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 efflorescence (lola&grace)

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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyDim 5 Avr 2020 - 16:51

Comme d’habitude, Grace se réveille la première et glisse discrètement hors du lit pour ne pas réveiller Lola, la laisser dormir encore vingt minutes de plus avant une longue journée. Comme d’habitude, elle s’éclipse aussi prestement que possible et manque toujours de trébucher sur Kim Possible, qui dort tantôt sur le haut du lit, tantôt sur la table, parfois même sur le couvercle des toilettes, et Grace lui fait de bonnes remontrances sous forme d’un sssshhHHHhhhHHH absolument tout sauf discret. Comme d’habitude, Lola prétendra de dormir quand même, à moins qu’elle ne dorme vraiment, et aucune ne voudra vraiment briser le rituel, l’illusion d’une coutume qui s’installe. C’est un quotidien ; un quotidien de deux jours par semaines, certes, mais un quotidien quand même, et Grace pourrait s’y faire.

Aujourd’hui, c’est la journée dédiée à la préparation de la salle qu’elles ont pu louer pour leur exposition. Les toiles et les photos ont été acheminées avec parcimonie tout au long de la semaine, redoublant un peu leur appréhension à chaque fois - aujourd’hui, c’était le grand jour. Pas Le Grand Jour, mais un peu le grand jour bis, où elles seront les premières à découvrir le travail l’une de l’autre. Grace n’en était pas particulièrement anxieuse : elle n’avait aucune pudeur (et rien d’autre que de la fierté) à montrer ses photos, et si elle avait insisté pour que Lola ne voit pas celles de l’Islande, c’était davantage pour préserver la surprise. Elle n’avait, en revanche, jamais vu aucune toile de Lola. Et, face à cette grande première, de fait, elle stressait pour deux.

Hé, je veux pas te tirer du sommeil trop tôt ou quoi, mais on doit bientôt partir.

Elle la réveille en enfonçant un index dans sa joue, une fois, deux fois, trois fois. Puis ça marche, et Lola, déboussolée, s’étire, et Grace sent la même effusion d’affection qui s’étale tout autour de son coeur, jusqu’au bout de ses doigts qui caressent maintenant distraitement la même joue. Conclusion du rituel : elle l’embrasse, et elle finit de se préparer en vitesse, déballant ses cheveux mouillés de la serviette qui les éponge. Ces derniers temps, elle prend soin de se lever le plus tôt possible, pour que sa désorganisation généralisée ne prenne pas le pas sur leur emploi du temps : la préparation de l’exposition leur a pris du temps, individuel comme commun, et les dernières semaines n’étaient que le début.

Il est neuf heures pile quand elles arrivent à la salle, non sans s’être rendormies dans le bus qui reliait Fortitude Valley à Logan City - au fond, elle se demandait si leur premier passe-temps à deux n’était pas de dormir, mais ça ne la dérangeait pas tellement. Comme promis par l’agence qui leur loue la pièce, tout a été nettoyé : on entend distinctement l’écho de leurs pieds, et davantage encore celui de leurs voix. “Prête ?” demande-t-elle, revenant sur ses pas pour prendre Lola dans ses bras et l’entraîner à sa suite. L’espace est relativement restreint, recouvert d’un blanc cassé parfaitement banal : une toile vierge à laquelle elles peuvent ajouter leur personnalité. L’oeil qui se veut savant, Grace avance dans l’espace en tournant sur elle-même, sans jamais lâcher la main de Lola : cette photo plutôt ici, puis celle du geyser là, et celle où on voit Lola dessiner vers la colonne. Quoique l’inverse soit parfaitement possible aussi. Elle fait claquer sa langue contre son palais.

Je vais avoir besoin de ton expertise, pour savoir où les mettre. D’ailleurs, on alterne photos et toiles ? Ouuuuh, non : il doit y avoir des paysages qui se recoupent, on peut faire par thématiques.

Elle irait bien prendre un quatrième café, mais elle a déjà des palpitations d’avoir monté les escaliers jusqu’au deuxième étage en trottinant. La photographe repère du coin de l’oeil les toiles soigneusement recouvertes dans un coin, et son rythme cardiaque reprend un pic. Elle sourit bêtement à Lola, et se retient très fort de la prendre dans ses bras et de l’embrasser à nouveau. Attendre une réaction, un sourire, guetter une réaction. “C’est dingue. D’être ici avec toi. De faire ça ensemble.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 6 Avr 2020 - 22:09

C'était un rêve agité, sur une mer houleuse, où les vagues se multipliaient et se fracassaient contre une falaise. Il y avait une barque qui tentait de s'éloigner des rochers, mais ce n'était pas prometteur. Lola regardait depuis le haut de la falaise, impuissante pour aider la silhouette sur la barque. Elle entendait en écho des cris qu'elle ne comprenait pas. Mais la branche d'un arbre venait appuyer sur sa joue, encore et encore, et Lola secoua sa tête, puis ouvrit les yeux. Son air affolé fut remplacé par un immense sourire de découvrir le visage de Grace, et son odeur de shampoing, et ses lèvres, et la caresse de son doigt sur sa joue. Lola s'étira, si heureuse d'être dans ce lit, chez la personne qu'elle- Sa pensée s'arrêta. Ne pas aller de ce côté-là. Elle se leva, continua ses étirements, et s'approcha doucement de Kim Possible dans l'espoir d'un éventuel câlin. Le chat ne s'enfuit qu'à la dernière minute, ce qui était un net progrès : de jour en jour, la relation de confiance s'établissait.

Prendre une douche, s'habiller, se maquiller, boire un café, tout cela prenait à Lola une dizaine de minutes, et elle savait pourquoi Grace se levait bien plus tôt, et elle lui en était reconnaissante. Il y avait une telle bienveillance dans ce qu'elles partageaient. Son rythme cardiaque ne commença à accélérer que lorsque le café atteignit son cerveau : c'était le grand jour. Lola allait montrer ses toiles à Grace. On y était.

Pourtant, dans le bus, dans les bras de sa partenaire d'exposition, Lola se rendormit. Et elle était reposée, et à peu près sereine, lorsqu'elles arrivèrent à Logan City, dans la grande pièce blanche et propre. C'était là, donc, que tout allait se jouer, que le spectacle allait prendre forme, que Lola allait se dévoiler, enfin. "Prête ?" Pas du tout. Peut-être un tout petit peu. Pas vraiment. Grace revenait lui faire un câlin et ça aidait toujours. Elles s'avançaient, main dans la main, dans ce lieu où tous les rêves les plus fous de la peintre allaient enfin se réaliser - les rêves et les craintes. "Je vais avoir besoin de ton expertise, pour savoir où les mettre. D’ailleurs, on alterne photos et toiles ? Ouuuuh, non : il doit y avoir des paysages qui se recoupent, on peut faire par thématiques." Lola ne répondit que par un hochement de tête qui ne voulait rien dire, étant donné que la question n'appelait pas un oui ou un non. Elle tenta de se raccrocher au fait qu'elle verrait enfin les photos de l'Islande, sur un beau tirage, et que ce serait merveilleux.

Les yeux de Grace trouvèrent les toiles, et Lola suivit son regard. Elles étaient toutes les deux si émues. Un sourire, un baiser. "C'est dingue. D'être ici avec toi. De faire ça ensemble." Une fois de plus, Lola acquiesça. Elle avait autant envie de partir en courant que de ne jamais bouger. A la place, elle poussa un long soupir et colla son front sur celui de Grace. Caler sa respiration sur la sienne. Trouver un centre de gravité. Tout allait bien se passer. "Ces dernières semaines avec toi, c'est... je ne le savais pas, mais c'est tout ce que j'ai toujours espéré." Ah, des mots, enfin. Et tout le monde sait qu'il faut joindre le geste à la parole. Lola ferma les yeux, inspiration, expiration. Il était temps. Elle s'avança vers les toiles, et, la main tremblante, les mit les unes à côté des autres le long du mur, puis défit le papier autour. Il y avait six toiles.

"So, I've been working on portraits of women. Womanhood, maybe. Identity. Feeling small in a confusing world. Being brave. Feeling everything too much."

La première Les femmes qui courent avec les loups. Le goût de Lola pour les légendes, la mythologie. L'impression d'un monde hostile avec lequel il faut se réconcilier. Accepter sa propre colère, ses souvenirs, son passé.

La deuxième. Encore une femme et un animal. La nostalgie, la mélancolie, mais aussi l'explosion des couleurs. Le courage. La beauté.

La troisième. Seule dans l'immensité. Les remous. La lumière. Entre espoir et abîme.

La quatrième. La plus sombre et épurée. L'abstraite. Le doute, l'incertitude, la peur, le sentiment d'être invisible, le trop-plein d'émotions.

La cinquième. La réconciliation avec les loups. La part de l'enfance dans l'adulte, dans ce qu'on est devenu. L'importance d'exister. Le câlin. Le lien à l'autre.

La sixième. Le portrait de Grace, dans toute sa grâce et sa complexité.

Lola, à côté des six toiles, les doigts qui s'entortillaient les uns dans les autres, le regard fixé sur le visage de Grace, le coeur qui bat trop vite, mais le soulagement infini d'en être là, enfin, le courage qui remonte, de voir ces femmes qu'elle a peintes, cet espoir qu'il y a dans tous les portraits, même les plus sombres. Le bonheur d'enfin partager ce qu'elle voit et crée. Et la peur que ce ne soit pas ce à quoi Grace s'attendait, qu'elle soit déçue. "What do you think?"

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyVen 10 Avr 2020 - 19:30

Si on lui avait dit, il y a un an encore, qu’elle serait ici aujourd’hui, dans cette salle entièrement dépersonnalisée et prête à être décorée selon son envie, son humeur ; si on avait ne serait-ce qu’insinué qu’elle exposerait un jour ses photos parce qu’elle en avait l’envie et l’opportunité et parce qu’elle avait lancé un défi stupide à une femme à laquelle elle s’était bien plu attachée que de raison, elle aurait sûrement haussé les épaules. Pas ri : ça lui aurait paru tellement impossible - tous les éléments, de l’exposition à la simple présence de Lola dans sa vie - qu’elle aurait à peine réagi, alors trop amorphe et amochée à l’époque. Qu’importe : elle était là aujourd’hui, et tout semblait autant surréaliste que naturel ; un entremêlement d’émotions qu’elle ne savait pas encore exactement comment ordonner. Lola, silencieuse aux côtés de la jeune femme trop volubile, était au même point, et elles seraient là pour s’aider l’une l’autre.

"Ces dernières semaines avec toi, c'est... je ne le savais pas, mais c'est tout ce que j'ai toujours espéré."

Pour toute réponse, Grace lui offre un sourire à moitié étonné, à moitié rassurant. Elles y sont. Un nouveau voile se lève entre elles, une nouvelle barrière se franchit. Grace ignore combien elle peut encore en dépasser avant de prendre peur, avant de s’asphyxier dans la terreur de finir à nouveau au plus bas, mais elle ne veut pas y penser maintenant : ça lui semble de ces choses qu’il est tolérable de repousser un peu plus longtemps au lieu de s’en inquiéter dès maintenant. Comme pour encourager Lola, et peut-être se rassurer un peu elle-même, la photographe encourage la plus jeune en posant sa main sur le bas de son dos : une poussée en avant vers la barrière. Ne restait qu’à la franchir.

Et Lola défait l’emballage des toiles, la laisse les observer sans retenue ni pudeur, les unes après les autres. Les toiles de Lola dégagent une puissance, une hargne qu’elle n’aurait pas soupçonnée - et pourtant, finalement, ça semblait si logique. Tout l’empoigne de plein fouet : la gratitude d’enfin pouvoir contempler ces toiles, apprendre à connaître Lola sous un de ses angles les plus intimes, l’impression d’étouffer sous le désespoir qu’elle sent dans les traits de pinceaux. La solitude, angoissante, pesante, qui referme ses griffes, et se relève sur la toile d’après. Dans les traits de pinceaux, Lola exprime pleinement des émotions complexes qu’elle aborde à peine, puis ponctue d’un rire mal à l’aise à l’oral. “This is… How long have you been keeping all this inside?” Le rôle cathartique de l’art ne l’a toujours effleurée que de loin : elle n’a jamais eu aucun problème à s’étaler, quitte à se répandre en auto-dérision et en humour dépréciatif. Outre ses premiers essais concernant en majorité la beauté et l’appréciation, le voyage, l’art pour elle avait gardé sa fonction la plus politique et la plus brute : le choc, la dénonciation, la militance. Découvrir des toiles aussi parlantes, voire bruyantes, de quelqu’un à qui elle tenait autant, c’était un tout autre monde, et ce monde lui nouait la gorge.

This is so powerful. So eloquent. I love it. Everyone’s gonna love it.

Elle fait un pas en arrière et se retrouve face à Lola, restée en retrait : le réflexe enregistré, logique, c’est de lui prendre la main, mais elle l’outrepasse et fonce directement sur l’étreinte. Elle serre Lola contre elle, tout sourire, mais les remarques se bousculent : are you okay, I had no idea, where did you learn all that shit when most humans can’t write their own name with a cool handwriting, so you like wolves huh, can I buy all of them at once. On n’a pas dit qu’elle était douée avec les mots juste parce qu’elle les utilisait beaucoup. Grace resserre son étreinte autour de Lola, enfouit sa tête dans son cou, y murmure : “You’re one of the bravest people I know.” Parce qu’elle ne sait pas quoi dire sans risquer de toucher une corde sensible, et surtout parce que c’est vrai. C’est quelque chose d’énorme, que Lola est en train de faire face à elle, se mettre à nu de la sorte, et Grace veut lui montrer qu’elle en est reconnaissante, qu’elle comprend l’ampleur du sacrifice et sa difficulté. Elle se détache de l’étreinte, lui offre son sourire le plus pétillant. “The last one, though.” Elle secoue la tête, sourcils froncés, sans se départir de son air taquin. Il lui rappelait quelqu’un. Peut-être sans aucune raison, mais ça n’allait pas l’arrêter : “You know I don’t look that good, right? People are gonna feel robbed once they see me.” Avec un peu d’orgueil mal placé, on se tire de toute situation.

So, my turn, I guess.

L’appréhension n’est pas montée pour autant : elle est relativement fière de ses photos, mixant Islande et voyages précédents. Tous n’ont pas la même portée, ni la même signification : elle les a imprimés en différentes tailles, selon l’importance qu’elle veut leur offrir. Elle ouvre le bal avec l’Islande : le cliché de leur plage, puis de la grotte de glace, et une de Lola qui se concentre sur son dessin, le geyser en arrière-plan. Puis le Honduras. Un vieil homme avec qui elle avait passé la soirée à boire, à apprendre l’espagnol sur le tas, et qui lui avait tout raconté sur son pays, sur la répression, sur la peur au quotidien que tout se casse la gueule à nouveau. La pauvreté présente au sein-même de la capitale, qui touchait davantage les indigènes que le reste de la population, parce que rien ne les protégeait - encore moins les autres citoyens. Le festival maya, seule occasion de redorer leur emblème. Du Tibet, sacré pour elle, seulement une photo : celle du gamin de la famille qui l’a hébergée, auquel elle avait promis de ramener son histoire chez elle, de parler des nomades. Un Saami de Laponie qu’elle avait accompagné pour le reportage auquel elle participait. Un gamin de Chongqing, en Chine, seul dans son parc à jeux, représentant idéal de la génération solitaire qui avait été enfantée après les politiques restrictives. Puis un couple, le seul qu’elle avait pu photographier dans le pays du tabou.

So here ya go. I’m still wondering which ones I should actually use, but I love all of them equally. And there’s no way I’m leaving yours out.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptySam 11 Avr 2020 - 15:34

Si on lui avait dit, il y a un an encore, qu'elle serait ici aujourd'hui, Lola se serait énervée. Elle aurait pesté contre quiconque aurait osé mettre des mots sur ses rêves les plus fous, ceux qui étaient enfouis dans un déni très, très bien géré. Elle aurait détesté qu'on lui parle d'amour, alors qu'elle avait passé sa vie à l'éviter ; elle aurait détesté qu'on lui parle d'exposition, alors qu'elle ne montrait même pas à ses proches ce qu'elle faisait ; elle aurait détesté cette pression de devenir elle-même, de s'accepter et s'assumer. Et voilà qu'elles en étaient là, Lola et Grace, à se montrer leurs créations avant de les partager avec le monde entier (bon, avec les douze personnes qui viendraient parce qu'elles se seraient perdues sur le chemin vers la boulangerie). L'expression de Grace se transformait face aux toiles de Lola, et celle-ci s'inquiéta : est-ce que ce n'était pas ça qu'elle imaginait ? Est-ce que c'était mauvais ? Est-ce qu'elle ne voulait pas exposer ses photos à côté de ces toiles ? "This is… How long have you been keeping all this inside?" Ah non, ce n'était pas de la désapprobation, c'était de l'émotion. Elle découvrait le côté sombre de Lola, les secrets, le mal-être. Lola fronça les sourcils, cherchant le moment où elle avait commencé à se sentir ainsi. "I don't remember, really. It feels like it's always been there."

"This is so powerful. So eloquent. I love it. Everyone’s gonna love it." Et le I love it qui résonnait dans la pièce vide, ou peut-être était-ce juste l'imagination de Lola, et ça s'amplifiait jusqu'à lui rendre le sourire, et Grace lui bondissait dessus pour une étreinte qui consolidait encore un peu plus tout ce que ses mots apportaient en bien-être. "You’re one of the bravest people I know." Lola rit, tant du souffle de Grace qui lui chatouillait le cou, que de cette idée saugrenue qu'elle serait courageuse. "That's funny, 'cause you're the bravest person I know." Puis, l'air mutin de Grace revenait et plaisantait sur son portrait. Lola secoua la tête avec le même sourire malicieux. Elle trouvait que Grace était la plus belle femme du monde, donc elle ne s'inquiétait pas trop de la réaction des gens à son portrait : elle les aidait juste à voir tout ce qu'elle-même percevait chez la photographe.

Le tour de Grace. Lola fut émue de retrouver les photos de l'Islande, cet ailleurs qui n'avait existé que pour elles. Les autres clichés éveillèrent sa curiosité et sa fascination. Elle allait de l'un à l'autre, comme une enfant, observant les détails, les couleurs, les lignes, revenant, repartant. Elle avait la sensation de voyager d'âme en âme, de pays en pays, à travers les univers de Grace, et ça l'emplissait de bonheur. "This is so gorgeous." Elle ne savait même pas ce qu'elle préférait, tout lui semblait si profond. "So here ya go. I’m still wondering which ones I should actually use, but I love all of them equally. And there’s no way I’m leaving yours out." Lola se retourna en fronçant les sourcils. "What do you mean? You have to show them all. They're perfect." Maintenant qu'elle les avait toutes vues, Lola ne voyait pas comment elle pourrait un jour en sélectionner certaines plus que d'autres. Il faudrait quelqu'un de plus extérieur, de plus pragmatique, si un tel choix se présentait vraiment, quelqu'un comme Jordan. Lola revint devant l'homme au Honduras, puis l'enfant en Chine, et le couple en Chine, et ça faisait une ronde devant ce trio, car tout y était, la naissance, la vie, la mort, c'était un cycle, comme un conte. "I think those three could tell a story, put side by side, you know?"

Lola commença à considérer l'espace qu'elles avaient, les murs, et ils se remplissaient de couleurs, de cadres, dans sa tête. Elle marchait d'un bout à l'autre de la pièce en silence, visualisant. "Or maybe we could do a section about childhood, because we both have work linked to that." Et leurs oeuvres parlaient de thèmes si différents sur l'enfance que ça donnerait à voir les nuances, les niveaux de compréhension. "And a section about loneliness. Indifference." Elle pointa du doigt la photo sur la pauvreté, et la photo de la Laponie, avec la peinture faite de traits noirs et d'abstraction, l'humanité qui s'efface. "And one about love and human connection", et le couple en Chine, et la toile de la petite fille réconciliée avec les loups. Lola avait le vertige tellement elle se tournait des murs vers les photos et des photos vers les toiles et des toiles vers les murs. Elle arrêta sa danse effrénée pour se tourner vers Grace. "Or something completely different, I'm not sure, I'm just babbling because this is so... real, all of a sudden. And I can't wait to see how your pictures and my paintings talk to each other on the walls, how the emotions bounce from one to the other."

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyMer 15 Avr 2020 - 19:42

"I don't remember, really. It feels like it's always been there." Si elle l’a pressenti selon ses dires, imaginé d’après ce que Lola laissait filtrer de son enfance et de sa jeunesse, Grace n’a jamais véritablement été témoin des accès de noirceur de Lola, des côtés plus sombres de sa personnalité. Pour cause, elle ne les a jamais vécus : certes, elle aura vu Lola pleurer, craindre l’abandon, s’effrayer face à l’attachement, pester face aux pas en arrière. Mais tout cela n’était tout au plus qu’une appréhension de ce qu’elle avait déjà vécu en dix fois pire. En somme, les deux jeunes femmes ne s’étaient majoritairement connues que sous leurs meilleurs jours respectifs, et se retrouver face aux toiles de Lola, remplies d’aspects beaucoup plus nuancés, parfois choquants, c’était aussi un poing dans le ventre. Dans la face, pour toutes les meilleures raisons : pour la beauté, pour la vivacité, pour la justesse. Dans le ventre, c’était davantage pour la réalisation, pour le courage que ça avait dû prendre à Lola d’en arriver là aujourd’hui, pour la douleur par procuration. Grace lui aurait dit, eût-elle su le faire, combien elle en était touchée, au plus profond d’elle-même. Mais sa loquacité n’avait jamais compensé son inaptitude à choisir les bons mots et elle se retrouvait tout simplement pantoise, à lâcher des bribes de phrases qui ne faisaient absolument pas justice à ses émotions. Elle préfère se reporter sur le physique, parce que c’est ce qu’elle fait de mieux pour s’exprimer justement. Même ça, ça ne semble pas suffire.

"That's funny, 'cause you're the bravest person I know."

Elle lui retourne un maigre sourire d’incrédulité : elle, la petite nana blanche née dans une famille riche, attentionnée, et somme toute équilibrée malgré les quelques vices présents chez tout un chacun ? Elle s’était longtemps apitoyée après son AVC, mais plus le temps passait, plus la rééducation effaçait les problèmes de langage, de démarche, gommait les difficultés de mémoire et de concentration et remettait son bras d’aplomb, et plus elle se rendait compte que là encore, elle faisait partie des éminemment chanceux, ce groupe minime envié par tous : à aucun moment n’avait-elle été seule. La solitude avait jonché la vie de Lola comme seule compagnie compréhensive - et elle s’était étonnée que celle-ci rechigne autant à laisser entrer des gens dans sa vie…

"Or maybe we could do a section about childhood, because we both have work linked to that. And a section about loneliness. Indifference. And one about love and human connection."

Absorbée dans la contemplation de la salle, essayant d’y imaginer leurs oeuvres, Grace opine distraitement du chef : l’idée des sections lui plaît. Lola, elle, ne semble pas assurée dans sa démarche - elles font leur premier pas dans quelque chose d’un tant soit peu professionnel sur le sujet, n’ont pas la moindre idée de la scénographie d’une pièce et celle que Grace a l’habitude de côtoyer n’a rien à voir avec celle-ci : cette fois, c’est à elles deux de décider, pas de s’accommoder avec les choix et d’en sortir le meilleur. Un autre monde, en somme. “I think it’s a great idea”, fait-elle parvenir à haute voix, pour renforcer son approbation et rassurer Lola. “Let’s get to it.” Et c’est là que ça se complique, parce qu’il faut porter les toiles et les accrocher, et trouver comment disposer les photos selon les accroches qui existent déjà sur les murs, et c’est complexe avec une main et peu de recul sur le rendu final. Il leur faut un bon moment de réarrangements pour arriver à ce qui n’est qu’un balbutiement du travail fini.

Should we, like, put labels under them? At least give them a title? I like the idea of people finding their own meaning in these, but I feel like some of these are too political to be left to the imagination.

Et elle y revient, parce qu’elle ne peut jamais s’en enfuir longtemps. Pour elle, la beauté dans ses images viennent de la profondeur du vécu qui y réside. Ce n’est pas simplement une histoire de détails visuels. “And their message is not something I want to erase, you know?” Elle se demande si ça a du sens ou si c’est simplement égoïste de sa part. Elle s’empresse de rajouter : “And I know all of this isn't about politics. I don't want it to be. But – I knew these people. I feel like I wouldn't do them justice if I didn't mention their struggles.” Elle pince ses lèvres entre elles, parce qu’elle a conscience de la possible injustice que ça représente aux yeux de Lola ; les deux thèmes ne collent pas, et peut-être que donner une description à ses photos serait trahir l’idée-même de l’exposition. Tout est trop nouveau pour elle pour qu’elle ait le cran de s’imposer. “I don’t know, what do you think? Should we discuss it over coffee? Didn’t really get much of a chance to sleep last night.” Il est aussi trop tôt pour qu’elle ait la force de rassembler sa matière grise.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptySam 18 Avr 2020 - 13:14

"I think it’s a great idea." Vraiment ? Lola eut presque envie de protester que vraiment, elle n'y connaissait rien, que c'était Grace l'experte, que sa suggestion à elle ne valait probablement rien. Mais face à l'air de certitude qu'arborait Grace, elle renonça à tout monologue torturé sur le sens de la vie, et s'avança plutôt vers les toiles. "Let’s get to it." Un hochement de tête, et elles commençaient. C'était un travail épuisant, de précision autant que d'effort physique. Les toiles et les photos allaient et venaient à certains endroits, plus ou moins haut, plus ou moins à droite, dans la lumière, dans un coin d'ombre, et il fallait encore arranger chacun par rapport à l'autre, les lignes que ça formait, les noeuds sémiotiques. Il y eut plus d'un essai et plus d'une tête penchée vers la droite pour arriver à un résultat qui n'était pas atroce, et qui en devenait donc, par conséquent, envisageable. Petite pause.

"Should we, like, put labels under them? At least give them a title?" Lola acquiesça. Oui, il faudrait mettre le titre de chaque oeuvre, et peut-être le nom de l'artiste pour chacun. Lennon avait dit qu'elle amènerait peut-être des acheteurs potentiels. C'était très étrange de se dire que ça pouvait aussi être un moment important pour son éventuelle carrière de peintre, que peut-être son futur s'y jouait un peu. L'idée lui faisait tellement peur qu'elle y renonça et décida de se consacrer à l'exposition d'un point de vue artistique, pour ne pas se perdre dans des considérations qu'elle ne comprenait de toute façon pas très bien. "The title and the artist's name, maybe, like in the museums." Dans les musées, il y avait aussi la technique et l'année. Elles pourraient éventuellement l'ajouter, mais Lola n'avait aucune idée de ce que la technique donnerait en photographie : est-ce que c'était toujours la même ? ou est-ce que ces clichés correspondaient à des techniques différentes ? Il allait vraiment falloir qu'elle apprenne à mieux connaître la passion de Grace.

"I like the idea of people finding their own meaning in these, but I feel like some of these are too political to be left to the imagination. And their message is not something I want to erase, you know? And I know all of this isn't about politics. I don't want it to be. But – I knew these people. I feel like I wouldn't do them justice if I didn't mention their struggles."

Ah, oui, le grand fossé entre Lola et Grace sur la conception de l'art : la première y voyait une célébration de la sensibilité individuelle, d'une vision du monde au sens premier, des sensations, des émotions, de l'expérience qu'on transfigure ; la deuxième y voyait l'opportunité de transmettre un message, de changer le monde, de faire voir ce qui est d'habitude caché par les gouvernements et les médias, faire voir ce qui doit être vu. Lola redoutait des cartons de trois kilomètres de long sous les toiles, qui expliqueraient en détail le contexte politique et social de la photo, des gens dessus, du pourquoi et du comment. Elle se fit la réflexion que peut-être sous forme de petit fascicule ça permettrait de choisir si on voulait aller plus loin, après avoir réagi de façon émotionnelle d'abord à la photo. Mais comment imposer cela à Grace, puisqu'elle avait tout autant son mot à dire et sa façon de voir l'art ?

"I don’t know, what do you think? Should we discuss it over coffee? Didn’t really get much of a chance to sleep last night."
"That sounds perfect", acquiesça Lola avec un soupir de soulagement. Elle embrassa Grace, et l'entraîna dans la rue. Elles repérèrent bien vite un café qui avait tout pour leur plaire : des tables en bois, des propositions du jour écrites à la craie sur les baies vitrées, des guirlandes de papier, et une serveuse qui avait l'air encore moins réveillée qu'elles. "I'll take a coffee and a scone, please."

Lola ne voulait pas tout de suite entrer dans le vif du sujet comme une massue dans une porte. Mais elle ne voyait pas du tout de quoi parler entre temps. Elle sortit un carnet, des crayons, donna une feuille à Grace et en prit une pour elle-même. Puis elle se mit à tracer "Grace Coughlin & Lola Wright", car elles devraient bien mettre les noms des artistes quelque part dans l'exposition. Il n'y avait plus qu'à trouver la bonne typographie. Mais c'était marrant, parce que plus elle l'écrivait, et plus ça solidifiait quelque chose en elle. Lorsqu'elle eut calligraphié les noms de trois façons différentes, elle fit une moue et les montra à Grace : "What style? I tried modern, old-fashioned, and super old-fashioned."

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 20 Avr 2020 - 0:00

Grace a toujours ramené une partie de ses oeuvres avec elle en revenant d’un voyage : question de principe. Qu’elle l’ait voulu ou non, ses photographies avaient fini par représenter quelque chose qui la dépassait et qui outrepassait la simple volonté de symboliser le beau ; son travail avait pris un tournant éminemment symbolique auquel elle avait eu du mal à déroger. Aujourd’hui, des années après, cette même empreinte fait fi de ses volontés de rester dans le neutre et l’artistique : elle a un devoir implicite envers ces personnes, ces rencontres plus ou moins chanceuses, celle de raconter leur vie au monde pour eux qui n’ont pas cette chance. N’importe quel autre jour sa prétention l’aurait claquée en pleine face ; ce matin, il lui semble impossible de contourner le sujet et de tendre au compromis. Ce matin Grace est agitée par toutes sortes de sentiments contradictoires ; la fatigue, les souvenirs qui se mêlent au trac du débutant, le stress montant de la réalité singulière de leur position. Avant d’être trop secouée, Grace propose un café. Trêve liquide énergisante.

Jusssss coffee, please.

Ses mots sortent moins d’entre ses lèvres qu’ils n’essaient de s’échapper sous une chape intense de flemme. Grace se sent épuisée. Son sommeil pâtit de sa vie désorganisée et de ses récentes craintes sur son futur professionnel. Les seules nuits où elle arrive à peu près à dormir sont celles passées avec Lola, et même à ces occasions elle n’est pas un trésor d’hygiène de sommeil. La brune pose son bras gauche comme oreiller sur la table, et y allonge silencieusement sa tête. Dans le silence confortable du café, elle observe Lola sans retenue (elle a arrêté de faire semblant), se fend d’un petit sourire quand elle se fait remarquer. “How can you be so pretty when you draw?” Lola dessine encore, toujours assez concentrée pour l’ignorer. Tant pis. “Like, you have this little frown, but only on your nose, never on your eyebrows ; and you click your tongue when you mess something up.” Elle ignore à quel moment absolument toute partie, sans discrimination, de Lola était devenue aussi adorable à ses yeux. Ca fait partie des choses auxquelles elle s’est accoutumées sans se poser la question. C’était de ces questions qu’il valait mieux repousser.

"What style? I tried modern, old-fashioned, and super old-fashioned."

Enfin, Lola consent à lui montrer son art et Grace se redresse de sa position, à temps pour qu’elles reçoivent leur commande. Grace remercie d’un sourire un peu plus dynamique, et retourne à leurs moutons : “Let’s see. What looks more like us?” Elle fait mine de réfléchir, penche la tête vers le plafond et souffle un filet d’air entre ses lèvres. Gorgée de café : ça y est, ses idées rentrent en ordre. “Modern. We’re showing our art in this small hipster gallery in Logan City.” Elle lève un index, arbitre en plein comptage de points. “Buuuut I’m a thirty year-old lesbian who lives with a cat and doesn’t have a proper job. That is old-fashioned as fuck. Don’t get me started on you only wanting to see me twice a week to avoid jumping the gun.” Moue triste : elle avait plusieurs fois demandé à Lola de revenir d’autres fois, de rester plus longtemps, sans succès. Elle s’y était faite : pour une raison qu’elle ignorait et qu’elle ne voulait pas presser davantage, deux était leur chiffre porte-bonheur pour l’instant. Elle reprend une gorgée de son café puis laisse sa main magnétisée retrouver sa jumelle et la caresser distraitement.

Getting to meet the family before I even properly ask you out. That has to crush the other two.

Du coin de l’oeil, rictus taquin, elle guette la réaction de Lola. Elles n’ont pas reparlé de ladite rencontre, pas vraiment débriefé les événements. Elles étaient rentrées vidées, Grace en surdose de stress et Lola rincée par le trop-plein d’émotions. Le lendemain, Grace avait préféré la distraire absolument plutôt que de revenir sur le sujet, encore trop frais, trop compliqué à démêler. Elle n’était pas douée de qualités conversationnelles exceptionnelles ; d’ailleurs, elle ne sait même pas si elle n’allait pas regretter avoir abordé le sujet. “So, pornography aside, you think I crushed it?” Trop tard, elle est lancée, et qu’on la flingue en plein vol si nécessaire : ça lui servirait pour les prochaines fois, comme toutes ses erreurs. “But seriously though, I think the modern one looks best. It’ll look amazing on those beautiful unique blank walls.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:17

La voix de Grace arrivait de loin, comme un mirage dans le paysage paisible de la feuille. Lola traçait les lettres de toutes les façons différentes, et tentait d'y mettre tantôt de l'amour, tantôt du respect. Il y avait quelque chose dans l'alliance de leurs deux noms qui la faisait frétiller à l'intérieur, alors elle se concentrait, elle continuait le mouvement. Surtout ne pas s'interrompre. Elle montra le résultat à Grace, et eut le droit à un commentaire sérieux et une infinité de plaisanteries. "Let's see. What looks more like us?" Lola prit une profonde inspiration, comme chaque fois que le mot us était utilisé. Certes, il y a longtemps, il y avait eu Yele, et déjà elle avait dû apprendre à utiliser un pronom au pluriel. Mais il y avait quelque chose avec Grace qui était différent : elles n'avaient jamais fait semblant d'être détachées l'une de l'autre ; elles avaient toujours été incroyablement vulnérables, sans même le médium du sarcasme pour tenir à distance les démons et les fantômes. "Modern. We’re showing our art in this small hipster gallery in Logan City." "Modern it is."

Mais Grace levait déjà l'index, et Lola éclata de rire. "Buuuut I’m a thirty year-old lesbian who lives with a cat and doesn’t have a proper job. That is old-fashioned as fuck. Don’t get me started on you only wanting to see me twice a week to avoid jumping the gun." "I-" Lola continua à rire, car ce n'était pas un reproche, et c'était si doux, et l'expression du visage de Grace était merveilleusement adorable. Lola était sans défense à chaque fois. "I... I think I... It's because I..." Cet échec. Lola rougit et se passa la main sur le visage, genre : dis quelque chose qui fait sens, on t'en prie. "It's because I need to tell you something." Elle eut tout de suite l'air accablé, parce que ce n'était pas du tout comme ça qu'il aurait fallu le formuler, parce que là, c'était genre apocalyptique, alors que ce n'est pas ça qu'elle voulait exprimer. "Nope, that's not how I meant it. I meant... Why can't I just taaaaaalk like a normal person?" Elle éclata de rire, et c'était moitié les nerfs, moitié l'autodérision, et elle se pencha vers Grace, l'embrassa. "I'll try again in a few minutes. Just let me get my thoughts together, please."

Et elles revenaient à la typographie, et Lola recommençait à respirer, comme un poisson qu'on relance dans l'eau. Ses poumons étaient en panique mais se calmaient peu à peu. "Getting to meet the family before I even properly ask you out. That has to crush the other two." Un sourire amusé, cette fois, et Lola se détendait de nouveau. "Fair enough." Quelle rencontre catastrophique, d'ailleurs. Lola n'avait plus vraiment parlé à Auden ou Ginny depuis ; c'était devenu un marasme qu'elle ne comprenait pas, et les textos qu'elle leur avait envoyés étaient restés sans réponse. Tant pis. Elle avait essayé. Heureusement que ça s'était bien passé avec Jill et Bailey. "So, pornography aside, you think I crushed it?" L'hilarité de Lola. "I think they loved you. You never told me you had a superpower with families... although I should have known. Is there anyone on Earth who's ever actively disliked you? I just can't imagine that happening."

"But seriously though, I think the modern one looks best. It’ll look amazing on those beautiful unique blank walls."
"IthinkIamfallinginlovewithyou."

Lola but une longue gorgée de son café et croqua dans son scone, comme si elle n'avait rien dit du tout. Elle regardait fixement la feuille et acquiesçait, un air sérieux et concentré sur le visage, tandis qu'elle se pinçait les lèvres. Son coeur avait arrêté de battre, de toute façon, donc elle n'avait que son cerveau. "You're right, I think the modern one." Elle mit une flèche à côté pour montrer que c'était celui qu'elles avaient sélectionné. Il faudrait qu'elle aille à l'imprimerie pour obtenir une sorte d'étiquette noire très grand format à coller sur le mur. Voilà : des pas suivants clairs pour monter l'exposition et préparer le vernissage. Elle se demandait qui elle allait mettre sur la liste des invités lorsqu'elle releva les yeux vers Grace, qui avait l'air figée. "What? What happened?"

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 20 Avr 2020 - 23:34

"I... I think I... It's because I..." Grace la regarde avec étonnement, mais sans pousser davantage le questionnement. Elle sait que le sujet touche à quelque chose de sensible, bien qu’elle ignore exactement quoi - ç’avait été compris et acté dès le premier refus de Lola, et elle avait rapidement repéré le rythme, régulier et inflexible, qu’elle leur imposait. Ca ne l’avait pas empêchée d’essayer à maintes occasions de la faire changer d’avis à coup de cuisine, de films qu’elle avait peur de voir toute seule ou de promesses de strip tease, sans jamais plus de résultats. "It's because I need to tell you something." Sourcils arqués, la brune garde le silence - c’est difficile pour elle, de ne pas brusquer. Elle apprend, pour Lola, mais elle a encore du chemin à faire : elle noie ses questions dans le café en suspendant ses battements de coeur jusqu’à la prochaine phrase. "I'll try again in a few minutes. Just let me get my thoughts together, please." Ca ne la rassure pas fondamentalement, mais Grace lui retourne un sourire taquin, entendu : passons. Repartons sur les conneries de l’aînée, le temps que la peintre retrouve son souffle et ses esprits.

"I think they loved you. You never told me you had a superpower with families... although I should have known. Is there anyone on Earth who's ever actively disliked you? I just can't imagine that happening."

Retour sur la rencontre quelques jours avant : de tout à rien, Grace n’avait pas su comment se situer entre les deux rencontres, flottant plutôt avec ses émotions ambivalentes au rythme des discussions. “Oh, you'd be surprised. You've never seen me at work – no one likes me. I don't like anyone, either, so I guess that's fair game.” Elle est consciente de ne pas faire l’unanimité dans cette partie de sa vie - bourreau de travail, exigeante et intransigeante, elle avait cultivé les inimitiés dans son domaine. Pour les proches de ses amis, ou de ses fréquentations, en revanche, elle était toujours fondamentalement appréciée, du moins au début. Elle faisait ce qu'il fallait pour. “But I'm only good with families because that was my first time meeting one. And it didn't last that long.” C’est la première fois qu’elle adresse clairement le fait qu’elle n’avait jamais rencontré l’entourage de ses ex avant. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais c’est une grosse étape pour elle.

Puis se passe l’inattendu. Grace n’en aurait pas voulu à Lola, si celle-ci avait complètement changé de sujet pour ne plus jamais y revenir - elles prétendraient se plaire à ignorer l’éléphant dans la pièce en parlant typographie et elles s’embrasseraient et tout reviendrait à la normale. Mais c’était sorti. "IthinkIamfallinginlovewithyou." Et l’air s’était coincé dans les poumons de Grace sans qu’elle sache s’il allait ressortir un jour. Elle se contente de la fixer pendant ce qui semble être une heure (une minute sans respirer, ça passe très lentement), les pessimistes diraient même deux ; puis la vie reprend son cours, Lola boit son café et repart sur ses dessins avec l’air le plus sérieux du monde. “Wait”, intime faiblement Grace, qui a perdu toute passion pour l’exposition, subitement. “You are?” Elle réprime un sourire à la con et elle s’en foutrait des claques. La chaleur qui l'enveloppe est presque (mais seulement presque) suffisante à lui faire oublier la panique qui menace de s'emparer d'elle. Elle l'aurait presque oublié, aux côtés de Lola, qu'elle se sentait parfaitement inapte à se relancer dans quelque chose qui l'avait autant amochée à peine un an et demi avant. Parce qu'avec elle, c'était facile d'oublier : tout était si simple qu'il n'y avait qu'à se laisser porter et oublier ses inquiétudes.

Claque de la main sur le bois de la table.

O-kay then. Let's pretend this conversation never happened.

Son ton est égal, aussi égal que Lola, et la jeune femme rassemble soigneusement ses sachets de sucre en parallèle autour de sa tasse, aligne la cuillère au tout, occupe sa main valide pour se vider l’esprit. “So you never said anything, and I'm not going to kiss you.” C’est acté : pas de baiser. C’est difficile, d’ailleurs, de s’y tenir. “I'm not gonna ask you if it's okay to just ditch this gallery thing to go home because I can’t resist you.” Elle réaligne la cuillère d’un millimètre vers la droite. Perfection d’équilibre. “And I'm definitely not going to tell you whether I’m falling for you, too, cause we're definitely not having this conversation.” Là, c’est jouer. Et c’est cruel mais après tout, le sujet a déjà changé. “Agreed, the modern one’s the best. Should we go print it later today?” Elle est consciente de se sauver elle-même d’une conversation potentiellement trop gênante, trop importante, aussi, mais elle préfère s’illusionner et prétendre ne faire que jouer de la situation.

So then why do you insist on only staying two nights a week? I mean, I know I am a lot. I'm not asking for, like, a whole week. Just, sometimes, you know, it's more convenient.

Elle prend son sourire le plus innocent. Retour à la case départ : elle prend un malin plaisir à torturer Lola, à la faire rougir, et si pour cela il faut reprendre la conversation du début, elle est prête à le faire.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyMar 21 Avr 2020 - 2:07

"Oh, you'd be surprised. You've never seen me at work – no one likes me. I don't like anyone, either, so I guess that's fair game." Lola tenta de s'imaginer cette réalité, mais c'était comme un univers parallèle pour elle. Elle se demanda si un jour elle irait voir Grace sur un plateau, si elle découvrirait cet aspect-là de sa vie. Elle ne se rendait pas compte de ce qui se faisait, des règles entre elles, de ce qu'elles étaient ou allaient être. Tout était dans un flou artistique qu'elles avaient tenu l'une comme l'autre à maintenir. "But I'm only good with families because that was my first time meeting one. And it didn't last that long." "That, it didn't." Lola sourit, mais ses yeux n'y étaient pas. Elle gardait de la tristesse de ce jour-là, et ça n'avait rien à voir avec Grace, et ça prendrait des années à expliquer, car il faudrait déjà qu'elle se l'explique à elle-même. Elle releva les yeux et fronça les sourcils : "That was your first time meeting one." Elle se souvenait qu'Alex n'avait pas fait son coming out et que ça avait précipité leur rupture, mais elle se rendait compte qu'elle n'était pas la seule à être inexpérimentée en termes de relations. Elles étaient toutes les deux à tatônner, et quelque part, ça la rassurait.

"IthinkIamfallinginlovewithyou."
"Wait. You are?"

Lola observa attentivement le visage de Grace. L'idée était tout simplement de ne pas bouger et d'être là. De la voir réagir. De la laisser intégrer l'information. C'était une information d'un poids considérable. Elle vit son bras se lever avant que la main ne claque la table, et elle ne sursauta pas. Elle s'était attendue à être en panique, à devenir un tourbillon d'émotions mal gérées et mal foutues, et en fait, son calme l'étonna. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, ce qu'elle retenait depuis des jours et des jours et des jours et des jours et des jours. Elle n'attendait rien en retour, même si, bien sûr, elle était curieuse de savoir ce que Grace en pensait. D'où lui venait une telle sérénité ? Pourquoi ne paniquait-elle pas ? Sans doute pour la raison la plus simple du monde : parce que ce qu'elle avait dit était vrai, et que quoi que fasse Grace maintenant, ça n'y changerait rien.

"O-kay then. Let's pretend this conversation never happened. So you never said anything, and I'm not going to kiss you. I'm not gonna ask you if it's okay to just ditch this gallery thing to go home because I can’t resist you. And I'm definitely not going to tell you whether I’m falling for you, too, cause we're definitely not having this conversation. Agreed, the modern one’s the best. Should we go print it later today?"

Les yeux de Lola souriaient, maintenant, car voir Grace en panique était un privilège rare, et elle ressemblait à un moineau qui saute de branche en branche, de plus en plus vite, comme si la salvation était quelque part sur l'arbre. Au moins ne s'était-elle pas enfuie ; elle n'avait pas pris son sac pour quitter le café ; elle n'avait pas annulé l'exposition ; elle n'avait pas rompu. Elle avait entendu, paniqué, et elle était encore là. C'était tout ce qui comptait. "Yes, let's print it. I suggest we sleep on it before we put it up though, so that we can see the space with fresh eyes." Parce que c'était évident qu'elles allaient encore déplacer les tableaux mille cinq cent fois. Parce que parler de l'exposition allait de soi, parce que c'était la chose la plus simple du monde à faire, surtout maintenant qu'il n'y avait plus cette pensée qui se tournait et retournait dans son cerveau et son estomac et sa langue. Elle était libre et légère.

"So then why do you insist on only staying two nights a week? I mean, I know I am a lot. I'm not asking for, like, a whole week. Just, sometimes, you know, it's more convenient." "Oh, it's more convenient, is it?" Et Lola répondait à la plaisanterie par la plaisanterie, le sourire taquin. Elle respectait les limites, n'embrassait pas, ne répétait pas, ne posait pas de questions. Si l'humeur était au jeu, elle s'en accommoderait. Grace lui avait donné tout le temps du monde, et c'était au tour de Lola maintenant. "More than two nights a week means I'm not going anywhere for a while. I'll get used to living with you. That is a good thing, but I'm also being careful, because I know where this leads." L'image de Yele passa furtivement dans son esprit. C'était une histoire dont elle avait guéri, mais qui lui avait beaucoup enseigné. "So, I needed to figure out how I feel first, and to tell it to you. Now, if, knowing that, you still want more than two nights a week, I'm open to that. Just know that it means something to me."

Secrètement, Lola avait envie de se lever et de s'applaudir, parce que c'était bien la première fois de sa vie qu'elle parlait avec une telle liberté de sentiments qui d'habitude la gênaient profondément. Elle était honnête et elle était attentive et elle ne se reconnaissait pas, et elle avait tellement hâte de tout raconter à Amos. Une voix intérieure lui fit remarquer que ce dialogue était loin d'être fini et que peut-être Grace la quitterait d'ici la fin de la journée, donc peut-être que l'auto-congratulation pouvait attendre un peu. Lola termina son café et son scone. "Do you want to walk to the printer's ? It's nice out today." Elle demanda l'addition, et quelques minutes plus tard, elles filaient dehors, doucement. Lola regardait Grace du coin de l'oeil, mais en réalité, tout ce qui comptait, c'était que lorsqu'elle avait prononcé les mots, Grace avait souri. Elles passèrent devant une animalerie, et Lola vit un jouet pour chat dans la vitrine. "Hey, would Kim Possible like this?"

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyMer 22 Avr 2020 - 18:22

Les rôles s’inversent complètement et Grace, d’habitude si assurée, si confiante, ne sait absolument plus où se mettre, ni quoi faire de cette déclaration soudaine… Peut-être rien : Lola lui en offre l’opportunité. "Yes, let's print it. I suggest we sleep on it before we put it up though, so that we can see the space with fresh eyes." Elle acquiesce, comme un automate, à défaut de savoir quoi faire de plus. Pour elle, un silence élusif semble largement préférable à un sujet épineux, surtout dans l’état des choses ; or elle sent aussi en son âme et conscience que c’est injuste pour Lola, que ça ne lui sied pas, et, surtout, qu’elle a beaucoup de choses à dire. A défaut de comprendre comment les formuler, Grace réamorce plutôt sur le sujet précédent : le refus de Lola de se voir davantage, de partager plus que ce qu’elles ne partagent déjà. L’envie est clairement présente, et la photographe n’a pas le recul émotionnel pour se refuser ce qu’elle veut, au mépris de conséquences parfois brûlantes.

"Oh, it's more convenient, is it?"

Lola se moque, parfaitement à l’aise ; Grace lutte encore à retrouver une respiration normale. Rien de tout ça n’est juste. “Of course it is! Sometimes it’s late and there aren’t any cabs around and I can’t sleep until I know you got home safely. And also sometimes I just want you to stay.” Souvent. Très souvent. De plus en plus souvent. I know where this leads, retourne Lola, et Grace entrevoit la raison, rapidement. De précédentes déconvenues amoureuses, un attachement trop fort non réciproque. “This leads to you fallinginlovewithme?” demande-t-elle quand même, bêtement, moqueuse. Parce qu’elle pouvait se faire à l’idée. Elle s’y était déjà sûrement faite, inconsciemment. Lola conclut, lui indique d’y réfléchir : ça signifie quelque chose pour elle. Et Grace aurait aimé répondre que pour elle aussi, et que c’était précisément pour ça, qu’elle proposait, mais elle n’était pas encore apte à mettre le doigt dessus et à le formuler ainsi. Elle aussi, savait où ça conduisait, et s’avouer amoureuse était se confier aux mains du hasard ou s’ouvrir à la possibilité de tomber de haut une nouvelle fois. Et bien sûr, mieux valait s’illusionner avec l’idée qu’elle n’en était pas encore là.

"Do you want to walk to the printer's ? It's nice out today."

Une diversion des plus admirables : aujourd’hui, c’est Lola qui joue les médiatrices et la remet à l’aise après une discussion compliquée, et Grace l’aurait remerciée si elle n’était pas agacée de son propre comportement. “Yeah, let’s”, répond-elle distraitement. La frustration qu’elle sent poindre éclipse lentement mais sûrement la boule de chaleur qui s’est logée dans son coeur quelques minutes plus tôt.
Soleil caressant, brise agréable : elles sont de retour dehors, et Grace marche d’une allure distraite mais régulière, le nez en l’air, lunettes de soleil jonchées par-dessus. "Hey, would Kim Possible like this?" Lola attire son attention sur un jouet dans une vitrine : un manche auquel sont attachés une plume et certainement une balle qui fait du bruit. “Oh, don't get him stuff. Then he'll get his hopes up, he'll get attached.” Elle sourit, à moitié, puis plus du tout. C’est une blague de mauvais goût qui remplace tout ce qu’elle veut dire sans savoir comment le dire, et elle n’aime pas la frustration qui en ressort. “You know what, let’s get him the toy.” De toute façon, Kim Possible n’ayant d’affection pour rien d’autre que ses jouets, il serait sûrement ravi par une éternelle distraction.

Le détour par l’imprimerie se fait dans le silence, et Grace ne le brise que pour se pencher par-dessus l’imprimante pour embrasser brièvement Lola et lui demander si elles pouvaient rentrer : elle n’a plus l’envie de travailler sur l’exposition, trop préoccupée par tout le reste. Et si Lola ne se doutait pas du tsunami émotionnel qu’elle avait réveillé, elle s’apprêtait à le rencontrer. La Grace composée et toujours détendue était restée au coffee shop, au fond de sa tasse.

Look, you were honest with me, so I feel like I ought to tell you.

C’est la première chose qu’elle prononce en s’installant sur le canapé à côté de Lola. Elle sait que ça a toutes les pires allures, mais elle ne sait pas comment bien présenter la chose - s’il y a une façon de bien la présenter. “I’m falling for you too. Obviously.” Et elle pressent le besoin de lui dire combien ça lui faisait du bien, de s’ouvrir à ça à nouveau, de redécouvrir des facettes d’elle-même aux côtés de quelqu’un qui avait sa patience, son affection, mais elle ne le fait pas. “The thing is I'm a disaster at relationships. Everyone and their mother will tell you that. I bet Jordan told you that.” Ca ne l’aurait pas étonnée qu’il la prévienne. Qu’il mentionne le fiasco avec Claire, le plus gros non-terminé aux relents de “et si” avec Jessian, combien elle avait eu du mal à se remettre d’Alexandria, au point de repousser constamment la fin pendant près d’un an. Grace était un désastre émotionnel dont le modèle parental pourtant exemplaire ne suffisait à contenir et cadrer ses peurs débordantes. “I've only dated and fallen for closeted people and I've never committed. And when I did it led me to…” Vague geste de la main en l’air. Ca. Tout ce bordel. Toute cette peur refoulée qui avait induit une peur-panique qu’un jour elles en arrivent là, alors qu’elle n’avait rien fait pour éloigner ou même prévenir Lola. “I don't want to see other people. I haven't even tried to since we...got closer.” Autant dire des mois. “And I usually do. I pull away when I feel like I might get too close. That's how I deal with things.” C’était ce qu’elle avait fait avec Birdie, au point de l’en blesser par sa méchanceté. Pas Lola, pas encore, alors il fallait la prévenir.

Please don't think this is about Alex, or that I'm not over her, or - I just, it- it- it was my first committed, monogamous relationship. And it hurt like a bitch. And I'm scared.

C’est la première fois qu’elle le dit en toutes lettres, genou secoué par le stress sur le devant de son canapé et regard perdu dans le vide, faute de pouvoir regarder Lola dans les yeux. Elle aurait pu choisir l’égoïsme, le choix d’excellence, simplement acquiescer à plus de deux nuits par semaine et ne répondre à aucune de ses questions, les reléguer à plus tard. Mais elles méritaient mieux l’une comme l’autre. Et surtout, Grace ne savait plus comment gérer. Alors elle précise, dans une ultime tentative d’être rassurante après avoir donné toutes les bonnes raisons à Lola de partir : “Remember when you told me you had no intentions of hurting me? Well, me neither. And this is me telling you that.” Pour qu’elle fasse son choix. Qu’elle marche en plein dedans en sachant dans quoi elle s’aventurait, ou qu’elle en sorte avant que les pots ne risquent de se briser. Pour qu'elle la rassure et qu'elle lui dise que tout irait bien.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyVen 24 Avr 2020 - 17:29

"Of course it is! Sometimes it’s late and there aren’t any cabs around and I can’t sleep until I know you got home safely. And also sometimes I just want you to stay." Lola ne put s'empêcher de sourire, car Grace qui disait tout simplement la vérité, ça la rendait heureuse. Elle aussi avait eu envie de rester, souvent, mais elle savait où ça menait. "This leads to you fallinginlovewithme?" "How did you guess?" Lola feignit d'être surprise, mais riait déjà. Si elle avait su que c'était aussi agréable d'exprimer ce qu'elle ressentait, ele l'aurait fait bien plus simplement et souvent dans sa vie. Ce n'était qu'avec Grace qu'elle semblait se remplir de courage et se montrer comme elle était vraiment : un électron libre d'émotions et de ressentis, à fleur de peau, honnête et vulnérable, à la fois terriblement fragile et incroyablement forte.

Elles sortirent du café, et l'air était frais, et la journée semblait pleine de promesses. Mais tout cela fut brusquement brisé lorsque Grace lâcha : "Oh, don't get him stuff. Then he'll get his hopes up, he'll get attached." Lola soupira et haussa les épaules. Etait-ce normal qu'il y ait autant de tension ? Elle ne s'était pas attendue à provoquer de la colère en Grace, mais cela dissimulait mal une peur qu'elle ne comprenait que trop bien. Elle la voyait se débattre parmi des fantômes, se demanda si c'était l'image d'Alex qui revenait en boucle dans son cerveau, ne posa pas de questions. Finalement, elles achetèrent le jouet, et allèrent chez l'imprimeur, et Lola eut le droit à un baiser qui la rassura.

Grace voulut rentrer. Elles rentrèrent.

Lola déposa leur butin près de la porte, puis prépara deux tisanes tandis que Grace s'installait sur le canapé. Elle savait qu'une conversation difficile allait venir maintenant, car Grace n'était pas du genre à tout mettre sous un tapis et faire semblant. Elle posa les deux tasses sur la table, et se posa à côté de la photographe. Ne sachant pas à quoi s'attendre, elle sentait son coeur s'emballer, et s'obligeait à respirer longuement et profondément pour ne pas perdre ses moyens. "Look, you were honest with me, so I feel like I ought to tell you." Ah. Elle ne ressentait pas la même chose, alors. C'était forcément ça. C'était la suite logique dans l'existence de Lola, pourquoi être étonnée ? Pourtant, la douleur qu'elle ressentait était aiguë, jusqu'à... "I’m falling for you too. Obviously." Lola se figea tout à fait. Elle avait une envie, un besoin, de prendre Grace dans ses bras, de l'embrasser, de la déshabiller, mais elle ne bougea pas d'un millimètre. Ce n'était que la première partie d'une tirade, elle le savait, il fallait qu'elle lui donne le temps d'exprimer ses peurs.

"The thing is I'm a disaster at relationships. Everyone and their mother will tell you that. I bet Jordan told you that." "He didn't. I think he sees you as the person who got hurt, not as the problem in the relationships." Mais au fond, elle n'en savait rien. C'était l'impression qu'elle avait eue, et avec le recul, elle réalisa qu'elle n'avait jamais posé la question directement à Jordan. Elle n'aimait pas le placer en intermédiaire, car il gardait les secrets des deux jeunes femmes et ce n'était pas son rôle d'en dire plus - il avait déjà fait un écart au sujet de sa nuit passée avec Grace, et ça avait été suffisamment mouvementé comme ça. "I've only dated and fallen for closeted people and I've never committed. And when I did it led me to…" Lola n'avait pas eu exactement les mêmes problèmes, mais les résultats avaient été similaires, donc elle acquiesça, car elle comprenait parfaitement ce que cela laissait comme séquelles et cicatrices.

"I don't want to see other people. I haven't even tried to since we...got closer. And I usually do. I pull away when I feel like I might get too close. That's how I deal with things." Lola eut un mouvement de recul, très léger mais perceptible, car ça la terrifiait, c'était sa phobie - que l'autre personne aille voir ailleurs et réalise que c'était mieux, que tout était mieux qu'elle. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Puis, elle approcha la main de la tisane, mais c'était trop chaud encore ; pourquoi n'y avait-il pas un système qui permettait de la faire refroidir en un claquement de doigts ? Grace irait-elle voir ailleurs après une dispute ? Prendrait-elle peur et irait-elle essayer sa chance avec quelqu'un d'autre ? Lola passa ses bras autour de ses jambes et fit une moue, car elle réfléchissait. "Please don't think this is about Alex, or that I'm not over her, or - I just, it- it- it was my first committed, monogamous relationship. And it hurt like a bitch. And I'm scared." Lola secoua la tête doucement. Elle savait que ce n'était pas en lien avec son ex, en tout cas pas à des sentiments amoureux qui restaient ; elle savait que c'était plus profond chez Grace, quelque chose d'ancré en elle, des croyances, des terreurs.

"Remember when you told me you had no intentions of hurting me? Well, me neither. And this is me telling you that."

A ces mots, le corps de Lola se détendit de nouveau. Elle se tourna vers Grace, qui ne la regardait pas, qui s'agitait. Elle semblait nerveuse, et Lola se demanda soudain si elle avait peur qu'elle ne parte. "I'm not going anywhere. You know that, right?" C'était le plus important à dire avant tout. Le reste était plus confus, plus complexe. Si Grace avait été voir ailleurs dans le passé, qu'est-ce qui l'empêcherait de le faire maintenant ? Si elle avait aussi peur d'être amoureuse, est-ce que ça ne les mènerait pas à des conflits récurrents sur l'attachement et l'exclusivité ? Deux personnes qui ont souffert en amour et qui doivent réapprendre à faire confiance : c'était ça qu'elles tentaient d'unir dans une relation, mais est-ce que c'était possible ? Est-ce que Grace en avait ne serait-ce qu'envie ? Elle avait des sentiments, mais elle n'avait pas précisé ce qu'elle voulait.

"All I know is I am willing to figure this out together if you are. And it won't be a one-talk process. We won't know by tonight what's the best way to do this. I think we're just gonna have to wing it, and be honest with each other, and adjust as we go. Does that sound like something you'd want to try?"

Elle approcha doucement sa main de Grace pour passer son bras autour d'elle, dans un geste qui se voulait rassurant et bienveillant. Elle posa sa tête sur son dos, et ferma les yeux. C'était épuisant de parler avec une telle honnêteté, de dire toute la vérité et rien que la vérité. "I know I've stayed over twice already this week, but if you'd like me to, I can sleep here tonight." Et elles pourraient se mettre en pyjama immédiatement et passer le reste des heures à regarder des films, écouter de la musique, regarder Kim Possible découvrir son nouveau jouet, et grignoter en discutant de choses et d'autres. Elles pouvaient prendre le temps d'exister.

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyVen 24 Avr 2020 - 22:30

Épaules courbées, Grace vide son coeur avec un cru qui l’effraie elle-même : elle ignore d’où tout ça sort, où elle rangeait cette peur qu’elle laisse s’échapper sans même y regarder à deux fois. Elle laisse tout sortir, quitte à faire peur à Lola : elle accepte cette possibilité. Ce besoin d’être franche, honnête, de ne rien cacher, elle l’a toujours préservé et chéri dans ses relations quelles qu’elles soient. La peur de mentir, de subtiliser les cartes à autrui et qu’ils n’aient pas toutes les cartes en main pour décider. Fut un temps où ce réflexe tenait simplement d’un besoin viscéral de confiance - aujourd’hui, elle a envie de faire peur à Lola, de la mettre face à ce qu’elle risque de connaître si elle ne se préserve pas. Elle veut la faire fuir, quelque part, et elle en a bien conscience. Pourtant, à chaque fois qu’une phrase se termine, elle guette une réaction de la part de la jeune femme, incroyablement silencieuse, parce que plus que tout, elle redoute qu’elle ne claque la porte sans demander son reste. Ce qu’elle demande est exactement ce qu’elle redoute. Puis sa tirade s’interrompt d’elle-même, ce qu’il lui reste sur le coeur se tarit, pas parce qu’il n’y a plus rien à dire mais parce qu’elle n’en a plus la force. Elle a besoin d’une pause, d’une brève réassurance avant de savoir si elle peut continuer, de savoir si tout n’est pas déjà vain.

"I'm not going anywhere. You know that, right?"

And that’s dumb. You should know better. Elle le garde pour elle. Lola est adulte, Lola sait ce qu’elle fait, ce qu’elle veut et plus que tout, Lola a appris et retenu les leçons du passé. Si elle veut lui donner une chance, elle en est parfaitement libre et ce n’est pas à Grace de la préserver. Toujours décider pour soi. Mais Grace se rappelle Lola ramassée sur elle-même, en larmes à cause de leur retour d’Islande, à ses petits pas face à ce qu’elles étaient en train de devenir, et elle a envie de la prévenir à nouveau, d’insister davantage : non, vraiment, je suis un désastre. Un désastre qui en l’espace de quelques mois, pour faire taire la douleur, avait enchaîné des relations trop courtes et malhonnêtes, couché avec une femme mariée, manqué à dix - quinze ? - reprises de rappeler Alexandria. Une expérience dans les relations monogames et fermées proche de zéro : il n'y avait eu qu'Alex, parce qu'elle ne s'était sentie prête à ça qu'avec elle. Et quand tout s'était terminé sur une dégringolade somptueuse, elle avait directement tourné son dos aux relations exclusives. Réflexe de défense un peu naïf, mais ô combien rassurant : se fermer à toute possibilité d'attache la protégeait d'une douleur qu'elle n'avait pas su gérer la première fois. Grace était une âme sensible, facilement écorchée pour peu qu'on prenne le temps de soulever sa carapace. Plus que Lola, c’était elle-même qu’elle tentait de protéger.

"All I know is I am willing to figure this out together if you are. And it won't be a one-talk process. We won't know by tonight what's the best way to do this. I think we're just gonna have to wing it, and be honest with each other, and adjust as we go. Does that sound like something you'd want to try?"

Elle n’ose toujours pas tourner la tête vers elle : ça lui semble trop compliqué, après s’être mise à nue ainsi, mais elle hoche quand même la tête, après un bref instant de réflexion. Ne pas se donner de chance serait absurde, après tout ça ; face à toute l’affection qu’elle lui portait et qu’elle avait développé à son égard. Les bras de Lola viennent l’envelopper, et elle retombe un peu sur terre, hors de ses psychoses, laisse sa tête se poser contre le cou de Lola, se détend près de son odeur. “Of course. Of course I want to give us a chance, Lola. Jesus, you have no idea.” Elle avait juste besoin que ce soit très, très, très lent. Qu’elles prennent le temps de comprendre ce dont elles avaient besoin, l’une avec l’autre, et chacune séparément. Elle en oublie sa proposition de rester ce soir : elles verront plus tard. “But you know what you’re in for, right?” Elle se redresse, essaie de la regarder dans les yeux : toujours compliqué. “A lot of shit, probably. I mean, I can’t tell for sure, but I wouldn’t be surprised.” Elle se connaît relativement bien, après tout. “I just… I do want to be with you. But I’ve been a mess these past few months and there’s a whole lot I need to untangle.” Elle s’humecte les lèvres, hésite un instant : “I’ve been hanging out with an ex, lately. Nothing happened, nothing’s gonna happen, but I want you to know. Just to be sure. Because I don’t want you to think I’m hiding things from you.” Et rien de ça n’était le pire : “I slept with a married woman.” Elle se pince les lèvres : il n’y a aucune fierté dans son ton. Grace a l’impression d’avoir dix-huit ans et de trahir un de ses amis proches pour assouvir ses besoins à elle sans tenir compte de ceux des autres. Elle a l’impression d’être retournée à celle qui avait accepté d’être la seconde option de Claire au mépris du bonheur d’autrui. Elle ne s’aimait pas, à cette époque.

This might sound trivial, but I want to be honest with you. And I want you to be sure that’s what you want. And I need to know what you need, and what you expect from a relationship. Cause I'm not going to let you take shit from me just because I went through a rough patch.

@Lola Wright
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 27 Avr 2020 - 13:39

"Of course. Of course I want to give us a chance, Lola. Jesus, you have no idea." "Okay, then." Et Lola était douce, et Lola était affectueuse, car elle ne se serait jamais attendue à en arriver là avec quelqu'un, à autant de vulnérabilité et de douceur et de tendresse, même dans une conversation qui faisait mal autant qu'elle faisait du bien. Elle avait la preuve, dans ce dialogue, qu'elle tenait énormément à Grace. Ce n'était pas raisonnable, ni raisonné, c'était simplement la vérité, et elle l'acceptait enfin, après des semaines de lutte intérieure. "But you know what you’re in for, right?" Lola s'éloigna du corps de Grace, surprise qu'elle revienne sur le sujet, qu'elle refuse de passer à autre chose : ça ne lui ressemblait pas. Elle comprit à quel point ce qu'elle lui demandait était difficile pour elle, et se demanda si elle ne faisait pas une erreur, si elle ne se battait pas pour quelque chose qui allait uniquement lui faire du mal à la fin. Elle s'était toujours protégée, et elle choisissait de s'ouvrir avec quelqu'un qui mettait trois cent panneaux attention ? Est-ce que c'était une bonne idée ?

"A lot of shit, probably. I mean, I can’t tell for sure, but I wouldn’t be surprised." Lola resta silencieuse, car les pensées se précipitaient en elle, et elle ne voulait pas instinctivement vomir toute ses inquiétudes naissantes sur une Grace qui était déjà assez apeurée comme ça. "I just… I do want to be with you. But I’ve been a mess these past few months and there’s a whole lot I need to untangle." "That makes sense. You can take your time to do that." Lola se voulait rassurante, encore, même si ses certitudes vacillaient, même si le vent devenait trop fort pour sa barque. Elle s'accrochait à sa ligne, à son cap. "I’ve been hanging out with an ex, lately. Nothing happened, nothing’s gonna happen, but I want you to know. Just to be sure. Because I don’t want you to think I’m hiding things from you." Lola soupira. Elle détestait ces révélations. Elle n'avait pas envie de savoir, et en même temps, elle se doutait qu'on ne construisait pas une relation sur le déni.

Puisque Grace avait dit ex et pas Alex (deux lettres de différence, ça faisait un monde), Lola sut que c'était quelqu'un d'autre. Elle ne savait pas à quel point elle devait se sentir menacée par ce fantôme. "Do you still have feelings for that person?" Puisqu'on y était, autant y aller jusqu'au bout, dire toute la vérité et rien que la vérité. Ce que Grace faisait d'ailleurs d'elle-même. "I slept with a married woman." Lola haussa les épaules, car cette vérité ne l'atteignait pas du tout. Elle n'aimait pas imaginer Grace avec qui que ce soit, mais quant au fait que la femme soit mariée ou non, ça ne la regardait pas. C'était un être humain adulte et consentant qui avait des problèmes dans son mariage. Lola se fit la réflexion que travailler avec Jamie l'avait énormément aidée à mettre ses préjugés de côté et à accepter des parties de la réalité qu'elle avait toujours refusées avant. Elle lui envoya de la gratitude mentalement et espéra qu'il la recevrait, où qu'il soit (probablement chez lui). "This might sound trivial, but I want to be honest with you. And I want you to be sure that’s what you want. And I need to know what you need, and what you expect from a relationship. Cause I'm not going to let you take shit from me just because I went through a rough patch."

Lola se leva. Sa tisane était enfin à la bonne température, donc elle l'embarqua pour la boire tandis qu'elle faisait les cent pas devant le canapé. "First, I need honesty, but I have a feeling that's not gonna be an issue." Une plaisanterie pour aborder le sujet et détendre l'atmosphère ; ça ne marcherait probablement pas, mais Lola avait un sourire fragile qui se dessinait, une envie d'arranger cette situation qui semblait se décomposer entre ses mains. Elle ne pouvait pas lancer un sortilège et tout rendre joli et simple, et sa propre impuissance la frustrait. Une partie d'elle-même commença à se dire qu'elle n'aurait peut-être pas dû avouer ses sentiments, qu'elles auraient pu passer une journée simple et joyeuse si elle avait su se taire. "Second, I need some sense of safety. I don't need to know what you're thinking every second or who you're seeing. I'd rather not, actually." Sa voix était devenue un peu plus distante, mais elle s'efforça de respirer pour retrouver de la douceur. "But I do need to feel that you're in this with me, despite the fear, despite the running around. I need to feel we're a team." Elle baissa les yeux et reprit sa marche. Elle n'osait pas aborder l'exclusivité, maintenant que Grace avait si clairement dit que ce n'était pas simple pour elle. Pourtant, il le fallait. "I also expect monogamy, but at this point, I don't know if that's realistic."

Elle détestait cette conversation, elle détestait cette conversation, elle détestait cette conversation. Elle ferma les yeux, et sentit Kim Possible passer le long de son mollet, ce qui la fit sourire et redescendre sur Terre. Tout allait bien se passer, somehow. C'est ce qu'elle avait besoin de croire, en tout cas. "I'm not ready to talk about long-term or projects for Christmas, you know? That's not where I'm at. But I do need to be able to say: hey, in the summer, we could go to Brazil, let's say, without you freaking out on me. Which, I don't know if that's possible." Elle fronça les sourcils. Elle ne savait pas ce qui allait être possible ou pas. Elle ne savait pas de quoi serait faite leur relation. Elle était épuisée de tenter de l'imaginer et d'en parler de façon si abstraite. Elle reposa sa tasse vide, et s'installa sur le lit, le regard vers le mur. "I don't know. This is not how I imagined telling someone how I felt, I guess." Elle luttait contre une envie de se rouler en boule dans un mutisme complet pour quelques heures. A défaut, elle resta immobile, assise.

@Grace Coughlin
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Message(#)efflorescence (lola&grace) EmptyLun 27 Avr 2020 - 16:20

Pour la première fois, elle réalise qu'elles n'ont jamais vraiment mentionné leurs relations précédentes l'une à l'autre (pour quoi faire ? Elles n'avaient été qu'amies, jusqu'à ce qu'elles arrêtent de se voiler la face). De Lola, Grace n'avait entendu que le nom de Yelahiah, ainsi qu'un crush un peu évasif sur Jordan. Grace, de son côté, n'avait évoqué que vaguement Claire, la déclencheuse de ses tornades émotionnelles et surtout, Alexandria, la plus importante, la plus récente aussi. Si bien qu'elle n'avait jamais parlé de Jessian, de sa proximité avec elle, de tout ce qu'elle signifiait pour elle. "Do you still have feelings for that person?" La question n'était que logique. Elle réfléchit, un instant. Se laisse repenser à ses moments passés avec Jessian depuis leurs retrouvailles à Brisbane, la mélancolie particulière qui les liait d'une manière indicible et inexprimable – et le fait que malgré celle-ci, jamais rien ne s'était passé entre elles. Parce que ça leur était parvenu comme une possibilité, mais qu'envers et contre tout elles n'en avaient rien fait. Elles avaient plutôt préféré rattraper le temps perdu et prendre des nouvelles. Se réinsérer lentement dans la vie l'une de l'autre. Alors, “I don't”, finit-elle par répondre avec toute la conviction qu'il lui est possible d'invoquer. Elle aurait toujours quelque part en elle une profonde attache vis-à-vis de Jessian, en honneur à leurs trois ans passés ensemble au bout du monde, mais elle ne comptait pas en faire quoi que ce soit de romantique. Et avec Lola dans sa vie, officiel ou non, barrières de la monogamie ou non, elle ne se voyait pas lui manquer de respect de la sorte.
Elle poursuit, mentionne Aspen, par réflexe, par besoin d'être fustigée. Parce que coucher avec une femme mariée ou prise d'une quelconque façon par quelqu'un d'autre la renvoie à ses tourments de jeune adulte incapable de faire la part des choses et de respecter l'engagement d'autrui au profit de sa propre gratification. Il avait fallu revoir Claire à sa fameuse intervention auto-entreprise, la semaine d'avant, en compagnie de Mira et Jordan, pour qu'elle relativise un peu la situation et puisse s'excuser face au petit-ami de Claire de l'époque. Cependant, elle n'avait pas cessé de se fustiger pour autant : Claire était mal dans sa peau, Claire cherchait un refuge et Grace était amoureuse d'elle. Elles avaient profité l'une de l'autre, oui, mais la seconde en avait été plus malheureuse que la première. Difficile de ne pas faire de parallèle avec Aspen.

Puis Lola se lève, quitte le canapé. Grace sent que la jeune femme prend sur elle, s'évertue même pour ne pas lui en vouloir, ou en tout cas ne pas lui montrer ouvertement. Voilà qui rend caduque toute idée de se convaincre davantage qu'elle ne mérite rien de tout ça. "First, I need honesty, but I have a feeling that's not gonna be an issue." Grace baisse la tête : toujours, sa propension à trop en dire par souci de clarté, peut-être un peu pour faire fuir. Elle n'ose pas relever la tête et contempler les dégâts, voir le regard défait de Lola et son menton commencer à trembler. "Second, I need some sense of safety. I don't need to know what you're thinking every second or who you're seeing. I'd rather not, actually." La voix devient dure et Grace courbe encore davantage l'échine. “Right”, souffle-t-elle en réponse. Commence à s'amorcer l'idée qu'elle a peut-être été trop loin, mais le concept que toute vérité n'est pas bonne à dire est peine perdue chez elle. Lola poursuit. Le besoin d'unité. La monogamie. Une stabilité relative, au moins à court-terme. C'est à Grace de pousser un soupir sorti du plus profond d'elle-même : ça lui en demande beaucoup, de parler de tout ça, de ne pas rétorquer de manière cinglante avec un autre élément blessant. Elle a peur mais elle ne veut plus effrayer. Elle ne la détrompe pas non plus sur l'irréalisme présumé de la monogamie, mais l'idée la blesse. Plus rien, au fond, ne semble réaliste dans les mots de Lola et elle ne sait même pas comment la contredire. "I don't know. This is not how I imagined telling someone how I felt, I guess." Elle passe sa main valide sur son front, peu sûre de comment se dépêtrer de tout ça. Elle ne bouge pas, en tout cas. Pas encore.

Look, I asked you to come with me to Iceland and we weren't even a thing back then.” Est-ce supposé effacer tout le reste ?  “And I did it knowing what it could mean. It meant that I cared about you enough to do such a difficult thing with you. I had feelings for you and I wanted you to know that.

C'est tout ? Se focaliser uniquement sur la réflexion débile et hypothétique sur le Brésil ? Elle se reprend, respire, s'accorde quelques secondes de silence pour réorganiser ses idées. “I know that's not what you expected. And that's not what I expected either. Jesus -- do you really think I planned on falling in love that fast after getting my heart broken?” L'idée qu'elle puisse être excessivement dure avec quelqu'un pour qui s'ouvrir autant était aussi difficile que pour elle ne la frôle même pas. Pour l'heure, Grace est encore entièrement absorbée par ses émotions intenses et contradictoires et il lui faut un effort surhumain pour ne serait-ce qu'apercevoir les émotions confuses de Lola dans sa périphérie. “I'm just– I need time to think things through.” De toute évidence, oui. C’est à son tour de se lever, délaissant complètement la tisane à laquelle elle n’avait même pas touché. Ni faim, ni soif. Du coin de l’oeil, Kim Possible la regarde et saute sur le canapé dès qu’il sent qu’elle n’est pas prête à l’engueuler. Au tour de Grace de déambuler dans la pièce. “But I'm not going anywhere. It doesn't mean I'm going to bail first thing and sleep with someone else just because I'm scared of being...tied down, or something. That's not who I am.” Ah, on y vient : le besoin de défendre son honneur, ses principes, même si ce n’est qu’à ses propres yeux.

I'm not a cheater. I'm not someone who runs away when things get hard. That's precisely why I'm telling you all this, right now – so you know things might get confusing, and choose whether to stay or not.

Du moins, elle essayait de ne plus être cette personne-là. L’admettre, c’était difficile. S’ouvrir sur ses peines et ses défauts avec une telle vulnérabilité, sans le faire de manière agressive et rester sur l’offensive, ça l’est encore plus pour elle. Finalement, timidement, elle vient s’asseoir près de Lola, après lui avoir demandé d’un regard timide. “I’m sorry I was harsh.” Elle prend sa main, toujours farouche, jamais convaincue de faire ce qu’il faut. “I want to try my best. I really do.I’m just being dumb. And scared shitless of getting hurt. Elle se laisse tomber en arrière, tête sur la couverture, invite Lola à venir dans ses bras en tirant sur le bas de son t-shirt. “I know you probably don’t want to, but you can stay here tonight. We can watch cartoons”, suggère-t-elle du bout des lèvres.

@Lola Wright
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