« Je sais pas. » Bizarrement. Tu comprends. Tu ne cherches pas à aller plus loin de ce côté là. Ca sert à rien. Elle a peur. Tu as peur. Pas forcément à propos des mêmes choses, mais la finalité est la même. « Parfois c’est pas facile… » Plus que parfois même. Quand c’est facile, c’est trop beau. T’y crois pas. C’est pas normal. T’as pas l’habitude. Tu attends que ça change, que la roue tourne de nouveau. Tu te gâches les bons moments en attendant que le pire soit de retour. Tu le sais. Tu bosses là dessus tous les jours. Mais ce serait bien plus simple si t’avais ta femme à tes côtés pour se faire. Tout était beau avec elle. Tout était simple. « L’association Beauregard. » Oh. « Tu connais ? »

« Ouais je connais. » Une cousine de Rosa y bosse. Vous avez été aidé par l’association pour la paperasse au moment de la mort de Rosa. Votre situation n’avait rien à voir avec le cancer, mais les démarches funèbres sont les mêmes. T’as voulu enlever ça des épaules de Maria et comme t’avais jamais pris en charge ça toi même, c’est là que tu t’es tourné. Il sont été d’une très grande aide. « Il y a des moments sans, et des moments avec. » T’as aucune idée de quoi consiste la chimio véritablement. T’as entendu des trucs, t’as vu des films et des séries, mais personne de ton entourage proche n’en a été touché. Tu sais donc pas. « Ils veulent que j’arrête la chimio. » Fuck. Parce que ça sonne pas comme un truc positif ça.

« Désolé j’y connais rien… Ca veut dire quoi pour la suite ? C’est toi qui décide si t’arrêtes ? » Le ‘ils’ doit être les docteurs. Elle a l’air assez paumé. Assez pour t’en parler alors que t’es clairement personne pour elle. Justement. Ca doit facilité. Pas de jugement en plus de ton côté. T’es pas comme ça. Tu sais même pas de quel cancer elle est atteinte. T’as peur que si elle ne précise pas, ce soit généralisé ou bien plus qu’une simple localisation de son anatomie. Tu sais pas. Tu demandes pas. Ca ne va pas changer la finalité de tout ça.

« le prix à payer »    jordan fisher & adèle shephard

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Pourquoi elle trouve ce confort de lui en parler à lui ? Elle n’en sait rien mais ça lui semble facile, et évident surtout. Adèle n’a jamais appris à se forcer pour se confier, faut que ça vienne d’elle, spontanément sinon elle se renfermera aussitôt. Et c’est ce qu’il fait, sans l’assommer de questions, de toute évidence elle n’aura jamais les réponses qu’elle recherche. Il est patient, et elle perd son regard un instant autour d’elle. Le cœur lourd et sombre, sans jamais réellement le montrer. Gardant ce sourire au coin des lèvres, et cette envie de se battre quand même. De gagner ce combat, elle est entourée Adèle, on la protège bien. Et elle sait trouver confort autour d’elle. « Ouais je connais. » Elle relève ses yeux sur lui, il connait beauregard. Avant sa maladie, elle ne savait rien de cette association. C’est grâce aux médecins qu’elle a su, et finalement après de longues hésitations, elle a fini par y aller, avec un ami. « Moi je connaissais pas avant… » Elle s’arrête brutalement, laissant un soupire s’échapper, il pourrait bien finir sa phrase, elle n’en doute pas une seconde. « C’est vraiment une assoc qui aide… Et qui sont très présents. » Elle ne va pas se mentir à elle-même, ils ont beau avoir une place importante dans sa vie, et ils ont eu beau l’aider mieux que personnes, sans la présence de Nino Marchetti là-bas, elle n’y serait jamais resté longtemps. La vérité c’est qu’il a su capter son regard et son attention, à tel point qu’elle y revenait le lendemain, pour le voir, lui. Plus que ses ateliers. Le bon à rien comme il aime se surnommer, ne l’était pas aux yeux d’Adèle Shephard, mais elle n’en a jamais rien dis à personne, préférant garder tout ça soigneusement pour elle. Après tout, elle est malade, il n’a aucune raison de s’intéresser à une jeunette comme elle. « Désolé j’y connais rien… Ca veut dire quoi pour la suite ? C’est toi qui décide si t’arrêtes ? » Elle se perd un peu dans ses pensées, et finalement, la voix de Jordan la ramène à la raison, elle finit par lui sourire, haussant les épaules. « Je sais pas bien, je suppose que c’est pas vraiment bon signe… » Mais fallait bien qu’un jour elle arrête non ? Maintenant ou dans quelques semaines, c’est quoi la différence… « Je pensais qu’en arrêtant, je retrouverai ma forme, et toute ma vie… » Douce illusion. Elle est peut-être trop naïve. « Non c’est pas vraiment moi qui décide, c’est mon corps… Je crois que je ne supporte plus vraiment le traitement. » Qu’elle avoue, parce que c’est la vérité, elle se sait davantage malade ses derniers temps, et si elle pensait que ça finirait par passer, elle doit se rendre à l’évidence, les médecins lui ont ouvert les yeux : ça ne changera pas du jour au lendemain. « Je crois qu’ils ont d’autres plans pour moi… » La chirurgie apparemment, mais ce n’est qu’au stade de la discussion pour le moment.

« Moi je connaissais pas avant… » Toi non plus tu connaissais pas avant. C’est pas forcément bon signe si on a eu à faire avec eux. C’est synonyme de maladie pour la plupart. Tu vas pas lui exposer ton histoire avec l’assoc. Elle va se douter d’elle même. « C’est vraiment une assoc qui aide… Et qui sont très présents. » Tu hoches la tête. Ouais, ils t’ont bien aidé. T’as aussi une personne de ta famille qui y bosse. Elle doit peut être connaître Veronica. Tu demandes pas pour autant. C’est pas important là. « Je sais pas bien, je suppose que c’est pas vraiment bon signe… » T’es surpris par sa réponse mais tu ne le montres pas. Ca doit être assez effrayant comme ça pour elle tout ça.  Elle a pas l’air de trop savoir la suite des choses. Forcément pas bon signe. Tu supposes que les docteurs le disent bien clairement quand le cancer est plus là et que la rémission commence.  « Je pensais qu’en arrêtant, je retrouverai ma forme, et toute ma vie… » Tu l’écoutes sans commenter, tu n’as aucune idée de tout ça. T’es pas familier. « Non c’est pas vraiment moi qui décide, c’est mon corps… Je crois que je ne supporte plus vraiment le traitement. » Oh. Hmmm. Pas bon signe. « Je crois qu’ils ont d’autres plans pour moi… » Tu hoches la tête.

T’as aucune idée à quoi elle fait référence. Elle n’a pas trop l’air de vouloir aller dans le détail et du coup tu sais pas vraiment quoi dire. Après avoir laisser passer un moment sans un bruit... Un ange est passé. Tu chantonnes  « It’s like holding on when my grip is lost. I still feed my insecurity when I know the cost. Is it taking over? Will it bury me? Or will clarity become the cure for my disease… » T’as pas vraiment réfléchit avant de sortir ce passage là. C’est juste que la chanson t’es venue en tête et ce bout là surtout. Tu laisses le silence s’installer ensuite de nouveau alors que le soleil se couche en face de vous. La raison première de ta venue ici.