurait pu être pire, genre vraiment." Que tu ajoutes avant de terminer ton verre, de bien meilleure humeur à présent. Il marmonne quelque chose, une excuse, autre chose et tu hoches la tête quand il indique une des tables plus loin, cherchant visiblement un moyen de s’éloigner de tout ça. "Hmm… va oublier ta déception en nous trouvant une table, tu seras bien sympa, merci." Tu laisses échapper un rire tandis qu’il s’éloigne, enfin, et la seconde suivante, tu es de nouveau tourné vers l’employée, qui mérite soit une promotion ou des excuses, ou les deux. "Je suppose que ça doit arriver souvent ? …" Tu n’attends pas vraiment de réponse à cette interrogation, tu sais déjà qu’elle sera positive, tout ce que tu peux lui offrir c’est un léger sourire. "Je m’excuse pour… pour toute mon espèce, je suppose ? Ouais, on va dire ça comme ça. Certains oublient leurs bonnes manières dès qu’ils voient une mini-jupe ou des talons, comme si c’était une invitation pour être un connard fini." Et de ton expérience, cela ne l’est pas vraiment. Du tout même. Tu ne sais pas pourquoi beaucoup pense pouvoir séduire en étant odieux et en jouant la carte de l’homme qui a tout pour lui, qui n’a besoin de rien et qui ne va certainement pas laisser son numéro au réveil.
Certes, tu appliques la dernière règle, mais c’est sans aucune ambiguïté et définitivement pas en étant horrible ou en rabaissant ta compagnie du soir, oh que non. Mais ça, c’est un débat pour un autre soir, penses-tu avant de sortir ton portefeuille de la poche arrière de ton jean, y trouvant de quoi payer vos verres, chose que l’autre idiot a oublié de faire au passage. "Tiens, pour nous verres et les suivants. Je bois du whisky au fait, avec rien d’autre, juste des glaçons. Et oui, tu peux garder la monnaie."

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Ils se croyaient tous uniques et originaux, à débarquer au club avec de grands projets pour passer la soirée. Mis sur leur 31 ans, parfumés jusque dans les recoins, bien décidés à ne pas rentrer seuls et à assouvir leurs besoins naturels ; dégainant des pick-up lines tirés du dernier article Buzzfeed de la semaine, convaincus que ça suffirait à convaincre la petite serveuse du coin, ouais, celle avec les grands yeux de biche et avec le décolleté aussi profond que leur prose à deux balles, qu'elle aurait tout à y gagner de céder à la tentation d'un cinq à sept après son service. Elle en avait connu, des types persuadés qu'ils seraient les premiers à tenter le coup, trop imbibés d'alcool pour mesurer l'étendue du chantier qui les attendait. Vraiment, il n'y avait qu'un homme pour se croire assez digne d'une fille comme elle. C'était pathétique, d'une tristesse telle que leur faire croire qu'ils avaient une chance, c'était une option presque envisageable pour virer leur aura de losers de son chemin, très peu encline à piétiner dans la saleté des autres. D'un autre côté, ça aurait été si facile de céder, de tomber dans la médiocrité sous le prétexte que se faire du bien entre adultes consentants, ça valait mieux que de le faire tout seul – ce qui était discutable au demeurant, les entrées de son tableau de chasse souffrant de l'incapacité des quelques hommes qu'elle avait côtoyé de savoir comment s'y prendre, trop concentrés sur leurs propres envies pour s'intéresser aux siennes ; au moins, elle, elle savait où appuyer. Mais non, elle ne mangeait pas de ce pain-là, elle avait des standards, et ils étaient aussi élevés que la hauteur de ses talons. Ça n'avait rien à voir avec l'éthique bancale de l'établissement, celle avec laquelle Mac leur cassait la tête alors qu'il se tapait sa barmaid depuis des années maintenant, à la vue et aux oreilles de tout le monde d'ailleurs. C'était simplement qu'à choisir de repartir avec quelqu'un, plutôt crever que le faire avec un client du club, et ce n'était pas demain la veille que son avis changerait à ce sujet.
Du coup, il pouvait les remballer, ce pauvre mec, ses tentatives de l'impressionner avec sa verve de kéké du samedi soir. Elle entendait bien la lui faire avaler, cette pilule amère qu'elle lui régurgita à la figure, gorgée d'un enthousiasme certain à l'idée de l'humilier, exactement comme il avait dû humilier un bon nombre de filles au cours de son existence. Ce qui le sauva, c'était sa compagnie du soir qui, en plus d'être physiquement plus engageant qu'il ne l'était lui, lui donnait le sentiment d'apprécier la manière dont elle l'avait rabrouée. Et c'était un point non-négligeable qui prouvait : au mieux, qu'il avait un humour frôlant la perfection ; au pire, qu'il tenterait de lui mettre la main au panier dans 30 secondes, top chrono. Pourtant, elle décida de lui laisser le bénéfice du doute. De la part d'un homme, c'était aussi rare que surprenant d'avoir assez de jugeotte pour reconnaître qu'elle était bonne… au jeu de la répartie.

Pendant que l'autre s'en allait la queue entre les jambes sous les conseils de son acolyte, ce dernier s'adressa directement à Josephine. Elle avait vaguement détourné le regard, tapotant le bout de ses ongles fuselés contre le rebord du bar sous les yeux d'une Dina qui tardait un peu à activer le mouvement pour répondre à la demande des serveurs et des clients. Une bonne opportunité pour continuer à passer le temps d'une façon plus distrayante qu'en faisant le pied de grue comme la tapineuse du bout de la rue, alors la tête penchée, le regard filant par-dessus ses longs cils, elle accorda à nouveau son attention sur l'homme qui était resté au bar. Elle le toisa brièvement.
"Tu parles d'expérience, nan ?" Elle savait reconnaître les individus qui gravitaient autour de la même planète qu'elle. Même à cette distance, elle pouvait reconnaître qu'ils faisaient partie de la même catégorie, tous les deux ; du genre à attirer les regards à peine le pied posé quelque part. Peut-être que c'était pour ça qu'il l'agaçait moins que l'autre, même si chassez le naturel il revient au galop, le reste de ses propos la fit rouler des yeux, et lui dire dans la foulée "T'auras besoin de plus d'une soirée pour t'excuser pour, comment t'as dit déjà ? Toute ton espèce ? Au moins t'es conscient d'être né avec une tare. C'est moi qui devrais être désolée, ça doit être dur au quotidien." Toujours dans l'excès, Jo arqua un sourcil, se mettant de trois-quarts pour lui accorder toute l'attention qu'il méritait, prenant des allures de spécimen rare qu'elle observa encore un peu plus, la langue glissant sur sa rangée de dents du haut, avant d'ajouter sur le même ton – plus pince-sans-rire que monocorde "C'est comme la première fois de ma vie que je rencontre un type qui l'admet avec autant de regrets. Rien que pour ça, on a qu'à dire que c'est pardonné." Même si ça devait cacher un truc. C'était toujours le cas, elle l'avait appris à ses dépens.
Mais puisqu'il y avait peu de chance pour qu'ils échangent de nouveau dans un avenir proche, lui faire une fleur et considérer son attitude comment étant plus valide que celle de son pote, c'était à sa portée. On avait tendance à fustiger ceux qui se comportaient mal, mais pas à récompenser ceux qui se comportaient bien ; sainte Josephine était de sortie, visiblement "Hey, Denzel." Pour Denzel Washington. Durant son adolescence, sa mère n'avait cessé de se pâmer sur le moindre faits et gestes de son acteur préféré qui, prétendait-elle, avait le pouvoir de plaire à tout le monde ; aux hommes, aux femmes, aux jeunes, aux vieux. C'était l'effet que lui laissait ce client dont les billets s'échouèrent sur son plateau toujours vide et qu'elle lui rendit avec un léger signe de tête, non sans conserver cette expression d'une neutralité désarmante quand elle lui dit "C'est pour moi. Mais que ça devienne pas une habitude." Elle leva les yeux pour rencontrer les siens au travers des jeux de lumières qui permutèrent d'une ambiance à l'autre dans le club "Surtout si tu te pointes avec des cas comme l'autre débile. Ma patience à des limites… t'as pas envie de les tester, crois-moi." conclut-elle, raffermissant sa prise autour des billets qu'elle lui tendait toujours, et qu'elle remua devant son nez pour qu'il consente à les récupérer sans discuter davantage.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Tu as fréquenté suffisamment d’endroits comme l’Electric Playground pour connaitre la marche à suivre. Savoir quel comportement adopter, comment se faire remarquer ou au contraire, comment passer inaperçu. Même si, tu sais que tu ne devrais pas te trouver ici, car il faudrait être idiot pour ne pas remarquer que cette petite foule présente dans le reste du club commence à se faire un peu trop jeune pour toi. Cela froisse la limite de la décence et tu n’es vraiment pas de ceux qui cherchent des conquêtes toujours plus jeunes histoire de rebooster leur ego. Un ego très mal placé dans un tel cas. Non, tu n’as pas vraiment de type pour commencer… Quoi que cela est complètement faux, tu aimes les femmes avec du caractère, celles qui peuvent et n’hésitent pas à te remettre à ta place et te disent exactement ce qu’elles veulent et comment elles le veulent. Cela vient généralement après un certain âge, probablement quand la plupart ont arrêté d’écouter l’opinion des autres à propos de leur apparence, de leur carrière ou autre et qu’elles décident de faire ce qu’elles veulent, tout simplement.
D’un simple coup d’œil, tu sais que la serveuse qui t’adresse la parole appartient à la dernière catégorie que tu viens de décrire et pourtant non, tu n’es pas assez idiot pour tenter de lui demander son numéro de téléphone ou lancer toute autre remarque désobligeante sur sa profession ou ce qui se cache vraiment derrière le tissu de sa robe. C’est vulgaire et elle est là pour travailler, doit déjà gérer le monde et les demandes ridicules d’alcooliques sans aucune gêne alors… Non, tu ne vas pas ajouter à sa soirée, pas comme ton cher camarade. Tu es content quand il t’abandonne enfin, content d’être seul et tu hausses les épaules quand la jeune femme te pose une autre question. "Maybe I do, maybe I don’t…" C’est tout ce que tu concèdes, pas pour être mystérieux à souhait non, juste parce que tu n’as pas envie de t’étendre sur ton expérience justement et que cela serait de très franchement mauvais goût. Et tu n’es certainement pas là pour te lancer dans une séance de thérapie improvisée, tu es là pour boire et ne pas repartir seul, dans cet ordre, très précisément.
Tu ne flanches cependant pas sous le regard inquisiteur de l’employée, qui doit se demander si tu lui dis juste ce qu'elle veut entendre, histoire de te faire bien voir et de tenter ta chance toi aussi. Non, ce n’est pas vraiment ton style, tes compliments sont toujours sincères et pas dans le but d’obtenir quelque chose en retour. Il n’y a que les hypocrites qui font ça après tout… Tu es peut-être un connard -selon une certaine personne- mais tu n’es pas un hypocrite. Du moins pas encore. Et c’est ton tour d’être un brin intrigué quand elle t’indique que tu n’as pas besoin de payer du moins pas encore, elle te donne même un surnom, en prime, et si tu avais une légère baisse de morale il y a quelques minutes de cela, ce n’est plus vraiment le cas. "Denzel carrément ? Moi qui comptais te dire mon vrai prénom, je vais le garder pour moi, je préfère mon surnom." Le sourire que tu as sur le visage est à la fois triomphant et joueur et tu récupères ton argent, sans insister plus que cela.
C’est elle qui décide après tout, alors autant en profiter. "Merci. Ça me va de ne pas payer mon verre, comme ça, ça ne me dépayse pas trop." Une façon déguisée de t'auto-complimenter ou est-ce que tu mets juste en évidence un simple fait ? Il s’agit un peu des deux à cette seconde précise et tu pivotes sur toi- même, les deux coudes fermement plantés sur le comptoir, tes longues jambes tendues devant toi dans une pose qui est plus que confortable. Ainsi, tu peux observer à loisir ce qui se passe sur la piste de danse et garder un œil sur l’indésirable. Car oui, il faut définitivement quelqu’un pour garder un œil sur ce genre de types, qui sont plus une nuisance pour les femmes qu’autre chose. "Que les choses soient claires, ce n’est pas mon pote. I have two things he doesn’t: self-respect and standards." Tu te sens obligé de le préciser, ne voulant pas du tout qu’elle se souvienne de toi par association avec lui, oh que non… "… Il me suit en espérant que je puisse lui apprendre quelque chose mais hein… le seul truc utile que je peux lui dire c’est de rentrer chez lui et de s’occuper avec sa main droite. Non seulement aucune femme n’aura la patience pour dealer avec ça mais en plus... ça serait une belle erreur si quelqu’un dans son genre avait des enfants." Tu ne pèses pas tes mots et tu ne vois franchement pas pourquoi tu le ferais, il a laissé filer sa chance de se taire et de vraiment apprendre quelque chose. Tant pis pour lui. "Il m’a juste promis de payer plusieurs tournées et je ne suis vraiment pas un type compliqué, s’il y a de la de l’alcool gratuit … je serais toujours là." Car parfois, boire est la seule chose qui fait vraiment sens au final. Après une mauvaise journée, une mauvaise semaine… Une mauvaise vie.
"Ça et mes intentions ne sont pas plus louables que les siennes hein…" Tu n’es pas un saint, pas dans cette vie-là, pas ce soir et tu ne peux pas vraiment empêcher le sourire que tu renvoies à une autre jeune femme la seconde suivante, cette dernière trouvant elle aussi le chemin du comptoir pour commander un Mojito. Vos regards se croisent pendant quelques secondes, avant que tu ne décides que non, définitivement non, et que tu te tournes de nouveau vers le bar. "Mais mon approche est un peu moins … lourde on va dire. Je peux avoir un autre verre au fait ?"

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

S'il voulait faire semblant d'être modeste, c'était son problème. Peut-être que c'était une technique pour lever la première niaise du coin après tout ; et ci c'était le cas, il baissait franchement dans son estime, c'était minable. Autrement, Jo savait lire entre les lignes… alors il n'avait pas besoin de se répandre en récits trépidants sur sa vie de métrosexuel pour qu'elle devine qu'effectivement, il était coutumier de la chose. Bien sûr qu'il avait l'habitude de l'attention des autres, et il devait la rechercher autant qu'elle. C'est vrai, on ne se trimballait pas avec un physique comme le sien en espérant passer inaperçu et au-delà de sa taille qu'elle n'atteindrait jamais sans grimper sur une ou deux caisses en bois, talons aux pieds, le galbe des muscles qui saillaient sous sa tenue du soir, il n'était pas né avec. Mac frimait assez pour qu'elle sache que des pecs comme ceux-là, ça se travaillait des heures durant. Chapeau l'artiste.
Dans un monde où l'apparence avait une place de choix, ce type-là avait définitivement tout compris et qu'importe au final que sa répartie soit bonne, ou qu'il soit le dernier prix Nobel de sciences ; il était assez lucide pour savoir et accepter que quand les gens posait le regard sur lui, ce n'était pas pour la qualité de son intellect. Ça se sentait, et il en profitait… comme elle en profitait parce que c'était plus facile de paraître que de disparaître quand on avait l'impression de ne pas savoir comment gérer l'afflux de ces choses qui se bousculaient à l'intérieur de soi. Un coup de pinceau par-ci, un pschitt de parfum par-là, et l'illusion était aussi parfaite que si elle avait fait ses classes dans ce putain de Poudlard. Tadah !

"Te fatigue pas, je m'en souviendrai pas de toute façon. C'est pas contre toi, c'est juste que je m'en fous." lui répondit-elle en faisant danser l'un de ses sourcils pour mieux lever l'autre. Lui cédant ses billets avec toute la distinction que Josephine n'avait pas, elle renchaîna "Ouais, t'excites pas non plus. Ton premier verre est gratos, mais c'est pas l'armée du salut." Une petite mise au point qu'elle prononça en se détournant doucement de lui, se retournant à nouveau vers le comptoir auquel elle s'accouda. Et tandis qu'un léger soupir s'échappa de ses lèvres charnues quand Dina lui indiqua qu'elle devait attendre encore un instant pour remporter son plateau et servir la table qui criait à la soif depuis quelques minutes déjà, elle le vit revenir à la charge, Denzel. Bah, quitte à perdre son temps, autant que ce soit en bonne compagnie – pour dégueuler sur le dos d'un bonhomme qui plus est ? Décidément, il savait comment lui parler.
Elle se redressa, un sourire mi-figue mi-raisin au coin de la bouche "Tu devrais lui dire. Si j'étais toi je le ferais. T'as quoi à perdre ? C'est pas ton pote, c'est ce que tu viens de dire, nan ?" Et dans une autre vie, si elle avait été un homme, elle aurait pu être lui. Ah ça, ça aurait plu à son père, d'avoir un nouveau rejeton mâle à ajouter à sa jolie collection. Quoique, il ne s'était jamais plaint de l'avoir dans ses rangs, mais si elle était née avec ce petit truc en plus – et elle ne parlait pas de sa voix, clairement – il aurait pu aspirer à faire tourner son business encore plus longtemps. Mais non, il avait fallu qu'on lui mette une bonne femme de plus entre les pattes, et qui avait attendu d'avoir des seins pour se barrer à l'autre bout du pays, tenter sa chance et se vautrer ; le karma, ça existait, et papa Carter y croyait "Ce serait lui rendre service. Là, il va juste se bourrer la gueule en attendant que la première nana un peu triste accepte de le raccompagner. Ça durera quoi ? Même pas le temps des préliminaires – qui doivent pas être bien folichons d'ailleurs, quand on voit ses techniques de drague, et pourtant… on sait tous que c'est ça qui compte, hein." Elle fit les gros yeux, cherchant à échapper à la vision de Dumb en train de copuler avec Dumber – parce que franchement, il fallait être complètement stupide pour faire de ce crétin son coup d'un soir.
Les propos suivants de Denzel la firent plisser les paupières et suivre ses yeux qui s'arrêtèrent sur la silhouette d'une jeune femme qui longea le bar l'air de ne pas y toucher. Jo lui lança un regard par-dessus son épaule, et laissa un rire filer "T'es pas aussi désespéré. Elle et toi, c'est comme l'autre et moi : vous jouez pas dans la même division." La jeune femme en question sembla percevoir les paroles de la serveuse qui fit comme si elle ne venait pas de l'insulter – en même temps, l'éclairage des clubs étaient faits pour rendre les gens beaux. Mais parfois, l'entourloupe ne fonctionnait pas, et c'était son cas ; elle était aussi vilaine qu'en plein jour. Elle reporta ses grands yeux maquillés sur le visage de son interlocuteur en prenant des airs de conspiratrice "C'est quoi ton type ?" Et elle lui demanda avec un léger mouvement de la tête pour l'encourager encore une fois, avant d'annoncer la couleur du plan qui se mit en route dans sa tête comme l'introduction d'une chanson entêtante qu'elle avait susurré des centaines de fois "T'auras droit à un autre verre si tu me laisses choisir la prochaine fille avec qui tu partiras. Je suis pas du genre à prendre les choses à la légère, le job sera bien fait… juré." La certitude dansa dans ses yeux tandis qu'elle posa son avant-bras sur le bord du comptoir en tachant de bonne figure, alors que le ton qu'elle employa prit des intonations de supplications qu'elle dissimula sous son insolence "Allez, le temps que tu te décides à dire ses quatre vérités à l'autre abruti. Ça te donnera un peu de courage de me voir en action… et ça m'en donnera de te rendre ce service pour continuer à supporter ces putains d'incompétents !" finit-elle par hurler en se hissant sur la pointe de ses chaussures à talons, et ce en direction d'une Dina débordée qu'elle n'avait pas l'intention d'aller aider. Jo fit claquer sa langue contre son palais, tout en tournant son regard blasé vers Denzel qu'elle défia des yeux de lui confier cette mission.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Au moins, la serveuse a un bon sens de l’humour. En plus de sa répartie. Voilà ce que tu te dis, certain que la soirée ne sera pas aussi désastreuse que ce que tu avais en tête. Et la brune a déjà gagné quelques points en disant exactement ce qu’elle pense et pas en se souciant de son potentiel pourboire ou de l’image négative qu’elle peut renvoyer. Non, ça, c’est superflu, ça n’entre pas vraiment en ligne de compte dans son monde à elle, tu en es persuadé, elle fait ce qu’elle veut quand elle a envie de le faire. Et pour le moment, il s’agit de casser du sucre sur quelqu’un que vous considérez tous les deux comme plutôt indésirable et inutile, mais également de te trouver un surnom et de rappeler ta place. Elle se moque de ton prénom et encore une fois, tu laisses la remarque glisser sur ta peau, ne t'offusques pas vraiment et la comprends même dans le fond.
À quoi bon retenir ton prénom ? Surtout pas quand elle va oublier ton existence à la minute où tu quittes le comptoir, tu seras juste un client de plus, juste un mec de trop, celui qui a su capter son attention pendant quelques secondes de plus que les autres. Donc, vraiment, tu comprends. "Okay, ça sera donc Denzel pour tout le reste de la soirée… ça me va." Ce n’est pas ton genre de te plaindre et cela nourrit ton ego alors… alors pourquoi se plaindre justement ? Et elle a sans doute raison, tu devrais vraiment avoir une discussion avec celui qui t’a suivi jusqu’ici et quelque part entraîné jusqu’à l’Electric Playground ce soir. Tu n’as vraiment pas envie de te lancer dans l’opération et ce même s’il pourrait en ressortir encore plus humilié et avec l’envie d’effacer ton numéro de téléphone et toute ton existence entière de sa vie… Franchement, cela serait une bonne chose car vraiment, tu refuses de côtoyer ce genre d’individus trop longtemps.
"Tu penses vraiment qu’il va rentrer avec quelqu’un…? J’en doute sérieusement, je veux dire… Non, juste non…" Ce que tu n’ajoutes pas, ce que tu ne dis pas, c’est que tu vas personnellement t’assurer qu’il rentre tout seul, tu peux tout à fait jouer l’ami concerné et lui appeler un taxi pour qu’il s’éloigne du club et regagne sa demeure à lui. Tu ne veux même pas imaginer le mal que pourrait causer ce genre d’individus avec quelques grammes d’alcool dans son système, s’il est capable d’être lourd et misogyne sobre, tu ne veux pas savoir ce qu’il se passe après quelques verres. Et tu n’imposeras ça à personne. C’est ta seule vraie responsabilité de la soirée, pour le reste, qui sait si tu vas rentrer seul ou avec quelqu’un, ou si tu seras encore là au moment où le club fermera ses portes, aux premières heures du matin. Cela est déjà arrivé par le passé, ce serait loin d’être une première, loin de là. Tu n’as pas vraiment pris de décision, tu peux changer d’avis comme ça, sans vraiment de raison et tu manques d’éclater de rire, vraiment, quand elle rabroue la femme qui avait croisé ton regard il y a à peine quelques secondes. Lui faisant comprendre que non, elle ne doit pas perdre son temps.
Who are you ? My manager ? Tu ne le dis pas, tu te contentes de le penser très fort, un sourire bien en place sur ton visage et elle a toute ton attention quand elle reprend la parole, te prouvant que oui, elle s’ennuie vraiment et que les shifts de serveuse sont bien vides. Et non vraiment, cela ne te dérange pas de lui servir de distraction. "Qu’est-ce qui te fait croire que je ne suis pas aussi désespéré justement ? Je veux dire… il y a mieux comme endroit pour faire des rencontres. Moins bruyant, moins prétentieux, et pourtant, je suis là." Et non, tu n’es pas ici pour la musique un peu trop forte à ton goût ou pour le prix de l’alcool qui serait beaucoup moins cher dans n’importe quel autre bar de la ville… Pourquoi es-tu là ? Tu ne possèdes même pas la réponse à cette question toi-même, tu ne sais même plus si c’est l’alcool, ou si tu es juste rassuré par le bruit ou s’il est tout simplement plus facile pour toi de passer la nuit avec quelqu’un que de considérer tes problèmes. Sans doute un peu de tout ça, mais pas besoin de réfléchir à tout cela dans l’immédiat...
La proposition, presque indécente de la serveuse, efface toutes les autres pensées en fait. A croire qu’elle te connaît depuis des années et sait exactement comment avoir toute ton attention. Alors oui, c’est stupide, et même un peu dégradant dans un sens, mais pourquoi pas ? Cela ajoutera un semblant de difficulté au reste de ta soirée, c’est certain. "Hmm… est-ce que c’est le moment où je prétends que non, je n’ai pas de type et que c’est même carrément insultant ? Cause it’s not gonna happen." Car les seuls hommes que tu connais qui prétendent ne pas avoir de type particulier, sont les hypocrites, tout le monde a ses préférences, physiques ou non d’ailleurs. Et peut-être que si quelqu’un se penchait avec attention sur ton tableau de chasse, il pourrait constater que oui, tu as définitivement une préférence pour les brunes et en particulier celles qui partagent une pigmentation similaire à la tienne. Mais c’est juste une coïncidence pas vrai ? "Et je ne vais pas te le dire, non, ça ne serait pas fun du tout." Que tu réponds finalement, ton expression un contraste saisissant avec l’air blasé de la serveuse. Qui n’a pas envie d’être ici, qui fait probablement juste ce boulot pour payer ses factures et qui sait qu’elle vaut mieux que tout ça. Comment tu le sais ? C’est écrit sur son visage, bien entendu.
"Je vais te laisser deviner et trouver qui pourrait un minimum me correspondre et me plaire, là, ce sera plus marrant." Si elle veut jouer, autant rendre cela intéressant au possible, autant pour elle que pour toi. "Et on va dire quoi… que tu as trois essais ?... Pour que le job soit bien fait, bien entendu." Et non, tu n’essayes pas d’être condescendant, tu ne fais qu’employer les mots de la jeune fille, lui faisant comprendre que oui, tu vas jouer et tant pis pour les conséquences. Car jouer aux adultes n’est vraiment pas ce que vous êtes en train de faire.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

"Faut pas sous-estimer l'influence du désespoir. Je parle pas en connaissance de cause hein." Les choses devaient être claires entre eux ; elle n'était pas du genre à verser dans le médiocre pour assouvir ses besoins naturels. Non, Josephine s'appuyait sur les valeurs sûres… à savoir ce qu'elle gardait dans le tiroir de sa table de chevet et qui avait bien besoin de piles toutes neuves d'ailleurs, une entrée qu'elle ajouta mentalement à la liste de courses de Nana qu'elle irait faire en sortant de son service. Elle prit donc soin de le sous-entendre, lançant un regard distrait à la table de l'autre péquenaud qui avait mis son radar en route pour dénicher sa prochaine proie. Brrr, rien que de le voir au bord du malaise à l'idée de tirer son coup dans les prochaines heures, ça lui donnait envie de se crever les yeux avec ses propres ongles. Elle reposa ses yeux mi-clos sur le profil de Denzel, puis s'assurant d'avoir été suffisamment explicite, elle ajouta dans la foulée "Mais j'ai vu se passer des trucs ici dont t'as pas idée, chéri. Même si sans vouloir t'offenser, t'as pas l'air d'un saint… donc tu pourrais peut-être bien l'imaginer finalement." En même temps, sans vouloir tomber dans le cliché du monde de la nuit, aucun saint digne de ce nom ne venait jamais se perdre dans le coin – à part peut-être les opposants à elle ne savait quelle connerie qui faisait honte à leur condition de grenouille de bénitier, pour ce qu'elle en avait à secouer du Dieu qu'ils priaient de toute façon –, alors la supposition ne sortait pas de nulle part. Elle était tout de même insultante. Mais avec Jo, qu'est-ce qui ne l'était pas ?

