« Exactement. » Confia-t-il en souriant, amusé par la question d’Ivy. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait : son interlocutrice était agréable, et le politicien avait le sentiment qu’une soirée en sa compagnie pouvait être prometteuse. L’alcool qu’ils avaient déjà ingurgité en était d’ailleurs la preuve. « Question de réputation, tu comprends. » Il aimait entretenir le mystère, pousser l’Australienne dans ses retranchements. Il s’était vite rendu compte qu’elle avait du répondant, et Camil ne pouvait le nier : il aimait ça. Il aimait qu’on le challenge, il aimait les personnalités fortes, il aimait que les choses ne soient pas trop faciles.


« Je ne vais quand même pas tout te révéler le premier soir. » Plaisanta Camil en souriant. Douce ironie : s’il y avait bien quelqu’un qui n’avait rien contre les rapprochements d’un premier soir, c’était bien lui. Profiter de l’instant présent tant qu’il en était encore temps, voilà quel était son mode de vie. Il savait que tout le monde ne partageait pas son point de vue à ce sujet, et nombreux étaient ceux qui lui avaient manifesté leur désaccord. Le maire de Brisbane en première ligne, d’ailleurs : combien de fois lui avait-il d’être plus discret, notamment concernant ses relations féminines ? « Absolument. » Confirma-t-il, alors qu’il plongeait son regard dans celui de la blonde. Oui, il n’avait rien contre le fait de recroiser régulièrement Ivy. Oui, il ne serait pas contre de passer davantage de temps en sa compagnie. Il esquissa un sourire léger, confiant : si elle avait cherché à être rassurée quant à sa capacité de séduction, elle pouvait l’être. « Ai-je une raison de ne pas l’être ? » Il lui retournait la question, non sans une certaine once d’humour. Cette conversation lui plaisait, parce qu’elle était pleine de sous-entendus. « Toi et moi, on n’est pas si différent. » Il l’avait percée à jour ; tous deux aimaient jouer avec le feu, au risque de se brûler.


« À ce point ? » Demanda l’Américain en arquant un sourcil, piqué par la curiosité. Son interlocutrice le laissait perplexe : en plus de renvoyer l’image d’une jeune femme sûre d’elle, elle donnait l’impression que rien ne lui résistait jamais. « Et plus encore, si tu savais. » Confia le politicien en souriant, absolument sûr de lui. L’Américain savait pertinemment que son profil était intéressant : une double-nationalité, des voyages formateurs, des études prestigieuses. Il savait aussi qu’il était plébiscité, puisqu’il représentait la nouvelle vague, le renouveau politique Australien. Il n’était pas que l’atout charme et séduction du maire, il était aussi le cerveau brillant qui prenait en main l’organisation de la carrière de l’un de ses mentors. Le portable de Camil vibra, et ses obligations le rappelèrent à l’ordre. « C’est ici que nos chemins vont devoir se séparer. » Déclara l’Américain en faisant la moue. Il vida son verre, et se leva. « Mais comme je te l’ai dit, je suis sûr que nos chemins se croiseront à nouveau prochainement. » Il lui fit un clin d'oeil, presque prometteur, et s'éclipsa.