Blanc-RP-Coco: barbecue - astéroïde - lucaniste

Bon bon bon. C'est pas tout ça, mais faut encore que je m'habitue un peu à ce qui est mon nouveau point d'attache, moi. Enfin, il faut que je me fasse à l'idée d'en avoir un tout court, d'ailleurs. Cela fait bien quoi... Cinq ans que ça ne m'était pas arrivé ? Oui, quelque chose comme ça. Le plus long laps de temps que j'ai dû passer dans une ville quelconque a été de deux mois, tout au plus, pendant un hiver particulièrement froid. Celui de 2013 il me semble. J'étais en France à ce moment-là, dans les Pyrénées. Même pour un baroudeur comme moi, ça avait été de trop pour que je puisse rester en pleine nature, seul. Alors je m'étais réfugié dans un chalet de montagne et en échange du toit et du couvert, j'aidais aux tâches quotidiennes. Heureusement que je baragouinais quelques mots de français et que mon hôte se dépatouillait avec l'anglais d'ailleurs.

Alors franchement, revenir dans une ville comme Brisbane avec pour projet d'y rester... Ça me déphase un peu. Comme l'impression d'être un astéroïde entrant dans l'atmosphère terrestre. Si la raison n'avait pas été mon fils, je ne sais pas si je serai revenu à la vie civilisée maintenant. Quoique, il s'agissait d'un besoin de plus en plus pressant, après cinq ans passés à vagabonder. En même temps, j'adore ça, la ville. Je le réalise d'autant plus après cette vie d'ermite, quoi qu'il m'était arrivé de côtoyer les autochtones des régions que je visitais. La vie mondaine, ça m'avait un peu manqué, à vrai dire. D'ailleurs, j'ai même pu postuler à ABC studios, côté radio, et j'ai été embauché aussitôt. J'étais bien tombé, m'a-t-on dit, il leur manquait un animateur chronique justement, et avec ma renommée de photographe et mon expérience du terrain, la place m'attendait encore chauffée par les fesses de mon prédécesseur. Que demande le peuple ? Tout, en fait.

C'est pour cette raison que je me retrouve aujourd'hui à flâner au Oates Park. Un peu éloigné de mon habitation, ce parc n'en reste pas moins agréable à visiter. En plus, il y a un peu d'animation, en ce dimanche ensoleillé. Des familles sont venues pique-niquer, des ados profitent d'une permission de dix-sept heures pour se rouler des galoches à n'en plus pouvoir. Ah, c'est beau la jeunesse. Tiens, il y a même un club de lucanistes qui s'amuse à faire vire-volter des cerfs-volants d'un millier de couleurs dans le ciel. C'est beau. J'ai l'impression de retourner un bref instant au Japon, où ils sont champions dans cette discipline là. Comme dans beaucoup d'autres, il faut l'avouer. Je m'arrête même quelques instants pour observer ce joli spectacle, qui est assez divertissant. Je finis pourtant par reprendre ma route; capable de m'émerveiller, oui, mais j'ai quand même mieux à faire que de regarder des bouts de tissus voleter toute la sainte journée. Je fais quelques pas, quand je vois une scène tout à fait intéressante, ou du moins, une personne qui attire mon attention. Une femme, belle, très belle. Cela fait un petit moment que je n'en ai pas côtoyé, et voir Sara avec un autre homme il y a quelques jours a ravivé en moi un feu que j'avais tenu à l'état de braises jusque-là. Seul souci: elle n'est pas seule, semblant discuter avec un autre homme que moi. Je m'assois sur un banc à proximité, ce qui me permet de les observer en étant à une petite dizaine de mètres d'eux sans avoir l'air d'un péquenot perdu restant debout en plein milieu de l'allée.

Ce que je vois me réjouis au fur et à mesure que les secondes et les minutes passent. Très clairement, au vu du débit d'ouverture-fermeture des lèvres de l'homme alors que celles de sa compagne restent closes 95% du temps, la conversation ne semble pas si intéressante que ça. Pas pour elle, en tout cas. Y vois-je une fenêtre d'ouverture ? Oui, totalement. J'attends juste un petit signe de plus pour m'engouffrer dans la brèche, pour être certain de ne pas semer la zizanie là où il n'y a pas lieu. Oh, je ne crains pas d'interrompre quoi que ce soit; juste, j'ai envie qu'au final, ce soit à mon avantage. S'il ne s'agissait que de venir au secours d'une demoiselle en détresse, j'ai comme l'impression que la femme dont mes yeux ne peuvent se détourner saurait très bien y faire par elle-même. En plus, il ne lui a même pas proposé quelque chose à boire, alors que je vois distinctement, à quelques pas d'eux, un buffet où trônent de belles coupes de champagne, tandis qu'un traiteur s'affaire autour d'un barbecue. Quel idiot que ce beau-parleur qui se pense Dom Juan. Tu manques de pratique, petit. Ou de charisme, tout simplement.

Finalement, je la vois. LA preuve ultime. Elle soupire, et pas à moitié ! Parfait. Je me lève, et ne vais pas spécialement vers eux dans un premier temps. Me frayant de la foule, passant inaperçu, je ravis deux coupes; c'est à partir de ce moment-là que je me dirige vers ma proie et vers le crapaud qui s'est cru vautour. Je me plante entre eux, et même légèrement plus proche de la déesse que du rustre, m'adressant à celui-ci. Tu ne vois pas que tu ennuies la dame ? Allez, ouste. Celui-ci ouvre grand la bouche, estomaqué. Referme-la boy, tu sembles encore plus débile comme ça. Mais... Je ne lui porte même plus attention, et me tourne véritablement vers le sujet de mes pensées actuelles. Je tends l'une des deux coupes que j'ai amené vers la beauté du jour. Un rafraîchissement ? Mes yeux la dévorent, même si je ne me risque pas à descendre plus bas que son visage; je ne compte pas passer pour un complet muffle dès les premières secondes. Je lui souris, de mon éternel rictus à la fois narquois et charmeur, et j'attends sa réponse.

Take on me
I'll be gone
In a day or two...


@Elizabeth Warren

Autant dire que je suis plutôt fier de moi, en cet instant. Une ravissante femme se trouve à mes côtés, avec un champ libre pour lancer une discussion, dégagé par mes soins. L'autre est parti sans demander son reste, la queue entre les jambes. Ah, le manque de charisme... Première clef pour savoir se donner de la prestance : ne pas hésiter. Avoir de l'aplomb. Une forme d'autorité, même déplacée. De bonnes répliques aussi, des plus doucement piquantes aux plus cinglantes, selon la situation. A partir de là, on est pas mal. Ce pauvre bougre n'avait cependant rien de tout ça; je le plaindrais presque. Ou pas. Il n'a qu'à faire preuve de plus de ténacité. Je tends alors la coupe de champagne à la délicieuse créature à mes côtés, et elle la prend sans hésiter une seconde, semblant franchement soulagée d'être débarrassée de inopportun.. Et en même temps un peu frustrée. Cela se voit à son regard. Sourcils légèrement froncés, pupilles fines, comme si elle tentait de sonder les tréfonds de mon âme. Ahah. Bon courage ma petite dame avant de réussir à fouiller là-dedans. C'est plus rempli et bordélique qu'un garage automobile mal soigné. Ou qu'un atelier d'artiste, si on veut une image un peu plus poétique.

Je lève mon verre pour saluer ma nouvelle compagne - de deux minutes, d'une heure ou d'un jour, qui sait - et chacun, nous buvons une première gorgée de ce nectar. Hmm, pas mal. Apparemment, les organisateurs de cette petite fête ont bon goût; assez pour bien choisir leur champagne, en tout cas. Finalement, j'ai l'honneur d'entendre la voix, plutôt neutre bien qu'une légère pointe acérée s'en distingue, de celle qui me fait face. Je souris, telle une canaille; si elle pensait m'inquiéter avec ses mots, c'est là tout l'inverse. Je m'en sens flatté. Merci pour le compliment ! Et ce n'est même pas une raillerie. Mes journées ne peuvent être que radieuse lorsque j'arrive à emmerder mon monde, de quelque manière que ce soit. Allan Winchester, meilleur serveur de champagne de votre journée. Et vous êtes... ? Je ne m'empêche plus de la scruter, désormais. Après tout, je considère le fait qu'elle m'ait ouvertement reluqué comme une autorisation pour faire de même avec elle. Si elle n'est pas contente, eh bien, j'imagine qu'elle saura me le faire savoir. Bon, j'avais déjà pu l'observer de loin, bien évidemment. Pouvoir l'observer de près est cependant d'un tout autre acabit, et clairement, cette belle Dame est une proie de choix. Un visage délicat, un tempérament que je devine mordeur - mord-elle en vrai ? Si ce n'était pas rustre de lui demander si tôt, ce serait déjà chose faite - et un corps pour ainsi dire parfait au premier coup d'oeil. Et au second, aussi.

Je détourne finalement les yeux, regardant autour de nous. Les gens bavassent, et tout un chacun a au moins un partenaire de ragot, ou du moins de brochette partagée. Sympa, cette petite sauterie, je commente avant de hausser un sourcil face à un couple d'adolescents se galochant sans gêne. Beurk, ça a l'air bien baveux leurs affaires. Je reporte mon attention sur mon interlocutrice. Pourtant, vous ne semblez pas y prendre votre pied. Laissez-moi deviner: une invitation d'une connaissance plus ou moins proche que vous ne vous voyiez pas décliner ?

@Elizabeth Warren

Permettez, je souffle lorsque la ravissante femme qui me fait face me décline son identité. D'un mouvement délicat, mais toujours plus culotté, je lui prends la main et y dépose un baiser. Un peu vieux jeu, mais eh, les belles manières ont quelque chose de charmant, n'est-ce-pas ? Elles ont même trop tendance à s'effacer, de mon avis qui n'est pas si humble. Et, sans vouloir trop en faire, au moins ça me démarque du Kevin qui pisse dans son slip de trac devant une si belle créature. Au vu du standing de la dame, même si elle sera peut-être offusquée de mon geste, il y a une forte probabilité que ce soit finalement apprécié. Au pire des cas, elle m'enverra bouler; pas grave. J'aime la prise de risque. Je relève finalement les yeux, libérant sa main de la mienne, et lui dédie un sourire : Enchanté, Miss Warren. Pour le reste, je ne vous presse pas. Si elle pense que je vais me démonter face au mur marbré qu'elle me présente, elle n'est pas rendue. La seule manière de me faire quitter les lieux sera de clairement me signifier qu'elle ne veut pas de moi aux alentours, auquel cas je ne suis pas non plus un mufle, et je partirai en lui souhaitant une belle journée. En plus, elle est allée jusqu'à me donner son nom; quelle plus éclatante preuve du fait que je l'intéresse que celle-ci ? Même si nous allons jouter un moment, je ne doute pas une seconde de moi. Nous sommes bien partis pour discuter et passer un agréable après-midi, qu'elle qu'en soit l'issue. Je ricane lorsqu'elle m'interroge. Elle aura du mal à trouver plus franc que moi, sur ça.

Extrêmement agréable. Vous illuminez ma journée. Non, je n'exagère pas du tout ! Dans un quotidien bien plus monotone que celui que j'ai connu ces dernières années, trouver une femme aussi gracieuse qu'impétueuse et fière est un véritable délice, pour les yeux comme pour l'esprit. Je porte la coupe de champagne à mes lèvres et sirote une gorgée avant de la piquer un peu de nouveau. Des regards attentifs que vous m'avez lancé, j'ose espérer que je suis à dix pour cent aussi plaisant à voir que vous l'êtes pour moi. Par la suite, nous discutons rapidement de ce déjeuner dînatoire improvisé. C'est alors qu'elle m'en sort une belle : l'anniversaire de sa soeur, rien que ça ! Je l'observe un instant avec suspicion; me joue-t-elle un tour ? Elle a l'air de bien s'amuser de ma réaction, et du temps que je mets à lui répondre. Je finis par hausser les épaules avec un certain relâchement : Je n'ai pas de fratrie, alors je peux difficilement imaginer les relations qu'on peut avoir entre soeurs. Je pose mon verre vidé sur le plateau d'un serveur qui passait par là au même instant. Mon regard balaye l'assemblée, et il est clair que pas grand-monde ne semble vouloir s'approcher de nous. Quant à moi, je ne compte pas baratiner ma conquête du jour de question bateau du style "quel est votre métier ?" et autres conneries. Barbant à mourir. En plus, on s'en fiche. Qu'elle veuille partager le reste de sa soirée avec moi ou non, rien ne saurait dire si on se retrouvera par la suite, alors aucun intérêt. Il n'empêche que la vie est trop courte pour s'ennuyer. L'allusion est claire : je l'incite à quitter cet endroit au plus vite. La balle est dans son camp. Je lui propose même un supplément, au-cas-où elle aurait besoin d'un argument supplémentaire. Je suis fraîchement arrivé sur Brisbane; vous connaissez une bonne adresse où aller boire un verre ? Ou quelque activité que vous considérez intéressante; je suis plutôt du style aventurier.

@Elizabeth Warren

Ouh, que de répartie ! Cette femme est des plus amusantes, et je me félicite intérieurement d'avoir eu une fois de plus le flair pour débusquer la proie la plus intéressante à chasser. Attention, je ne considère personne, homme comme femme, comme un simple bout de viande, soyons bien clairs là-dessus. Seulement, lorsque du challenge s'ajoute à la simple drague, que le charme doit particulièrement s'affiner afin d'opérer, je trouve cela encore plus... exaltant. Elizabeth correspond totalement à ce tableau de la proie si habile et intelligente qu'elle peut finalement devenir prédateur. Ça me plait. Moi qui craignais de m'ennuyer en revenant à la civilisation, je vais de surprise en satisfaction. Du moins, elle me témoigne un minimum d'intérêt, en se cachant derrière l'argument qu'elle réserve son jugement. Tant mieux, car c'est ce dont j'avais besoin avant de pousser plus loin la discussion avec cette ravissante demoiselle. Loin de moi l'idée de l'importuner, et si je devais passer pour un vieux pervers, mon ego en prendrait un coup. Vous ne pouvez subir un contre-jour, vous êtes bien trop rayonnante pour cela, que je rétorque avec une flatterie non-dissimulée. Je lui souris et lui fais un clin d'oeil, rieur. Qu'elle que soit l'issue de cette discussion, et même si elle devait en rester à l'état de simple conversation, le but est de s'amuser, de se titiller et de passer un bon moment. Alors, je ne vais pas me gêner pour dire ce que je pense, et faire du charme à Miss Warren par la même occasion.

Je pousse finalement l'audace jusqu'à lui demander si elle connait de bonnes adresses en ville. Le sous entendu étant de quitter cet endroit, histoire de faire autre chose que de tenir le rôles des marginaux d'une fête tout sauf intéressante. Un regard autour de nous suffit à le voir. C'était affreusement guindé, tout en politesses et en courbettes hypocrites, avec seulement un noyau central autour de LA personne de la journée qui eux, s'amusaient véritablement. Dommage pour Elizabeth qu'elle n'en fasse pas partie, d'autant plus en tant que soeur de l'hôte de la journée... Quoi que, je doute de la véracité de son allégation. En fait, je m'en fiche. D'ici deux minutes, cette "fête" ne sera rien de plus que l'endroit qui m'a permis de rencontrer cette divine femme. D'ailleurs, elle semble tout à fait d'accord avec moi, et avec une certaine poigne, elle décrète que nous partons. Je l'adore. Quel tempérament, quel dynamisme ! Ah, la fraîcheur de la jeunesse... Au vu de son joli minois, la demoiselle doit être trentenaire, alors que je frôle la cinquantaine désormais. Forcément, avec son tempérament que je devine depuis le début de nos échanges, elle ne peut être que directive et concise. C'est très appréciable, plutôt que d'être toujours le seul qui porte les initiatives et mène la danse. Avoir quelqu'un qui donne la réplique est plus qu'agréable.

J'opine du chef lorsqu'elle annonce que nous prendrons sa voiture. Il vaut mieux, j'agréé avec un sourire de connivence. Je ne voudrais pas que ma conduite vous fasse fuir. Et elle a de quoi. Je conduis bien, ce n'est pas le problème. Seulement, j'ai perfectionné avec les années mon style, ayant connu de nombreuses pistes de karting par loisir que des sentiers plus que dangereux en montagne pour mon métier, et clairement, ma vitesse et ma manière de prendre les virages désormais font peur à la plupart... Alors que je suis totalement maître de mon véhicule. Question d'appréciation des distances et de l'expérience, j'imagine. Peu peuvent se targuer d'avoir conduit un 4*4 sur un sinueux chemin du Népal à plus de mille mètre d'altitudes, avec des risques d'éboulement et d'écroulement de la route à tout instant. Quand la mort vous a guetté bien des fois, votre rapport avec elle n'est plus le même. Alors que nous avançons vers son véhicule, la belle me questionne; des choses encore évasives, mais qui lui permettront mine de rien de me connaître un peu plus, et de savoir où elle pourrait bien m'emmener, j'imagine.

Je suis arrivé il y a un mois. Et oui, j'ai prévu de rester là un moment. Je suis venu retrouver mon fils, qui est adulte désormais, après avoir vadrouillé des années de par le monde. Je lui souris avec un enthousiasme certain. Je suis photographe, et je m'inspire de tous types d'endroits. Alors, rien ne dit que je ne repartirai pas quelques mois ici et là... Mais sur l'idée, je m'installe bien à Brisbane. Mon regard sombre glisse vers elle un instant. Nul doute que si de telles créatures m'ouvrent leurs bras, je serai d'autant plus motivé à rester dans le coin, bien que ce ne soit pas le principal. Dans tous les cas, la liberté est ce que je préfère. Bien que je ne pense pas qu'elle recherche quoi que ce soit de sérieux non plus, je préfère subtilement lui dire ma manière de voir les choses. Pas de relation stable, juste du jeu, de la complicité le cas échéant.

@Elizabeth Warren

Je souris, carnassier, lorsqu'Elizabeth insinue que sa conduite n'est peut-être pas des plus raisonnables non plus. Du tempérament, ça oui. Elle n'a pas froid aux yeux, et cela semble se ressentir même sur ses habitudes de vie. Aucun doute, je suis tombée sur une perle rare. Oh, pas du genre avec qui refaire ma vie; de toute façon, je ne tiens pas de base à ce que ça arrive avec qui que ce soit. En plus, avec une Dame comme elle, je suis à peu près sûr qu'une cohabitation amènerait tant d'étincelles qu'on finirait par mettre le feu à la baraque. Non, simplement, elle sera peut-être bien ce joyau de la Couronne de mon amusement quotidien, et qui sait, de mes plaisirs. De plus, je pourrais mettre ma main à couper au feu qu'elle non plus, elle ne recherche rien de sérieux. Ce sont des ressentis qui ne peuvent s'expliquer, mais qui sont bien là tout de même. Et si jamais je devais me tromper, eh bien tant pis; je couperai court quand je m'en rendrais compte. Je reste cependant certain qu'elle ne me décevra pas. Je regarde intensément Elizabeth, le temps d'une seconde, plus que satisfait d'avoir trouvé une partenaire de jeu si aventurière : Je ne demande qu'à voir.


Le regard qu'elle me lance alors que nous poursuivons notre discussion est sans équivoque. Elle me surplombe clairement, telle une Reine sur son trône, cherchant à jauger le nobliau qui vient lui demander audience. Elle titille mon ego, elle me cherche. La pauvre ne s'est pas encore rendue compte que sous des habits simples pour quelqu'un se présentant d'un certain rang, se cache en réalité l'Empereur qui ne manquera pas de lui faire courber l'échine s'il le souhaite. Il ne fait que jouer avec elle, et la voit autant dans sa grâce et son aplomb de souveraine, la respectant pour cela, que comme une petite chose avec laquelle il compte bien jouer aussi longtemps qu'il le désirera. D'ailleurs, rien n'empêche de la recadrer par petits à-coups discrets, et insinuer le doute dans le coeur de la monarque sur sa réelle domination de notre joute verbale. Cela m'arrive. Seulement si je daigne trouver le sujet de la séance digne de mon intérêt. Je ne dénie pas sa beauté, ni même le fait qu'elle m'intéresse; cependant, tout autant que j'essaye de la conquérir et de l'amener aux amusements les plus fous avec moi, je lui montre que tout n'est pas gagné et que surtout, elle n'en sortira pas forcément comme celle ayant eu la main haute. Subrepticement se dessine l'esquisse de délicieux combats, où chacun essaiera d'avoir la part du lion, sans pour autant négliger l'autre, ce qui amènerait à un échec complet.

La liberté, cette superbe notion, bien trop négligée par nos contemporains à mon sens, plus en quête de sécurité que d'émancipation. Au moins sommes-nous sur la même longueur d'onde là-dessus, et alors que nous montons dans sa superbe voiture, je réplique : Ne vous restreignez surtout pas avec moi, effectivement. Ce serait du gâchis. Je ferme la porte une fois cette phrase dite, et observe les extérieurs un instant alors qu'elle démarre le moteur. Voilà un bon moment que je n'ai pas été conduit par quelqu'un d'autre que moi-même. Et effectivement, elle n'avait pas le pied léger sur l'accélérateur. Enfin une personne qui sait profiter de la vie ! Je souris, pas du tout déphasé par sa vitesse ni par les virages qu'elle prend un peu trop serrés; je fonctionne pareil. Le mini-golf est une excellente idée. Autant pour l'alcool que pour la vue, je déclare avec mille insinuations que peut comporter ma phrase. En vérité, l'horizon et le cadre offert par l'endroit, je m'en tape, ou peu s'en faut. La vision bien plus plaisante sera celle de cette femme si fière, devant se pencher légèrement pour jouer du club, offrant à mes yeux appréciateurs de beauté tout le tableau que je désire contempler. Cela fait bien deux-trois minutes que nous roulons, et nous avons déjà parcouru bien plus de distance que l'on aurait sûrement du. Qu'importe. Alors qu'elle s'apprête à passer une vitesse, la main sur le pommeau, je pose la mienne dessus, conquérant. Quand on ose les premiers contacts physiques, il ne faut surtout pas hésiter, juste être sûr de soi; sinon, c'est mort, surtout avec une femme de sa trempe. Le contact m'électrise; sa peau est aussi douce que chaude. Je passe la vitesse avec elle, puis retire ma main, l'air de rien. Les rapports sont des plus agréables à passer, je commente innocemment, alors que mes yeux qui la regardent avec franchise et mon sourire, eux, n'ont rien de chaste.

@Elizabeth Warren

Vous risquez d'être déçue. Je lui lance une œillade affirmée, alors qu'un sourire se dessine sur mon visage. Je ne suis jamais sage. C'est trop ennuyeux comme mode de vie. Je lâche un rire bref, si il y a bien un mot qui ne pourrait me qualifier, c'est bien celui là. Libre de toutes attaches, ce n'est pas pour m'enchaîner à moi-même. Le reste de la route se passe bien; enfin, pour quelqu'un qui n'a pas peur de la vitesse, disons. Un autre que moi aurait sans doute pleuré toutes les larmes de son corps, prié le bon Dieu et réclamé sa maman. Moi ? Je suis à peine déphasé. Juste positivement impressionné par la maîtrise qu'Elizabeth a de son véhicule, et de la détermination avec laquelle elle pousse son moteur dans ses plus profondes ressources. Vous parlez de mon doigté, mais votre poigne ferait pâlir d'envie bien des hommes, je déclare alors qu'elle passe une de ses vitesses. Une femme comme elle mérite d'être encensée, autant que d'être recadrée si elle essaye de trop m'imposer sa prestance. Tout cela n'est qu'un jeu, et il est des plus excitants. Le meilleur dans tout cela ? La journée ne fait que commencer.

Lorsque nous arrivons au mini-golf, dont la vue et le côté select nous promettent de passer un agréable moment, une voiturette nous est confiée. La Dame que j'accompagne me permet bien courtoisement de conduire. Elle me fait décidément rire, elle a toujours la réplique pour faire mouche, et le petit taquet pour me faire réagir. Nul doute que ce bolide va être des plus complexes à conduire, que je lâche d'un faux air dubitatif alors que nous nous approchons de la golfette. Mais je dompterai l'animal, que j'ajoute avec un air conquérant digne d'un sketch. He, si Clément est devenu maître dans l'art théâtral, c'est peut-être que ça vient d'une certaine fibre paternelle ! Non ? Ah, on me souffle dans l'oreille que mon fils rirait à gorge déployée si jamais il m'entendait. Saleté de louveteau va. Je me re-concentre sur le moment présent, et monte dans la voiture de compétition que l'on nous prête. Bon... J'aurais beau pousser le champignon, nous ne dépasserons par les trente kilomètres heure, et encore. Enfin, le chemin n'est pas bien long; nous arrivons déjà à notre premier parcours.

Je suis un grand parieur, que je réponds à Elizabeth en la regardant intensément, déjà curieux de savoir ce qu'elle a à me proposer. Je ne lui dirai pas que généralement, je gagne mes paris; dans la vie parfois merdique que j'ai pu avoir, le Destin m'a toujours fait sa private joke de me faire facilement gagner aux jeux de hasard et autres choses inattendues de sa part. Je sors les clubs de la voiturette et en donne un à la jeune femme, toute ouïe face à sa proposition.

@Elizabeth Warren

Je lève un sourcil faussement étonné. Vous, sage ? En réalité, elle en a effectivement le visage. Celui de la femme d'affaires, quelque soit concrètement son métier, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds tout en étant extrêmement prudente. Nul doute qu'au quotidien, elle devait être du style à toujours peser ses mots avant de les laisser filer entre ses délicieuses lèvres, et que, si cela ne devait freiner en rien sa rapidité d'action, elle ne devait pas être du genre à prendre les choses à la légère... L'amenant probablement à une forme de stabilité voire de stagnation un peu trop présente. Je souris alors que mes yeux pétillent probablement de mille promesses et d'une malice bien trop marquée alors que je réponds : Comptez sur moi pour être le petit diable soufflant à votre oreille.

Le reste du trajet n'est que joute verbale entre elle et moi, où chacun tente tour à tour d'amadouer, puis de dompter l'autre, mais sans jamais manquer de classe. Dans le jeu de la séduction, il est à mon sens essentiel de faire preuve d'un minimum de dignité. Sinon, pour une simple affaire de défouler ses pulsions sans autre forme de parade nuptiale, autant aller voir les prostituées. J'en sais quelque chose, étant le fils de l'une d'entre elles. Haha. Nous arrivons finalement à un terrain de golf, et peu de temps après, grâce à ma conduite exceptionnelle de l'engin de course - une golfette - mis à notre disposition, nous parvenons au premier spot. Là, Elizabeth me propose de parier. Bien évidemment que j'accepte, c'est là tout le but de notre journée, non ? Ce qu'elle envisage me ravit, car déjà, elle nous imagine passer la soirée ensemble. Parfait. De plus, l'objet même du défi ne peut que m'exalter. J'hoche la tête avec conviction. Je déterre la hache de guerre avec plaisir. Que le meilleur gagne.

Nous nous lançons donc dans un loisir aussi simple que noué d'impatience à l'idée de ce qui arrivera ensuite. La compétition et le trophée de celle-ci n'apporte que plus de saveur à notre escapade. Nous en sommes au septième trou, et il faut avouer que jusque-là, nous sommes au coude-à-coude en termes de score. Je suis celui qui débute cette manche. Je me concentre, et...



Win : Il met la balle du premier coup dans le trou
So close : Il met la balle au bout de deux coups
Fail : Il a besoin de quatre coups pour y parvenir

Spoiler:

@Elizabeth Warren