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 Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte

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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyMar 31 Mar 2020, 17:13



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Un peu plus chez elle ces derniers temps, privilégiant le travail à domicile quand cela lui est possible, se rendant à la radio pour ses chroniques exclusivement. Elle vit son début de grossesse en découvrant l’effet des hormones sur son corps qui a clairement du mal à s’habituer. Nausées, fatigue et sautes d’humeurs, elle n'est définitivement pas la femme enceinte la plus agréable bien qu’elle gère plutôt bien ses moments de doutes au vue de ce que ça représente pour elle cette nouvelle étape. Pas de crises d'angoisses, pas de fuite, pas de moments de panique, juste des incertitudes et des doutes, qu'elle continue à évoquer à chaque thérapie. Elle gère, elle tient, elle se bat pour eux. Pour cette vie qu'elle est en train de construire avec lui et si cela semble rapide, et l'est sans doute, elle a beaucoup trop souffert pour refaire les même erreurs. Des erreurs qu'elle s'est longtemps reprochée, se privant de vivre pour s'infliger une douleur qu'elle pensait mériter. L'alcool, la drogue, les conneries, les reproches, les regrets, les larmes le soir, les insomnies, cette culpabilité qui ne la quittait jamais. Tout ça, c'est derrière elle, pas loin derrière, mais elle veut avancer, elle veut changer, elle veut se pardonner et elle fait ce qu'il faut pour. Et après un mois passé dans un centre pour soigner son alcoolisme et les causes de celui ci aussi, elle avance. Sur une route instable, mais elle n'est plus sur le côté à regarder les autres vivre, elle veut vivre aussi et elle le fait du mieux qu'elle le peut. Avec le soutien de Caleb, avec les thérapies qu'elle suit, elle y croit sincèrement cette fois et c'est peut-être ce qui fait la différence. Elle veut aller bien, elle veut être heureuse et elle s'autorise à l'être.

Et, ça fait un mois qu'elle est sortie du centre, un mois durant lesquels elle a la surprise de trouver régulièrement des petits cadeaux devant sa fenêtre. Si au début elle s'est quelque peu inquiétée, elle a aperçu sa silhouette un jour, comprenant rapidement de qui venait ses petits cadeaux, innocents et pleins d'attentions pour elle. Souriante à chaque fois qu'elle retrouve un petit cadeau sur cette fenêtre, elle l'a été un peu moins quand elle a du expliquer à Caleb qu’un homme laissait des petits cadeaux sur sa fenêtre. Ça n’a pas été simple de lui expliquer pourquoi un homme avait des petites attentions envers elle. En même temps, elle a, elle aussi du mal à se l’expliquer. Ils ont eu une rencontre étrange, une soirée étrange, et si le terme étrange est aussi souvent répété, c'est bien parce qu'Alex n'a pas d'autres mots pour parler de cette rencontre. Cet homme debout chez elle, vêtu de son peignoir, chantant des airs d'une chanson Française dont elle ne retrouve pas le sens, c'est la définition même d'étrange. Entre alcool, confessions et culpabilité partagée. Deux âmes en peines. Deux inconnus blessés qui se sont retrouvés au milieu de la nuit à parler de leurs erreurs sur le divan d’Alex. La façon dont Alex s'est confiée à lui, relevée aussi du domaine de l'étrange, la façon dont elle a accepté cet inconnu dans son appartement est étrange. Incapable de croire que la vie pouvait lui réserver encore de belles choses. Incapable de croire encore en elle. Elle était totalement perdue, errant sans but quand sa route a croisé celle de Kyle. Et elle s’est livrée à lui trouvant un réconfort auprès de cet inconnu à la tendresse paternelle pour elle. Elle qui venait de se fâcher violemment avec son propre père. Elle qui ne pensait plus mériter qu’on s’intéresse à elle, qu’on l’aide à soulager ses blessures, elle a croisé Kyle, un homme au abord froid et à la diction bien à lui. Mais un homme pour lequel elle s’est prise d’affection, émue par son histoire et par ce mélange de force et de faiblesse qui se dégageait de lui. Une sagesse brute mais des mots à son égards que peu avait prit le temps de lui dire. Et, malgré l'alcool et les souvenirs flous, elle reste persuadée qu'il l'a bordé ce soir là, tout en déposant un baiser sur son front. Tout ça relève décidément de l'étrange pour Alex mais elle n'a pas oublié cet homme. Même si ce soir là elle était dans un sale état l’Anglaise. Elle n'a pas oublié cette rencontre. Ce fameux Kyle et ses pancakes au réveil. Ce fameux Kyle qui a débarqué dans sa vie en chantonnant et qui en est ressorti tout aussi vite, en chantonnant toujours. Les jours ont passé après cette rencontre, les semaines aussi et Alex n'a pas revu l'homme au peignoir, alors quand elle a comprit que les petites attentions n'allaient pas cesser, et qu'il continuait à venir et à errer prêt de chez elle, elle y a vu là, une opportunité de le revoir.

Alors depuis quelques jours, puisqu’elle passe la plupart de son temps chez elle, elle a décidé de s’installer devant cette même fenêtre avec des livres sur la maternité qu’elle a acheté récemment, ou avec son ordinateur pour travailler un peu, attendant sa venue. Il est temps qu’il se montre et qu’il arrête de se cacher. Il est temps qu'elle le remercie pour tout ça et pour le reste aussi. Pour cette soirée, pour ses mots, pour sa présence, pour l'attention qu'il a eu envers elle. Elle veut le remercier pour ça et aussi peut-être lui montrer qu'elle en a fait du chemin depuis qu'elle s'est retrouvée à pleurer sur son épaule. Pourquoi ça compte pour elle de se montrer sous un nouveau jour face à lui ? C'est une énigme, mais elle tient à lui donner une autre image, ça semble important pour elle. Alors elle attends, elle guette sa venue, assisse dans ce même appartement, sur ce même divan mais sa vie est radicalement différente. Elle aussi est différente. Sobre déjà et ça fait une grande différence. Capable désormais de gérer ses émotions autrement qu’en les noyant dans l’alcool autrement qu’en brouillant du noir, autrement qu'en s'infligeant une vie de culpabilité et de regrets. Elle est amoureuse, elle est heureuse et elle est enceinte. Trois éléments qui lui semblaient improbables, inatteignables, au moment où elle a croisé la route de Kyle. Ou moment ou elle pensait qu'elle ne méritait plus l'attention de personne, elle a eu la sienne. Et ça compte à ses yeux, ça compte beaucoup. Sans réellement savoir pourquoi.

Ouvrant la fenêtre pour ne pas rater son passage, elle n’arrive pas réellement à se concentrer sur la lecture de son livre et depuis trois jours, elle reste là dans son salon à regarder en direction de la fenêtre, à attendre qu'il daigne se montrer. Et aujourd'hui semble être le grand jour, relevant la tête au moindre bruit, elle le vit. Souriante elle l’a reconnu sans difficulté, se levant du canapé pour se rapprocher de la fenêtre et ainsi se retrouver nez à nez avec Kyle. « Tu sais que j’ai une porte d’entrée avec une sonnette par laquelle les invités peuvent entrer ? » Comme un moyen de faire remarquer sa présence à Kyle, et d'engager la discussion avec celui qui a jusqu'à présent évité de se faire prendre. Un moyen de se rappeler aussi que c'est un peu grâce à cette fenêtre que leur vie s'est croisée. Eux si différent aux premiers abords et pourtant semblable dans leur histoire. « Ça fait des jours que j'attends que tu fasses ton apparition. » Toujours un petit cadeau pour elle dans ses mains, elle l'observe un peu, de façon discrète pour ne pas perturber Kyle, pour ne pas le faire fuir non plus. Elle cherche à savoir comment il va, s'il semble plus maigre, s'il semble fatigué, comme si elle s'inquiète réellement pour lui, maintenant qu'il est devant elle. « Merci pour les petits cadeaux mais tu sais que c’est pas nécessaire et puis ça devient difficile d’expliquer à mon mec pourquoi un homme dépose des cadeaux sur ma fenêtre. » Toujours souriante, un ton enjoué, c'est sans doute une facette de son caractère qu'il ne connaît pas Kyle. Ce sourire sur ses lèvres, qui va et vient au rythme de son humeur changeante mais qui a le mérite d'être sincère là ou quand ils se sont rencontrés, le seul sourire qu'Alex était encore en mesure de donner, était un sourire faux, ou triste, celui qui puait la fausseté, la lâcheté ou la dépression. « J’ai du café et des pancakes ça te dit de rentrer un peu ? » Et c'est Caleb qui fut content de devoir préparer des pancakes tout les matins, qu'Alex ne mangeait même pas. Mais ce n'est pas pour elle, ils sont pour Kyle, comme un moyen de le convaincre d'entrer. Un souvenir de leur petit déjeuner prit ensemble. Et parce qu'elle n'a pas passé plusieurs jours à l'attendre pour le laisser filer sans avoir prit des nouvelles de cet homme si étrange sous bien des facettes, mais cet homme pour qui elle a du respect et de la sympathie, pour ne pas parler d'affection.


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Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  Empty
Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyVen 03 Avr 2020, 18:37


Kyte Savard & @Alex Clarke
Les jours défilent et se ressemblent. Les rues ensoleillées, les poubelles remplies de sandwiches à moitié terminés, le barista du coin qui veut bien offrir un café en échange de quelques une de ces histoires dont il a le secret. Ouai, les jours se ressemblent mais heureusement y’a les rencontres qui diffèrent, pour apporter un peu de nouveauté dans son univers. Ces écorchés rencontrés au coin d’une rue ou dans un hangar. Ces mots du cœur, ces mots d’ailleurs qu’on pleure sous les étoiles et qu’on balaie dans un grand rire, dans une bouteille, dans une poignée de main sincère et un adieu caché derrière un au-revoir. Un soupire gonfle ses poumons et Kyte en profite pour souffler sur le petit bout de bois qu’il taille entre ses doigts. Aujourd’hui, c’est un petit koala qui est en train de se profiler. C’est peut-être ces feux qui l’ont ému, ou ce foutu pays qui commence à déteindre sur lui. Un sourire froisse la peau autour de ses yeux et il y remet un coup de couteau pour perfectionner l'animal. Il sifflote, chantonne même, les pensées qui voguent vers Alex. La belle enfant à la peine trop sombre pour son grand cœur. Une rencontre qui touche le cœur comme les autres, destinée à égayer une nuit trop triste et rester gravée dans ses pensées. Sauf que la jolie blonde, il a jamais trop pu la laisser dans le passé. C’est peut-être son air désespéré, ses blessures qui les ont rapprochés. Plusieurs fois, il est revenu sur ses pas, planqué derrière une grand-mère suspicieuse qui attendait son bus, de la voir sortir ou rentrer chez elle. Pour s’assurer qu’elle allait bien. Et puis un jour elle a disparu, et alors Kyte s’est inquiété. Il est même retourné à la fenêtre pour voir si elle n’avait pas déménagé. L’appartement était vide mais meublé, comme la première fois qu’il y était entré. Il a résisté à réitérer, d’autant que forcer la fenêtre l’aurait fait crissement chier vu le mal qu’il s’était donné à la réparer. Hanté par les regrets, il s’est dit qu’il aurait aimé lui parler tant qu’elle était là. Mais les mots, ça a jamais été son truc, à Kyte. Alors c’est comme ça que l’idée des petits cadeaux a commencé. Il en a laissé un d’abord : une fleur faite avec de la paille qu’il avait ramassée. Des jours et des jours elle était restée, intouchée. Et puis un jour la lumière est revenue et la fleur a disparu. Alors Kyte a recommencé. Des coquillages, des pierres aux jolis reflets, et dans ses meilleurs jours, des petites figures taillées à la lame de son couteau. Des animaux des plaines et des forêts. Il ne passe pas tous les jours non, mais il se contente de ce petit lien, initié quelque part le jour de son étrange départ, quand il lui avait refilé son porte clé coccinelle. Au font c’est comme s’envoyer une petite carte de vœux. Alors parfois, il se prend à parler à ces formes qu’il créées, comme si quelque part elles pouvaient passer le message à celle à qui elles sont adressées.

Son œuvre terminée, il déplie ses longues jambes et se redresse avec un grognement. Les muscles protestent, les os aussi, la position courbée qu’il vient de leur infliger. Il se traîne dans les rues. Le soleil est encore haut. Les gens toujours aussi pressés. Même en fin de matinée. Même en été. Dolent, il erre du côté de ses restaurants vegans préférés. Mais aujourd’hui y’a aucune miette à grappiller. Ces foutus hipsters font pas que prendre leur bouffe en photo, ils l’avalent jusqu’à la dernière miette comme des crevards. Secouant la tête, il continue sa route, tout droit vers l’immeuble de sa protégée. Ça l’emmerde pas mal de grimper les escaliers de la sortie de secours, mais quelque part il se dit que c’est son exercice de la semaine. Une fois en haut, il est à bout de souffle et en nage. Alors il referme ses mains autour du métal encore tiède et porte son regard au loin, par-delà les rues embouteillées. Quand il est prêt, il remonte le petit couloir étroit jusqu’à l’appartement de la jeune femme. Fronce les sourcils, marque un arrêt. Parce qu’aujourd’hui la fenêtre est grand ouverte et il peut presque sentir l’atmosphère chaleureuse du lieu s’en échapper pour l’inviter à entrer. Pas croyable c'te môme j’vous jure ! A quoi ça sert dont qu'j'y répare cette osti d’fenêtre si c’est pour qu’elle la laisse ouverte t'la journée ? Secouant la tête il s’approche tout de même en se demandant s’il doit laisser son cadeau à l’extérieur comme d’habitude ou en profiter pour rentrer, voir si y’a pas deux ou trois trucs à rafistoler pendant qu’il est dans le coin. « Tu sais que j’ai une porte d’entrée avec une sonnette par laquelle les invités peuvent entrer ? » Lance une voix qu’il reconnaît sans la moindre difficulté. N’empêche qu’il ne s’attend tellement pas à la croiser qu’il porte la main à son cœur en sentant son corps sursauter. « Ha ! » Il beugle un coup pour évacuer la pression de cette rencontre inopinée. Sourcils froncés, il tourne la tête dans sa direction et s’adoucit dès qu’il caresse des yeux son visage reposé. Alex, elle était déjà belle dans la douleur de son désespoir, mais il la trouve rayonnante sous le soleil de cette belle journée. Elle sourit, l’air serein. Elle a l’air bien ouai. C’est dans son regard et dans ses traits. Dans les mots qu’elle lui lance aussi, honnêtes, légers. Rien à voir avec sa diction hésitante quand elle ne savait pas trop comment lui dire de dégager ou si c’est vraiment ce qu’elle voulait. N’empêche que sa remarque le fait marrer. La poitrine soulevée de son rire silencieux, il se frotte le sourcil de son pouce. « C'est qu'j'ai mes mes vieilles habitudes, t'sais. Faut pas trop m'les chambouler. » Il réplique avec un haussement d’épaule, l’air aussi sérieux que plaisantin. Lui sait très bien pourquoi il évite sa porte d'entrée. Y’a l’air incertain qu’elle avait en lui disant qu’elle avait besoin de temps, cette impression qu’elle avait pas de place pour lui dans sa tête ni dans son espace pendant un temps donné. Et puis aussi comme toujours la peur d’être reconnu, d’affoler la sécurité, de se faire coffrer et déporter. « Ça fait des jours que j'attends que tu fasses ton apparition. » Qu'elle continue pourtant. Et y’a des mots comme ça qui vous font comme une petite lumière dans le cœur. Sourire au coin des lèvres, tête penchée, Kyte laisse échapper un son attendri. « Aw naw. » Il va pas lui dire qu’il espérait bien la croiser un jour lui aussi. Mais pas de doute qu’elle peut le voir partout sur sa face rabougrie. Car hier comme aujourd’hui, elle fait comme un petit soleil dans sa vie. « Merci pour les petits cadeaux mais tu sais que c’est pas nécessaire et puis ça devient difficile d’expliquer à mon mec pourquoi un homme dépose des cadeaux sur ma fenêtre. » Et là il tique Kyte. Les sourcils se rejoignent direct et forment une ombre par-dessus ses yeux clairs. Alors comme ça y’a un mec dans l’affaire ? Y’a intérêt à ce que ce soit un type bien et pas un de ces fuck boys comme les adolescentes du lycée d’en face de sa piaule improvisée se plaignent à qui veut bien les entendre, c’est-à-dire pas lui, sauf qu’il roupille généralement derrière le banc sur lequel elles aime s'attarder à la fin de la journée. Il va pour la bombarder de questions, mais son visage sincèrement heureux l’arrête. Il veut pas en faire fuir le sourire comme la dernière fois. Alors il se tait et puis de toute façon c’est elle qui reprend tout de suite : « J’ai du café et des pancakes ça te dit de rentrer un peu ? » Il fourre les mains dans ses poches, hausse les épaules et lâche un petit rire ravi. « Ma foi, j’dirais pas non ! » Et comme ça il agrippe les battants de la fenêtre et se hisse à l’intérieur. Comme la dernière fois, sauf qu’aujourd’hui il est invité et ça fait une sacré différence. Ça fait une éternité qu’on lui a pas proposé de s’incruster pour une boisson chaude et des gâteaux. Il se fait vieux surement, mais en cet instant il peut pas penser à une meilleure aventure. « Ça va mon p’tit ? T’as l’air plus en forme qu'la dernière fois. Ça fait plaisir. » Il lui lance une fois à l’intérieur. Il se dit qu’ils doivent être sacrément bons ses pancakes, parce qu’elle a l’air un peu plus enrobée que la dernière fois qu’il l’a vue. Et même que ça lui va sacrément bien. Il aurait envie de la serrer contre lui pour la saluer, mais c’est bête, il ose pas. La faute à leur histoire étrange et à sa réserve la dernière fois. Alors au lieu de ça il presse chaleureusement son épaule en la dévisageant comme un vieux con émotif couve des yeux sa progéniture, puis il lève soudain le doigt et fouille dans sa poche. « Tiens pendant qu’j’y pense, j’ai un p’tit quelque chose pour toi. » Comme s’il allait oublier. Comme s’il était pas venu spécifiquement pour ça. Il frotte le crâne du mini Koala et le glisse dans la main tendu de l’anglaise. « J’espère bien qu'ton mec va pas en faire tout un foin, tiens ! Sinon j’me ferai une joie d'lui expliquer, moué, qu’c’est ben normal d’recevoir des cadeaux quand c'est qu'on est une gentille fille comme toi. Pis s’il est pas content il peut encore l’dire à mon poing ! » La dernière fois il proposait de dérouiller son paternel, aujourd’hui son copain. Normal, il trouve. Une fille comme elle qu’a été élevée par un crétin sait peut-être pas repérer les types bien parmi les autres. Et si lui même est pas vraiment net dans le genre, sûr qu’il sait reconnaître les autres déchets de son rang. Même qu'il est prêt à l’en protéger, ça oui ! N’empêche, il sent bien qu’elle est un peu moins enthousiaste à l’idée de le voir éclater son gaillard alors il décide de mettre un peu d’eau dans son vin : « Bon… bon… » Il reprend d’un air conciliant. « Ce lascar... il te traite bien au moins ? »  
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyJeu 09 Avr 2020, 19:37



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Elle le regarde, se retenant de rire, pas peu fière de la surprise qu'elle vient de lui faire. Elle a encore du boulot pour réussir à ne serait-ce qu'égaler la surprise qu'il lui a fait vivre quelques mois plus tôt, mais elle trouve ça amusant d'entendre l'homme réagir à son arrivée. S'amusant de la surprise qu'elle peut lire sur le visage de l'homme qui se tient devant elle, s'amusant aussi de voir son visage se transformer quand il se tourne vers elle après avoir pousser un cri qui aurait presque pu faire sursauter les voisins. Les voisins d'ailleurs, elle pense à eux, quand il lui réplique que les vieilles habitudes semblent avoir la vie dure chez lui. Sauf qu'un homme qui rode devant la fenêtre d'un appartement, habitude ou pas, ça peut éveiller les soupçons, et elle serait bien embêtée d'apprendre qu'il a des soucis parce qu'il a voulu venir lui déposer un petit cadeau sur cette fenêtre qu'il a déjà franchi une fois. Mais elle ne dit rien, pas encore, elle ne veut pas le brusquer. Elle n'a plus peur de lui l'Anglaise, elle est intriguée oui, mais s'il avait voulu lui faire du mal, il aurait pu, il y a quelques mois déjà et il n'en avait rien fait, au contraire, il avait cherché à lui apporter du réconfort là ou elle n'était pas sûre d'en vouloir, ou du moins d'en mériter. Alors, elle n'a plus peur de sa dégaine, de son look qui ne ressemble en rien aux look des gens que l'Anglaise a l'habitude de côtoyer. Elle est peut-être naïve, mais le revoir lui donne le sourire, malgré les souvenirs qui sont associés à leur rencontre, ça semble aussi apporter un brin de légèreté dans sa vie. Parce qu'il sourit devant elle et ce sourire sur ce visage marqué par la vie et par les années, ça sonne comme un message d'espoir. Si lui peut sourire, malgré les épreuves, malgré sa vie, alors au fond, tout le monde le pouvait. Et elle aussi elle sourit aujourd'hui. Parce que ces derniers temps, même si ses émotions ressemblent plus à un parcourt des montagnes russes, qu'à un long fleuve tranquille, elle se sent aimée, soutenue et elle n'est plus seule. Elle ne l'est réellement plus, puisque Caleb est là chaque soir, et même si elle ne le sent pas encore, elle a ce bébé qui s'installe, qui se développe et qui fait déjà des siennes. Elle ne peut pas le sentir, elle peut à peine constater quelques formes ici et là alors que son corps se modifie, se prépare à ce qui arrive, mais elle le sait et les nausées constantes ne lui permettent pas d'oublier. Elle n'est plus seule, et si le sourire n'est pas toujours présent sur son visage, aujourd'hui, il l'est et elle se sent bien. Si bien qu'elle s'amuse avec lui, enfin de lui, alors qu'elle peut assister à son changement d'expression quand elle évoque, cet homme jaloux qui partage sa vie. Et si, en soit Caleb n'a aucune raison de se sentir menacé par cet homme, ou un autre, savoir qu'un inconnu squatte l'appartement d'Alex n'aurait sans doute pas été une source de joie pour lui. Mais, ça Alex ne s'en inquiète pas, pas pour le moment, alors qu'elle lui propose d'entrer et de partager avec elle, un café qu'elle ne boira pas, et des pancakes qui attendent désespérément d'être appréciés à leur juste valeur. Elle se sent soulagée de l'entendre accepter cette proposition, elle ne sait même pas trop pourquoi, mais elle aurait été réellement triste de le voir s'échapper. C'est pourtant elle qui l'a mit dehors la dernière fois, elle qui l'a rejeté à la rue, elle qui ne s'est pas inquiétée de ce qu'il allait devenir. Mais alors qu'elle le revoit, elle se sent légèrement mal de s'être comportée de la sorte. De manière générale, tout ce qu'elle a pu faire ces derniers mois, ne semble pas pouvoir lui apporter la moindre once de fierté. Elle le regarde s'agripper à la fenêtre, et mettre en action son corps pour se hisser dans son appartement. « C'est comme ça que tu as fais l'autre fois alors ! » Qu'elle lui lance en souriant, tout en se tenant non loin pour lui venir en aide si besoin. Mais elle se doute qu'un homme comme lui n'a pas besoin qu'on lui tende la main, ou peut-être que si et c'est toujours cette peur en elle de le froisser qui l'empêche de proposer son aide. Et le temps qu'elle se décide, agir ou rester en retrait, il s'en sort tout seul, sûrement la force de l'habitude et maintenant qu'il est là, elle semble moins inquiète de le voir s'enfuir. « Ça va mon p’tit ? T’as l’air plus en forme qu'la dernière fois. Ça fait plaisir. » Et elle le retrouve, lui et ses petits surnoms à son égard et elle lâche un petit rire, parce qu'il est bien le seul, à lui accorder un tel surnom. Et elle se souvient de cette affection qu'il avait eu pour elle ce soir là, ce ton paternaliste qu'il avait prit avec elle, et elle retrouvait une partie de tout ça aujourd'hui. « Je vais bien, après c'était difficile de faire pire que la dernière fois non ? » Levant légèrement les épaules en accompagnant cette réflexion, elle n'a pas envie d'être nostalgique, pas aujourd'hui. « Ça fait plaisir de te voir habillé autrement qu'avec mon peignoir. » Alex, veut balayer les pensées négatives, tout en gardant en tête les anecdotes de leur première rencontre, celle dont elle peut rire désormais. Parce qu'elle va mieux, parce qu'elle est plus sereine. La main qui serre son épaule dans un geste dont elle n'est pas familière, elle reste à l'observer, et cet homme qu'elle n'a vu que deux fois dans sa vie, lui apporte plus de tendresse dans le regard que son propre père n'a jamais pu lui en donner en trente ans. Balayant mentalement ses pensées, elle se contente de poser sa main sur celle de Kyte, dans un geste qui se veut affectueux, mais Alex ne sait pas l'être. Pas alors qu'elle sent la petite fille en elle qui regrette le manque d'amour paternel. C'est lui qui met fin à ce moment, étrange mais loin d'être désagréable. Et il lui tends un petit Koala en bois. Elle ne sait pas ce qu'elle a fait pour mériter qu'il ait envers elle toutes ces petites attentions, mais elle le remercie du regard et d'un sourire sincère, parce qu'elle se sent tout de même touchée qu'il ait une pensée pour elle. « J’espère bien qu'ton mec va pas en faire tout un foin, tiens ! Sinon j’me ferai une joie d'lui expliquer, moué, qu’c’est ben normal d’recevoir des cadeaux quand c'est qu'on est une gentille fille comme toi. Pis s’il est pas content il peut encore l’dire à mon poing ! » Elle rit à sa phrase, du moins à son début de phrase, parce que sa façon de parler a toujours quelque chose qui amuse l'Anglaise. Ce côté brut, direct, sans chi-chi. Et c'est qu'il a les mots pour amuser Alex, elle une gentille fille ? Elle va pas le contredire, même si elle est loin de penser mériter tout ça. Mais elle tic un peu et elle finit par grimacer à l'idée d'entendre Kyte menacer Caleb. Si l'homme peut aisément menacer de frapper le père d'Alex sans que celle ci ne s'en inquiète, après tout, elle même a toujours rêvé de pouvoir frapper son père, pour Caleb, c'est une toute autre histoire. Parce qu'il est hors de question que quelqu'un n'ose blesser son mec. Mais elle ose croire que Kyte plaisante, alors elle lève les épaules tout en refrénant quand même les pensées de son invité. « Kyle, tu gardes tes poings pour mon père, ça suffira. » Lâchant un petit rire tout en avançant dans son appartement jusqu'à la cuisine, elle l'invite à s’asseoir alors que cette fois, c'est à son tour de faire le service. « Bon… bon… Ce lascar... il te traite bien au moins ? »  Kyte ne peut pas le voir, mais le sourire sur le visage d'Alex s'agrandit encore un peu alors qu'elle pense à son lascar comme il l'appelle. C'est qu'elle en oublie presque le café qui coule dans la tasse et menace de déborder. Elle pense à Caleb, elle sourit, et depuis quelques mois c'est ainsi. Ça n'a pas toujours été le cas, parce que si Caleb a le pouvoir de la rendre aussi heureuse, il a aussi le pouvoir de laisser un vide immense dans la vie de l'Anglaise. Mais elle n'y pense pas, ou du moins plus. Parce qu'elle n'a pas été aussi heureuse depuis longtemps, très longtemps et c'est grâce à lui qu'elle peut se sentir aussi bien. Apaisée, souriante et amoureuse. « Il est parfait. » Qu'elle commence à dire. Parce que c'est ce qu'il est vraiment, à ses yeux il l'est. Caleb c'est sans aucun doute l'homme le plus attentionné, le plus doux et le plus patient qu'elle connaisse. Et depuis quelques temps, c'est à elle qu'il donne tout son temps et sa tendresse, depuis qu'elle lui a annoncé pour la grossesse. Elle dépose la tasse de café, un peu trop pleine, espérant quand même que Kyte aime les cafés allongés, très allongés. Elle a toujours ce sourire sur les lèvres, alors qu'elle doit sembler un peu conne à regarder Kyte ainsi. Un sourire béat sur les lèvres. Mais elle partage son bonheur, bonheur dont Caleb est le principal responsable. « Oui oui il me traite bien, très bien d'ailleurs, j'ai beaucoup de chance de l'avoir. » Beaucoup de chance, et si elle devait l'avouer, elle ne pensait pas vraiment le mériter, mais elle gardait cette remarque pour elle. Déposant les pancakes sur la table devant Kyte avant de s'asseoir face à lui avec son verre d'eau. « D'ailleurs depuis plusieurs jours il me fait des pancakes tout les matins juste pour me faire plaisir. Je lui ai pas dis que c'était pour toi. Mais régales toi. » Elle sourit toujours, sans même se rendre compte que cette situation n'a franchement rien de normal. Jamais son père n'a semblé s'intéresser à la façon dont les hommes se comportaient avec elle, et lui, il s'en inquiète. Et, ça a presque le pouvoir d'émouvoir l'Anglaise, parce qu'elle est sincèrement touchée qu'il s'intéresse à elle. Sincèrement touchée d'être là avec Kyte à parler de l'homme avec qui elle partage sa vie. « Je l'aime vraiment, alors on ne touche pas à mon lascar. » Qu'elle ajoute dans un rire, en parlant de Caleb comme de son lascar. Elle est amoureuse l'Anglaise, elle l'a toujours été, et finalement, Caleb a toujours été le seul à pouvoir guérir ses blessures, à pouvoir apaiser cette haine d'elle même, et il a réussi. « Grâce à lui je suis sobre. » Elle se souvient de cette soirée, ou de ce qu'elle peut encore se souvenir, ou même Kyle avait jugé bon de lui retirer la bouteille, de cette soirée ou elle avait bu encore beaucoup trop, se rendant minable devant un inconnu, lui déversant ses peines, ses craintes et sa culpabilité. Elle n'est pas fière de beaucoup de chose Alex, mais ça elle en est fière. Pas de son comportement ce soir là, mais d'en avoir fini avec sa vie d'excès. Et bien au delà de sa sobriété, c'est son mode de vie qui a changé. Et elle est fière d'avoir réussi. Elle est fière, parce qu'elle l'a pas fait pour elle, mais pour eux, pour qu'il y ait un eux et il lui donne une force qu'elle n'a pas seule. Une raison de se battre et d'avancer qu'elle n'avait plus au moment ou sa vie a croisé celle de Kyte. Et elle dit ces mots tout en regardant l'homme devant elle, comme si elle attends quelque chose. Sans doute qu'elle rêve d'y voir une once de fierté dans son regard, parce qu'il reste toujours une part d'elle même qui cherche, ce qu'elle n'a plus. Le regard d'un père ou d'une mère, un regard bienveillant et affectueux, ce regard qu'elle croyait avoir vu chez lui ce soir là. « Et toi, tu as voyagé ces derniers mois ? » Un peu de retenue dans sa voix, alors qu'elle cherche à s'intéresser à lui. Elle ne sait finalement rien de ce qu'il est devenu, et elle sait sa situation précaire, elle sait qu'il n'est pas un modèle de stabilité, alors elle le questionne sans réellement le faire. Sans le brusquer, sans risquer de dire ou faire une chose maladroite, parce qu'elle apprécie vraiment sa présence, aussi fou que cela puisse paraître, elle aime ce petit moment, même si l'odeur du café fumant gâche un peu ce moment, elle le regarde espérant vraiment que Kyte n'ait pas passé des moments très compliqués la dehors. Au risque qu'elle regrette de l'avoir laissé partir sans lui apporter plus d'aide. Et sans réellement avoir pesé ses paroles, elle ose lui poser une question. « Pourquoi après tout ce temps tu as commencé à m'offrir des cadeaux ?» Pourquoi après plusieurs mois sans se revoir, sans se parler, il a eu ces petits gestes envers elle. C'est une question qu'elle se pose au fond, pourquoi elle ?


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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptySam 18 Avr 2020, 21:12


Kyte Savard & @Alex Clarke
Elle l’entraîne dans la cuisine et il la suit de bon cœur, les naseaux émerveillés de la douce odeur qui y flotte. La chaise l’accueille à bras ouverts et il y laisse tomber son séant avec un grognement de satisfaction tandis qu’en face elle soupire presque de bonheur. Elle est ailleurs, les pensées tournées vers le mec qu’a volé son cœur. Tellement qu’elle s’emballe un brin sur le café et Kyte la laisse faire, un sourire amusé aux lèvres et un peu déçu de la voir se reprendre avant que le liquide sombre ne déborde partout sur la table. « Il est parfait. » Qu’elle lui lance sans lésiner sur les clichés, et il secoue la tête l’air de protester cet emportement bien propre aux gonzesses, n’empêche que ça lui fait chaud au cœur de voir ses yeux pétiller de joie. Il referme ses doigts calleux autour de la tasse foutrement remplie qu’elle dépose devant lui et la remercie d’un petit signe de tête avec un sourire un poil sardonique qu’elle semble à peine remarquer. Parce qu’elle a toujours l’âme toute fixée sur le gredin qui l’a séduite. « Oui oui il me traite bien, très bien d'ailleurs, j'ai beaucoup de chance de l'avoir. » C’est le principal, il se dit. Mais peut-être que le gars est fourbe et qu’il cache bien son jeu. Peut-être qu’un jour il dérapera et c’est à ce moment-là que Kyte l’éclatera. Mais pas avant. Parce que pour l’instant il lui fait des pancakes tous les matins pour la faire sourire et même que ça marche plutôt pas mal vu comme elle dégouline de félicité. « Je lui ai pas dit que c'était pour toi. Mais régales toi. » La remarque lui arrache un petit rire amusé et il plonge dans le plat avec un sourire ravi. « Ben voyons, s'tu lui fais déjà d'telles cachotteries à mon sujet pas étonnant qu'mes p'tits cadeaux ça l'fasse flipper ! » Il taquine en se glissant le pancake sous le nez pour en inspirer l’odeur. Il la fait marcher, elle le sait. C’est comme ça entre eux, simple et spontané. Faut dire que ça brise la glace direct quand tu rencontres un type vêtu de ton peignoir. D’ailleurs il pousse pas la blague trop longtemps et mord plutôt dans la pâtisserie, appréciant la saveur qu’elle dépose sur ses papilles revêches. « Je l'aime vraiment, alors on ne touche pas à mon lascar. » Il est touchant son rire, tout imprégné de cette confession sincère comme seuls les amoureux peuvent l’être. Bon joueur il hoche la tête, agite la main pour signifier qu’il veut parler puis comme ça l’emmerde finalement d’attendre d’avoir avalé, lance la bouche encore encombrée : « C’est bon c’est bon j’ai compris, pas touche au lascar. » Il singe en levant ses paumes devant lui pour prouver sa bonne foi. « Mais c’est bien parce qu’il est bon cuisinier. » Avec un clin d’œil complice, il reprend déjà une bouchée. Elle est plus sérieuse en face quand elle ajoute d’une voix posée : « Grâce à lui je suis sobre. » Nan, tu déconnes mon p’tit ! Une vie sans alcool c’est comme une nuit sans étoiles ! Qu’il a bien envie de protester. Sauf qu’il peut presque sentir sa vulnérabilité, et le souvenir de cette dernière soirée lui dit que c’est peut-être pas une mauvaise idée dans son cas. Parce qu’Alex, elle est triste quand elle boit. Elle se laisse aspirer par les démons de minuit qui la mâchent pendant des heures avant de la recracher, hagarde et le cœur en lambeau au petit jour. La dernière fois qu’il l’a vue, elle était au bout du rouleau, triste, déprimée, persuadée que personne ne pouvait l’aimer. Et aujourd’hui c’est une autre femme qu’il a devant lui. Enfin non, c’est la même mais avec un autre état d’esprit. Et l’Alex de ce matin, elle n’a pas peur d’avouer qu’elle aime, pas peur de laisser un homme entrer dans sa vie. Que ce soit le lascar qui partage ses draps ou bien le vieux chacal à qui elle refile ses pancakes. Et ça lui fait plaisir de la voir comme ça, alors il hoche la tête, l’œil vaguement ému. « Tant mieux mon p’tit. Tant mieux. » Y’a presque de la fierté dans le regard qu’il lui adresse. Du respect aussi. Pour les choix qu’elle pose avec plus d’assurance. Comme si elle prenait consciemment une revanche sur la vie plutôt que d’en subir les caprices.

« Et toi, tu as voyagé ces derniers mois ? » Presque timide la question qui s’élève entre eux. Comme si ces présentations passées, elle ne savait pas trop où se situer. Pas facile de savoir pour quel ton opter quand on est rien de plus que deux étrangers qui ont ouverts leurs tripes et partagé leurs plus sombres secrets. Lui, c’est un autre frein qui le fait hésiter. La peur d’en dire trop, la tristesse de pas avoir la vie palpitante qu’il voudrait. « Des petites expéditions à la plage. Une excursion dans le centre-ville. Un jour que j’me sentais aventureux j’suis même allé jusqu’au parc au nord ! » Il plaisante comme si ça le tuait pas à petit feu de se cantonner aux murs de cette ville. Comme s’il rêvait pas d’un ailleurs bordé de forêts indomptables ou de savanes vierges, de montagnes abruptes et de steppes mortifères. C’est qu’il s’enracine à Brisbane, loin des aventures qui vont battre son cœur et cascader l’adrénaline dans ses veines. Il se sent grisâtre, comme un zombie enchaîné à une demi-vie. Mais faut qu’il sache. Faut qu’il les retrouve, ces mômes qu’il a laissées derrière lui. Cette fille de sang et l’autre qu’à creusé sa place dans son cœur. Et dans le fond c’est peut-être pour ça qu’il s’égare jusqu’à la fenêtre de ce petit appartement, dans l’espoir de voir dans les yeux de sa propriétaire ce reflet que la vie lui a enlevé par ailleurs. Et c’est comme si elle le sentait dans le fond, parce qu’un éclat d’interrogation passe dans ses prunelles et la question naît presque aussitôt sur ses lèvres de poupée. « Pourquoi après tout ce temps tu as commencé à m'offrir des cadeaux ? » Pourquoi ? Il n’en a pas la moindre foutue idée. Alors il hausse les épaules, un peu bourru pour couper court à toute forme de sensibilité qui pourrait chercher à s’exprimer. « Parce que tu m’manquais. C'tout. » Il finit par lancer sans la regarder, plutôt occupé à déchiqueter un bout du pancake qu’il trempe allègrement dans son café. C’est sorti tout seul, avant même qu’il réfléchisse à quelle connerie lui balancer. Et c’est la pure vérité. Mâchouillant la pâte délicieusement parfumée, il se risque à élaborer. « J’l’aurais bien fait dès l’début, mais j’étais pas certain qu’tu voudrais. » C’était dans son air distant au matin de leur soirée. Dans cette gêne qui s’exprimait à demi-mots et remplissait tout l’espace entre eux. Il secoue la tête et un sourire facétieux vient fendre sa vieille trogne. « Puis j’en ai plus rien eu à foutre. » Il avoue avec un clin d’œil. Les yeux brillants de malice il accroche ceux de l’anglaise, hésite une seconde, et esquisse une moue désinvolte. « Faut dire qu’je sais pas trop où c’est qu’elles sont mes mômes alors j’ai personne d’autre à qui c’est que j’pourrais les offrir. » Sauf que ce n’est pas tout à fait vrai. Enfin si, mais ce n’est pas la raison de son geste. Il prend une grande gorgée de café puis lève les sourcils et le petit doigt comme se rappelant brusquement de ce qu’il voulait ajouter. « Oh pis j’voulais t’remercier aussi. D’pas avoir appelé les condés. D’avoir partagé ton alcool et d'm’avoir laissé crécher sur ton canapé. C’est pas tout l’monde qu’aurait fait ça et j’te l’dis moi qu’ça m’a sacrément touché. Voilà. » Conclusion un peu brusque qu’il bougonne presque pour pas lui laisser entrevoir de trop près sa soudaine vulnérabilité. « Allons, allons, assez parlé d’moi. » Il grogne en plongeant dans l’assiette de pancakes pour en déposer un devant la belle Alex. « Tu vas pas m’laisser engloutir ça tout seul quand même hein ? Bon. » Sujet habilement contourné, il la regarde et lève le menton dans sa direction. « Et toi alors, comment qu’ta occupé ces derniers mois ? Quand c’est qu’tu batifolais pas avec ton lascar, s’entend. »
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyJeu 07 Mai 2020, 23:15



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Elle n'a jamais été la plus douée pour parler de ses sentiments, et si elle pleure aisément devant les autres, elle est souvent moins loquace quand il s'agit d'évoquer l'affection et l'amour qu'elle ressent. Peut-être que c'est encore la faute de son père, de sa mère, ou peut-être que c'est juste elle le problème. Mais, parler de son bonheur n'a jamais été une chose qu'elle fait avec aisance. Et pourtant, devant Kyte, elle se lâche et se confie sans difficulté. Elle le fait alors que son visage s'éclaire, son sourire s'allonge et ses yeux s'illuminent, quand elle parle de son lascar. Et ce n'est pas Kyte et sa taquinerie qui va faire redescendre Alex de son petit nuage. « Ben voyons, s'tu lui fais déjà d'telles cachotteries à mon sujet pas étonnant qu'mes p'tits cadeaux ça l'fasse flipper ! » Elle lâche un petit rire, c'est qu'il a pas tord en plus Kyte, mais si Alex n'a rien dit, ce n'est pas tant par crainte de voir son homme être jaloux, mais plutôt parce qu'il aurait sans doute flipper à l'idée qu'un inconnu s'invite dans l'appartement de la jeune femme, encore plus en ce moment. Mais ça elle ne le dit pas à Kyte. Elle le garde pour elle, ne voulant pas risquer de le froisser alors qu'il vient à peine de s'installer dans sa cuisine. Et elle continue plutôt de parler de Caleb. Son homme, celui qui occupe ses pensées, celui avec qui elle partage ses nuits, et le futur père de son enfant. Elle n'épargne pas Kyte, partageant l'amour débordant qu'elle ressent pour cet homme. Un amour qui a résisté à huit années de séparation, à des mensonges, et qui a tenu malgré le comportement auto-destructeur d'Alex, qui aurait pu aussi détruire son couple. Mais, il a tenu. Caleb est resté et il a totalement changé la vie d'Alex. Elle était perdue, sans espoir, elle était cette femme faible, fragile, pathétique que Kyte avait eu à accompagner jusqu'à son lit, tellement déchirée qu'elle était incapable de faire trois pas sans risquer de s'écrouler au milieu de son salon. Elle était cette fille, celle qui avait viré au petit matin le premier homme qui avait semblé s'inquiéter un minimum pour elle, après s'être servie de lui et de cet intérêt qu'il semblait lui porter pour se décharger de la haine qu'elle ressentait pour elle. Elle avait été ce genre de personne, mais elle ne voulait plus être cette pauvre fille dont Kyte avait du prendre soin alors qu'elle n'était finalement pas à plaindre. Elle s'était détestée, et finalement grâce à Caleb, grâce à son soutien, grâce à son pardon, grâce à son amour, elle avait fini par accepter de se pardonner. Elle avait fini par s'aimer, un peu et à croire de nouveau en la vie. Alors quand elle pense à lui elle sourit, parce qu'il a ce pouvoir, celui de lui faire croire que rien n'est impossible. Et en ce moment Alex peut difficilement contredire ce fait. Alors qu'elle est sobre et enceinte et que le plus incroyable de tout, elle semble le gérer plutôt bien. Et si elle ne parle pas de sa grossesse, elle dévoile avec une certaine appréhension sa nouvelle sobriété. Parce qu'avouer qu'elle est sobre désormais, c'est aussi avouer qu'elle avait un problème avec l'alcool. C'est aussi se remémorer les soirées d'excès, et son comportement honteux et pathétique. C'est se rappeler cette culpabilité qu'elle essaye de faire taire à grande gorgée d'alcool, c'est se souvenir de tout ses démons face auxquels elle avait renoncé à se battre, et qu'elle semble désormais en mesure de garder loin d'elle. Alex en a fait du chemin et se tenir face à Kyte, ainsi, semble être une belle preuve de son évolution, même si le regard qu'elle lui porte semble toujours un peu incertain. Il représente quelque chose qu'elle n'a plus dans sa vie, et c'est en le regardant et en réalisant qu'elle attends quelque chose de lui, qu'elle en prends réellement conscience. Alors quand il réagit à cette annonce, elle se sent presque soulagée de voir qu'il ne s'en moque pas. Il n'est pas très loquace mais elle voit dans ses yeux ce qu'elle recherche, une once de fierté. Et peut-être qu'elle le voit parce qu'elle a besoin de le voir, mais ça lui fait du bien de pouvoir partager ça avec quelqu'un. De partager ça avec lui.

Et après avoir partagé un peu de sa vie avec Kyte, elle le questionne, timidement, avec retenue, sur ces derniers mois, sur ce qu'il advient de lui, des endroits ou il traîne sa carcasse. Elle espère au fond qu'il en a fait des choses, qu'il en a vu du Pays et qu'il a trouvé des lieux ou reposer son corps et son esprit. Elle espère qu'il aille bien finalement. Que lui aussi ait trouvé une sorte de paix. « Des petites expéditions à la plage. Une excursion dans le centre-ville. Un jour que j’me sentais aventureux j’suis même allé jusqu’au parc au nord ! » Elle l'entends plaisanter, et pourtant elle n'arrive pas vraiment à sourire à tout ça, elle sent que cette vie ce n'est pas lui. Elle ne se souvient pourtant pas de toutes les aventures qu'il a pu lui raconter cette nuit là, elle a peut-être oublié des détails, mais elle se souvient de ses voyages, oubliant bien souvent les lieux, se rappelant seulement qu'il a évoqué le Canada, mais gardant en elle l'impression que son inconnu en a vécu des aventures et qu'il est fait pour ça. Alors, elle l'écoute, ne juge pas la vie de Kyte, mais pourtant elle sent que quelque chose ne va pas, sans réussir à vraiment percer les pensées de Kyte. « Tu n'as pas envie de revoir un peu ton Pays d'origine ? » Elle le lance comme ça, sans réellement réfléchir à ce qu'elle dit, oubliant quelques secondes la condition de Kyte, parce qu'elle ne veut pas le voir comme un SDF, et pourtant c'est ce qu'il est, enfin ce qu'il était à l'époque. Et elle se demande s'il vit toujours dans la rue, s'il continue à s'aventurer dans des logements vides pour quelques nuits au chaud. Mais elle n'ose pas lui demander ça, elle ne veut pas qu'il pense qu'elle le juge, alors à la place, elle lui demande pourquoi il est revenu dans sa vie en lui offrant des cadeaux, pourquoi après plusieurs mois. « Parce que tu m’manquais. C'tout. »  Cette confession aussi brute, qu'inattendue ne laisse pas indifférente l'Anglaise. Elle est émue par cet aveu, sans trop savoir pourquoi. Elle baisse les yeux, boit une gorgée de son verre d'eau comme pour pas se laisser déstabiliser par cette émotion qu'elle ressent et qui lui semble si étrangère et pourtant tellement rassurante. Est-ce qu'elle est si en manque d'attention qu'elle se raccroche à celle qu'est en train de lui donner Kyte ? Sans doute. Mais Alex finit par relever la tête vers lui, silencieuse alors qu'elle laisse Kyte s'exprimer. « J’l’aurais bien fait dès l’début, mais j’étais pas certain qu’tu voudrais. Puis j’en ai plus rien eu à foutre. » Un petit rire se fait entendre dans la pièce alors qu'elle retrouve la manière si directe qu'il a de parler et qui semble si loin de ce qu'elle a l'habitude de côtoyer. Elle aime qu'il ne s'enquiquine pas de manière alors qu'il parle avec authenticité et ça lui change de ce qu'elle a connu. Elle le regarde manger les pancakes, ses yeux qui fixent ceux de Kyte et alors qu'elle s'apprête à parler, elle ravale ses paroles en remarquant qu'il se met à parler à nouveau. « Faut dire qu’je sais pas trop où c’est qu’elles sont mes mômes alors j’ai personne d’autre à qui c’est que j’pourrais les offrir. » C’est qu’il est touchant Kyte quand il se dévoile avec ses mots. L’air de rien, comme s’il ne veut pas donner trop d’importance à ses propos. Mais ils ont le mérite d’être dit, et Alex ne connaît pas tout ça. Elle l’écoute, un sourire léger au coin des lèvres. Elle prends note de ce qu’il accepte de partager avec elle, et une lueur de tristesse parcoure son regard quand elle l’entends faire référence à ses mômes. Et c’est qu’elle s’en veut presque de lui étaler son bonheur sous le nez, parce qu’elle sait que la vie lui a donné une nouvelle chance, une chance que n’a pas Kyte. Et si elle voit en lui une sorte de substitut paternel, recherchant la fierté dans le regard de Kyte, lui, il avoue à demi-mot qu'il est aussi en recherche de quelque chose qu'il n'a pas ou plus. Et c'est à Alex qu'il a pensé. Parce qu'il n'a personne d'autre à qui offrir des cadeaux, et c'est triste comme révélation. Elle est vraiment émue l'Anglaise. Émue par cette confidence, émue aussi de savoir qu'il pense encore à ses mômes, mais aussi de le savoir seul. Et Alex se souvient de certaines choses, elle se souvient surtout que c'est l'une des choses qui les a rapproché ce soir là. Leurs choix, leurs vies, leurs culpabilités, leurs solitudes, et cette notion d'abandon qui est présente dans leur parcourt à tout les deux. Et elle est forcément sensible à ce qu'il dit. Se retenant de laisser couler quelques larmes, elle gère ses émotions du mieux qu'elle peut et ça lui demande un effort particulier avec les hormones. Mais elle se concentre, restant silencieuse quelques secondes, ne voulant pas risquer de craquer complètement. Et elle sursaute quand il reprends la parole un peu brusquement. « Oh pis j’voulais t’remercier aussi. D’pas avoir appelé les condés. D’avoir partagé ton alcool et d'm’avoir laissé crécher sur ton canapé. C’est pas tout l’monde qu’aurait fait ça et j’te l’dis moi qu’ça m’a sacrément touché. Voilà. » Et il ne le sait sans doute pas, mais cette rencontre a aussi touché l'Anglaise. Elle aimerait pouvoir le lui dire, mais elle se contente d'un sourire sincère, alors qu'elle se frotte les yeux comme pour éviter d'avoir à montrer son émotion. « De rien Kyle. C'était une soirée folle mais merci à toi aussi, pour tout. » Elle aurait pu être plus précise, plus claire dans ses remerciements, mais elle lutte encore avec ses propres émotions, et sentir l'émotion de Kyte qui s'ajoute à la sienne, ne l'aide clairement pas.  Mais heureusement pour elle, il grogne, reprenant le fil de la discussion mettant fin à la séquence émotion dont il est pourtant le principal responsable. Déposant un pancake devant Alex, il ramène la blonde à la réalité, et quand elle voit le pancake devant elle, elle grimace. « Tu vas pas m’laisser engloutir ça tout seul quand même hein ? Bon. » Elle sourit malgré tout à Kyte, sans pour autant prendre le pancake, le laissant devant elle sur la table. « Ça fait plusieurs jours que j'en mange en t'attendant, ceux là sont pour toi. » Elle se contente de son verre d'eau, laissant Kyte détourner la conversation sur elle. Elle réfléchit, à sa question, elle réfléchit à ce qu'elle peut partager avec lui. « J'ai appris que mon paternel avait eu un autre enfant qu'il avait abandonné à la naissance, que ma mère le savait, qu'elle n'a jamais rien dit. J'ai avoué la vérité sur ma première grossesse et mon choix, et j'ai accepté de faire face à mes problèmes. » Et finalement, elle opte pour un condenser d'un tas de chose, plus ou moins importantes qui ont marqué ses derniers mois. Et elle arrive à évoquer tout ça sans se sentir submerger par la colère ou la tristesse. Et alors qu'elle croise le regard de Kyte face à elle, sans vraiment calculer, elle laisse sa sincérité s'exprimer. Ce qu'elle n'a pas réussi à dire quelques minutes plutôt, alors qu'il évoquait leur première rencontre et qu'il la remerciait. « J’aurais aimé être en mesure de faire plus ce matin là, je suis désolée d'avoir été si froide et distante. » Est-ce qu’elle en aurait été capable, à l’époque c’est hautement improbable. Boire et gémir en attendant d’être assez saoule pour ne plus avoir la force de se souvenir, voilà les seules choses qu’elle était en mesure de faire, et elle le faisait assez bien. C’est d’ailleurs ce qu’elle avait faite aussi avec lui ce soir là. Elle lui avait offert l’hospitalité pour une nuit, et elle s’était servi de sa présence pour déverser sa haine et sa colère envers elle, envers son père, envers le monde entier, avant de le jeter au petit matin. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » L’hésitation peut se sentir dans sa voix. La peur de froisser l’homme face à elle pour lequel elle a beaucoup trop de respect, et qu’elle aurait peur de blesser en lui offrant une aide qu’il n’a pas demandé. Mais elle ose, parce qu’elle sait qu’elle risque de le regretter si elle ne le fait pas. Elle ose parce que sa place n’est pas dehors seul, parce qu’il mérite que quelqu’un lui tende la main et qu’elle s’inquiète pour lui aussi. Elle s’inquiète sincèrement pour ce bougre qui en a pourtant vu bien plus qu’elle de la vie.


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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptySam 16 Mai 2020, 20:25


Kyte Savard & @Alex Clarke
Y’a une kyrielle d’émotions qui défilent dans ses grands yeux verts. Cette fille-là, elle a beau contrôler ses gestes et ses paroles, ses iris la trahissent et font comme une fenêtre qui donne direct sur son âme. Kyte l’avait déjà remarqué la première fois, mais c’est encore plus évident ce matin. Parce qu’il fait jour peut-être. Parce qu’elle est sobre surement. Car plus rien ne voile son regard aujourd’hui et il scintille comme de l’eau de roche. Il y a quelque chose de beau là-dedans et il aurait volontiers épilogué sur la question mais il est distrait par son joli sourire et ce pancake qu’elle refuse de manger sous prétexte que : « Ça fait plusieurs jours que j'en mange en t'attendant, ceux-là sont pour toi. » Il hausse les épaules, récupère la petite crêpe américaine et mord un coup dedans. « Comme tu voudras. » Il répond, la bouche pleine et le regard rieur. Heureux de cette délicate attention et de leur petite joute verbale qui donne un air de naturel à cette scène matinale. Un air de famille, presque. Pendant qu’il mâchonne, elle se lance dans un petit récit pour le mettre au goût du jour. « J'ai appris que mon paternel avait eu un autre enfant qu'il avait abandonné à la naissance, que ma mère le savait, qu'elle n'a jamais rien dit. J'ai avoué la vérité sur ma première grossesse et mon choix, et j'ai accepté de faire face à mes problèmes. » Y’a beaucoup de trucs dans cette phrase. Beaucoup de blessures et beaucoup de guérison, aussi. Et pourtant elle lui balance tout ça comme si elle lui parlait des prix de la farine à l’épicerie du coin de la rue. Distance dans la posture, calme dans la voix. Curieux, il cherche son regard pour voir si c’est juste une façade ou si elle le ressent vraiment comme ça. Leurs yeux s’entrechoquent mais dans les siens y’a que de la sincérité. « Ça c’est pas rien mon p’tit ! » Il lui lance alors, impressionné par la sagesse de ses paroles et le chemin parcouru. Il n’a pas le temps de réagir davantage à cet étrange résumé que quelque chose change dans ses prunelles et un petit pli se forme entre ses sourcils légèrement froncés. « J’aurais aimé être en mesure de faire plus ce matin-là, je suis désolée d'avoir été si froide et distante. » La confession le prend de court, le bouscule dans son for intérieur. Un rictus embêté au coin des lèvres, il se détourne, secoue la main devant lui pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas à s’en faire. « Allons, allons, t’fais pas d’bile pour ça, va. Y’a des limites à tout c'est qu’on peut faire un matin d’gueule de bois ! » Il incline la tête, se réfugie dans son café et prend une grande gorgée en se disant que c’est plié, pas besoin de revenir sur le sujet. C’est sous estimer le poids de la culpabilité d'Alex, parce qu’elle contre-attaque aussitôt, sans pitié. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » Surpris, il repose sa tasse et la dévisage. Si Alex avait été un homme, aucun doute qu’il se serait senti insulté et l’aurait envoyé promener sans le moindre regret. Mais c’est une femme, et l’hésitation qu’il perçoit dans sa voix le fait fondre comme une glace au soleil. Quant à sa petite tête contrite, elle le pousse même à regarder à l’intérieur, jusqu’à effleurer l’idée que ouai, peut-être bien qu'il a un truc sur quoi elle pourrait l’aider. La gorge étrangement nouée, il retient les mots qui menacent de se déverser. T’es journaliste pas vrai ? T'as bien des contacts puis les moyens d’localiser quelqu’un dans c’te foutue ville. Alors si j’te donnais ce nom, Jameson Winters, tu penses-tu qu’tu pourrais donc la retrouver ? Sa môme est à quelques clics sur un clavier, il en est persuadé. Mais il ne peut pas se résoudre à prononcer ces mots. Alors il les mâche et les mâche encore jusqu’à ce qu’à en faire une bouillie de lettres qu’il n’a plus qu’à ravaler. Parce que lui donner le nom de Jaimie c’est la mettre en danger. Elle s’est fait trop d’ennemis, la brillante avocate, en massacrant l’opposition à chaque fois au tribunal. Et parmi les gens qu’elle a envoyé derrière les barreaux, y’en a bien trop qui serait pas contre le fait de se venger, en la reliant à un écoterroriste ardemment recherché. En démontrant que depuis des années, elle l’a fait passer entre les maillons de la justice pour le protéger. Alors il pince les lèvres, fronce les sourcils, secoue la tête et relève les yeux vers Alex. « Nah. Tu l’as déjà fait. » Ce fameux soir de leur rencontre, il lui a offert un endroit ou crécher, a partagé son alcool et lui a rappelé, l’espace d’une soirée, ce que c’était que d’exister. Elle lui a offert ses émotions, les moches comme les belles, et une expérience des plus humaines qu’il n’a jamais oublié. Dans le fond, c’est bien plus que ce que la majorité des gens sont capable d’offrir. Et pourtant, il sent que c’est pas assez, qu’elle est frustrée par cette réponse. Comme si elle n’avait pas conscience, au fond, de la valeur de ce qu’elle lui a offert. De sa valeur à elle. Alors il prend sa petite main entre ses pattes calleuses et lui fait un clin d’œil. « Tu sais mon p’tit, j’suis un homme simple : tu m’files à becter et l’occasion d’tailler un peu la bavette et j’suis plus heureux des lascars ! » Il la libère avec un grand rire, secoue la tête et reprend une bouchée de pancake en regrettant de pas avoir pensé à le tremper dans le café. Puis il jette un coup d’œil dans la direction d’Alex et un sourire taquin au coin des lèvres, il lui lance : « Mais bon après s'tu trouves qu’c’est pas assez, t'peux toujours m’payer des p’tites vacances au Canada cet été. Pour sûr qu'ça m’dirait bien d’aller y renifler un peu les pins ! ‘Sentent pas comme ici, moi j’te le dis ! » Il plaisante avec un petit rire, passablement fier de sa plaisanterie. Parce qu’il est certain qu’elle ne cherchera pas à réaliser cette requête. Et heureusement d’ailleurs, comme il ne pourrait pas monter dans un avion sans se faire arrêter. Pour chasser le malaise qui clignote comme un warning à cette idée, il se reprend et ajoute plus sérieusement. « Allons, disons qu'si jamais j’pense à un truc que c’est qu’tu pourrais faire, j’te l’dirais. Ça t'va ? » Il hoche la tête, comme convaincu par son propre marché puis essuie ses mains désormais graisseuses sur son jean en se souvenant de la question qu’il voulait lui poser : « Alors comme ça t’as un frère ou une sœur en vadrouille quelque part dans la nature ? T’vas essayer de le retrouver c’te môme abandonné ? »
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyDim 07 Juin 2020, 16:08



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Elle est assisse face à lui, le regardant déguster ce pancake qu'elle vient de refuser et c'est ainsi qu'elle aurait aimé que se passe leur première rencontre. Pas de larmes, pas de détresse, pas d'alcool non plus, juste des sourires et une situation qui semble presque devenir naturelle alors qu'elle se sent en sécurité en sa présence. Il l'écoute alors qu'elle lui livre un condensé des aventures qui sont venues perturber son quotidien et même parfois ébranler ses certitudes. Mais, le fait qu'elle soit en mesure de lui conter tout ça avec un certain détachement, tends à lui prouver qu'elle en a fait du chemin. Elle se le prouve aussi peut-être un peu, parce que tout est encore fragile chez Alex et elle se teste encore un peu finalement. Et, elle arrive à évoquer son père, sa mère, sa grossesse, ses problèmes, elle y arrive et elle reste droite sans flancher. Elle fait face et elle se sent presque fière d'elle d'y être arrivée. Et être fière d'elle, c'est un sentiment si rare pour elle, qu'elle l'accepte sans vraiment pour autant développer cette partie de sa vie. Et plutôt, elle se concentre sur d'autres émotions, sur d'autres confessions qu'elle n'était pas en mesure de faire plutôt. Et elle voit bien que ses mots semblent gêner un peu Kyte, semblent le prendre de cour et malgré les mots de l'homme face à elle, elle ne semble pas convaincue. Elle ne veut pas se cacher derrière l'alcool, enfin elle ne veut plus. C'était une facette d'elle qu'elle détestait et elle en a fini avec la fuite, désormais elle veut assumer, elle veut se montrer responsable. Presque adulte et à trente ans, il serait temps pour elle. Mais ce n'est pas pour autant simple, parce qu'elle n'est pas habituée, parce qu'aussi elle ne sait pas comment elle doit/peut apporter son aide à un homme de la trempe de Kyte. C'est qu'il a un vécu impressionnant, et une vie atypique. Est-ce qu'elle, la petite Anglaise bourge, tout juste sobre peut même proposer son aide à cet homme ? Elle hésite et elle se sent conne quand elle le voit hésiter. Il est silencieux, bien trop silencieux et pourtant elle ne dit rien, rien de plus. Se contentant de le fixer,   en craignant le moment ou il va finir par s'enfuir, vexé par les paroles de l'Anglaise. Elle joue avec son verre d'eau, elle n'aime pas le silence qu'il impose mais elle le respecte, elle n'a guère le choix parce qu'elle attends une réponse à une question qu'elle aurait du poser il y a déjà un petit moment. Mais elle n'aurait jamais pu le faire plus tôt, elle n'aurait jamais été en mesure d'être un soutien pour quiconque, désormais, elle pense pouvoir l'être. Et il finit par parler, après un long silence, il amène une réponse qui ne convient pas à Alex. « Nah. Tu l’as déjà fait. » Elle n'a rien fait, du moins elle n'a pas eu l'impression de faire grand chose, peut-être que son canapé était finalement plus confortable qu'elle pouvait le croire. Elle secoue la tête, lève les yeux au ciel et soupire légèrement frustrée d'une réponse qui n'en ait même pas une. Mais il est surprenant Kyte, toujours capable de dire ou faire quelque chose que la blonde n'anticipe pas, ne prévoit pas. Quand il prends sa main, ses yeux se posent à nouveau sur le visage fatigué du Canadien, et elle sourit à son clin d’œil, ainsi qu'à ses paroles. « Tu sais mon p’tit, j’suis un homme simple : tu m’files à becter et l’occasion d’tailler un peu la bavette et j’suis plus heureux des lascars ! » Il rit, et il mange un nouveau pancake alors qu'Alex le regarde toujours cherchant à savoir s'il est sincère ou s'il tente de rassurer les inquiétudes qu'elle a laissé entrevoir à son sujet. Mais son sourire semble sincère, du moins Alex y croit même si ça ne lui apporte pas de réponse concrète sur ce qu'elle pourrait faire pour lui rendre la vie moins dure. Mais, après le moment de silence, Kyte semble de nouveau d'humeur joueur et Alex plaisante avec lui quand il parle de vacances au Canada. « Tu sais c'est une idée, j'ai jamais visité le Canada, tu pourrais me servir de guide. » Dans quelques semaines, ce sera sûrement une expédition juste pour se rendre en course alors envisager un voyage au Canada c'est bien la dernière chose qu'elle puisse envisager faire dans les mois à venir, mais elle veut plaisanter avec lui, avant de revenir à la charge, parce qu'elle n'a pas oublié qu'il n'y avait toujours rien dit qu'elle puisse faire pour lui. « Allons, disons qu'si jamais j’pense à un truc que c’est qu’tu pourrais faire, j’te l’dirais. Ça t'va ? » Elle commence par secouer la tête donnant ainsi son approbation. Puis elle ne peut s'empêcher de rajouter un petit quelque chose. Parce qu'elle ne veut pas qu'il reparte dans quelques minutes sans donner de nouvelles pendant un temps aussi longs. « Je pense à un truc moi. Qu'est-ce que tu dis de partager un petit moment à tailler la bavette autour d'un repas, d'un café ou ce que tu désires un peu plus régulièrement ? » Elle se fait rire elle même en reprenant les mots de Kyte, c'est qu'elle aime ses habitudes de langages et qu'elle le trouve à la fois drôle et touchant. Elle essaye de ne pas se montrer trop pressante, trop intrusive dans sa vie mais des idées elle en aurait bien d'autres. Mais c'est trop tôt sans doute. Trop tôt pour lui proposer de l'aide pour sortir de sa rue ? Proposer de l'aide pour trouver un logement décent dans lequel il pourrait reposer son corps qui n'a rien à faire dans la rue. Elle ne le connaît finalement qu'au travers des souvenirs d'une soirée alcoolisée, un homme qui a débarqué chez elle et qui aurait pu sans doute la blesser, ou pire. Mais il a fait tout l'inverse, et elle aimerait pouvoir lui apporter un petit quelque chose. « Et puis peut-être que tu pourrais me donner un moyen de te joindre ? » Au moins pour qu'elle puisse s'assurer qu'il survit là dehors, pour qu'elle puisse veiller un peu sur lui, sans trop s'immiscer dans sa vie. Juste un peu, comme un regard bienveillant qui s'assure qu'il ne finisse pas par mourir tout seul sur un banc devant l'indifférence des passants, passant dont elle pourrait faire partie malheureusement. Et si elle ne peut pas veiller sur tout les SDF, Kyle a déclenché en elle quelque chose et elle ne peut pas se rester indifférente au sort du Canadien. « Alors comme ça t’as un frère ou une sœur en vadrouille quelque part dans la nature ? T’vas essayer de le retrouver c’te môme abandonné ? » Sa question déroute un peu Alex, qui pour cacher son trouble se passe une main dans les cheveux avant de fixer la fenêtre quelques secondes. C'est pas qu'elle ne veut pas lui répondre, il sait tout Kyle. Elle lui a déjà tout dit ce soir là, mais c'est qu'elle n'a pas de réponse à donner. Elle ne sait pas ce qu'elle veut quand il s'agit de Nathan. Est-ce qu'elle veut savoir ce qu'il est devenue ? Bien sur. Ou au moins sans doute. Mais elle a trop peur de ce qu'elle pourrait découvrir, que la vérité soit plus destructrice que réparatrice. Et, elle sait que le jour ou elle a décidé de l'abandonner, elle a aussi abandonné tout droit sur lui et elle n'a pas à vouloir quoique ce soit le concernant. « Oui oui j'ai un demi-frère que mon père a abandonné. » Et entre elle, son père et Kyte, les abandons s'accumulent derrière eux, et si elle respecte le Canadien malgré tout, elle déteste son père, tellement. Mais c'est bien le sujet de Nathan qui occupe les pensées de l'Anglaise. Et peut-être que c'est pas le sujet a abordé alors qu'elle est bourrée d'hormones et que sa grossesse fait remonter certains souvenirs en elle, mais elle n'élude pas pour autant la question. « Pour ce qu'il est de mon ..., enfin de Nathan, je sais que son père biologique voudrait le voir, mais je sais pas. S'il est heureux je n'ai pas le droit de perturber sa vie, et à l'inverse s'il n'est pas heureux, je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer. Et puis, je ne sais rien de lui de toute façon. Il pourrait bien être dans un autre Pays sous un autre nom. Je ne saurais pas comment faire. » Elle ment l'Anglaise, elle sait très bien vers qui elle pourrait se tourner mais il est bien hors de question qu'elle se tourne vers son père. Alors elle lève les épaules, comme pour se résigner et se convaincre que quoiqu'elle veuille, il lui est bien impossible de le retrouver alors à quoi bon se poser la question finalement ? « Et toi alors ? Tu as dis que tu savais pas trop ou elles étaient, mais tu les cherches au moins ? » Elle le regarde, presque rassurée d'avoir réussi à renverser la situation, que l'attention ne soit plus sur elle et son passé, mais sur Kyte et ses mômes.


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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptySam 20 Juin 2020, 17:23


Kyte Savard & @Alex Clarke
Le deal semble lui plaire, à la môme, et Kyte hoche la tête, satisfait de leur accord. Sujet clos, il mord dans un pancake imbibé de sirop d’érable, s’en fout partout sur les doigts. Il grogne un peu même si dans le fond ça lui fait chaud au cœur, évoque les précieux souvenirs d’une époque où sa bergère lui cuisinait ça tous les matins avant qu’il file en montagne. Le Canada, il aimerait bien lui faire visiter à Alex. Pour sûr qu’il est bien placé pour lui apprendre les roches et les forêts, où faire du feu et comment s’y retrouver. Mais c’est un rêve, rien de plus. Et Kyte, il est bien trop attaché à la réalité pour s’y accrocher. Alors ouai, le sujet est clos pour lui, sauf que la jolie blonde, elle veut pas en démordre, revient à l’attaque. « Je pense à un truc moi. » T’es bien une go toi, tu penses trop. Il peut pas s’empêcher de songer, soupir discret entre les lèvres et yeux indulgents qui la supplient silencieusement de lâcher l’affaire. Elle l’ignore, évidemment. Et ça lui fait chaud au cœur… évidemment. « Qu'est-ce que tu dis de partager un petit moment à tailler la bavette autour d'un repas, d'un café ou ce que tu désires un peu plus régulièrement ? » Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne s’y attendait pas. Mais l’idée lui plait. Beaucoup. Un sourire froisse sa trogne fatiguée et il hoche la tête, une lueur reconnaissante et presque chaleureuse dans ses yeux couleur glacier. « Ouai, ça m’botterait bien mon p’tit. » Kyte, il a jamais trop souffert de sa condition. Faut dire qu’il lui en faut peu, au final. Le luxe et la routine sont des poisons dont il se passe bien. La vie, il la prend comme à l’époque, avec ses incertitudes et ses dangers, mais aussi ses libertés. Et ça lui va. Dans le fond, la seule chose qui lui manque vraiment, c’est le manque de lien social. Les rires autour du feu sur la plage ou ailleurs, la bière qu’on trinque, se voir exister dans le regard d’un autre pour quelques temps au moins. Comme en cet instant. « Et puis peut-être que tu pourrais me donner un moyen de te joindre ? » Elle tente, il tique. Petite grimace au coin des lèvres tandis que ses doigts s’occupent en faisant la peau d’un pancake qu’il émiette. « C’est pas que j’veux pas mais… j’saurais pas comment. » Il avoue après un moment. Cryptique, toujours. Ça aussi ça l’emmerde. Kyte, c’est pas le genre de gars qui aime trop se compliquer l’existence. Brouiller les pistes, effacer ses traces, c’est une question de survie, pas un plaisir. Il hésite un instant, pince les lèvres, fait rouler sa moustache, puis décide de jouer la carte de l’honnêteté. « J’ai pas d’cellulaire mon p’tit, et même si tu m’filais un truc qui pourrit dans tes tiroirs, j’saurais pas où c’est que j’pourrais l’recharger. » Il hausse les épaules. Ces petites bêtises, ça ne lui manque pas. Il n’y comprend rien et ça le gonfle. Lui, de son temps, on s’appelait depuis une ligne fixe ou une cabine téléphonique et ça lui allait très bien. Mais maintenant il voit les mômes qui dansent devant leurs écrans et balancent leurs vidéos on ne sait trop où sur la toile. Un concept qu’il ne comprend pas, auquel il n’a pas trop envie de réfléchir non plus. C’est trop irréel, trop abstrait. « Le jour, j’me traîne dans les ruelles pour voir un peu d’monde, parfois j’vais à la plage. J’mène la belle vie t’sais ! » Il rigole, se tape la cuisse, secoue la tête. « La nuit j’me traîne à l’abri. J’crèche pas mal au parc ces temps-ci. J’ai un coin sous un buisson qu’est pas mal douillet dans son genre. » C’est plus fort que lui, il dort mal s’il a pas un brin d’herbe qui lui chatouille les naseaux. C’est pour ça que c’est toujours plus dur en hiver. Il déteste ces putains de hall de gare, ces chiottes moisies, ces vestiaires sportifs où il traîne sa carcasse pour survivre à la morsure du froid et de la pluie. Mais l’été, quel bonheur de dormir dehors à l’air frais ! « Alors le plus simple c’est p’être encore qu’c’est moi qui vient t’vouère. » Sauf qu’elle n’a peut-être pas envie de voir un clochard dans son genre traîner sous sa fenêtre tous les quatre matins, surtout si elle se trouve en compagnie du lascar qu’elle fréquente. Brusquement, ça lui donne une idée. Un mot de code recyclé qu’il utilisait avec une ancienne amante. « On pourrait s’laisser des p'tits mots tiens ! Disons qu’si t’as envie d’vouère ma trogne, t’y mets un ruban à ta fenêtre. Si j’l’y vois, j’y monte. Sinon j’passe mon chemin. Qu’est-c’est qu’tu dis d’ça, hein ?! » Lui se réjouit d’avance, et les miettes étalées sur la table se collent sur son indexe pour finir dans son gosier.

Il lui parle de sa famille après, s’enquiert de ce frangin paumé dont elle avait jamais entendu parler. Elle s’y attendait pas, la belle Alex. C’est inscrit partout sur son joli minois troublé. Le regard dans le vague, elle réfléchit, et il la laisse faire, sait bien comme certains trucs sont moins faciles que d’autres à exprimer. « Oui oui j'ai un demi-frère que mon père a abandonné. » Une confirmation, et c’est tout. Il hésite à creuser, reposer sa question pour satisfaire sa curiosité. Et alors bon Dieu, tu vas-tu donc le chercher ou bien ? Mais il se mord la langue pour se retenir, parce qu’il sent bien qu’elle est ailleurs, très loin à l’intérieur. Et quand elle reparle, c’est pas de ce frère inconnu mais du secret qui a pesé autour de ses confessions la nuit de leur rencontre. Et d’un coup tout s’éclaire dans l’esprit de Kyte. Son mal-être, sa douleur, cette culpabilité destructrice comme de la lave, cette tristesse profonde, comme un gouffre insondable. Il savait bien que c’était trop de douleurs pour une jeune femme aussi douce. Il ne l’a jamais autant comprise qu’en cette seconde, alors qu’elle s’autorise enfin à parler de ce qui l’a retenue prisonnière de ses démons si longtemps. « Pour ce qu'il est de mon ..., enfin de Nathan, je sais que son père biologique voudrait le voir, mais je sais pas. S'il est heureux je n'ai pas le droit de perturber sa vie, et à l'inverse s'il n'est pas heureux, je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer. Et puis, je ne sais rien de lui de toute façon. Il pourrait bien être dans un autre pays sous un autre nom. Je ne saurais pas comment faire. » Dans sa voix il entend les doutes, un mélange d’espoir et de désespoir, l’instinct maternel tempéré par un détachement nécessaire à sa survie. Et il se doute bien que ce gamin perdu doit hanter ses pensées, alors qu’elle porte en elle la vie d'un autre. « Qui c’est qu’tu cherches à protéger là ? Lui, toi ou ton mec ? » Il peut pas s’empêcher de demander, sans prendre de détour ni de gants. « Ton môme… finira bien par s’poser des questions. T’as même pas à l’chercher dans l’fond. Surement qu’il le fera par lui-même quand il sera prêt. » Il tempère toutefois. A l’adolescence, les gosses cherchent des réponses, se posent des questions, veulent expliquer leur mal de vivre par tous les moyens possibles. Alors ceux nés dans une famille aimante font tout pour s’en émanciper. Et les autres, ceux qui sont adoptés, ils remuent ciel, terre et cœurs à la recherche de leurs racines. Pour guérir une blessure dont ils ont même pas conscience, pour déverser un peu de colère parfois, pour trouver ce qu’ils cherchent sans même le savoir le plus souvent. « C’était quand ? » Pas besoin d’ajouter la fin de la phrase, il sait qu’elle comprendra. C’était quand que t’as accouché ; quand que tu l’as laissé ? Il le sait parce que la date où il a dû décamper et abandonner sa môme derrière lui est encore ancrée dans sa chair et dans ses remords. Et comme si elle lisait en lui, sa belle hôte contre-attaque avec une question bien pointue de son cru : « Et toi alors ? Tu as dit que tu savais pas trop ou elles étaient, mais tu les cherches au moins ? » Il secoue la tête, sourire appréciateur aux lèvres. Un point pour lui avoir si brillamment renvoyé la balle, même si ça l’emmerde un peu dans le fond de chercher la réponse à sa question. Il sait reconnaître une bonne joueuse quand il la croise. « Ouai pour sûr j’cherche un peu. » Il répond évasivement. « Mais figures-toi qu'c’pas si facile d’mettre la main sur quelqu’un qui veut pas être trouvée. » Il parle de sa fille biologique. Astucieuse, brillante... misanthrope aussi. Elle disparaît de la surface du globe aussi surement que lui et réapparaît quand on s’y attend le moins. C’est pas ma gamine pour rien… Dans le fond il le sait, c’est elle qui finira par le retrouver. Alors il se contente de rester dans le coin, jusqu’à ce qu’elle se mette sur sa piste, jusqu’à ce qu’il la retrouve un matin, assise sur le banc à côté de sa planque pour la nuit, avec son air de rien comme s’ils s’étaient quittés la veille et pas depuis trois putain d’années. Ouai. On peut toujours rêver. « Pis l’autre… j’sais pas. P’t’être bien qu’moi non plus j’ai pas trop envie d’perturber sa vie. » Il grommelle avec un haussement d’épaules. Il l’avait pas vu venir celle-là. Mais il doit bien se rendre l’évidence. Jameson, il pourrait la retrouver. Et facilement avec ça. Suffirait de traîner dans le quartier des affaires. Errer près de cette grande tour de verre où c’est qu’elle bosse depuis toujours. La suivre jusqu’à sa bagnole, ou jusqu’à chez elle. Mais il s’est pas aventuré dans ce coin de la ville depuis son retour. Il se dit qu’il doit d’abord reprendre des forces pour pas l’effrayer. Qu’il a des contacts à réactiver pour reprendre les missions et son engagement écolo. Qu’il fera ça demain comme ses os gueulent et qu’il est fatigué. Toutes les excuses sont bonnes au fond pour pas trop regarder à l’intérieur, pour se demander pourquoi il hésite, pourquoi il fuit. Une fois de plus, une fois de trop. Tabernak, j’ai besoin d’un verre !
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyMer 15 Juil 2020, 18:09



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Elle aurait pu se contenter de ce qu'il est prêt à lui donner, se contenter des quelques apparitions à un rythme bien trop aléatoire qu'il accepte de faire à sa fenêtre mais elle en veut plus. Enfin plus pas forcément, mais elle veut juste pouvoir s'assurer qu'il s'en sorte la dedans. Et à défaut de lui proposer une aide précise, elle lui propose un soutien. Parce que c'est ce qu'elle aimerait être pour lui. Comme il l'a été pour elle ce soir là. Une sorte de présence réconfortante, capable de comprendre sans juger, d'écouter parce que si sa vie est radicalement différente de celle de Kyte, ils partagent au moins en commun certains traits de leur passé qui continuent d'occuper leur esprit au présent. Alors quand il semble accepter la proposition d'Alex, elle lui sourit. D'abord soulagée de voir qu'il ne la repousse pas, qu'il ne la rejette pas. Faut dire qu'elle a quand même un sacré soucis avec ça l'Anglaise. Mais Kyte accompagne sa remarque d'un sourire et peut-être que ça donne des idées à Alex. Peut-être qu'elle en demande trop à Kyte et quand il grimace à la seconde proposition d'Alex, elle comprends qu'elle ne peut pas s'immiscer autant dans la vie du Canadien. « J’ai pas d’cellulaire mon p’tit, et même si tu m’filais un truc qui pourrit dans tes tiroirs, j’saurais pas où c’est que j’pourrais l’recharger. » Elle s'en veut presque d'avoir oublié ce détail, d'avoir proposé cette connerie. Parce que ce détail n'en est clairement pas un pour Kyte. Et si elle, elle ne pourrait clairement pas vivre sans son téléphone et sans batterie, elle doit se rendre à l'évidence ; Kyte vit dans la rue et leurs priorités sont forcément bien différentes.  « Le jour, j’me traîne dans les ruelles pour voir un peu d’monde, parfois j’vais à la plage. J’mène la belle vie t’sais ! La nuit j’me traîne à l’abri. J’crèche pas mal au parc ces temps-ci. J’ai un coin sous un buisson qu’est pas mal douillet dans son genre. » Et comme pour permettre à Alex de finir d'assimiler réellement un élément qu'elle n'a pas forcément envie d'intégrer, il lui raconte son quotidien avec une légèreté qu'Alex a bien du mal à saisir ou au moins à comprendre. Parce qu'il n'y a rien de drôle dans ce qu'il dit. Elle ne voit pas pourquoi il rigole alors qu'il dépeint le portrait d'un monde qu'Alex ne peut pas réellement imaginer. Les journées dehors, les nuits dehors, l'absence de confort, d'intimité. Elle a toujours vécu dans un confort matériel et financier, dans un luxe qu'elle a longtemps prit pour acquis et la vie que lui présente Kyte lui semble bien insensée. Aussi bien injuste pour les hommes et les femmes qui vivent cette vie de sans domicile fixe. Et peut-être que c'est Kyte qui lui fait prendre conscience de ça, ou peut-être que c'est les hormones qui la rendent plus sensibles à l'injustice du monde, mais elle grimace malgré elle. Parce qu'elle a du mal à concevoir l'idée de dormir sous un buisson, que ce soit lui, elle ou n'importe qui d'ailleurs. Mais elle ne dit rien, parce qu'elle n'a pas à juger ce mode de vie. Elle n'a pas à prétendre savoir mieux que lui ce qu'il veut, ou ce dont il a besoin. Peut-être qu'elle devrait, peut-être mais elle le fait pas. S'attardant bien plus sur les idées de Kyte. Celles qu'il propose en alternative aux nouveaux systèmes de communications qu'il refuse d'avoir dans sa vie. Et à défaut d'un sms, il propose des mots codés, qu'eux seuls pourraient déchiffrer. « On pourrait s’laisser des p'tits mots tiens ! Disons qu’si t’as envie d’vouère ma trogne, t’y mets un ruban à ta fenêtre. Si j’l’y vois, j’y monte. Sinon j’passe mon chemin. Qu’est-c’est qu’tu dis d’ça, hein ?! » Et elle repense à une vieille technique (pas si vieille finalement) pour annoncer qu'une pièce était occupée, et elle y songe sincèrement à son idée. Mais si elle y voit pas mal d'inconvénients, elle y voit aussi là, une option pour garder un contact avec lui. Et si c'est tout ce qu'il est prêt à accepter elle est prête à le faire aussi. « Ça me va. Mais même si le ruban est à la fenêtre, tu devras passer par la porte désormais. Je ne veux pas que tu te blesses en montant. » Elle le taquine légèrement en ajoutant cette petite phrase mais elle le veut vraiment. Qu'il passe par la porte comme un invité normal, comme quelqu'un qu'elle aurait invité chez elle, parce qu'elle ne veut plus qu'il soit obligé de grimper, et de rentrer comme un voleur par cette fenêtre qu'il a lui même réparé. « Mais si c'est toi qui as envie ou besoin de me voir ? On fait comment ? » Elle lâche pas l'affaire, du moins pas totalement, parce qu'elle veut pouvoir être là s'il en a besoin et leur nouveau système n'est pas assez fiable pour ça. Alors, elle le questionne encore avant que ce soit à son tour de la questionner, et après un rapide compte rendu des nouveauté dans sa vie, le sujet de la famille est vite revenu sur le tapis. Son père, son demi-frère et son fils qu'elle a abandonné. Elle se sent déstabilisée au moment ou elle aborde Nathan et Kyte ne semble pas vouloir s'arrêter là. « Qui c’est qu’tu cherches à protéger là ? Lui, toi ou ton mec ? » Elle pense pouvoir être sereine, elle pense être en mesure de gérer et faire face à la moindre question mais visiblement ce n'est pas encore totalement le cas. « J'en sais rien. » Et si c'est souvent qu'elle se retrouve sans réponses à ses problèmes, c'est bien plus rare qu'elle l'avoues ainsi, sans détour, sans chercher à expliquer les choses. Sans noyer ses incertitudes dans un flot de paroles voué à cacher ses doutes. Mais elle ne sait pas l'Anglaise. Quand il s'agit de Nathan, elle est vite perdue et pourtant la thérapie devait l'aider. Elle devrait avoir trouvé les réponses à ses questions depuis le temps, parce que ça fait huit ans maintenant. Mais, elle ose à peine s'autoriser à se poser des questions, elle n'en a pas vraiment le droit. C'est du moins ce qu'elle pense. Ce qu'elle tente de se dire aussi. Parce qu'elle a abandonné Nathan, elle a menti à Caleb, alors la moindre des choses ce serait de penser à eux désormais. Pas à elle. Pas à ce qu'elle veut ou à ce qu'elle croire avoir besoin. Elle devrait les protéger eux, et pourtant une part d'elle sait que c'est avant tout elle, qu'elle protège finalement. Parce qu'elle a passé des années à se faire souffrir, à se punir de ses erreurs, et elle ne veut plus de ça. Pour elle, pour Caleb et pour cet enfant qu'elle attends. « Un peu tout le monde je crois. C'est de ma faute tout ça alors peut-être que c'est eux qu'il faut que je protège maintenant. » Et les protéger réellement cette fois, pas faire semblant en faisant passer ses intérêts avant ceux des autres, des leurs surtout. Mais elle ne sait pas si elle le pourra, parce que c'est Nathan dont il est question. Et si c'est encore aujourd'hui, une source de douleur pour l'Anglaise, ce qui lui fait le plus peur au fond, c'est que ça reste un sujet délicat pour son couple et parfois elle continue d'avoir peur de tout perdre. Parce qu'elle a déjà tout perdu une fois. « Ton môme… finira bien par s’poser des questions. T’as même pas à l’chercher dans l’fond. Surement qu’il le fera par lui-même quand il sera prêt. » Et voilà qu'elle se questionne encore, et réflexions après réflexions, il amène l'anglaise à réfléchir à une chose à laquelle elle n'a pas encore réellement songé. Et c'est qu'elle doute désormais, parce qu'au fond elle n'a peut-être jamais vraiment réalisé que cet enfant pourrait un jour débarquer dans sa vie. Et pourtant, elle lui a laissé son nom, il peut savoir qui elle est, il peut la trouver s'il le souhaite et peut-être qu'un jour il le fera, mais c'est une chose à laquelle elle ne veut pas avoir à penser. Pas pour le moment, pas alors qu'elle construit une vie avec Caleb. Un futur avec Caleb, une famille, leur famille mais sans Nathan. Et dire qu'elle se faisait une joie de voir Kyte, sauf qu'elle réalise qu'il sait bien trop de choses et qu'il arrive à la perturber en quelques questions. Et il ne s'arrête pas là, à croire qu'il a envie de pousser Alex encore plus loin, sauf qu'elle ne sait pas jusqu’où. Ni même jusqu'à quel point elle va pouvoir rester calme en apparence. Elle ne sait pas si elle a bien envie de continuer à en parler, encore. Mais il décide pour elle, il la questionne encore. « C’était quand ? » Elle n'a pas besoin d'en entendre plus, elle sait, elle a comprit ce qu'il demande. Elle joue nerveusement avec ses doigts, son regard qui évite de croiser celui de son invité, elle n'en parle pas. Jamais. Ou presque. Même Caleb finalement ne sait que ce qu'elle a bien voulu lui dire. Pas grand chose au fond, et la plupart des informations qu'elle a déjà partagé sur ce moment, c'est sous le coup de la colère qu'elle l'a fait. « Le 5 Novembre 2011. » Elle lâche cette date essayant de se détacher au maximum de ce qu'elle ressent, de ce que ce moment représente et les émotions qui sont associées à cette date. La date de son accouchement, la date aussi ou ce nouveau-né est entré dans sa vie dans la douleur, et en est sorti aussitôt, laissant une autre douleur dans la vie d'Alex. Le 5 Novembre 2011, une date qu'elle ne peut pas oublier. « Parfois j'aimerais que tout ceci n'ait plus d'impact dans ma vie. Je ne veux pas l'oublier, mais j'ai tout perdu à l'époque, après sa naissance. Et, je crois qu'au fond j'ai la crainte que cette décision que j'ai prise il y a huit ans continue de venir perturber mon bonheur. C'est égoïste, je sais mais parler de Nathan est toujours difficile et j'ai besoin de simplicité aujourd'hui. » Plus que jamais, elle aimerait que les choses se passent bien, que les choses soient simples et que la vie lui laisse un peu de répit alors qu'elle gère son début de grossesse, sa thérapie et sa récente sobriété. Elle a besoin de tranquillité d'esprit et Nathan est tout sauf un sujet qu'elle gère avec calme. Elle sent les émotions venir lui serrer l'estomac, ou est-ce les nausées qui se manifestent ? Elle avale un verre d'eau, elle fuit le regard de Kyte, elle s'agite un peu sur sa chaise parce qu'elle n'aime pas se sentir ainsi, en proie à ses émotions, mais elle ne craquera pas. Et parce qu'elle sait qu'elle a besoin de répit, d'arrêter de réfléchir, de penser elle détourne la discussion, elle interroge son invité le poussant à son tour à se confier, à aller chercher la réponse à des questions pas toujours agréables. Mais il a commencé, elle ne fait que lui retourner ses propres questions finalement.  « Mais figures-toi qu'c’pas si facile d’mettre la main sur quelqu’un qui veut pas être trouvée. Pis l’autre… j’sais pas. P’t’être bien qu’moi non plus j’ai pas trop envie d’perturber sa vie. »  Elle l'écoute, dirigeant toutes ses pensées sur la discussion qu'ils sont en train d'avoir, parce qu'écouter Kyte parler de ses filles, ça lui permet de ne pas avoir à penser à son fils. Ou du moins d'essayer de ne plus y penser. Elle lève les épaules, elle fronce les sourcils, et elle laisse Kyte trouver les mots pour répondre à la question de l'Anglaise. Il joue le jeu, il n'élude pas les questions, il ne fuit pas non plus et pourtant elle voit qu'il n'est pas si à l'aise. « Et elles qu'est-ce qu'elles veulent vis à vis de toi ? » Elles sont plus grandes ses filles, et Alex aimerait savoir qu'elles ont pu faire leur choix vis à vis de Kyte. Qu'elles l'aiment ou qu'elles le détestent, l'Anglaise espère que Kyte sait au moins à quoi s'attendre avec ses filles. Parce que de son côté elle ne sait pas, elle ne sait rien, absolument rien et sans doute que lui non plus ne sait rien. Il a huit ans son fils biologique, et elle espère sincèrement qu'il est aimé, et protégé de tout cette merde qu'elle a causé. L'abandon à la naissance. Il ne sait peut-être même pas qu'il a été abandonné, mais ce n'est pas le cas des filles de Kyte. Elles savent, elles sont assez grandes pour comprendre et pour décider de ce qu'elles veulent et c'est ça qui semblent important désormais. Et si Alex tente de se persuader qu'elle doit protéger Nathan et Caleb dans toute cette histoire, Kyte en fait de même, prétextant qu'il ne veut pas perturber la vie de son autre fille. « Tu sais qui elles sont, tu n'es pas venu ici par hasard. Alors, pourquoi tu es ici à Brisbane si tu ne veux pas reprendre contact avec elles ? » Et alors qu'elle questionne Kyte, qu'elle ose vraiment le bousculer un peu avec des questionnements qui ne la regarde finalement pas, elle ne s'arrête pas là. Elle parle encore au risque de se retrouver confrontée au silence de son invité. « Kyle, tu n'es pas obligé de répondre mais pourquoi tu te contentes de tout ça ? De cette vie seul dans la rue, alors que tu pourrais renouer avec elles et essayer de te faire pardonner ? Recommencer à vivre ? » Elle aurait pu hésiter plus longtemps avant de lâcher ce questionnement, avant de juger les choix de vie de son invité et même si elle ne le fait pas avec l'intention de le blesser, elle reste tout de même assez directe pour une fois. Parce qu'elle ne comprends pas ce qui pousse Kyte à vivre ainsi. Pourquoi il se contente d'une vie dans la rue, pourquoi il a été si tendre avec elle, pourquoi il a prit soin d'elle alors qu'il semble bien incapable de prendre soin de lui même ou de ses filles. Pourquoi il veut la revoir elle mais pas ses propres filles ? Pourquoi il se contente d'un substitut s'il peut avoir les vrais ? Ou au moins essayer. « Tu veux les revoir ? Je peux essayer de t'aider si tu veux, j'ai des ressources que tu n'as pas. » Parce qu'il a refusé le téléphone portable, Alex est persuadée que le Canadien ne connaît même pas l'existence d'internet, et même s'il le fait, elle doute qu'il sache réellement se servir d'un ordinateur. Et puis l'aider lui, c'est un peu un moyen de s'aider elle aussi non ? Ou au moins de ne pas penser à sa situation.


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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptySam 01 Aoû 2020, 11:42


Kyte Savard & @Alex Clarke
Y’a comme une lueur d’amusement qui s’allume dans ses grands yeux pâles quand elle accepte son petit code. « Ça me va. Mais même si le ruban est à la fenêtre, tu devras passer par la porte désormais. Je ne veux pas que tu te blesses en montant. » Un petit rire agite ses épaules et il se frotte le sourcil en secouant la tête. « Si y’a qu’ça pour t’faire plaisir, j’veux bien m’y coller va. » Ils ricanent doucement, chacun passablement satisfait de cet arrangement. Pourtant, y’a encore un truc qui semble turlupiner Alex, et elle ne tarde pas à lui en faire part : « Mais si c'est toi qui as envie ou besoin de me voir ? On fait comment ? » Et bien j’passerai par chez toi comme aujourd’hui ! Qu’il protesterait bien, seulement il sait qu’elle ne laissera pas couler aussi facilement alors lui ne se prive pas pour lâcher un soupir. Mais il n’y a pas de colère ni d’agacement dans son regard quand il la dévisage. Plus une exaspération feinte. Un sourire léger aux lèvres, il prend ses petites mains douces dans ses pattes durcies par la vie et les presse délicatement. « Disons qu’si vraiment j’ai besoin, j’me trouverai un cabine et j’te passerai un p’tit coup d’fil. Ça t’va ? » C’est comme ça qu’il fonctionne, la plupart du temps. Il trouve quelques pièces et les consomme en nouvelles, ou bien se trouve un portable dégommé par ses contacts douteux, insère une de ces petites cartes jetables et balance le tout dans une poubelle une fois la communication terminée. Il ne pourrait jamais entrer dans une boutique et prendre un forfait, même s’il en avait les moyens. Ne pas laisser de traces, jamais. C’est le prix à payer pour garder sa liberté. Ce détail pratique réglé, il la questionne sur cet enfant qu’elle n’ose pas chercher, lui demande qui dans le fond elle cherche vraiment à protéger. Une ombre passe dans ses beaux quand elle lui souffle ne pas savoir. Il hoche la tête, un air de compassion dans ses iris glacés. Parce qu’en cet instant, il la comprend peut-être mieux que quiconque. Tous les deux, ils ont du faire des choix difficiles, peut-être même inexcusables. Et tous les deux se demandent encore si c’était une décision égoïste ou altruiste. Un brave sacrifice pour préserver l’autre ou un soupçon de lâcheté pour sauver sa propre peau. Ils n’auront peut-être jamais de réponse définitive à cette question qui reste ouverte. Comme une plaie chez elle. Comme une vieille cicatrice blanchie chez lui. Mais la marque est bien présente, tatouée sur leur âme pour en conter l’histoire. « Un peu tout le monde je crois. C'est de ma faute tout ça alors peut-être que c'est eux qu'il faut que je protège maintenant. » Il ne lui dit pas que même avec toute la bonne volonté du monde, elle ne saura jamais exactement ce que ça signifie, les protéger. Que parfois quand on pense faire le bien, c’est là qu’on inflige les pires blessures. Il ne lui dit pas qu’elle se réveillera peut-être dans vingt ans, et disséquera son passé avec un regard plein de regrets, déchirée d’avoir pris les mauvaises décisions faute d’avoir l’expérience et les informations dont elle disposera alors. Mais il lui offre un hochement de tête et un petit sourire sans joie, et ce conseil qu’elle conservera, il espère, jusqu’à ce qu’elle en ait besoin : « T’façon, quand t’es parent l’mieux qu’tu puisses faire c’est d’suivre ton instinct. Les mômes, la vie… y’a pas d’mode d’emploi mon p’tit ! Des fois tu t’plantes et des fois pas. Tu fonctionnes par essai erreur, tu réajustes, et tu r’gardes jamais en arrière sauf pour t’dire que t’as fait d’ton mieux, et qu’ton mieux y sera forcément mieux demain. » Ils parlent encore de cet enfant qu’elle n’est pas certaine de pouvoir ou devoir retrouver. Il lui glisse que la décision lui sera peut-être retirée, quand c’est lui qui se mettra à la chercher. Vu son expression, c’est à croire qu’elle n’avait pas vraiment envisagé cette possibilité. Et sa petite tête déconfite lui donnerait presque envie de rigoler s’il n’avait pas peur de trop la bousculer. Alors il se contente d’un sourire de côté. Quand il lui demande à quand ça remonte, elle pique du nez, joue avec ses doigts. D’une petite voix, elle finit par lui répondre : « Le 5 Novembre 2011. » Ceux qui vous disent que l’émotion et le détachement ne peuvent se mêler dans un même souffle n’ont jamais entendu la voix Alex à ce moment-là. Touché par son trouble, il se détourne, regarde un oiseau virevolter derrière la fenêtre pour lui laisser le temps de se recomposer, décider ce qu’elle a envie de lui partager. Il est presque surpris quand elle approfondit. S’il lui demandait comment elle se voit, il est presque certain qu’Alex lui répondrait « forte en apparence, fragile à l’intérieur ». C’est drôle, il trouve. Parce qu’en cet instant, elle lui montre exactement l’inverse. Le tressaillement de ses mains, son regard hanté, tout porte à croire qu’une blessure de plus pourrait la faire s’effondrer. Et pourtant il y a de la force qui brûle dans la sincérité brute de ses paroles : « Parfois j'aimerais que tout ceci n'ait plus d'impact dans ma vie. Je ne veux pas l'oublier, mais j'ai tout perdu à l'époque, après sa naissance. Et, je crois qu'au fond j'ai la crainte que cette décision que j'ai prise il y a huit ans continue de venir perturber mon bonheur. C'est égoïste, je sais mais parler de Nathan est toujours difficile et j'ai besoin de simplicité aujourd'hui. » Il pourrait la pousser encore un peu, saisir la brèche pour aller au fond des choses. Ça aurait été n’importe qui d’autre en face de lui, c’est ce qu’il aurait fait. Mais il n’éprouve aucun plaisir à torturer ainsi la belle enfant. Pas quand elle semble si perturbée qu’elle doit chercher un peu de quiétude dans le fond de son verre d’eau. Alors il se contente de poser une main sur son épaule, qu’il serre un peu entre ses doigts. « T’fais pas d’bile, va. J’suis certain qu’ça t’passera. Eh ! P't-être bien qu’dans 10 ans tu pourras même lui présenter le type qu’a volé la robe de chambre en satin d’sa daronne ! » Il lance alors pour la faire rigoler, cette rencontre loufoque à jamais gravée dans leur esprit à tous les deux. Il sait pas trop si sa technique de diversion fonctionne. Tout ce qu’il sait c’est que l’instant d’après, c’est lui qui est sous le collimateur, et c’est ses propres doutes qui viennent le serrer à la gorge. Mais il ne les laissera pas faire. Kyte, ça fait des années qu’il s’entraîne à les reléguer là ils ne peuvent plus rien pour l’emmerder. Et pourtant, il ne ferme pas complètement la porte, jette même un coup d’œil par la serrure quand Alex cherche à approfondir le sujet. Peut-être parce qu’il pense lui devoir la même honnêteté. Peut-être encore parce qu’elle fait naître en lui une sorte de curiosité. La fille déçue par son paternel, celle auprès de qui il a inconsciemment l’impression de se racheter. « Et elles qu'est-ce qu'elles veulent vis à vis de toi ? » Il hausse les épaules, écarte les bras avec une petite moue. Parce qu’il n’en sais rien, ne s’est jamais posé la question non plus. Les femmes d’façons, c’est pas demain la veille que j’les comprendrai moi j’te l’dis ! « Elles ont leur vies. » Il finit tout de même par grommeler. Comme si ça expliquait tout. Comme si ça répondait au fond de la question qui trouve insidieusement une réponse en lui. « Ma môme biologique j’ai jamais compris ! » Il lance brusquement en croisant les bras sur son torse. « C’est elle qui devrait m’en vouloir mais elle donne pas vraiment l’air. Pas facile de la lire non plus tu m’diras… l’est du genre solitaire. » Un truc qu’il n’a jamais compris, lui qui aime tellement les gens et les effusions de camaraderie. Sa fille a toujours été un mystère pour lui. Mais un mystère qu’il respecte et qu’il chérit. « Pis l’autre j’pense bien qu’elle voudrait que j’remplace son paternel. Vingt ans après, elle a toujours pas compris que l’deuxième était pire que l’premier… » Il soupire dans un rire sans joie, se passe une main sur le visage pour ne pas voir ses grands yeux verts pleins d’espoir et de déception mêlés. Ces yeux qui lui en demandent trop, là où sa voix dure ne flanche jamais. Comme tout à l’heure avec cette histoire de téléphone, Alex ne lâche pas l’affaire pour autant et enchaîne aussitôt : « Tu sais qui elles sont, tu n'es pas venu ici par hasard. Alors, pourquoi tu es ici à Brisbane si tu ne veux pas reprendre contact avec elles ? » Il mord rêveusement dans un pancake, mâchonne la réponse qui danse sur le bout de sa langue. « Peut-être bien qu’j’attends qu’c’est elles qui me r'trouvent. » Il finit par admettre. Parce qu’elle marque un point, la jolie blonde. Il aurait pu retourner n’importe où dans le monde. Son Canada natal, la Russie qui l’a bien accueilli, la Nouvelle Zélande qu’il n’a encore jamais foulée… mais c’est bien ici, à Brisbane, qu’il a décidé de s’échouer. La ville où elles se trouvaient toutes les deux avant qu’il ne disparaisse près de deux ans plus tôt. « Kyle, tu n'es pas obligé de répondre mais pourquoi tu te contentes de tout ça ? De cette vie seul dans la rue, alors que tu pourrais renouer avec elles et essayer de te faire pardonner ? Recommencer à vivre ? » Cette fois, il la dévisage avec un air d’incompréhension. « Mais je vis mon p’tit ! C’est peut-être pas c’que c’est qu’tu t’en fais comme idée mais pour moi ça l’a toujours été… enfin, presque. » Il se coupe un peu brutalement. Fronce les sourcils. Un mot de plus et il était sur le point de lui dire un peu trop de vérités. Ses frasques avec la justice, la peine de prison qui pèse au-dessus de sa tête. Les mensonges, les tromperies pour rester libre. La criminalité dans laquelle il baigne pour canaliser son chaos intérieur, les belles excuses qu’il se raconte et les idéaux derrière lesquels il cache sa violence, comme un joli verni plus acceptable. Quelque part au fond de son cœur Kyte sent qu’il pourrait lui faire confiance, lui dire au moins une partie de la vérité. Mais ce serait la mettre en danger. Et elle ne veut pas de complication, elle lui a dit clairement. Elle a son cheum et son bébé à protéger. « T’en fais pas pour moi va. J'me contente de peu. Tiens, j’suis prêt à parier que j’suis bien moins malheureux qu’la majorité d’ceux qu’ont un toit, une go et des flos ! » Il plaisante avec un rire amusé. N’empêche que c’est vrai. Cette vie qui est la sienne ne conviendrait pas à tout le monde, mais elle lui va bien mieux que ces années de calvaire passées à la ferme de ses vieux quand il était petit ou encore celles à servir de chair à canon dans l’armée. Ce n’est certainement pas idéal pour sûr, mais au moins il a sa liberté, à boire et à manger, des histoires à raconter aux inconnus qu’il s’applique à venir déranger. Comme ce type près du port l’autre soir. Comme Alex quand ils se sont rencontrés. C’est pas idéal, non. Mais ça lui suffit. Sauf que bien sûr elle lui pose encore une colle, avec toute son innocence et son intuition purement féminine : « Tu veux les revoir ? Je peux essayer de t'aider si tu veux, j'ai des ressources que tu n'as pas. » La gorge se serre, les yeux brillent furtivement. Il se détourne, fâché contre ces émotions qu’il pensait maîtriser. Offensé de les voir pointer le bout de leur nez. « Pour sûr que j’veux les revoir. » Il finit par lancer d’un ton nerveux. Ses mots claquent dans la pièce, l’étonnent de leur froideur. Il se tourne vers Alex, aussitôt adouci, et pour la deuxième fois aujourd’hui il prend sa main dans la sienne. « Mais j’dois faire ça sur mon temps, et à ma façon. »Sa voix est douce à présent, roule sur ses intonations rocailleuses. « Un peu comme toi, avec ton p’tit. » Puis il se détourne, frappe un coup déterminé sur sa cuisse et prend une inspiration inspirée. « M’enfin ! Assez parlé du passé ! Comment c’est qu’tu vas l’appeler ton kid ? »                     
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyVen 25 Sep 2020, 19:29



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

« Disons qu’si vraiment j’ai besoin, j’me trouverai un cabine et j’te passerai un p’tit coup d’fil. Ça t’va ? » Un sourire en guise de réponse, un accord qui semble convenir autant à l'un qu'à l'autre, même si Alex aurait aimé avoir la possibilité de le joindre de façon plus efficace qu'un ruban posé sur la fenêtre, mais elle se fait une raison. Il a sa vie, une vie qui n'a rien à voir avec celle de l'Anglaise et pourtant elle se sent bien en sa présence. Bien sauf peut-être quand il évoque Nathan, quand il évoque le passé de l'Anglaise. Parce que ce n'est jamais simple de remuer le passé, surtout quand le passé est si présent encore dans les esprits, dans les pensées. Mais il le sait et elle ne le cache pas. Elle est déstabilisée, sa vie est marquée par cette épreuve, par ce choix qu'elle a fait et qu'elle doit assumer sans vraiment y parvenir. Elle tente de ne pas se laisser ensevelir par ses émotions, elle tente de se montrer forte et digne alors qu'elle se sent faible et honteuse mais elle pense à eux. A ceux qui ont souffert à cause de sa décision. A ceux qui n'avaient rien demandé et qu'elle a laissé derrière elle. Et si elle mérite de souffrir et de se sentir mal, eux ne le méritaient pas et c'est à eux qu'elle pense désormais ou qu'elle voudrait penser. Nathan et Caleb, un père et un fils qui ont été séparé par sa faute. « T’façon, quand t’es parent l’mieux qu’tu puisses faire c’est d’suivre ton instinct. Les mômes, la vie… y’a pas d’mode d’emploi mon p’tit ! Des fois tu t’plantes et des fois pas. Tu fonctionnes par essai erreur, tu réajustes, et tu r’gardes jamais en arrière sauf pour t’dire que t’as fait d’ton mieux, et qu’ton mieux y sera forcément mieux demain. » Une main sur le ventre, elle écoute les conseils sages de Kyte. Elle l'écoute, peut-être d'une oreille encore plus attentive aujourd'hui, alors qu'elle porte un enfant. Parce qu'elle va devenir mère, et qu'elle est encore terrifiée par cette idée. Et c'est pas les mots de Kyte qui vont pouvoir rassurer les angoisses d'Alex, parce qu'elle n'a pas confiance en son instinct, et pas confiance en elle tout simplement. « Et si j'ai aucun instinct ? Y'a pas de mode d'emploi mais on est censé les aimer nos enfants normalement non ? » Sans vraiment réaliser ce qu'elle dit, elle le questionne, elle réagit aux mots de Kyte, aux conseils qu'il donne sans même réfléchir juste parce que désormais le sujet l'intéresse pleinement. Elle n'a jamais été faite pour ça, pour la grossesse, pour la maternité, c'était du moins ce qu'elle pensait jusqu'à ce fameux test de grossesse et la joie de Caleb lors de l'annonce qui l'ont fait revoir un peu son jugement. Même si rien n'est simple encore. Et ça ne l'est pas plus quand l'homme face à elle, évoque des faits qu'elle n'a peut-être pas osé s'imaginer. Parler de Nathan est déjà compliqué, mais imaginer l'enfant abandonné revenir pour obtenir des réponses sur sa naissance, c'est vraiment pas quelque chose à laquelle elle a déjà songé, parce qu'elle s'est démenée pendant des années pour oublier cet enfant, en vain mais l'imaginer quelque part à la recherche de ses origines, c'est encore autre chose. Elle ne réagit pas, elle ne craque pas et ça lui demande déjà pas mal d'effort. Et elle doit redoubler d'effort encore quand elle évoque cette date si importante, ce 5 Novembre 2011. Ce jour ou sa vie a changé définitivement. Elle retient ses émotions, ses larmes, et elle cache la douleur qu'elle ressent au fond d'elle à l'évocation de cette date. Ce mois de Novembre, naissance de Nathan, mais comme les choses ne sont jamais simples pour elle, c'est aussi la date présumée de son accouchement. Et c'est violent de réaliser ce parallèle, violent pour elle et les émotions contrastés qu'elle ressent au plus profond d'elle menace de la faire vaciller à tout moment. Elle a peur de craquer, peur de ne pas être à la hauteur, peur de faire à nouveau des erreurs impardonnables alors qu'elle semble prête à aller de l'avant et à se construire avec Caleb. Elle se livre sans filtre à Kyte, parce qu'il comprends ou du moins il ne juge pas. Elle évoque cette peur, celle de vivre avec cette blessure ouverte qui l'empêche d'aller de l'avant et de profiter des belles choses. Comme cette grossesse, qui doit être un événement positif dans sa vie, dans son couple mais qu'elle n'arrive pas à vivre pleinement et sereinement. « T’fais pas d’bile, va. J’suis certain qu’ça t’passera. Eh ! P't-être bien qu’dans 10 ans tu pourras même lui présenter le type qu’a volé la robe de chambre en satin d’sa daronne ! » La main sur son épaule, les mots qui se veulent légers, elle lâche un petit rire à l'évocation de ce souvenir, de cette image qu'elle revoit. De cette rencontre si incroyable, de cette soirée qui a marqué Alex comme rarement. « Es-tu en train de dire que dans dix ans tu seras toujours là dans le coin ? » Un sourire accompagne cette remarque, elle en aurait bien envie mais elle ne met pas de sérieux dans sa remarque, aucune pression, aucun engagement, parce qu'il est hors de question de le faire fuir. Et, elle repense à leur discussion, à leur point commun aussi et elle profite de ce léger moment de flottement pour relâcher la pression qu'elle ressent et pour concentrer la discussion sur lui. Sur lui et sur ses filles, sur ce qu'il veut envers elles et ce qu'elles, elles veulent vis à vis de lui. « Elles ont leur vies. » Il finit par répondre, et Alex reste silencieuse regardant avec une pointe d'affection Kyte. Il semble mieux maîtriser ses émotions que l'Anglaise mais pourtant elle sent qu'il y a plus derrière ce simple 'elles ont leurs vies'. « Ma môme biologique j’ai jamais compris ! C’est elle qui devrait m’en vouloir mais elle donne pas vraiment l’air. Pas facile de la lire non plus tu m’diras… l’est du genre solitaire. Pis l’autre j’pense bien qu’elle voudrait que j’remplace son paternel. Vingt ans après, elle a toujours pas compris que l’deuxième était pire que l’premier… » Il gère définitivement mieux, mais pourtant elle n'est pas convaincue. Ce n'est pas les mots de Kyte qu'elle retient, mais plutôt son attitude. Il gère ses émotions, mais il ne déborde pas de sérénité en parlant de ses filles, en évoquant sa relation avec elles malgré le temps, malgré la sagesse, tout ne semble pas si simple finalement. La blessure est là quelque part, les actions du passé qui continuent de faire souffrir au présent, cet homme et sans doute ses deux filles. Une séparation qu'il s'impose, et qu'il leur impose aussi finalement, sans savoir vraiment ce qu'elles veulent ou même ce que lui semble vouloir. Alors elle insiste, un peu, pour comprendre cette attitude de Kyte. Sa présence dans cette ville qu'il partage avec ces deux femmes sans pour autant partager un peu de leur vie. Il est là, elles sont là et pourtant ils ne sont pas ensembles et c'est une chose qu'elle ne comprends pas Alex. Parce qu'il pourrait combler ce vide, tourner la page, créer ce lien avec elles, ou au moins essayer, mais il ne le fait pas. Il se contente d'être là, quelque part dans cette ville ou il pourrait les croiser à chaque coins de rues s'il le voulait, s'il s'en donnait les moyens, mais au lieu de ça, c'est elle qu'il choisit de venir voir. C'est elle à qui il offre des cadeaux alors que ses filles sont là, sa fille biologique, sa fille de cœur, elles sont là et il ne fait rien. « Peut-être bien qu’j’attends qu’c’est elles qui me r'trouvent. » Censé ou non comme raisonnement, cette fois elle le croit. Elle n'essaye pas de le comprendre ou de saisir si ce qu'il désire est logique ou non, elle le regarde juste avec compassion et amitié. « Mais même si elles le voulaient, tu es sur qu'elles sauraient ou te trouver ? » Il est SDF Kyte, injoignable par les moyens de communication habituels. Pas de téléphone, pas d'adresse, et elle a bien vu à quel point ça pouvait être délicat de trouver un système pour se parler. Alors trouver quelqu'un qui ne vit nul part et partout c'est pas forcément facile. Et elle finit par se demander pourquoi il se contente de tout ça. De cette vie. De cette attente dont il n'est même pas sûr que l'issue soit favorable pour lui comme pour elles. Et, elle sent à ce moment quelque chose de nouveau dans le regard de son invité, lui qui a pu entendre beaucoup de choses semble ne plus la comprendre. Elle lui en a dit des choses pourtant, elle en a avoué des erreurs, il avait semblé en mesure de tout comprendre, de tout entendre mais là avec sa question, elle sent qu'elle a peut-être été trop loin. En jugeant la vie qu'il mène, elle va trop loin, et elle baisse les yeux consciente de son erreur, craignant d'avoir froissé Kyte, de l'avoir blessé aussi. « Mais je vis mon p’tit ! C’est peut-être pas c’que c’est qu’tu t’en fais comme idée mais pour moi ça l’a toujours été… enfin, presque. » Il finit par lui répondre, et elle se rassure en entendant une vague explication de sa part, bien qu'il n'avait pas vraiment à lui en donner finalement. Elle l'écoute, elle relève la tête pour le regarder au moment ou il se tait brusquement. Elle voit son expression du visage changer, les sourcils froncer qui lui donne un air un peu plus dur qu'à l'accoutumée même s'il n'a pas le visage le plus doux qu'elle connaisse. Elle le regarde et elle cherche à comprendre ce qu'il se cache derrière ses traits un peu plus tirés. Ce qui se cache derrière ce silence qu'il s'est imposé. Ce qui se cache aussi derrière son 'enfin, presque' qui a retenu l'attention d'Alex. Elle aimerait creuser, s'engouffrer dans la brèche qu'il a ouverte, avant de la refermer tout aussi vite, mais elle ne peut pas puisqu'il parle encore, mais cette fois le sourire est de retour. « T’en fais pas pour moi va. J'me contente de peu. Tiens, j’suis prêt à parier que j’suis bien moins malheureux qu’la majorité d’ceux qu’ont un toit, une go et des flos ! » Le rire accompagne cette réplique, et elle ne sait pas si c'est elle qu'il essaye de convaincre et de rassurer ou s'il croit vraiment en ce qu'il dit. Serait-il vraiment heureux ? Semble-t-il l'être ? Elle se rends compte que sa propre tristesse l'empêche parfois de voir au delà des regards et des sourires qu'on lui jette, et ça l'emmerde un peu de ne pas réussir à saisir plus que ce que les gens veulent bien lui dire. Elle aimerait pouvoir comprendre ce qu'il se cache derrière un sourire, derrière un regard, derrière un soupir, mais elle n'a pas cette qualité là et de tout façon, elle est bien trop souvent incapable de savoir ce qu'elle même ressent pour pouvoir comprendre ce que les autres ressente. Foutue émotivité. Et à défaut de savoir s'il pense en ce qu'il dit, elle va le croire parce qu'elle n'a que ça à faire. Elle a déjà jugé sa vie une fois, elle ne commettra pas la même erreur. « Être moins malheureux que les autres, c'est pas forcément positif tu sais. » Parce que ne pas être moins malheureux qu'un autre, ne donne en aucun cas l'assurance d'être heureux. Mais il semble serein Kyte, beaucoup plus qu'elle alors elle lui laisse le bénéfice du doute. Du moins sur la façon dont il a décidé de mener sa vie. Parce qu'elle revient à la charge en ce qui concerne ses filles, celles dont il attends qu'elles viennent le retrouver. Mais pour ça encore faudrait-il qu'elles sachent qu'il a envie d'être retrouvé non ? Et comment retrouver quelqu'un qui n'a ni numéro, ni adresse ? Alors elle lui propose son aide. Une aide concrète, bien plus utile dans l'idée que la technique actuellement privilégiée par Kyte. A savoir attendre. Elle regarde Kyte, elle ose le regarder pour essayer de comprendre ce qu'il cache encore derrière son allure de gaillard costaud. Elle cherche à saisir ces détails qu'il ne lui dira pas, à comprendre ce dont il a besoin sans qu'il n'ait pas l'exprimer. Il détourne le regard, mais elle n'en fait pas de même, elle continue à le regarder sans jugement, juste une inquiétude et une préoccupation sincère pas forcément habituelle dans le regard de l'Anglaise. Mais l'histoire de Kyte la touche sincèrement, peut-être parce qu'elle se projette dans celle-ci, peut-être parce qu'elle aimerait que tout se termine bien pour lui, afin d'y voir une lueur d'espoir pour elle même. Ou peut-être qu'elle s'inquiète et se préoccupe de Kyte parce qu'elle s'est attaché à lui finalement. Parce qu'il lui a dit des choses qu'elle aurait cruellement voulu entendre pendant des années. Parce qu'il s'est montré plus présent et plus préoccupé pour elle en une soirée que ne l'a jamais été son père. Parce qu'il a continué à veiller son elle, à lui offrir des petits cadeaux alors que rien ne l'y obligeait. Elle s'intéresse à lui, comme lui s'est intéressé à elle finalement. Ils sont reliés malgré eux par des sentiments semblables, par des erreurs similaires aussi. Et, parce qu'elle a de l'affection pour lui et pour son histoire, voilà tout finalement, alors quand elle le voit pour la première fois se montrer froid, elle est touchée. Pas par cette froideur, mais par ce que ça dit de ce qu'il semble ressentir. Il a mal du moins c'est ainsi qu'elle comprends cette froideur et elle respecte l'émotion du Canadien. Elle l'écoute aussi, serrant sa main quand il vient la cueillir sur la table, elle respecte le silence et l'émotion. « Mais j’dois faire ça sur mon temps, et à ma façon. Un peu comme toi, avec ton p’tit. » Faire ça à sa façon, elle le comprends et elle l'accepte parce qu'elle sait comme ça peut-être dur de remuer le passé, de parler de choses douloureuses, d'avancer tout simplement. Alors elle n'insiste pas plus, elle le regarde avec compassion et respect prouvant qu'elle n'ira pas plus loin, qu'elle ne poussera pas plus Kyte et qu'elle accepte de le laisser gérer à sa manière. « Je comprends, Mais tu sais que si un jour tu as besoin d'aide pour ça, ou pour autre chose, je suis là. » Elle sera là pour lui, elle sera là pour l'aider et le soutenir même si elle n'est pas sûr d'en avoir la force, elle lui dit et elle se le promet aussi. Elle répondra présent pour lui. Elle sursaute quand il frappe sur sa cuisse, elle est tout aussi surprise par le geste que par sa prise de parole. « M’enfin ! Assez parlé du passé ! Comment c’est qu’tu vas l’appeler ton kid ? » Les yeux d'Alex trahissent sa surprise à l'évocation du 'kid'. Elle cherche à comprendre, à voir ce qui a pu la trahir alors qu'elle n'a encore pas évoqué ce kid du présent, cette nouveauté dans sa vie si bouleversante. Est-ce son attitude ? Les livres sur la grossesse qui trône un peu partout dans le salon ? Ses questions sur la parentalité ? Ou cette main qui se pose sur son ventre ? Ou cette grimace de dégoût qu'elle a malgré elle alors qu'elle refuse de manger quoique ce soit ? Elle détourne son regard, fixe son ventre, une main posée dessus inconsciemment, elle joue avec ses doigts, et elle se sent bizarrement coupable alors que Kyte évoque cet enfant. Elle s'est demandée déjà plusieurs fois si elle avait le droit d'avoir une seconde chance avec Caleb, si elle avait le droit d'avoir un enfant avec lui après avoir abandonné Nathan. Elle n'en est pas certaine encore, et parler de ce kid, de cette grossesse avec Kyte est étrange parce qu'il connaît son histoire, il connaît le passif d'Alex avec les enfants. Est-ce qu'il va comprendre ? Est-ce qu'il va se dire qu'elle commet une grosse erreur ? Et elle se sent bête de craindre le jugement ou plutôt l'avis de Kyte mais il compte, sans vraiment savoir pourquoi, elle a peur de décevoir ou de choquer le Canadien. « C'est encore trop tôt pour parler de ça. » Pour en parler tout court enfaîte. Elle ne regarde plus son invité, elle se mords la lèvre, elle ne sait pas si elle doit parler ou se taire. « Kyle ? Je suis pas sûre d'être faite pour ça, je suis pas sûre que vis à vis de Nathan j'ai le droit de vouloir d'un enfant. » Et pourtant, elle est enceinte et puisqu'elle n'a pas nié l'évidence devant Kyte, elle profite de sa présence, du fait qu'il connaisse déjà tout de son passé avec la grossesse pour évoquer ses doutes. « Tu crois que je fais une erreur ? » Et sûrement qu'il n'en sait rien, que personne ne le sait, mais ça ne peut pas être une plus grosse erreur que celle qu'elle a faite il y a quelques années maintenant.

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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyJeu 08 Oct 2020, 20:27


Kyte Savard & @Alex Clarke
La surprise éclabousse les grands yeux d’Alex tandis qu’elle le dévisage d’un air vaguement décontenancé. Ben quoi, tu pensais vraiment bien l’cacher ? Ça ne prend pas un détective pour savoir qu’elle attend un enfant. Les femmes, elles ont toutes cet air qui se peint sur leur visage quand leur corps s’applique à créer la vie. Une étrange sérénité mêlée d’une touche d’inquiétude, un regard rêveur, qui s’enfuit parfois loin dans leurs pensées tandis qu’elles caressent distraitement leur ventre tendu sous leur poitrine gonflée. Mais il n’y a pas que l’attitude d’Alex pour trahir son secret, du reste moyennement bien gardé. C’est dans les bouquins qui s’empilent un peu partout autour d’eux, les questions qu’elle lui pose depuis qu’il a débarqué, le ton dans sa voix quand elle évoque le nom de l’être aimé, celui-là même qui sera le père de son enfant. Alors il n’est pas surpris, non, quand son silence vient confirmer l’intuition qui le taraudait. Un peu en revanche en la voyant baisser les yeux, l’air diablement embêtée. Voyons donc ! Pourquoi c’est ti qu’tu fais cette tête mon p’tit ? Qu’il aimerait lui demander pour en avoir le cœur net. Mais c’est une grande sensible, Alex. Alors il garde le silence, savoure sans faim un énième pancake pour lui laisser le temps de se recomposer. « C'est encore trop tôt pour parler de ça. » Elle finit par souffler d’une petite voix. Etonné par sa remarque, il relève les yeux de sa tasse de café et hausse nonchalamment les épaules. « J’vois pas pourquoi. » Il proteste sans prendre la peine d’avaler sa bouchée. Mais elle évite toujours son regard, la belle enfant. Nerveuse, tiraillée par un trouble qu’il ne comprend pas et qu’il aimerait porter à sa place si ça pouvait la soulager. Mais il ne peut pas, conscient que ce fardeau qui l’écrase, elle est la seule à pouvoir s’en délester. Ce qui ne l’empêchera pas de vouloir l’aider. Peut-être parce qu’elle lui a promis, elle aussi, d’être là pour lui. Timidement, elle se lance, le regard qui erre partout sur la pièce comme pour y trouver une bouée à laquelle se raccrocher. « Kyle ? Je suis pas sûre d'être faite pour ça, je suis pas sûre que vis à vis de Nathan j'ai le droit de vouloir d'un enfant. » Il fronce légèrement les sourcils, puis l’incrédulité se dissipe dans son regard pour laisser place à la compréhension. « Allons, allons… pour sûr que t’as l’droit. » Le commentaire lui échappe avant qu’il ait le temps de réfléchir à une réponse plus élaborée. Il espère que ça la rassurera, quelque part. Mais dans le fond il sait bien que les femmes comme elles s’inquiètent de tout. Il a du mal à les comprendre. Lui ne s’est jamais posé ce genre de question. Il se lance, et il apprend après de ses erreurs. Surement que s’il avait davantage réfléchit dans sa vie il aurait fait moins de conneries. Mais à force de trop se torturer, est-ce qu’on n’oublie pas un peu d’être humain, aussi ? Lui en tout cas ne regrette pas celles qui ont rythmé sa vie. Parce qu’il la connait, et qu’elle lui ressemble. Il l’accepte dans sa beauté et dans sa cruauté pareille. Dans ces moments de répits qu’elle veut bien lui offrir, et les trop rares cadeaux qui ne lui semblent alors que plus beau. En ça, il sera toujours moins malheureux que d’autres qui en attendent trop. Mais peut-être aussi moins heureux, comme tous ceux qui refusent de se bercer d’illusions. Alex est différente, plus émotive peut-être. Dans le fond, il sait bien que se questionner, c’est pour elle un moyen de se préparer, de se protéger des remous qu’elle craint de ne pouvoir affronter. « Pourquoi c’est ti donc qu’t’aurais pas l’droit d’vouloir un kid ? » Il lui demande alors, pour secouer un peu ses convictions et éventrer ses craintes. « 2011, c’était y’a longtemps dis. T’étais une autr’ personne, avec une autr’ vie. T’avais l’droit d’pas vouloir ou d’pas pouvoir garder un môme à l’époque, comme t’as l’droit d’en vouloir un aujourd’hui. Les temps changent… pis les gens aussi. C’est la vie. » C’est un non-lieu pour lui. Une limite qu’elle se pose pour s’interdire le bonheur. Et il est déterminé à ne pas la laisser s’enliser dans ses remords et ses peurs. « T’prends pas la tête avec ça mon p’tit. T’as l’droit d’être heureuse. Même si y’a des trucs qu’tu regrettes dans ta vie. » Alors qu’il termine son petit exposé, il réalise qu’il n’a répondu qu’à une partie de ses inquiétudes, passant outre sa peur de ne pas être taillée pour la maternité. Et pourtant, c’est la deuxième fois qu’elle y fait allusion. La première aussi, il avait laissé couler, pensant surement qu’il s’agissait d’une de ces questions lancées pour extérioriser sans vraiment attendre de réaction de sa part. Mais maintenant il y revient, parce que dans sa tête se forme un semblant de réponse. « Tu t’inquiétais t’à l’heure d’pas avoir d’instinct, d’pas savoir aimer ton enfant ? » Les bras appuyés contre la table, il cherche à accrocher son regard encore légèrement fuyant. « T’sais qu’c’est des conneries tout ça pas vrai ? Bien sûr qu’tu seras paumée quand tu l’serreras dans tes bras. Pour tout l’monde c’est comme ça ! Mais t’as l’internet, ton lascar pis tes bouquins pour t’filer un coup d’main. T’vas t’débrouiller comme une cheffe va, j’m’e fais pas d'souci pour toi. Pis pour sûr qu’ton gosse tu l’aimeras. » Car Alex porte en elle la capacité d’aimer. Elle le lui a prouvé en témoignant son affection à un vieux clochard venu squatter sa baignoire et son canapé. Elle le prouve chaque fois qu’elle entend défendre l’honneur de son cheum. Pis dans ces petits pancakes qu’elle le laisse ingurgiter. Elle a l’amour qui brûle partout dans son cœur et son vrai problème c’est qu’elle sait pas trop comment le donner. Il déborde n’importe comment et même qu’elle pourrait bien s’y blesser en l’accordant à des enfoirés qui sont loin de le mériter. Comme son père, dont l’abandon continue de la blesser. « Pourvu qu’ce soit pas un p’tit con s’entend ! » Il plaisante pour la faire rigoler, espère ne pas lui créer encore une raison supplémentaire de s’inquiéter. « Tu crois que je fais une erreur ? » Elle souffle d’une petite voix qui le touche et l’attendrit. « Pour sûr que non t’fais pas une erreur. » Il lui assure alors. Ses yeux dans les siens, il étend sa main pour presser son avant-bras avec affection. Puis il s’écarte et s’appuie nonchalamment contre le dossier de sa chaise. « Enfin… après vient donc pas m’ressortir ça quand il aura 15 piges pis qu’il en fera qu’à sa tête, hein ! » Il sourit en se frottant le sourcil du dos de son pouce. Il repense à ce qu’elle lui a dit tout à l’heure, quand elle lui a demandé si dans dix ans il sera toujours dans le coin. « J’peux pas t’promettre que j’serai toujours là, t’sais… mais pour vrai j’aimerais bien. Sinon qui c’est qui t’filera un coup d’main quand faudra lui remettre les idées en place au galopin ? » Parce qu’au fond, ça lui manque, les relations dans la durée. Avoir des gens pour l’accompagner sur un bout de vie, faire un chemin un peu plus long que quelques minutes ou quelques heures arrachées à la fin du jour, le temps de descendre une bouteille jusqu’à se faire avaler par l’obscurité. « Elles pourraient m’retrouver, tu sais ? » Il ne sait pas pourquoi il répond seulement maintenant à cette question qu’elle lui a posée. Pourquoi cette affirmation ressort des volutes d’émotions qui ondoient dans ses pensées. « Ma môme, la vrai. Elle sait tellement fouiner qu’elle pourrait en faire son métier. Quand elle voudra, sûr qu’elle viendra m’débusquer. » Et l’autre… ben y’a plus qu’à espérer qu’elle lui dira dans la foulée.                      
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptySam 17 Oct 2020, 17:59



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Sa grossesse est un secret, un secret qu'elle tient à garder en elle encore un peu. Sauf que Kyte a vu, il a comprit. Derrière les questionnements, derrière l'attitude d'Alex, il a découvert ce qu'elle cache et elle n'a pas eu la force de nier un peu chamboulée par ce questionnement si inattendu. Elle ne voulait pas en parler, c'était même une de ses demandes auprès de Caleb, ne pas en parler. « Parce que c'est trop tôt.  » Qu'elle répète bêtement, sans vraiment assumer ses propos mots. Trop tôt pour elle ou pour la grossesse ? Les deux sans doute. Elle est encore en train de s'adapter, en train d'accepter, en train de faire le tri dans ce qu'elle ressent sans savoir si elle va y arriver, et Kyte vient remuer tout ça. Elle n'arrive pas à poser son regard, elle cherche des réponses partout autour d'elle à des questions qu'elle n'ose même pas poser. Mais elle finit par se lancer. Il est le premier, si l'on excepte Caleb, avec qui elle parle de ses doutes, de sa légitimité à vouloir un enfant, de ses inquiétudes aussi, parce qu'une part d'elle continue de penser qu'elle n'a pas le droit au bonheur, qu'elle n'a pas le droit de vouloir un enfant, pas après ce qu'elle a fait. « Allons, allons… pour sûr que t’as l’droit. » Elle n'est pas sûre d'y croire et pourtant lui semble y croire vu le naturel avec lequel il a apporté une réponse à Alex. Elle lève les épaules, cherche dans le regard de son invité une once de sincérité, parce qu'elle doit voir s'il y croit ou s'il ne cherche qu'à la rassurer. Elle réfléchit aux mots de Kyte, elle y a le droit ? Alors pourquoi, elle n'est pas sûre d'y croire et pire, pourquoi elle est même sûre de ne pas y croire. Elle a fait beaucoup de mal autour d'elle. Beaucoup trop pour avoir le droit de tout recommencer comme ça. Elle commence à peine à se pardonner ses erreurs, elle n'est pas persuadée d'être assez forte, d'y croire avec assez de conviction à cet événement que la vie met sur son chemin, maintenant. « Pourquoi c’est ti donc qu’t’aurais pas l’droit d’vouloir un kid ? » Parce que ! Elle aimerait lui répondre de manière simple, efficace. A l'instar d'un enfant à qui la réponse semble à la fois si logique et si simple qu'elle en devient complexe à développer. Elle n'y a pas le droit, parce que c'est ainsi qu'elle le ressent. Elle aimerait lui dire qu'elle a déjà gâché la vie d'un enfant, pourquoi prendre le risque de recommencer ? Pourquoi elle y arriverait cette fois ? Pourquoi elle s'en sortirait mieux ? Pourquoi elle ne leur fera pas de mal à nouveau ? Et à défaut de répondre au pourquoi posé par Kyte, un tas d'autres pourquoi arrivent dans son esprit. Elle continue de se perdre dans ses pensées, dans ses doutes, parce qu'ils sont nombreux, peut-être trop d'un coup. Et si tout ça s'avère trop dur ? Si finalement, elle s'effondre avant la fin, si elle abandonne à nouveau Caleb et ce bébé ? La vie lui offre une chance qu'elle ne pense pas mériter et elle a peur de tout gâcher à nouveau.« Parce que j'en ai déjà eu un et que j'en ai pas voulu, je l'ai abandonné, j'avais pas prévu de revivre tout ça, pas si tôt en tout cas.  » Voilà de manière simpliste ce qu'elle peut répondre, parce qu'au fond son histoire se résume à ça. Elle aurait pu/du être mère et elle n'a pas assumé ce rôle, alors elle ne mérite peut-être pas cette seconde chance. Nathan n'a pas eu de seconde chance, elle ne lui en a même pas laissé une. Cette discussion semble la bouleverser un peu trop, et dire qu'elle était d'une humeur joyeuse alors qu'elle attendait Kyte plus tôt dans la matinée. Mais face à lui, elle s'autorise à être celle qu'elle est, pleine de doutes, de failles mais aussi pleines de sincérité. Un cœur ouvert qui déverse ses douleurs comme elle avait déversé ses larmes sur son épaules ce soir là. Et au milieu de ses doutes, elle en oublie de prendre en compte que les choses ont changé. Que les circonstances aussi. Que Caleb est là cette fois, qu'elle est plus mature, pas moins émotive en revanche mais peut-être plus forte. Il le faut.  « 2011, c’était y’a longtemps dis. T’étais une autr’ personne, avec une autr’ vie. T’avais l’droit d’pas vouloir ou d’pas pouvoir garder un môme à l’époque, comme t’as l’droit d’en vouloir un aujourd’hui. Les temps changent… pis les gens aussi. C’est la vie. » Et c'est Kyte qui le lui rappelle, qui essaye de la dédouaner un peu aussi. Il l'avait déjà fait quelques mois plus tôt. Assez pragmatique, elle aimerait pouvoir raisonner comme lui, oublier le passé et se concentrer sur le présent. Oublier ses erreurs, à défaut de pouvoir les accepter. Et se dire qu'elle a le droit, juste le droit de vivre sa vie maintenant et qu'elle a le droit d'être heureuse de cette grossesse. Et elle l'est, sauf quand elle se culpabilise ou se questionne comme maintenant. « J'ai l'impression d'être une personne horrible si j'ose me réjouir de tout ça.  » Et elle se sent tout aussi horrible quand elle se met à douter finalement. Parce qu'elle veut être heureuse de cette grossesse pour partager tout ça avec Caleb, sa joie, son sourire le soir ou elle le lui a annoncé la nouvelle, c'était un vrai moment fort, une émotion sincère partagée ensemble. Mais en même temps elle s'en veut d'être heureuse vis à vis de Nathan. C'est un cercle infini alimenté par la culpabilité que cette grossesse fait rejaillir en elle. Elle doit en parler, et c'est ce qu'elle fait avec sa psy, et c'est ce qu'elle fait aujourd'hui avec Kyte. « T’prends pas la tête avec ça mon p’tit. T’as l’droit d’être heureuse. Même si y’a des trucs qu’tu regrettes dans ta vie. » Des regrets elle en a des tonnes et Kyte le sait, ses dernières années sont construites sur des regrets, et uniquement ça. Elle a passé des années à se détruire la vie pour être certaine de ne pas être heureuse. Pour se faire payer ses erreurs, pour se faire souffrir de bien des manières. Elle s'est mise en danger de bien des façons, elle a foncé tête baissée dans des plans désastreux pour elle, pour son corps, pour son estime, pour sa santé. Elle s'est longtemps interdit de penser au bonheur, elle s'est persuadée pendant des années qu'elle ne méritait pas d'être heureuse, qu'elle ne pouvait pas être aimée et qu'elle ne devait pas aimée non plus, sous peine de blesser ses proches. Et puis, Caleb est revenu dans sa vie, Caleb a tout changé en elle et aujourd'hui, elle est enceinte. A nouveau, elle porte l'enfant de Caleb et elle ne peut s'empêcher de croire que tout ça est injuste pour Nathan et pourtant le bonheur que ça amène dans sa vie, dans son couple est réel. Alors pourquoi elle doute ? Pourquoi elle se sent tiraillée entre l'idée de se projeter dans un futur avec un enfant et ses souvenirs d'un passé ou elle a rejeté son propre fils ? Et avec Kyte, elle continue de s'ouvrir un peu, parce qu'elle sent au fond d'elle qu'il peut entendre les mots d'Alex sans la juger alors elle en profite, parce qu'elle a besoin de lâcher les mots et Kyte est là devant elle. « Kyle, je ne veux plus être la fille que tu as vu lors de notre rencontre, et j'ai peur que ça recommence, que je ne sois pas assez forte pour gérer tout ça. Mais j'essaye de l'être, j'essaye vraiment. » Elle est sobre Alex, sobre et en thérapie et elle prends ça au sérieux cette fois. Comme cette grossesse qui remue en elle des souvenirs, des émotions, et les hormones qui n'aident pas, mais elle ne fuit pas et elle ne fuira pas, elle le sait. Elle veut apprendre à gérer même si c'est pas simple, pas du tout mais le fait qu'elle en parle est déjà une preuve qu'elle veut réussir non ? Qu'elle prends une autre direction, pas de déni cette fois. Pas de fuite. Pas de solitude. Elle est plus entourée que jamais, plus soutenue et plus aimée que jamais et elle ne veut surtout pas tout gâcher, pas cette fois. « Tu t’inquiétais t’à l’heure d’pas avoir d’instinct, d’pas savoir aimer ton enfant ? » Elle relève les yeux, ose le regarder, elle l'écoute vraiment parce que c'est à lui qu'elle a décidé de confier une partie de ses peurs, à lui qu'elle demande des conseils. « T’sais qu’c’est des conneries tout ça pas vrai ? Bien sûr qu’tu seras paumée quand tu l’serreras dans tes bras. Pour tout l’monde c’est comme ça ! Mais t’as l’internet, ton lascar pis tes bouquins pour t’filer un coup d’main. T’vas t’débrouiller comme une cheffe va, j’m’e fais pas d'souci pour toi. Pis pour sûr qu’ton gosse tu l’aimeras. » Et c'est l'une de ses plus grosses craintes, ne pas savoir aimer un bébé, ne pas réussir à aimer son propre bébé. Et ce serait pas une première pour elle. Mais il amène un élément important le Canadien, elle a son lascar. Et elle a cette envie de faire de son mieux cette fois, de ne rien gâcher, de ne pas saborder son propre bonheur. De ne pas gâcher sa vie et celle de Caleb une seconde fois. Elle sera paumée et pour le coup elle doit l'accepter, elle n'a que ça à faire. Lâcher prise, et accepter ses émotions, accepter de ne rien maîtriser, accepter que rien de tout ça ne sera simple, accepter tout simplement que sa vie est compliquée. Et putain qu'elle aimerait que tout soit simple, qu'elle aimerait avoir la réponse à toutes ses questions et qu'elle se sente l'âme d'une mère, mais ça ne sera pas le cas, ça ne sera pas simple mais elle y travaille. Elle regarde Kyle, elle plonge dans son regard pour y trouver un semblant de soutien, parce que c'est ce qu'il est en train de faire, il la soutient. Sans le savoir peut-être mais cette discussion lui permet de mettre un peu d'ordre dans ce désordre qui lui embrouille l'esprit. Et il semble rassurant, il semble y croire en Alex mère et c'est peut-être juste ce dont elle a besoin finalement. Qu'on croit en elle, au delà de son histoire, de son passé, qu'on croit en elle pour le futur. « Pourvu qu’ce soit pas un p’tit con s’entend ! » Elle lâche un petit rire, étonnée et amusée par la remarque qu'il lâche au milieu d'une discussion pourtant bien sérieuse. Il détends l'atmosphère et elle se détends un peu. Surtout quand il lui dit, les yeux dans les siens qu'elle n'est pas en train de faire une erreur. Il y croit lui, et elle se fie à lui. Elle a confiance en son expérience, en son jugement aussi, pour une raison sans doute incompréhensible, elle croit en cet homme. « J’peux pas t’promettre que j’serai toujours là, t’sais… mais pour vrai j’aimerais bien. Sinon qui c’est qui t’filera un coup d’main quand faudra lui remettre les idées en place au galopin ? »  Elle le regarde, elle regarde ses mains, puis cette fenêtre qui a permis à Kyle d'entrer dans sa vie. Elle ne sait pas quel rôle il joue dans sa vie, il ne sait sans doute pas à quel point il est peut-être en train de devenir important aux yeux de l'Anglaise, d'ailleurs elle ne le sait peut-être même pas elle même. Mais elle finit par le regarder, à son tour, elle pose sa main sur celle de son invité, un geste d'affection qui lui rappelle un peu cette soirée alcoolisée au cour de laquelle, elle s'était retrouvée à pleurer dans ses bras. « Tu sais que c'est plutôt moi qui ait besoin de quelqu'un pour me remettre les idées en place. » Elle lui sourit. Mais elle est sérieuse au fond, elle pense vraiment avoir besoin de quelqu'un pour la guider quand elle vrille, pour la rassurer quand elle doute, pour l'engueuler quand elle va trop loin, et pour l'encourager quand elle se retrouve confrontée à des épreuves face auxquelles elle se sent dépassée. Tout ce qu'elle n'a pas eu finalement, pas de figure parentale pour la guider face aux épreuves de la vie. Pas d'adulte pour lui apprendre à le devenir à son tour. Elle s'est construite seule, sur des fondations instables, et elle n'a fait que continuer à faire pencher les choses jusqu'à ce que sa vie s'écroule. Elle a trente ans, elle va devenir mère mais elle ressent toujours ce manque, ce soutien parental, et c'est Kyle qui, le premier semble combler un peu ce rôle. « Je suis sérieuse Kyle, me laisse pas faire deux fois la même erreur, tu es l'un des rares à connaître mon passé, si tu vois que je déraille, rappelle moi tout ce que j'ai à perdre. » Elle lui met peut-être un peu de pression sur les épaules, elle lui demande presque de veiller sur elle à sa manière, elle lui demande d'être sa conscience en quelque sorte. Elle lui demande de faire partie de sa vie aussi, sans le dire réellement, sans oser le lui dire de peur d'être délaissée, rejetée peut-être. « Elles pourraient m’retrouver, tu sais ? » Elle le regarde à nouveau, un sourcil levé démontrant sa surprise, elle pensait qu'il ne voulait plus en parler et pourtant il le fait. Et Alex se rappelle que si elle, elle cherche en Kyle ce qu'elle n'a pas, lui il a tout ça. Du moins, il avait. Il avait sa fille, sa vraie. Et puis il a cette deuxième, une autre fille qui ne fait plus partie de sa vie, ou du moins qu'il ne côtoie plus. Et Alex réalise, se questionne, et si elle est en train de s'attacher à quelqu'un qui est voué à fuir ? Si elle projette trop d'espoir sur cet homme finalement pas plus doué qu'elle ? « Kyle j'avais beaucoup bu ce soir là, alors si tu m'as déjà dis je m'en excuse, mais mes souvenirs sont pas vrais clairs. Pourquoi ça s'est fini ainsi avec ta fille ? Avec les deux d'ailleurs ? » Elle s'en veut de raviver les douleurs, peut-être qu'il lui a en déjà parlé en plus ou peut-être qu'il a tout fait pour ne rien lui dire, mais les souvenirs de cette soirée sont biaisés par la quantité d'alcool qu'elle a ingurgité pour oublier. Et ça a marché, un peu puisqu'elle a oublié les détails. Mais elle veut les connaître désormais, elle veut comprendre. Elle veut aussi saisir les enjeux. « Tu penses qu'elle le voudra un jour ? » Retrouver son père ? Faire le premier pas vers lui ? Il le dit, si elle le veut, elle saura comment faire, alors est-ce qu'il y a un espoir pour Kyte ? « J'aurais aimé que mon père fasse le premier pas, qu'il vienne s'excuser, qu'il me prouve que je compte pour lui. J'aurais tellement aimé à une époque qu'il soit là pour me tendre la main et me soutenir. » Elle a tiré un trait sur cette possibilité, mais elle en fait part à Kyle. Elle ne veut pas influencer son choix, ni même la façon avec laquelle il gère sa vie, mais elle partage les espoirs qu'elle avait, parce qu'elle en a eu et la douleur a peut-être été encore plus dure à accepter. Et désormais, entre son père et elle, la relation est définitivement rompu, elle espère sincèrement pour l'homme qu'elle a en face d'elle qu'il n'en soit pas de même pour lui.  

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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyMer 16 Déc 2020, 16:37


Kyte Savard & @Alex Clarke
L’orage se dissipe et dans les grands yeux de l’anglaise, il lui semble déceler une pointe de rire. Encore un peu chamboulée, elle se détourne pourtant, laisse son regard effleurer la fenêtre par laquelle il s’est invité dans sa vie. Un sourire un brin nostalgique au coin des lèvres, il secoue doucement la tête. Ce soir-là, il était venu chercher un peu de chaleur, quelques biscuits et de quoi faire tremper ses vieux os pour arracher la puanteur de la rue qui lui collait à la peau. Il n’aurait jamais pensé qu’il trouverait bien plus. Un peu d’humanité au cœur d’une ville qui en est trop souvent dénuée. De la sensibilité comme il a trop peu l’habitude d’en trouver. Revenue de ses souvenirs, elle croise son regard, pose sa petite main toute douce par-dessus son imposante paluche, fait fondre un bout de son grand cœur de grand con avec la chaleur de son sourire. « Tu sais que c'est plutôt moi qui ait besoin de quelqu'un pour me remettre les idées en place. » Un petit rire amusé agite ses épaules tandis qu’il se frotte le sourcil de son pouce libre. « Si c’est ça qu'tu veux ma foi j’peux l'faire pour toi aussi. » Il réplique avec une pointe d’humour qui vient luire dans le fond de ses yeux pâles. Mais il y a comme un sursaut dans les siens, un manque qui la fait souffrir depuis des années, peut-être depuis toujours, et qu’elle se risque à exprimer de la façon la plus naturelle qui soit : « Je suis sérieuse Kyle, me laisse pas faire deux fois la même erreur, tu es l'un des rares à connaître mon passé, si tu vois que je déraille, rappelle moi tout ce que j'ai à perdre. » Elle est touchante dans sa vulnérabilité, touchante dans cette peur de trahir ceux qu’elle aime en sabotant ses rêves. Ses craintes sont si proches de la surface qu’il ne demande qu’à les renvoyer là d’où elles viennent pour la soulager. Alors il referme ses doigts calleux autour de sa petite main, la presse délicatement comme pour appuyer le poids de ses paroles, et de la presque promesse qu’il se risque à lui faire : « T’inquiète mon p’tit, c’est ma spécialité. T’peux compter sur moi pour t’parler dans l’casque si jamais tu déconnes. » Il lui souffle avec un clin d’œil chafouin et un sourire en coin. Parce qu’il veut y croire, qu’il sera là pour lui remettre les idées en place si elle en a besoin. S’attendrir devant son kid, se mesurer un peu au lascar pour s’assurer qu’il est bien tout comme il faut, garder un pied dans sa vie aussi longtemps qu’elle voudra de lui. Il veut y croire ouai, tout en sachant bien que les landes et la forêt finiront par l’appeler, comme les terres d’ici et d’ailleurs qu’il lui faudra à nouveau fouler, les missions foireuses qui l’arrachent aux sentiers bien tracés de ceux qui refusent de les quitter. Le temps viendra où il disparaîtra de sa vie, pour quelques jours, quelques années ou quelques mois. Pour y reparaître peut-être, ou peut-être pas. Parce qu’on a beau fuir le passé, l’expérience lui a appris que l’histoire finit toujours par se répéter. Y’a un dicton qui dit que la folie c’est de refaire toujours les mêmes erreurs en espérant obtenir un résultat différent. Et il y a longtemps que Kyte a compris qu’il est complètement cinglé. Parce que chaque fois qu’il se dit qu’il parviendra à rester, il continue de déserter les deux filles qu’il n’ose pas encore retrouver. C’est peut-être pour ça qu’il finit par lui souffler qu’elles pourraient le dénicher, si elles le voulaient. La réflexion surprend Alex, il le voit aux questions estampillées partout sur son joli visage, au sourcil qu’elle redresse comme un réflexe. Elle hésite, il le sent ça aussi. Comme si elle n’osait pas tout à fait aborder le sujet, peut-être pour ne pas le froisser. A vrai dire, il ignore lui-même s’il a envie d’en parler. Probablement pas d’ailleurs. Mais quelque part tout au fond de lui, il sent qu’il en a quand même besoin. Parce qu’Alex lui inspire confiance, parce qu’elle lui a partagé ses craintes les plus sombres sans le moindre filtre et qu’il a envie de lui offrir la même authenticité. Sauf que c’est dangereux, il devrait le savoir, il s’en souvient au moment où elle lui pose la question qui brûle ses lèvres rosées : « Kyle j'avais beaucoup bu ce soir-là, alors si tu m'as déjà dit je m'en excuse, mais mes souvenirs sont pas vrais clairs. Pourquoi ça s'est fini ainsi avec ta fille ? Avec les deux d'ailleurs ? » Tu t’en souviens pas parce que j’te l’ai pas dit mon p’tit. Il songe, le regard qui s’évade du côté de la fenêtre, le bout des doigts qui longent les rides creusant son front. Tout comme il devrait garder le silence aujourd’hui. Protéger le secret qui lui colle à la peau. La protéger elle, aussi. Lui éviter de devoir choisir entre trahir la justice ou le trahir, lui. Il devrait ouai, et pourtant il sent les mots lui échapper. Prudents, mais chargés d’une vérité enrobée sous un voile de brume qu’il s’efforce de laisser planer. « Y m’ont retiré ma fille quand elle était haute comme trois pommes. Y’a eu un accident, la baraque a cramé avec sa mère dedans. Après ça ils ont pas voulu m’la laisser. J’étais un danger pour elle, qu’ils disaient. » Les lèvres esquissent une grimace amère tandis qu’il secoue lentement la tête. Pour sûr, il n’est pas un père modèle, ni ne l’a jamais été. Mais sa môme, c’était la prunelle de ses yeux, une mini flamme de joie qui brûlait sur la glace de Norvège, éclairait la nuit noire même au cœur de l’hiver. Il l’aurait jamais blessée, non. Jamais levé la main sur elle non plus. Pas comme son père à lui faisait quand il était minot. Mais quand même ils la lui ont retirée, pour la placer chez une tante en Australie, sa seule famille, qu’ils disaient. « J’me suis quand même arrangé pour la visiter, lui apporter des p’tits cadeaux… un peu comme celui-là. » Il lance en désignant du menton celui qu’il a taillé pour Alex. « Pour qu’elle sache que j’suis toujours là. Que j’pense à elle. Que j’l’oublie pas. » Il prend une inspiration pour chasser l’émotion qui encombre sa gorge, s’étire de tout son long, s’appuie contre le dossier de sa chaise et croise ses bras sur sa poitrine. « L’autre c’pas pareil. J’bouge pas mal. J’aime pas rester au même endroit. Ça m’donne l’impression de m’enliser. Alors des fois j’disparais, j’lui dis pas toujours où j’vais. Et ça lui plait pas, elle braille un peu chaque fois. Mais c’est comme ça. Faque maintenant j’les laisse venir. Comme ça j’sais qu’ce sera leur choix. » Il répète avec un haussement d’épaules, lisse un pli imaginaire sur son jean et relève les yeux vers Alex juste à temps pour l’entendre lui demander. « Tu penses qu'elle le voudra un jour ? » Il réfléchit un instant à la question, visualise leurs visages, puis laisse un sourire énigmatique froisser le sien avant de hocher la tête d’un air confiant. « Sûr qu’elles voudront. Ne serait-ce que pour m’chauffer les oreilles ! » Il plaisante avec un rire amusé. « T’fais pas d’bile pour moi, va. » Il est satisfait de sa stratégie. Certain d’avoir pensé à tout, de faire le bon choix en décidant de les laisser venir à lui. Jusqu’à cet air troublé qui flotte sur le visage de sa belle anglaise, quand elle fronce délicatement les sourcils et réduit sa théorie en bouillie sans même le vouloir alors qu’elle lui confie : « J'aurais aimé que mon père fasse le premier pas, qu'il vienne s'excuser, qu'il me prouve que je compte pour lui. J'aurais tellement aimé à une époque qu'il soit là pour me tendre la main et me soutenir. » Une boule se forme dans la gorge. Une gêne qu’il chasse à grande lampée de flotte. Ouai mais c’pas pareil, j’sais pas pourquoi mais c’pas pareil. Il proteste à l’intérieur, refuse de creuser. Sauf qu’elle a toujours cet air paumé, cet air qui lui fait mal et lui donne envie d’aller refaire le portrait façon cubisme à son enfoiré de géniteur pour lui apprendre à prendre un peu soin d’sa fille… Tabarnak, t’parles d’un hypocrite ! « Dis t’serais pas en train d’dire que j’devrais m’bouger et porter un peu mes couilles ? » Un sourire vaincu au coin des lèvres, il remonte les sourcils et frotte distraitement la barbe qui recouvre son menton. « P't-être ben qu’ta raison. » Il soupire enfin. « C’est toujours l’cas avec les femmes paraît. Paraît aussi qu’j’suis trop con pour les écouter… m’enfin, j’te dirai. » Ce n’est pas une promesse, c’est un peut-être. Et comme y’a encore un truc qui le chipote dans tout ça, comme il retourne leur conversation dans sa tête et se remémore les doutes d’Alex, il ne résiste pas à l’envie de la rassurer, pour parer au père qu’elle n’a jamais eu, peut-être : « T’à l’heure, tu disais qu’t’avais l’impression d’être une personne horrible… mais laisse-moi t’dire un truc mon p’tit : les gens comme ça s’demandent jamais s’ils le sont. Ton seul défaut à toi c’est qu’tu doutes de trop. T’veux être parfaite mais personne l’est jamais et ça t’rend malade. » La tête légèrement penchée, il cherche à accrocher son regard avant d’ajouter. « J’suis sûr qu’ton lascar il t’en demande pas tant. Sûr qu’t’es la seule à pas vouloir t’pardonner… mais tu devrais. » Il lui fait un clin d’œil et pose sa main sur son épaule pour la serrer doucement dans sa paume. « Pis la fille qu’j’ai vu l'soir de notr' rencontre... elle te plait p’t-être pas mais elle a montré d’la compassion à un vieux con qu’en avait besoin. Elle s’est blessée pour qu’tu puisses guérir. Et tu r'viendras pas en arrière, ça non, parce que l'passé c’est l'passé. Parce que t’es plus forte que tu l’crois aussi. Et ça veut pas dire qu’tu feras pas d’conneries. C’est la vie. Mais t’sais quoi ? J’sais aussi qu’tu t’en relèveras. »   
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Message(#)Dès que le vent soufflera, je repartira • Kyte  EmptyMer 03 Fév 2021, 23:11



Dès que le vent soufflera, je repartira.
Dès que les vents tourneront, nous nous en aillerons…!

Elle n’avait jamais eu de relation avec son paternel et d’aussi loin qu’elle se souvienne elle n’avait jamais eu ce genre de discussion avec lui non plus. Une femme devenue adulte qui cherche à la fois un soutien mais aussi une figure d’autorité fiable. Et peut être qu’il n’est pas voué à jouer ce rôle auprès d’elle, après tout c’est juste un sans abri qui a débarqué dans sa vie et qui risque d’en sorti tout aussi vite. Mais pourtant c’est à lui qu’elle confie ses peurs. A lui qu’elle demande de veiller à ce qu’elle reste sur le droit chemin. Parce que son père n’a pas su faire d’elle une adulte fiable et solide. Il n’a pas su la guider, et elle ne l’aurait pas laissé faire soyons honnête. Trop bornée, trop fragile devant son père aussi pour accepter une aide de sa part, une aide qui n'est de toute façon jamais arrivée. Mais elle n’a plus sa mère non plus. Elle n’a pas de figure parentale dans sa vie alors qu’elle cherche à découvrir quel genre de mère elle va être avec son enfant. Cette grossesse débutante la questionne, la fait douter et elle aimerait pouvoir avoir sa mère pour partager cette expérience. Avoir un parent qui pourrait la guider. Et Kyte est là et en soit c’est déjà bien plus que son propre père. Il est là et il l’écoute. Et mieux encore il semble la comprendre ou ne pas la juger. Il la rassure. Et elle se sent entendue, soutenue aussi. Comme si enfin quelqu’un croyait en elle, quelqu’un qui avait de l’expérience, d’un parent à un futur parent, elle se sentait presque apaisée par la présence de cet homme pourtant inconnu il y a pas si longtemps. Rassurée de l'entendre lui dire qu'elle peut compter sur lui pour la remettre dans le droit chemin même si elle sait au fond d'elle qu'elle lui en demande beaucoup trop sans doute et que ce n'est pas son rôle. Qu'il n'a pas à porter cette responsabilité, qu'il ne lui doit rien et pourtant quand la main de son invité se referme sur la sienne, elle se sent rassurée. Elle lui sourit, ses yeux brillent un peu mais elle préfère se concentrer sur l'instant, sur ce moment ou il lui dit qu'elle peut compter sur lui et c'est ce qu'elle fait aujourd'hui. Elle compte sur lui, elle se confie à lui et elle parle de ses peurs, de ses doutes et de leurs vies passées qui a laissé en eux des failles qui les ont rapproché ce premier soir. Et qui continuent de revenir au milieu de leurs discussions pour tenter de lever le voile sur les derniers secrets qui entourent le passé et cette relation si compliquée qu'il entretient avec ses filles. Elle hésite à retirer sa question, elle hésite à lui dire qu'il n'est pas obligé de répondre quand elle voit son regard qui fuit, quand elle voit l'effet de sa question sur l'homme face à elle. Elle sait la douleur autour de certaines questions, elle sait aussi la douleur que ça peut engendrer d'apporter une réponse à ce genre de question, mais il finit par lui répondre. « Y m’ont retiré ma fille quand elle était haute comme trois pommes. Y’a eu un accident, la baraque a cramé avec sa mère dedans. Après ça ils ont pas voulu m’la laisser. J’étais un danger pour elle, qu’ils disaient. » Elle écoute la confession de cet homme à la fois si mystérieux et si touchant. Elle l’écoute lui livrer une part de son passé et dans sa tête les informations semblent se regrouper entre elles, se lier. Kyle. Canadien. Un drame. Une femme décédée. Une fille dont la garde lui a été retirée. L’Australie, une vie dans la rue. Elle pense à tout ce qu’elle sait désormais sur lui, à ses souvenirs de cette nuit la, flous mais dont elle essaye de retirer le plus d’éléments. Déformation professionnelle peut être ? Ou besoin d’en savoir plus sur ce drame ? Sans doute qu’elle devrait se concentrer sur le présent. Sur cette douleur qu’elle peut sentir dans les paroles de Kyte. Ou peut être est-ce sa propre douleur qu’elle ressent ? Une empathie pour ce qu’il a du vivre ? Une peine en imaginant le drame qu’il a du surmonter ? Perdre sa femme et sa fille en même temps de manière aussi tragique, est-ce qu’on s’en remet un jour ? Est-ce qu’il s’en est remit lui ? Elle se souvient de l’avoir entendu se confier à elle sur la perte d’une femme, elle s’en souvient vaguement mais elle s’en souvient et elle voudrait être en mesure de le questionner, d’en apprendre plus sur cet homme, mais par respect ou par pudeur elle ne dit rien. Elle ne pose aucune des questions qui pourtant lui brûlent les lèvres. Elle se tait et elle le regarde espérant que son émotion ne soit pas trop visible. Elle sait qu’il n’aimerait pas qu’elle lui montre de la pitié, alors elle ne fait que le regarder sans le fixer, le cœur serré en imaginant quelle épreuve se fut pour lui. Et quelle force il a du faire preuve pour ne pas sombrer. Cette fois c'est sa main à elle qui vient serrer celle abîmée par la dureté de la vie de Kyte, un soutien silencieux qu'elle tente de lui apporter, un geste bien maigre à côté du drame dont il parle. Elle ne sait pas énormément de chose sur lui, mais elle en sait assez pour admirer la force qu’il a toujours dégagé en sa présence. Une force qui parfois laisse apparaître les failles laissées en lui d’une vie marquée par des drames.  « J’me suis quand même arrangé pour la visiter, lui apporter des p’tits cadeaux… un peu comme celui-là. Pour qu’elle sache que j’suis toujours là. Que j’pense à elle. Que j’l’oublie pas. »  Et elle ne sait pas si c'est son émotion à elle, ou celle de Kyte qu'elle ressent à ce moment précis, mais elle croit vraiment ressentir comme un pincement au cœur, comme une sensation étrange qu'elle ne pourrait réellement expliquer mais elle sent la sincérité dans les mots de son invité. Peut-être qu'elle y sent de l'amour, un amour qu'elle n'a pas eu le loisir de découvrir, l'amour d'un père pour sa fille. L'amour d'un parent pour son enfant, en dépit de tout le reste ? C'est confus dans sa tête, mais elle se concentre pour ne pas laisser ses émotions et ses hormones la transformé en fontaine. Silencieuse, la lèvre pincée entre ses dents comme pour empêcher les émotions de sortir, elle reste concentrée sur Kyte, sur son histoire qu'il partage avec elle. Inattendue et pourtant c'est elle qui lui a demandé, et elle se sent plus proche de lui.  « L’autre c’pas pareil. J’bouge pas mal. J’aime pas rester au même endroit. Ça m’donne l’impression de m’enliser. Alors des fois j’disparais, j’lui dis pas toujours où j’vais. Et ça lui plait pas, elle braille un peu chaque fois. Mais c’est comme ça. Faque maintenant j’les laisse venir. Comme ça j’sais qu’ce sera leur choix. » Il relève les yeux et Alex croise le regard de Kyte. « Et tu comptes repartir bientôt ? » Étrangement, elle se sent presque un peu vulnérable en laissant échapper cette question. Elle même surprise par ses mots, par le sens de sa question aussi, comme si elle le demandait plus pour elle que pour les filles dont il est en train de lui parler. Elle le sait, il n'est pas voué à rester dans sa vie, il n'a pas à venir combler les manques qu'elle ressent et pourtant par sa question c'est presque ce qu'elle cherche à savoir. Savoir si elle peut vraiment compter sur lui, savoir si elle peut s'attacher à lui réellement. Mais finalement ça ne la regarde pas. Ou du moins pas vraiment non ? Elle se ressaisit, elle se redresse à son tour, et elle se reprends, évoquant de nouveaux les deux filles de Kyte. Sa fille biologique et celle qu'il a adopté comme telle, légalement ou non. Et elles sont déjà deux à compter sur lui, deux et elle n'a pas à lui ajouter une autre pression. Il n'est pas son père, et elle le sait, et pourtant elle aura partagé bien plus avec lui émotionnellement en deux rencontres que durant toute sa vie avec son propre père.

« Sûr qu’elles voudront. Ne serait-ce que pour m’chauffer les oreilles ! T’fais pas d’bile pour moi, va. »  Et comment lui dire qu'elle est finalement déjà inquiète pour lui ? Qu'elle aimerait pouvoir le contacter quand elle le souhaite, ne serait-ce que pour prendre des nouvelles ? Mais il a déjà refusé ça, refusé le téléphone alors elle n'insiste pas. Mais elle ne sourit pas avec lui, elle ne rit pas non plus. Elle aimerait pouvoir le faire, mais elle n'y arrive pas. Peut-être parce qu'elle ne peut s'empêcher de faire un transfert ? D'y voir un parallèle avec sa propre vie ? Elle a été la fille docile pendant des années sans réussir à attirer l'attention de son père, sans réussir à avoir une marque d'affection de sa part. Elle l'a rejeté aussi, sans plus de réussir. Elle l'a repoussé, elle l'a accusé de tout les maux, elle a tout tenté avec lui jusqu'à physiquement se montrer violente envers lui, mais rien. Elle ne compte pas et elle ne comptera jamais et c'est dur à accepter pour elle. Elle n'a plus d'espoir, elle sait que son père ne le sera jamais complètement, il est son géniteur ça oui, son père en revanche, il n'a jamais vraiment mérité ce titre. Mais Kyte il s'intéresse à ses filles, il l'a prouvé, il l'a dit avec ses propres mots, 'pour qu'elle sache que j'suis toujours là. Que j'loublie pas.' Et peut-être qu'il faut qu'il le prouve encore aujourd'hui ? Peut-être que c'est à lui de faire le premier pas. Que c'est à lui de réduire la distance et de se montrer persévérant ? « Tu as dis que tu voulais qu'elles sachent que tu seras toujours là pour elles, peut-être qu'elles ont juste besoin que tu le prouve à nouveau ? » Ou peut-être qu'elle se trompe totalement et qu'elle n'y connaît rien, après tout, ses relations sont loin d'être des exemples de réussites. Plutôt chaotiques, catastrophiques que de belles réussites. Elle secoue la tête, se passe une main dans les cheveux, soupire un peu et elle se force à laisser un sourire sa manifester sur ses lèvres. Comme si sourire pouvait faire disparaître les émotions négatives qu'elle ressent, comme si un sourire pouvait tromper le monde sur ce qui se passe en elle. « Mais bon pour ce que j'en sais, je suis pas forcément une experte des relations, mais quoiqu'il en soit, tu seras toujours le bienvenue chez moi. » Et ça elle le pense sincèrement et elle accompagne ces mots d'un léger sourire, un vrai cette fois et ses yeux brillants montrent sa sincérité.

Elle regarde les pancakes devant elle, ceux que Caleb a fait à sa demande mais auxquels elle n'a pas touché encore. Et elle se risque à croquer dedans, à prendre une bouchée de cette préparation. Elle ne sait pas si c'est une bonne idée, si les nausées vont la laisser tranquille, mais elle a besoin de retrouver une certaine contenance, peut-être un peu de force aussi pour ne pas se montrer trop faible face à ses émotions qui sont bien trop intenses par moment. Et elle croyait avoir un peu de répit, c'était sans compter sur Kyte. Sur les mots qu'il prononce désormais, sur ses mots qui vont droit au cœur déjà sensible d'Alex. Elle ne s’attendait visiblement pas à une telle déclaration. A de tels mots. Les larmes qui naissent dans le coin de ses yeux prouvent son émotion. Sa main qui vient se poser sur celle de Kyte, elle même posée sur son épaule, elle n’ose pas parler de peur de ne pas réussir à maîtriser son émotion. Foutues hormones. Foutu manque de confiance et d’estime aussi. Parce que c’est bien de ça dont il est question la. Elle entends des mots de la part de Kyte qu’elle aurait eu besoin d’entendre des années auparavant. Elle aurait eu besoin de se construire avec l’idée qu’elle pouvait être forte. Que les erreurs étaient un chemin inévitable pour se construire. Sauf qu’elle n’a pas eu ça. Pas eu le droit à l’erreur, même pas eu le droit de faire ses propres erreurs. Elle n’a jamais été forte, jamais réussi à l’être face à un père qui ne faisait que piétiner sa femme et sa fille comme il piétinait le reste du monde. Elle n’a jamais été assez bien pour ses parents. Elle ne se sentait pas assez bien pour Caleb. Elle ne se sentait pas assez bien tout simplement. Et aujourd’hui, elle ne sait pas si elle fera une assez bonne mère pour cet enfant qu’elle porte et qu’elle a peur de ne pas savoir aimé. Et pourtant l’amour elle connaît ça grâce à Caleb. Grâce à cet homme qui lui a apprit à aimer, et qui continue à lui apprendre chaque jour. Et peut-être que c'est une forme d’affection qu'elle ressent en regardant Kyte ? Une affection différente, totalement différente de celle qu'elle ressent quand elle se plonge dans les bras de Caleb, mais pourtant alors qu'elle regarde Kyte, il y a comme une envie de le remercier d'être là, de lui dire tout ça, comme une envie aussi de lui prouver à quel point cela compte. A quel point elle en a besoin. Elle lâche son pancake, et ose regarder Kyte, elle ose lui montrer sa sensibilité et son émotion, fébrile, les larmes aux yeux et toujours silencieuse, elle le regarde. Elle sait que si elle parle, elle risque de ne plus retenir les sanglots qui menacent de s'écouler. Elle serre la main de Kyte, elle la serre de toutes ses forces parce qu'il est là et qu'elle a besoin de ça, de ce qu'il lui donne sans qu'elle ne le demande. Cette confiance en elle qu'il lui témoigne. Elle a besoin de ça, de lui aussi peut-être ? Et c'est fou comme pensée. Aussi fou que ce qu'elle fait après. Elle se lève et elle vient déposer sa tête sur son épaule, hésitante avant de laisser les larmes couler. « Merci Kyle. » Elle veut en dire plus. Elle veut en faire plus mais elle n'en a pas la force à ce moment précis. « Merci de croire en moi. » Mais désormais c'est à elle de croire en elle, à elle de faire le reste du travail et il va être long mais elle n'est pas seule. Et si elle ne sait pas si elle peut, ou pourra, s'appuyer sur Kyte dans les semaines, mois, années à venir, elle le sent là présent à ce moment précis et elle en profite. « J'aurais aimé te rencontrer plus tôt, tu es vraiment quelqu'un de bien. » Peut-être qu'avec lui elle n'aurait pas eu cette vie chaotique qu'elle a eu, peut-être que lui aurait su la protéger et la remettre sur le droit chemin comme aurait du le faire son paternel ? Elle reste là quelques minutes à laisser ses émotions s'exprimer incapable de les contenir et quand enfin elle se sent prête à formuler plus de trois mots sans suffoquer, elle se détache de lui et elle plonge ses yeux clairs dans ceux de Kyte. « Le passé c'est le passé, tu as raison et ça marche pour toi aussi, tu as encore tes filles, ne gâche pas le temps que tu as avec elles. Ne perds pas ton temps à attendre qu'elles réalisent qu'elles ont besoin de toi. Les regrets c'est ce qu'il y a de pire. » Et peut-être qu’égoïstement elle se dit que temps qu'il ne retrouve pas ses filles, il sera en quelque sorte là pour elle, parce qu'elle n'est qu'une substitution, mais elle veut surtout qu'il soit heureux dans sa vie. Quelque soit la manière dont il a décidé de la mener, il mérite d'être épanoui dans sa vie et elle lui souhaite que ça finalement.  


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