Si on m'avait dit que mon après-midi consisterait en une partie de golf avec une superbe inconnue, je n'y aurais cru qu'à moitié. En partie oui, car je me sais assez aventureux pour saisir tout type d'opportunité. La vie est bien trop courte pour laisser passer un bon moment, quel qu'il soit. De l'autre côté pas spécialement, car rien le matin même ne m'avait laissé présager une telle journée. Pour autant, je n'allais pas m'en plaindre. La chute de reins vertigineuse de ma partenaire n'avait d'égale que son art de la conversation, et c'était un réel plaisir de pouvoir converser avec quelqu'un d'aussi cultivé qu'elle. En plus, elle n'était pas femme à se laisser faire, ne serait-ce que verbalement; rien n'aurait pu plus me plaire. Une seule hâte me tordait l'estomac désormais : la soumettre à ma volonté... En tout consentement, bien évidemment. Je saurais la faire plier, dévoiler derrière ce caractère digne et ce comportement presque hautain une facette sans nul doute bien plus passionnée encore de sa personnalité. Le tour en voiture dont elle m'a gratifié m'en a déjà donné un premier aperçu; la carapace va se fissurer au fur et à mesure, j'en suis certain. Je serai le premier ravi de cueillir sa vulnérabilité... Tout comme je ne doute pas qu'elle espère la même chose de son côté. Lequel de nous craquera le premier ? Laissons nos jeux plus ou moins sages le décider pour nous.

Vous êtes bien curieuse, Miss Warren, je réponds d'un ton neutre à sa question sur mon départ de Brisbane. Je me doute qu'elle ne me la pose pas seulement pour faire la discussion, mais seulement pour me cerner un peu plus. Elle semble être le genre de femme prudente, à assurer ses arrières et qui souhaite tout sauf provoquer un scandale l'impliquant de près ou de loin. La curiosité est considérée comme un vilain défaut, vous savez. Un sourire canaille étire de nouveau mes lèvres; il ne pouvait pas y avoir plus curieux que moi en ce monde, du moins sur certaines choses. Lorsque je voulais apprendre un fait, je me donnerai toutes les peines possibles pour le porter à me connaissance; alors le fait que je le lui reproche sous couvert d'humour se trouve des plus ironiques. Je m'en fiche cependant; nous ne faisons que jouer, n'est-ce-pas ? D'ailleurs, dans cette optique, je me permets d'effleurer sa taille de mes doigts lorsque je passe près d'elle, étant le prochain à jouer, tout en murmurant : Cela pourrait mériter une punition. Elle ne tarde pas à rajouter une deuxième question, confirmant immédiatement mes hypothèses. Je me positionne correctement avec mon club - dont la tenue que j'en ai est à la hauteur de ses espérances jusque-là, nous sommes au coude-à-coude dans notre compétition - et réponds alors sans plus me cacher : Je ne suis pas parti de Brisbane; je vivais en Nouvelle-Zélande. Mon fils est venu s'installer ici, d'où la raison de ma venue. Quant à sa mère... Je frissonne. Sara a été une femme adorable, capable de tout l'amour du monde. Pour autant, je ne préfère pas chatouiller le dragon qui dort. Je ne donnerai pas cher de ma peau si je venais lui faire les yeux doux. Et je n'en ai aucunement l'intention. Balle frappée. Directement dans le trou. Je me redresse, plus que fier, et lance un regard amusé à la brune qui m'accompagne : Un conseil : concentrez vous sur votre jeu. Une réussite de plus, et je l'emporte.

Huitième et dernier trou de notre partie. Elizabeth commence; je souris par avance, je ne doute pas de ma victoire désormais. Une intuition m'accompagne. Elle rentre la balle en deux coups, ce qui est loin d'être un échec. Pas mal. Voyons voir si la chance m'accompagne...

Jet de dés:

@Elizabeth Warren