Je souris doucement lorsqu'Itziar m'indique ne jamais avoir entendu parler de la Murphy ni de la Beamish, extrayant une certaine fierté à lui évoquer des boissons qu'elle n'a pas encore eu l'occasion d'expérimenter. "Ca t'intéresse de goûter ?" Je questionne avant de m'intéresser aux rafraîchissements alcoolisés espagnols, notamment sa boisson favorite. "Le calimocho. Bon c'est plus une boisson alcoolisée qu'un alcool à part entière. C'est un mélange moitié vin rouge, bon marché de préférence et coca cola. Dit comme ça, c'est peut-être ouf, mais c'est mille fois mieux que le whisky coca." La curiosité emprunte mes traits tandis que j'imagine le goût que pourrait détenir ce breuvage. "C'est un mélange astucieux. J'aime bien le nom." Je commente en souriant, me promettant de lui en solliciter un à mon prochain passage au bar.

Il est à mon tour de lancer un défi à la Cortés de Aguilar et je m'inspire de l'art de la jonglerie, me dépeignant aisément la scène de la vingtenaire faisant virevolter des citrons en l'air, sur l'estrade. Face à l'indignation de mon amie, je devine toutefois lui parier de concrétiser une prouesse qu'elle ne maîtrise guère et lorsque, vaillante, sous mes encouragements, elle prend néanmoins place avec les agrumes, ces derniers tombent lamentablement de part et d'autres de ses mains sans qu'elle ne parvienne à en rattraper. Un s'oriente même vers ma direction, tant que je parviens à le saisir en vol. Je récupère les deux autres fruits et j'affiche un air désolé à l'attention de la barmaid, accusant ma leçon de footy, tandis qu'elle me signifie : "Il me faudra une deuxième leçon de footy j'crois. Le prof n'était pas si doué que ça finalement." Je ris de bon cœur, pressant amicalement l'épaule de la blonde : la taquinerie était de bonne guerre.

Itziar me gage de commander une pizza au fromage et peppéroni sans prononcer ces deux ingrédients ni le mot "pizza". Un air songeur vient s'installer sur mon minois tandis que je réfléchis à comment je pourrais procéder. Tout en élaborant une stratégie, je commande un shooter en conséquence du pari non-relevé de mon amie. Je tends le contenant à l'étudiante qui réplique après que je lui ai demandé si elle connaissait cette concoction : "Je crois pas ! Qu'est-ce que c'est ? J'ai l'impression que t'as été gentil sur ce coup-là, contrairement au défi." Je ris doucement. "J'fais en sorte que tu ne saches jamais sur quel pied danser avec moi," je menace faussement avec un clin d'œil complice. "C'est un cream sicle", je renseigne, avant de m'emparer de mon téléphone et la questionner sur la pizzéria à contacter. "Appelle le Dominos le plus proche, ça fera largement l'affaire."

Non sans difficulté, je tente de commander la spécialité italienne à un interlocuteur peu patient ni désireux de jouer aux devinettes que je lui développe. Je tente pourtant de me présenter aussi sincère que possible et rapidement, mes joues s'empourprent alors que j'essaie de faire de mon mieux pour relever ce défi. Finalement, je raccroche, un peu dépité, incertain même qu'une pizza soit réellement livrée au bar. "Bien joué ! Pour la commande t'as tout bon, il y a plus qu'à voir la tête de la pizza quand elle arrivera." Je ne partage pas l'optimisme d'Itziar mais apprécie le sentiment. "Ouais, j'pense que ça va être une grande surprise", je ris doucement. "T'as une idée du shooter que tu vas me faire boire ?" Je souris doucement avant de défier Itziar de jouer aux entremetteuse avec un duo assez timoré. "Cupidon c'est mon deuxième prénom ! Tu savais pas ?" Je hoche la tête en signe de dénégation. "Et comment tu le dis en espagnol ?" Je taquine et ris franchement lorsqu'elle m'invite à prendre des notes. Je hausse les sourcils devant la méthode que je juge assez audacieuse de l'hispanique, qui mène cependant les deux jeunes sur la piste de danse. Elle guide une danse à trois au sein de laquelle elle fait tampon, avant de s'extirper malicieusement de l'étreinte pour, mine de rien, les laisser se mouvoir au rythme de la musique en étant rapprochés. "Alors ? Qu'est-ce que je te disais ?" "Très joli coup. Entreprenant. J'y croyais pas trop je t'avoue. Faut croire que t'es vraiment Cupidon," j'avoue avec un sourire impressionné. La blonde danse, victorieuse, et je l'applaudis avant qu'elle n'extirpe son téléphone de la poche de son jean, signe que la pizza nous était livrée. "C'est l'heure du verdict !" "C'est rapide..." Je remarque, méfiant. Trop beau pour être vrai ?

Je demeure au bar en attente du retour d'Itziar. L'espagnole me rejoint quelques minutes plus tard munie d'une boîte rectangulaire - qui augure déjà assez bien la présence d'une pizza -, prête à dévoiler la grande surprise. "Allez, un, deux, trois..." Je démarre le compteur en tambourinant sur le bar pour un dévoilement en grandes pompes. Le couvercle s'élève et je hausse les épaules nonchalamment, assez satisfait du résultat de mes déboires téléphoniques même si je n'ai pas relevé entièrement le défi. En effet, au lieu de peppéroni, des morceaux de saucisse jonchent le fromage. "La saucisse est donc leur spécialité," je remarque, factuel. Mon amie se montre bienveillante et dit m'accompagner pour le prochain shooter. "Ta bonté te perdra, ma chère." Je l'observe composer nos rafraîchissements puis saisis l'un des deux contenants. "Salud," je trinque, ayant bien retenu ce terme.

Je repose le petit verre sur le bar et réfléchis ardemment au prochain pari. Je lève mes pupilles vers Josh puis lui commande : "Hey, est-ce que je peux avoir deux Murphy s'il-te-plaît ?" Le barman acquiesce puis me reviens quelques instants plus tard avec deux pintes de la bière brune. Je souris malicieusement à l'attention de mon amie et lui figure : "Ok, je te propose une course. Le premier qui termine une part de pizza et sa pinte a gagné. Chiche ?"  

dé win : Itziar remporte la course
dé so close : Impossible de les départager
dé fail : Isaac finit en premier

Elle s'amuse de le voir se dépatouiller avec son interlocuteur au téléphone pour commander sa pizza sans utiliser les quelques mots plus que communs à la commande d'un tel repas. Dans un sens, elle se retrouve quelque temps en arrière. Quand elle est arrivée à Brisbane et ne parlait quasiment pas anglais. Elle avait dû user de stratagèmes et d'astuces pour se faire comprendre quand elle ne trouvait pas les mots qu'elle voulait dire. L'exercice était inversé ici, puisqu'il était question de volontairement omettre quelques mots clés, mais c'était ce qui rendait le jeu amusant. Peut-être pas pour la personne à l'autre bout du fil qui devait tant bien que mal décrypter ce que Isaac tentait de lui dire. Itziar espérait que la personne ne le prenne pas mal, puisqu'elle se retrouvait malgré elle dans une plaisanterie qui n'était sans doute pas drôle pour elle. Itziar veillera donc à remettre un pourboire au livreur pour qu'il lui fasse passer, comme un gage de reconnaissance de sa patience à toute épreuve. "L'avantage c'est que c'est forcément une pizza qui va arriver et donc peu importe ce qu'il y aura dessus, ce sera bon. A moins qu'ils aient vraiment pas compris ce que t'as demandé et qu'on se retrouve avec un mélange improbable." Répond-elle en riant. Elle en doutait quand même et elle se disait qu'il y avait tout de même de grandes chances que le défi soit réussi. Cependant, elle gardait un petit espoir de gagner ce tour-là et elle avait donc déjà une idée du shooter qu'elle allait lui faire boire si elle ressortait victorieuse. "Bien évidemment ! J'ai beaucoup d'idées de shooters, en vrai faudrait que tu perdes beaucoup." Lui lance-t-elle avec un clin d'œil exagéré. Comme si elle avait besoin de lui faire passer un message. "Comme c'est la St. Patrick, ton prochain shooter sera un Irish Flag." Déclare-t-elle en souriant. Elle avait quelques shooters sur le thème de l'Irlande et de la St. Patrick en stock, alors elle mettait toutes les chances de son côté pour pouvoir les sortir de sa manche. "Tu le dis Cupido. Regarde !" Lance-t-elle avant de s'élancer sur la piste de danse pour remplir sa mission. Elle ne dirait pas qu'elle avait fait ça toute sa vie, mais elle avait suffisamment traîné en boîte et dans différentes soirées pour connaître quelques ficelles. Elle ne prétendait pas que cela fonctionnait à coup sûr, il fallait un peu de chance de son côté, mais elle avait déjà eu l'occasion de tester cette technique avec quelques amis qui ne savaient pas comment approcher quelqu'un en soirée. Elle revient donc victorieuse devant Isaac, se penche même en avant pour saluer, histoire d'ajouter un peu de théâtralité à sa performance. "J'ai plusieurs cordes à mon arc !" Lance-t-elle, avant de récupérer son téléphone dans la poche arrière de son jean, sonnant ainsi l'heure du verdict pour la pizza de son acolyte.

Elle s'éclipse un moment. Juste le temps d'aller récupérer la pizza à l'extérieur du bar. Quand elle réapparaît, elle tient la boîte en carton comme si elle renfermait le plus beau des trésors. Elle la pose délicatement sur le comptoir, devant Isy, lui laissant les honneurs. Il fait durer le plaisir, fait un décompte à voix haute avant de tambouriner sur le bar pour faire durer le suspens un peu plus longtemps. "T'as peur d'une catastrophe ? C'est pour ça que tu fais durer." Lui dit-elle en riant. Est-ce qu'elle manque de patience ? Peut-être un peu, mais pour quelqu'un qui avait tout en un claquement doigt pendant plus de vingt ans, ce n'était pas si étonnant que cela. Elle y travaillait. Elle avait conscience de ses défauts. Une chose à la fois. D'abord, la pizza, le reste après. Quand Isaac révèle enfin le contenu de la boîte, l'espagnole est surprise, dans le bon sens du terme. Elle ne s'attendait pas à ce que la pizza livrée soit si proche de la pizza commandée. A la seule différence qu'il n'y avait pas de pepperonis, mais de la saucisse pour venir agrémenter le fromage. "Dommage c'est les pepperonis que je préfère." Déclare-t-elle, en haussant les épaules. Elle le félicite cependant, la mission est quasiment réussie et elle ne peut donc pas dire que le point est complètement pour elle. Elle opte donc pour un compromis, un shooter chacun, l'occasion pour elle de lui commander son Irish Flag. "Si on se rappelle de moi pour ma bonté, c'est pas grave qu'elle me perde." Déclare-t-elle, venant doucement cogner son shooter contre celui d'Isaac. "Cheers!" ajoute-t-elle avant d'en avaler le contenu. Le temps qu'elle repose le verre sur le comptoir et se tourne vers le jeune homme, elle peut voir qu'il est déjà en pleine réflexion. "J'aime pas quand tu réfléchi trop, ça sent pas bon pour le défi." plaisante-t-elle, bien loin pourtant de reculer devant un challenge. Quand elle l'entend commander deux bières, elle lève un sourcil interrogateur. "Tu vas pas me demander de la boire cul sec quand même ?" demande-t-elle en souriant. Regrettant presque aussitôt ce qu'elle venait de dire, réalisant que s'il n'avait pas d'idée en tête, elle aurait pu lui en donner une bonne à cet instant précis. Cependant, il ne semble pas avoir besoin d'elle pour trouver l'inspiration. "T'es terrible ! J'attend ton top départ." Déclare-t-elle en guise de réponse quand il lui annonce le défi. Elle attend qu'il fasse le décompte et elle saisit une part de pizza. Elle croque dedans et la mâche à peine avant de boire une gorgée de sa bière. Elle perd probablement tout le glamour qu'elle pouvait dégager quelques secondes plus tôt, mais c'est bien la dernière chose qui lui importe. Elle compte gagner et elle fait tout pour. Quand elle boit sa dernière gorgée de bière, elle se tourne vers Isaac, prête à s'annoncer victorieuse, mais réalise que lui aussi venait tout juste de finir et qu'il n'y avait donc pas moyen de les départager. "Si je suis malade tout à l'heure ce sera ta faute." Lui lance-t-elle. "En plus on est à égalité. Du coup, je te propose un truc, plutôt que de boire un shooter chacun parce que je pense que ça passerait pas, je te lance un défi que j'appellerai 'last one standing'. On va se départager sur la piste de danse, le dernier debout à danser gagne le jeu et paye un dernier shooter." Propose-t-elle en guise de dernier challenge.

Un discret soupir de soulagement franchit la barrière de mes lèvres alors que j’achève ma communication téléphonique avec la pizzeria du coin. J’adresse un rictus incertain à mon amie, perplexe de la commande que nous recevrons dans quelques minutes et si j’étais réellement parvenu à relever le pari qu’elle m’avait lancé. "L'avantage c'est que c'est forcément une pizza qui va arriver et donc peu importe ce qu'il y aura dessus, ce sera bon. A moins qu'ils aient vraiment pas compris ce que t'as demandé et qu'on se retrouve avec un mélange improbable." J’émets un rire amusé, m’imaginant la réception d’un repas tout à fait atypique. « Je suis encore plus curieux de le découvrir, maintenant ! » Je confiais avec jeu, avant de m’enquérir sur les potentielles idées de shooters qu’Itziar m’attribuerait en gage. "Bien évidemment ! J'ai beaucoup d'idées de shooters, en vrai faudrait que tu perdes beaucoup." La vingtenaire appuie ses propos par un clin d’œil complice et je ris de bon cœur. "Ma curiosité dépasserait presque mon côté compétitif !" Je soumets, appâté par ces différents shooters surprises que l’européenne présente. "Comme c'est la St. Patrick, ton prochain shooter sera un Irish Flag." La malice étire tes traits. "Je crois que j’ai jamais goûté," j’informe, avant de lancer son défi à Itziar.

La barmaid démontre regorger également d'astuces dans le but de rapprocher le duo timoré. Sans équivoque, la Cortés de Aguilar relève son défi haut la main et je salue sincèrement sa victoire. "J’ai plusieurs cordes à mon arc !" s’exclame-t-elle avec raison. "Je vois ça ! Tu es pleine de ressources," je reconnais avec un clin d’œil amical.

Le smartphone de l’étudiante détonne, sonnant le glas de mon gage gastronomique. Lorsqu’Itziar revient, boîte rectangulaire en main qu’elle déposera sur le comptoir du bar, je me plais à orchestrer un dévoilement en grandes pompes, peu optimiste sur le contenu voilé. "T'as peur d'une catastrophe ? C'est pour ça que tu fais durer." "C’est exactement ça", j’avoue éhontément en riant. La pizza est dévoilée et la surprise apparaît sur nos deux portraits. "La saucisse est donc leur spécialité," je constate. "Dommage c’est les peppéronis que je préfère" informe mon amie à qui je dédie un sourire désolé. "J’en prends bonne note pour notre prochaine pizza," je promets et bienveillante, Itziar propose une conséquence partagée : un shooter chacun. Les commandes se font et rapidement, les deux petits verres nous attendent. "Cheers !" "Salud !" Nous trinquons avant d’avaler le rafraîchissement d’un trait.

J’observe le bar, songeant au prochain défi que je pourrais lancer à Itziar. "J’aime pas quand tu réfléchis trop, ça sent pas bon pour le défi" plaisante-t-elle et je ris doucement. Je commande deux Murphy, titillant la curiosité de la blonde : "Tu vas pas me demander de la boire cul sec quand même ?" Le regard que je lui lance est lourd d’espièglerie et je soumets une course : le triomphe revenant à celui terminant sa pinte et pointe de pizza en premier. "T’es terrible ! J’attends ton top départ," déclare Itziar et mon rictus est large alors que nous saisissons tous deux une part de pizza. "Trois… Deux… Un…" Je lance un coup d’œil complice à mon amie : "Go !"

Impitoyables, nous dévorons notre pointe et terminons la bière brune. Simultanément, nous considérons l’avancée de l’autre lorsque nous avons terminé notre large portion, constatons que nous sommes sans nul doute ex aequo. Cette équilibre me fait rire et je félicite : "Bien joué !" "Si je suis malade tout à l’heure ce sera ta faute," m’adresse Itziar, un rictus taquin venant étirer la commissure de mes lèvres. "Je te tiendrai les cheveux," j’offre, mon propre estomac assez retourné par cet apport prompt. "En plus on est à égalité. Du coup, je te propose un truc, plutôt que de boire un shooter chacun parce que je pense que ça passerait pas, je te lance un défi que j’appellerai « last one standing ». On va se départager sur la piste de danse, le dernier debout à danser gagne le jeu et paye un dernier shooter." Je réfléchis au défi, commentant : « C’est ta stratégie pour mieux faire passer la pizza et la Murphy ? » Je questionne avec complicité, avant d’acquiescer et déclarer avec enthousiasme : « Chiche ! » J’attrape la main de mon amie pour la conduire sur la piste de danse. J’augurais que demain, nous risquerions d’avoir bien mal aux pieds - en plus des cheveux -, mais cela me paraissait être une faible contrepartie pour une soirée fort agréable et assurément mémorable passée avec Itziar.