Ce n'était un secret pour personne dans cette ville : L'Electric Playground n'était pas un endroit pour les gens sages, bien que certain s'y risquait pour tenter de s'encanailler entre deux hosties gobées à la messe du dimanche matin. L'alcool, la musique et les corps devenant moites au fur et à mesure des danses endiablées, ça donnait une ambiance particulière à l'ensemble, faisant naître des envies qui finissaient par être assouvies dans les coins les plus reculés du club. Effectivement, elle en avait vu des choses en quelques semaines de service ici, mais rien qui ne fût assez scandaleux pour la choquer profondément ; parce qu'elle non plus n'était pas une sainte, et que sans le revendiquer, elle ne se fatiguait pas non plus à le cacher.
Et c'était assez pour qu'elle sache le déceler chez les autres et s'amuser de leurs vices sans tourner autour du pot. Poussée par la lenteur du service de Dina et ragaillardie par la conversation qu'elle menait avec le jeune homme, elle lui évita une déception en repoussant les œillades intempestives d'une cliente qui passait par là et qui ne rentrait pas dans le standing qu'elle soupçonnait être celui de son interlocuteur.
Josephine arqua un sourcil quand il lui répondit, faisant naître un soupçon de sourire sur son visage maquillé à outrance, les paillettes sur ses paupières s'ajoutant à la lueur provocatrice de ses prunelles sombres "Je serais déçue si tu l'étais autant que ça. Ça ferait baisser ta côte à moins dix alors que t'étais parti avec un gros avantage, je t'avoue. Bon, c'est grâce aux pecs… très impressionnants d'ailleurs, mon boss en serait vert de jalousie." fit-elle, ne ratant pas l'occasion pour faire passer le temps en enchaînant avec une proposition qui stimula la joueuse en elle et qui interpella Denzel. Ah, elle savait faire ça, attirer l'attention.
Elle lui renvoya un regard par-dessous ses longs faux-cils, le menton rentré pour lui faire comprendre qu'elle n'avalait pas ce dont il essayait de se défendre "Dude, tout le monde à un type. C'est peut-être pas toujours conscient, mais si genre, t'as couché qu'avec des rousses, on peut définitivement conclure que les rousses, c'est ton truc. Bah je juge pas, il en faut pour tous les goûts…" Elle jugeait un peu cela dit. Mais elle jugeait tout le temps, Jo, alors ce n'était pas si exceptionnel que ça en soi. Elle se redressa, arquant un sourcil en l'observant du coin de l'œil, cachant son enthousiasme face au défi qu'il venait d'accepter "OK, c'est toi qui fixe les règles. Mais laisse-moi te regarder deux minutes que je sonde ton ââââme et décèle tes plus nooooirs secrets." Elle laissa éclater un rire de sorcière de dessin-animé, se frottant les paumes de ses mains pour parfaire le tout.
Après une longue seconde à ne rien d'autre que plisser et déplisser les yeux pour imiter les diseuses de bonne aventure de fête foraine dans l'espoir d'apprendre quelque chose de lui – rien de plus que la couleur de ses yeux au demeurant, elle n'avait pas été dotée du troisième œil à la naissance, c'était une certitude –, elle finit par lui dire "T'es pas comme Drake toi, tu fais pas une fixette sur les gentilles filles à dévergonder. Bon point, bon point." Elle n'en avait aucune idée en vérité, mais la référence avait le mérite d'être bonne, alors pourquoi s'en priver ? "T'aimes pas les blondes, elles sont trop faciles à avoir et je suis grave d'accord avec toi. C'est le challenge qui t'intéresse, huuuum..." Enfin concrètement, ça n'était pas que ça ; on ne montait pas à cheval pour profiter de la vue une fois installé sur le dos de la bête, c'était la cavalcade qui valait le coup. Une comparaison très à propos qui ne la perturba pas cependant alors que dans un murmure distrait par l'intention qu'elle mettait à bien faire le job, elle murmura "Ouais, je le sens…" Et elle renifla avec une insolence qui mettait à mal l'élégance du port de tête qu'elle avait pour elle, et que des heures à se regarder dans le miroir avait rendu aussi parfait que celui d'une danseuse de ballet. Mais aux grands maux, les grands remèdes… elle devait flairer ce qu'il cachait derrière ses muscles.
S'accoudant au bar, elle recula la tête en gardant un œil plissé tandis qu'un de ses doigts à l'ongle affuté se dressait dans l'espace qui les espérait "OK dans l'absolu, je dirais que je suis ton type. Mais je suis navrée de t'annoncer que la salle de jeux est fermée pendant le service… de toute façon, tu saurais pas me gérer. Du coup ! Voyons un peu ce qu'on a ce soir." annonça-t-elle, avec un ton de poissonnière prête à refiler son hareng avarié au premier crève la dalle qui passait, pendant qu'elle se retournait pour avoir un meilleur angle de vue sur la salle.
Josephine se laissa légèrement basculer en arrière pour pouvoir appuyer ses deux coudes sur le bar, faisant ressortir son buste qu'elle gonfla d'une respiration profonde en s'imprégnant de l'ambiance générale pour mieux lancer sa grande mission "T'as dit que j'avais droit à combien d'essais déjà ? Trois, grand max ?" lui demanda-t-elle en inclinant la tête en arrière pour le regarder "J'ai le droit de poser mes règles aussi ? Du genre : élimination d'office des nanas qui paraissent avoir moins de 25 ans ? Tu vaux mieux qu'une inculpation pour détournement de mineures, Denzel." Même si à 25 ans, on avait depuis longtemps un pied dans la majorité – elle était bien placée pour le savoir.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Tu n'as pas son prénom, elle n'a pas le tien, mais elle a au moins le mérite de te faire rire et de rendre les moments passés ici un peu plus légers alors... pourquoi pas ne pas se plier aux règles et à son jeu débile ? Pourquoi ne pas faire comme si vous étiez amis depuis des années et qu'il s'agit juste d'une façon plus que morbide de fêter vos retrouvailles ? Qu'est-ce que tu as à perdre de toute façon ? Ta dignité ? Non, c'est quelque chose qui n'existe pas depuis longtemps, on ne peut pas vraiment marcher dans tes chaussures sans commettre quelques faux-pas ou faire quelques conneries. Et certes, il faudra bien que tu payes pour tout cela tôt ou tard, et le prix sera élevé, mais tu ne sais pas si c'est la musique qui retentit beaucoup trop forte à ton goût, le nouveau morceau qui démarre justement, le goût du whisky que tu peux encore sentir sur ta langue, ou juste le fait que tu te moques de tout... Les conséquences n'ont pas d'importance dans l'immédiat, les conséquences c'est pour un autre moment, un autre homme, quand les rayons du jours apparaitront et que tu aurais un peu moins envie de jouer les connards.
"On m'a donné beaucoup de surnoms au fil des années et non, saint n'était définitivement pas sur la liste. Et je crois que c'est une très bonne chose." La serveuse te lit mieux que certains et ne semble pas juger toutes tes actions condamnables. Oui, tu aimes passer du bon temps et en très bonne compagnie, le consentement et le respect sont au cœur de tout échange et tu n'as jamais promis la Lune à qui que ce soit. Juste quelques heures passées en ta compagnie, sous des draps ou sur n'importe quelle surface plane quand l'envie se fait ressentir. Et c'est tout, le reste importe peu et cela ne fait pas de toi quelqu'un de foncièrement mauvais. Pas à tes yeux du moins et définitivement pas ce soir. Alors bien sûr que tu vas jouer, bien sûr que tu vas la divertir, car c'est ce que tu fais de mieux quand les parfaites inconnues sont concernées et que tu as déjà accepté le fait que tu ne connaitrais pas sa véritable identité et que vous n'allez certainement pas vous revoir. C'est souvent le cas avec les affaires d'une simple nuit.
"Tu fais ça avec tous les clients ou alors je fais parti des heureux privilégiés ? Ne réponds pas à cette question hein, j'ai ma petite fierté quand même." Tu te moques bien d'avoir la réponse à cette question, c'est plus pour combler le silence tandis qu'elle te jauge, et que vos regards se croisent et qu'elle prétend avoir des pouvoirs mystiquesou vaudoux, ou alors les deux. Tu as presque envie de lui demander ce qu'elle voit, il y en a qui font demi-tour pour moins que ça, qui préfèrent claquer les portières de leur Jeep et disparaitre sans laisser aucune trace. Mais tu laisses la serveuse faire sa petite examination et tu hausses les épaules, à juste titre, quand elle s'envoie des fleurs, se rangeant dans la catégorie des femmes qui pourraient te plaire. "Dans l'absolu. Mais il faudrait qu'on soit dans la même tranche d'âge déjà... " Tu lui donnes 25 ans, 26 ans tout au plus et c'est déjà un point négatif pour toi. Tant pis pour le joli minois ou son répondant du tonnerre et le fait qu'elle ne se laisse pas du tout marcher sur les pieds... La brune fera le bonheur de quelqu'un d'autre un jour prochain.
Tu as un léger rire alors qu'elle te fait remarquer, à sa façon, ton propre âge un peu avancé, tu ne peux pas le nier, tu le sais et tu évites ce cliché-là mieux que personne. "T'as pas besoin de le préciser, c'était sous-entendu. J'aime les femmes, pas les gamines, certains croient que le manque d'expérience, c'est sexy, mais définitivement pas moi. On n'est au moins d'accord sur ce point-là." Elle t'a cerné et très bien même, un bon point pour elle et tu pourrais vraiment lui attribuer des pouvoirs. Ou alors tu es très facile à lire. Ou elle a l'habitude des pseudo dur-à-cuire dans ton genre. Sauf que chez toi ce n'est pas juste la gonflette, tu as les compétences requises pour en remettre beaucoup à leur place, que ce soit physiquement ou verbalement d'ailleurs. "Et t'as trois essais. Il faut plus d'enjeux que ça avant qu'on passe à la partie la plus intéressante." Pourquoi devrait-elle être la seule à s'amuser ? Tu n'es pas mieux loti qu'elle, ce n'est pas parce que tu es un client que tu allais passer une meilleure soirée qu'elle à l'Electric Playground. Pas parce que tu n'es pas contraint d'être là que tu as envie d'être là. C'est un peu par chance et surtout, les circonstances et tout ce qui ne tourne pas vraiment rond chez toi. Un cocktail bien plus dangereux que tout ce qu'elle peut vendre derrière son comptoir, tu le sais.
"Si t'as pas trouvé la bonne après tes trois chances... Tous mes verres de cette soirée et mes ... trois prochaines visites sont gratuits." Tu doubles les enjeux avec une lueur de défi dans le visage, sans préciser que tu peux consommer beaucoup, beaucoup d'alcool. Elle n'a pas besoin de cette information-là pour prendre sa décision, si elle fonctionne comme tu le penses, elle dira oui, car elle ne peut décemment pas te laisser avoir le dernier mot. "Et si je n'arrive pas à charmer la ... trouvons un terme politiquement correct, la chère candidate que tu auras trouvé pour moi... " Oui, il est risible que tu soucies encore d'être poli pendant ce genre d'échanges, et surtout face à un tel pari. "Je ne sais pas moi, à toi de me le dire... il faudra une punition à la hauteur de mon incompétence." Tu fouilles rapidement dans ton esprit, scannes à ton tour le visage de la brune, repassant en boucle ce que tu sais déjà d'elle. Il y a la hauteur de ses talons, la coupe de sa robe qui n'a définitivement pas été choisie au hasard... "... T'as un chauffeur pour les trois prochains jours. J'ai une jolie voiture et t'as pas la tête de quelqu'un qui a son permis encore moins une voiture, donc ouais..." Tu croises les bras sur ta poitrine, plantant toi aussi tes coudes sur le comptoir. "Si je ne suis pas aussi doué que je le crois, tu as un chauffeur attitré pour les trois prochains jours. Dans tout Brisbane et sans questions incessantes bien entendu." Et comme pour prouver ta bonne foi, tu extirpes les clefs de ton véhicule de ta poche et les poses sur le comptoir. C'est à elle de décider à présent.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Est-ce que Denzel, ici présent, était logé à une enseigne plus glorieuse que la clientèle habituelle de l'Electric Playground ? Était-ce si important que ça d'ailleurs, qu'il soit le premier avec lequel elle ne se contentait pas seulement d'être désagréable ? Jo marqua un temps mental. Faisant la moue, le menton reposant presque sur le haut de sa poitrine généreuse, elle s'ôta l'obligation de répondre à voix haute à ce que lui disait le jeune homme. Pour elle non, ce n'était pas important, mais elle savait que pour une majorité d'hommes, se faire susurrer à l'oreille qu'ils étaient les premiers, c'était d'une nécessité capitale pour asseoir leur pseudo-virilité. Alors il était de ce genre-là, lui aussi ? A prétendre à la première place partout où il mettait les pieds – ou autre chose, hein – histoire de se sentir aussi fort et important que le laissait miroiter sa carrure de boxeur poids lourd ? Elle pouvait répondre à cette question toute seule, aussi elle choisit de garder sa réflexion pour elle en comprenant que non, il ne faisait pas partie des sociopathes de cette ville, de cette planète entière, qui cherchaient à dépuceler le plus de demoiselles pour regonfler leur ego meurtri par leur propre connerie. Le sien – bâtit par sa connerie ou par autre chose, elle ne le saurait probablement jamais – était déjà assez gros pour qu'il s'y échine de toute façon, et finalement c'était tout à son honneur.
Coudes flanqués tout contre le comptoir, poitrine déployée comme un radar tout dernier cri, Josephine sortit momentanément de sa rêverie. Ce soir, ça grouillait de filles assez paumées pour croire que la couche de maquillage qu'elles portaient sur la gueule les faisaient passer pour majeures aux yeux du parterres de débiles qui les regardaient défiler, langue pendante, devant eux. Elle le savait, parce qu'à elle aussi, c'était sa technique pour se donner quelques années de plus, de se tartiner les joues avec tout ce qu'elle trouvait, ne lésinant pas sur le contouring pour affiner ce qui avait le malheur d'être un peu trop épais. Et ça fonctionnait assez bien au demeurant, de pimper l'innocence de ses traits pour tacher d'attirer l'attention, et témoigner d'une expérience montée de toute pièce. Ça prouvait encore un peu plus que, qu'importe où elle allait, elle était toujours la plus maline ; parce que pour manipuler trois péquenauds en deux coups de pinceaux, il fallait en avoir dans le ciboulot et elle en avait, Jo.
Dans le fond, elle n'était sans doute pas mieux que ces filles qu'elle regardait du coin de l'œil en passant sa langue sur ses lèvres pleines, la voix grave de son interlocuteur faisant vibrer la fréquence sur laquelle elle était toujours branchée, et qui lui permettait de dénoter les mélodies suaves que chacun laissait filer inconsciemment. Elles aussi avaient des rêves, différents des siens certes, qui étaient assez chers à leur cœur pour qu'elles se sentent obligés de rentrer dans un jeu duquel elles ne sortiraient pas indemnes. Elle fit battre ses faux-cils quelques instants, sa langue pointant sur une de ses canines. Il fallait les préserver, ces gamines qui déboulaient au club avec la mini-jupe remontée efficacement sur leurs derrières bombés, ce fût pourquoi elle prononça son premier disclaimer que l'assentiment du jeune homme rendit officiel.

"Sois plus clair que ça dans ce cas. On va jamais loin avec des sous-entendus." lui répondit-elle passant sur toute la diatribe qui lui vint sur comment des prétendus sous-entendus poussaient des gros porcs comme Weinstein à penser que faire monter des actrices dans des suites et dégainer son matos sans prévenir, c'était une façon valide de faire la cour à une femme – de faire la cour tout court. Définitivement pas. Elle arqua un sourcil "T'es en train de retourner mon propre jeu contre moi, ou je rêve ?" lui demanda-t-elle, pince-sans-rire. Un semblant de sourire fit remonter l'une de ses joues quand elle tourna le regard dans sa direction pour l'observer, l'air de rien.
Elle finit par hausser les épaules. N'était-ce pas le propre de tous jeux qui se respectent d'établir un système de pénalité ? "Mon boss a déjà une dent contre moi. J'imagine que faire baisser son chiffre d'affaire en offrant des verres aux clients, ça terminera de lui confirmer qu'il aurait jamais dû m'engager… hum, laisse-moi réfléchir… OK, deal." Tant que Mac avait assez d'énergie pour lui gueuler dessus, elle savait qu'il ne la virerait jamais. Et puis il aimait trop la voir déambuler dans son club, le pétard moulé dans du sequins pour renoncer à supporter son caractère de cochon… et ça aussi, Jo le savait "La candidate ?" Là, un léger rire, légèrement enraillé par sa goguenardise, s'échappa de ses lèvres "J'aurais pas dit les choses de cette façon." Son choix vacillait entre plusieurs terminaisons, toutes les plus vulgaires les unes que les autres. Mais cette fois, elle rongea son frein, prenant sens du reste des paroles du jeune homme à qui elle adressa un plissement d'yeux suspicieux "Et j'ai la tête de qui exactement ? Si ce n'est de la nana que t'aurais pu faire monter dans la dite-jolie voiture si j'avais cinq ans de plus ? D'ailleurs, no offense, j'ai arrêté depuis longtemps de faire mon marché en gériatrie, papy." Il fallait bien qu'elle se venge de la façon détournée qu'il avait eu de la définir comme étant une gamine. Elle ajouta sur le même ton, un vague air de dégoût suintant la mauvaise foi parant son joli visage "Pis ça là", elle désigna la silhouette ultra-gainée de Denzel d'un doigt dressé qu'elle fit remonter à distance de ses chevilles, à son visage nimbé de la lumière changeante du club "c'est plaisant en théorie, mais en pratique… bah, j'aimerais pas être la fille sur qui tu grimperas ce soir. Les courbatures post-coït, c'est pas mon truc." Non, merci. En revanche… "L'idée de t'avoir à ma botte pendant trois jours, ça tu vois, ça me plaît." Elle espérait presque qu'il échoue, ça lui donnerait le pouvoir de déambuler dans tout Brisbane dans une voiture avec chauffeur. Des bons souvenirs en perspective, elle qui s'était fait trimballer partout toute sa vie comme l'étoile montante de la chanson qu'elle avait été… en plus, elle était persuadée que Nana apprécierait de se faire conduire par un bel homme comme lui, et puisqu'il ne poserait pas de questions… elle estima que le marché était conclu "On peut y aller ? T'as besoin d'un coup d'essai, ou quoi ? Parce que là, tu parles, tu parles… ça me laisse croire que t'es pas aussi doué que t'en as l'air – ooooh le con, il a réussi !" s'exclama-t-elle soudain, son regard se posant sur le coin du club où le pote-pas-pote de Denzel s'était retiré. Du plat de la main, elle frappa sur le pec du jeune homme pour attirer son attention, fit un petit signe d'appréciation en se rendant compte que ouais, c'était plutôt dur par ici, et retrouva vite l'instant présent en regardant l'idiot du village se lever de sa banquette en compagnie d'une plutôt jolie jeune femme.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

L’ennui est une drôle de chose, maintenant que tu y penses. C’est lui qui t’a poussé à sortir, plus lui que la perspective des verres gratuit (tu as de l’alcool chez toi), mais personne n’aime boire tout seul déjà et encore moins dans une maison vide. Pas totalement vide, car Paul est là, mais il est beaucoup plus raisonnable que toi et tu ne tiens pas vraiment à lui montrer toutes tes mauvaises habitudes. Autant garder une part de mystère pas vrai ? Oui, c’est l’excuse que tu t’es donnée ce soir, ça et surveiller de près comme de loin cette connaissance de ton passé. Jouer les baby-sitters n’est pas le meilleur boulot du monde, mais on peut te payer en litres de whisky et tu seras content, et maintenant, il y a la serveuse qui a trouvé une distraction qui pourrait vous satisfaire tous les deux. Et la perspective de perdre ne te traverse même pas l’esprit. Est-ce simplement ton ego qui parle ? Oui et non, tu as probablement un peu trop d’expérience dans la matière, peut-être que tu as déjà une dizaine de lignes préparées pour une occasion telle que celle-ci et qu’à la minute où tu as passé la porte du club, tu savais déjà que tu n’allais pas rentrer tout seul.
Elle peut appeler ça comme elle veut, te dire que tu t’envoies des fleurs et que ce n’est pas très joli à regarder, mais franchement… Est-ce que dire la vérité est si détestable que cela ? Ce n’est pas comme si en te fixant de la tête aux pieds, la plupart se dise qu’elles vont automatiquement te présenter à leur parent ou que tu ferais le mari parfait… Loin de là. C’est quelque chose qui te convient parfaitement d'ailleurs. "OK, deal." Tu répètes les mots de la serveuse, très content de ton petit effet dans le fond, et tu acceptes la prochaine vague de critiques et de remarques. Sur ton âge, et sur ton physique et tu te redresses légèrement, avec une expression plus que joueuse sur ton visage car franchement… Franchement, est-ce qu’elle pense vraiment qu’elle va t’atteindre de cette manière ? C’est une peine perdue, tu t’es vu dans un miroir et récemment en plus de cela, alors elle peut laisser tomber. Cela aurait certainement pris avec quelqu’un d’un peu moins sûr que lui et moins à l’aise dans ses pompes, mais pas avec toi. Quand tu finis par rentrer accompagné, ce n’est pas parce que tu as une belle âme ou qu’elles ont toutes envie de voir la fameuse Mustang dont tu parles souvent… Oh que non, c’est pour tout ce qu’il y a de plus superficiel chez toi et en général, il suffit que tu retires ton t-shirt pour que les conversations s’arrêtent. Un compromis qui te va très bien.
Tu es sur le point de lui dire, et peut-être même de proposer de lui montrer à un moment plus important, quand elle te fait signe de prêter attention à la scène qui se dessine à quelques mètres de vous. "De quoi est-ce que tu parles … Sérieusement ?" Tu roules des yeux, certain qu’elle peut entendre tes orbites s’activer tant cela est fait bruyamment car tu vas devoir te lever et aller t’occuper de cette petite situation-là. Fucking great, penses-tu aussitôt. Tu prends tout de même le temps de te retourner, de nouveau vers la serveuse, juste histoire de clarifier son discours d’il y a quelques minutes. "Juste, que les choses soient claires, je n’ai jamais eu aucune plainte dans ce département-là et je ne crois pas avoir de conseils à recevoir de ta part. But that’s sweet that you worry." Tu lui lances un clin d’œil, signé Edge Price, et qui a déjà été approuvé par beaucoup avant elle, avant de lâcher un soupir. "Ensuite… Je reviens." Quittant enfin le comptoir. Il ne te faut que quelques enjambées pour retrouver cet ami et sa partenaire pour la soirée. Jolie oui, mais clairement pas sobre et facilement impressionnable. "Hey buddy." Que tu lâches sur un ton un peu plus doux et un brin moralisateur. Okay, très moralisateur, mais c’est tout ce que tu peux faire pour te retenir de lui en coller une, là devant tout le monde et au lieu de cela, tu lui offres un autre sourire.
"Je crois qu’il serait temps de rentrer voir la femme et les enfants, non ? Oh, il n’en avait pas parlé, hmm… Dommage vraiment." Il n’en faut pas plus pour que la demoiselle s’insurge et lui jette son verre au visage, littéralement, et tu te retiens de l’applaudir, au lieu de cela, tu hoches simplement la tête, tires un billet de ton portefeuille et le tend à l’autre homme. "Tiens, c’est pour le taxi et pour ton aspirine demain, crois-moi, tu me remercieras." Tu pourrais en dire plus, mais tu te contentes de hocher la tête et de l’accompagner personnellement jusqu’à son taxi. Tu es content quand il s’éloigne de ton champ de vision, assez pour retourner dans le club et de bien meilleure humeur. Tu dois jouer des coudes jusqu’au bar cette fois-ci et c’est une autre employée qui t’accueille et qui te sert, tu attends que ta camarade de jeu soit de nouveau libre, tu en profites pour manger les olives de ton martini, t’es pas un fan, mais il paraît que c’est plus classe, et tu fais disparaître la boisson en un temps record. Avant de nouveau croiser son regard. "Hey, señorita, l’homme de ta vie est de retour." Ou du moins, l’homme de la soirée. Mais tu dis ça sans aucune prétention et en restant parfaitement réaliste… Bien entendu. "Alors… tu as quelque chose à me proposer ou je vais devoir continuer de me tenir là et de te servir d’appâts pour en attirer quelques-unes au bar ?" Franchement, tu devrais être payé. Standing pretty is real job, elle le sait, et tu le sais. "Tes pourboires sont mes pourboires ce soir."

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

"Pour l'instant." scanda Jo en laissant Denzel sauver la mise à la demoiselle en détresse qu'elle lui avait pointé du menton. Si elle n'avait pas été là pour constater l'effroyable tableau, il se serait profilé pour elle la pire expérience de sa vie. Et les choses devaient être claires : c'était Josephine la sauveuse dans l'histoire, mais elle était prête à jouer les modestes et à laisser son acolyte d'un soir faire jouer ses gros muscles pour se rengorger d'un peu de panache. En parlant de panache. Ne savait-il pas que les femmes préféraient mépriser les performances de leurs amants en présence, et uniquement, de leurs meilleures amies ? Les détails étaient importants dans ces cas-là ; combien de grammes dans le sang, combien de centimètres, combien de temps, combien de fois… le schéma était archi-précis, les chiffres disséqués comme l'analyse bancale des contacts libidineux de ses congénères. Si ça se trouvait, tout confiant qu'il était du haut de son mètre quatre-vingts et quelques, il était la risée des nanas qu'il avaient ramenées chez lui ; ce qui expliquait qu'elles ne tenaient jamais à remettre le couvert, le forçant ainsi à enchaîner les coups d'un soir parce que, tristesse, c'était tout ce dont il était capable en vérité… hum, non. Pas convaincue, Josephine. Il suffisait de le regarder pour savoir que définitivement, il était doué pour autre chose que s'esclaffer face à ses blagues douteuses. Une très grande qualité au demeurant, c'était avant tout pour ça qu'elle le trouvait sympathique, évidemment : sa capacité à l'encourager, même si pas ouvertement, à dire des horreurs. Un point pour toi, Denzel.
Elle se surprit à sourire – un vrai sourire avec les chicots reluisants dans l'obscurité sommaire de l'Electric Playground – en le voyant s'éloigner du bar. Ce fût à ce moment-là que Dina lui tapa sur l'épaule pour lui indiquer que c'était bon, et qu'elle pouvait emporter sa commande "Putain, alléluia. T'es pas pressée ce soir, mamacita." En même temps, rabattre le caquet de Dina lorsqu'elle faisait un pas de travers, c'était comme la seconde passion de Jo dans la vie. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle fasse comme si elle n'avait pas remarquer combien elle galérait ce soir, la barmaid ; et bien fait pour sa gueule, on ne pouvait pas se taper le patron en plus de faire son boulot, c'était une certitude.
Laissant un instant de côté son jeu avec Denzel, la serveuse s'assura qu'il avait la situation bien en mains avant d'empoigner son plateau pour aller le vider sur la table des clients qui patientaient depuis plusieurs longues minutes. C'était moins plaisant que de se la donner, accoudée au bar, avec un client qui avait le physique de The Rock, mais il fallait bien que quelqu'un le fasse, non ? Et ça tombait bien, elle était payée pour ça. Alors elle le fit sans se faire prier, s'avançant dans l'amas de clubbers qu'elle ne frôla même pas en passant, habituée à les éviter avec l'élégance dont elle usait parfois.

Elle finit par atterrir dans le coin VIP qui, très animé ce soir, lui fit marquer un temps de pause pour constater de l'ambiance dans laquelle elle avait mis les pieds. Un enterrement de vie de jeune fille ; des demoiselles d'honneur à la pelle entourant une future jeune mariée pleine comme une barrique. Franchement, elle aussi aurait eu besoin d'alcool pour supporter l'idée de s'engager à respecter et chérir le même type jusqu'à la fin de sa vie. Malgré tout, ça ne l'empêcha pas de juger la tablée qu'elle observa d'un regard au travers de ses longs faux-cils… alors qu'un sourire en coin naquit graduellement sur son visage auréolé par les lumières alternatives du club.
"Eww, je vais vomir." accueillit-elle à nouveau le jeune homme en roulant des yeux et en tirant la langue comme si la nausée était proche "C'est comme ça que tu les convaincs de te suivre ? Et tu juges ton pote ? Bah mon vieux, j'ai rarement croisé aussi hypocrite. Félicitations, t'as réussi à me faire changer d'avis sur toi en à peine une heure, c'est ce que j'appelle un nouveau record." ajouta-t-elle avec attitude, balayant son épaule de la queue de cheval basse qu'elle portait, le plateau sous le bras. Et puis soudain, elle s'approcha de lui et se pencha pour mieux qu'il l'entende pour lui dire avec le ton de ceux qui sont sûrs de leur coup "Je crois que j'ai le plan parfait pour toi." Les yeux écarquillés, elle lui fit un clin d'œil parfait avant d'annoncer de but en blanc, la tête opinant au fur et à mesure qu'elle déroulait son fameux plan "Enterrement de vie de jeune fille dans le coin VIP. Des demoiselles d'honneur… oh arrête, c'est ce qu'il te faut !" le coupa-t-elle en lui assénant un coup de plateau dans les abdos pendant qu'elle expliquait pourquoi, le doigt pointé devant son nez pour lui dire d'approcher plus près "Les demoiselles d'honneur, elles sont pas tristes, nan… elles ont la rage de pas être les premières à se faire passer la corde au cou", ou la bague au doigt… l'un valait l'autre dans son monde, ça restait un contrat basé sur des principes d'un autre temps qu'on vous vendait comme l'accomplissement ultime d'un avenir prospère – tu parles d'une belle connerie, ça aussi. Qu'importe son avis. Elle continua comme si elle ne s'était pas interrompue "qu'elles se laissent facilement tenter par un petit cinq-à-sept derrière le local à poubelle. Ça va hein, fais pas l'innocent, ça t'est déjà arrivé de pas être regardant sur le cadre. Fais-moi pas croire que t'es un grand romantique, je te croirais pas." lui dit-elle en posant sur lui un regard moralisateur, le menton rentré et le sourcil arqué fort et haut pendant qu'elle reprenait avec la sagesse de ceux qui ont tout vécu, même en ayant encore du lait au bout du nez et un pied chez papa-maman – chez mamie en l'occurrence "Les envies pressantes sont faites pour être assouvies… je juge pas tant que c'est consenti." En fait, elle jugeait quand même, mais est-ce que c'était vraiment utile de le préciser ? "Mes pourboires sont tes pourboires si tu fais ton marché là-dedans." Et quand elle disait là-dedans, elle parlait du panier de demoiselles d'honneur dans laquelle elle avait vaguement jeté un œil "Autrement, tu peux t'asseoir dessus." Changer les règles à la dernière seconde : du Josephine Ophelia Carter tout craché.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

On pourrait t’accuser d’en faire des tonnes uniquement pour provoquer une réaction chez la serveuse et pouvoir en rire par la suite. Peut-être, ou alors c’est juste comme ça que tu es en temps normal et que tu te retiens dans la vie de tous les jours, histoire de ne pas faire fuir les premiers venus et convaincre la plupart et les persuader que tu es un type sympathique et chaleureux à souhait. C’est vrai dans une certaine mesure, tout comme il est vrai que tu n’as pas eu de relations sérieuse depuis des années et que tu les évites sciemment et d’une manière un peu trop experte pour que cela soit accidentel. Que personne ne s’y trompe, dans le fond, tu aimes bien ce sentiment de liberté et ne devoir rendre des comptes à personne et surtout, pouvoir enchaîner les bêtises en te disant que tu feras mieux la prochaine fois. La culpabilité se mêle bien avec la bière du lendemain et encore mieux avec des draps et un lit vides. C’est tout ce que tu connais de toute façon et tu n’es pas là pour rendre des comptes à qui que ce soit ou pour confirmer l’avis qu’elle a déjà sur Denzel, hors de question. "Non, je ne vais pas te révéler tous mes secrets ce soir, il nous faudrait des heures pour ça…" Et puis, tu aimes bien jouer la carte du type mystérieux à souhait, c’est une étiquette qui est très facile à porter et qui n’est pas si loin que ça de la vérité et de ton comportement dans la vie de tous les jours.
Il vaut mieux tenir les gens à distance, pour ne pas se bercer d’illusions ou se retrouver avec une porte refermée en plein visage, c’est mieux ainsi. Tu la suis donc du regard lorsqu’elle se penche vers toi, imites ses mouvements, simplement pour lui couper la parole en retour, lâchant un simple : "Et qu’on soit d’accord, quoi que je dise, on sait tous les deux que tu trouveras le moyen de le retourner contre moi. Une très bonne qualité si tu veux mon avis… et de quoi tu parles ?" sur un ton presque accusateur. Presque. Tu ne peux pas vraiment la blâmer, tu sais que si tu étais dans des chaussures aussi hautes que les siennes et à sa place, tu ferais la même chose. Les choses sont juste complètement différentes quand on est un homme, accepter les compliments et même jouer de l’attention, c’est un peu attendu, ça fait de toi un tombeur fini et on vient même te demander des conseils. Mais au contraire, si une femme de sa trempe décide de faire pareil, les insultes arrivent aussitôt, de même que le jugement et l’hypocrisie, une chose que tu n’as jamais comprise; pourquoi, dès que l’acte sexuel est concerné, il faut automatiquement rabaisser l’autre sexe et même le dénigrer. Tu n’approuves pas du tout ce genre de comportement et si tu n’es pas en position d’offrir des conseils ou te proclamer féministe, tu es très tellement mal placé pour le faire, tu ne fais pas l’immense erreur de traiter les femmes que tu ramènes chez toi comme des idiotes. Parce qu’elles ne le sont pas justement, elles ne demandent pas la Lune, savent très bien ce que tu veux, savent que ce n’est et ne sera que physique, et c’est tout.
Aussi, fort de tes convictions, tu suis le regard de la serveuse et l’écoutes déblatérer sur la meilleure occasion de toute ta vie. Tout simplement pour froncer les sourcils, et te retourner vers elle comme si elle venait de t’annoncer qu’elle pouvait voler ou transformer l’eau en vin. " … Sérieusement ?" Ta voix est un peu plus forte qu’il y a quelques secondes de cela et tu te demandes si elle plaisante, si elle pense que tu en es à ton premier coup d’essai … ou que tu ne sais vraiment pas te servir de ce que la nature et beaucoup d’heures passées à la gym t’ont donné. "Des demoiselles d’honneur sérieusement ? Oh moi qui croyais que tu voulais que ce soit un vrai challenge pour moi, je suis déçu, tellement déçu. Et légèrement insulté, je veux dire…"
Tu hausses les épaules, par sarcasme latent, par vanité, un peu de tout ça mais aussi parce que tu sais ce que tu vaux et il te suffirait d’un seul sourire et de donner ton prénom pour avoir l’attention de toutes les demoiselles assises autour de la table. "Je ne sais pas, il se passe quelque chose dans la tête de toute personne qui se rend à un mariage ou qui est sur le point d’assister à un mariage. Soudainement, ne pas être seul est LA chose la plus importante et… je pourrais avoir trois numéros de téléphone et une invitation au mariage en moins de cinq minutes." Tu le sais, comment tu le sais ? Parce que tu t’es déjà prêté à l’exercice, bien entendu, sauf que tu n’es vraiment pas d’humeur à tenir compagnie à plus d’une femme ce soir ou même te retrouver au mariage d'un couple que tu ne connais et que tu ne comptes pas revoir. Dans une autre vie et il y a quelques années de cela, certainement mais... ? Non, sans aucune hésitation, pas ce soir. "So no sorry, I'll pass." Tu conclues cette phrase-là par un sourire légèrement hypocrite, avant de reprendre :  "Je ne suis pas romantique mais j’ai des principes, hein. Donc il te reste deux essais, ma grande." Car il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin, vraiment.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all | octobre 2019 }
crédit/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

"Mais j'ai toute la nuit devant moi." Ouais, quand même pas. Mais c'était si plaisant de jouer la comédie. Pas pour polir l'ego du jeune homme qui n'en avait pas besoin, mais pour penser à autre chose qu'à la charge de tout et son contraire qui l'attendait à l'extérieur de l'Electric Playground. Jo battit des cils un instant, empruntant une attitude de fausse ingénue qu'elle abandonna bien vite pour laisser un rire filer.  Soudain, le jeune homme prit des airs de vraie distraction qui lui fit monter le sourire aux lèvres et l'enthousiasme dans le cœur dur qu'elle dissimulait sous sa poitrine généreuse.
Alors sûre d'elle, comme toujours, elle le mit au courant du plan qui avait commencé à germer dans son esprit, prête à crier victoire avec la voix suave qui était la sienne ; quand la réponse de Denzel lui fit, successivement, rentrer le menton et froncer les sourcils. Peut-être qu'elle l'avait légèrement sous-estimé à vrai dire, car il avait raison : les demoiselles d'honneur étaient une cible trop facile pour l'homme de challenge qu'elle avait dépeint quelques minutes plus tôt. Elle avait perdu ses objectifs de vue, ragaillardie par la partie qu'ils menaient avec ardeur et s'était complu dans la facilité – n'était-ce pas ce qu'elle choisissait toujours finalement, la facilité ?
Un soupçon de vexation fit son apparition sur le visage peinturluré de Josephine. Elle lui adressa un regard de bas en haut, remuant la tête en serpentant avec les paupières mi-closes pour bien lui faire comprendre qu'il valait mieux qu'il chasse la lueur de moquerie qu'elle décela brièvement dans ses yeux aussi sombres que les siens "Hey, vu l'entame avec laquelle tu m'as accueilli, c'est tout ce que tu mérites t'façon." se défendit-elle puérilement. Elle tourna les talons pour rejoindre le bar, continuant sur sa lancée en explicitant sa pensée. Elle ne vérifia même s'il la suivait, elle savait que c'était le cas "C'est pas une insulte. La vraie insulte, ça aurait été de te diriger vers la barmaid qui se tape le patron depuis que je suis en âge de souffler dans une clarinette." Pour information : elle ne jouait pas de clarinette "Là, t'aurais eu de quoi t'offusquer. Il suffit de lui agiter une liasse de billets sous le nez… oh tiens, une astuce que tu pourras utiliser si jamais t'es branché fonds de tiroirs dégueulasses." Le féminisme en prenait un coup dans l'aile avec Jo aux commandes. Mais en même temps, Dina lui inspirait tellement de mauvaises choses que la descendre en flèche faisait partie des petits plaisirs qu'elle s'autorisait, même si ça mettait à mal ses travers insoupçonnables de guerrière défenseuse des droits des femmes – encore que… uniquement quand ça l'arrangeait. Elle jeta à Denzel un regard par-dessus son épaule, continuant d'avancer pour finir par poser son plateau sur le comptoir et s'y appuyer à nouveau, coudes en arrière et poitrine bombée "T'en mettras deux au cas-où, hein. Elle a fait de la prison, il paraît. Mais shhh…" Un doigt posé sur sa bouche, elle le mit dans la confidence avec un clin d'œil. Tellement de rumeurs circulaient sur le compte de la barmaid que ça avait fini par l'intriguer… mais jamais, ô grand jamais, elle ne l'avouerait à voix haute. Non, elle préférait l'observer du coin de l'œil pour chercher la faille dans laquelle elle s'infiltrait une fois qu'elle serait vraiment sûre de son coup, histoire de bien piétiner les secrets enfouis si profonds de celle avec qui elle était étrangement entrée en compétition.

Elle claqua sa langue tout contre son palais, sortant de ses divagations immédiates pour reposer sur Denzel un regard fixe "Ça s'appelle les regrets, du naze." Une gentillesse comme une autre qu'elle agrémenta d'un hochement de tête d'exaspération. Elle finit par la pencher, sa charmante petite tête, observant brièvement le visage du jeune homme à qui elle dit "Tu sais bien ? Ressasser le passé et se demander ce qu'on serait devenu si on n'avait pas foiré la dernière fois que ça a compté, même rien qu'un peu… est-ce qu'on se serait retrouvé à leur place, est-ce que ça aurait valu le coup de pas jouer les connards ?" Un rire éraillé monta de sa gorge quand, plus fort, elle pencha la tête "Ça va avec les vœux des mariés. C'est genre, le passage obligé de tout mariage qui se respecte, ou une connerie de ce style… nan, me demande pas comment je le sais." fit-elle en détournant la tête pour se remémorer les années qu'elle avait passé à indirectement assisté à des mariages. Du point de vue des scènes sur lesquelles elle et ses frères se produisaient à l'époque, les mariages étaient toujours drôles et chaotiques. Elle avait assisté à tellement de scénettes pittoresques qu'elle pourrait en faire des romans – ou des chansons. Elle se ranima presque trop brusquement, papillonnant des yeux pour rebondir sur ce qu'il lui disait "Bah, tu pourrais au moins profiter du bar… tu serais con de refuser." Comme si c'était assez pour justifier le choix dont elle l'avait alloué.
Elle répéta "Ma grande ?" C'était si méprisant dans la bouche d'un homme ; ma petite, ma grande, ma jolie, ma chérie…. mais elle ne lui en tint pas vraiment rigueur, préférant faire ce qu'elle faisait de mieux : sauter à la gorge de ceux qui, comme Denzel, pensaient pouvoir amoindrir celle qu'elle était en la prenant de haut comme il l'avait vaguement fait. Sur le ton de l'humour, certes, restait qu'elle tenait toujours à garder la main, c'était comme ça. Elle se dégagea du bar pour lui faire face, les sourcils levés, le corps tendu comme un arc et le cou raide pour mieux palier la différence de taille conséquente qu'il y avait entre eux "Quel genre de principes exactement ? Parce que d'après ce que tu sous entends depuis tout à l'heure, t'as pas l'air regardant non plus sur la marchandise." Se comporter en racaille du dimanche alors qu'elle venait d'un quartier on ne peut plus respectable, c'était la grande spécialité de Josephine. Une fois qu'elle fût assez proche de lui, elle lui planta un index à l'ongle dur dans les pectoraux "Redescends de tes grands poneys, Barack de mes deux." La messe était dite. Elle se recula d'un pas
Elle toupilla sur les talons effilés de ses chaussures pour mieux repartir à l'assaut du combat qui l'attendait ; elle avait une réputation à tenir. Bien que jouer les maquerelles pour le premier venu ne faisait pas partie de ses attributions ordinaires, elle devait admettre que l'exercice était tout aussi distrayant que la verve de son complice du soir. Ça lui permettait aussi de se rincer l'œil au passage, un plus non-négligeable qui la fit s'arrêter sur la silhouette élancée d'une jeune femme restée un peu à l'écart de l'assemblée de danseurs survoltés. Un coup de menton dans sa direction, et elle dit au jeune homme "OK. La brune sur la droite avec la robe droite et les sneakers. Mais qui se pointe en sneakers en boîte de nuit ? Il est où Cal ?" se demanda-t-elle tout haut, jugeant un peu le videur qui bossait à l'entrée du club et qui avait tendance à laisser entrer n'importe qui juste par pure gentillesse. Elle ignora vite fait sa propre interrogation, se reconcentrant sur ce qu'elle avait sous les yeux pour chuchoter presque, la tête inclinée près du visage de Denzel pour continuer son expertise du tableau fort plaisant qu'ils observaient en duo, et pas de la façon la plus discrète qui soit d'ailleurs "Elle a l'air beaucoup trop sage pour se laisser aborder. En même temps, elle a aussi l'air de s'ennuyer à crever, t'es pas d'accord ?" Une question rhétorique, avalée par la suite de sa phrase qu'elle continua à chuchoter, en bonne conspiratrice qu'elle était "Et elle est sobre. Sinon elle passerait pas autant de temps à se tripoter les cheveux avec l'air de ne pas y toucher pour être sûre de rester aussi bonne qu'elle l'est déjà… des trucs qu'on observe quand on est serveuse. Cherche pas à comprendre. Respecte l'expertise et ferme-là." Un léger sourire remonta ses pommettes alors que ses yeux embellis par le maquillage et les faux-cils s'élargirent en même temps qu'elle haussait les épaules pour marquer son dernier point "Qui sait ? Peut-être que si tu lui proposes une petite danse pour la décoincer, elle sera d'accord pour te laisser passer une main dedans ouhlalalaaaa…" fit-elle en dandinant des fesses dans un simulacre de danse qu'elle cessa en tapant brusquement dans ses mains, puis en se positionnant devant le jeune homme comme un coach de boxe qui s'apprêtait à envoyer son poulain sur le ring. Elle exécuta une petite foulée, les poings serrés, avant de lui faire signe d'approcher. Ses doigts de pianiste s'agitèrent dans l'air lorsqu'elle lui dit, et ce après lui avoir légèrement tapé dans l'épaule pour dire de "Allez, c'est ton heure ! Montre ton haleine, cow-boy." Il était peut-être beau comme un dieu, s'il puait de la gueule, ça gâcherait tous ses efforts.

≈ ≈ ≈
{the smartest of them all}
crédit/ (jorjasmithgf /tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

"Shut up. I'm not that old." Que tu t'entends répliquer aussitôt, sachant pertinemment que c'est complètement faux. Oui, cette phrase-là est complètement fausse et c'est probablement le seul mensonge que tu viens de proclamer de la soirée. Sauf que tu ne lui dois rien, tu viens juste de la rencontrer et tu te vois mal te présenter vraiment, lui donner ton prénom complet, ta date de naissance, les derniers numéros de ton compte en banque... ce genre de choses. Quelque chose te dit qu'elle s'en fiche de tout ça, ça ne compte pas vraiment à ses yeux et même si elle le savait, est-ce qu'elle te regarderait de manière différente ? Si elle savait que ton prénom avait autant de syllabes, que tu faisais un métier pour aider ton prochain et les autres avant tout, et que tu es même plutôt doué dans ton domaine et que tu as le compte en banque pour le prouver... Tu ne sais pas si cela ferait une différence, ça ne devrait pas entrer en jeu pour se faire une opinion de ta personne ou même de quelqu'un en général, tu en es persuadé. Même les gens qui connaissent certains détails se trompent toujours quand tu es concerné, tu as appris à ne pas le prendre personnellement au fil des années. Tu as aussi appris à accepter les clichés que tu représentais parfois, il suffit de voir ta voiture ou de savoir que tu pratiques de la boxe un peu trop souvent pour voir un certain profil se dessiner, sauf que tu n'es pas juste un statistique, ou ta couleur de peau, ou tous les muscles que tu caches sous des t-shirts un peu trop moulants. C'est ce que tu aimes penser, c'est ce que tu te dis souvent.
Mais tu as bien conscience que tout ça n'a pas vraiment son importance ici, dans ce club, ni même face à elle. Les hommes doivent tous se valoir sous son regard inquisiteur, et toi tu es juste l'idiot qui a un peu plus soif que les autres ce soir et tu es prêt à courir pour ton alcool et ton divertissement. Tu acceptes ce rôle de bon cœur, vraiment, c'est bien un sourire qu'il y a sur ton visage, tu as beau avoir un ego démesuré, tu aimes rire et passer un bon moment avant tout et c'est ce qui est en train de se passer à cette seconde précise. Tu as assez de recul pour ne rien prendre personnellement, pour rouler un peu des yeux, en surjouer quand elle t'explique que tu pourrais vraiment tout gagner en acceptant de sauter le pas. Et de parader devant ces demoiselles d'honneur, tu connais déjà les arguments, pas ce soir, ta patience est peut être illimitée mais personne ne peut te forcer à faire ce que tu n'es pas déjà prêt à accomplir, alors non. Pour tes principes, ouais, quelque chose comme ça. Tu te redresses cependant un peu sur ton siège, pour défendre ton honneur et surtout, pour ne pas la laisser avoir le dernier mot, tant pis si cette petite joute verbale est totalement inutile. Dans un autre contexte, si ton jugement était encore plus douteux, cela vous aurait servi de préliminaires, mais pas ce soir. Ce soir, vous passez juste pour deux têtes de mulles.
"Ce n'est pas ce que j'ai dit... je suis regardant, très regardant, je sais être flexible dans tous les cas. Très flexible d'ailleurs, mais t'as loupé ta première tentative c'est tout, je sais que tu as l'habitude de gagner et de te retrouver au-dessus..." Tu marques une légère pause, dramatique au possible, la laissant tirer ses conclusions, toute seule... comme une grande. "... De toutes les situations, mais pas celle-ci, trouve quelqu'un d'autre." Pour satisfaire tous ses besoins et pour faire entendre ses longs et beaux discours, tu n'es pas là pour ça, tu as un pari foireux à gagner. C'est ton tour de bouger, de pivoter sur toi-même et laisser ton regard parcourir la foule pour voir de qui elle parle. "Hey, on ne peut pas tous se balader en talons, Mademoiselle La Mannequin." Une bien maigre défense, tu l'écoutes à moitié pendant que tu observes l'intéressée. Pas en train de danser, pas en pleine conversation avec qui que ce soit, les yeux rivés sur la piste de danse, probablement en train de surveiller des amies et de garder leur table. "Hmm... Elle est mignonne, et ce n’est pas que le whisky qui parle, promis." C'est celle qui est raisonnable, qui est là pour s'assurer que ses connaissances proches passent un bon moment et qui jamais n'accepterait de se laisser distraire. Une cause perdue ou juste ton type précisément ? Un peu des deux. Tu souris déjà, comme un idiot certainement, haussant les épaules, pour faire genre que tu t'en fiches, alors que tu as déjà grillé ta couverture avec ton expression précédente, mais quand même. La serveuse recapte ton attention, avec le ton, la nouvelle remarque et tu te retrouves à froncer légèrement les sourcils, tes yeux plantés dans les siens.
"Question pour toi, tu es toujours aussi charmante ? Non, parce que tu as beau avoir tous les atouts qu'il faut, il y en a qui baisse les bras pour moins que ça." Tu poses la question par curiosité, juste pour savoir si elle insiste toujours pour parler, elle peut aimer le son de sa propre voix, chose que tu peux comprendre mieux que quiconque... Tu veux juste savoir s'il y a un vrai moyen d'avoir un semblant de paix, ou un ton qui n'est pas accusateur de sa part. Probablement pas. "Mais je sais ce que tu vas me dire, que tu en vaux largement le détour et que tu n'as besoin de personne entre tes jambes pour savoir ce que tu veux ou l'obtenir." Ce que tu respectes, vraiment, tu demandes simplement pour la cerner un peu plus. "T'en fais pas, je le sais, c'est pour ça que j'ai pas encore fait demi-tour d'ailleurs." Et puis, si tu te vautres, si au final tu n'es pas aussi doué que tu le prétends, elle squattera le siège passager de ta Mustang pour quelques jours, trois pour être plus précis, donc tu trouveras un moyen d'obtenir plus d'information. Comme son prénom par exemple, parce que si tu lui trouves un surnom, ça ne sera sûrement pas très joli, et tu es certain qu'elle le prendrait mal si tu la réduisais à ses mensurations. De manière très respectueuse, encore une fois.
"C'est parti du coup ?" Question de pure rhétorique, car tu lui lances un dernier clin d'œil avant d'enfin t'éloigner du comptoir, te dirigeant sans plus de cérémonie vers l'autre brune concernée. Qui ne te remarque absolument pas, pas du tout, elle est trop concentrée et tu fronces un peu les sourcils quand elle se passe une main dans les cheveux, elle les rabat sur son épaule droite dans un geste qui te rappelle quelqu'un d'autre. Et la pensée est là, pendant quelques secondes, sauf que tu la pousses bien loin, sciemment, parce que tu fais ce que tu veux dans un premier temps et qu'elle vient enfin de te remarquer. Elle t'adresse un sourire que tu lui renvoies et avant que tu aies le temps d'ajouter quoi que ce soit, elle t'informe que oui, les deux chaises à côté d'elle sont bien libres. Tu n'es pas là pour cela, tu le vocalises, avec un sourire assuré, avant de lui affirmer que oui, tu as remarqué les chaussures et que tu comprends son besoin d'être confortable, pas comme certaine. En faisant cette remarque-là, tu pointes ta camarade de jeu, juchée sur ses talons vertigineux et l'autre brune te révèle que non, elle, elle ne pourrait pas. La glace semble être un peu brisée, assez pour qu'elle te lance un autre sourire et assez pour que tu lui fasses remarquer qu'en revanche, elle a les chaussures parfaites pour danser. "Danser ... ? Non, je laisse ça aux autres, et puis j'ai pas de partenaire. Pas comme mes amies ici présentes. Et en plus, je ne suis pas très douée." Elle fait un geste de la main vers d'autres femmes, qui sont bien accompagnées et que quelqu'un jugerait si elle voyait tout ce spectacle-là. Tu as un léger rire, parce qu'elles ne dansent pas vraiment, elles profitent des verres offerts tout en se déhanchant légèrement, et parce que oui, il y a trop de monde au milieu du club. Sauf que tu as une serveuse à convaincre.
"... Il faut bien commencer quelque part non ? Et promis, je n'ai qu'un seul pied gauche." L'offre est là, sur un ton assuré, tandis que tu la regardes droit dans les yeux, sans vraiment sourciller, signe que tu es plus qu'intéressé. Et on te demande comment tu fais à chaque fois. "C'est Edge au fait. Et je veux bien te servir de cobaye. Ou juste de chauffeur, parce qu'avons le, cette musique est horrible." Il n'y a pas vraiment de stratégie ou de technique parfaite, au royaume des aventures sans lendemain, tu te contentes surtout d'être honnête, car les lignes toutes faites et les beaux discours sonnent généralement faux. C'est à elle de décider.

C'est le destin qui décide d'abord: