Bien que j'avais travaillé douze heures ce jour à l'hôpital, je comptais bien célébrer la fête nationale des irlandais comme il se le devait. Je n'étais pas de service demain, ce qui me permettrait de me remettre de toutes mes émotions par la suite librement. Par ailleurs, je n'avais assurément pas oublié qu'Itziar avait célébré son anniversaire quelques jours plus tôt. Ainsi, mon méfait était prévu depuis plusieurs semaines : je me rendrais, comme à l'accoutumée, au bar où elle travaillait pour boire de la bière - verte, je l'espérais - à outrance et la surprendrais avec son cadeau d'anniversaire. Ce n'était rien de phénoménal, juste une petite attention, mais il m'était important de souligner ce jour spécial dans la vie de l'espagnole. Elle était une véritable amie depuis que je l'avais rencontrée, deux ans plus tôt. Elle avait toujours su veiller à ce que je ne fasse rien que je regrette trop quand j'étais alcoolisé et j'appréciais échanger avec elle. Itziar savait écouter les autres et les rassurer. Elle était dotée d'une certaine sagesse pour son âge et maîtrisait l'art de prendre du recul sur les faits pour mieux les gérer et en réagir. Elle était munie d'une positivité à toute épreuve à mes yeux.

Vers les 21 heures, je poussais les portes du bar et saluais d'un signe de tête amical quelques têtes connues. Par la suite, je m'approchais du bar, à la recherche de la Cortés de Aguilar que je ne remarquais pas pour l'instant. Peut-être ne travaillait-elle pas ce soir ? Ou alors, elle serait de service plus tard ? Il était vrai que je ne lui avais pas envoyé de texto avant de me rendre à son lieu de travail. Je commandais cependant une Blue Moon à Joshua et m'asseyais sur l'un des tabourets. De la musique irlandaise retentissait à travers le système de son du bar et des décorations aux couleurs de l'Irlande ornaient le bar. Les employés jouaient le jeu en étant habillés de vert et en arborant quelques accessoires thématiques. De plus, un petit groupe d'amis s'était lancé dans un tournoi de fléchettes plus loin.

Itziar ne travaillait pas ce soir. Cadeau d'anniversaire de la part de son patron qui lui laissait profiter de la Saint Patrick comme elle en avait envie. Elle appréciait cette soirée de repos, l'occasion pour elle de participer à un événement qui rassemblait toujours beaucoup de monde. Ca lui changeait d'ordinaire où elle passait les trois quarts des fêtes à servir des verres derrière le comptoir sans réellement pouvoir en profiter. Ce soir c'était différent. Elle était libre d'occuper sa soirée comme elle voulait et toute personne normalement constituée se serait sans doute tenue à l'écart de son lieu de travail, mais pas l'espagnole. Elle aimait le bar dans lequel elle travaillait et elle avait aussi promis à Josh qu'elle viendrait le soutenir mentalement. Elle avait plutôt en tête de le narguer un peu, mais c'était une autre histoire et surtout, c'était de bonne guerre. Itziar savait que le bar organisait une soirée sur le thème de l'Irlande. Ils avaient commandé de la bière verte il y avait quelques semaines, en prévision et avaient aussi orné l'intérieur de l'établissement de drapeaux irlandais, guirlandes de trèfles et tout ce qui pouvait bien faire penser à la Saint Patrick. Ils n'avaient plus qu'à se brancher sur une playlist de musique celtique pour la soirée et le tour était joué, ils n'étaient plus à Brisbane, mais en plein Dublin. Ou presque.

Serinda terminait un peu plus tard que prévu ce soir, lui avait promis qu'elle la rejoindrait dès que possible et l'avait sommée de ne pas trop boire en son absence. Chose qu'Itziar ne pouvait pas promettre, mais pour la forme, elle s'était contentée d'un ‘Je vais essayer' qui faisait bien l'affaire selon elle. Itziar avait donc profité de sa journée, avait rattrapé les quelques épisodes de séries qu'elle avait en retard sur Netflix et avait pris le temps de se préparer sans se presser. Il était donc vingt et une heure passée quand elle passa les portes du bar. La musique celtique résonnait jusque dans la rue et la soirée était déjà bien lancée, certains tenaient déjà en mains leur verre de bière verte et d'autres avaient revêtu leurs plus beaux costumes de leprechauns. Tout le monde semblait jouer le jeu et se laisser porter par cette tradition qui se voulait pourtant bien étrangère à l'Australie. Elle remarqua tout de suite Joshua derrière le bar, sa place de choix, qui pour l'occasion portait un chapeau vert avec barbe rousse accrochée. Aussi ridicule que fabuleux. Immédiatement, elle remarqua Isaac, assis au comptoir. Il était de dos, mais elle l'avait vu assis à cette place tellement de fois qu'elle pouvait le repérer entre mille. Elle ne s'attendait pas à la voir ici ce soir, ça faisait un petit moment qu'il n'avait pas mis les pieds au bar. Elle s'approche donc doucement de lui, par derrière et vient lui cacher les yeux avec ses mains. “Devine qui !” Lui demande t-elle, persuadée qu'il n'allait pas lui falloir bien longtemps pour la reconnaître.

Installé au bar, à une place qui m'était habituelle pour ne pas dire traditionnelle, je sirotais de bon cœur ma bière tout en regardant distraitement la télévision. Le nombre de clients suivait une courbe exponentielle et l'animation au sein de l'établissement devenait de plus en plus joviale. La majeure partie des fêtards arboraient des habits ou costumes à l'effigie de l'Irlande et de la musique celtique émanait du système de son. J'attendais que Joshua s'approche de la zone où j'étais installé de sorte à l'interroger sur l'éventuelle présence d'Itziar mais le barman n'avait assurément pas de minutes à perdre, étant plus que sollicité. La soirée s'annonçait chargée pour l'entrepreneur et son chiffre d'affaire aspirait en promesses lors de ce genre d'événements.

Je m'apprêtais à prendre une nouvelle gorgée de ma bière et envisageais de plus en plus d'envoyer un texto à Itziar afin de lui demander si elle comptait sortir pour l'occasion - ce qui me semblait vraiment propre à l'espagnole -, lorsque deux mains se posèrent sur mes yeux. “Devine qui !” Je souris instantanément et posais doucement mes doigts contre le dos des mains me couvrant la vue. “Mh... Laissez-moi réfléchir...” Je lançais, jouant du suspens. Au ton de la voix, à l'accent et vu les circonstances, l'énigme n'était toutefois pas trop rude. “Est-ce que ce serait une certaine Itziar ?” je me tournais sur le tabouret afin de constater ne pas m'être trompé et offrais un large sourire amical à mon interlocutrice. Si ça n'avait pas été là, ç'aurait pu être Elora mais vraiment, je voyais plus l'expatriée agir de la sorte.

“Alors, t'as mis du vert ?” Je questionnais la belle pétillante. “J'te paie un verre ?” J'offrais par la suite. Autant prendre son rafraîchissement tant que le bar n'était pas totalement bondé. Bien qu'Itziar possédait possiblement ses accès. “Et tu sais quoi ? J'ai une surprise pour toi.” J'exposais, impatient de donner à la jeune femme son cadeau d'anniversaire. Ce n'était rien de phénoménal, deux babioles qui me faisaient penser à elle, mais j'avais tenu à réaliser un geste pour l'occasion de son vingt-sixième anniversaire. Je tirais le paquet refermant les présents de la blouse de ma veste et le tendais à la vingtenaire. “C'est pas grand-chose mais... Joyeux anniversaire avec un peu de retard !” Recouvert de papier cadeau - pas très habilement, avec une certaine quantité de ruban adhésif - reposait une tasse au sein de laquelle un porte-clefs demeurait aussi, également emballé par mon manque d'expertise en la matière. “C'est une manière d'emballer très spéciale,” je moquais moi-même en apercevant les ongles de la Cortés militer contre le scotch.

La devinette n'était pas bien compliquée. Son accent la trahissait sans aucun doute dès le premier mot qu'elle avait prononcé. Ce n'était pas grave cependant, le but n'était pas de le faire réfléchir pendant des heures et le faire se creuser les méninges comme s'il s'agissait d'un casse-tête extrêmement compliqué à résoudre. Elle se doutait bien qu'il allait la reconnaître. D'abord, à son accent, qui était tout de même un indice de taille et puis parce que ce n'était pas tout le monde qui débarquait derrière vous sans prévenir pour poser ses mains sur vos yeux. Ca, c'était du Itziar tout craché et il la connaissait depuis assez longtemps pour s'en rendre compte en un quart de seconde. Ca ne la faisait pas moins rire et c'était un large sourire qui était dessiné sur son visage. Il fait mine de réfléchir, quelques secondes, pose ses mains sur les siennes et se retourne après avoir annoncé sa réponse. Comme s'il ne savait pas qu'il avait la bonne réponse. Elle rit Itziar, elle prend même un air choqué en enlevant ses mains du visage de l'infirmier. "Comment t'as fait pour deviner du premier coup ?"  demande t-elle en plaisantant "T'as des dons de voyance ?" Elle en rajoute une couche, parce que sinon, ce ne serait pas Itziar. Il fallait qu'elle mène sa plaisanterie jusqu'au bout. Comme si ce n'était pas évident que c'était elle et que quiconque la connaissant un peu n'aurait pas reconnu son accent à la seconde où elle avait ouvert la bouche. C'était son truc en plus, sa touche personnelle. Ce qui la démarquait un peu plus des autres. Elle n'avait jamais eu honte de son accent et n'avait jamais eu peur de s'exprimer au risque qu'on ne la comprenne pas. Même quand elle était fraîchement débarquée et était loin, très loin de pouvoir de déclarer bilingue. La langue n'avait jamais été un frein pour elle et elle avait toujours pleinement assumé son accent, sans chercher à le gommer. Se fondre dans la masse, très peu pour elle.

Sauf ce soir peut-être. Elle déboutonne sa veste en jean quand Isaac lui demande si elle a mis du vert pour dévoiler un tee-shirt, basique, de la même couleur que la bière que Josh était en train de servir à un client à leur gauche. "Bien sûr que j'ai mis du vert ! Faut rester dans le thème. T'as quoi de vert toi ? Si t'as rien je vais devoir te trouver un chapeau ou un drapeau ou je ne sais quoi. Je promets pas que ce soit très esthétique." Lui répond-elle en souriant, prenant place sur le tabouret libre à côté de l'australien qui propose de lui offrir un verre. "Tu peux me payer le premier, mais après ce sera ma tournée. Je peux pas te laisser payer dans le bar où je bosse, sans te filer un truc gratuit par derrière." Lance t-elle en souriant. Elle fait signe à Joshua une fois qu'il tourne la tête dans leur direction. Elle lui commande une bière et ça l'amuse plus que de raison de se faire servir par son collègue. Elle se tourne ensuite vers Isaac. "Tu commandes un autre truc ?" lui demande t-elle alors qu'elle avait remarqué le verre qu'il avait déjà devant lui. Il pouvait bien se permettre d'en commander un deuxième. Puis il lui dit qu'il a une surprise pour elle. Elle lève un sourcil interrogateur dans sa direction se demandant bien ce que cette surprise pouvait être et surtout, en quel honneur. Son anniversaire. Bien sûr qu'il allait y penser. S'il y avait une chose qu'elle avait apprise sur Isaac depuis qu'elle le connaissait c'était qu'il était quelqu'un qui prenait particulièrement soin de son entourage. Il faisait attention aux détails. Elle avait dû lui dire une fois ou deux la date de son anniversaire et pourtant, il l'avait retenue. "Oh nan, mais fallait pas !" lui lance t-elle quand il lui tend le paquet et qu'elle s'affaire à déballer le présent. "Elle est très bien ta manière d'emballer, ça fait durer le suspens." Répond-elle alors qu'elle se bat avec le scotch qui ne semble pas vouloir céder et se veut un peu récalcitrant. Elle parvient à en arracher une bonne partie. Assez pour sortir le cadeau de l'emballage. Un mug avec un message qui lui va droit au coeur et la fait sourire instantanément. D'autant plus quand elle remarque le porte clé, à l'intérieur de la tasse. Lui aussi avec un message personnalisé. "Aww j'adore ! S'il y avait pas autant de monde j'aurai bu dans la tasse toute la soirée, mais là j'ai trop peur qu'elle se casse. Le porte clé en revanche je vais pouvoir le mettre direct sur mon trousseau." Lui répond-elle se penchant vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. "T'es vraiment trop gentil, t'étais vraiment pas obligé." ajoute t-elle, inspectant un peu plus la tasse avant de la poser délicatement sur le bar avant de sortir ses clés de son sac pour y accrocher le porte clés. "Comment t'as fait pour trouver tout ça ? J'ai jamais vu ce genre de choses nulle part. Encore merci. J'sais pas quoi dire, je m'y attendais pas et ça me touche que t'ais pensé à moi." Déclare t-elle, son sourire ne quittant pas ses lèvres.

Je sirotais ma bière fraîche, rendue verte pour l'occasion grâce à quelques gouttes de colorant alimentaire, en profitant avec amusement de l'ambiance festive qui régnait dans le bar de Fortitude Valley. Ce lieu était un de mes favoris pour prendre un verre, regarder un match ou discuter avec les habitués comme les employés. J'y avais fait d'excellentes et mémorables rencontres, comme celle d'Itziar par exemple que je considérais aujourd'hui comme une sincère amie et qui avait été présente lors d'une phase très sombre de mon histoire. D'ailleurs, je n'avais assurément pas oublié que son anniversaire se tenait en mars et j'avais souhaité marqué cette occasion de petites attentions. Ce n'était rien de grandiose, mais ça venait du cœur et j'espérais que l'espagnole apprécie mes présents. Cependant, encore fallait-il que je parvienne à la rencontrer. Je guettais les allers et venus de Joshua dans l'objectif de le questionner sur l'éventuelle présence au bar de la vingtenaire quand deux mains se posant sur mes yeux m'indiquèrent que la jeune femme m'avait trouvé avant moi.

Je jouais le jeu, taquin, hésitant quelques secondes sur l'identité de la personne qui pouvait bien se trouver dans mon dos. Finalement, j'osais le prénom d'Itziar, un large sourire aux lippes, amusé devant l'air faussement choqué qu'empruntait mon interlocutrice d'avoir été découverte dès ma première suggestion. "Comment t'as fait pour deviner du premier coup ? T'as des dons de voyance ?" Je me déplaçais sur le tabouret de sorte à faire totalement face à la blonde et répliquais, poursuivant dans l'humour : "Ha, j'ai jamais osé te le dire, j'avais beaucoup trop peur de te faire fuir ou de finir au bûcher ! Mais oui, j'avoue tout maintenant, j'ai des dons de voyance. D'ailleurs, seulement parce que c'est toi, je vais te prédire l'avenir !" Je commençais, amusé. Je prenais mon verre et effectuais quelques tours de passe-passe devant son contenu, comme si j'espérais y lire l'avenir à l'image des comédiens. "C'est ma boule de cristal des temps modernes," je présentais. "Alors, je te prédis que tu passeras une excellente soirée, mais je remarque que tu prendras beaucoup plus de plaisir aux côtés d'un jeune homme séduisant aux cheveux bruns et aux yeux verts... Je sens qu'il s'agit d'un ancien sportif de haut niveau... Je ne parviens pas trop à voir son visage, mais tu es radieuse... Tu danseras jusqu'au bout de la nuit." Arborant un sourire malicieux, j'ose à peine regarder Itziar dans les yeux, de peur d'éclater de rire et perdre brusquement tout mon sérieux. "Je te prédis aussi que tu seras très surprise ce soir. Tu recevras quelque chose sans t'y attendre !" Je posais mon verre, concluant : "Et voilà. Convaincue ?" Je questionnais, il était si facile de pousser la plaisanterie avec Itziar.

Mes talents de voyance sont malheureusement limités cependant, tant que j'interroge Itziar si elle a pris le soin de porter du vert pour cette occasion annuelle. "Bien sûr que j'ai mis du vert ! Faut rester dans le thème. T'as quoi de vert toi ? Si t'as rien je vais devoir te trouver un chapeau ou un drapeau ou je ne sais quoi. Je promets pas que ce soit très esthétique." J'hésitais, m'imaginant bien Itziar me dégoter un accessoire à l'effigie de l'Irlande. "J'ai un t-shirt et de très belles chaussettes. Tu en serais jalouse. Y'a des trèfles dessus," j'annonce, vantant le mérite de celles-ci en hochant la tête gravement avant de rire de bon cœur. "J'ai repéré du maquillage. Tu veux que je t'en dessine un pour te porter chance ?" Je proposais, bien qu'accepter pourrait composer un sérieux risque pour l'espagnole : j'étais loin d'être doué en dessin.

Itziar s'installe à mes côtés et j'offre de lui payer un verre.  "Tu peux me payer le premier, mais après ce sera ma tournée. Je peux pas te laisser payer dans le bar où je bosse, sans te filer un truc gratuit par derrière." Je souris, reconnaissant. Il était vrai que ce n'était pas rare qu'Itziar me paie des verres, bien qu'elle restait toujours très raisonnable dans ses dons afin de ne pas être victime des foudres de son employeur. "Tu commandes un autre truc ?" "Tu penses bien !" J'approuve et opte pour une seconde bière verte. Le choix était certes très diversifié, les clients sollicitaient beaucoup les traditionnels verres de whiskey, rhum, gin, vodka et tequila. Quelques shooters étaient également concoctés : des TGV, des Jagermeisters, des B-52, des mad dog. Je me mettais dans un coin de la tête de prendre des cream sicle avec Itziar plus tard, je raffolais de ce shooter que j'avais découvert il y a peu. Un groupe de filles requéraient des cocktails aussi colorés qu'alléchants : une piña colada, un havana beach, un cosmopolitain, et un tequila sunrise.

Nos rafraîchissements servis, il me fallait désormais prouver mes talents de voyance. Trépignant d'impatience et priant pour que mes petits cadeaux lui plaisent, je tendais les petits paquets à Itziar en lui souhaitant sincèrement un joyeux anniversaire, large sourire aux lèvres. "Oh nan, mais fallait pas !" L'espagnole s'efforce de déballer mes présents et je rigole en commentant ma méthode d'empaquetage assez singulière. "Elle est très bien ta manière d'emballer, ça fait durer le suspens." J'émets un rire flatté. "Merci bien," je prononce honnêtement, conservant un sourire heureux. Un bout de papier rompt et voilà que le mug ainsi que le porte-clefs sont découverts. Je guette avidement la réaction d'Itziar, croisant mentalement les doigts pour qu'elle apprécie mes petits cadeaux. "Aww j'adore ! S'il y avait pas autant de monde j'aurai bu dans la tasse toute la soirée, mais là j'ai trop peur qu'elle se casse. Le porte clé en revanche je vais pouvoir le mettre direct sur mon trousseau. T'es vraiment trop gentil, t'étais vraiment pas obligé." Elle me remercie en déposant un baiser sur ma joue. "Ça me fait super plaisir. J'suis super content que ça te plaise !" Je réplique, prenant une gorgée de ma bière pendant que la Cortés de Aguilar sortait son trousseau de clefs pour y intégrer mon présent. "Comment t'as fait pour trouver tout ça ? J'ai jamais vu ce genre de choses nulle part. Encore merci. J'sais pas quoi dire, je m'y attendais pas et ça me touche que t'aies pensé à moi." "Impossible que j'oublie l'anniversaire de ma barmaid préférée !" J'expliquais avec un clin d’œil complice. "Ça se souligne, un an de plus," j'ajoutais en tapotant mon verre contre le sien avec amitié. "J'ai commandé sur Internet," je lui divulguais mon secret. "J'voulais quelque chose que je pensais te ferait plaisir et qui serait personnalisé spécialement pour toi." Je lui confiais, entendant par la suite Whiskey in the Jar retentir, conviant quelques clients déjà pompettes vers une petite zone du bar pour danser. "Tu veux danser ?" Je l'invitais, l'ambiance battant exponentiellement son plein.

Elle est amusée, elle plaisante et elle rit quand il se prend au jeu, lui avouant avoir effectivement quelques dons de voyance dont il propose de lui faire une démonstration, là, tout de suite avec le contenu de son verre. Certain lisent dans les lignes de la main, d'autres dans le marc de café, Isaac, lui, lit dans les boissons alcoolisées. "Vas-y dis moi tout, j'ai hâte de savoir ce qui m'attend." Lui lance t-elle en le regardant faire. Il y va de sa prédiction sur sa soirée avec sa boule de cristal des temps modernes. Effectivement, il ne pouvait pas faire plus 21ème siècle, à moins qu'il ne se serve de son smartphone. Quoi que, elle n'avait pas tout vu et que c'était pour la suite. Il lui prédit une excellente soirée, en très bonne compagnie, avec de la danse et une surprise et ça la fait sourire de toutes ses dents. "Si le beau gosse aux cheveux bruns et aux yeux verts c'est toi, tu viens de décrire la soirée parfaite donc je suis convaincue oui ! J'espère que je me suis pas faite avoir et que la prédiction est vraie." Lui répond-elle en riant. Elle est convaincue, que ce soit par les talents de voyance d'Isaac ou par le fait qu'elle va passer une très bonne soirée. Le thème est propice à la fête et elle arbore fièrement le vert si particulier au drapeau irlandais ainsi qu'à la St. Patrick. Elle n'était pas du genre rabat joie à ne pas suivre le mouvement et elle ne perd d'ailleurs pas de temps pour questionner l'infirmier quant à son choix de tenue. Si elle n'avait pas vraiment fait de gros efforts quant à son choix de tenue, se limitant à un tee-shirt vert, basique, force était de constater que Isaac, lui, avait non seulement un tee-shirt, mais avait porté un peu plus d'attention dans les détails avec ses chaussettes à trèfles. Discrètes, mais efficaces et bien entendu, à cent pour cent dans le thème de ce soir. D'ailleurs, il semble être son propre porte bonheur de la soirée puisqu'il lui annonce qu'il a repéré du maquillage, arme parfaite pour lui dessiner un trèfle sur la joue. "Un peu que je veux, on n'a jamais trop de chance. Tu l'as vu où ? Je vais aller le chercher." lui dit elle, regardant autour d'elle en attendant qu'il lui indique où il avait vu le maquillage vert.

Entre temps, elle accepte qu'il lui paye un verre, promettant de lui en offrir un en retour un peu plus tard dans la soirée, parce que ça lui parait normal. Parce que c'est un peu étrange pour elle de se faire offrir des verres dans le bar où elle travaille, alors qu'elle pourrait tout simplement passer derrière le comptoir pour aller se servir elle-même. Il reprend tout de même une bière, pour l'accompagner et elle le suit dans son choix. Plus pour la couleur de la bière que pour autre chose d'ailleurs. En effet, elle n'avait pas de goût particulier, ou hors du commun rien d'autre qu'une bonne vieille bière, passe partout qui convient à à peu près tout le monde, même à ceux qui n'aiment pas spécialement la bière. C'était une bière banale à laquelle on avait ajouté du colorant pour lui donner cette couleur verte vibrante sans laquelle la St. Patrick ne serait pas réellement la St. Patrick. Quand le barman dépose les bières devant eux, Itziar attrape la sienne, et pousse la pinte de Isaac dans sa direction avant de sortir son téléphone de sa poche pour une selfie souvenir. "Il faut immortaliser ça !" Déclare t-elle avant de prendre la photo, une fois Isaac prêt.

Elle n'a bu qu'une grande gorgée de sa bière quand Isaac lui offre les petits cadeaux qu'il avait acheté pour elle. C'était donc ça la surprise dont il parlait dans sa vision. Ses dons de voyances semblaient avérés. Il avait cependant oublié de prédire à quel points ces petits présents feraient plaisir à Itziar. "Non, merci à toi !" Le reprend-elle, quand il la remercie pour le compliment sur sa manière d'emballer. Elle ne sait pas vraiment comment le remercier. Elle n'est pas super douée avec les mots dans ce genre de situation. Ca la touche énormément cette attention envers sa personne, alors, elle se contente de montrer avec enthousiasme que les cadeaux lui plaisent. Il n'aurait pas pu mieux choisir. Pas pu trouver de cadeaux plus personnalisés que ceux-là et pour elle, c'est vraiment ce qui fait toute la différence. "T'aurai pas pu trouver mieux. C'est un des meilleurs cadeaux qu'on m'ait jamais fait." Lui répond-elle, un large sourire dessiné sur les lèvres. "Bon après à un moment donné faudra quand même arrêter de souligner les années en plus." Continue t-elle en riant. Non pas qu'elle ressente un quelconque malaise au fait de s'approcher à petit pas de la trentaine, mais il y a quand même ce petit quelque chose d'étrange, comme si elle s'approchait d'un nouveau palier, sans vraiment savoir ce qui l'attendait. Sans avoir la sensation d'avoir accompli quoi que ce soit. C'est ça qui la dérange le plus, le fait qu'elle n'ait pas forcément l'impression d'avoir cet âge là, et pourtant. Cela dit, ce n'était pas son problème ce soir et elle avait encore quatre ans avant de s'inquiéter un peu plus. "Je sais pas si c'est tes talents de voyance qui t'aide à choisir de supers cadeaux, mais t'as un don, je viendrai te voir quand je devrai trouver quelque chose pour quelqu'un et que ce sera le néant niveau idée." Dit elle, se levant rapidement pour aller poser sa tasse derrière le comptoir, en sécurité, loin des gens ayant un peu trop bu, maintenant qu'elle avait eu le temps de l'admirer. Elle la récupérerait tout à l'heure quand elle partirait ou lors de son prochain shift, dans le pire des cas. Quand elle retourne à sa place, c'est Whiskey in the jar qui se fait entendre, sous les acclamations de clients plutôt satisfaits du choix de musique. Isaac lui propose d'aller danser et pour elle c'est comme une évidence. "Toujours !" lance t-elle, attrapant sa pinte d'une main pour en boire une gorgée, attrapant la main d'Isaac de l'autre pour l'attirer avec elle sur la piste de danse improvisée. "Ok vas-y, montre moi tes meilleurs pas de danse ... à l'irlandaise." qu'elle lance en riant "Après je te montrerai les miens, mais je veux pas te faire peur avec mon talent, donc je peux pas danser en première." Elle rit, se déhanchant doucement sur la musique.

Une ambiance immuablement bon enfant et complice ne tarde pas à s'installer dès qu'Itziar me rejoint. La joie aux lèvres, plaisantin, je lui présente mes talents de voyance tout en lui augurant une soirée des plus festives, mon verre d'alcool agissant en qualité de moderne vecteur vers l'au-delà. "Si le beau gosse aux cheveux bruns et aux yeux verts c'est toi, tu viens de décrire la soirée parfaite donc je suis convaincue oui !" Je ne peux réprimer un large sourire. "J'espère que je me suis pas faite avoir et que la prédiction est vraie." Je hausse les sourcils, empruntant une mine sérieuse. "Je fais peu de prédictions pour justement assurer un taux de réussite à 100%" j'annonçais en acquiesçant gravement.

La malice ne quittant pas mes traits, l'étude de nos tenues respectives se tient. Nous arborons tous les deux du vert dans une certaine mesure et je suggère que nous passions à l'atelier maquillage, ayant repéré de quoi orner nos minois de symboles honorant Saint Patrick. Je propose même d'ajouter un trèfle sur la joue de l'espagnole afin de lui porter chance. "Un peu que je veux, on n'a jamais trop de chance. Tu l'as vu où ? Je vais aller le chercher." La Cortés recherche visuellement la palette et je la désigne d'un discret mouvement de doigt. "Là, sur le comptoir juste à côté de la porte menant à la réserve." Cela faisait un petit moment que le maquillage reposait, tristement inutilisé et abandonné, sur son coin boisé, tant que je me consolais en me disant qu'il serait dommage de ne pas le rentabiliser. De plus, nous ne jouissons pas tous les jours de la possibilité de jouer des nuances de vert sur notre teint, sauf si l'on souhaite se transformer en Grinch en plein mois de décembre.

J'émets ma volonté de payer un verre à la barmaid et l'accompagne en renouvelant également ma boisson. Deux bières vertes sont commandées et lorsque celles-ci arrivent à nous, attirantes par leur couleur vibrante, la vingtenaire a la bonne idée d'en faire un souvenir physique. "Il faut immortaliser ça !" Nous prenons la pose et le cliché est rapidement pris. "Super ! Excellente idée. Tu me l'enverras ?" Je sollicite avant de concrétiser mes prédictions. J'avais certes quelques jours de retard, mais je n'avais assurément pas oublié qu'Itziar avait fêté son anniversaire quelques jours plus tôt. J'avais pris plaisir à rechercher des présents pour la jeune femme qui comptait de plus en plus pour moi à mesure des mois que je la connaissais. La blonde était apparue dans ma vie lorsque je rôdais au fond du gouffre et avait composé un soutien indéfectible. Lorsque j'étais revenu, après une hospitalisation inavouée, l'amitié qu'elle me dédiait s'était vue inchangée malgré mon absence et je lui en étais éternellement reconnaissant. Il s'agissait d'une véritable amie, une personne sur qui l'on pouvait compter et qui savait aussi nous écouter. J'adorais discuter et plaisanter avec la jeune femme et si je pouvais lui présenter une petite portion de ma gratitude en la surprenant de la sorte, j'en étais ravi.

Je remerciais la jeune femme sur son compliment par rapport à ma manière d'emballer et souris doucement lorsqu'elle me remerciait en retour. Je prends une gorgée de ma bière tandis qu'Itziar se bat avec le ruban adhésif déployé en faramineuse quantité. Quelques instants plus tard, la tasse personnalisée et le porte-clefs tout désignés sont découverts. Je guette avidement la réaction de mon interlocutrice et ne sait cacher mon bonheur de constater que mon attention lui plaît. Tant qu'elle glisse même derechef le porte-clefs autour de ses clefs. "T'aurais pas pu trouver mieux. C'est un des meilleurs cadeaux qu'on m'ait jamais fait." Je considérais la jeune femme, heureux. "Bon après à un moment donné faudra quand même arrêter de souligner les années en plus." Je ris doucement, négociant : "On arrête à trente ans, c'est ça ?" J'adressais un clin d'œil complice à mon amie. Ce délai lui laissait encore quelques surprises supplémentaires. "Je suis super content que ça te plaise," je commentais avec sincérité. "100% de réussite mes prédictions, j't'avais dit," j'ajoute avec humour. "Je sais pas si c'est tes talents de voyance qui t'aide à choisir de supers cadeaux, mais t'as un don, je viendrai te voir quand je devrai trouver quelque chose pour quelqu'un et que ce sera le néant niveau idée." Je ris de nouveau, hochant la tête. "Ecoute, on peut brainstormer sur des cadeaux ensemble quand tu veux. Si j'peux t'aider, ça m'va !"

Itziar place la tasse en sûreté et à son retour, le classique Whiskey in the Jar fait vibrer les murs du bar. Plusieurs clients manifestent leur contentement en commençant à danser, chanter, taper dans leurs mains et même des pieds avec dynamisme et entrain. Pour ma part, j'invite l'hispanique à mettre le feu à la piste de danse. La vingtenaire saisit la main que je lui tends et je la conduis sur le terrain. "Ok vas-y, montre moi tes meilleurs pas de danse ... à l'irlandaise." Je ris de bon cœur, réfléchissant au préalable. "Après je te montrerai les miens, mais je veux pas te faire peur avec mon talent, donc je peux pas danser en première." Nouveau rire de ma part, Itziar se déhanchant déjà. "Alors attends... T'as raison, faut pas trop m'intimider de prime abord avec ton talent..." Je consentais, rictus facétieux, en reculant un peu. "C'est une jig, non ? Donc..." Il en va de danser tel un leprechaun. "Le truc c'est de garder le haut du corps bien droit, de garder tes bras le long du corps, la pointe de tes pieds bien tendue, et tu fais les pas de danse..." J'y connaissais rien, en réalité. J'improvisais totalement en faisant semblant d'être un expert quand l'expression sur mon visage trahissait l'hilarité. Après la théorie, je me prends à la pratique et entame quelques pas de jig qui doivent sans doute ressembler à pas grand-chose mais ne sonnent pas trop mal dans ma tête malgré tout, puis toute la bonne volonté s'y trouve ! Par ailleurs, ma prestation paraît motiver d'autres clients du bar qui m'imitent et bientôt, bras dessus bras dessous, une ribambelle de danseurs de jig se forme. "Allez Itziar, montre à quel point tu sautes haut !" Je convie le barmaid en la saisissant par l'épaule, comme une autre fille le fait de l'autre côté de sa personne. "Mush-a ring dum-a do dum-a da. Whack for my daddy-o !"

Quand Isaac pointe du doigt le maquillage qu'il a vu un peu plus tôt dans la soirée, Itziar se lève pour aller le récupérer afin qu'il puisse lui dessiner un trèfle à quatre feuilles sur la joue. Un moyen de coller un peu plus au thème tout en mettant un peu de chance de son côté aussi. Elle n'était pas particulièrement superstitieuse, mais elle n'était pas complètement sceptique non plus. Elle laissait au hasard le choix de décider de ce qui arrivera pour elle. Cependant, elle n'était pas peu fière du petit trèfle que l'infirmier avait finalement dessiné sur sa joue. C'était simple, mais c'était mignon et ça ressemblait bien à un trèfle à quatre feuilles alors, elle était aux anges. Encore plus quand le barman vient déposer deux pintes de bières vertes devant elle. Elle en fait glisser une vers Isaac, lui proposant de trinquer et d'immortaliser le moment par une selfie. Elle n'avait pas souvent l'occasion de se trouver de ce côté-là du bar, en compagnie d'Isaac et le soir de la St. Patrick en plus de cela. Il était donc important pour elle d'en garder un souvenir numérique qui la suivrait absolument partout où elle emmènerait son téléphone portable. "Bien sûr ! Tiens, d'ailleurs je vais le faire tout de suite, avant d'oublier." Déclare-t-elle après avoir pris la photo quand le Jensen lui demande si elle pourra lui envoyer. Ca ne lui prend pas plus deux secondes à pianoter sur son téléphone portable pour que le cliché arrive sur le téléphone de l'australien qui lui aussi pourra en profiter.

Et si elle avait l'impression de ne pas être assez chanceuse ce soir, elle pouvait sans aucun doute compter sur Isaac pour rendre la fête encore plus belle. La jeune espagnole ne s'attendait pas à ce qu'il lui ait prévu des petits cadeaux pour son anniversaire. Il lui avait souhaité avec un joli sms, plein de bienveillance, comme cela semblait être sa marque de fabrique, quelques jours plus tôt et pour elle c'était déjà beaucoup. Elle n'attendait pas de cadeaux et pourtant, les cadeaux qu'il venait de lui faire était parfait. Ils étaient bien pensés, tout en restant simples, ce qui plaisait énormément à Itziar qui ne tarissait pas d'éloges pour le jeune homme et ses petits cadeaux. Elle allait en prendre soin et les chérir, ça, il pouvait en être certain. "Oui apparemment on arrête à trente ans ! Je croyais que c'était vingt-cinq, mais j'avais tort ! Du coup toi qui as déjà eu trente ans, ça se passe comment après ? Tu arrêtes de compter où tu fais genre tu as trente ans tous les ans ?" demande-t-elle en souriant à Isaac, comme si c'était un vieux sage qui avait des réponses à ses questions de la plus haute importance. Elle n'avait pas spécialement peur de vieillir. Elle était bien dans ses baskets et même si elle n'avait pas accompli grand-chose depuis qu'elle avait atteint la majorité, elle n'avait pas l'impression d'avoir gâché ces années-là. Après tout, elle avait eu l'occasion de voyager énormément, de faire la fête tout autant, de profiter avant de réellement entrer dans l'âge adulte, ce grand saut qu'elle avait fait en quittant l'Espagne pour reprendre à zéro, ici à Brisbane. Elle avait presque l'impression d'avoir vécu deux vies différentes en vingt-six ans et voyait tout autant de possibilités pour l'avenir. Cela dit, elle avait quand même un peu de mal à se faire à l'idée qu'elle approchait à grands pas de la trentaine et n'était pas totalement à l'aise avec ça. Heureusement pour elle, il lui restait encore quatre ans pour s'y faire et puis de toute façon, une fois qu'elle aurait atteint les trente ans, ça ne compterait plus. "Franchement je m'incline. Tes talents de voyance sont legit ! Comptes sur moi pour t'appeler en urgence quand il faudra que je trouve un cadeau pour quelqu'un et que j'aurai aucune idée de quoi acheter." Ça risquait d'arriver. Elle adorait faire des cadeaux et avait en général de bonnes idées, mais il arrivait qu'il y ait cette personne pour qui elle séchait totalement et rien n'y faisait. Dans ces cas-là, elle aurait bien besoin d'un Isaac avec ses dons de voyance.

Une soirée n'était pas une vraie soirée pour Itziar si elle ne mettait pas au moins une fois les pieds sur la piste de danse. Elle était toujours partante pour se déhancher. A n'importe quel moment de la soirée. Alors, quand Isaac lui propose d'aller danser, elle est forcément enthousiaste. Elle va mettre sa tasse en sécurité puis elle entraîne le jeune homme avec elle sur la piste de danse improvisée. Elle commence à se déhancher, en rythme avec la musique puis défi Isaac de lui offrir ses plus beaux pas de danse irlandaise, promettant de lui montrer les siens juste après. "J'sais pas si c'est une jig ou quoi, mais t'as l'air d'un vrai pro comme ça." Lance-t-elle en riant. "Souris pour la caméra !" ajoute-t-elle, sortant son téléphone pour filmer une courte vidéo du jeune homme en train de danser. Vidéo qu'elle pensera bien entendu à lui envoyer demain matin en se levant pour qu'il puisse en profiter aussi. "Tu te rends compte que tu viens de lancer tout le monde dans la jig là ?" demande-t-elle en riant, voyant que tous ceux qui étaient présents sur la piste de danse avait suivi le mouvement et imitait maintenant les pas de danse de l'australien. "Honnêtement, j'ai parlé trop vite je crois que t'as des biens meilleurs pas de danse que moi, mais j'vais faire de mon mieux !" déclare-t-elle en souriant alors que Isaac la saisie par l'épaule et qu'une jeune femme en fait de même de l'autre côté. Alors, elle tente, elle se lance, puis elle rit aussi parce que finalement ce n'est pas la justesse des pas le plus important, mais bien de s'amuser et de profiter. "There's whiskey in the jar-o" reprend-elle à pleins poumons par la même occasion.

Trèfle à quatre feuilles dessiné soigneusement sur la joue de l'hispanique, bières vertes rafraîchissantes servies, cliché photographique à la mode des selfie enregistré, la soirée ne faisait que démarrer et promettait d'être riche en émotions, à mon plus grand bonheur. Je sollicitais mon amie pour qu'elle me transfère le souvenir qu'elle venait d'immortaliser quand elle aura un moment et promptement, elle pianotait sur son smartphone de sorte à me transmettre le fichier. "Merci beaucoup !" Je prononçais sincèrement avant de lui présenter les cadeaux que je lui avais concoctés à l'occasion de son anniversaire. A mon ravissement, ces présents semblèrent plaire à la vingtenaire qui me remerciait et enfilait même ses clefs autour du porte-clefs. Un large sourire aux lèvres, je l'observais faire, réellement heureux que mes idées lui plaisent. Je ris doucement lorsqu'elle m'indiquait qu'il faudrait néanmoins au bout d'un moment cesser de souligner les années supplémentaires remportées et je suggère que cette stratégie s'applique à partir des trente années atteintes. "Oui apparemment on arrête à trente ans ! Je croyais que c'était vingt-cinq, mais j'avais tort ! Du coup toi qui as déjà eu trente ans, ça se passe comment après ? Tu arrêtes de compter où tu fais genre tu as trente ans tous les ans ?" Je laissais filer un petit rire avant de confier avec un clin d'œil complice et joueur : "Je fais la fête sans penser au nombre. Je fais genre y'a pas d'année supplémentaire en occasion à célébrer." Cependant, je me permettais de souligner mes soi-disant dons de voyance qui s'avéraient jusque-là véritables. Je ris bon coeur lorsque la Cortés de Aguilar m'indiqua s'incliner devant ceux-ci et compter saisir mon offre de faire appel à mes services pour les prochaines idées cadeaux. "Deal !" Je concluais en buvant une gorgée de ma bière fraîche après avoir fait amicalement tinter mon contenant contre le sien et souhaité la santé en gaélique rencontrant l'Espagne : "Slainte señora Cortés de Aguilar!"

Les morceaux devenant de plus en plus rythmés, j'invitais mon amie à mettre le feu sur les planches de la piste de danse. La jeune femme partit mettre sa nouvelle tasse en sécurité et une fois qu'ils eurent rejoint les danseurs, la barmaid m'invita à démontrer mes meilleurs pas de danse à l'irlandaise, en échange d'avoir en spectacle les siens par la suite. Je soupçonnais que pour correspondre au critère actuel il me fallait m'essayer à la jig et je mettais ainsi en application le très peu de connaissances et l'absence de pratique sur cette discipline. Je m'appliquais à me laisser porter par l'ambiance ainsi que de reproduire les mouvements que j'ai déjà pu visionnés sur certaines vidéos et dans des films. "J'sais pas si c'est une jig ou quoi, mais t'as l'air d'un vrai pro comme ça." Un rire fila entre mes lèvres et je ne ralentissais pas la cadence, Itziar décidant d'immortaliser également ce moment. "Souris pour la caméra !" Je tirais la langue avec jeu avant de sourire largement et de me démener pour offrir un numéro au moins digne de ce nom. Je récupérerai demain, ce n'était certainement pas le jour de la Saint Patrick que j'allais me reposer ni me préserver, trente ans passés ou pas ! "Tu te rends compte que tu viens de lancer tout le monde dans la jig là ?" Je balayais la piste du regard en riant. "J'suis un phénomène de mode !" Je commentais en m'esclaffant, prenant la situation à la dérision tout en étant bien heureux que l'ambiance s'enflammait et que les gens s'amusaient. "Honnêtement, j'ai parlé trop vite je crois que t'as des biens meilleurs pas de danse que moi, mais j'vais faire de mon mieux !" "Allez !" J'encourageais en saisissant la blonde par l'épaule pendant qu'une autre cliente prenait la place vacante à sa gauche pour entamer une danse à plusieurs. "There's whiskey in the jar-o" "Woohoo !"

Essoufflé mais extatique, la mythique mélodie s'arrêta pour laisser l'interprétation à un titre de U2. Je revenais vers le bar afin de prendre une gorgée rafraîchissante bien méritée et proposais à ma compagnie de ce soir, malicieux : "Ca te dit un shooter ou un défi ? Du genre, j'te défie d'aller chanter un couplet du prochain titre, ou tu bois un shooter de mon choix ? Et vice versa." Je lançais le jeu, plaisantin, bien qu'enclin à retourner sur la piste de danse si cette option était préférée d'Itziar.

Faire la fête sans penser aux années supplémentaires. Ca semblait plutôt simple comme technique. C'était un peu ce qu'elle faisait déjà de toute façon. Elle avait vingt-six ans maintenant et faisait la fête comme quand elle en avait dix-huit. Elle n'avait rien changé à ses habitudes. La logique aurait peut-être voulu qu'elle se soit assagie, mais il n'en était rien finalement. Il lui arrivait toujours de faire les mêmes erreurs, de boire un peu trop et de finir dans des états lamentables. Ça, ça n'avait pas changé du tout. A la seule différence peut-être, qu'elle avait sans doute un peu plus de mal à s'en remettre le lendemain matin. Elle ne se levait plus à dix heures du matin toute pimpante, comme si rien ne s'était passé. Comme si son taux d'alcoolémie n'avait pas frôlé la limite raisonnable. Elle ne se levait plus non plus, prête à soulever des montagnes. Non, avec le temps, elle avait découvert ce qu'était la gueule de bois. Le mal de crâne post-soirée qu'elle apaise à coups de dolipranes n'est que trop familier pour elle. Elle oublie vite cela dit et remet le couvert à chaque fois que cela lui est possible. C'est bien donc la seule chose lui rappelant qu'elle n'a plus vingt ans et se rapproche à grands pas de la trentaine, de manière relativement sereine. Pour l'heure, elle en profite. De cette soirée. De ses vingt-six ans nouvellement atteints. De pouvoir passer du temps avec Isaac qui s'avère tout aussi occupé qu'elle. Elle trinque avec joie, un grand sourire dessiné sur les lèvres. "Sláinte, señor Jensen !" mimique-t-elle avant de porter son verre à sa bouche. Une manière de siffler le coup de départ de cette soirée qui s'annonce prometteuse.

Isaac la connaît bien, il sait que rester assise au bar à discuter va un temps pour elle, mais qu'au bout d'un moment, quand la musique se fait de plus en plus entrainante, elle préfère bouger. S'éloigner un peu du bar pour se rapprocher de la piste de danse. Elle n'irait pas jusqu'à dire que c'est dans ses gènes, mais presque. Elle le suit donc joyeusement au milieu de la petite foule amassée quasiment au centre du bar, se déhanchant sur des musiques aux sonorités irlandaises. Le genre de choses qui ne prenaient que parce que c'était la St. Patrick. Isaac, lui, est le genre de mec qui ne déçoit jamais. Qui n'hésite pas à se donner à 100%. Il accompagne cette soirée et cette musique d'une danse irlandaise, dont lui seul semble avoir le secret. Elle, elle le regarde en riant, tente de retenir quelques pas pour pouvoir les reproduire un peu plus tard. Puis elle le filme aussi, pour garder un souvenir de ce moment. "Si tu fais pas le buzz, honnêtement, j'comprends plus rien." Déclare-t-elle en riant avant de se joindre à la danse que d'autres ont déjà rejoint, y allant de leur propre interprétation de cette jig, comme il appelait ça. Elle rit, elle prend plaisir à danser cette danse presque venue d'un autre temps pour elle et quand la musique se coupe, tout le monde s'applaudit. Itziar va même faire un high five à la jeune femme qui avait pris place à sa gauche quand Isaac l'avait entrainé avec lui. "Si on m'avait dit qu'un jour je danserai une danse irlandaise, en Australie, je crois que j'aurai eu des doutes, mais apparemment, c'est faisable." Déclare-t-elle à Isaac, alors que les premières notes d'une chanson de U2 commencent à raisonner dans le bar. Une ambiance différente, mais bien loin de décourager les fêtards dans leur lancée. Elle suit l'australien jusqu'au bar. Passage obligatoire pour se désaltérer après une telle danse. Boit une nouvelle gorgée de sa bière verte, la finissant par la même occasion. Quand son regard croise celui de Josh derrière le bar, elle lui fait signe pour qu'il s'approche. "Ca te dit un Irish Coffee ?" demande-t-elle à son acolyte avant que son collègue n'arrive. "J'viens d'y penser. C'pas vert, mais ça reste dans le thème." Ajoute-t-elle en haussant les épaules. Elle en commande deux quand même, n'attendant même pas la réponse du Jensen, dans le pire des cas, elle boira les deux. Ce n'était pas le genre de choses qui l'arrêtaient, tout comme l'idée que venait de proposer son comparse. C'était presque comme si elle venait d'entendre des mots magiques. Son visage s'illumine, un sourire apparaît et ses yeux se mettent à pétiller. "Ohhh t'as peur de rien ! J'ai toujours pleins d'idées pour ce genre de trucs !" Rit elle. Elle ne manquait pas d'imagination, surtout quand il s'agissait de trouver des défis à relever. Si en plus de ça elle pouvait aussi choisir un shooter à faire boire. Cela ne faisait qu'étendre le champ des possibles. "Du coup, vu que c'est mon anniversaire, je peux commencer ?" demande-t-elle malicieuse avant de faire mine de réfléchir quelques instants. "Alors ... Soit tu mets ce chapeau-là sur ta tête et tu vas lancer une chenille au milieu de la piste, soit, tu bois un shooter avec une surprise piquante." Déclare-t-elle, ne donnant pas plus d'explications sur la surprise en question. "Et attends, si tu réalises le défi, je dois faire quelque chose moi ?" demande-t-elle pour être sûre.

Les cadeaux d'anniversaire offerts, l'allure irlandaise honorée par des vêtements de couleur verte ou par le trèfle à quatre feuilles précautionneusement dessiné avec du maquillage initialement délaissé, les premières boissons servies, il m'apparaît être désormais le temps de trinquer puis de s'orienter vers la piste de danse. Je ne suis certes pas quelqu'un d'exubérant, il n'en demeure que les soirées desquelles je conserve les meilleurs souvenirs sont celles où j'ai pu commettre des folies sur une piste de danse. Bien entendu, je suis bien loin du danseur professionnel, mais j'y mets tout mon cœur ainsi que toute ma bonne volonté et généralement, il me semble que cela passe. Dans tous les cas, livrer ses trippes sous les projecteurs incite généralement d'autres individus à faire de même, ce qui permet de partager des instants fiévreux avec entrain.

Je me risque à entamer une jig, reprenant mes maigres connaissances en la matière. Au fil de la musique, la dite jig se métamorphose sans nul doute en un mix d'une multitude de mouvements énergiques et Itziar immortalise de nouveau ce moment grâce à son téléphone. "Si tu fais pas le buzz, honnêtement, j'comprends plus rien." Je ris de bon cœur et lorsqu'elle me rejoint, j'applaudis avec enthousiasme sa performance tout en l'encourageant de quelques exclamations. Les clients se font de plus en plus festifs et bien vite, plusieurs petits groupes de danseurs s'improvisent, les cavaliers s'échangeant bras dessus bras dessous en riant. "Si on m'avait dit qu'un jour je danserai une danse irlandaise, en Australie, je crois que j'aurai eu des doutes, mais apparemment, c'est faisable." Un rire joyeux file entre mes lèvres et j'acquiesce, approbateur. "Alors, ça tu vois, tu peux l'ajouter sur la colonne "Australie" en opposition à la colonne "Espagne", pour notre prochain débat sur nos pays !" Je taquinais gentiment avant que nous ne retrouvâmes notre place initiale au bar pour nous désaltérer.

"Ca te dit un Irish Coffee ?" suggère la Cortés alors que je terminais ma bière de bon train. "J'viens d'y penser. C'pas vert, mais ça reste dans le thème." L'espagnole commande les deux cafés et j'approuve joyeusement : "Ouais, avec plaisir ! Excellente idée !" Je marque ensuite une pause, interrogatif. "Y'a quoi d'autres comme boissons irlandaises ?" Je fronce les sourcils, recherchant dans ma mémoire les rafraîchissements typiquement irlandais.

Je ne compte assurément pas rentrer tôt chez moi, ce soir, et pour pimenter le tout, je propose un jeu à mon amie : un gage ou un shooter. Aux éclats faisant scintiller le joli regard clair de la vingtenaire, je soupçonne que ma proposition lui plait et mon sourire s'élargit lorsqu'elle réplique : "Ohhh t'as peur de rien ! J'ai toujours pleins d'idées pour ce genre de trucs !" Je ris avant de plisser les yeux, défiant. "Super ! J'ai hâte de voir ça !" Le jeu était lancé, j'étais prêt à tout, et attention, Itziar ne le savait peut-être pas mais j'étais très compétiteur. Le revers de la médaille d'avoir été sportif de haut niveau. "Du coup, vu que c'est mon anniversaire, je peux commencer ?" Je hoche la tête à l'affirmative. "Oui, à toi l'honneur !" "Alors... Soit tu mets ce chapeau-là sur ta tête et tu vas lancer une chenille au milieu de la piste, soit, tu bois un shooter avec une surprise piquante." J'éclate de rire et observe le dit chapeau que je devrais porter si j'acceptais le défi de l'hispanique. "Et attends, si tu réalises le défi, je dois faire quelque chose moi ?" Je réfléchis, examinant le curieux couvre-chef sous toutes ses coutures avant de le poser sur mon crâne, joueur. "Mh... Je pensais que le shooter serait la conséquence si on ne parvient pas à faire le défi !" Je propose. "Mais si tu as une autre idée, je suis toute ouïe ! En attendant, je relève le défi de la chenille ! Dès que U2 se termine..." La malice éprend mes traits. J'arbore un rictus avant d'attaquer une gorgée de mon Irish Coffee, ma bière terminée.

"Allez... Un..." Je lève un doigt en entendant les derniers accords de la chanson en cours. "Deux..." Je me lève avec enjouement de mon siège, ajuste le chapeau sur ma tête. "Trois..." J'adresse un clin d'oeil complice à Itziar, m'esclaffe puis me précipite vers la piste de danse. "Pose les deux pieds en canard, c'est la chenille qui se prépare..." Je chante assez fortement pour que l'on m'entende, quitte à me faire dévisager. "En voiture les voyageurs," je pointe l'arrière de mon dos, invitant les plus périlleux à me suivre. "La chenille part toujours à l'heure ! Accroche tes mains à ma taille pour pas que la chenille déraille. Tout ira bien et si tu veux, prie la chenille et le bon Dieu !"

dé fail : C'est un flop. Aucun client n'est charmé par la chenille mais Isaac ne se décourage pas et continue de chanter et se déhancher en se faufilant parmi les fêtards. Cet élan dure jusqu'à ce qu'un employé du bar le somme de se calmer. Il revient alors auprès d'Itziar, désolé. "Je prends le shooter ?"
dé mitigé : Quelques fêtards rejoignent la chenille et la musique de la célèbre chanson retentit dans l'enceinte du bar. Ca ne fait pas un succès fou, une partie des clients sourcillent parce qu'ils sont dépassés par la situation ou méconnaissent cette danse. Un homme clame qu'Isaac est totalement hors sujet mais la chenille ne se démotive pas et continue assez laborieusement son train-train dans le bar. "Alors, ton verdict ?" Isaac questionne curieusement Itziar à son retour auprès d'elle, une fois la chenille arrêtée.
dé win : Rapidement, des personnes rejoignent Isaac pour former une chenille qui s'agrandit au fur et à mesure des couplets. Les clients rient de bon cœur et l'australien fait exprès de passer près du bar pour inviter Itziar à rejoindre la ribambelle endiablée. "La chenille, la chenille !"

De nouveau au bar, je prends une nouvelle gorgée de mon Irish Coffee et réfléchis avec facétie au gage qu'il est désormais mon tour de soumettre. "Alors, je te défie de jongler pendant une minute, sur la petite estrade, avec trois citrons," je démontre les dits fruits qui reposent sur le comptoir derrière le bar. "Ou je te commande un shooter très corsé !"

Ah ! La fameuse guerre entre l'Australie et l'Espagne dans laquelle aimait se jeter corps et âme Itziar et Isaac dès que l'occasion se présentait. Il n'y avait pas vraiment de but, pas vraiment de fin non plus, si ce n'était que chacun faisait de son mieux pour vanter les mérites de son propre pays. Tous les coups étaient permis. Il n'y avait pas un sujet qui ne pouvait être utilisé comme argument de choc pour mettre en avant sa culture. A les écouter, quand ils s'y mettaient, on pourrait croire qu'il n'y avait pas moyen de trouver un terrain d'entente, l'un réfutant automatiquement les idées de l'autre. Si l'Espagne avait le football comme l'Europe le connaît, l'Australie avait sa propre version et même si Itziar n'avait pas d'intérêt particulier pour l'un ou pour l'autre, elle jurerait à qui veut bien l'entendre que son football est le meilleur qui existe. Isaac, lui, réel passionné de football australien en ferait de même. Dans les faits, Itziar trouvait tout autant d'avantages à l'Espagne qu'à l'Australie. L'un étant son pays natal et l'autre, celui qui l'avait accueilli lorsqu'elle était au plus bas, lui permettant de se reconstruire pour recommencer sur de bonnes bases. Elle n'aimait pas l'un plus que l'autre. Elle les aimait tous les deux pour différentes raisons, pour les différentes choses qu'ils avaient tous les deux à apporter. En revanche, en présence de l'infirmier, elle était aussi impartiale que dure en affaires. "Attends, je suis pas sûre que ça s'applique ici. J'suis certaine que dans le bon bar quelque part en Espagne, tu pourrais aussi lancer une danse irlandaise et embarquer tout le monde avec toi." Lui répond-elle en souriant. Là-bas aussi ils célébraient la St. Patrick et avaient leur lot de pubs irlandais qui mettaient les petits plats dans les grands chaque 17 mars. Pas de doute, qu'une jig irlandaise ne tomberait pas à l'eau en une telle occasion, en Espagne pas plus qu'en Australie. "Du coup, là je vais le mettre dans la case, à vérifier, en plus tu vas quand même pas relancer les hostilités alors qu'on célèbre l'Irlande là ? Ce serait un peu irrespectueux." ajoute-t-elle en plaisantant, un clin accompagnant ses dires alors qu'elle avait rejoint leur place initiale au comptoir, topant Josh pour qu'il vienne leur servir un de leurs fameux Irish Coffees. Une idée qui semble plaire à Isaac qui acquiesce immédiatement. Elle réfléchit quelques instants à la question du jeune homme, sirotant une gorgée de la boisson fraîchement déposée devant elle par son collègue. "Hmm, bonne question ! J'avoue y avoir jamais réfléchi. Déjà t'as pas mal de bières, la Guinness étant l'une des plus connues je pense. Pas mal de whisky aussi. Ah et puis il y a le Bailey's Coffee. A part ça, j'ai pas d'autres noms qui me viennent en tête." Elle n'était pas une experte en boissons, alcoolisées ou non, elle avait acquis la majeure partie de ses connaissances en la matière en travaillant au bar et avait donc encore beaucoup de choses à apprendre. "T'en connais d'autres toi ?" Parce que Isaac avait un peu plus de vécu qu'elle et en savait peut-être plus.

Il lui propose un jeu et elle accepte sans sourciller. Elle aime le défi et elle apprécie aussi la perspective de pouvoir faire boire tout et n'importe quoi à Isaac si jamais il ne parvenait pas à relever les défis qu'elle comptait lui lancer. Elle n'allait pas y aller trop fort pour autant. Pas au début. C'était un jeu à double sens et elle savait que si elle mettait la barre trop haute, Isaac en ferait de même ce qui pour elle, perdait tout son intérêt. Elle commence donc doucement. Isaac a lancé une jig sans qu'on lui demande et sans y réfléchir à deux fois, elle estime qu'une chenille affublé d'un haut de forme vert n'était pas quelque chose qui pouvait l'effrayer. "Non, ça me va très bien comme ça, j'ai peur qu'on finisse K.O trop vite si on risque de boire autant à son tour, qu'au tour de l'autre." Elle n'avait pas particulièrement prévu de finir la tête au-dessus de la cuvette des toilettes ce soir, alors, autant limiter le nombre de shooters qu'elle devrait boire à sa contrepartie pour ne pas valider l'un des défis que Isaac lui lancerait. "Va pour la chenille après U2 alors. Moi, je te regarde de là." Déclare-t-elle en riant. Son sourire ne se fait que plus large quand le Jensen se met à faire le décompte, ayant mis le couvre-chef sur sa tête, prêt à se lancer. Quand il s'élance dans la foule, elle admire le spectacle. Sort son téléphone pour capturer quelques clichés qu'elle pourra lui ressortir à un moment ou un autre. Il y va de bon cœur en plus, on l'entend jusqu'ici, ça mord à l'hameçon, le DJ allant même jusqu'à lancer la musique originale. Elle ne saurait pas dire si c'est ça, ou l'entrain d'Isaac qui interpelle les quelques clients qui se joignent à lui, mais ça prend. Moins que la jig, mais ça prend quand même. Quand il revient vers elle et lui demande son verdict, elle commence par l'applaudir avant de prendre la parole. "Défi relevé haut la main. T'as mis le chapeau, t'as lancé une chenille. Rien à redire, ne serait-ce que j'aurai bien aimé que ça dure plus longtemps." Déclare-t-elle en souriant. Le shooter corsé, ce ne sera pas pour cette fois, mais elle va l'avoir, elle n'a pas de doute. Il y aura bien un défi qu'il ne parviendra pas à réussir. Pour l'heure, c'est à elle de se plier à la volonté d'Isaac ou de boire. Quand elle entend le défi qu'il lui a concocté, elle prend un air choqué. "Isyyyyy !" proteste-t-elle "Tu sais bien que je sais pas jongler. Avec des citrons en plus, c'est même pas tous le même centre de gravité ou je ne sais quoi." Elle n'était pas très douée de ses mains, sauf pour la musique, alors jongler, elle savait d'avance que c'était perdu. Elle ne s'était jamais essayée à cet art, mais savait qu'il demandait beaucoup de dextérité et de coordination. Cela dit, elle n'était pas du genre à se déclarer vaincue tout de suite et se donnait la peine d'essayer. "Tu peux déjà commander le shooter, mais je vais quand même tenter." Déclare-t-elle avant d'attraper les citrons derrière le comptoir et de grimper sur l'estrade. Quand elle se lance, la coordination n'est pas là, pour une raison inconnue, elle lance les trois en même temps, n'en rattrapant qu'un seul, manquant même de tomber, déséquilibrée. C'est là qu'elle décide que non, ce défi elle ne le gagnera pas. "Bon, vas-y, fais moi boire." déclare-t-elle, vaincue. "Pour ton prochain défi, le résultat ne pourra pas être visible tout de suite donc on le mettra en attente. Je veux que t'appelle une pizzeria et que tu commandes une pizza au fromage et pepperoni, mais tu ne dois pas dire les mots pizza, fromage ou pepperoni. Quand elle arrivera, si elle contient ces deux choses, tu gagnes." Propose-t-elle, lui tendant son téléphone portable.

Je définissais éhontément tous les prétextes comme bons afin de relancer l’inlassable et interminable débat désignant quel pays est le meilleur entre l’Australie et l’Espagne. Cette lutte se déroulait évidemment dans le respect, composant un idéal vecteur pour les taquineries et alimentant un insolent comme indéniable goût du jeu entre Itziar et moi. J’invitais ainsi la vingtenaire à positionner l’enclin des australiens à suivre une spontanée jig endiablée comme un avantage pour mon pays natal, avant que cette dernière ne me signifie que le même scénario pourrait se dérouler sans difficulté aucune en Espagne. Je soutenais son regard, empruntant un air faussement suspicieux. "Du coup, là je vais le mettre dans la case, à vérifier, en plus tu vas quand même pas relancer les hostilités alors qu'on célèbre l'Irlande là ? Ce serait un peu irrespectueux." Un rire file entre mes lèvres. “Certes, touché. Excuserais-tu le malotru que je suis ?" Je soumets, miséricordieux. Mais tout de même, j’estime désormais de notre devoir de confirmer que ce point revient de tout droit à l’Australie,” j’annonce sur un ton solennel, acquiesçant gravement, donnant des allures primordiales à ce score fictif.

La jeune femme propose un Irish Coffee que j’accepte avec ravissement. Un geste vers Josh et le barman se rapproche, prenant note de notre commande. En l’observant remettre en route la cafetière, je ne peux m’empêcher de me questionner sur les autres boissons typiquement irlandaises. Ces habitants sont assez réputés pour tenir bien l’alcool, mais que buvaient-ils autant, à part le fameux whiskey in the jar ? "Hmm, bonne question ! J'avoue y avoir jamais réfléchi. Déjà t'as pas mal de bières, la Guinness étant l'une des plus connues je pense. Pas mal de whisky aussi. Ah et puis il y a le Bailey's Coffee. A part ça, j'ai pas d'autres noms qui me viennent en tête." J’écoutais attentivement la barmaid m’exposer ses connaissances. "T'en connais d'autres toi ?" Je réfléchissais quelques instants avant de compléter : “En bières, il y a aussi la Murphy et la Beamish il me semble... Ce sont des bières brunes comme la Guinness. Tu as déjà goûté ?” Je m’accoudais au bar. J’imaginais que ce pays étant très agricole, la bière et le whiskey devaient composer leurs principaux alcools, contrairement à d’autres contrées où l’on rencontre une multitude de liqueurs plus fruitées et de cocktails colorés. “C’est quoi ton alcool espagnol préféré ?” Je demandais avec curiosité, avant de trinquer avec mon amie, Josh venant de nous déposer nos Irish Coffees.

D’humeur joueuse, je propose une compétition amicale à l’attention de la Cortés de Aguilar, armé de l’objectif de rajouter du piment à cette soirée qui commençait déjà de manière ardente : des défis seront lancés et si l’un d’entre nous ne parvient à compléter son gage, un shooter apparaîtra en conséquence. Les derniers paramètres sont fixés, la tenue du premier défi qui m’incombera est annoncée. "Non, ça me va très bien comme ça, j'ai peur qu'on finisse K.O trop vite si on risque de boire autant à son tour, qu'au tour de l'autre. Va pour la chenille après U2 alors. Moi, je te regarde de là." Je souris largement, commentant, rejoignant sincèrement la jeune femme : “La voix de la raison. Prépare toi à en avoir plein les mirettes !” Je promets, enthousiaste. Si j’étais quelqu’un de discret et réservé de manière générale, je ne disais jamais non à me défouler et produire quelques folies ici et là. La Saint Patrick m’apparaissait comme le moment idéal pour sortir de mon cadre et épouser quelques excentricités.

Extravagant couvre-chef vert sur la tête, je m’élance dans une prestation dynamique de La chenille. Ma voix n’est assurément pas la plus juste, mais j’essaie de compenser mes talents inexistants en chant par une énergie débordante. Je récupérerai demain, on ne vit qu’une fois. A mon plus grand réjouissement, quelques clients se prêtent au jeu et me suivent, le DJ lançant même la bande originale de la chanson. Une fois les dernières paroles articulées, je reviens vers Itziar, haletant mais euphorique, sollicitant son verdict. "Défi relevé haut la main. T'as mis le chapeau, t'as lancé une chenille. Rien à redire, ne serait-ce que j'aurai bien aimé que ça dure plus longtemps." Je ris de bon cœur, hochant la tête à l’affirmative, toujours essoufflé par ma prestation. “Espérons qu’il ne pleuvra pas demain.” Je soupçonnais fortement le DJ d’avoir lancé la chanson originale afin de me faire taire. Je bois une gorgée de mon Irish Coffee et ajoute, n’excluant pas le voeu de mon interlocutrice : “Et qui sait, il y en aura peut-être une autre plus tard.” Je m’appuie sur le bar, ma boisson dans les mains, et réfléchis à la nature du défi que je pourrais lancer à la blonde. Finalement, une autre démonstration me vient en tête, et à l’explication de cette dernière, je reconnais l’air consterné de mon amie. “Isyyyy ! Tu sais bien que je sais pas jongler. Avec des citrons en plus, c'est même pas tous le même centre de gravité ou je ne sais quoi.” Je ne peux m’empêcher de rire doucement, justifiant : “Je voyais rien d’autre de plus rond dans le bar… Allez ! J’ai foi en toi !” J’encourageais, large sourire aux lèvres. “Tu peux déjà commander le shooter, mais je vais quand même tenter." Mon rictus s’élargit, fier et impatient. “Whoohoo ! Une vraie guerrière ! Je n’attendais pas moins de toi !” L’espagnole saisit trois citrons et se place sur l’estrade. Je grimace discrètement lorsqu’elle lance les trois fruits simultanément et parvient à en attraper un seul, tout en manquant de perdre son équilibre dans le processus. "Bon, vas-y, fais moi boire." “C’est ma faute, en vrai. J’ai surestimé ma leçon de football australien…” Je réplique avec compatie. A croire que le ballon de football australien pouvait se superposer aux citrons par leur forme similaire. Je commande le shooter tandis que la barmaid concocte sa revanche : "Pour ton prochain défi, le résultat ne pourra pas être visible tout de suite donc on le mettra en attente. Je veux que t'appelle une pizzeria et que tu commandes une pizza au fromage et pepperoni, mais tu ne dois pas dire les mots pizza, fromage ou pepperoni. Quand elle arrivera, si elle contient ces deux choses, tu gagnes." Je considère quelques instants mon interlocutrice, dubitatif, percevant mal comment je pouvais passer une telle commande. Je mets mes méninges en route et une petite idée germe dans mon esprit alors que le shooter d’Itziar arrive. “Cheers mate,” je remercie en payant Josh. Puis, je tends le rafraîchissement orangé à ma compagnie de ce soir : un cream sicle. “Tu as déjà goûté ?” De la vodka vanillée, du Curaçao triple sec et de l’orange composaient le breuvage.

Je prends une nouvelle gorgée de mon Irish Coffee et sors mon smartphone. “Bon allez. T’as une pizzéria favorite ?” Je compose le numéro et patiente quelques tonalités avant d’entendre une voix féminine au bout du fil. “Oui, bonsoir, j’aimerais commander une… Votre spécialité s’il-vous-plaît.” J'échange un regard avec Itziar : ça commence bien, dès les premières paroles, j’ai failli lamentablement louper le défi. “Hum… Non, pas celle-ci. Celle qui est plutôt ronde…” Je décris en évitant soigneusement le mot interdit “pizza”, réfutant les lasagnes proposées. “Le plat qui va vraiment super bien avec de la bière…” Je précise, l’agacement se faisant de plus en plus entendre de l’autre côté du combiné. “Non non non, attendez, ne raccrochez pas ! C’est pas une plaisanterie, c’est juste que j’ai oublié comment ça s’appelle !” Je déroule le plaidoyer, mes joues s’empourprant tout de même au passage. Je ne suis pas sorti de l’auberge. “Alors, je voudrais ça… Votre spécialité… Vraiment la spécialité... La ronde... Et vous pouvez la livrer au...” Je donne l’adresse du bar et entends l’employée raccrocher si vite que je suis très peu assuré que la pizza nous parvienne. Je grimace, indécis. “Alors euh… J’imagine qu’on saura dans une quinzaine de minutes…” Je ris doucement, le DJ lance une musique plus lente. “Donc à mon tour…” Je balaie la salle du regard, puis pose mes yeux malicieux sur Itziar. “Je te défie de parvenir à faire danser ces deux-là ensemble. Ca fait depuis ta prestation de jonglerie qu’ils se dévorent du regard sans avoir l’air d’oser faire quoi que ce soit… Peut-être que Cupidon pourrait se mêler aux lepreuchauns ?” Je désigne le duo de jeunes adultes assis en face à face à une table.

Elle fait non de la tête, Itziar, quand il parle des différents alcools irlandais et que Isaac mentionne deux noms de bières qui lui sont totalement inconnues. Elle a beau être une fêtarde invétérée et travailler dans un bar depuis trois ans, elle n'a pas des connaissances particulièrement larges pour ce qui est de l'alcool à travers le monde. Elle maîtrise la carte du bar sur le bout des doigts, depuis le temps et elle connaît ses boissons fétiches tout aussi bien, mais finalement, ça s'arrête là. Quand ça commence à devenir un peu trop pointu, elle est presque larguée et a encore beaucoup de choses à apprendre. Cela dit, c'est un domaine qui l'intéresse. D'autant plus depuis qu'elle est arrivée à Brisbane et qu'elle s'est retrouvée à servir derrière un comptoir de bar pour gagner sa vie. "Jamais entendu parler." Lui répond-elle. Finalement, niveau boissons alcoolisées, elle avait des goûts plutôt simples. Du moment qu'il y avait une dose conséquente d'alcool dans son verre, c'était bon à boire. "Le calimocho. Bon c'est plus une boisson alcoolisée qu'un alcool à part entière. C'est un mélange moitié vin rouge, bon marché de préférence et coca cola. Dit comme ça, c'est peut-être ouf, mais c'est mille fois mieux que le whisky coca." Qu'elle répond. Evoquant cette boisson ayant longtemps accompagné ses soirées de fête et qui avait le don de faire grincer des dents tout amateur de vin qui se respecte.

Elle prend un air choqué quand elle entend le défi qu'Isaac a concocté pour elle. C'est simple. Très simple. Ca tient en quelques mots et pourtant, elle a l'impression qu'il vient de la trahir. Parce que son défi est irréalisable. Par elle, tout du moins. Pour quelqu'un d'autre, ce serait peut-être un défi facilement réalisable. L'assurance de ne pas avoir à boire un verre du choix de l'infirmier. Pour Itziar, c'était tout le contraire. Elle ne savait pas jongler. Encore moins avec des citrons. C'était perdu d'avance et elle aurait sans doute plus vite fait de ne même pas tenter en s'avouant vaincue tout de suite. Cependant, c'était une compétitrice dans l'âme. Elle aimait jouer et même si elle savait parfaitement qu'elle ne parviendrait jamais à jongler avec ces citrons, debout sur le comptoir, elle allait s'y essayer. Parce qu'on ne savait jamais. Sur un malentendu, peut-être qu'elle se découvrirait un talent caché dont elle ignorait complètement l'existence. Une possible reconversion en artiste de cirque, la propulsant immédiatement sur le devant de la scène. Bien entendu, ce genre de choses ne fonctionnaient que dans les films. Elle, elle était montée sur le comptoir avec ses citrons dans les mains. Elle les avait lancés un par un dans les airs sans parvenir à en rattraper un seul et elle était redescendue aussi sec, prête à affronter cet échec cuisant. "Il me faudra une deuxième leçon de footy j'crois. Le prof n'était pas si doué que ça finalement." Qu'elle lui lance quand elle se rassoit enfin. Elle le taquine. Elle avait beaucoup aimé cette introduction au football australien qu'il lui avait offert. Ca avait été l'occasion pour elle de s'essayer à ce sport qu'elle voyait à la télévision quasi quotidiennement depuis qu'elle avait posé ses bagages en Australie et elle avait eu l'impression de s'immerger un peu plus dans la culture du pays. Il allait aussi de soi qu'Isaac était le meilleur des professeurs pour ce rôle-là et que son niveau médiocre en jonglage n'avait rien à voir avec tout cela. Alors, c'était malgré tout avec le sourire qu'elle acceptait sa défaite, pas forcément mécontente de devoir boire le shooter que l'australien avait choisi pour elle. "Je crois pas ! Qu'est-ce que c'est ? J'ai l'impression que t'as été gentil sur ce coup-là, contrairement au défi." Qu'elle lui répond avec un clin d'œil en s'emparant du verre. Le breuvage avait une légère teinte orangée et c'est ce goût-ci qu'elle remarque en premier quand elle en avale le contenu avant de reconnaître la vodka qui vient lui chatouiller la gorge. Une bonne surprise. Un shooter qu'elle ne pensait pas avoir goûté par le passé, mais qu'elle pouvait sans l'ombre d'un doute mettre sur la liste de ses préférés. C'était sucré, mais pas trop tout en étant rafraîchissant. Elle, elle ne comptait pas être si clémente et elle attendait patiemment le moment où Isaac ne relèverait pas le défi qu'elle lui lancerait pour pouvoir passer derrière le comptoir et lui préparer un shooter de sa propre composition.

Elle commence par le nouveau défi qu'elle lui impose. Une commande de pizza rocambolesque sans les mots basiques, nécessaires à la commande d'une telle chose. "Appelle le Dominos le plus proche, ça fera largement l'affaire." Qu'elle déclare. Elle n'a pas de pizzéria préférée. Elle s'arrête régulièrement à la petite boutique qui fait le coin de la rue en rentrant du travail au petit matin. Elle ne paye pas de mine, mais elle fait l'affaire, cela dit elle n'est pas sûre qu'ils répondent réellement au téléphone, faisant la majorité de leur chiffre d'affaire en nourrissant les fêtards un peu trop éméchés à la recherche d'un encas pour éponger l'alcool ingéré dans la soirée. Dominos fera l'affaire. La pizza en elle-même n'a pas d'importance. Pour elle, tout l'intérêt est de le regarder se dépatouiller avec les instructions qu'elle lui a données. La personne au bout du fil doit le prendre pour quelqu'un appelant dans l'unique but de se payer sa tête et dans un sens, ça pourrait être le cas. A la différence que ce n'est pas de son propre chef qu'il a décidé de passer une telle commande. Elle jubile, Itziar. Elle ricane alors qu'Isaac fait de son mieux pour commander la pizza sans prononcer les mots interdits. "Bien joué ! Pour la commande t'as tout bon, il y a plus qu'à voir la tête de la pizza quand elle arrivera." Lui lance-t-elle en souriant. Parce que le défi n'était pas complètement réalisé avant que la pizza ne soit sous ses yeux et qu'elle en juge la composition. Ils avaient donc une quinzaine de minutes devant eux, assez de temps pour qu'Isaac lui lance un nouveau défi, cette fois-ci, bien plus réalisable à ses yeux que le précédent. "Cupidon c'est mon deuxième prénom ! Tu savais pas ?" Lui demande-t-elle alors qu'elle se lève de son siège. "Regarde et prends des notes." Qu'elle ajoute en souriant avant de s'élancer en direction des deux tourtereaux assis à une table. Elle a la musique de son côté sur ce coup-là. C'est rythmé, ça se prête parfaitement à un collé serré endiablé. Elle ne perd pas de temps Itziar, elle s'approche de la table et les attrape tous les deux par la main pour les entraîner avec elle vers la piste de danse se plaçant entre eux telle une tranche de jambon dans un sandwich. Ils ne semblent pas réticents. Des mains venant se placer sur ses hanches. Elle mène la danse pendant un moment avant de finalement s'extirper pour les laisser tous les deux, but premier de sa manœuvre. Elle capte le regard d'Isaac, lui faisant ainsi signe de la rejoindre sur la piste le temps que la pizza arrive. "Alors ? Qu'est-ce que je te disais ?" Lui lance-t-elle, lui offrant par la même occasion une petite danse de la victoire avant de danser avec lui jusqu'à ce qu'elle sente son téléphone vibrer dans la poche arrière de son jean, signe que la pizza était là. "C'est l'heure du verdict !" Qu'elle déclare, décrochant son téléphone pour indiquer au livreur qu'elle sortait de l'établissement pour venir à sa rencontre. Laissant Isaac seul le temps de récupérer la pizza.

Lancer de dé !: