“Kiss the tears right off your face. Won't get scared, that's the old, old, old me. I'll be there, time and place, lay it on me, all you're hold, hold, holding. Time, time only heals if we work through it now and I promise we'll figure this out. I will take your pain and put it on my heart I won't hesitate just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you, you saved me once and now I'll save you too”
Lui parler de ma crise qui m’a conduit à me faire hospitaliser et ma dépression n’est pas anodin pour moi puisque je n’en avais jamais parlé à qui que ce soit avant. Du moins pour mon séjour en psychiatrie parce que ma dépression les personnes les plus proches de mon entourage le savaient tous. Ça n’a vraiment pas été une période facile pour moi et je pense que pour ma famille qui essayait tant bien que mal de m’aider ça devait être assez compliqué parce que je repoussais tout le monde, tout le temps. J’avais besoin d’être seul ou du moins c’est ce que je croyais. Au final je pense que j’avais surtout besoin d’être entouré mais je le refusais catégoriquement. Les deux seules personnes que je laissais m’approcher étaient Primrose et Romy sans que je ne sache réellement pourquoi j’acceptais de les voir elles et pas les autres. Romy et ses bouteilles de vin et ses amarettis m’ont bien aidées, et Prim et son soutien sans failles également. « Si un jour ça va pas tu me promets de me le dire ? » Maintenant c’est Alex qui va s’inquiéter et elle commence déjà à le faire. Il faut qu’elle me fasse confiance et qu’elle arrive à me croire quand je lui dis que je vais mieux. Certes la culpabilité est toujours là, présente, dans un coin de ma tête mais je pense que le plus important à souligner c’est l’absence de mes idées noires mais Alex ne semble pas forcément d’accord avec moi sur ce point. Pour tenter de la rassurer une nouvelle fois j’hoche la tête avant de lui répondre. « Oui, t’en fais pas. » Je lui demande de ne pas s’en faire alors qu’au final je suis sûr qu’elle va y repenser encore et encore et qu’elle va avoir tendance à paniquer ou à mal interpréter tout un tas de choses maintenant. Peut-être qu’au final je n’aurais pas dû lui dire. Ou du moins attendre encore un peu ? Mais maintenant Alex ce n’est plus simplement ma petite-amie mais elle est surtout la future mère de mes enfants et je ne veux plus avoir aucun secret pour elle. Maintenant elle sait absolument tout de ma vie. Mais pourtant elle continue à me poser des questions sauf que cette fois elle s’intéresse plus spécifiquement aux circonstances exactes de l’accident, et quand je lui dis que ça avait eu lieu un peu après trois heures du matin et que j’étais fatigué sa première question était de me demander si j’avais ou non consommé de l’alcool ce soir-là. Un peu comme si ma réponse changerait son point de vue sur l’accident à savoir si je suis à blâmer ou non. Bien évidemment je n’ai pas du tout apprécié sa question que j’ai trouvé très maladroite et je lui fais bien comprendre sans vraiment lui répondre. « J'aurais pas du dire ça, je suis désolée. » Effectivement, non, elle n’aurait pas dû mais je décide de clore le débat là-dessus, pas franchement motivé pour en parler un peu plus. Mais après je ne lui en veux pas vraiment parce que c’est Alex et elle a toujours été très maladroite. Ça fait même un peu partie de son charme. Sauf peut-être dans ce genre de moment je dois bien l’avouer. « Je ne sais pas comment t’aider. » Sauf que je n’ai pas vraiment besoin d’aide. Comme je lui ai déjà dit un bien grand nombre de fois, je vais bien. Je n’ai plus besoin d’aide. Alors je ne lui réponds pas, je me contente simplement d’hausser les épaules en espérant qu’elle n’insiste pas plus sur le sujet. Je lui demande même d’arrêter cette conversation. Parce que je n’ai pas envie de parler de l’accident. Elle pouvait me poser toutes les questions qu’elle voulait j’y aurais répondu sans aucun souci mais il a fallu qu’elle aborde ce sujet. En soit, je peux la comprendre. Elle voulait savoir. Elle voulait mieux comprendre, coller un peu plus les morceaux. Mais maintenant elle sait le principal et je pense que c’est largement suffisant. Et pour bien lui montrer que je n’ai pas envie de continuer cette conversation je me plonge dans la lecture d’une des nombreuses lettres conservées dans la boite. « Je n’ai pas l’intention de te demander ça. On trouvera une place pour que tu puisses ranger tout ça. » Tout de suite je me sens clairement plus soulagé et je reprends sa main dans la mienne et approche mon visage du sien pour déposer un baiser sur sa joue. « Merci. » Je lui dis presque en murmurant. « Tu sais, que ce soit les photos ou les lettres je les regarde pas souvent. Mais le fait de savoir qu’elles sont à proximité ça a quelque chose d’un peu apaisant. C’est un peu con, je sais. » Parce qu’au final que ce soit les lettres ou les photos je ne les ai pas regardées et lues une seule fois depuis son décès mais elles ont le mérite d’être là, quelque part pas très loin. « J’ai vu les lettres en ouvrant la boite, mais tu connais mon niveau de français. J’ai pas fouillé mais vous aviez l'air de vous écrire beaucoup. » Quand elle me parle de son niveau de français j’ai presque envie de sourire parce que oui, elle a peut-être grandi pas très loin de la France mais ce n’est pas pour autant qu’elle savait parler la langue et c’est quelque chose qui m’amusait beaucoup. Même si moi j’ai surtout perfectionné mon niveau avec Victoria et grâce à mes mois passés à Paris. Parce qu’elle aussi elle se foutait beaucoup de ma gueule quand je confondais un mot avec un autre et que ma phrase n’avait plus aucun sens. « Quasiment toutes les lettres datent de la période où elle a dû rentrer à Paris pour essayer d’avoir un visa. On a été séparé pendant six mois et elle me disait qu’elle trouvait les lettres romantiques. Du coup on a commencé comme ça. » Mais je pense que c’est presque mieux qu’Alex ne parle pas français parce que je ne suis pas sûr qu’elle ait réellement envie de lettre un mot de Victoria me disant à quel point je lui manque, qu’elle a hâte de pouvoir me retrouver à Brisbane pour pouvoir m’embrasser dès qu’elle en a envie et qu’elle voulait pouvoir dormir dans mes bras tous les soirs. Non vraiment, je pense qu’il vaut mieux qu’elle ne lise pas ça. « La lettre que tu as lu, elle a une importance particulière ou tu l'as prise au hasard ? » Je secoue la tête de droite à gauche. « Non non je l’ai prise au hasard. » Je lui assure. Mais de toute manière je ne suis même pas sûr qu’il y ait réellement une lettre qui a une importance spéciale. « Je suis désolée d'avoir insisté tout à l'heure. Tu m'en veux ? » Je ressers un peu sa main dans la mienne et m’approche d’elle pour l’embrasser tendrement pendant simplement quelques secondes. « Non je t’en veux pas. » Et puis elle avait le droit de savoir. « Et moi je suis désolé si je me suis montré froid. Mais j’aime vraiment pas parler de l’accident et je préfère pas aborder le sujet. » Une manière de lui dire que je ne voulais pas qu’elle me questionne à nouveau là-dessus mais de toute façon je crois qu’elle l’avait bien compris.
nightgaunt
@"Alex Clarke"
Dernière édition par Caleb Anderson le Sam 20 Nov 2021 - 7:41, édité 1 fois
You saved me once, you know i'll save you too. I won't hesitate for you.
Il me dit de ne pas m'en faire pour lui, mais je ne sais pas s'il a conscience que c'est compliqué de ne pas m'inquiéter pour lui, pour tout. Ce qu'il a vécu, je ne pourrais jamais être en mesure de le comprendre, et je n'étais pas là à l'époque. Je ne sais pas comment il était, comment il allait, comment se manifestait ses émotions à ce moment précis de sa vie. Il me dit qu'il va mieux, que je ne dois m'inquiéter, et je ne peux que me fier à lui et le croire. Je n'ai que ça à faire mais c'est compliqué. Parce que si aujourd'hui, il m'assure qu'il va bien, est-ce que je serais en mesure de voir s'il venait à aller mal par la suite ? Est-ce qu'il aurait assez confiance pour se confier à moi s'il allait mal ? Est-ce qu'il serait prêt à s'appuyer sur moi s'il se sentait pas bien ? C'est autant de questions qui restent sans réponses, mais aujourd'hui, il a partagé avec moi certaines choses de son passé, et je dois réussir à lui prouver que je peux entendre, et supporter tout ce qu'il peut être amené à me dire. Alors, même si une partie de moi, reste inquiète pour lui, je n'insiste pas. Du moins pas plus que je ne l'ai déjà fait. Je ne remets pas en doute le fait qu'il me dise qu'il va bien, je fais le choix de le croire, tout en gardant en tête que je dois faire plus attention à lui à l'avenir. Et a défaut de le questionner encore sur sa dépression, je cherche à en savoir plus que l'accident. J'ai besoin de comprendre, besoin aussi de lui montrer que je peux tout entendre, que je peux gérer les bons comme les moins bons moments. Et clairement, en ouvrant cet album photo, je ne pensais pas en arriver à ce moment. Je ne pensais pas l'entendre me raconter avec une culpabilité débordante, l'accident qui a tué son ex-fiancée. Ce n'était pas ainsi que j'avais prévu de passer la soirée, et je sais que lui non plus. Et comme si la situation n'était pas assez tendue, je suis incapable de ne pas être maladroite dans mes propos. Je réagis mal sous pression, et là je devais dire quelque chose, sauf que j'aurais du me taire, plutôt que lui demander s'il avait bu. Je m'en veux de lui avoir dis ça, je m'en excuse sincèrement, et il ne réagit pas. Je suis vraiment une calamité quand il s'agit de soutenir les autres. Et je m'en veux de ne pas réussir à l'aider, de ne pas trouver comment le soutenir, comment l'accompagner alors que je le force à revivre le pire moment de sa vie. Je voudrais l'aider, je le voudrais tellement mais je ne sais pas comment faire. Je lui avoues tout ça, et il ne réagit pas plus. Il lève les épaules, avant de demander à arrêter cette discussion. Et je me résous à me taire, le laissant se plonger dans une lettre qu'il a tiré de la boite. Laissant le silence s'installer, je souffle doucement alors qu'il est en train de lire les mots de son ex-fiancée, me concentrant sur le mur, tentant de remettre de l'ordre dans mes idées. Je ne sais pas à quoi il pense à ce moment précis, je crois que je ne suis même pas en mesure de savoir à quoi je pense moi. Et c'est finalement, lui brise le silence, et il m'oblige par la même à me concentrer sur une seule chose. Et si je suis jalouse de leur histoire, un peu, si je me sens mal à l'aise quand on évoque Victoria, je ne vais pourtant pas l'obliger à se débarrasser de ses souvenirs. Je ne peux pas le priver de ses souvenirs, c'est tout ce qu'il lui reste et je sais qu'il m'en voudrait si je venais à lui demander ça. Et à l'inverse, mes propos semblent pour une fois le rassurer, un peu. Je sens sa main qui prends la mienne, celle là même qu'il avait lâché quelques minutes plus tôt. Il dépose un baiser sur ma joue. Il me remercie, et je me tourne vers lui, un léger sourire aux lèvres. . « Tu sais, que ce soit les photos ou les lettres je les regarde pas souvent. Mais le fait de savoir qu’elles sont à proximité ça a quelque chose d’un peu apaisant. C’est un peu con, je sais. » Je ne trouve pas ça con, perturbant pour moi peut-être un peu, parce que ça me questionne sur pleins de choses, mais loin d'être con. De toute façon, j'ai le monopole des trucs cons, à partir du moment ou je peux avouer être jalouse d'une morte ou au moins me sentir intimidée par le souvenir d'une morte, je pense sincèrement que tout le reste peut paraître censés à côté non ? Et si par les lettres et les photos, le souvenir de Victoria arrive à l'apaiser, je n'ai pas d'autres choix que d'accepter ça. « C'est pas con. Si ça t'apaise, c'est pas con. » Déroutant pour moi, mais loin d'être con. Sauf que je ne peux pas lui dire ça. « Ce sont tes souvenirs, je n'ai pas à te dire comment tu dois les gérer. » Peut-être que j'ai moi aussi besoin d'apprendre à vivre avec l'idée qu'elle est là pas très loin. Du moins que les souvenirs d'elle ne sont pas très loin. Peut-être que je dois accepter l'idée qu'elle sera toujours là en quelque sorte, et réussir à arrêter de me sentir inférieure à elle, moins bien qu'elle. Pas à la hauteur. C'est pas elle le problème finalement. Ni les lettres, ni les photos, pas même les souvenirs de Caleb, le problème c'est moi et moi seule. Jamais Caleb ne m'a comparé une seule fois avec elle, jamais. Je le fais toute seule. Et c'est débile, complètement débile et il faut que j'apprenne à arrêter ça. Arrêter de me dire qu'elle faisait tout mieux que moi. Qu'elle était mieux que moi. Elle l'était peut-être en soit, mais je dois arrêter de me le dire. Mon histoire avec Caleb, n'a rien à voir avec la sienne, et c'est sur ça que je dois me concentrer. Et je crois étonnamment que j'ai besoin d'en apprendre davantage sur eux pour comprendre et arrêter de laisser les incertitudes alimenter mes doutes. Alors sans réellement lui poser une vraie question, j'aborde les lettres, les nombreuses lettres que j'ai pu voir dans la boite. « C’était une romantique comme toi alors. » Je souris alors que je commence à réaliser qu’elle et moi, nous sommes (ou étions je ne sais pas) réellement bien différentes. Je me compare à elle, encore un peu mais elle n’est pas comme moi. Je le réalise un peu au travers de ce qu’il me dit, des photos que j'ai pu voir. Je ne dois pas me dire qu’elle était mieux, ce qu’elle était sans doute, mais qu’elle était différente de moi et au fond je crois que ça me rassure un peu. Je ne saurais pas dire pourquoi. Elle n’était pas une version améliorée de moi, et je ne suis pas un substitut à elle. On est trop différente pour ça. Je suis juste moi et je suis celle que Caleb a choisi. Celle à qui il a pardonné l’impardonnable. Celle qui porte ses enfants. Celle qu’il a choisi pour construire sa vie. Et Victoria fera toujours parti de son histoire, comme Nathan, comme mes addictions, comme mon passé, comme d’autres éléments qui auraient pu se mettre entre nous mais qui n’ont finalement pas eu raison de notre lien. « Tu étais plus loquace par écrit que tu ne l’es à l’oral ? Vous en aviez des choses à vous raconter en tout cas. » Je lui souris pour lui montrer que je tente de le taquiner pour faire baisser un peu la pression des derniers moments. Caleb n’est pas très bavard mais c’est surtout parce que moi je le suis beaucoup, trop parfois. Et des fois je sais que je devrais apprendre à me taire, mais genre vraiment, parce que parfois les mots peuvent blesser et j'espère juste ne pas l'avoir blessé. Je m'excuse d'avoir insisté. Je me sens soulagée quand il m’embrasse. Visiblement il m’en veut pas. Et ce baiser me rassure. Ce contact physique a le mérite de me montrer qu’on est toujours ensemble et que la distance qu’il y a eu entre nous durant cette conversation ne va pas rester. « Et moi je suis désolé si je me suis montré froid. Mais j’aime vraiment pas parler de l’accident et je préfère pas aborder le sujet. » L'accident est un sujet à bannir, je l'ai compris, ça oui. « Tu n’es pas obligé de l’aborder avec moi, je respecte ton silence chéri, et je comprends que tu ne veuilles plus en parler mais tu sais tu m’as conseillé y’a quelques temps d’aller voir quelqu’un et tu avais raison ça m’a aidé vraiment. » J’en avais besoin. Et je refusais l’aide, je refusais l’idée d’aller mieux parce que vivre avec cette culpabilité c’était finalement réconfortant comme si je me punissais jour après jours pour mes erreurs. Comme si je m’empêchais d’être heureuse parce que je ne le méritais pas. J’avais besoin qu’on m’aide avec les émotions, avec mon passé et j’avais surtout besoin qu’on me pousse à le faire. Qu’on me donne une raison de me battre. Et Caleb a été cette raison pour laquelle j’ai accepté de demander de l’aide. « Je sais que tu vas bien, je te fais confiance la dessus, mais je sais aussi que vivre avec un sentiment de culpabilité c’est pas bon. Quoique tu fasses je te soutiendrais et je ne te pousserais pas à faire une chose que tu n’as pas envie. Mais réfléchis quand même à l’idée d’aller en parler avec quelqu’un de ce que tu ressens. Je te demande pas de me répondre maintenant, juste d'y réfléchir. » Je sers sa main comme pour le soutenir et aussi garder ce lien. Je ne veux pas qu’il s’énerve suite à ces quelques mots. Je sais qu’il ne veut plus en parler, je sais qu’il m’a dit et répète qu’il allait bien. Et je dois le croire, même si c’est pas gagné. Mais je veux juste lui dire que si je ne peux pas être la personne qui peut l’aider avec son sentiment de culpabilité, il y a du monde à l’extérieur qui peuvent le faire. « Nous allons avoir des enfants tout les deux, je veux juste que tu saches que tu peux compter sur moi. » Je pose ma tête sur son épaule, ma main toujours dans la sienne. Nous allons formés une famille dans quelques mois, et si j'ai encore des progrès à faire, il doit savoir que je peux gérer tout ça et qu'il n'a plus à me protéger tout le temps. Que je peux être là pour lui comme il l'est pour moi. « Tu peux me parler d'elle quand tu le veux, on doit pouvoir tout se dire d'accord ? » Je veux croire qu'on en est capable vraiment. Que je suis prête à tout entendre, à tout partager avec lui parce que c'est ainsi que nous pourrons tout traverser non ? « Je t'aime. » Je lui murmure ces quelques mots, assisse contre lui, je ne pensais pas que cette discussion serait aussi spéciale, mais je suis là avec lui, ses souvenirs avec Victoria posés sur le sol à coté de nous et je réalise juste que j'ai eu de la chance. Beaucoup de chance de pouvoir avoir une deuxième chance avec lui.
“Kiss the tears right off your face. Won't get scared, that's the old, old, old me. I'll be there, time and place, lay it on me, all you're hold, hold, holding. Time, time only heals if we work through it now and I promise we'll figure this out. I will take your pain and put it on my heart I won't hesitate just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you, you saved me once and now I'll save you too”
Cette discussion est peut-être un peu étrange. Parler de mon ex-fiancée avec ma petite-amie actuelle, avec la future mère de mes enfants. C’est bizarre et je mesure chacun de mes mots dans la peur de lui faire du mal ou qu’elle puisse mal interpréter mes paroles. Parce qu’en plus venant d’Alex ça ne serait pas si étonnant que ça. Elle a tendance à toujours tout beaucoup trop analyser ce qui n’est jamais une bonne chose ne nous mentons pas. Je sais que mes mots l’inquiètent ou du moins je m’en doute. Mais je ne sais pas à quel point. Je ne sais pas si elle va y repenser toute la nuit et ne pas réussir à trouver le sommeil, je ne sais pas si elle va réussir à passer outre ses inquiétudes et simplement les laisser dans un coin de sa tête. Et elle semble tout de même un peu plus sereine que ce que j’aurais pu croire. Alors peut-être que finalement elle est réellement en train de changer et qu’elle arrive maintenant à ne plus tout dramatiser alors que ce n’est pas franchement toujours nécessaire. « C'est pas con. Si ça t'apaise, c'est pas con. Ce sont tes souvenirs, je n'ai pas à te dire comment tu dois les gérer. » C’est vrai. Mais pourtant elle pourrait. Elle pourrait être complètement jalouse et paniquée à l’idée de savoir que mes souvenirs avec une autre femme m’aident à m’apaiser. C’est le fait de savoir que si un jour je ressens le besoin et l’envie de les regarder ils sont là, pas très loin. C’est ça qui est apaisant en soit et même pas réellement les souvenirs ou ce que tout ça pourrait représenter pour moi. Mais je ne vais pas plus loin dans les détails, elle accepte que je garde tout ça et je dois vous avouer que le contraire me faisait réellement peur. J’avais peur qu’elle me demande de tout jeter ou de les mettre chez mes parents et qu’elle refusait que j’emmène ces photos et ces lettres dans notre futur maison. C’est également grâce à ce genre de détail que je me rends compte que oui, elle a changé. Elle a vraiment changé. « C’était une romantique comme toi alors. » Victoria et moi on se ressemblait pas mal. Et c’est peut-être ça aussi qui me plaisait chez elle. Je ressortais de ma relation avec Alex, cette fille avec qui je ne partageais quasiment aucun goût, aucune activité, aucun trait de caractère. Et notre histoire s’est très mal terminée alors je pense que oui, trouver une fille avec qui je pouvais beaucoup partager était dans un certain sens rassurant. « C’était une idéaliste. » Et donc une romantique. Une romantique tout de même fan de fifty shades of grey, d’ailleurs, je n’ai toujours pas compris l’engouement de cette saga. Victoria me disait que je ne pouvais pas comprendre parce que je n’étais pas une fille, mais pourtant l’actrice principale est elle aussi très jolie mais elle a presque autant de temps à l’écran les seins à l’air qu’habillée et à la fin ça en devient presque gênant. L’histoire est nulle, les personnages sont moyennement intéressants, les scènes de sexe sont ennuyantes enfin bref, rien ne va dans ces films. « Tu étais plus loquace par écrit que tu ne l’es à l’oral ? Vous en aviez des choses à vous raconter en tout cas. » Pourtant si elle savait parler français elle pourrait constater que dans toutes les lettres – ou presque – on se disait un peu la même chose parce qu’elles ne faisaient que compléter nos sms, nos appels et nos FaceTime quasiment quotidiens. Mais oui, je pense que j’arrive plus facilement à m’exprimer par écrit que par oral. Il n’y a qu’à se remémorer la lettre que j’ai ajouté au dossier d’adoption de Nathan il y a quelques mois. « C’est plus simple je trouve, s’exprimer par écrit. » Alex n’a aucune difficulté pour parler elle, elle est bavarde et Victoria l’était elle aussi d’ailleurs comme quoi il y a vraiment un type de fille bien particulier qui me plait. Des européennes blondes aux beaux yeux, parlant beaucoup trop avec un accent qui me fait réellement craquer. « Tu n’es pas obligé de l’aborder avec moi, je respecte ton silence chéri, et je comprends que tu ne veuilles plus en parler mais tu sais tu m’as conseillé y’a quelques temps d’aller voir quelqu’un et tu avais raison ça m’a aidé vraiment. » Et alors ça, je ne m’y attendais pas. Pas du tout même. Je ne pensais pas qu’elle finirait par me dire ça. Est-ce qu’elle est vraiment en train de me conseiller de retourner voir un psy alors que je me tue à lui dire que je me sens beaucoup mieux ? Je ne suis pas sûr que quelques séances avec un psychologue vont m’aider à vivre avec cette lourde culpabilité. J’ai vraiment beaucoup de mal à y croire. « Je sais que tu vas bien, je te fais confiance la dessus, mais je sais aussi que vivre avec un sentiment de culpabilité c’est pas bon. Quoique tu fasses je te soutiendrais et je ne te pousserais pas à faire une chose que tu n’as pas envie. Mais réfléchis quand même à l’idée d’aller en parler avec quelqu’un de ce que tu ressens. Je te demande pas de me répondre maintenant, juste d'y réfléchir. » Quand je lui en ai parlé elle a accepté alors que je sais très bien qu’au fond elle n’avait pas envie de consulter un psychologue. Du moins je m’en doute. Je sais qu’elle a accepté pour moi. Pour me faire plaisir et simplement parce que je lui en ai parlé alors cette fois c’est à mon tour de penser à elle, à nous et à cette famille que nous sommes en train de construire avant de penser à ce que je désire moi. « D’accord. Je te promets d’y réfléchir. » Je ne peux pas accepter tout de suite parce que je préfère me laisser un temps de réflexion. Est-ce que je me sens prêt à devoir aborder ce sujet-là pendant une heure plusieurs fois avec une personne complètement inconnue ? Je n’en sais rien. Mais est-ce que je suis prêt à le faire pour le bien-être de notre couple ? Je pense que oui. « Nous allons avoir des enfants tout les deux, je veux juste que tu saches que tu peux compter sur moi. » On va avoir des enfants oui, je vais être papa et c’est surtout cette phrase qui me fait sourire. « Tu peux me parler d'elle quand tu le veux, on doit pouvoir tout se dire d'accord ? » J’hoche une fois la tête pour bien lui montrer que j’ai bien entendu cette phrase. Elle m’autorise à lui parler de Victoria quand j’en ai envie, je le note dans un coin de ma tête bien que je ne compte pas aborder ce sujet de conversation très souvent. Au moins je sais que si un jour j’en ai besoin, je peux lui en parler et c’est assez important à savoir. « Je t’aime. » Je dépose un doux baiser sur le dos de sa main qui est encore dans la mienne. « Je t’aime aussi. » Je lui dis dans un premier temps alors que presque au même moment ma main vient se poser sur son ventre. « Et je les aime aussi. » Tellement. Je les aime tellement alors qu’ils ne sont pas encore nés, alors qu’ils ne sont qu’au début de leur développement. Je les aime parce qu’ils font déjà parti de ma vie. De notre vie.